Naseux moucheté (Rhinichthys osculus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2016

Photo d’un naseux moucheté vue latérale.
Photo : Naseux moucheté © P. Mylechreest, fournie gracieusement par J. D. McPhail, Ph. D, 2016

En voie de disparition
2016

Table des matières

Liste des figures

  • Figure 1. Naseux moucheté (Rhinichthys osculus; photo par P. Mylechreest, gracieusement fournie par J. D. McPhail [Ph. D.]).
  • Figure 2. Aire de répartition mondiale du naseux moucheté (carte utilisée avec l’autorisation de J. D. McPhail [Ph. D.]). Scattered populations = Populations dispersées.
  • Figure 3. Aire de répartition du naseux moucheté au Canada (selon les données de relevés du BC Conservation Data Centre [2013] et de Batty [2010]).
  • Figure 4. Débit mensuel moyen dans trois stations de Relevés hydrologiques Canada du système de la rivière Kettle (2000-2014). La station de la rivière Granby (08NN002; superficie brute du bassin versant : 2 060 km2) est située à Grand Forks, et les données concernent la période de 2000 à 2012. La station de la rivière West Kettle (08NN003; superficie brute du bassin versant : 1 890 km2) se trouve à Westbridge, et les données concernent la période de 2000 à 2014. La station de la rivière Kettle (08NN026; superficie brute du bassin versant : 2 140 km2) est située près de Westbridge, et les données concernent la période de 2000 à 2013.
  • Figure 5. Fluctuations des eaux de surface et souterraines dans le bassin de la rivière Kettle. Les données sur les eaux de surface (croix bleues) proviennent de la rivière Kettle, et les données sur les eaux souterraines (cercles rouges), de l’aquifère de Grand Forks (Brown et al., 2012).
  • Figure 6. Débits moyens mensuels pendant les périodes de faibles débits (2000-2014) dans le système de la rivière Kettle, avec des taux de 10 % et de 20 % des débits moyens annuels (DMA) indiqués pour chaque rivière. Un taux de 10 % du DMA est considéré comme le seuil minimal nécessaire à la conservation des poissons, tandis qu’un taux de 20 % du DMA pourrait être le seuil minimal nécessaire au maintien d’une profondeur et d’une vitesse adéquates dans les radiers (Government of BC, sans date; Tennant, 1976; Ptolemy et Lewis, 2002; Annear et al., 2004). Le débit des trois rivières chute sous le seuil de 10 % du DMA pendant les périodes de faibles débits. Les données ont été recueillies aux trois mêmes stations de Relevés hydrologiques du Canada mentionnées à la figure 4.

Liste des tableaux

  • Tableau 1. Résumé des activités de recherche visant à établir l’aire de répartition canadienne du naseux moucheté.
  • Tableau 2. Préférences en matière d’habitat du naseux moucheté au Canada.
  • Tableau 3. Utilisation proportionnelle de différents types d’habitat par le naseux moucheté (source : Andrusak et Andrusak, 2011).

Liste des annexes

  • Annexe A. Tableau d’évaluation des menaces

 

Information sur le document

COSEPAC
Comité sur la situation
des espèces en péril
au Canada

Logotype du COSEPAC

COSEWIC
Committee on the Status
of Endangered Wildlife
in Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 62 p. (Registre public des espèces en péril site Web).

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 31 p. (Registre public des espèces en péril site Web).

COSEWIC 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa vi + 36 p. (Registre public des espèces en péril site Web).

PEDEN, A. 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada – Mise à jour in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. 1-17 p.

Peden, A.E. 1980. COSEWIC status report on the speckled dace Rhinichthys osculus in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. 1-13 pp.

Note de production :

Le COSEPAC remercie Andrea Smith (Hutchinson Environmental Sciences Ltd) d’avoir rédigé le rapport de situation sur le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par John Post, coprésident du Sous-comité de spécialistes des poissons d’eau douce du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : COSEPAC courriel
Site web : COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Speckled Dace Rhinichthys osculus in Canada.

Illustration/photo de la couverture :

Naseux moucheté (Rhinichthys osculus; photo : P. Mylechreest, fournie gracieusement par J. D. McPhail, Ph. D.).

COSEPAC Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – novembre 2016

Nom commun
Naseux moucheté
Nom scientifique
Rhinichthys osculus
Statut
En voie de disparition
Justification de la désignation
Cette espèce atteint sa limite septentrionale dans le centre–sud de la Colombie–Britannique, où elle est restreinte au bassin versant de la rivière Kettle. Bien que l’espèce ait fait preuve d’une certaine résilience aux effets de la sécheresse, elle est néanmoins menacée par une combinaison de faibles débits dus aux prélèvements d’eau et aux changements climatiques, et d’effluents forestiers et agricoles.
Répartition
Colombie-Britannique
Historique du statut
Espèce désignée « préoccupante » en avril 1980. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2002, en avril 2006, et en novembre 2016.

COSEPAC Résumé

Naseux moucheté
Rhinichthys osculus

Description et importance de l’espèce sauvage

Le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) est un petit méné (d’une longueur totale de 51 à 94 mm) qui a un corps robuste et allongé. Il est gris à gris brunâtre avec de petites taches sombres. La plupart des naseux mouchetés sont isolés en amont des chutes Cascades (obstacle d’une hauteur de 30,5 m), dans le bassin versant du fleuve Columbia, en Colombie-Britannique. La population de naseux mouchetés en amont de cet obstacle peut être différenciée des populations états-uniennes par l’absence de barbillons et le nombre plus élevé d’écailles chez les individus.

Le naseux moucheté présente d’importantes variations morphologiques, écologiques et génétiques dans son aire de répartition. De nombreuses sous-espèces et populations distinctes sont reconnues aux États-Unis, et plusieurs de ces populations isolées figurent sur la liste des espèces en péril de l’Endangered Species Act des États-Unis.

Le naseux moucheté est l’un des poissons d’eau douce les plus abondants et les plus largement répartis dans l’Ouest des États-Unis. Il atteint toutefois la limite nordique de son aire de répartition au Canada, où il s’y trouve à titre de population périphérique et disjointe.

Répartition

Le naseux moucheté se restreint à l’ouest de l’Amérique du Nord. On le trouve depuis le nord du Mexique jusqu’au centre-sud de la Colombie-Britannique. Au Canada, l’espèce est confinée au système de la rivière Kettle (rivières Kettle, West Kettle et Granby), où on l’observe dans un tronçon de 275 km.

Habitat

Au Canada, le naseux moucheté a tendance à utiliser des eaux peu profondes à faible courant ainsi que des radiers et des plats courants, sur un substrat de gravier grossier, de galets ou de blocs. Les poissons immatures préfèrent les eaux près du bord des cours d’eau, tandis que les adultes se trouvent généralement dans un habitat de chenal plus profond. Le système de la rivière Kettle est sujet à des débits très faibles en hiver et à la fin de l’été. Les débits de pointe s’observent d’avril à juin, après la fonte de la neige. En été, la température des eaux de surface du système fluvial dépasse généralement 24 °C, et, en hiver, elle est inférieure à 0 °C.

Biologie

Il existe peu d’information sur la biologie du naseux moucheté. Au Canada, on croit qu’il fraye à la mi-juillet. Les mâles commencent à se reproduire à partir de l’âge de deux ans, et les femelles, un an plus tard. Selon leur taille, les femelles matures peuvent produire de 400 à 2 000 œufs. Les alevins nouvellement éclos émergent en août et en septembre. La durée de vie du naseux moucheté au Canada semble être de plus de sept ans, comparativement à un maximum de trois à quatre ans aux États-Unis.

Taille et tendances de la population

La plus récente estimation de la population, qui date de 2010, est d’environ 940 000 individus matures au Canada. Aucune étude à long terme n’a été effectuée afin de déterminer les tendances de la population.

Menaces et facteurs limitatifs

Au Canada, l’aire de répartition complète du naseux moucheté se trouve dans un seul système fluvial caractérisé par de faibles débits. La plus grande partie de la population canadienne est isolée en amont d’un obstacle naturel de toutes les autres populations. Les principales menaces pesant sur le naseux moucheté sont la réduction de la taille et de la qualité de l’habitat attribuable aux prélèvements d’eau et à la sédimentation causée par les activités forestières. Les changements climatiques peuvent exacerber les conditions de faible débit durant les périodes où la demande en eau est le plus élevée. Plusieurs poissons non indigènes (p. ex. achigan à petite bouche [Micropterus dolomieu], grand brochet [Esox lucius] et doré jaune [Sander vitreus]) pourraient constituer des menaces (compétition et prédation) si leur aire de répartition s’étendait dans le système de la rivière Kettle en amont des chutes Cascade.

Protection, statuts et classements

Le naseux moucheté a initialement été désigné « espèce préoccupante » par le COSEPAC en 1980. Après un réexamen de son statut en 2002 et en 2006, le COSEPAC l’a désigné « espèce en voie de disparition » et l’a inscrit en tant que tel sur la liste de la Loi sur les espèces en péril en 2009. Aucun programme de rétablissement ou plan d’action n’a encore été approuvé pour l’espèce en vertu de la législation fédérale. Le naseux moucheté est reconnu comme une espèce protégée aux termes de la réglementation sur les pêches de la Colombie-Britannique. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lui a attribué le statut de « préoccupation mineure » sur sa Liste route des espèces menacées, et la cote mondiale de l’espèce est G5 (non en péril). La cote nationale est N5 (non en péril) aux États-Unis et N2 (en péril) au Canada. Le naseux moucheté est classé S2 (en péril) sur la liste rouge de la Colombie-Britannique. Plusieurs sous-espèces figurent comme « en péril » en vertu de l’Endangered Species Act des États-Unis.

Résumé technique

Nom scientifique :
Rhinichthys osculus
Nom français :
Naseux moucheté
Nom anglais :
Speckled Dace
Répartition au Canada (province/territoire/océan) :
Colombie-Britannique

Données démographiques

Données démographiques de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population; indiquez si une méthode d’estimation de la durée d’une génération autre que celle qui est présentée dans les lignes directrices de l’IUCN [2011] est utilisée) 3 à 4 ans
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures? Oui
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations]. Inconnu
Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont a. clairement réversibles et b. comprises et c. ont effectivement cessé? a. Non
b. Oui
c. Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Inconnu

Information sur la répartition

Information sur la répartition de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Superficie estimée de la zone d’occurrence 2 809 km2
Indice de zone d’occupation (IZO) 160 km2 (discret)
528 km2 (continu)
La population totale est-elle gravement fragmentée, c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouvent dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce? a. Non
b. Non
Nombre de localités (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant)
(Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN 2010 (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)
De 1 à 4, d’après les menaces combinées des prélèvements d’eau et des changements climatiques sur les débits estivaux et automnaux.
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? Déclin prévu attribuable aux réductions de la taille et de la qualité de l’habitat à cause de la hausse de la fréquence et de la gravité des conditions de sécheresse estivale, combinée aux prélèvements d’eau.
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation? Déclin prévu attribuable aux réductions de la taille et de la qualité de l’habitat à cause de la hausse de la fréquence et de la gravité des conditions de sécheresse estivale, combinée aux prélèvements d’eau.
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations? Aucune sous-population n’a été observée au Canada.
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités?
(Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN 2010 (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)
Non
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat? Déclin prévu attribuable aux réductions de la taille et de la qualité de l’habitat à cause de la hausse de la fréquence et de la gravité des conditions de sécheresse estivale, combinée aux prélèvements d’eau
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités?
(Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN 2010 (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? Non

Nombre d’individus matures dans chaque sous-population

Nombre d’individus matures de l'espèce
Sous-populations (utilisez une fourchette plausible) : Nombre d’individus matures
- 940 000
Total 940 000 (IC à 90 % : 412 000-1 955 000)

Analyse quantitative

Analyse quantitative de l'espèce
Éléments du résumé technique Information
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. Inconnu

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou leur habitat, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible, selon le calculateur des menaces de l’UICN)

Un calculateur des menaces a t il été rempli pour l’espèce? Oui, le 16 décembre 2015.

  1. Modifications du système naturel
  2. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents
  3. Pollution
  4. Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques

Impact global des menaces attribué : élevé à moyen

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Immigration de source externe de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada. Les populations des États-Unis les plus proches ont une cote globale G5 (non en péril) et une cote nationale aux États-Unis N5 (non en péril)

Quatre sous-espèces sont en péril en vertu de l’Endangered Species Act des États-Unis, 11 sous-espèces sont considérées comme en péril par NatureServe aux États-Unis, 1 sous-espèce est vraisemblablement disparue, et 1 autre est possiblement disparue aux États-Unis.
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? L’immigration est impossible parce que les populations de l’extérieur du Canada sont situées en aval des chutes Cascade.
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Oui
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Oui
Les conditions se détériorent-elles au Canada?
Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)
Détérioration inférée à cause de la réduction de la taille de l’habitat attribuable aux faibles débits et aux prélèvements d’eau.
Les conditions de la population se détériorent-elles?
Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)
Inconnu
La population canadienne est-elle considérée comme un puits?
Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)
La portion principale de la population canadienne n’est pas un puits parce que l’immigration à partir d’autres populations est peu probable. La petite portion de la population canadienne qui se trouve en aval des chutes Cascade, cependant, pourrait être un puits parce qu’elle persisterait seulement grâce à une immigration à partir de sources en amont.
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? Non, à cause des chutes Cascade, qui représentent un obstacle d’une hauteur de 30,5 m.

Nature délicate de l’information sur l’espèce

Les informations sur les données sensibles de l'espèce
Éléments du résumé technique information
L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? Non

Historique du statut

Historique du statut
Éléments du résumé technique information
COSEPAC: En voie de disparition
Année de l’évaluation : 2016
Historique du statut du COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1980. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2002, en avril 2006, et en novembre 2016.

Statut et justification de la désignation :

Statut et justification de la désignation :
Éléments du résumé technique information
Statut : Espèce en voie de disparition
Code alphanumérique : B1ab(iii)+2ab(iii)
Justification de la désignation : Cette espèce atteint sa limite septentrionale dans le centre-sud de la Colombie-Britannique, où elle est restreinte au bassin versant de la rivière Kettle. Bien que l’espèce ait fait preuve d’une certaine résilience aux effets de la sécheresse, elle est néanmoins menacée par une combinaison de faibles débits dus aux prélèvements d’eau et aux changements climatiques, et d’effluents forestiers et agricoles.

Applicabilité des critères :

Applicabilité des critères
Éléments du résumé technique information
Critère A
(déclin du nombre total d’individus matures) :
Sans objet. Tendances de la population inconnues.
Critère B
(petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) :
Correspond au critère de la catégorie « en voie de disparition », B1ab(iii)+2ab(iii), parce que la zone d’occurrence (2 890 km2), l’IZO (160-528 km2) et le nombre de localités (1-4) sont tous sous les seuils établis et qu’il y a un déclin continu prévu de la qualité de l’habitat.
Critère C
(nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) :
Sans objet.
Critère D
(très petite population totale ou répartition restreinte) :
Sans objet.
Critère E
(analyse quantitative) :
Sans objet.

Préface

Des données additionnelles ont été recueillies sur l’aire de répartition, l’utilisation de l’habitat et les effectifs du naseux moucheté (Rhinichthys osculus) au Canada depuis la dernière évaluation du COSEPAC, en 2006. Des relevés dans le système de la rivière Kettle en 2008 ont permis d’étendre l’aire de répartition estimée de l’espèce de 16 km (ou 6 %) vers l’amont, ce qui donne un tronçon fluvial total de 275 km, comparativement au tronçon fluvial total de 259 km établi dans l’évaluation de 2006 (COSEWIC, 2006; Batty, 2010). On a également mieux défini les caractéristiques de l’utilisation de l’habitat au Canada depuis la dernière évaluation (Batty, 2010; Andrusak et Andrusak, 2011). Ces recherches indiquent que le naseux moucheté a une préférence pour un habitat de plat courant ou de radier peu profond, et soutiennent les études précédentes qui montraient des différences de l’utilisation de l’habitat liées à l’âge. L’évaluation de 2006 n’offrait pas d’estimation de la taille de la population de naseux mouchetés au Canada à cause du manque d’échantillonnage quantitatif. Les relevés approfondis de Batty (2010) dans le système de la rivière Kettle ont permis d’obtenir une estimation de 940 000 individus matures, ce qui est un ordre de grandeur supérieur aux estimations précédemment publiées. Batty (2010) a également prélevé un individu qui aurait plus de sept ans, ce qui augmente la longévité estimée de l’espèce.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2016)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Embranchement : Chordés
Classe : Actinoptérygiens (poissons à nageoires rayonnées)
Ordre : Cypriniformes
Famille : Cyprinidés
Genre : Rhinichthys
Espèce : Rhinichthys osculus(Girard 1856)

Nom commun

Français : Naseux moucheté (Scott et Crossman 1973)

Anglais : Speckled Dace (Nelson et al. 2004), également connu sous le nom de Dusky Dace, Pacific Dace, Spring Dace et Western Dace (Nico et Fuller 2015)

La taxinomie du naseux moucheté (Rhinichthys osculus) est incertaine. Certains chercheurs considèrent qu’il s’agit d’un complexe d’espèces en raison du degré élevé de variation au sein des populations, mais les relations taxinomiques ne sont pas bien comprises (McPhail, 2007; Minckley et Marsh, 2009; Hoekzema et Sidlauskas, 2014). Le naseux moucheté avait au départ été classifié en tant que 12 espèces différentes sous le genre (maintenant un sous-genre) Apocope(Jordan et al. 1930 in Oakey et al., 2004). La classification a par la suite été révisée en une seule espèce largement répartie (Miller et Miller 1948). À l’heure actuelle, on reconnaît de 15 à 19 sous-espèces dans l’aire de répartition, et il y a plusieurs formes sans nom (Minckley et Marsh, 2009; USFWS, 2014; ITIS, 2015; NatureServe, 2015). Wiesenfeld (2014) a recommandé d’ajouter une sous-espèce aux États-Unis. Hoekzema et Sidlauskas (2014) ont laissé entendre que de multiples espèces cryptiques pourraient exister dans le complexe du naseux moucheté. De plus, il y a des débats à savoir si deux espèces étroitement apparentées, le naseux léopard (R. falcatus) et le naseux d’Umatilla (R. umatilla), représentent des formes du naseux moucheté (Oakey et al., 2004; DFO, 2008; mais voir également Haas, 2001). Aucune sous-espèce n’a été nommée dans la population canadienne.

Description morphologique

Le naseux moucheté est un petit méné d’une longueur totale (LT) d’environ 50 à 90 mm, mais les femelles sont occasionnellement plus longues (McPhail, 2003; DFO, 2013a). Il a un corps robuste et allongé et une tête en triangle émoussé; une petite bosse se trouve derrière la tête (Scott et Crossman, 1973). Le naseux moucheté est gris à gris brunâtre, avec de petites taches sombres, généralement au-dessus de la ligne médiane des flancs. Sa face ventrale est jaunâtre à blanc crème (Scott et Crossman, 1973).

Le naseux moucheté a un long nez émoussé qui surplombe une bouche légèrement courbée vers le bas (figure 1; Scott et Crossman, 1973; Williams et al., 2014). Le pédoncule caudal est modérément étroit, et la fourche de la nageoire caudale est peu profonde, soit environ 6 % de la longueur totale (McPhail, 2003). Les nageoires pelviennes et pectorales sont relativement petites et arrondies, avec 8-9 et 13-14 rayons, respectivement (Scott et Crossman, 1973). L’espèce possède 8 ou 9 rayons dorsaux, 6 ou 7 rayons anaux et de 59 à 69 écailles le long de la ligne latérale (McPhail, 2003). Une bande peu marquée s’étend sur les flancs du poisson, du dessous de la nageoire dorsale au pédoncule caudal, et se termine en un point diffus à la base de la nageoire caudale. Le point et la bande sont tous deux plus apparents chez les jeunes poissons (Scott et Crossman, 1973). Contrairement aux mâles, les femelles et les juvéniles n’ont pas de taches foncées irrégulières sur le dos et les flancs (McPhail, 2003). Les mâles ont des marques qui ressemblent à celles du naseux d’Umatilla, mais sont moins fuselés et aplatis ventralement (Haas, 2001).

Figure 1. Naseux moucheté (Rhinichthys osculus; photo par P. Mylechreest, gracieusement fournie par J. D. McPhail [Ph. D.]).
Photo d’un naseux moucheté vue latérale (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 1

Photo d’un naseux moucheté (Rhinichthys osculusis; vue latérale). Ce petit méné (d’une longueur totale de 51 à 94 mm) a un corps robuste. Il est gris à gris brunâtre avec des taches sombres.

Au Canada, le naseux moucheté se différencie du naseux léopard et du naseux d’Umatilla par sa bouche terminale, ses nageoires arrondies, ses vertèbres moins nombreuses, l’absence de barbillons maxillaires et d’épines sur les nageoires pelviennes. Parmi ces espèces, le naseux moucheté est celui dont le corps est le moins fuselé et le plus robuste et qui a la coloration la plus foncée. Ses yeux sont plus petits, ses nageoires et leur base sont plus petites et arrondies, sa queue est plus petite et moins fourchue. De plus, le pédoncule caudal est plus épais, et les épines de la nageoire pelvienne sont généralement plus faibles ou absentes (Haas, 2001).

Chez la population canadienne, les mouchetures sont très réduites ou peu distinctes (Haas, 2001). Les naseux mouchetés de la Colombie Britannique diffèrent des individus des populations états uniennes les plus proches, à 80 km au sud, par l’absence de barbillons et le nombre plus élevé d’écailles autour du pédoncule caudal (Peden, 2002).

Structure spatiale et variabilité des populations

Le naseux moucheté présente d’importantes variations morphologiques, écologiques et génétiques dans son aire de répartition. Une série complexe de formes morphologiques est observée dans de nombreux bassins versants isolés sur la côte des États-Unis, de la presqu’île Olympic à la Californie (McPhail, 2003).

Les chutes Cascade, situées dans la rivière Kettle, à cinq kilomètres en amont de la frontière entre le Canada et les États-Unis, représentent un obstacle physique naturel aux déplacements vers l’amont du naseux moucheté. La plus grande partie de la population canadienne, située en amont de ces chutes, est donc considérée comme géographiquement isolée et disjointe de toutes les autres populations de naseux mouchetés (Andrusak et Andrusak, 2011; Brown et al., 2012; DFO, 2013a). Quelques individus sont vraisemblablement entraînés par les chutes durant la période de débits élevés au printemps, mais la population en aval ne semble pas être autosuffisante (Peden et Hughes, 1984).

Des analyses génétiques limitées laissent entendre que la population canadienne pourrait différer génétiquement des autres populations. À l’aide du marqueur mitochondrial cytochrome b (306 paires de base), Haas (2001) a noté que le naseux moucheté des rivières Granby et Kettle (en amont des chutes) partageait une séquence identique avec un poisson de la presqu’île Olympic, dans l’État de Washington, mais qu’il comptait de 1 à 3 paires de base différentes par rapport à 7 autres populations échantillonnées dans d’autres régions de l’État de Washington et de l’Oregon. Cependant, la taille des échantillons utilisée dans cette étude était faible (seulement trois individus de la Colombie-Britannique, un de la presqu’île Olympic, et trois du reste de l’État de Washington et de l'Oregon), et l’étude est basée sur un seul marqueur moléculaire. De plus, aucune population adjacente des États-Unis n’a été échantillonnée.

Des comparaisons morphométriques exhaustives entre les populations canadiennes et états-uniennes n’ont pas été réalisées. Peden (2002) a décrit les différences méristiques entre les naseux mouchetés du Canada et ceux d’autres populations du bassin versant du Columbia (10 populations, dont 2 disparues, dans l’État de Washington, en Idaho et en Oregon). Au Canada, le naseux moucheté possédait un nombre d’écailles plus élevé autour du pédoncule caudal que 80 % des populations échantillonnées aux États-Unis, tandis que 20 % des populations états-uniennes n’avaient pas de barbillons (comme le poisson de la rivière Kettle). La petite taille des échantillons empêche une comparaison statistique.

L’évolution du naseux moucheté découle considérablement des événements climatiques et géologiques (Ardren et al., 2010). Les tendances en matière de glaciation, de tectonique et de réchauffement climatique ont mené à des cycles répétés de fragmentation et de reconnexion de l’aire de répartition de l’espèce durant le Miocène, le Pliocène et le Pléistocène (Oakey et al., 2004; Pfrender et al., 2004; Ardren et al., 2010; Rusky, 2014). Cela a entraîné un haut degré de subdivision génétique au sein des populations, souvent structurées selon le bassin ou le sous-bassin versant. Le naseux moucheté a maintenu une variation génétique substantielle dans ces conditions environnementales dynamiques parce qu’il est une espèce généraliste, qui affiche une plasticité phénotypique et un potentiel de reproduction élevé (Ardren et al., 2010).

Oakey et al. (2004) ont documenté la différenciation génétique des populations états-uniennes en cartographiant 112 sites de restriction dans l’ADN mitochondrial. Un total de 104 individus ont été échantillonnés dans 59 populations des États-Unis. On a identifié deux clades principaux qui correspondent aux systèmes du fleuve Colorado et de la rivière Snake. Le clade du fleuve Colorado est lui-même divisé en plusieurs sous-clades distincts selon le sous-bassin, ce qui reflète vraisemblablement l’isolement de la population dû à l’aridité et à l’activité tectonique régionales (Oakey et al., 2004). On a observé une variation considérable des sites de restriction au sein des populations; la plupart des populations comprenaient au moins un haplotype unique (Oakey et al., 2004).

Pfrender et al. (2004) ont examiné la structure génétique du naseux moucheté dans cinq bassins versants importants de l’Oregon. Ils ont analysé un segment de 670 paires de base d’une région du cytochrome b chez 90 individus provenant de 13 localités, et ont noté une diversité génétique élevée au sein de toutes les populations (π = 0,0434; 43 haplotypes uniques). De plus, les populations de grands bassins fluviaux présentaient une forte différenciation génétique (Nst = 0,823, p = 0,027) et formaient des clades réciproquement monophylétiques. La divergence des séquences parmi les bassins variait de 5,92 % (ET = 0,09) à 14,61 % (ET = 0,24), ce qui correspondait aux différences au niveau de l’espèce notées chez d’autres cyprinidés (Pfrender et al., 2004). Selon un taux de divergence de l’horloge moléculaire de 0,76 % par million d’années du gène cytochrome b des cyprinidés, Pfrender et al. (2004) a calculé que les populations ont divergé les unes des autres il y a de 3,89 (ET = 0,12) à 9,61 (ET = 0,32) millions d’années. D’autres recherches, utilisant d’autres marqueurs moléculaires et des échantillons de plus grande taille, s’imposent afin de déterminer s’il est justifié de désigner les populations des différents bassins versants en tant qu’espèces (Pfrender et al., 2004).

Le flux génique du naseux moucheté peut également être restreint par des facteurs écologiques. L’espèce a été introduite dans le système de la rivière Eel, dans le nord de la Californie, au milieu des années 1980. Si la population a rapidement augmenté, son aire de répartition, elle, ne s’est pas élargie, et ce, malgré l’absence d’obstacles physiques (Kinziger et al., 2011). La présence de multiples prédateurs (chabot piquant [Cottus asper]; chabot côtier [C. aleuticus]; sauvagesse de Sacramento [Ptychocheilus grandis]) semble limiter l’aire de répartition des poissons introduits dans ce bassin versant (Harvey et al., 2004). Une telle résistance biotique à la dispersion pourrait mener à la présence d’une structure de population parmi les populations.

Des études de l’ADN mitochondrial et ribosomique basées sur des séquences de la région du cytochrome b (306 paires de base), l’espaceur transcrit interne (250 paires de base) et la région ribosomique (80 paires de base) étayent la distinction entre le naseux moucheté, le naseux léopard et le naseux d’Umatilla (Haas, 2001). On croit que le naseux d’Umatilla est un hybride entre le naseux moucheté et le naseux léopard qui a probablement évolué au fil des multiples hybridations qui ont eu lieu après la dernière ère glaciaire (Haas, 2001). On ne croit pas qu’il y ait eu hybridation contemporaine entre le naseux moucheté et le naseux léopard (McPhail, 2007). Au Canada, le naseux moucheté et le naseux d’Umatilla coexistent dans une petite section de la rivière Kettle, en aval des chutes Cascade. Il n’y a pas de signe d’hybridation entre les deux espèces dans cette région (Peden et Hughes, 1988).

On a également observé que le naseux moucheté s’hybridait avec l’Iotichthys phlegethontis, le naseux des rapides (R. cataractae), le méné rose (Richardsonius balteatus) et le Relictus solitarius dans certaines parties de son aire de répartition aux États-Unis (Smith, 1973; Miller et Behnke, 1985; Wiesenfeld, 2014). De ces espèces, le naseux des rapides et le méné rose sont celles qui coexistent avec le naseux moucheté au Canada.

Unités désignables

Au Canada, à l’heure actuelle, le naseux moucheté n’est pas classifié à un niveau inférieur à l’espèce (c.-à-d. qu’aucune sous-espèce, variété ou unité désignable n’a été déterminée). Toute la population canadienne occupe une seule zone biogéographique, et il n’y a pas d’obstacles physiques aux déplacements en amont des chutes Cascade. Aucune étude n’a été réalisée afin de déterminer si les poissons en amont et en aval des chutes étaient génétiquement et/ou morphologiquement différents. Par conséquent, la population canadienne est considérée comme une seule unité désignable, conformément aux lignes directrices du COSEPAC.

Importance de l’espèce

Le naseux moucheté est l’un des poissons d’eau douce les plus abondants et les plus largement répartis dans l’ouest des États-Unis. Il est observé dans une diversité de milieux (des petits ruisseaux et petites sources aux grands cours d’eau, en passant par les lacs profonds) et de conditions thermiques (p. ex. températures estivales de 14 à 33 o C; John, 1964; Moyle, 1976; Peden et Hughes, 1981; Oakey et al., 2004; Pfrender et al., 2004; Smith et Dowling, 2008; Hoekzema et Sidlauskas, 2014).

L’espèce atteint la limite nordique de son aire de répartition dans le centre-sud de la Colombie-Britannique, où on la trouve dans un seul bassin versant : le système de la rivière Kettle. L’espèce est omniprésente dans le reste de son aire de répartition, mais la plupart des naseux mouchetés du Canada se trouvent dans des populations périphériques et disjointes, isolées des autres populations en aval par un obstacle naturel d’une hauteur de 30,5 m : les chutes Cascade (Peden et Hughes, 1984; Haas, 2001; McPhail, 2003). La petite portion de la population canadienne qui se trouve en aval des chutes pourrait également être isolée des populations états-uniennes plus en aval à cause de l’exclusion compétitive qu’exerce le naseux d’Umatilla (Peden et Hughes, 1984). Peden (2002) a mentionné que la morphologie du naseux moucheté au Canada est distincte de celle des individus des populations des États-Unis, en aval des chutes Cascade.

Le naseux moucheté présente également un intérêt scientifique puisqu’il s’agit de l’une des espèces soi-disant parentes (avec le naseux léopard) à l’origine d’une troisième espèce, le naseux d’Umatilla, par le biais de l’hybridation (Haas, 2001). Au Canada, le naseux d’Umatilla est aussi limité à une petite zone géographique du centre-sud de la Colombie-Britannique (Haas, 2001).

Le naseux moucheté serait un important poisson fourrage qui assure un lien entre les chaînes trophiques aquatiques et terrestres puisqu’il sert de proie à des poissons et à des oiseaux piscivores (Scott et Crossman, 1973; Brown et al., 2012). L’espèce est utilisée comme appât dans certaines parties de son aire de répartition aux États-Unis (Scott et Crossman, 1973).

À l’heure actuelle, le Fish and Wildlife Service (FWS) des États-Unis reconnaît 19 sous-espèces de naseux mouchetés aux États-Unis. Sur ce total, 6 ont un nom scientifique, tandis que 13 ont un nom commun anglais seulement. Quatre de ces sous-espèces figurent sur la liste fédérale des espèces en péril aux États-Unis : R. osculus nevadensis (en voie de disparition [endangered]), R. osculus oligoporus (en voie de disparition), R. osculus lethoporus (en voie de disparition) et R. osculus ssp.de Foskett (menacée [threatened]) (USFWS, 2014). NatureServe mentionne 11 autres sous-espèces en péril aux États-Unis (NatureServe, 2015). 

Aucune connaissance traditionnelle autochtone n’est disponible à propos de cette espèce.

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le naseux moucheté est limité à l’ouest de l’Amérique du Nord (figure 2). L’espèce vit dans les bassins versants du Pacifique, depuis le fleuve Columbia jusque dans le nord du Mexique (Sonora), en passant par le système du fleuve Colorado, ainsi que dans les bassins versants côtiers, de la presqu’île Olympic, dans l’État de Washington, à la Californie (Scott et Crossman, 1973; Page et Burr, 2011).

Figure 2. Aire de répartition mondiale du naseux moucheté (carte utilisée avec l’autorisation de J. D. McPhail [Ph. D.]). Scattered populations = Populations dispersées
Carte de l’aire de répartition mondiale du naseux moucheté (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 2

Carte de l’aire de répartition mondiale du naseux moucheté, qui est limité à l’ouest de l’Amérique du Nord. L’espèce vit dans les bassins versants du Pacifique, depuis le fleuve Columbia jusque dans le nord du Mexique (Sonora), en passant par le système du fleuve Colorado, ainsi que dans les bassins versants côtiers, de la presqu’île Olympic, dans l’État de Washington, au sud de la Californie.

Aire de répartition canadienne

Le naseux moucheté atteint la limite nord de son aire de répartition au Canada, et se rencontre seulement dans la rivière Kettle et ses deux principaux affluents, la rivière West Kettle et la rivière Granby, dans le centre-sud de la Colombie-Britannique (figure 3; Peden et Hughes, 1981, 1984; Peden, 2002). Le système de la rivière Kettle, qui fait partie du bassin versant du fleuve Columbia, se trouve entièrement dans la zone biogéographique du Pacifique. La Kettle et ses affluents coulent vers le sud à partir de leurs eaux d’amont dans la chaîne de Monashee. Les rivières Kettle et West Kettle se rejoignent près de Westbridge et continuent vers le sud, jusque dans l’État de Washington, au sud de Midway. La Kettle coule ensuite vers le nord jusqu’au Canada, près de Grand Forks, où elle rejoint la rivière Granby et continue vers l’est, avant de revenir de nouveau vers le sud jusqu’aux États-Unis (figure 3; Peden et Hughes, 1981).

Figure 3. Aire de répartition du naseux moucheté au Canada (selon les données de relevés du BC Conservation Data Centre [2013] et de Batty [2010]).
Carte de l’aire de répartition du naseux moucheté au Canada (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 3

Carte de l’aire de répartition du naseux moucheté au Canada, où il se rencontre dans la rivière Kettle et ses deux principaux affluents, la rivière West Kettle et la rivière Granby, dans le centre sud de la Colombie Britannique. La carte montre les sites de relevés où des naseux mouchetés ont été capturés ou non ainsi que les carrés de grille montrant l’indice de zone d’occupation discret et continu.

La plus grande partie de l’aire de répartition canadienne de l’espèce est isolée de celle des autres populations de naseux mouchetés et d’autres espèces du genre Rhinichthys (Haas, 2001; McPhail, 2003) par les chutes Cascades, obstacle d’une hauteur de 30,5 m, même si l’espèce est également observée dans les 5 kilomètres de la section canadienne de la rivière Kettle en aval des chutes (Peden et Hughes, 1981, 1984, 1988). Cette population située en aval ne serait pas autosuffisante, mais elle persiste grâce aux individus qui sont emportés périodiquement dans les chutes (p. ex. durant la fonte de la neige au printemps et lors d’inondations; Peden et Hughes, 1984; Bradford, 2006). Des relevés effectués plus loin en aval, dans l’État de Washington, laissent penser que le naseux moucheté a été complètement remplacé par le naseux d’Umatilla à moins de huit kilomètres de la frontière (Peden et Hughes, 1984).

Selon une évaluation antérieure du COSEPAC, on a estimé que l’aire de répartition canadienne du naseux moucheté se trouvait dans un tronçon fluvial d’une longueur d’environ 259 km (COSEWIC, 2006). Plus récemment, Batty (2010) a effectué des relevés dans le système Kettle-Granby, ce qui a allongé cette estimation de 16 km (ou 6 % de plus que l’estimation précédente du COSEPAC). Plus précisément, Batty (2010) a observé le naseux moucheté sur 118 km des cours moyen et supérieur de la Kettle, sur 43 km de la West Kettle, sur 59 km du cours inférieur de la Kettle et sur 55 km de la Granby. Le naseux moucheté a également été observé plus en amont (vers le nord) qu’auparavant dans les rivières Kettle et Granby.

Andrusak et al. (2012) ont effectué des relevés de portions des rivières Kettle et Granby afin de mesurer la disponibilité de l’habitat convenable du naseux moucheté. Sur une portion d’environ 33 km de la rivière Kettle, les auteurs ont estimés que 748 ha d’habitat convenable existaient en amont de Midway, en Colombie-Britannique, et que 316 ha d’habitat convenable se trouvaient en aval de Grand Forks, toujours en Colombie-Britannique. Selon Andrusak et al. (2012), approximativement 407 ha d’habitat convenable existent dans la section de quelque 8 km de la rivière Granby qui a fait l’objet d’un échantillonnage.

Andrusak et Andrusak (2011) ont effectué des relevés dans 4 sites dans un tronçon inférieur de 10 km du ruisseau Inonoaklin (situé à environ 75 km au nord-est de Carmi, près de Fauquier, en Colombie-Britannique), mais n’ont pas trouvé de naseux mouchetés. Dans la province, l’espèce a seulement été observée dans le cours principal de la Kettle et ses deux plus gros affluents (rivières Granby et West Kettle; MacConnachie, comm. pers., 2015).

Zone d’occurrence et zone d’occupation

La zone d’occupation, établie selon la méthode du polygone convexe minimum, qui inclut toutes les mentions dans le territoire canadien, est de 2 809 km2. La zone biologique réelle est estimée en multipliant la longueur fluviale totale dans laquelle on a observé le naseux moucheté (275 km) par la largeur moyenne mouillée du système de la Kettle (30,5 m d’après la superficie des sous-bassins et les apports d’eau moyens; COSEWIC, 2006), ce qui équivaut à une superficie totale occupée par toutes les populations connues de 8,4 km2. On a envisagé trois approches afin d’estimer l’indice de zone d’occupation (IZO, soit la superficie des carrés de grille qui croisent la zone occupée par l’espèce). Premièrement, on a déterminé le tronçon fluvial continu entre toutes les observations à l’aide d’une grille à carrés de 2 km de côté, ce qui donne un indice de 528 km2 (IZO continu; figure 3). Deuxièmement, on a superposé une grille à carrés de 2 km de côté sur une carte représentant la totalité de la zone d’occupation connue, ce qui a donné un IZO discret de 160 km2 (figure 3). Et troisièmement, on peut présumer que l’habitat essentiel, s’il a été adéquatement délimité sur le terrain, représente l’IZO. Brown et al. (2012) disaient définir l’habitat essentiel de la population canadienne de naseux mouchetés, mais nous critiquons leur utilisation de l’habitat essentiel comme substitut de l’IZO aux fins de l’évaluation du COSEPAC (voir la section Habitat pour la justification), que nous jugeons inappropriée. Puisqu’il est probable qu’il y ait de l’habitat non favorable à l’espèce dans le système de la rivière Kettle et que l’espèce se trouve dans des sites non échantillonnés à l’intérieur de l’aire de répartition, l’estimation la plus appropriée de l’IZO se situe probablement entre les estimations discrète et continue.

Activités de recherche

Avant 2010, aucun recensement répandu du naseux moucheté n’avait été réalisé au Canada. Jusqu’à cette date, l’aire de répartition connue de l’espèce était basée sur des travaux de terrain effectués pour les collections muséales, des études d’évaluation de la population de truites arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) et une étude d’impact environnemental d’un projet de barrage aux chutes Cascade (DFO, 2008).

Peden et Hughes (1981) ont échantillonné un tronçon d’environ 112 km de la rivière Kettle (entre Carmi et Cascade) et un tronçon de 27 km de la rivière Granby (au nord de Grand Forks), au moyen de sennes à ménés et de la pêche électrique, en septembre et en octobre 1977. Les sites d’échantillonnage se trouvaient dans des tronçons de cours d’eau accessibles par la route. Le naseux moucheté a été observé dans 15 des 24 (62,5 %) sites d’échantillonnage. La majorité des individus capturés étaient des jeunes de l’année, et la plupart étaient des femelles (Peden et Hughes, 1981; tableau 1). L’espèce n’a pas été observée durant les relevés par pêche électrique ciblant la truite arc-en-ciel en août 2005 dans les quatre affluents de la Kettle (ruisseaux Rendell, Rock, Boundary et McCarthy, dans un rayon de deux kilomètres du confluent de la Kettle; BC Ministry of Environment, données inédites).

Tableau 1. Résumé des activités de recherche visant à établir l’aire de répartition canadienne du naseux moucheté.
Méthode de relevé Zone couverte Nombre de sites Nombre de sites avec des données positives Année Source
Méthode de relevé Zone couverte Nombre de sites Nombre de sites avec des données positives Année Source
Senne à ménés, pêche électrique ~112 km de la Kettle et ~27 km de la Granby 24 15 1977 (septembre et octobre) Peden et Hughes, 1981
Pêche électrique à passage unique 275 km du système de la Kettle 39 29 2008 (juillet et août) Batty, 2010
Pêche électrique, relevés en apnée 1 km de la Kettle, 1 km de la West Kettle 2 2 2010 (juillet et octobre) Andrusak et Andrusak, 2011
Pêche électrique 10 km du ruisseau Inonoaklin 4 0 2010 (août) Andrusak et Andrusak, 2011

Batty (2010) a prélevé des échantillons dans le système de la rivière Kettle en juillet et en août 2008, au moyen de la pêche électrique à passage unique. Il a effectué ses travaux quantitativement dans 28 sites grandement répartis dans les 4 tronçons du système fluvial : cours moyen et supérieur de la Kettle, rivière West Kettle, cours inférieur de la Kettle et rivière Granby (sites accessibles en voiture). Un échantillonnage exploratoire a été effectué à 11 autres sites dans les eaux d’amont du bassin versant. Dans chaque site d’échantillonnage quantitatif, une section fluviale de 30 m a fait l’objet d’un relevé par échantillonnage stratifié. Un échantillonnage continu a été réalisé le long de la rive (puisque des travaux préliminaires sur le terrain ont indiqué que les naseux mouchetés y étaient plus abondants), tandis qu’on a fait un échantillonnage intermittent dans le chenal (c.-à-d. dans des quadrats de 1,5 × 2 m placés tous les 2 m dans le chenal, à 0, 15 et 30 m à partir de l’extrémité aval du site; Batty, 2010). Des naseux mouchetés ont été capturés à 29 des 39 sites (74 %; tableau 1). Dans un site, Batty (2010) a calculé l’efficacité de capture de la méthode par pêche électrique grâce à une étude de marquage-recapture. Sept essais ont été effectués; un total de 203 poissons ont été relâchés, et 16 ont été recapturés. L’efficacité de capture moyenne était faible et très variable, allant de 0 à 0,214, avec une moyenne de 0,079 (ET = 0,08).

Afin de calculer l’aire de répartition totale du naseux moucheté dans le système de la rivière Kettle, Batty (2010) a présumé une aire de répartition continue entre les sites de capture les plus en aval et ceux les plus en amont. L’aire de répartition de 275 km qui en résulte pourrait être une sous-estimation, compte tenu du fait que les zones fluviales au-delà de la limite de la zone d’échantillonnage en amont n’ont pas été recensées (environ 18 km dans la West Kettle, 26 km dans le cours supérieur de la Kettle et 3 km dans la Granby; Brown et al., 2012).

Dans une étude visant à déterminer l’utilisation de l’habitat et les préférences en matière d’habitat du naseux moucheté, Andrusak et Andrusak (2011) ont prélevé des échantillons dans une section de un kilomètre des rivières Kettle et West Kettle selon deux méthodes : pêche électrique et relevés en apnée. Les relevés ont été effectués en juillet et en octobre 2010. Dans le cadre de la méthode par pêche électrique, les échantillons étaient prélevés durant la journée à des points aléatoires, situés à une distance de six ou sept mètres les uns des autres, qui comprenaient une gamme de types d’habitat disponible. Dans le cadre de la méthode par relevés en apnée, on a réalisé l’échantillonnage le jour et la nuit (en commençant une heure après le crépuscule et en terminant environ quatre heures plus tard). Pour ce faire, on nageait vers l’amont sur une distance de un kilomètre et on notait les espèces observées (tableau 1). Un total de 347 naseux mouchetés ont été capturés ou observés selon ces 2 méthodes de relevé (pêche électrique : 223 poissons; apnée : 124 poissons). En se fondant sur la longueur des poissons, Andrusak et Andrusak (2011) ont calculé que la plupart des individus capturés étaient des juvéniles (228 individus ou 66 %). Dans l’ensemble, davantage de poissons ont été capturés dans la rivière Kettle (186 individus) que dans la rivière West Kettle (161 individus), et on n’a observé aucun poisson mature dans la West Kettle durant la période d’échantillonnage automnale (Andrusak et Andrusak, 2011).

En août 2010, Andrusak et Andrusak (2011) ont également examiné au moyen de la pêche électrique si le naseux moucheté était présent dans le ruisseau Inonoaklin, à l’extérieur du bassin versant de la Kettle. Quatre sites, d’une taille d’environ 50 m, ont été échantillonnés dans les 10 km inférieurs du cours d’eau, et aucun naseux moucheté n’a été observé (tableau 1).

Les méthodes d’estimation utilisées pour établir l’aire de répartition du naseux moucheté comportent plusieurs limites. Tout d’abord, la pêche électrique avec matériel portable se limite aux eaux peu profondes, où les individus les plus petits ont tendance à se trouver (et la probabilité de capturer des poissons grâce à la pêche électrique décroît avec la profondeur de l’eau et la vitesse du courant; Batty, 2005; Korman et al., 2010). À l’inverse, la plongée en apnée, qui peut être effectuée en eaux plus profondes, a tendance à permettre l’échantillonnage d’individus plus gros (Korman et al., 2010). L’utilisation de seulement une de ces méthodes pourrait entraîner de faux négatifs (c.-à-d. on consigne l’absence de l’espèce dans des sites où elle pourrait en fait être présente). Ensuite, la pêche électrique ayant été réalisée seulement durant la journée, il est possible que des données sur l’aire de répartition soient manquantes si l’utilisation de l’habitat par le naseux moucheté diffère la nuit. De plus, on a effectué la pêche électrique dans des sites ouverts plutôt que fermés (p. ex. filets barrages), ce qui pourrait avoir réduit les taux de capture (Benejam et al., 2011). Par ailleurs, la restriction de l’échantillonnage à une seule saison (p. ex. été ou automne) pourrait biaiser l’information étant donné que le naseux moucheté semble vivre un changement ontogénique saisonnier de l’utilisation de l’habitat (Andrusak et Andrusak, 2011).

Habitat

Besoins en matière d’habitat

L’information disponible sur l’habitat est basée sur des observations saisonnières (du printemps à l’automne), principalement durant les heures de clarté.

On sait que le naseux moucheté utilise une grande variété de milieux dans la portion états-unienne de son aire de répartition, y compris des cours d’eau petits et moyens, des ruisseaux permanents et intermittents, des sources se trouvant dans le désert, et, parfois des lacs de taille petite à grande (Scott et Crossman, 1973; NatureServe, 2013).

Au Canada, l’utilisation de l’habitat dépend à la fois du stade du cycle vital et de la période de l’année (McPhail, 2007; DFO, 2013a; tableaux 2 et 3). De façon générale, les poissons immatures se trouvent dans des eaux moins profondes et à courant plus faible que les adultes, sur un substrat de gravier grossier, de petites pierres ou de petits galets, avec un comblement (pourcentage de surface couverte par des sédiments fins) faible à modéré (McPhail, 2007; Andrusak et Andrusak, 2011; DFO, 2013a; tableau 2). Un tel habitat est typiquement observé dans les eaux près des rives, tant dans les fosses que les plats courants. Les poissons adultes habitent généralement des eaux profondes à courant rapide, dans des plats courants, des radiers ou des fosses, loin des rives, sur un substrat de blocs ou de galets où le comblement est faible (Andrusak et Andrusak, 2011; DFO, 2013a; tableaux 2 et 3). Un comblement faible (grands espaces interstitiels) du substrat serait important pour permettre aux individus tant immatures qu’adultes de se réfugier des prédateurs (Andrusak et Andrusak, 2011). Il peut également augmenter la disponibilité de nourriture en améliorant la qualité de l’habitat des macroinvertébrés (Propst et Gido, 2004).

Tableau 2. Préférences en matière d’habitat du naseux moucheté au Canada.
Stade vital Saison Courant Profondeur Température Substrat Lieu Notes Source
Adulte Automne Vitesse moyenne du courant à une profondeur de 60 % : 0-0,3 m/s (médiane : 0,15 m/s); vitesse près du fond : 0-0,15 m/s (médiane : ~ 0,03 m/s) 0,05-0,65 m (médiane : 0,3 m) - - Rivières Kettle et Granby Échantillonnage sur le terrain se limitant à la profondeur maximale accessible en salopettes étanches Haas, 2001
Adulte - Vitesse moyenne du courant à une profondeur de 60 % : 0,3-0,6 m/s (médiane : 0,45 m/s); vitesse près du fond : 0,25-0,6 m/s (médiane : 0,4 m/s) - - - Laboratoire (poissons prélevés dans la Kettle) - Haas, 2001
Adulte De la fin juillet à octobre Vitesse près de la surface < 0,25 m/s; vitesse près du fond : 0,02 m/s 0,1-0,65 m - - - - McPhail, 2007
Adulte et juvénile Juillet-août 0-1,1 m/s 0,01-1,55 m 12,7-22,6 °C (moyenne : 17,8 °C) Gravier à blocs Rivières Kettle, West Kettle et Granby - Batty, 2010
Juvénile Juillet < 0,24 m/s (préférence : 0,01 m/s) 0,05-0,64 m (préférence : 0,07 m) - Petits galets ou gravier, surtout dans des plats courants et des radiers situés près des rives Rivières Kettle et West Kettle Échantillonnage sur le terrain limité à deux sites Andrusak et Andrusak, 2011
Adulte Juillet 0-0,67 m/s (préférence : 0,06 m/s) 0,2-0,5 m (préférence : 0,45 m) - Blocset galets, dans des plats courants ou des radiers Rivières Kettle et West Kettle Échantillonnage sur le terrain limité à deux sites Andrusak et Andrusak, 2011

 

Tableau 3. Utilisation proportionnelle de différents types d’habitat par le naseux moucheté (source : Andrusak et Andrusak, 2011).
Saison Habitat Immature Adulte
Été (juillet) Fosses 9,4 % 0 %
Été (juillet) Radiers 35,9 % 20,0 %
Été (juillet) Plats courants 54,7 % 80,0 %
Automne (octobre) Fosses 1,3 % 0 %
Automne (octobre) Radiers 2,6 % 27,3 %
Automne (octobre) Plats courants 96,1 % 72,7 %

Batty (2010) a noté que les naseux mouchetés du système de la Kettle préféraient généralement se tenir près des rives plutôt que dans le chenal, mais les résultats n’ont pas été corrigés pour tenir compte de la taille ou du stade vital des individus (tableau 2). Dans le chenal, la probabilité d’observer le naseux moucheté diminuait à mesure qu’augmentaient la profondeur et la vitesse du courant, mais elle augmentait avec la granulométrie du substrat. Les contraintes touchant l’échantillonnage, cependant, pourraient avoir faussé les résultats étant donné que la probabilité de capturer des poissons par pêche électrique diminue à mesure qu’augmentent la profondeur et la vitesse du courant (Price et Peterson, 2010). Batty (2010) a conclu que le naseux moucheté préférait un habitat peu profond à faible courant, mais a recommandé la tenue d’autres travaux pour déterminer les préférences en matière d’habitat selon une gamme plus vaste de conditions fluviales; il recommande que des travaux de nuit.

Andrusak et Andrusak (2011) ont remarqué qu’un habitat de plat courant et de radier prédominait, tandis qu’un habitat de fosse était moins courant dans les sections de un kilomètre des rivières Kettle et West Kettle qui ont fait l’objet d’un relevé. En corrigeant les données en fonction de la disponibilité de l’habitat, les auteurs ont constaté que les poissons immatures préféraient les marges des fosses, comparativement aux poissons matures, qui préféraient les plats courants (tableaux 2 et 3). Dans une étude à plus grande échelle, qui couvre 33,1 km de la rivière Kettle et 8,25 km de la rivière Granby, Andrusak et al. (2012) ont déterminé que plus de 50 % de l’habitat disponible consistait en des plats courants, plus de 40 %, en des radiers, et moins de 7 %, en des fosses.

Au début du printemps (mars), le naseux moucheté peut être observé dans des eaux plus profondes du système de la Kettle (plus de un mètre de profondeur), derrière des structures telles que des grosses roches, des billes et des culées de pont (McPhail, 2007). Des poissons immatures ont été observés dans la végétation inondée de façon saisonnière durant la crue printanière (McPhail, 2007). Aucune information spécifique n’est disponible au sujet de l’habitat de fraye, mais on pense qu’il se trouve sur un substrat propre de gravier ou de galets, où les œufs sont déposés dans les interstices (Bradford, 2006; Brown et al., 2012; DFO, 2013a). Durant la période estivale-automnale, les jeunes de l’année se concentrent près des rives, dans des eaux peu profondes, stagnantes ou à faible courant, sur un substrat propre de galets (Peden et Hughes, 1981, 1984; Peden, 1994). Les poissons immatures se déplacent vers des eaux plus profondes à faible courant à l’automne (Andrusak et Andrusak, 2011). Il est possible que l’utilisation du microhabitat par les adultes diffère entre les mâles et les femelles, les mâles étant souvent absents des échantillons prélevés près des rives, ce qui donne à penser qu’ils pourraient préférer les eaux plus profondes ou à courant débit plus rapide (McPhail, 2007).

Les blocs et les gros débris ligneux pourraient être des éléments importants de l’habitat pour les naseux mouchetés matures (particulièrement en hiver) parce que ces structures peuvent créer un habitat profond de plat courant et de fosse (Andrusak et Andrusak, 2011). Les gros débris ligneux sont probablement assez rares dans le système de la rivière Kettle. Les courts intervalles entre les feux (< 150 ans dans la partie supérieure et < 25 ans dans la partie inférieure du bassin versant) et les activités passées d’exploitation forestière riveraine dans le bassin versant signifient que, à l’heure actuelle, il y a peu de gros arbres qui tombent naturellement dans la rivière (Brown et al., 2012). De gros débris ligneux ont été ajoutés dans le système au cours des dernières années, mais c’était dans le cadre de travaux de remise en état de l’habitat de la truite arc-en-ciel (Andrusak et Andrusak, 2011). Ces structures créent près du bord de la rivière des zones d’eaux calmes et des fosses profondes qui sont utilisées par le naseux moucheté (Rosenfeld et White, comm. pers., 2016)

Andrusak et al. (2012) se sont fondés sur de l’information sur l’utilisation de l’habitat, de même que sur des données de surveillance des débits dans le système de la Kettle pour estimer l’habitat disponible pour le naseux moucheté selon différents débits. Les auteurs ont noté que les poissons immatures (< 55 mm) avaient une faible largeur d’habitat utilisable en fonction du débit des trois cours d’eau (< 8 m de largeur de la rivière). La largeur utilisable optimale pour les naseux immatures était présente lorsque le débit était de moins de 10 m3/s, ou 20 % des débits moyens annuels (DMA) à long terme. Les naseux matures (> 55 mm) avaient une largeur d’habitat utilisable beaucoup plus grande et variable en fonction du débit (< 15 m de largeur dans la rivière West Kettle, mais jusqu’à 20 m dans les rivières Kettle et Granby). La largeur utilisable optimale pour les adultes était présente lorsque le débit était de 5 à 10 m3/s, ou de 20 à 30 % des DMA à long terme. L’habitat disponible se contractait de façon importante (moins de 10 % des DMA), particulièrement dans la rivière West Kettle, où les faibles débits peuvent représenter un facteur limitatif pour les naseux mouchetés immatures (Andrusak et al., 2012; Epp et Andrusak, 2012).

Dans la nature, les préférences de l’espèce en matière de profondeur de l’eau et de vitesse du courant varient probablement d’un système à l’autre, selon la disponibilité de l’habitat, la température de l’eau, la disponibilité de nourriture, la taille des poissons, l’abondance et la présence d’autres espèces de poissons (Baltz et al., 1982; Moyle et Baltz, 1985). À titre d’exemple, dans le ruisseau Deer, en Californie, l’utilisation de l’habitat par l’espèce dépend de la température de l’eau et de la présence de son compétiteur, le Cottus gulosus. Le naseux moucheté domine l’habitat de radier dans les secteurs inférieurs du ruisseau, où les températures estivales atteignent 32 °C. Toutefois, plus en amont, où les températures de l’eau en été sont plus basses (29 °C), le exclut par compétition le naseux moucheté de l’habitat de radier (Baltz et al., 1982).

Les densités de naseux mouchetés ont augmenté après la restauration des forts débits printaniers dans la rivière San Juan (Colorado), cours d’eau faisant l’objet d’opérations de régularisation (passage d’un débit quotidien moyen de 82,5 m3/s après la retenue à un débit de 98,1 m3/s durant la période d’étude; Propst et Gido, 2004). À l’automne, les densités entretenaient une corrélation positive significative avec les débits printaniers dans le chenal, quel que soit le type d’habitat (c.-à-d. radiers, plats courants, fosses) ou de substrat (galets, gravier, sable, limon). Des débits printaniers élevés améliorent donc vraisemblablement la qualité de l’habitat et les possibilités d’alimentation pour le naseux moucheté en éliminant les sédiments fins des substrats de galets et de gravier, ce qui réduit le comblement. Les densités observées à l’automne étaient cependant plus faibles à la suite de périodes prolongées de faibles débits en été (< 14 m3/s; Propst et Gido, 2004).

L’habitat essentiel proposé pour le naseux moucheté a été calculé dans l’aire de répartition canadienne selon les principaux besoins en matière d’habitat cernés dans la littérature (tableau 4) et une cible de population minimale de 7 000 adultes dans chaque affluent (Brown et al., 2012; DFO, 2013a). L’habitat convenable semble abondant dans le système de la rivière Kettle parce que l’espèce utilise la pleine largeur des cours d’eau (eaux près des rives et eaux du chenal) et qu’elle tolère une gamme relativement large de débits, de profondeurs, de substrats et de températures (Brown et al., 2012). La détermination de l’habitat essentiel est basée sur la longueur du tronçon fluvial qui offre suffisamment d’habitat pour maintenir une population minimale viable dans chaque site abritant actuellement l’espèce, selon un effectif estimé de 3 poissons/m (d’après l’estimation de Batty [2010], qui a été corrigée pour tenir compte de l’efficacité de la capture; Brown et al., 2012). Pour chacune des 3 rivières où le naseux moucheté a été observé, un tronçon de 2,4 km d’habitat a été délimité, à partir du site le plus en amont où l’espèce a été localisée par Batty (2010) vers l’aval. Ces données ont été présentées comme des mesures de l’habitat essentiel dans un rapport du MPO (Brown et al., 2012), mais elles semblent incorrectes pour deux raisons. Premièrement, l’étendue spatiale minimale nécessaire pour maintenir une population viable est une analyse utile, mais elle ne correspond en aucun cas à l’habitat essentiel nécessaire à la persistance à long terme. Deuxièmement, la détermination de la section la plus en amont de la rivière d’après cette étendue spatiale minimale est arbitraire et ne permet pas de représenter l’habitat essentiel. Ainsi, même s’ils disent avoir défini l’habitat essentiel, Brown et al. (2012) ne fournissent pas une analyse utile de l’habitat particulier nécessaire à l’accomplissement du cycle vital du naseux moucheté et à la viabilité de la population dans toute son aire de répartition canadienne. Leurs travaux ne sont donc pas utiles dans notre évaluation de l’indice de zone d’occupation (IZO) aux fins du rapport du COSEPAC.

Tableau 4. Caractéristiques de l’habitat utilisé pour définir l’habitat essentiel proposé du naseux moucheté (tiré de Brown et al., 2012).
Stade vital Fonction Éléments Caractéristiques
Immature Croissance Fosses, plats courants, eaux près des rives Petits gravier/galets; débit de < 0,24 m/s et profondeur de < 0,4 m; comblement faible à modéré
Mature Croissance Plats courants et radiers Blocs/galets; débit de 0,18-0,45 m/s; profondeur de 0,2-0,5 m (même si on peut observer l’espèce à > 1 m); comblement faible
- Fraye Plats courants et radiers Gros galets propres

Dans le système de la rivière Kettle, le régime fluvial annuel est semblable à celui de la plupart des cours d’eau intérieurs : débits élevés au printemps après la fonte de la neige (de mai à juillet) et débits lents de la fin de l’été au printemps (d’août à mars; figure 4). La crue printanière, qui représente 78 % du débit annuel, a tendance à atteindre un pic à la fin mai ou au début juin, les débits dépassant 200 m3/s (DFO, 2008, 2013). À la fin de l’été, le débit de base baisse pour s’établir à 5 m3/s ou moins dans les 3 rivières. Les fortes pluies automnales mènent parfois à une augmentation temporaire du débit fluvial (Andrusak et Andrusak, 2011). Le cours supérieur de la Kettle (qui comprend les rivières Kettle et West Kettle en amont de Midway) a un DMA de plus de 40 m3/s, tandis que la West Kettle a un DMA de plus de 14 m3/s. Le DMA de la rivière Granby est supérieur à 30 m3/s (Andrusak et al., 2012).

Les eaux d’amont du système de la Kettle sont situées à une altitude plus élevée que les sites en aval, et elles sont donc généralement beaucoup plus fraîches en été. Peden et Hughes (1981) ont mentionné une différence de température estivale moyenne de 4 °C entre un site en amont (14 °C à une altitude de 884 m) et un site en aval (18 °C à une altitude de 457 m). En été, les températures des eaux de surface montent généralement au-dessus de 20 °C dans le système de la rivière Kettle, atteignant 24 °C dans le cours inférieur de la Kettle et plus de 26 °C dans la West Kettle (Dessouki, 2009; Andrusak et Andrusak, 2011). Même si ces températures dépassent les lignes directrices sur la qualité de l’eau pour la protection de la vie aquatique en Colombie-Britannique, les cyprinidés en général, et le naseux moucheté en particulier, semblent en mesure de tolérer des conditions thermiques élevées (John, 1964; Andrusak et Andrusak, 2011; BC Ministry of Environment, 2016). La Colombie-Britannique impose actuellement une fermeture saisonnière de la pêche à la ligne dans le système de la rivière Kettle à cause des températures de l’eau excessives.

Figure 4. Débit mensuel moyen dans trois stations de Relevés hydrologiques Canada du système de la rivière Kettle (2000-2014). La station de la rivière Granby (08NN002; superficie brute du bassin versant : 2 060 km2) est située à Grand Forks, et les données concernent la période de 2000 à 2012. La station de la rivière West Kettle (08NN003; superficie brute du bassin versant : 1 890 km2) se trouve à Westbridge, et les données concernent la période de 2000 à 2014. La station de la rivière Kettle (08NN026; superficie brute du bassin versant : 2 140 km2) est située près de Westbridge, et les données concernent la période de 2000 à 2013.
Graphique illustrant le débit mensuel moyen dans trois stations (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 4

Graphique illustrant le débit mensuel moyen dans trois stations de Relevés hydrographiques Canada du système de la rivière Kettle, de 2000 à 2014. Il s’agit des stations de la rivière Granby, de la rivière West, et de la rivière Kettle.

La surveillance de la qualité de l’eau à long terme (1990-2007) dans deux sites de la rivière Kettle (Midway et Carson, les deux à proximité de la frontière avec l’État de Washington) indique que la qualité de l’eau est généralement bonne dans ce cours d’eau (Dessouki, 2009). Les mesures de la composition chimique de l’eau présentent de fortes variabilités saisonnières corrélées avec les changements du débit fluvial. Les concentrations de fluorure dissous (présent naturellement dans l’environnement) dépassaient souvent les lignes directrices pour la protection de la vie aquatique de la Colombie-Britannique lorsque le débit était faible, mais il est possible que les populations de poissons dans la rivière soient adaptées à ces concentrations (Maciak et al., 2007). Plusieurs concentrations de métaux totaux (p. ex. aluminium, cadmium, chrome, fer) dépassaient également les lignes directrices de façon saisonnière, mais ces hausses sont fortement corrélées avec la turbidité (qui culminait durant les périodes de débits élevés). Par conséquent, les métaux sont vraisemblablement liés aux particules et ne sont pas disponibles pour le biote (Dessouki, 2009). Les baisses saisonnières de l’alcalinité dues aux faibles débits laissent penser que la rivière pourrait être modérément vulnérable aux apports acides, qui augmentent souvent durant la crue printanière. Plusieurs paramètres de la qualité de l’eau affichaient des tendances significativement à la hausse durant la période d’échantillonnage dans l’un des deux sites ou dans les deux sites : dureté totale (possiblement liée au débit à la baisse), turbidité et fluorure dissous (Dessouki, 2009). De 1979 à 2006, le pH médian dans les sites de Midway et de Carson variait de 7,9 à 8,0, tandis que la turbidité médiane était de 0,5 à 0,6 uTN, la dureté totale médiane, de 57,7 à 69,2 mg/L, et l’alcalinité totale médiane, de 58,1 à 74,2 mg/L (Summit Environmental Consultants Inc., 2012).

Tendances en matière d’habitat

Les tendances de la disponibilité de l’habitat convenable peuvent être inférées à partir des profils d’activités humaines dans le bassin versant. Les premiers Européens qui ont colonisé la région étaient des fermiers, mais, au tournant du 20e siècle, un boom industriel est survenu, et on a construit des chemins de fer, des mines, une fonderie et une centrale électrique. La plus grande partie des zones à faible altitude du bassin versant a fait l’objet d’activités forestières et a été convertie en terres consacrées à l’élevage (Andrusak et Andrusak, 2011). Aujourd’hui, l’économie de la région met l’accent sur l’exploitation forestière, l’élevage et le tourisme. Les activités minières ont diminué considérablement depuis le 20e siècle, mais elles pourraient reprendre si le prix des métaux augmentait (DFO, 2013a). La population humaine du bassin versant de la rivière Kettle a légèrement diminué ces dernières années, tandis que la production forestière a baissé de plus de 40 % au cours de la dernière décennie (DFO, 2013a).

Les principaux facteurs influant sur les tendances en matière d’habitat du naseux moucheté sont les prélèvements d’eau, les changements climatiques et les activités forestières (DFO, 2013).

Dans la portion britanno-colombienne du bassin versant située en amont des chutes Cascade, le taux de croissance des terres pour lesquelles il y a des autorisations d’irrigation a augmenté graduellement, passant d’environ 2 à plus de 65 ha/an de 1929 à 1962. De 1963 à 1981, la zone irriguée est passée à un taux moyen de 236 ha/an, avant de baisser pour s’établir à un taux moyen de 26 ha/an, les utilisateurs d’eau utilisant maintenant les eaux souterraines au lieu de détourner les eaux de surface (Aqua Factor Consulting Inc., 2004). Il semble y avoir un lien important entre l’aquifère et le débit des cours d’eau principaux, et le changement vers les sources d’eaux souterraines pourrait ne pas résoudre les problèmes chroniques de faible débit dans le système (Brown et al., 2012). Les changements du niveau des eaux souterraines permettent généralement de suivre les tendances du niveau des eaux de surface, mais la relation entre les deux n’est pas bien comprise. À l’heure actuelle, on pense que la baisse du débit due à l’utilisation des eaux souterraines est moins importante que celle qui aurait lieu si le même volume était prélevé directement dans la rivière (Summit Environmental Consultants Inc., 2012). L’étendue de l’extraction d’eaux souterraines ne peut cependant pas être déterminée parce qu’il n’était pas nécessaire de posséder un permis au moment où Brown et al. (2012) ont écrit leur rapport.

L’habitat est directement et indirectement touché par l’industrie forestière. L’exploitation forestière mène à la perte de débris ligneux dans la zone riveraine, qui pourraient être importants pour l’utilisation de l’habitat chez le naseux moucheté. De plus, l’exploitation forestière entraîne l’érosion le long des berges, augmente l’envasement et le comblement du substrat rocheux dans les cours d’eau, ce qui augmente élargit les cours d’eau et abaisse les niveaux d’eau. Depuis 1994, les conséquences de la foresterie sur les zones riveraines des cours d’eau où vivent des poissons ont considérablement diminué grâce à l’application de dispositions de protection énoncées dans la législation provinciale en matière de foresterie (Summit Environmental Inc., 2012). Il n’est cependant pas nécessaire de laisser des bandes riveraines le long des cours d’eau de premier et de deuxième ordre. Même si le naseux moucheté n’a pas été observé dans les plus petits tronçons du système de la rivière Kettle, ces cours d’eau totalisent 80 % de la longueur totale des cours d’eau dans le bassin versant, et les activités forestières sur leurs berges pourraient influer sur les conditions aquatiques en aval (Coleshill et Watt, 2015).

La construction de chemins forestiers est particulièrement dommageable pour l’habitat du poisson. Les sédiments provenant des chemins forestiers le long de la rivière Granby se déposent dans le substrat de galets et de blocs, ce qui entraîne la disparition presque complète du naseux moucheté dans les zones touchées (Brown et al., 2012). Une récente évaluation des menaces en zone riveraine dans le bassin versant de la rivière Kettle a permis de déterminer qu’il y avait 15 000 km de chemins d’accès dans le bassin versant, dont 221 km se trouvent sur un terrain instable ou potentiellement instable, et 5 107 km, dans des zones riveraines (Coleshill et Watt, 2015). Les activités forestières dans le bassin versant se concentrent actuellement dans les eaux d’amont du système de la Kettle, dans les zones biogéoclimatiques à douglas et montagnarde à épinette (Brown et al., 2012). La portion sud du bassin versant, où se trouvent la plupart des naseux mouchetés, se trouve dans les zones à pin ponderosa et à graminées cespiteuses, qui ne conviennent pas à la foresterie. Il y a peu de possibilités d’exploitation forestière dans les sections plus en amont de l’habitat essentiel proposé de la rivière Granby (Brown et al., 2012).

Les changements climatiques devraient entraîner une hausse de la température (British Columbia, 2002) ainsi que des étés et des automnes plus longs et plus secs, ce qui réduira le débit des cours d’eau et diminuera la taille des zones près des rives et des radiers durant les périodes de débit le plus faible de l’hydrogramme (Leith et Whitfield, 1998; Whitfield et al., 2001, Brown et al., 2012). Par exemple, le cours inférieur de la rivière Kettle a connu son niveau d’eau le plus bas en 2015. L’extraction de l’eau aux fins d’irrigation atteint également un sommet lors de la période la plus sèche (débit le plus faible).

En 2006, la Province a approuvé un projet de centrale électrique au fil de l’eauNote1de bas de pagede 28 mégawatts aux chutes Cascade, en aval de Grand Forks. Le projet de centrale électrique consisterait en un déversoir et en une prise d’eau au sommet des chutes, et la centrale serait aménagée sur le site d’une centrale abandonnée, construite en 1899 et en service jusqu’en 1919.

L’empreinte du déversoir entraînera la perte de 537,5 m2 d’habitat potentiel du naseux moucheté, ce qui représente moins de 2 % de l’habitat disponible total dans le système de la rivière Kettle (PDI, 2005; Bradford, 2006). Le déversoir, toutefois, est situé dans une zone considérée comme un habitat marginal puisque les naseux mouchetés qui s’y trouvent sont susceptibles d’être entraînés dans les chutes (Hamilton and Associates Ltd., 2005).

Dans l’ensemble, le projet d’hydroélectricité devrait avoir des conséquences minimes sur les populations de naseux mouchetés et leur habitat pour plusieurs raisons : i) les zones importantes, dont un possible habitat de fraye, et les sites abritant les plus fortes densités d’individus se trouvent en amont de la zone de retenue; ii) l’eau du bassin d’amont coulera en tout temps; iii) le déversoir peut être abaissé lorsque le débit est fort afin d’empêcher l’accumulation de sédiments fins dans le lit du bassin d’amont (Hamilton et Associates, 2005; Bradford, 2006). Les mesures d’atténuation proposées pour le projet de centrale électrique incluent un programme de surveillance pour évaluer les changements de l’habitat, l’abondance et l’entraînement du naseux moucheté, de même que des travaux de remise en état de l’habitat (PDI, 2005; DFO, 2008).

De faibles débits et des températures élevées l’été et l’automne caractérisent le système de la Kettle ces dernières années (Andrusak et al., 2012). En 2003, une sécheresse a entraîné les débits les plus faibles jamais enregistrés dans cette rivière, mais cinq ans plus tard, la population de naseux mouchetés semblait robuste, ce qui donne à penser que l’espèce est capable de repeupler une zone rapidement après une sécheresse grave (Batty, 2010). Le naseux moucheté semble adapté aux sécheresses, mais il pourrait y avoir des limites à ce qu’il peut tolérer (Andrusak et al., 2012; Brown et al., 2012). À titre d’exemple, la combinaison de la hausse des sécheresses à cause des changements climatiques et de l’augmentation des prélèvements d’eau pourrait réduire la disponibilité de l’habitat pour l’espèce dans l’avenir.

Des normes sur les débits réservés ont été établies pour les populations de poissons en Colombie-Britannique, mais elles sont largement basées sur les besoins des populations de salmonidés (Hatfield et al., 2002). Un taux de 20 % du DMA est le minimum nécessaire pour des conditions optimales dans les radiers, l’incubation des poissons, la croissance des juvéniles en été et en automne et l’hivernage des poissons, tandis qu’un taux de 10 % du DMA est suffisant pour une conservation biologique à court terme (Government of BC, sans date; Ptolemy et Lewis, 2002). Un taux de moins de 10 % du DMA, toutefois, est courant dans le système de la rivière Kettle durant les périodes de faibles débits (DFO, 2008; Andrusak et al., 2012). L’habitat de radier dans la plus grande partie de la Kettle a une profondeur de seulement < 10 cm à la fin de l’été, et des naseux mouchetés sont déjà restés pris dans des fosses isolées durant des périodes de débit extrêmement faible (DFO, 2008; Andrusak et Andrusak, 2011). Des projets de remise en état de l’habitat en cours ou à venir dans le système de la rivière Kettle pourraient profiter à l’habitat du naseux moucheté. Un tronçon de la rivière West Kettle à 16 km au sud de Beaverdell a été utilisé comme site de démonstration de diverses techniques de restauration de l’habitat du poisson dans le cadre d’un programme provincial de restauration du bassin versant (Watershed Restoration Program) à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Environ 3 km de rive ont été revégétalisés avec des peupliers, des saules, des cornouillers et des graminées indigènes, tandis qu’environ 7,5 ha de la rivière ont été restaurés pour améliorer l’habitat de la truite arc-en-ciel (Cleary et Underhill, 2001). Les travaux de remise en état incluaient l’ajout de récifs submergés et de complexes de gros débris ligneux et de blocs afin d’offrir des abris et d’augmenter la complexité de l’habitat, de même que l’ajout d’épis pour stabiliser les berges et réduire l’érosion (Zaldokas, 1999; Underhill, 2000; Cleary et Underhill, 2001). Il a été estimé que l’habitat de fosse/plat courant a augmenté de 15 % grâce à ces travaux de remise en état (Cleary et Underhill, 2001).

Andrusak et Andrusak (2011) ont décrit un projet réalisé sur trois ans dans une partie de la rivière Kettle (sept kilomètres en amont de Midway, en Colombie-Britannique) qui visait à augmenter l’habitat d’hivernage de la truite arc-en-ciel grâce à l’ajout de gros débris ligneux. Plus récemment, le district régional de Kootenay Boundary a reçu un financement d’Environnement Canada et de Truite atout du Canada afin d’entreprendre des activités de remise en état de l’habitat du naseux moucheté le long de tronçons de deux kilomètres des rivières Kettle, West Kettle et Granby. Les travaux incluent la stabilisation des bergers (pour arrêter l’érosion et l’envasement) et la construction de bancs de gravier (pour créer des fosses plus profondes et augmenter le débit) en plantant des espèces indigènes, comme des peupliers, des saules et des cornouillers (Dalziel, 2015).

Biologie

Il existe peu d’information sur la biologie de base du naseux moucheté à l’état sauvage au Canada. Les seules sources d’information publiées sur la biologie de la population canadienne sont les suivantes : Peden et Hughes (1981, 1984), Peden (1994) et McPhail (2007). McPhail (sans date) a produit un résumé sur le naseux moucheté [PDF, 284 Ko], qui est disponible sur le site Web de l’Université de la Colombie-Britannique (en anglais seulement).

Cycle vital et reproduction

Une photopériode et des températures de l’eau à la hausse provoquent la fraye chez le naseux moucheté (John, 1963; Kaya, 1991). Dans des conditions de laboratoire, le naseux moucheté a frayé d’avril à juillet lorsque la température était maintenue entre 21 et 29 °C dans des conditions de photopériode naturelles, ce qui indique que la fraye peut être prolongée (Kaya, 1991). Les individus conservés dans une eau à 15 °C et selon une photopériode de 14 h de clarté et de 10 h de noirceur en juin et durant le reste de l’été ont frayé dans le jour ou les deux jours qui ont suivi la hausse de température, à 18 ou 24 °C, à la fin août/début septembre (Kaya, 1991). En Arizona, on décrit un cycle de reproduction bimodal pour l’espèce, avec des pics de fraye distincts au début du printemps et à la fin de l’été dans des conditions de précipitations normales (John, 1963). Durant des périodes prolongées de sécheresse, cependant, les populations ne se sont pas reproduites, et la mortalité était élevée (John, 1963).

Le naseux moucheté fraye sur du gravier propre en eau peu profonde dans la partie états-unienne de son aire de répartition (McPhail, 2007). En Arizona, on a fait état de la préparation des nids par les mâles, mais on n’a observé aucun signe de la présence de nids au Nouveau-Mexique, où l’espèce a été vue en train de frayer en groupes de plus de 25 poissons (John, 1963; Mueller, 1984). D’après la maturité ovarienne des naseux mouchetés femelles, la fraye commence probablement à la mi-juillet (Peden et Hughes, 1981). Durant l’échantillonnage, les données recueillies sur les poissons en état de frayer sont conformes à ce calendrier (PDI, 2005). Les femelles en état de frayer avaient relativement peu de gros œufs (généralement < 500) d’environ 1,5 mm de diamètre (Peden et Hughes, 1981). Le nombre de gros œufs dans les femelles capturées à l’automne variait de quelque 450 à 2 000, ce qui laisse entrevoir un seul cycle ovarien par année. Les œufs nouvellement fécondés ont un diamètre d’environ 1,8 mm, sont adhésifs et sont plus denses que l’eau; dans des aquariums, les œufs sont déposés à la base des pierres disponibles, sur les filtres et dans les coins (Kaya, 1991). Une « boule de fraye » de naseux mouchetés rouge vif a été observée dans la rivière West Kettle à la mi-juillet dans des eaux de 18 à 24 °C. Aucun nid creusé n’était visible dans le substrat de gravier, ce qui donne à penser que, au Canada, l’espèce pourrait utiliser la méthode d’expulsion de gamètes dans la colonne d’eau (broadcast spawning; White et Andrusak, comm. pers.).
 
Le développement des œufs est rapide après la fécondation puisque l’éclosion survient après 4 ou 5 jours à 24 °C ou après 6 ou 7 jours à 18 °C. Les larves nouvellement écloses mesurent environ 6 mm de long et sont capables de nager librement après approximativement une semaine (selon la température). Les larves émergent du substrat lorsqu’elles mesurent environ 8 mm, et commencent à se nourrir activement (McPhail, 2003).

Les alevins nouvellement émergés apparaissent dans le système de la Kettle au début août, à une taille d’environ 9 mm. À la fin octobre, leur longueur à la fourche (LF) est d’environ 20 à 30 mm (McPhail, 2003). On croit qu’au moins trois classes de taille ou groupes d’âge existent, d’après l’analyse des fréquences de longueur et l’examen des otolithes (PDI, 2005; Batty, 2010). Dans la rivière Kettle, la plupart des mâles atteignent la maturité à la fin de leur deuxième été (âge 1+) et frayent pour la première fois l’été suivant (âge 2+). Les femelles atteignent généralement la maturité sexuelle un an après les mâles. Le naseux moucheté n’atteint pas la maturité avant d’avoir une longueur de 40 à 50 mm environ (Peden et Hughes, 1984). Il n’existe pas de données détaillées sur la structure par âge, mais les échantillons prélevés sur le terrain indiquent que la population d’adultes comprend principalement des poissons ayant une LF de moins de 60 mm (adultes à leur deuxième ou troisième été). On pensait auparavant que les femelles adultes, dont la LF atteint parfois plus de 90 mm, en étaient à leur quatrième été (âge 3+) (Peden et Hughes, 1981, 1984; Peden, 1994; McPhail, 2003). Cependant, selon l’examen des otolithes, Batty (2010) a estimé à plus de 7 ans l’âge d’un poisson de plus de 90 mm capturé. Cette estimation de la longévité est considérablement plus élevée que la longévité observée aux États-Unis, où l’espèce vivrait un maximum de trois ou quatre ans dans la plupart des cours d’eau (Batty, 2010).

Les naseux mouchetés femelles ont tendance à être capturés plus fréquemment que les mâles (voir par exemple Peden et Hughes, 1981, 1984; McPhail, 2007), ce qui donne à penser qu’il pourrait y avoir une utilisation du microhabitat différente selon le sexe (p. ex. les mâles pourraient occuper des eaux plus profondes ou plus rapides). Par ailleurs, les taux de mortalité pourraient être plus élevés chez les mâles, mais ce sujet n’a pas été examiné.

Physiologie et adaptabilité

Il existe peu d’information sur les besoins physiologiques du naseux moucheté. Dans une comparaison des préférences en termes de courant et de profondeur de trois espèces de naseux (naseux moucheté, naseux léopard, naseux d’Umatilla), Haas (2001) a noté que le naseux moucheté avait la plus faible tolérance au courant (médiane de 0,4 m/sec au fond des cours d’eau) et nécessitaient les eaux les moins profondes (profondeur médiane de ~ 30 cm). Le naseux moucheté présente une plasticité morphologique aux conditions de courant, les formes fuselées (grandes nageoires courbées) se trouvant dans les eaux rapides, et les formes robustes (petites nageoires rondes), dans les eaux lentes (Smith et Dowling, 2008). On a observé que l’espèce appuyait ses nageoires pectorales contre le fond des cours d’eau lorsque le courant est élevé, ce qui pourrait leur permettre d’habiter des zones à fort courant et/ou d’éviter d’être emportés lors d’une inondation (Ward et al., 2003). La naseux moucheté était l’espèce qui tolérait le moins les faibles concentrations d’oxygène dissous parmi quatre espèces de poissons d’eau douce de l’Arizona (2,0 mg/L; Lowe et al., 1967).

L’adaptabilité du naseux moucheté aux changements de l’habitat n’a pas été étudiée au Canada. Les généralisations à partir d’études de cas aux États-Unis peuvent être trompeuses à cause de l’étendue de la diversité adaptative des populations dans différents bassins versants (Peden, 2002; McPhail, 2003). Le naseux moucheté est adapté aux conditions chaudes; il peut donc tirer profit des températures plus élevées liées aux changements climatiques (Brown et al., 2012). On ne sait cependant pas s’il peut également s’adapter à la diminution connexe des courants l’été, et à la dégradation de l’habitat et à la réduction des sources de nourriture dans les radiers qui en découlent (de telles conditions ont toutefois vraisemblablement cours dans la partie sud de l’aire de répartition de l’espèce). Peden (2002) a émis l’hypothèse voulant que la présence actuelle de naseux mouchetés de grande taille dans la zone en amont du vieux barrage situé près des chutes Cascade montre la capacité de l’espèce à répondre à une amélioration de l’habitat ou à la restauration des débits naturels après l’enlèvement d’un déversoir/barrage.

L’estimation de la population de Batty (2010) laisse penser que les naseux mouchetés étaient nombreux dans le système de la rivière Kettle (plus de 900 000 individus) 5 ans après la sécheresse de 2003, qui est responsable des débits les plus faibles jamais enregistrés. Batty (2010) a conclu que l’espèce est tolérante, ou du moins résiliente, aux sécheresses.

Déplacements et dispersion

Il n’y a aucune mention de migration de l’espèce dans la littérature, mais Minckley (1973) a mentionné la capacité du naseux moucheté à recoloniser des refuges isolés dans des cours d’eau de l’Arizona suite à des inondations dévastatrices. Il est probable que certaines larves dérivent en aval de leur lieu de naissance (DFO, 2013a). Les jeunes de l’année se dispersent depuis l’habitat peu profond et à faible courant en direction d’eaux plus profondes et plus rapides à mesure qu’ils croissent (Peden et Hughes, 1981, 1984). Au Canada, la plupart des naseux mouchetés sont isolés sur le plan de la reproduction des autres populations en aval des chutes Cascade. Il est possible que certains individus soient parfois entraînés dans les chutes, mais ils seraient incapables de remonter le cours d’eau (Peden et Hughes, 1988). Les déplacements sont possibles entre les secteurs canadien et états-unien de la rivière Kettle, en amont des chutes Cascade.

Relations interspécifiques

Le naseux moucheté cohabite avec le naseux des rapides, la bouche coupante (Acrocheilus alutaceus), la sauvagesse du Nord (Ptychocheilus oregonensis), le méné rose, le meunier rouge (Catostomus catostomus), le meunier de l’Ouest (Catostomus columbianus), le meunier à grandes écailles (Catostomus macrocheilus), la truite arc-en-ciel, l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis; espèce introduite), le ménomini des montagnes (Prosopium williamsoni), le chabot du Columbia (Cottus hubbsi) et le chabot visqueux (Cottus cognatus) dans le système de la rivière Kettle, en amont des chutes (Peden et Hughes, 1981). Le naseux moucheté et le naseux d’Umatilla coexistent dans un court tronçon en aval des chutes Cascade, mais le naseux d’Umatilla semble complètement remplacer le naseux moucheté huit kilomètres au sud de la frontière avec les États-Unis, probablement par exclusion compétitive (Peden et Hughes, 1988).

Le naseux moucheté est omnivore, et se nourrit principalement d’insectes aquatiques et d’algues filamenteuses (McPhail, 2007). Des données sur les prédateurs sont généralement absentes, mais on a vu des truites arc-en-ciel se nourrir de naseux mouchetés (Turek et al., 2015).

Les interactions interspécifiques n’ont pas été étudiées dans le système de la rivière Kettle. Baltz et al. (1982) ont noté que des interactions compétitives entre le naseux moucheté et le pour leur microhabitat préféré dans un cours d’eau de la Californie étaient influencées par la température de l’eau. Le naseux moucheté dominait les radiers dans les eaux plus chaudes en aval, tandis que le Cottus gulosus dominait les radiers plus frais en amont (où le naseux moucheté se limitait aux bords des radiers; Baltz et al., 1982). La répartition restreinte du naseux moucheté introduit dans le système de la rivière Eel, en Californie, pourrait être due à la prédation exercée par le Ptychocheilus grandis, espèce introduite, et à la compétition et à la prédation exercées par des chabots indigènes (Cottus spp.; Harvey et al., 2004; Kinziger et al., 2011). Dans le fleuve Colorado, en Arizona, les prédateurs du naseux moucheté incluent la truite arc-en-ciel, la truite brune (Salmo trutta) et le barbue de rivière (Ictalurus punctatus), qui sont toutes des espèces introduites (Marsh et Douglas, 1997).

Le ténia asiatique (Bothriocephalus acheilognathi) infecte le naseux moucheté dans le système du fleuve Colorado en Utah, au Nevada et en Arizona (Brouder et Hoffnagle, 1997). De 1990 à 1994, Clarkson et al. (1997) ont observé qu’une moyenne de 8 % des individus étaient infectés dans la rivière Little Colorado, dans le Grand Canyon. Les taux de mortalité attribuable à ce parasite sont inconnus, mais celui-ci peut causer émaciation, anémie, réduction de la croissance, diminution des capacités reproductrices et baisse de la capacité natatoire (Clarkson et al., 1997). Les poissons touchés sont également plus susceptibles de contracter des infections bactériennes secondaires (Clarkson et al., 1997). Les cyprinidés sont les hôtes les plus courants du ténia asiatique (Clarkson et al., 1997).

Taille et tendances de la population

Activités et méthodes d’échantillonnage

L’estimation la plus récente et la plus complète de la population de naseux mouchetés au Canada a été réalisée par Batty (2010). Un total de 28 sites dans le bassin versant de la rivière Kettle ont fait l’objet d’un échantillonnage du 14 au 21 juillet 2008 et du 5 au 8 août à l’aide de la pêche électrique à passage unique. Dans chaque site, un tronçon de 30 m de longueur a fait l’objet d’un relevé selon un plan stratifié qui couvre à la fois l’habitat près des rives et l’habitat du chenal. Batty (2010) a également calculé le taux de capture (efficacité de capture) de cette méthode d’échantillonnage en effectuant une étude de marquage-recapture dans un site du 25 au 27 août 2008. Sept essais ont été menés dans le site, et de 26 à 30 naseux mouchetés ont été capturés à chaque essai. Une nageoire pectorale de chaque individu a été marquée, et les individus ont été conservés toute une nuit dans un contenant. Le jour suivant, les poissons ont été relâchés dans une enceinte de 15 m de long par 3 m de large le long de la rive pour qu’ils s’acclimatent pendant 3 heures. On a ensuite procédé à un relevé par pêche électrique dans l’enceinte, et on a noté le nombre de naseux mouchetés recapturés (Batty, 2010).

Les estimations antérieures de la population de naseux mouchetés au Canada étaient fondées sur des données limitées provenant de collections muséales et d’études d’impact environnemental du projet hydroélectrique des chutes Cascade. Bradford (2006) a fourni une estimation à l’aide de données de relevés des années 1990 recueillies le long d’un tronçon de 10 km de la rivière Kettle en amont des chutes. L’auteur a extrapolé les résultats sur la longueur la rivière réputée être fréquentée par l’espèce, soit 284 km (y compris le tronçon d’environ 45 km situé aux États-Unis).

Abondance

Batty (2010) a estimé le nombre d’individus matures au Canada à 940 000 (intervalle de confiance à 90 % : 412 000-1 955 000), ce qui est au moins 40 fois plus que les estimations précédentes. Dans chacun des quatre tronçons du système de la Kettle (c.-à-d. cours moyen et supérieur de la rivière Kettle, rivière West Kettle, cours inférieur de la rivière Kettle et rivière Granby), Batty (2010) a estimé que la population de naseux mouchetés matures était d’au moins 110 000 individus. L’abondance linéaire estimée des naseux mouchetés matures était de 0,22 individu/m dans le système de la Kettle, ce qui est plus élevé que les densités enregistrées dans les populations dans la zone principale de l’aire de répartition de l’espèce (Batty, 2010). Les individus matures auraient compté pour 32 % de la population (Batty, 2010).

Dans ses estimations de la population calculées, Batty (2010) suppose que les échantillons ont été prélevés de façon aléatoire et impartiale, et que les sites échantillonnés étaient représentatifs de l’habitat disponible global, du point de vue des caractéristiques physiques et biologiques. Batty (2010) a présumé que tous les poissons d’une longueur de plus de 56 mm étaient matures.

L’efficacité de capture moyenne de l’étude était très variable, de 0 à 0,214 (moyenne de 0,079; ET = 0,08). L’efficacité de capture a tendance à être réduite dans les cours d’eau peu profonds (Price et Peterson, 2010). Le naseux moucheté est un poisson de fond qui se cache dans le substrat, ce qui pourrait également influer sur les taux de capture (Batty, 2010). Batty (2010) a indiqué que les effectifs estimés étaient inversement proportionnels à l’efficacité de capture, et des changements mineurs de l’efficacité de capture peuvent entraîner des modifications importantes aux estimations. Ainsi, l’auteur a recommandé d’effectuer des estimations plus précises de l’efficacité de capture lors des prochaines recherches ou d’utiliser une méthode d’échantillonnage ayant une efficacité de capture plus élevée (Batty, 2010).

Les estimations précédentes de la population de naseux mouchetés au Canada variaient de 3 000-10 000 (Cannings et Ptolemy, 1998) à 11 550-23 100 (Bradford, 2006). L’estimation de Bradford (2006) était basée sur un échantillonnage limité qui a seulement été réalisé près des rives.

Fluctuations et tendances

On n’a effectué aucune étude à long terme sur le naseux moucheté ou étude détaillée de l’habitat qui pourrait fournir de l’information sur les tendances en matière d’effectif. Selon des relevés de 1978 à 1980, les populations étaient stables sur une courte période (Peden et Hughes, 1981). Peden et Hughes (1984) ont émis l’hypothèse selon laquelle il pourrait y avoir des fluctuations du taux de survie des jeunes de l’année attribuables à la variabilité des inondations printanières, mais ont également noté que le naseux moucheté a évolué au sein du régime des crues naturelles et qu’il pourrait donc s’être adapté aux tendances naturelles des perturbations. Dans d’autres systèmes, les estimations annuelles de l’effectif de l’espèce peuvent fluctuer considérablement (voir par exemple Pearsons et al., 1992).

Immigration de source externe

Au Canada, la plupart des naseux mouchetés sont isolés en amont d’une barrière naturelle, soit les chutes Cascade, qui mesurent 30,5 m de hauteur. En amont des chutes, la rivière Kettle fait une boucle dans le territoire des États-Unis, et, dans ce secteur (qui ne fait que 45 km), le naseux moucheté traverse probablement la frontière pour se rendre au Canada. Ces poissons, cependant, seraient probablement touchés par les mêmes phénomènes qui touchent les naseux mouchetés du Canada, si ces phénomènes survenaient en amont du secteur états-unien. L’immigration à partir de populations se trouvant en aval aux États-Unis n’est pas possible à cause de l’obstacle physique que posent les chutes Cascade (DFO, 2013a). De plus, la petite portion de la population qui se trouve en aval des chutes semble isolée des populations plus en aval des États-Unis à cause de l’exclusion compétitive exercée par le naseux d’Umatilla (Peden et Hughes, 1984). Cette population isolée pourrait représenter un puits, car elle semble persister grâce à des individus qui sont entraînés dans les chutes (Peden et Hughes, 1984; Bradford, 2006). Au Canada, les larves des sites en amont pourraient potentiellement repeupler des tronçons inférieurs de la rivière touchés par un événement catastrophique si elles étaient entraînées en aval (DFO, 2013a).

Menaces et facteurs limitatifs

Menaces

Les principales menaces qui pèsent sur le naseux moucheté au Canada sont les prélèvements d’eau exacerbés par la réduction des débits estivaux et automnaux due aux changements climatiques et par les apports de sédiments fins découlant des activités forestières (Brown et al., 2012; DFO, 2013a – voir le calculateur des menaces à l’annexe A). Cependant, ces menaces ne s’appliquent pas de manière égale dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de l’espèce. Par exemple, les demandes en eau sont plus grandes dans les tronçons inférieurs du bassin versant, alors que l’exploitation forestière est concentrée dans les tronçons supérieurs du bassin versant. Les effets des changements climatiques, quant à eux, constituent probablement une menace pour l’ensemble du bassin.

De par sa nature, le système de la rivière Kettle est considéré comme vulnérable aux débits (c.-à-d. qu’il connaît habituellement des débits excessivement faibles, soit < 10 % du DMA, à la fin de l’été), cette vulnérabilité est exacerbée par l’augmentation des demandes en prélèvements d’eau à des fins domestiques. Les activités agricoles représentent environ 80 % de l’utilisation annuelle totale d’eau, dont la majorité se produit pendant les périodes de faibles débits saisonniers à la fin de l’été (DFO, 2013b). L’agriculture est pratiquée principalement dans la moitié inférieure du bassin versant, touchant environ 50 % de la population de naseux mouchetés. Même si seulement une partie des prélèvements d’eaux de surface autorisés est actuellement effectuée, le débit adéquat pour le naseux moucheté pourrait être perturbé si la consommation augmentait en raison d’une hausse des besoins municipaux, résidentiels, commerciaux, industriels et en matière d’irrigation (Brown et al., 2012). De récentes évaluations de l’approvisionnement et de la demande en eau effectuées dans le bassin de la Kettle ont permis de prévoir que les futures demandes pourraient augmenter de 75 à 116 % d’ici 2050 en raison de l’expansion agricole et des changements climatiques (van der Gulik et al., 2013; Watt et KRWMP, 2014a).

Une autre préoccupation est la pratique de plus en plus courante d’extraction d’eaux souterraines, qui, jusqu’à récemment, n’était pas réglementée par le gouvernement de la Colombie-Britannique. Toutefois, le Water Sustainability Act de la province, qui est entré en vigueur au début de 2016, autorise la délivrance de permis de prélèvement d’eaux souterraines et prévoit la protection des débits environnementaux. Les deux plus grandes villes du bassin versant, Midway et Grand Forks, tirent actuellement leur eau d’aquifères locaux, même si elles détiennent des permis de dérivation des eaux de surface de la rivière Kettle. La ville de Greenwood dépend également de l’extraction d’eaux souterraines, tout comme un nombre croissant de fermes d’élevage dans la région (DFO, 2013a). Il semble y avoir un lien étroit entre les aquifères, la recharge des eaux souterraines et l’écoulement des eaux de surface dans le réseau de la rivière Kettle, les fluctuations du niveau des eaux de surface correspondant aux fluctuations du niveau des eaux souterraines (figure 5; Brown et al., 2012; Watt et KRWMP, 2014a). Les aquifères faisant l’objet de la plus grande utilisation dans la région sont étroitement liés aux eaux de surface, ce qui porte à croire que l’augmentation de l’extraction d’eaux souterraines pourrait empirer les conditions de faible débit (Watt et KRWMP, 2014a). Les prélèvements d’eaux de surface et d'eaux souterraines pourraient être particulièrement problématiques pour le naseux moucheté dans la partie inférieure du bassin de la Kettle, où la demande en eau est plus élevée qu’en amont, et où les cours d’eau sont plus larges, plus profonds et moins abrités, et les substrats, plus poreux (Brown et al., 2012).

Figure 5. Fluctuations des eaux de surface et souterraines dans le bassin de la rivière Kettle. Les données sur les eaux de surface (croix bleues) proviennent de la rivière Kettle, et les données sur les eaux souterraines (cercles rouges), de l’aquifère de Grand Forks (Brown et al., 2012).
Graphique illustrant les fluctuations des eaux de surface et souterraines (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 5

Graphique illustrant les fluctuations des eaux de surface et souterraines dans le bassin de la rivière Kettle, de 1982 à 1992. Les données sont présentées pour les eaux de surface et les eaux souterraines.

La méthode de Tennant, qui permet d’évaluer le débit réservé, décrit les débits équivalents à 30 % du DMA comme le seuil générique auquel la profondeur et la vitesse dans les radiers sont adéquates pour maintenir un bon habitat pour les poissons et les insectes aquatiques (Tennant, 1976). Des débits de 10 % du DMA offrent de l’habitat médiocre ou minimal aux poissons et aux autres espèces sauvages (survie à court terme seulement dans la plupart des cas); à des débits inférieurs à 10 % du DMA, l’habitat est considéré comme gravement dégradé (Tennant, 1976; Annear et al., 2004). Or, en été, les débits de la rivière Kettle sont régulièrement inférieurs à 10 % du DMA, et des débits excessivement faibles et des températures élevées de l’eau sont courants dans le système depuis 10 ans (figure 6; Andrusak et al., 2012; Epp et Andrusak, 2012).

Figure 6. Débits moyens mensuels pendant les périodes de faibles débits (2000-2014) dans le système de la rivière Kettle, avec des taux de 10 % et de 20 % des débits moyens annuels (DMA) indiqués pour chaque rivière. Un taux de 10 % du DMA est considéré comme le seuil minimal nécessaire à la conservation des poissons, tandis qu’un taux de 20 % du DMA pourrait être le seuil minimal nécessaire au maintien d’une profondeur et d’une vitesse adéquates dans les radiers (Government of BC, sans date; Tennant, 1976; Ptolemy et Lewis, 2002; Annear et al., 2004). Le débit des trois rivières chute sous le seuil de 10 % du DMA pendant les périodes de faibles débits. Les données ont été recueillies aux trois mêmes stations de Relevés hydrologiques du Canada mentionnées à la figure 4.
Graphique présentant le débit moyen mensuel pendant les périodes de faibles débits (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 6

Graphique présentant le débit moyen mensuel pendant les périodes de faibles débits (de 2000 à 2014) dans les trois rivières du système de la rivière Kettle, avec des taux de 10 et de 20 % des débits moyens annuels indiqués pour chaque rivière.

Le naseux moucheté est considéré comme une espèce tolérante aux sécheresses, mais l’augmentation de la demande en eau combinée aux changements climatiques pourrait exacerber les conditions de faible débit jusqu’à ce que la disponibilité de l’habitat du naseux moucheté en soit affectée (Batty, 2005; Andrusak et al., 2012; Brown et al., 2012).

Il est prévu que les changements climatiques augmentent la gravité, la durée et la fréquence des sécheresses, intensifiant les conditions de faible débit en été (Brown et al., 2012). Les débits mesurés dans le fleuve Fraser à Hope indiquent que les débits correspondant au tiers et à la moitié du débit annuel cumulatif sont enregistrés respectivement 11 et 9 jours plus tôt chaque siècle, ce qui est conforme à une fonte de la neige plus hâtive (Aqua Factor Consulting Inc., 2004). On croit que la crue printanière survenant plus tôt contribue aux faibles débits d’été, une tendance observée dans les cours d’eau du centre sud de la Colombie Britannique (Aqua Factor Consulting Inc., 2004; Epp et Andrusak, 2012).

La réduction des débits pourrait avoir des répercussions négatives sur le naseux moucheté en entraînant la perte et la dégradation de l’habitat ainsi que des changements dans les sources de nourriture (Brown et al., 2012). Les conditions de faible débit peuvent réduire l’habitat de radier, que les poissons adultes utilisent pour la fraye et la croissance (Andrusak et Andrusak, 2011; Brown et al., 2012). Les faibles débits restreignent également l’habitat pour les individus immatures, qui dépendent des eaux peu profondes près des rives; on croit qu’il s’agit d’un problème particulier dans la West Kettle en été (Andrusak et al., 2012). De plus, les conditions de faible débit peuvent dégrader la qualité de l’eau et réduire les concentrations d’oxygène dissous (Wetzel, 2001). Les naseux mouchetés étaient absents des eaux immédiatement en aval des rejets d’eaux usées à Grand Forks (à la jonction des rivières Kettle et Granby), mais cette absence pourrait être causée par un manque d’habitat convenable plutôt que par une réaction à la pollution (Peden et Hughes, 1981). Une étude expérimentale comparant les réactions de quatre espèces de poissons dulcicoles en Arizona a révélé que le naseux moucheté était moins tolérant à de faibles concentrations d’oxygène dissous (Lowe et al., 1967). Néanmoins, en tant qu’espèce adaptée aux sécheresses et aux températures élevées des limites septentrionales de son aire de répartition, le naseux moucheté pourrait être moins vulnérable aux conditions de faible débit que d’autres poissons dans le système de la rivière Kettle (Brown et al., 2012). Par exemple, Batty (2010) a constaté que les naseux mouchetés étaient relativement abondants dans le bassin versant cinq ans après une sécheresse grave qui a donné lieu aux plus faibles débits jamais observés.

L’augmentation des températures de l’eau liée aux changements climatiques ne devrait pas avoir de répercussions négatives sur le naseux moucheté, car cette espèce d’eau chaude est plus tolérante aux températures élevées de l’eau que d’autres espèces de poissons dans le système de la Kettle. De récents cas de mortalité massive de poissons liés à une température maximale quotidienne excédant 26 °C, par exemple, ont touché des salmonidés et des corégones, mais pas le naseux moucheté (Andrusak et al., 2012; Epp et Andrusak, 2012). Comme l’espèce est adaptée à des eaux plus chaudes, la hausse des températures pourrait également lui conférer un avantage compétitif par rapport à d’autres espèces de poissons (Brown et al., 2012). L’augmentation prévue des températures hivernales de l’eau profiterait également au naseux moucheté en diminuant le risque et la gravité de l’impact de la glace d’hiver, tout en allongeant la saison de croissance des juvéniles (Brown et al., 2012).

La foresterie était une activité majeure dans le bassin de la rivière Kettle par le passé, mais elle a connu une baisse de 40 % depuis le milieu des années 2000 (DFO, 2013a; Watt et KRWMP, 2014b). Aujourd’hui, l’exploitation forestière est concentrée dans la partie septentrionale du bassin de la Kettle, touchant les eaux d’amont de la Kettle et ses affluents. La majorité de l’aire de répartition canadienne du naseux moucheté, qui se trouve dans la partie méridionale plus sèche du bassin versant, n’est pas directement touchée par l’exploitation forestière (Brown et al., 2012).

Les activités forestières ont entraîné l’augmentation de l’envasement et du comblement dans des parties du système de la rivière Kettle. La construction de chemins forestiers est considérée comme l’aspect le plus dommageable des activités forestières pour le naseux moucheté, car elle peut entraîner le dépôt de sable qui étouffe l’habitat de galets et de blocs privilégié par l’espèce (Brown et al., 2012). On croit qu’un faible comblement du substrat rocheux est important pour les individus immatures et adultes, car il offre un abri, un endroit où se cacher des prédateurs et, possiblement, un meilleur accès à de la nourriture (Propst et Gido, 2004; Andrusak et Andrusak, 2011).

Les autres menaces englobent les espèces exotiques envahissantes, l’extraction des ressources et le développement hydroélectrique (Brown et al., 2012).

Plusieurs espèces de poissons non indigènes pourraient constituer une menace en devenant les prédateurs du naseux moucheté s’ils devaient se répandre dans le système de la rivière Kettle, en amont des chutes Cascade. Par exemple, l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieu) se nourrit principalement d’espèces de ménés et occupe un habitat semblable à celui du naseux moucheté. Il a été introduit dans le lac Christina au début du 20e siècle et se trouve maintenant en aval des chutes Cascade (Brown et al., 2012). Le grand brochet (Esox lucius), un prédateur vorace, introduit illégalement dans l’État de Washington, élargit aujourd’hui son aire de répartition vers le nord, par l’entremise du fleuve Columbia et de ses affluents. Le grand brochet se trouve maintenant dans le cours inférieur de la rivière Kettle, tout juste au sud de la frontière avec les États-Unis, où, selon les observations, il se nourrit de naseux mouchetés (Christina Lake Stewardship Society, 2015). L’abondance des ménés indigènes dans la rivière Pend Oreille, dans l’État de Washington, a diminué depuis l’introduction du grand brochet (Washington Dept. of Fish and Wildlife, 2016). Le prédateur pourrait menacer les populations canadiennes de naseux mouchetés s’il était illégalement introduit en amont des chutes Cascade. Les populations de dorés jaunes (Sander vitreus) connaissent une augmentation dans le fleuve Columbia depuis les années 1980 et pourraient menacer le naseux moucheté en aval des chutes Cascade par la compétition et la prédation (Brown et al., 2012). Ces trois espèces non indigènes sont visées par la pêche récréative en Colombie-Britannique, et c’est pourquoi elles pourraient être répandues en amont des chutes Cascade par l’entremise de la pêche sportive.

L’algue didymo (Didymosphenia geminata), une espèce de diatomée que l’on croit indigène en Colombie-Britannique, peut se proliférer de manière nuisible dans les rivières et les cours d’eau et ainsi menacer les populations de naseux mouchetés. L’algue semble être répandue dans les réseaux fluviaux principalement par les pêcheurs à la ligne portant des cuissardes à semelles de feutre, qui peuvent abriter des cellules algales viables pendant un mois (Bothwell et al., 2009). L’algue se trouve dans des eaux claires, chaudes et peu profondes, où elle se fixe aux rochers, à la végétation et à d’autres substrats pour former des tapis épais pouvant couvrir de grandes superficies au fond des cours d’eau (BC Ministry of Environment, sans date). L’algue didymo peut avoir des répercussions négatives sur les poissons en diminuant la disponibilité d’invertébrés benthiques servant de nourriture et en irritant et en obstruant les branchies. Les tapis d’algues restreignent également l’écoulement de l’eau, réduisant l’apport d’oxygène aux œufs et aux alevins, et appauvrissant les concentrations d’oxygène pendant la décomposition (Lui et al., 2008; BC Ministry of Environment, aucune date). Des infestations d’algue didymo ont été signalées dans la rivière Kettle, mais aucune recherche n’a été effectuée sur les répercussions de l’algue sur le naseux moucheté au Canada (Government of BC, 2016).

Une exploitation minière restreinte est actuellement effectuée dans le bassin versant, mais elle pourrait augmenter advenant une hausse du prix des métaux. L’activité minière pourrait avoir des répercussions négatives sur le naseux moucheté en introduisant des polluants chimiques et des sédiments dans le système de la rivière Kettle, en réduisant la qualité de l’eau et en augmentant le comblement (DFO, 2013a). L’exploration et l’exploitation minières dans le bassin versant sont concentrées, pour l’instant, le long du sud des rivières Granby et Kettle, près de la frontière avec les États-Unis, soit une portion relativement petite de l’aire de répartition canadienne du naseux moucheté (Katay, 2016). Trois carrières actives se trouvent dans la région de Grand Forks et produisent du gabbro (Winner Quarry), du basalte (Friday Quarry) ainsi que des scories et de la silice (Grand Forks Slag). Trois projets d’exploration de métaux précieux (principalement de l’or et de l’argent) sont en cours dans la région de Greenwood : Gold Drop, May Mac et Greenwood Gold (Katay, 2016).

En 2006, le gouvernement de la Colombie-Britannique a approuvé un projet hydroélectrique au fil de l’eau de 28 mégawatts aux chutes Cascade. Un tronçon de 350 m de rivière directement en amont du barrage deviendrait un étang, et les répercussions possibles en aval pourraient englober une réduction du débit et un changement dans les mouvements du sable et du gravier (Brown et al., 2012). Certains naseux mouchetés seront probablement tués ou blessés en se faisant absorber par la turbine. Les juvéniles pourraient être particulièrement vulnérables, car ils sont plus petits et nagent moins bien que les adultes. L’emplacement de la prise d’eau en eaux plus profondes (5,2 m) pourrait toutefois réduire au minimum la capture de juvéniles (Hamilton and Associates Ltd., 2005). Deux études, une pour l’entreprise de production d’énergie (Hamilton and Associates Ltd., 2005) et une pour le gouvernement fédéral (Bradford, 2006) ont permis de conclure que les répercussions du projet sur le naseux moucheté seraient minimes.

Les naseux mouchetés sont nombreux dans l’ensemble du système de la rivière Kettle, et il est improbable qu’une seule catastrophe réduise considérablement ou élimine la population canadienne (Brown et al., 2012; DFO, 2013a). De plus, même si la demande en eau est élevée dans la partie inférieure de l’aire de répartition canadienne de l’espèce en raison des prélèvements d’eau à des fins agricoles et domestiques, l’espèce est encore largement répartie dans l’ensemble des trois tronçons supérieurs du système de la Kettle, soit en amont de la menace majeure que représentent les prélèvements d’eau (Brown et al., 2012).

Facteurs limitatifs

Toute l’aire de répartition du naseux moucheté au Canada se trouve dans un seul réseau hydrographique caractérisé par de faibles débits (Andrusak et al., 2012). Harvey (2007) laissait entendre que la disponibilité de l’habitat de radier ou de l’habitat à fort courant pourrait être un facteur limitatif pour les naseux mouchetés adultes. De plus récentes études ont toutefois indiqué que le naseux moucheté préfère les eaux peu profondes à faible courant, mais qu’il utilise également des habitats de fosse profonde (Batty, 2010; Andrusak et Andrusak, 2011). Andrusak et al. (2012) ont conclu qu’en raison de l’abondance d’habitat peu profond à faible courant dans le système de la rivière Kettle, l’habitat en soi n’est probablement pas un facteur limitatif pour l’espèce. Cependant, les faibles débits de la rivière West Kettle semblent réduire considérablement la largeur utilisable et l’habitat disponible pour les individus immatures, qui dépendent des eaux près des rives. Par conséquent, dans la rivière West Kettle, il semble que les faibles débits restreignent l’habitat disponible pour les individus immatures (Andrusak et al., 2012).

Le naseux moucheté pourrait être intrinsèquement plus vulnérable aux perturbations que d’autres espèces de poissons à cause de sa petite taille. Les estimations de la population minimale viable augmentaient exponentiellement avec la probabilité d’une catastrophe chez les poissons dulcicoles de petite taille en péril au Canada, y compris le naseux moucheté (Vélez-Espino et Koops, 2012). Les espèces de poissons dulcicoles de petite taille semblent également être plus vulnérables à la perte d’habitat que les espèces de plus grande taille, particulièrement pendant les stades préadultes (van der Lee et Koops, 2015).

Nombre de localités

La menace la plus probable et imminente est le prélèvement d’eau combiné aux réductions des débits printaniers et automnaux causées par les changements climatiques. La menace est plus grande dans le sud du système de la rivière Kettle, où les demandes à des fins agricole et domestique sont concentrées (Brown et al., 2012; Summit Environmental Consultants Inc., 2012). De plus, les sections fluviales à faible altitude ont tendance à être larges et à présenter des pentes douces, ce qui les prédispose à des conditions de faible débit. Même si les régimes actuels de faible débit dans la partie inférieure du réseau hydrographique ne sont probablement pas problématiques pour le naseux moucheté, qui est tolérant aux sécheresses, la combinaison des changements climatiques et des prélèvements d’eau accrus constitue une menace considérable pour l’avenir. Le cours supérieur de la Kettle et la Granby sont moins touchés par les prélèvements d’eau (Summit Environmental Consultants Inc., 2012). Par ailleurs, dans la partie supérieure du bassin versant, la rivière West Kettle connaît des débits excessivement faibles à la fin de l’été, ce qui pourrait réduire la disponibilité de l’habitat pour les individus immatures. Si les prélèvements d’eau étaient à eux seuls la principale menace, alors quatre localités seraient reconnues pour le naseux moucheté du Canada : le cours inférieur de la rivière Kettle, la rivière Granby, le cours supérieur de la rivière Kettle et la rivière West Kettle. Toutefois, si l’on ajoute les changements climatiques qui sont considérés comme une menace pour l’ensemble du bassin, on peut soutenir qu’il n’existe qu’une seule localité. La meilleure inférence du nombre de localités se situe donc entre 1 et 4.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

Le naseux moucheté a initialement été désigné « espèce préoccupante » par le COSEPAC en 1980. Après un réexamen de son statut en 2002, il a été désigné « espèce en voie de disparition » par le COSEPAC. En 2006, l’espèce a encore une fois été désignée « espèce en voie de disparition » d’après la mise à jour du rapport de situation, qui concluait qu’elle avait une petite zone d’occupation (7,47 km2) et que l’étendue et la qualité de l’habitat disponible connaissaient un déclin continu observé ou prévu en raison de l’augmentation des prélèvements d’eau et des sécheresses (COSEWIC, 2006). Le naseux moucheté a été inscrit à titre d’espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) fédérale en 2009. L’espèce profite donc d’une protection aux termes de la LEP fédérale, qui interdit de tuer un individu d’une espèce inscrite, de lui nuire, de le harceler, de le capturer, de le prendre, de le posséder, de le collectionner ou de l’échanger ainsi que d’endommager ou de détruire sa résidence. L’habitat essentiel proposé a été désigné pour le naseux moucheté, mais pas dans un programme de rétablissement ou un plan d’action; c’est pourquoi cette désignation ne confère actuellement aucune protection à l’espèce (Brown et al., 2012). Pêches et Océans Canada collabore actuellement avec la Province de la Colombie-Britannique à l’élaboration d’un programme de rétablissement de l’espèce.

Le naseux moucheté est reconnu comme une espèce protégée dans le Règlement de pêche sportive de la Colombie-Britannique (pris en application de la Loi sur les pêches fédérale), ce qui signifie qu’il ne peut pas être pêché, pris ou gardé.

Il existe plusieurs formes de naseux mouchetés qui sont inscrites en vertu de l’Endangered Species Act des États-Unis, même si, en général, l’espèce n’est pas considérée comme étant en péril. Le R. osculus ssp. de Foskett (Oregon) figure sur la liste des espèces menacées. Le R. osculus lethoporus (Nevada), le R. osculus nevadensis (Nevada) et le R. osculus oligoporus (Nevada) sont inscrits à titre d’espèces en voie de disparition.

Statuts et classements non juridiques

NatureServe a sur sa liste 11 autres sous-espèces de naseux mouchetés en péril aux États-Unis : le R. o. lariversi (gravement en péril, Nevada), le R. o. moapae (gravement en péril, Nevada), le R. o. ssp. de la rivière Amargosa (gravement en péril, Californie), le R. o. ssp. de Meadow Valley (en péril, Nevada), le R. o. ssp. de Long Valley (gravement en péril, Californie), le R. o. ssp. d’Owens (gravement en péril, Californie), le R. o. ssp. de Monitor Valley (gravement en péril, Nevada), le R. o. ssp. d’Oasis Valley (gravement en péril, Nevada), le R. o. ssp. de la rivière White (en péril, Nevada), le R. o. ssp. de la Santa Ana (gravement en péril, Californie) et le R. o. velifer (gravement en péril, Nevada). Le R. o. reliquus (Nevada) est considéré comme disparu, alors que le R. o. ssp. de Diamond Valley (Nevada) est possiblement disparu (NatureServe, 2015).

Le naseux moucheté est considéré comme une espèce de préoccupation mineure sur la liste rouge de l’UICN en raison de sa vaste zone d’occurrence, de son grand nombre de sous-populations, de la grande taille de sa population et de l’absence de menaces majeures (NatureServe, 2013). À l’échelle mondiale, l’espèce a une cote G5 (non en péril), car elle occupe une vaste aire de répartition dans la majeure partie de l’ouest des États-Unis et est très abondante dans de nombreuses régions (NatureServe, 2015). Sa cote nationale est N5 (non en péril) aux États-Unis et N2 (en péril) au Canada; cette dernière cote est attribuable au fait que l’espèce est considérée comme ayant un risque élevé de disparition à cause de son aire de répartition très restreinte, de son nombre peu élevé de populations, de déclins marqués ou d’autres facteurs (NatureServe, 2015). Le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique attribue au naseux moucheté, qui figure sur sa liste rouge, la cote S2 (en péril; BC Conservation Data Centre, 2013).

Protection et propriété de l’habitat

En vertu de la Loi sur les espèces en péril, il est illégal de détruire l’habitat essentiel qui a été désigné dans un programme de rétablissement ou un plan d’action visant une espèce inscrite. Même si l’habitat essentiel proposé pour le naseux moucheté a été décrit (Brown et al., 2012), il n’a pas été défini dans un programme de rétablissement ou un plan d’action. Par conséquent, l’habitat du naseux moucheté n’est pas spécifiquement protégé.

L’habitat du naseux moucheté pourrait faire l’objet d’une protection générale aux termes de la Loi sur les pêches fédérale, qui interdit les dommages sérieux aux espèces de poissons visées par une pêche commerciale, récréative ou autochtone, ou à toute espèce de poisson dont dépend une telle pêche (y compris la mort de tout poisson ou la modification permanente ou destruction de son habitat). Cependant, aucune pêche au naseux moucheté n’est pratiquée, et il n’est pas clair que l’espèce relève des dispositions applicables aux espèces dont dépendent les pêches (DFO, 2013b). De plus, les dispositions relatives à la protection de l’habitat sont discrétionnaires aux termes de la Loi sur les pêches, tandis que celles de la Loi sur les espèces en péril sont plus rigoureuses (Taylor et Pinkus, 2013). Des dispositions de diverses lois provinciales conçues pour protéger l’environnement, la qualité de l’eau et les poissons pourraient également prévoir la protection de l’habitat. Toutefois, aucune de ces lois ne protège précisément l’habitat du naseux moucheté. En plus de ces mesures de protection générales, l’habitat du naseux moucheté est pris en considération par les gouvernements provincial et fédéral (p. ex. aux termes des procédures d’évaluation environnementale), car l’espèce est désignée comme étant en péril par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et le COSEPAC.

Selon le Heritage Rivers System de la Colombie-Britannique, le bras principal de la rivière West Kettle a été désigné rivière du patrimoine en raison de son exceptionnelle valeur naturelle, culturelle et récréative. L’objectif principal du programme des rivières du patrimoine consiste à faire connaître les cours d’eau de la Colombie-Britannique et à promouvoir leur bonne intendance. La désignation s’applique aux rivières qui sont considérées comme des composantes importantes de la diversité géographique de la province, mais elle ne fournit pas de protection juridiquement contraignante.

La rivière Kettle figurait sur la liste des cours d’eau les plus en danger en Colombie-Britannique en 2012, principalement en raison des prélèvements excessifs d’eau, mais également en raison de la dégradation des zones riveraines et du potentiel de pollution résultant du projet d’exploitation d’uranium dans la région de Beaverdell (Angelo, 2012).

Le plan de gestion du bassin de la rivière Kettle (Kettle River Watershed Management Plan), initiative mise au point grâce à la collaboration de l’administration locale et du gouvernement provincial ainsi que des intervenants de multiples secteurs et organismes, a été publié en 2014. Le plan vise à assurer un bassin versant sain, résilient et durable grâce à des écosystèmes aquatiques en santé, à des approvisionnements d’eau sûrs et sécuritaires et à un réseau de distribution d’eau fiable (Regional District of Kootenay Boundary, 2014). Le plan comportera la planification de la remise en état et de la conservation ainsi que l’éducation du public sur l’importance de l’intendance du bassin versant. Bien qu’il n’ait pas force exécutoire, le plan est appuyé par un vaste éventail de parties, et des mesures sont en cours en vue d’obtenir le financement nécessaire à sa mise en œuvre.

Les eaux occupées par le naseux moucheté au Canada appartiennent à la Couronne; toutefois, l’utilisation par le secteur privé des eaux de surface fait l’objet de permis.

Remerciements et experts contactés

L’auteur tient à remercier Greg Wilson, Sean MacConnachie et Adam Batty d’avoir fourni des renseignements généraux qui ont aidé à la préparation du présent rapport. Jenny Wu a calculé la zone d’occurrence et l’indice de zone d’occupation de l’espèce et élaboré les cartes connexes. Brent Parsons a formulé des commentaires sur une ébauche précédente. Juanita Ptolemy a préparé la mise à jour du rapport de situation de 2006 sur le naseux moucheté au Canada. Le financement a été fourni par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada.

Liste des experts contactés

Rhonda L. Millikin (Ph. D.), chef par intérim de l’Évaluation des populations, Centre de recherche sur la faune du Pacifique, Service canadien de la faune, Environnement Canada, Delta (Colombie Britannique). N’a pas répondu.

Shelagh Bucknell, adjointe aux services administratifs, Centre de recherche sur la faune du Pacifique, Service canadien de la faune,
Environnement Canada, Delta (Colombie Britannique). N’a pas répondu.

Simon Nadeau (Ph. D.), conseiller principal, Science des populations de poissons, Pêches et Océans Canada, Ottawa (Ontario). N’a pas répondu.

Christie Whelan, conseillère scientifique, Science des populations de poissons, Pêches et Océans Canada, Ottawa (Ontario). A répondu le 2 juin 2015.

Sean MacConnachie, biologiste des espèces en péril, Pêches et Océans Canada, Vancouver (Colombie Britannique). A répondu le 4 juin 2015.

Patrick Nantel (Ph. D.), biologiste en conservation, Programme des espèces en péril, Direction de l’intégrité écologique, Agence Parcs Canada, Gatineau (Québec). A répondu le 8 juin 2015.

Briar Howes (Ph. D.), Restauration écologique, Agence Parcs Canada, Gatineau (Québec). N’a pas répondu (en congé de maternité jusqu’en mars 2016).

Robert Anderson (Ph. D.), chercheur scientifique, Zoologie, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario). N’a pas répondu.

Gregory Wilson, Aquatic Species at Risk Specialist, Ecosystem Protection & Sustainability Branch, Ministry of Environment, Victoria (Colombie Britannique). A répondu le 2 juin 2015.

Katrina Stipec, British Columbia Conservation Data Centre, Ministry of Environment, Victoria (Colombie Britannique). A répondu le 17 septembre 2015.

Rick Page (Ph. D.), biologiste, Page and Associates Environmental Solutions, Victoria (Colombie Britannique). N’a pas répondu.
Danna Leaman (Ph. D.), biologiste en conservation, Ottawa (Ontario). A répondu le 2 juin 2015.

Lynda Corkum (Ph. D.), professeure, Department of Biological Sciences, University of Windsor, Windsor (Ontario). A répondu le 2 juin 2015.

Adam Batty, gestionnaire de projets, Fishery Monitoring, Archipelago Marine Research, Victoria (Colombie Britannique). A répondu le 13 juin 2015.

Graham Watt, coordonnateur, Kettle River Watershed Management Plan, Regional District of Kootenay Boundary, Grand Forks (Colombie Britannique). N’a pas répondu.

Sonia Schnobb, adjointe administrative, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Environnement Canada, Gatineau (Québec). A répondu le 2 juin 2015.

Jenny Wu, agente scientifique, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Environnement Canada, Gatineau (Québec). A répondu le 4 juin 2015.

Neil Jones, coordonnateur des Connaissances traditionnelles autochtones, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Environnement Canada, Gatineau (Québec). A répondu le 2 juin 2015.

Donald McPhail (Ph. D.), professeur émérite, University of British Columbia, Vancouver (Colombie-Britannique). A répondu le 13 avril 2016.

Sources d’information

Andrusak, G. et H. Andrusak. 2011. Identification of habitat use and preferences of Speckled Dace within the Kettle River watershed. Prepared for the Department of Fisheries and Oceans Canada and the BC Ministry of the Environment. Penticton, BC. 75 pp.

Andrusak, G., H. Andrusak et G. Pavan. 2012. Assessment of habitat for Speckled Dace within the Kettle River watershed- 2012. Prepared for the Department of Fisheries and Oceans Canada and the Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations. Penticton, BC. 47 pp.

Annear, T., I. Chisholm, H. Beecher, A. Locke, P. Aarrestad, C. Coomer, C. Estes, J. Hunt, R. Jacobson, G. Jöbsis, J. Kauffman, J. Marshall, K. Mayes, G. Smith, R. Wentworth et C. Stainaker. 2004. Instream Flows for Riverine Stewardship, Revised Edition. Instream Flow Council, Cheyenne, Wyoming. 267 pp.

Angelo, M. 2012. BC Most Endangered Rivers List. Outdoor Recreation Council of British Columbia. Vancouver, BC. 22 pp.

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Sommaire biographique des rédactrices du rapport

Andrea Smith (Ph. D.) est scientifique principale chez Hutchinson Environmental Sciences Ltd., établi à Bracebridge, en Ontario. Elle est titulaire d’une maîtrise ès sciences en biologie de la conservation et un doctorat en écologie de l’évolution, tous deux de l’Université Queen’s. Elle a participé à divers projets de recherche sur les espèces en péril, les espèces envahissantes et l’évaluation des impacts environnementaux. Mme Smith a déjà préparé trois rapports de situation du COSEPAC (deux sur des espèces de poissons marins et un sur un oiseau de rivage de l’Arctique), et a également élaboré pour le COSEPAC une liste d’espèces de crustacés qui pourraient être en péril au Canada. Ses intérêts de recherche touchent l’observation des effets interactifs de multiples facteurs de stress sur la biodiversité et l’application de la science de la conservation à l’élaboration de politiques efficaces.

Collections examinées

Aucune collection n’a été examinée pour le présent rapport.

Annexe A. Tableau d’évaluation des menaces

Tableau d’évaluation des menaces

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème
Naseux moucheté (Rhinichthys osculus)
Identification de l’élément
-
Code de l’élément
-
Date
2015/12/16
Évaluateur(s) :
Dwayne Lepitzki (modérateur), John Post (coprésident), Andrea Smith (rédactrice), Todd Hatfield (membre du sous-comité de spécialistes), Dave Fraser (membre du COSEPAC, Colombie-Britannique), Ruben Bowles (membre du COSEPAC, Service canadien de la faune), Greg Andrusak (expert, Colombie-Britannique), Michael Bradford (expert, Colombie-Britannique), Angele Cyr (Secrétariat du COSEPAC).
Références :
Ébauche du rapport du COSEPAC le texte ici
Calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces Impact des menaces (descriptions) Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Maximum de la plage d’intensité
Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Minimum de la plage d’intensité
A Très élevé 0 0
B Élevé 0 0
C Moyen 4 0
D Faible 0 4
- Impact global des menaces calculé : Élevé Moyen
Impact global des menaces attribué :
BC = élevé-moyen
Justification de l’ajustement de l’impact :
-
Commentaires sur l’impact global des menaces
Durée d’une génération (2-3 ans selon l’ébauche, mais…)
Tableau d’évaluation des menaces.
# Menace Impact
(calculé)
Portée
(10 prochaines
années)
Gravité
(10 années
ou
3 générations)
Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial (en anglais seulement) - - - - Durée d’une génération : ~3-4 ans, donc 3 générations = 9-12 ans
1.1 Habitations et zones urbaines - - - - Sans objet
1.2 Zones commerciales et industrielles - - - - Quais ou marina prévus sur le bord du cours d’eau? Sans objet
1.3 Tourisme et espaces récréatifs - - - - Sans objet
2 Agriculture et aquaculture (en anglais seulement) Négligeable Restreinte (11-30 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) -
2.1 Cultures annuelles et pluriannuelles de produits autres que le bois - - - - Fenaison? Expansion des zones agricoles? Oui à l’allongement de la période des récoltes. La plus grande partie des zones sont déjà cultivées, mais l’intensité de l’agriculture augmentera au cours des 10 prochaines années. L’utilisation de l’eau est abordée à la menace 9.3. Certaines zones riveraines sont touchées. Il y a des pépinières dans le cours principal de la rivière Kettle, mais les hausses au cours des 10 prochaines années sont inconnues.
2.2 Plantations pour la production de bois et de pâte - - - - Sans objet
2.3 Élevage et élevage à grande échelle Négligeable Restreinte (11-30 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) Piétinement du sol par le bétail
2.4 Aquaculture en mer et en eau douce - - - - Sans objet
3 Production d’énergie et exploitation minière (en anglais seulement) Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Faible (possiblement à long terme, > 10 ans) -
3.1 Forage pétrolier et gazier - - - - Sans objet
3.2 Exploitation de mines et de carrières Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Faible (possiblement à long terme, > 10 ans) Exploitation minière restreinte, selon l’état du marché des métaux. Il y a actuellement un moratoire sur l’extraction d’uranium; il n’y aura donc probablement pas d’exploitation d’uranium au cours des 10 prochaines années. Il y a eu de l’exploitation minière à Granby par le passé, et une mine d’uranium à Beaver Dell. On ne sait pas si l’aménagement d’une mine est prévu directement sur l’habitat aquatique.
3.3 Énergie renouvelable - - - - Sans objet
4 Corridors de transport et de service (en anglais seulement) Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans) -
4.1 Routes et voies ferrées Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans) La construction de nouvelles routes est prévue. On ne sait pas où se trouve l’habitat de fraye de l’espèce ni si l’espèce utilise les zones près des rives; les conséquences de la construction de routes ou de culées de pont sur la population sont donc inconnues. La portée est limitée. On ne sait pas non plus quels sont les plans et l’échéancier actuels dans cette région; il faudrait obtenir cette information afin de mieux calculer l’impact de cette menace (qui pourrait devenir « élevée » selon l’information).
4.2 Lignes de services publics - - - - Applicable par le passé, mais non dans l’avenir.
4.3 Transport par eau - - - - Sans objet
4.4 Trajectoires de vol - - - - Sans objet
5 Utilisation des ressources biologiques (en anglais seulement) Négligeable Négligeable (< 1 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) -
5.1 Chasse et prélèvement d’animaux terrestres - - - - Sans objet
5.2 Cueillette de plantes terrestres - - - - Sans objet
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois Négligeable Négligeable (< 1 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Il y a de l’exploitation forestière près des eaux d’amont du système de la rivière Kettle; la portion sud du bassin versant, où se trouve la majorité de la population de naseux mouchetés, ne convient pas à la foresterie. L’exploitation forestière peut être bénéfique. L’envasement est abordé à la menace 9.3. L’exploitation forestière de l’habitat riverain doit être prise en compte (rivières West Kettle et Kettle). On ne sait pas à qui appartient le terrain. Peu de terrains de la Couronne pouvant servir de zone tampon pour la réglementation sur la coupe à blanc puisque la plus grande partie des terres sont privées. Impact élevé au cours des 20 dernières années, mais l’impact devrait être négligeable au cours des 10 prochaines années. L’élimination de branches au-dessus de l’habitat riverain nuit à l’espèce.
5.4 Pêche et récolte des ressources aquatiques - - - - Les poissons-appâts sont interdits par le Règlement de pêche sportive de la Colombie-Britannique. Prises? Peu probable puisque le naseux est petit. Sans objet.
6 Intrusions et perturbations humaines (en anglais seulement) Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable (< 1 %) - -
6.1 Activités récréatives Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) Les activités récréatives constituent une menace. Navigation.
6.2 Guerre, troubles civils et exercices militaires - - - - Sans objet
6.3 Travaux et autres activités Négligeable Négligeable (< 1 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) Recherches? Une certaine part de prises accessoires durant les recherches sur les pêches. Une très petite portion de la population serait touchée par les recherches ne ciblant pas l’espèce (mortalité). Il y a un peu de pêche par décharges électriques dans ces cours d’eau. La pêche électrique n’a pas été autorisée dans le cadre d’une proposition de recherche pour la désignation de l’habitat essentiel.
7 Modification du système naturel (en anglais seulement) CD - Moyen-faible Grande (31-70 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) -
7.1 Incendies et suppression des incendies D - Faible Restreinte (11-30 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Déboisement des zones riveraines pour limiter les feux, feux endommageant les zones riveraines et prélèvements d’eau pour la suppression des feux naturels.
7.2 Barrages, gestion et utilisation de l’eau CD - Moyen-faible Grande (31-70 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) Taux élevé de prélèvement d’eau dans la partie sud du système de la rivière durant les périodes de faibles débits naturels; projet de centrale d’hydroélectricité qui devrait avoir des conséquences minimes. La plus grande partie de l’eau utilisée dans cette région est consacrée à l’agriculture. Les prélèvements dans le cours supérieur de la Kettle posent moins problématiques. Le projet de centre de ski augmenterait l’extraction d’eau (construction de condos et fabrication de neige). La station de ski Big White effectue des prélèvements d’eau, mais ceux-ci sont négligeables et ne sont pas pris en compte dans la présente catégorie de menace. Prélèvements d’eau pour l’agriculture et d’autres utilisations. La répartition de ces effets est petite dans les tronçons supérieurs des rivières Kettle et Granby. Les effets sont plus importants dans les tronçons inférieurs. Le projet au fil de l’eau aura également peu d’effets, mais l’utilisation de l’eau pour la consommation sera faible. Mortalité directe d’individus pris dans la turbine.
7.3 Autres modifications de l’écosystème Négligeable Négligeable (< 1 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) Enlèvement de brindilles, plantation d’arbres indigènes, et remise en état. La remise en état permettra la stabilisation des berges et empêchera le bétail d’accéder aux cours d’eau. L’envasement attribuable aux routes est abordé à la menace 9 (pollution).
8 Espèces et gènes envahissants ou problématiques (en anglais seulement) CD - Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée-modérée -
8.1 Espèces exotiques/non indigènes envahissantes CD - Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée-modérée Exclusion compétitive par l’omble de fontaine (qui n’est pas un prédateur) dans l’aire de répartition du naseux moucheté (minimum de la plage d’intensité). Les achigans, brochets et dorés (prédateurs) en aval des chutes Cascade pourraient être introduits accidentellement en amont des chutes (maximum de la plage d’intensité).
8.2 Espèces indigènes problématiques - - - - Remise en état de l’habitat de la truite arc-en-ciel prévue (bénéfique pour le naseux moucheté). Pas une menace. La menace causée par le Didymosphenia geminata doit faire l’objet de recherches, et il faudra peut-être réévaluer cette menace.
8.3 Introduction de matériel génétique - - - - Sans objet
9 Pollution (en anglais seulement) CD - Moyen-faible Grande (31-70 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) -
9.1 Eaux usées domestiques et urbaines Inconnu Grande (31-70 %) Inconnue Élevée (continue) Fosses septiques? Résidu de pétrole? Absence de poissons en aval de l’installation de traitement des eaux usées de Grand Forks, mais cela pourrait être une conséquence du développement. Inconnu. Pourrait être bénéfique en termes de teneurs accrues en nutriments.
9.2 Effluents industriels et militaires Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Élevée (continue) Faible abondance de poissons en aval de l’usine de pâte de Midway; il est possible que des rejets perturbent la qualité de l’eau. Inconnu.
9.3 Effluents agricoles et forestiers CD - Moyen-faible Grande (31-70 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) Érosion du sol, envasement à cause du bétail, sédimentation à cause de l’exploitation forestière et de l’utilisation des routes. Charge en nutriments attribuable à l’agriculture.
9.4 Détritus et déchets solides - - - - Sans objet
9.5 Polluants atmosphériques - - - - Sans objet
9.6 Énergie excessive - - - - Sans objet
10 Phénomènes géologiques (en anglais seulement) - - - - -
10.1 Volcans - - - - Sans objet
10.2 Tremblements de terre et tsunamis - - - - Sans objet
10.3 Avalanches et glissements de terrain - - - - Pas de glissement de terrain dans cette région de la Colombie-Britannique. Sans objet.
11 Changement climatique et phénomènes météorologiques violents (en anglais seulement) CD - Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) -
11.1 Déplacement et altération de l’habitat - - - - Sans objet
11.2 Sécheresses - - - - Hausse de la gravité, de la durée et de la fréquence des sécheresses qui exacerbe les débits déjà faibles, réduction de l’habitat et changements dans les sources de nourriture. Les températures plus élevées peuvent être bénéfiques dans certains cas (saison plus longue) et néfastes dans d’autres (changements dans les sources de nourriture). Réduction de la quantité d’eau. Les niveaux d’eau de la West Kettle ont été à leur plus bas cette année, et cette tendance continuera vraisemblablement. Perte importante d’habitat.
11.3 Températures extrêmes - - - - Sans objet
11.4 Tempêtes et inondations - - - - Sans objet

Classification des menaces d’après l’IUCN-CMP, Salafsky et al. (2008).

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