Érioderme mou (Erioderma mollissimum) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2009

TABLE DES MATIÈRES

Table des matières

Liste des figures

Liste des tableaux

Liste des annexes

Information sur le document

Érioderme mou Erioderma mollissimum

Illustration de l’érioderme mou (Erioderma mollissimum)

EN VOIE DE DISPARITION – 2009

COSEPAC – Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2009. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’érioderme mou (Erioderma mollissimum) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 57 p.

Note de production :
Le COSEPAC remercie Robert Cameron, Tom Neily, Stephen Clayden et Wolfgang Maass, qui ont rédigé le rapport de situation sur l’érioderme mou (Erioderma mollissimum) au Canada, en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. René J. Belland, coprésident du Sous-comité de spécialistes des mousses et lichens du COSEPAC, a supervisé le présent rapport et en a fait la révision.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC

a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel
Site Web

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Vole Ears Erioderma mollissimum mollissimum in Canada.

Illustration/photo de la couverture :
Érioderme mou -- Illustration par David Berian Hopper.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2010.
No de catalogue CW69-14/593-2010F-PDF
ISBN978-1-100-93966-7

COSEPAC – Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Novembre 2009

Nom commun
Érioderme mou

Nom scientifique
Erioderma mollissimum

Statut
En voie de disparition

Justification de la désignation
Ce grand lichen foliacé n’est présent au Canada qu’en Nouvelle Écosse, au Nouveau Brunswick et sur l’île de Terre Neuve, où il vit dans des forêts côtières fraîches et humides dominées par le sapin baumier. Bien qu’il y ait 24 sites connus pour le lichen dans ces régions, peu d’individus (133 thalles) sont connus. Malgré des relevés récents qui ont permis d’accroître le nombre de localités connues, le lichen a disparu de 11 sites depuis les 30 dernières années. Ce lichen constitue un indicateur sensible de la pollution atmosphérique et des précipitations acides, qui constituent les principales menaces pour l’espèce. Les autres menaces incluent l’exploitation forestière et le broutage par les orignaux.

Répartition
Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador

Historique du statut
Espèce désignée « en voie de disparition » en novembre 2009.

COSEPAC – Résumé

Érioderme mou Erioderma mollissimum

Description et importance de l’espèce sauvage

L’Erioderma mollissimum est un macrolichen foliacé. La surface supérieure du thalle est brun-gris et a une texture de feutre. Lorsqu’elle est mouillée, elle devient vert gris. Le thalle peut atteindre 12 cm de largeur et comporte des lobes larges de 1 cm disposés radialement et lâchement fixés au substrat. La surface inférieure du thalle est dépourvue de cortex (couche protectrice extérieure) et est brun clair, densément pubescente, sauf pour la marge, qui est glabre et plus pâle. Des sorédies (propagules asexuées) granuleuses et bleuâtres apparaissent sur la marge des lobes des vieilles parties du thalle et parfois dans des ouvertures de la surface supérieure. Le partenaire photosynthétique du lichen est une cyanobactérie du genre Scytonema, ce qui est rare chez les lichens poussant au nord des régions subtropicales.

L’E. mollissimum fait partie d’un cortège de cyanolichens rares des forêts côtières humides de l’est de l’Amérique du Nord. À l’échelle mondiale, les populations canadiennes sont isolées par rapport aux autres populations de l’espèce, qui se trouvent principalement en zone tropicale ou subtropicale. Par ailleurs, les cyanolichens, groupe auquel appartient l’E. mollissimum, sont d’utiles indicateurs des précipitations acides et de la pollution atmosphérique.

Répartition

L’Erioderma mollissimum se rencontre principalement en zone tropicale ou subtropicale, dans des forêts nuageuses montagnardes. La plupart des occurrences connues se trouvent en Amérique centrale et en Amérique du Sud, à des altitudes de 1 600 à 3 400 m. L’espèce a une répartition mondiale disjointe, puisqu’elle est également présente dans l’est de l’Amérique du Nord, dans une zone côtière du sud-ouest de l’Europe et dans l’est de l’Afrique. En Amérique du Nord, l’espèce n’a été signalée que dans les monts Great Smoky (au Tennessee et en Caroline du Nord) ainsi que dans certaines zones côtières brumeuses du Canada atlantique.

Habitat

Au Canada, l’Erioderma mollissimum se rencontre dans des forêts conifériennes côtières humides dominées par le sapin baumier. Le climat de ces forêts se caractérise par des étés frais, des hivers relativement doux et des précipitations abondantes. Les forêts côtières sont densément parsemées de tourbières, et l’E. mollissimum se rencontre souvent à proximité de ces tourbières. À Terre-Neuve, l’espèce pousse sur des troncs de sapin baumier, tandis qu’en Nouvelle-Écosse elle pousse sur des troncs de sapin baumier, d’érable rouge et de bouleau jaune. Au Nouveau-Brunswick, un thalle a été trouvé sur une roche recouverte de mousses.

Biologie

L’Erioderma mollissimum appartient à un groupe de lichens appelés « cyanolichens ». Chez ces lichens, un des partenaires de la symbiose est un champignon, tandis que l’autre est une cyanobactérie, responsable de la photosynthèse et de la fixation de l’azote atmosphérique. Les apothécies (structures de reproduction sexuée, renfermant des ascospores) sont extrêmement rares en Amérique du Nord. La reproduction s’effectue soit par fragmentation du thalle, soit au moyen de structures spécialisées appelées « sorédies ». Les sorédies sont plus grosses que les ascospores, ce qui limite la dispersion du lichen. Dans le cas de l’E. mollissimum, la distance de dispersion ne dépasse sans doute pas quelques centaines de mètres. La fragmentation permet également une dispersion du lichen, mais uniquement sur le tronc d’arbre où pousse le thalle parental. Cependant, il est possible que la fragmentation contribue à la persistance à long terme du lichen, à l’intérieur d’un site donné. L’E. mollissimuma besoin d’un milieu très humide pour prospérer, et il est sensible aux pluies acides et aux autres formes de pollution atmosphérique.

Taille et tendances des populations

Seulement 133 thalles adultes et 50 thalles juvéniles de l’Erioderma mollissimum ont été répertoriés au Canada. C’est la Nouvelle-Écosse qui héberge la plus grande population connue, réunissant 118 adultes et 23 juvéniles répartis entre 20 occurrences. À Terre-Neuve, dans la presqu’île d’Avalon, il existe 4 occurrences connues, totalisant 15 adultes et 27 juvéniles. Selon certaines observations, la population pourrait être en déclin, particulièrement en Nouvelle-Écosse. Au moins 80 % des sites d’occurrence signalés en Nouvelle-Écosse depuis le début des années 1980 n’abritent plus l’E. mollissimum. Il semble également que le taux d’occupation des parcelles d’habitat potentiel a diminué en Nouvelle-Écosse. L’E. mollissimum est très probablement disparu du Nouveau-Brunswick.

Menaces et facteurs limitatifs

Comme les autres cyanolichens, l’Erioderma mollissimum est extrêmement sensible à la pollution atmosphérique et aux pluies acides. On prévoit que les émissions de polluants acidifiants devraient diminuer dans l’est de l’Amérique du Nord au cours des 12 prochaines années, mais certains projets de développement, à Terre-Neuve, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, risquent de faire augmenter ces émissions localement. L’exploitation forestière pourrait limiter l’habitat, et d’autres types de développement provoquent la destruction de forêts. La diminution de la fréquence du brouillard ainsi que le broutage par des limaces introduites pourraient également constituer des menaces.

Protection, statuts et classifications

L’Erioderma mollissimum n’est pas encore une espèce désignée aux fins de la Loi sur les espèces en péril, et il n’est protégé par aucune loi provinciale. La province de la Nouvelle-Écosse a inscrit l’espèce sur sa liste rouge des espèces que l’on sait ou croit en péril, tandis que le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique lui a attribué la cote S1. À l’échelle mondiale, la cote G4G5 a été attribuée à l’espèce. À l’heure actuelle, une seule occurrence de l’espèce, celle du parc provincial Thomas Raddall, en Nouvelle-Écosse, est située dans une zone entièrement protégée. Les occurrences situées près de Blandford, du lac Webber et de l’étang Dooks, en Nouvelle-Écosse, pourraient bientôt jouir d’une protection. Toutes les occurrences situées à Terre-Neuve se trouvent sur des terres de la Couronne mais ne jouissent d’aucune protection juridique.

RÉSUMÉ TECHNIQUE
Erioderma mollissimum
Érioderme mou Vole Ears
Répartition au Canada : Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve
Données démographiques
Durée d’une génération (habituellement l’âge moyen des parents dans la population : indiquer si une autre méthode d’estimation de la durée des générations inscrite dans les lignes directrices de l’UICN[2008] est employée). Incertaine, mais sans doute située entre 10 et 30 années
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures? Oui
Pourcentage estimé du déclin continu du nombre total d’individus matures pendant [cinq années ou deux générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou soupçonné] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations]. Inconnu
Pourcentage [prévu ou soupçonné] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou soupçonné] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles et comprises et ont effectivement cessé? Inconnues
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Inconnues, mais peu probables
Information sur la répartition
Valeur estimée de la zone d’occurrence 24 800 km²
Indice de la zone d’occupation (IZO)
selon une grille de 2 x 2 km
88 km²
La population totale est–elle très fragmentée? Oui
Nombre de « localités » Inconnu - 24 sites sont connus, mais un grand nombre (inconnu) de ces sites pourraient être affectés simultanément par une seule menace (pollution atmosphérique).
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? Oui – il ne reste plus d’occurrence connue au N.-B.
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de la zone d'occupation? Inconnu
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de populations? Un certain déclin (perte de la population du sud-ouest du N.-B.)
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités?

N.-É. – 9 des 11 occurrences trouvées durant les années 1970 et 1980 n’existent plus; N.-B. – les 2 occurrences n’existent plus; T.-N. – incertain.

Environ 20 nouvelles occurrences ont été trouvées depuis 2005.

Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat? Perte d’habitat due à l’exploitation forestière et peut-être au développement foncier à T.-N.; déclin de la qualité de l’habitat à cause des pluies acides et de la pollution, particulièrement en N.–É. et au N.-B.
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre de populations? Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre de localités? Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence? Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes de l’indice de la zone d'occupation? Non
Nombre d’individus matures (dans chaque population)
Population Nbre d’individus matures
Sud-ouest du N.-B. – une seule occurrence (disparue)  
Fond de la baie de Fundy – deux occurrences (Fundy, N.-B., et Chignecto, N.-É.), toutes deux présumées disparues. Inconnu
Sud-ouest de la N.-É. – 16 occurrences (2 disparues) – 87 adultes 87
Côte est de la N.-É.– 12 occurrences (6 disparues, 1 inconnue) – 31 adultes 31
Presqu’île d’Avalon (T.-N.) – 4 occurrences – 15 adultes 15
   
Total 133
Selon le modèle, jusqu’à 4 017 ± 2 687 thalles existeraient en N.–É., mais il pourrait s’agir d’une forte surestimation.  
Analyse quantitative
Probabilité de disparition de l’espèce dans la nature Sans objet
Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)
Précipitations acides, pollution atmosphérique, exploitation forestière, développement foncier et peut-être broutage par un gastéropode introduit ainsi que diminution de la fréquence du brouillard.
Immigration de source externe (de l’extérieur du Canada)
Statut des populations de l’extérieur
États-Unis : Monts Great Smoky (Tennessee et Caroline du Nord)
Une immigration a–t–elle été constatée ou est–elle possible? Très improbable
Des individus immigrants seraient–ils adaptés pour survivre au Canada? Inconnu
Y a–t–il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Oui
Une immigration de populations externes pourrait-elle vraisemblablement se produire? Non
Statut existant
COSEPAC : Espèce en voie de disparition (2009)
Statut et justification de la désignation
Statut :
Espèce en voie de disparition
Code alphanumérique :
C2a(i)
Justification de la désignation :
Ce grand lichen foliacé n’est présent au Canada qu’en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et sur l’île de Terre-Neuve, où il vit dans des forêts côtières fraîches et humides dominées par le sapin baumier. Bien qu’il y ait 24 sites connus pour le lichen dans ces régions, peu d’individus (133 thalles) sont connus. Malgré des relevés récents qui ont permis d’accroître le nombre de localités connues, le lichen a disparu de 11 sites depuis les 30 dernières années. Ce lichen constitue un indicateur sensible de la pollution atmosphérique et des précipitations acides, qui constituent les principales menaces pour l’espèce. Les autres menaces incluent l’exploitation forestière et le broutage par les orignaux.
Applicabilité des critères
Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) : Ne correspond pas au critère, car il n’existe pas de données sur le déclin.
Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation) : Ne correspond pas au critère, car rien n’indique que la population soit gravement fragmentée.
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) : Correspond au critère C d’espèce en voie de disparition, le nombre d’individus étant inférieur à 2 500 selon le seul dénombrement connu ou selon une estimation minimale obtenue à l’aide d’un modèle, ainsi qu’aux sous-critères C2, étant donné le déclin continu, et a(i), puisque la taille estimative d’aucune des populations n’est supérieure à 250 individus.
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) : Ne correspond pas au critère d’espèce en voie de disparition (D1 ou D2), selon une estimation faite à partir d’une modélisation de l’habitat (1 470 individus en Nouvelle-Écosse).
Critère E (analyse quantitative) : Non réalisée, en l’absence de données.

HISTORIQUE DU COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale–provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril(LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

MANDAT DU COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous–espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

COMPOSITION DU COSEPAC
Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous–comités de spécialistes des espèces et du sous–comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

DÉFINITIONS (2009)

Espèce sauvage

Espèce, sous–espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD» (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Rapport de situation du COSEPAC surl’érioderme mou Erioderma mollissimum au Canada – 2009

DESCRIPTION ET IMPORTANCE DE L’ESPÈCE SAUVAGE

Nom et classification

Erioderma mollissimum (Samp.) Du Rietz
Botaniska Notiser 1926: 340 (1926)

Basionyme : Lobaria mollissima Samp., Liquenes inéditos: 7 (1920). Type : Portugal, Minho, Sierra do Gerês, Castello Lanhoso, G. Sampaio s.n. (Lich. Exs. 226, UPS, lectotype désigné par Jørgensen, 2000).

Autre synonyme : Erioderma limbatum (Nyl.) Vainio (Jørgensen, 2001)

Classification : Le nom donné aux lichens s’applique en principe uniquement à leur composante fongique, mais il sert par convention à désigner succinctement l’ensemble de la symbiose formée par ce champignon et son partenaire photosynthétique. Chez les lichens du genre Erioderma, les partenaires photosynthétiques sont des cyanobactéries qui ont été rangées dans le genre Scytonema, mais l’identité précise du Scytonema formant un lichen avec l’E. mollissimum n’a pas encore été établie. En fait, une étude récente semble indiquer que les cyanobactéries lichéniques jusqu’ici placées dans le genre Scytonema ne forment pas un groupe avec ce genre et appartiennent plutôt à une lignée voisine très diversifiée, qui pourrait constituer un nouveau genre Rhizonema. Ces souches très efficientes semblent être apparues dans le cadre d’une symbiose avec divers champignons lichénisés non apparentés mais ayant des exigences écologiques semblables (Lücking et al., 2009).

Le genre Erioderma comprend environ 25 espèces, et ses centres de diversité se situent en Amérique du Sud et dans le sud-est de l’Asie (Jørgensen, 2000). L’E. mollissimum est une des huit espèces actuellement reconnues se reproduisant par voie végétative, au moyen de sorédies (Jørgensen et Arvidsson, 2001). La seule autre espèce produisant des sorédies dont la présence est connue en Amérique du Nord est l’E. sorediatum D.J. Galloway et P.M. Jørg., qui n’a été observé que sur la côte ouest (depuis l’Oregon jusqu’à l’Alaska) et dans le bassin des Caraïbes. Les deux espèces se distinguent nettement par certains caractères morphologiques et chimiques. Le genre Erioderma appartient à la famille des Pannariacées, à l’ordre des Peltigérales, à la classe des Lécanoromycètes et à l’embranchement des Ascomycètes (Ekman et Jørgensen, 2002; Miadlikowska et al., 2006).

Jørgensen (2001) ainsi que Jørgensen et Arvidsson (2001) ont avancé que les spécimens d’Erioderma produisant des sorédies jusqu’alors récoltés dans l’est de l’Amérique du Nord pourraient ne pas appartenir à l’espèce E. mollissimum. Jørgensen (2000, p. 673) avait jugé impossible de prendre une décision finale à cet égard, parce que le matériel était rare ou mal développé, mais il soupçonnait fortement que ces spécimens pourraient constituer un taxon distinct, appartenant à un élément écogéographique différent. L’identité du matériel a été établie récemment. Des thalles bien mieux développés ont été trouvés à Terre-Neuve en 2006, et les lobes de deux de ces thalles ont été étudiés du point de vue morphologique et chimique. Ces spécimens ainsi que ceux découverts par la suite en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve se sont révélés typiques de l’E. mollissimum (P.M. Jørgensen, communication personnelle).

Noms communs : Outre le nom français « érioderme mou » ici proposé, le nom « érioderme gracieux » a déjà été utilisé (Fournier, 2006). Le nom anglais « Vole Ears » ici proposé a été suggéré aux rédacteurs du présent rapport par leur collègue terre-neuvien Mac Pitcher, qui souhaitait ainsi faire contrepartie au nom « Mouse Ears » adopté par Brodo et al. (2001) pour l’Erioderma sorediatum.Les noms anglais « Graceful Felt Lichen » et « Most Gracious Felt Lichen » ont également été proposés pour l’E. mollissimum. Il n’existe actuellement aucune liste largement acceptée de noms communs pour les lichens.

Description morphologique

L’Erioderma mollissimum est un macrolichen foliacé pouvant atteindre 12 cm de diamètre (figure 1). Les lobes sont ascendants, lâchement fixés au substrat, et peuvent mesurer jusqu’à 1 cm de largeur. Le thalle est brun gris à l’état sec et vert gris à l’état humide. La surface supérieure des lobes est recouverte d’un tomentum (revêtement de poils fins) caractéristique. Souvent, ces poils sont dressés près de la marge du limbe, qui est habituellement révolutée. La surface inférieure ne comporte pas de cortex (couche protectrice extérieure) et est blanche et fibreuse, sauf pour une étroite bande marginale pourvue d’un dense tomentum de rhizohyphes (prolongements de la surface inférieure) brun clair. Des sorédies granuleuses bleuâtres apparaissent sur la marge des lobes des vieilles parties du thalle et parfois dans des ouvertures de la surface supérieure du thalle. Les apothécies sont extrêmement rares et ont été trouvées une seule fois chez les populations canadiennes. Une fragmentation du thalle peut survenir chez les vieux individus produisant des sorédies ou des apothécies.

Figure 1. Thalle d’Erioderma mollissimum sur un tronc d’Acer rubrum, à Blandford, en Nouvelle-Écosse. Photographie de Robert Cameron.

Photographie d’un thalle d’Erioderma mollissimum sur un tronc d’Acer rubrum, à Blandford, en Nouvelle-Écosse.

Aucune publication ne signale que des tissus du lichen réagissent au contact d’une goutte de réactif chimique.

Description génétique

Il n’existe aucune étude publiée sur les relations génétiques de l’Erioderma mollissimum au sein du genre Erioderma ou à l’échelle des populations. Une grande étude sur la phylogénie moléculaire de la classe des Lécanoromycètes, à laquelle appartiennent la majorité des champignons lichénisés, a clairement démontré que le genre Erioderma appartient à la famille des Pannariacées (Miadlikowska et al., 2006). Dans cette étude, le genre Erioderma était représenté par l’espèce E. verruculosum (Vain.) Hue. Par ailleurs, des études moléculaires sont en cours sur les photobiontes de l’E. pedicellatum et d’autres lichens terre-neuviens renfermant des cyanobactéries du genre Scytonema (C. Scheidegger, communication personnelle).

Unités désignables

Une seule unité désignable est reconnue aux fins de la présente évaluation. L’espèce est présente au Canada dans deux écozones, mais rien n’indique que des différences morphologiques, génétiques ou autres justifient la reconnaissance de plusieurs unités désignables.

Importance

L’Erioderma mollissimum fait partie d’un cortège de cyanolichens rares des forêts côtières humides de l’est de l’Amérique du Nord (Cameron et Richardson, 2006; Cameron et Neily, 2008). À l’échelle mondiale, les populations canadiennes sont isolées par rapport aux autres populations de l’espèce, qui se trouvent principalement en zone tropicale ou subtropicale. Par ailleurs, les cyanolichens, groupe auquel appartient l’E. mollissimum, sont d’utiles indicateurs des précipitations acides et de la pollution atmosphérique (Cameron et al., 2007).

RÉPARTITION

Aire de répartition mondiale

L’Erioderma mollissimum a une répartition mondiale très disjointe (figure 2). L’espèce se rencontre principalement en zone tropicale ou subtropicale, dans des forêts nuageuses montagnardes. La plupart des occurrences connues se trouvent en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où le lichen a été signalé à des altitudes de 1 600 à 3 400 m en République Dominicaine, au Mexique, au Costa Rica, au Venezuela, en Colombie, en Équateur et au Brésil (Jørgensen et Arvidsson, 2001). L’espèce se rencontre plus rarement du côté est de l’Atlantique, où elle est confinée à des sites montagnards à climat océanique, au Portugal, en Espagne, aux Açores et aux Canaries. Une population très isolée se trouve dans les montagnes du Kenya, dans l’est de l’Afrique. En Amérique du Nord, l’E. mollissimum présente également une répartition remarquablement disjointe, étant présent dans 2 zones très isolées l’une de l’autre ainsi que par rapport aux populations subtropicales : les monts Great Smoky, au Tennessee et en Caroline du Nord, et la région côtière hémiboréale à boréale du Canada atlantique. Dans les monts Great Smoky, les 4 occurrences connues sont situées à des altitudes d’environ 800 à 1 800 m (Maass, 1983). Au Canada atlantique, toutes les occurrences sont situées à moins de 100 m.

Figure 2. Répartition mondiale de l’Erioderma mollissimum.

Carte de la répartition mondiale de l’Érioderma mollissimum.

Aire de répartition canadienne

Au Canada, l’Erioderma mollissimum a été observé au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador (tableau 1; figure 3). L’espèce a été identifiée pour la première fois au Canada (Jørgensen, 1972) à partir d’un fragment associé à un spécimen d’E. pedicellatum provenant de la localité type de cette espèce, à l’île Campobello, au Nouveau-Brunswick. L’E. mollissimum a ensuite été trouvé dans le parc national Fundy, également au Nouveau-Brunswick, puis en Nouvelle-Écosse (Maass, 1983). Des travaux de terrain visant l’E. pedicellatum ont récemment permis de découvrir d’autres spécimens d’E. mollissimum en Nouvelle-Écosse, où cette espèce compte maintenant 20 occurrences connues le long de la côte atlantique. À Terre-Neuve, l’E. mollissimum a été découvert le 6 octobre 2006, dans une localité de la presqu’île d’Avalon. Par la suite, d’autres spécimens ont été trouvés, et on a jusqu’ici pu confirmer la présence de l’E. mollissimum dans 4 sites de la presqu’île. L’espèce a récemment été signalée dans le secteur de la baie d’Espoir, à Terre-Neuve, mais cette mention n’a pas été vérifiée et n’est pas incluse comme occurrence dans le présent rapport.

Tableau 1. Occurrences canadiennes de l’Erioderma mollissimum. L’occurrence est un lieu comportant des arbres où l’E. mollissimum est présent. Pour constituer des occurrences distinctes, les arbres colonisés doivent être séparés par une distance de plus de 0,5 km. Les adultes sont des thalles portant des structures reproductives (sorédies ou apothécies). Les juvéniles sont des thalles dépourvus de telles structures.
Population Province Occurrence Année de découverte Année du dernier relevé Nombre de juvéniles Nombre d’adultes
Sud-ouest du N.-B. N.-B. Île Campobello 1902 2005 0 0
Fond de la baie de Fundy N.-B. Parc national Fundy 1980 2008 0 0
N.-É. Cap Chignecto 1991 2003 0 0
Côte sud de la N.-É. N.-É. Chemin Lake John 1 et 2 2007 2007 2 22
N.-É. Chemin Lake John 3 2007 2007 0 6
N.-É. Chemin Clyde River 1 2008 2008 0 1
N.-É. Chemin Clyde River 2 2008 2008 0 1
N.-É. Ruisseau Martin 2008 2008 0 1
N.-É. Colline Canada 1 2008 2008 0 7
N.-É. Colline Canada 2 2008 2008 0 1
N.-É. Lac Bon Mature 2008 2008 0 1
N.-É. Blandford 2006 2007 0 4
N.-É. Étang Robarts 2008 2008 0 1
N.-É. Baie Jones Harbour 2008 2008 0 2
N.-É. Parc provincial Thomas Raddall 1980 2008 11 32
N.-É. Port L’Hebert 2008 2008 1 1
N.-É. Ruisseau Mud Lake 1981 1999 0 0
N.-É. Glenwood 1981 2008 0 0
N.-É. Lac Haley 1981 2008 0 7
Côte est de la N.-É. N.-É. Lac Fuller 2006 2007 8 8
N.-É. Lac Bear 2006 2007 0 2
N.-É. Étang Otter 2006 2007 1 6
N.-É. Étang Dooks 2005 2007 0 4
N.-É. Lac Webber 2007 2007 0 7
N.-É. Beech Hill 1980 1980 0 4
N.-É. Clam Harbour 1979 1998 0 0
N.-É. Chemin Eisan Lake 1981 1998 0 0
N.-É. Tangier Ferry 1982 1999 0 0
N.-É. Marinette 1983 1985 0 0
N.-É. Lochabor Mines 1981 1984 0 0
N.-É. New Chester 1982 1998 0 0
Avalon T.-N. Hall’s Gullies 1 2006 2007 8 3
T.-N. Hall’s Gullies 2 2007 2007 3 7
T.-N. Hall’s Gullies 3 2007 2007 16 3
T.-N. Southeast Placentia 2007 2007 0 2

Figure 3. Répartition historique et actuelle de l’Erioderma mollissimum au Canada. Les cercles blancs indiquent les occurrences actuelles connues, tandis que les cercles noirs indiquent les occurrences historiques.

Carte de la répartition historique et actuelle de l’Erioderma mollissimum au Canada.

Au Canada, si on inclut tous les sites de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve, la zone d’occurrence de l’espèce est de 24 800 km², mais cela comprend des secteurs où aucun milieu ne convient à l’espèce. Si la superficie de la zone d’occurrence est plutôt calculée pour chaque secteur où l’espèce est présente, on obtient une superficie totale plus exacte, comprenant 5 195 km² en Nouvelle-Écosse et 21 km² à Terre-Neuve-et-Labrador. La superficie de la zone d’occurrence a été estimée au moyen d’un système d’information géographique (SIG). La zone d’occupation est de 88 km² et comprend 4 carrés à Terre-Neuve (16 km²) et 18 en Nouvelle-Écosse (72 km²).

Un modèle prédictif fondé sur la distance de Mahalanobis (D) et faisant appel à un SIG a été élaboré pour la répartition de l’E. mollissimum dans l’est du Canada. Diverses techniques de modélisation statistique faisant appel à des SIG ont déjà été employées pour prédire la répartition d’espèces sur de vastes territoires, et le paramètre D a déjà été utilisé pour modéliser la répartition d’animaux (Barker et al., 2006) et de végétaux (DeVries, 2005), car il a l’avantage de pouvoir être appliqué même si on dispose uniquement de données de présence, et il est suffisamment robuste pour les données ne suivant pas une distribution normale (Knick et Rotenberry, 1998, cité par Roberts, 2000). Le D est une mesure adimensionnelle de la distance séparant deux points dans un espace multivarié (Roberts, 2000). Le modèle ainsi obtenu permet de décrire les exigences écologiques fondamentales de l’espèce en prenant pour hypothèse que les paramètres les moins variables de l’habitat de l’espèce sont ceux qui risquent le plus d’être associés à des facteurs limitatifs. En d’autres mots, si une espèce vit dans une large gamme de conditions écologiques, sa répartition risque moins d’être limitée par certains facteurs que si elle a besoin de conditions écologiques moins variables et a donc des exigences plus strictes. Ainsi, selon cette hypothèse, les variables écologiques qui varient le plus à l’intérieur de l’aire de répartition sont celles qui risquent le moins de limiter la répartition de l’espèce (Rotenberry et al., 2006).

Les rédacteurs ont utilisé les normales climatiques de 30 ans (Environnement Canada, 2000) de 8 stations météorologiques du Canada atlantique situées à proximité de sites de l’E. mollissimum. Pour éliminer la multicolinéarité des données climatiques, ils ont effectué une analyse typologique de la matrice de corrélation et ont choisi une seule variable pour représenter chaque ensemble de variables possédant un degré élevé de similitude. Les rédacteurs ont ainsi retenu pour le modèle les données de précipitation totale annuelle, de pluie totale annuelle, de température moyenne de janvier et de température moyenne de décembre, en y ajoutant les données d’altitude de Ressources naturelles Canada ainsi que la distance par rapport au littoral. Le modèle permet d’établir une probabilité de présence de l’E. mollissimum pour tous les secteurs du Canada atlantique, y compris ceux qui renferment des occurrences connues de l’espèce, qui ont servi à élaborer le modèle. Ainsi, le processus de modélisation comporte une sorte de mécanisme d’autocontrôle fournissant une validation grossière du modèle. Cependant, aux fins de la cartographie, tous les points de données se trouvant à l’intérieur de la répartition modélisée ont été utilisés.

La répartition modélisée semble indiquer que seulement une partie de la côte est du Canada présente des conditions convenant à l’E. mollissimum. Selon le modèle, une superficie de 2 722 441 ha de forêt pourrait faire partie de l’aire de répartition de l’E. mollissimum en Nouvelle-Écosse (figure 4). À l’intérieur de cette superficie, les secteurs où l’E. mollissimumn’a pas été recherché spécifiquement comprennent le mont North, les forêts côtières du bassin des Minas ainsi que quelques secteurs bordant le détroit de Northhumberland. Une bonne partie de l’aire prédite à l’aide du modèle a déjà fait l’objet de relevés lichénologiques.

Figure 4. Répartition modélisée de l’Erioderma mollissimum dans les provinces Maritimes.

Carte de la répartition modélisée de l’Erioderma mollissimum dans les provinces Maritimes.

Au Nouveau-Brunswick, selon le modèle, une superficie de 451 037 ha de forêt, principalement en bordure de la baie de Fundy, pourrait faire partie de l’aire de répartition de l’E. mollissimum. Une bonne partie de ce territoire a déjà été exploré par des lichénologues.

Dans le cas de Terre-Neuve-et-Labrador, le modèle permet de distinguer 7 secteurs où l’espèce pourrait être présente : la presqu’île d’Avalon, la baie de l’Eau, la baie d’Espoir, la vallée de la Codroy, la baie de Port-au-Port, la baie des Îles (Bay of Islands) et le secteur du Gros Morne (figure 5). Selon les données de couverture forestière fournies par un SIG, il existerait 161 868 ha de forêt dans la presqu’île d’Avalon. La superficie forestière n’a pas pu être calculée pour les autres secteurs de la province, à cause d’erreurs dans les données de couverture forestière, mais l’aire de répartition prédite par le modèle a une superficie totale de 215 813 ha, dont une bonne partie a été très peu explorée sur le plan lichénologique.

Figure 5. Répartition modélisée de l’Erioderma mollissimum à Terre-Neuve-et-Labrador.

Carte de la répartition modélisée de l’Erioderma mollissimumi à Terre-Neuve-et-Labrador.

Le modèle de répartition permet de prédire les secteurs où l’E. mollissimum a de bonnes chances d’être présent, selon certains paramètres climatiques. Cependant, le modèle ne peut pas prédire la présence probable de milieux pouvant convenir à l’espèce, ni la superficie de tels milieux, car il ne tient pas compte des paramètres stationnels tels que le type de forêt, la pente ou le substrat. Le modèle ne constitue qu’un guide pour les relevés futurs, puisqu’il n’a pas été entièrement validé ni testé. Cependant, le modèle s’est avéré très utile pour les relevés menés en Nouvelle-Écosse (voir figure 6). Comme c’est la Nouvelle-Écosse qui compte le plus grand nombre d’occurrences connues, le modèle est pondéré en fonction de cette province et pourrait ne pas fonctionner correctement ailleurs. Le modèle ne sert pas à décrire l’habitat et n’est fondé sur aucun paramètre décrivant l’habitat. On ne pourra donc pas trouver l’E. mollissimum dans certaines parties de l’aire prédite, qui ne renferment aucun milieu convenant à l’espèce.

Figure 6. Activités de recherche de l’Erioderma mollissimum en Nouvelle-Écosse, de 1980 à 2008. Les cercles blancs indiquent les occurrences de l’E. mollissimum se trouvant à l’intérieur des zones établies à l’aide du modèle de prédiction. Les cercles blancs marqués d’un X indiquent les endroits relevés à l’aide du modèle qui ont été fouillés mais où l’E. mollissimum n’a pas été trouvé. Les cercles noirs indiquent les sites où l’espèce a été recherchée mais qui se trouvent à l’extérieur des zones établies à l’aide du modèle. Le fait que l’E. mollissimum n’a été trouvé dans aucun des sites indiqués par un cercle noir confirme l’utilité du modèle pour le repérage des zones où la recherche de l’E. mollissimum peut donner des résultats.

Carte des activités de recherche de l’Erioderma mollissimum en Nouvelle-Écosse, de 1980 à 2008.

Activités de recherche

Les travaux visant à rechercher l’Erioderma mollissimum en Nouvelle-Écosse ont été répertoriés en détail pour les années 2004 à 2008 (figure 6). Un relevé systématique de l’E. pedicellatum et d’autres cyanolichens a été entrepris en 2004. Cameron et Neily (2008) ont élaboré un modèle prédictif de l’habitat de l’E. pedicellatum,ce qui leur a permis de cartographier l’habitat potentiel de cette espèce à l’aide d’un SIG. Ils ont ainsi pu repérer 13 852 parcelles d’habitat potentiel, dispersées sur toute la côte Atlantique. Cameron et Neily (2008) ont ensuite fouillé ces parcelles quant à la présence de l’E. pedicellatum ou d’autres cyanolichens, ce qui leur a notamment permis de découvrir 17 des 20 occurrences confirmées de l’E. mollissimum en Nouvelle-Écosse. En tout, 289 des 13 852 parcelles ont fait l’objet de relevés, ce qui représente 867 heures de recherche.

D’autres études menées en Nouvelle-Écosse ont contribué à la recherche de l’E. mollissimum. Maass (1983, 2000) a fouillé un grand nombre de secteurs quant à la présence de l’E. pedicellatum et d’autres cyanolichens. Ces activités n’ont pas été consignées, mais elles ont dû être très intensives, puisqu’elles ont permis à Maass de signaler 46 occurrences de l’E. pedicellatum. Cameron et Richardson (2006) ont effectué un relevé des cyanolichens de 14 zones protégées de Nouvelle-Écosse. La richesse lichénique de la province a également été étudiée dans le cadre des relevés menés par Casselman et Hill (1995), Seaward et al. (1997), Sneddon (1998), Selva (1999), Cameron et al. (2007) ainsi que McMullin (2007) et de 2 ateliers Tuckerman, ceux de 1998 et 2004. Les sites de recherche de cyanolichens ont été compilés en 2006 dans le cadre d’une évaluation de la situation des cyanolichens de Nouvelle-Écosse (figure 6; Anderson, 2007). Des recherches intensives ont été faites dans 248 sites (sans compter les sites de l’E. pedicellatum mentionnés au paragraphe précédent). Parmi ces 248 sites, 207 se trouvent à l’intérieur de l’aire de répartition modélisée de l’E. mollissimum.

Dans le cas de Terre-Neuve, les activités de recherche sont plus difficiles à quantifier. L’E. mollissimum y a été observé pour la première fois en 2006. Des relevés de grande envergure avaient déjà été menés à l’égard de l’E. pedicellatum, mais il n’est pas certain que tous les relevés menés avant 2006 auraient pu permettre de détecter l’E. mollissimum. Cependant, les relevés extensifs menés durant les années 1980 et 1990 auraient sans doute permis de détecter l’E. mollissimum si cette espèce avait été présente, car leur auteur connaissait bien l’espèce. Maass (2000) signale 84 occurrences de l’E. pedicellatum ainsi que la présence de nombreux autres cyanolichens dans l’île de Terre-Neuve. L’éminent lichénologue T. Ahti, Ph.D., a également fait plusieurs voyages à Terre-Neuve. Un examen de ses récoltes ainsi que de celles de chercheurs antérieurs n’a permis de trouver aucune mention de l’E. mollissimum (Ahti, 1974, 1983). Conway a cherché l’E. pedicellatum pendant environ 600 heures dans la presqu’île d’Avalon, ce qui lui a permis d’en repérer des milliers de thalles. On a récemment réexaminé des photographies numériques de la plupart de ces thalles afin de déterminer si certains n’appartiendraient pas plutôt à l’espèce E. mollissimum. Plusieurs cas incertains ont ainsi été relevés, et les sites ont été revisités au cours de l’automne 2007. Dans certains cas, on a pu confirmer qu’il s’agissait de l’E. mollissimum.

Depuis que l’E. mollissimum a été signalé pour la première fois à Terre-Neuve (en 2006), les lichénologues de la province recherchent cette espèce dans le cadre des relevés visant l’E. pedicellatum. Ces travaux ont surtout porté sur les secteurs de Hall’s Gullies et de Southeast Placentia, ce qui a permis de trouver 3 nouvelles occurrences vérifiées de l’E. mollissimum. Le ministère des Richesses naturelles de Terre-Neuve-et-Labrador effectue des relevés visant l’E. pedicellatum dans la presqu’île d’Avalon. En 2007, ces relevés ont également porté sur l’E. mollissimum, ce qui a donné lieu à une dizaine d’heures de recherche, principalement dans le secteur de Hall’s Gullies. En tout, environ 22 heures ont été consacrées à ces relevés.

De nombreux secteurs d’occurrence potentielle ont été fouillés le long de la côte néo-brunswickoise de la baie de Fundy. Au moins 7 000 spécimens ont ainsi été récoltés dans la région, mais il est possible que certains secteurs d’habitat potentiel n’aient pas encore été explorés.

HABITAT

Besoins en matière d’habitat

L’Erioderma mollissimum pousse dans des forêts humides. Au Brésil, au Costa Rica et en République Dominicaine, l’espèce se rencontre dans des forêts pluviales tropicales. Aux latitudes plus élevées, l’E. mollissimum pousse dans des forêts côtières humides, comme dans l’est de l’Amérique du Nord, au Portugal et en Espagne, ou encore dans des milieux montagnards à pluies abondantes, comme dans les monts Great Smoky.

Dans le nord-est de l’Amérique du Nord, l’E. mollissimum se rencontre toujours à moins de 30 km de la côte. Lorsqu’il pousse très près de la côte, c’est toujours dans une forêt bordant une baie ou un bras de mer abrités. Dans ces forêts côtières, les hivers sont doux (température moyenne de –4,5 °C), les étés sont frais (température moyenne de 16,4 °C), et les précipitations annuelles sont élevées, dépassant 1 400 mm dans de nombreux sites. Une proportion importante des précipitations tombe sous forme de pluie, cette proportion étant en moyenne de 88 % pour l’ensemble des sites. De plus, dans ces forêts côtières, le brouillard est fréquent (Davis et Browne, 1996). Dans le Canada atlantique, l’E. mollissimum est confiné aux altitudes inférieures à 200 m.

En Nouvelle-Écosse comme à Terre-Neuve, l’habitat de l’E. mollissimum est constitué de forêts côtières très humides; cependant, on observe des différences importantes entre ces provinces. À Terre-Neuve, l’habitat de l’E. mollissimum se caractérise par des forêts conifériennes mûres ou inéquiennes dominées par le sapin baumier (Abies balsamea), en terrain légèrement incliné à drainage bon à imparfait. En Nouvelle-Écosse, l’habitat de l’E. mollissimum se trouve habituellement dans des dépressions à drainage médiocre et se caractérise par des forêts mûres conifériennes ou mixtes dominées par le sapin baumier et/ou l’érable rouge (Acer rubrum), à végétation basse dominée par des mousses du genre Sphagnum.

L’E. mollissimum se rencontre sur une variété de substrats. À Terre-Neuve, l’espèce a été trouvée uniquement sur le sapin baumier. En Nouvelle-Écosse, elle se rencontre également sur le sapin baumier, mais aussi sur l’érable rouge et le bouleau jaune (Betula alleghaniensis). Au Nouveau-Brunswick, un thalle a été trouvé sur une roche couverte de mousses.

Terre-Neuve

À Terre-Neuve,l’Erioderma mollissimum a été trouvé dans les secteurs de Hall’s Gullies et de Southeast Placentia, qui présentent des différences quant à leur topographie et à leurs dépôts meubles mais des similitudes quant à leur couverture forestière. L’habitat de l’E. mollissimum est constitué de forêts conifériennes mûres ou inéquiennes dominées par le sapin baumier, en terrain légèrement incliné (pente de 2 à 10 %), à orientation variable et à sol généralement bien drainé. L’E. mollissimum peut être présent à tout endroit de la pente (bas de pente, mi-pente ou haut de pente). Le sapin baumier représente au moins 67 % de la surface terrière de l’ensemble des arbres, et même plus de 90 % dans bien des cas. L’épinette noire (Picea mariana) est le deuxième arbre en importance de la couverture forestière. Le bouleau jaune et le bouleau blanc (Betula papyrifera) se rencontrent à l’occasion. Dans ces forêts, la proportion d’arbres morts est variable et se situe entre 19 % et 54 %. Les mousses sont abondantes sur le sol de tous les sites des secteurs de Hall’s Gullies et de Southeast Placentia, mais les couvertures herbacée et arbustive sont généralement faibles. La couverture muscinale est en grande partie constituée de mousses du genre Sphagnum. Le terrain est très densément parsemé de tourbières (ombrotrophes ou minérotrophes), particulièrement dans le secteur de Hall’s Gullies, où l’E. mollissimum ne se trouve jamais à plus de 80 m d’une tourbière. L’occurrence de Southeast Placentia se trouve à environ 500 m d’un milieu humide figurant sur les cartes, mais de petites tourbières non répertoriées sur les cartes se rencontrent dans tout le secteur.

Le secteur de Hall’s Gullies, où se trouvent 4 occurrences de l’E. mollissimum, se caractérise par une série de moraines côtelées et interconnectées faisant partie de l’Écorégion de la forêt d’Avalon. Ces moraines peuvent atteindre une hauteur de 30 m et sont séparées par une distance minimale de 200 à 300 m. Entre les moraines, le terrain est densément parsemé de tourbières ombrotrophes et minérotrophes souvent séparées par des distances inférieures à 100 m. Le relief crée ainsi un environnement très humide formé d’une mosaïque de tourbières et forêts entremêlées. Des carottes prélevées à hauteur de poitrine ont révélé que l’âge des arbres est de 73 ans en moyenne et que les peuplements sont plus équiennes que dans le secteur de Southeast Placentia. Dans le secteur de Hall’s Gullies, la couverture arborescente est d’au moins 55 % en moyenne. La densité des peuplements est faible (3 000 tiges/ha, par exemple) à élevée (supérieure à 17 000 tiges/ha dans un des sites d’occurrence).

L’occurrence de Southeast Placentia se trouve dans l’Écorégion des landes maritimes et plus précisément dans la Sous-région du sud-est des landes, qui se caractérise par de grandes superficies d’affleurements rocheux et de landes à éricacées. Les forêts sont confinées aux vallées et anses abritées. Les tourbières ombrotrophes de pente ou de bassin ainsi que les tourbières minérotrophes sont communes. L’E. mollissimum se rencontre sur le côté nord (exposé au sud) d’une vallée orientée est-ouest mesurant environ 1 km de largeur et 5 km de longueur. L’extrémité ouest de la vallée s’ouvre sur la baie de Plaisance (Placentia Bay). Le bras Northeast se trouve à faible distance vers le nord, et le bras Southeast, à faible distance vers le sud. La vallée est donc flanquée sur 3 côtés par de grandes nappes d’eau produisant des conditions humides. Le peuplement forestier où se trouve l’occurrence de Southeast Placentia est apparemment inéquienne, l’âge des arbres allant de quelques années (régénération) à 180 ans (selon les carottes prélevées). La structure du peuplement est également différente de ce qui a été observé dans le secteur de Hall’s Gullies. Dans le secteur de Southeast Placentia, la hauteur et le diamètre à hauteur de poitrine des arbres sont très variables, étant donné le caractère inéquienne du peuplement. De plus, comme la couverture arborescente est clairsemée (19 %), la lumière du soleil a beaucoup plus d’occasions d’atteindre les thalles d’E. mollissimum poussant sur les troncs, par rapport à ce qui a été observé dans le secteur de Hall’s Gullies.

Nouvelle-Écosse

En Nouvelle-Écosse, l’Erioderma mollissimum se rencontre sur la côte est et sur la côte sud, 2 secteurs situés à proximité de l’océan Atlantique. Le substratum est constitué de diverses roches acides, allant de granites à des grauwackes, des ardoises et des quartzites. Les dépôts de surface sont variables sur la côte est, où ils consistent de drumlins et de tills pierreux, tandis que sur la côte sud les tills pierreux dominent. En Nouvelle-Écosse, l’E. mollissimum se rencontre dans 6 des 80 « paysages naturels » définis aux fins de la classification écologique du territoire. Les paysages naturels où se trouvent les occurrences actuelles de l’E. mollissimum sont tous situés près de la côte Atlantique et ne s’étendent pas à plus de 30 km vers l’intérieur des terres. Les paysages naturels où se rencontre l’E. mollissimum se caractérisent par un terrain légèrement onduleux, formé de collines et drumlins entremêlés de tourbières ombrotrophes et minérotrophes. Les collines mesurent de 30 à 50 m de hauteur et sont séparées par des distances ne dépassant pas 2 km. Les paysages naturels de la côte sud sont moins onduleux : généralement, les collines n’y dépassent pas 25 m de hauteur et sont séparées par des distances d’environ 5 km. La côte sud compte d’assez grandes tourbières ombrotrophes, dont certaines sont en dôme ou en couverture.

En Nouvelle-Écosse, toutes les occurrences de l’E. mollissimum sont situées dans des dépressions. La plupart de ces dépressions se trouvent en terrain plat, mais certaines se trouvent en terrain légèrement incliné (< 2 %) avec orientation nord ou nord-est. Le sapin baumier est présent dans tous les sites d’occurrence, où il représente au moins un tiers de la composition des peuplements. L’érable rouge et l’épinette noire sont des espèces fréquentes. Le bouleau jaune se rencontre à l’occasion, mais il représente toujours moins de 10 % de la composition des peuplements. Des arbres morts sont présents dans tous les sites et représentent jusqu’à 50 % des arbres dans plusieurs sites. Les chablis sont une composante mineure de l’habitat dans 3 des sites. Les carottes prélevées à hauteur de poitrine révèlent que l’âge moyen des arbres est de 65 ans pour l’ensemble des occurrences de Nouvelle-Écosse, mais on observe des variations entre sites (de 45 à 99 ans) ainsi qu’à l’intérieur de chaque site (de 60 à 156 ans à Blandford, par exemple). Diverses classes d’âge sont présentes dans chaque site, mais les peuplements ne sont pas vraiment inéquiennes, car aucune cohorte de jeunes arbres en régénération n’est présente. Malgré la maturité des arbres, leur hauteur moyenne est de seulement 8 m pour l’ensemble des sites, ce qui s’explique par les conditions de croissance médiocres. La structure de la forêt varie selon les occurrences, mais elle est plus régulière à l’intérieur de chaque site. Par exemple, la couverture arborescente est de 14 à 99 % selon les occurrences, mais elle ne varie généralement que d’environ 25 % à l’intérieur de chaque site. La densité des peuplements est également assez variable, allant d’environ 1 300 à plus de 23 000 tiges/ha selon les occurrences. Une couverture arbustive de 3 à 25 % est présente dans chaque site d’occurrence. La couverture herbacée est variable mais peut atteindre 80 % dans certains sites. L’osmonde cannelle (Osmunda cinnamomea) domine la strate herbacée dans tous les sites. Les mousses du genre Sphagnum couvrent au moins 70 % du sol dans chacun des sites. D’autres espèces de mousses sont présentes, mais en quantité moindre (de 5 à 15 % de la couverture basse).

Maass (1983) affirmait que l’E. mollissimum se rencontre en Nouvelle-Écosse dans l’habitat de l’E. pedicellatum. Cependant, les observations des rédacteurs du présent rapport semblent indiquer que l’E. mollissimum a une tolérance écologique un peu plus large que l’E. pedicellatum, sans doute parce qu’il s’accommode d’une gamme plus diverse de substratums rocheux. À Terre-Neuve, dans la presqu’île d’Avalon, l’E. mollissimum a été trouvé uniquement dans l’habitat de l’E. pedicellatum.

Selon un modèle prédictif de l’habitat élaboré pour la Nouvelle-Écosse, l’habitat de l’E. pedicellatumserait morcelé (Cameron et Neily, 2008). Ces auteurs ont élaboré le modèle au moyen d’un SIG, en superposant les couches décrivant le tracé de la côte, la couverture forestière et les milieux humides. Selon ce modèle, l’habitat potentiel de l’E. pedicellatum est constitué de peuplements de sapin baumier situés à moins de 30 km de la côte Atlantique et à moins de 80 m d’une tourbière. La répartition morcelée ainsi obtenue semble également s’appliquer à l’E. mollissimum. La densité d’habitat prédite équivaut à moins de 1 parcelle d’habitat par 100 ha, occupant environ 16 ha par 100 ha. À Terre-Neuve, dans l’Écorégion de la forêt d’Avalon, les forêts sont également morcelées, mais il y a environ 35 peuplements forestiers par 100 ha, occupant 37 ha par 100 ha. Dans l’Écorégion des landes maritimes, également à Terre-Neuve, il y a environ 11 peuplements forestiers par 100 ha, occupant environ 16 ha par 100 ha. Une des limites de l’application du modèle d’habitat de l’E. pedicellatum à l’E. mollissimum est qu’il risque de ne pas décrire tous les types de milieux convenant à l’E. mollissimum. Cependant, Cameron et al. (2007) estiment que l’E. mollissimum a une amplitude écologique à peine plus grande que celle de l’E. pedicellatum et que les 2 espèces ne présentent donc que des différences minimes de superficie et répartition de l’habitat. L’utilité de ce modèle prédictif pour le repérage des milieux convenant probablement à l’E. mollissimum a été confirmée par le fait que les relevés ont finalement permis de trouver l’espèce (voir section « Activités de recherche » ci-dessous et la figure 6).

Microhabitat

À Terre-Neuve, l’Erioderma mollissimum n’a été trouvé que sur des troncs de sapin baumier. En Nouvelle-Écosse, l’E. mollissimum se rencontre sur des troncs de sapin baumier, de bouleau jaune et d’érable rouge. Sur les troncs, les thalles sont situés à une hauteur de 0,8 m à presque 3 m. Leur orientation varie, mais la plupart sont situés sur les côtés nord-est (25 % des thalles), nord-ouest (30 %) ou sud-est (25 %). Tous les arbres où l’E. mollissimum a été observé ont atteint ou dépassé le stade de maturité. L’âge moyen des arbres des peuplements est de 65 ans en Nouvelle-Écosse et de 73 ans à Terre-Neuve. En Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, l’E. mollissimum se rencontre avec un grand nombre de lichens communs dans ces provinces, appartenant notamment aux genres Hypogymnia, Parmelia, Bryoria, Cladonia et Platismatia. En Nouvelle-Écosse, les lichens associés à l’E. mollissimum comprennent des espèces typiques des forêts côtières humides, dont l’Alectoria sarmentosa, le Pseudocyphellaria perpetua, le Pannaria conoplea et le Fuscopannaria ahlneri. Plusieurs cyanolichens rares ou peu communs se rencontrent en Nouvelle-Écosse dans les mêmes milieux que l’E. mollissimum, mais non nécessairement sur les mêmes arbres. De plus, 2 des espèces rares sont l’E. pedicellatum et le Pannaria lurida. Les espèces peu communes de cyanolichens qui se rencontrent fréquemment avec l’E. mollissimum sont le Coccocarpia palmicola, le Degelia plumbea, le Leptogium laceroides, le Lichinodium sirosiphoideum, le Moelleropsis nebulosa subsp. frullaniae, le Pannaria rubiginosa et le Parmeliella parvula. À Terre-Neuve, les espèces rares ou peu communes associées à l’E. mollissimum comprennent l’E. pedicellatum, le Fuscopannaria ahlneri,le Lichinodium sirosiphoideum et le Moelleropsis nebulosa subsp. frullaniae.

Qualité de l’air

En matière d’habitat, une des exigences les plus critiques pour les cyanolichens est la pureté de l’air (absence de polluants) et l’absence de polluants acidifiants dans les précipitations. La sensibilité des lichens à la pollution atmosphérique et aux pluies acides a été bien répertoriée; on trouvera une liste d’études à ce sujet dans Henderson (2000). Les lichens sont sensibles à la qualité de l’air parce qu’ils doivent tirer de l’atmosphère l’eau et les éléments nutritifs dont ils ont besoin et parce qu’ils ne possèdent aucune structure protectrice comparable à la cuticule des plantes vasculaires (Richardson et Cameron, 2004). Les cyanolichens sont particulièrement sensibles aux pluies acides, à l’anhydride sulfureux et aux oxydes d’azote (Gilbert, 1986; Hallingback, 1989; Hawksworth et Rose, 1970; Sigal et Johnston, 1986). Les cyanolichens sont particulièrement touchés, parce que les pluies acides nuisent davantage à la fixation d’azote, essentielle à la survie de ces lichens, qu’à la photosynthèse (Gries, 1996). Cameron et al. (2007) ont constaté qu’en Nouvelle-Écosse, les cyanolichens sont plus sensibles à la pollution que la plupart des autres groupes de lichens. Maass et Yetman (2002) estiment que le déclin de l’Erioderma pedicellatum dans le Canada atlantique est en partie imputable aux pluies acides et à la pollution atmosphérique.

Tendances en matière d’habitat

Les retombées acides affectent encore le Canada atlantique et pourraient donc continuer de réduire la qualité de l’habitat de l’Erioderma mollissimum. L’Évaluation scientifique 2004 des dépôts acides au Canada (Environnement Canada, 2004) révèle que ces retombées ont diminué dans l’est du Canada mais que de grands secteurs continuent d’en recevoir des quantités supérieures aux charges critiques. La charge critique est la quantité maximale de dépôts acides que l’écosystème est en mesure d’assimiler sans subir de dommages appréciables. Elle est calculée d’après les caractéristiques du sol, du substratum, de la végétation, du climat et de la configuration des vents. L’Évaluation scientifiquepropose 2 scénarios, le moins optimiste et le plus optimiste, fondés sur la contribution des oxydes d’azote (NOx) aux précipitations acides. Même dans le cas du scénario le plus optimiste, ce sont le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse (où se trouve la plus grande population connue de l’E. mollissimum) et le sud-ouest du Nouveau-Brunswick qui présentent les dépassements les plus élevés au Canada. La côte est de la Nouvelle-Écosse reçoit également des dépôts dépassant les charges critiques. Dans le fond de la baie de Fundy et la presqu’île d’Avalon, les retombées sont inférieures aux charges critiques selon le scénario le plus optimiste mais supérieures selon le scénario le moins optimiste. Pourtant, dans l’est du Canada, les émissions de SO2 ont diminué de 21 % de 1985 à 2000, et celles de NOx, de 17 %. Plus de 50 % des dépôts d’azote et de soufre affectant la Nouvelle-Écosse et le sud du Nouveau-Brunswick proviennent de l’est des États-Unis ainsi que du sud de l’Ontario et du Québec. Aux États-Unis, les émissions de SO2 ont diminué de 40 % de 1985 à 2000, mais celles de NOxont peu diminué.

De 2000 à 2020, selon les prédictions, les émissions de SO2 devraient diminuer de 21 % dans l’est du Canada, et celles de NOx, de 39 %; aux États-Unis, les émissions de SO2 devraient diminuer de 38 %, et celles de NOx, de 47 %. On ne sait pas si ces diminutions affecteront les dépassements de charge critique.

Certains projets de développement, dont plusieurs à Terre-Neuve et un en Nouvelle-Écosse, pourraient affecter la qualité de l’air à proximité d’occurrences de l’E. mollissimum, malgré les réductions prévues de la pollution globale dans l’est du Canada et aux États-Unis. La Newfoundland and Labrador Refining Corporation a proposé de construire une raffinerie de pétrole au cap Southern, dans la baie de Plaisance. Ce projet en est encore à l’étape de l’évaluation environnementale, et la raffinerie devrait entrer en exploitation en 2011. Elle traitera d’abord 300 000 barils de pétrole brut par jour, et cette production pourra ensuite être haussée à 600 000 barils par jour. La raffinerie sera située à environ 60 km au nord de l’occurrence la plus proche de l’E. mollissimum, celle de Southeast Placentia. Si elle traite 300 000 barils par jour, la raffinerie devrait libérer annuellement 6 589 tonnes de SO2 et 3 228 tonnes de NOx, et ces émissions doubleront si la raffinerie commence à traiter 600 000 barils par jour (Environmental Assessment Report, 2006a). La société Voisey’s Bay Nickel propose de construire une usine de traitement du nickel à Long Harbour, à environ 23 km au nord de la plus proche occurrence de l’E. mollissimum, celle de Southeast Placentia. Ce projet en est également à l’étape de l’évaluation environnementale. Selon la méthode de traitement utilisée, l’usine devrait libérer annuellement de 201 à 212 tonnes de SO2 et de 57 à 94 tonnes de NOx(Environmental Assessment Report, 2006b). Par ailleurs, une expansion possible de la raffinerie de pétrole de Come by Chance, à Terre-Neuve, pourrait faire doubler sa production actuelle, qui est de 115 000 barils par jour (Morgan, 2008) et ainsi accroître les émissions polluantes. On ne sait pas dans quelle mesure la qualité de l’habitat sera affectée par ces projets.

En Nouvelle-Écosse, on propose d’aménager une usine de métallurgie de l’or comprenant une fonderie, à Moose River, à environ 8 km au nord-ouest de la plus proche occurrence de l’E. mollissimum, celle du lac Bear. Cette usine devrait libérer annuellement 14 µg m-3 de SO2, avec des pointes dépassant les niveaux toxiques pour certains lichens sensibles (Environmental Assessment Report, 2007). On ne sait pas dans quelle mesure la qualité de l’habitat sera affectée par ce projet.

Les travaux d’exploitation forestière limitent la superficie d’habitat dont dispose l’E. mollissimum, car ce lichen pousse dans des forêts ayant atteint ou dépassé le stade de maturité (classes d’âge correspondant à un âge supérieur à 60 ans), et ce sont justement ces forêts que recherche l’industrie forestière. À Terre-Neuve, dans le district forestier 1 (Avalon), la distribution des classes d’âge révèle qu’environ 28 % de toute la superficie forestière est occupée par des arbres de 61 à 80 ans, et 23 % par des arbres de 80 ans et plus. Si la récolte demeure inférieure à la possibilité annuelle de coupe (PAC), on prévoit que la classe de 61 à 80 ans représentera seulement 13 % des arbres dans 50 ans et que celle de 80 ans et plus atteindra 34 % (Anon., 2006). En Nouvelle-Écosse, selon les données de couverture forestière, la distribution des classes d’âge la plus récente (mise à jour en 2006) pour les secteurs se trouvant dans l’aire de répartition modélisée de l’E. mollissimum révèle que seulement environ 6 % de la forêt a atteint ou dépassé le stade de maturité (âge supérieur à 60 ans). Cependant, environ 22 % de la superficie forestière totale est considérée comme inéquienne et ne contient donc pas nécessairement de milieux convenant à l’E. mollissimum. Au Nouveau-Brunswick, selon les données de couverture forestière, la distribution des classes d’âge la plus récente (2003 et 2004) pour les secteurs se trouvant dans l’aire de répartition modélisée de l’E. mollissimum révèle qu’environ 40 % des forêts de sapin baumier et d’épinettes se situent dans les classes d’âge supérieures. Environ 32 % de la superficie occupée par des espèces autres que le sapin et les épinettes a atteint ou dépassé le stade de la maturité. Par conséquent, il reste encore des superficies d’habitat potentiel, mais elles sont peut-être limitées par des taux de récolte élevés.

On peut obtenir une indication de taux de récolte forestière en comparant la PAC et le taux réel de récolte. Au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans le district forestier 1 de Terre-Neuve (Avalon), le taux réel de récolte a atteint ou dépassé la PAC durant une récente période de 10 années (Anon., 2006; Ressources naturelles Canada).

L’orignal, récemment introduit à Terre-Neuve, limite probablement l’habitat potentiel de l’E. mollissimumdans cette province. On trouvera des précisions à ce sujet dans la section « Menaces et facteurs limitatifs ».

Certains processus naturels tels que l’abattage des arbres par le vent, les incendies ainsi que les épidémies d’insectes ou de maladies affectent également les forêts des écorégions où se rencontre l’E. mollissimum. Ces processus interagissent avec les effets des activités humaines et pourraient limiter la superficie d’habitat disponible, dès maintenant ou dans l’avenir.

BIOLOGIE

Cycle vital et reproduction

L’Erioderma mollissimum appartient au groupe des cyanolichens, ainsi nommés parce que chez ces lichens un des partenaires de la symbiose est une cyanobactérie. Dans le cas de l’E. mollissimum, cette cyanobactérie appartient au genre Scytonema. La cyanobactérie est capable de photosynthèse et peut donc fournir des glucides au champignon; de plus, elle peut fixer l’azote atmosphérique. Les cyanolichens ont besoin d’humidité pour la fixation d’azote et la photosynthèse (Nash, 1996), parce que l’eau est nécessaire au maintien de leur métabolisme et parce qu’ils ne peuvent pas utiliser pour la photosynthèse l’eau accumulée à partir de l’air humide, comme le font les lichens à algue verte. C’est pourquoi de nombreuses espèces de cyanolichens ne se rencontrent que dans des milieux très humides tels que des forêts pluviales côtières, des forêts de brouillard et des forêts anciennes. La cyanobactérie est en outre sensible à l’acidification du substratum due à la pollution atmosphérique et aux pluies acides (Richardson et Cameron, 2004).

Comme les autres lichens foliacés, l’E. mollissimumobtient les éléments nutritifs dont il a besoin par interception d’aérosols, absorption de gaz et réception de dépôts provenant des précipitations, du brouillard ou de la rosée (Nash, 1996).

Chez l’E. mollissimum, les structures servant à la reproduction sexuée (apothécies) sont extrêmement rares et ont été trouvées une seule fois en Amérique du Nord, sur un thalle poussant à la baie Jones Harbour, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. La reproduction se fait généralement par voie asexuée, au moyen de sorédies ou par fragmentation. Les sorédies sont de petits granules composés de cyanobactéries enveloppées par des hyphes du champignon. Elles peuvent être dispersées par le vent, la pluie ou les animaux. Des thalles en train de se fragmenter ont été trouvés dans 4 (2 en Nouvelle-Écosse et 2 à Terre-Neuve) des 12 sites d’occurrence où des thalles ont été mesurés (tableau 2). À mesure que croît le thalle de l’E. mollissimum, son centre commence à se briser et finit par mourir. Les lobes extérieurs se détachent ainsi des autres lobes et peuvent devenir des thalles distincts. Ce processus ne contribue pas à la dispersion à grande distance, mais il permet un repeuplement local du substrat à partir de thalles mûrs ou en train de mourir. Cependant, il semble que ce ne sont pas tous les thalles qui se reproduisent de cette manière. En effet, dans plusieurs des sites d’occurrence canadiens, de nombreux grands thalles apparemment anciens ne se sont pas fragmentés.

Tableau 2. Nombre de thalles connus, selon le stade du cycle vital et la population, dans le cas de 12 occurrences. Le numéro de chaque stade est indiqué entre parenthèses sous le nom du stade. La numérotation des stades est fondée sur l’existence d’un stade initial peu visible. Les dénombrements ont été effectués de 2006 à 2008.
Population Thalles non fragmentés Thalles fragmentés
  Juvéniles
(2)
Préadultes
(3)
Adultes
(4)
Juvéniles
(5)
Préadultes
(6)
Adultes
(7)
Côte sud de la N.-É. 0 34 23 0 2 3
Côte est de la N.-É. 4 23 1 2 2 0
Avalon (T.-N.) 0 6 0 16 8 0

Selon les mesures prises sur 124 thalles (tableau 2) de 2006 à 2008 (Cameron, Neily, Clayden et Maass, données inédites), il semble que le cycle vital de l’E. mollissimum comporte jusqu’à 7 stades. Comme chez d’autres lichens foliacés, le cycle pourrait comporter un stade initial de dormance et de colonisation durant lequel le thalle est invisible à l’œil nu (Hilmo et Ott, 2002). Durant ce stade 1, le thalle encore juvénile a sans doute une croissance lente (Beschel, 1958; Armstrong, 1974; Hestmark et al., 2004). Au stade 2, le thalle juvénile est visible, mais son diamètre demeure inférieur à 0,5 cm. Au stade 3, le thalle est dit « préadulte » et mesure de 0,6 à 10 cm; les sorédies peuvent être absentes, en train d’apparaître ou entièrement développées mais encore peu nombreuses. Un tel stade a été observé chez d’autres lichens foliacés (Hestmark et al., 2004) et chez d’autres cyanolichens (Cameron et Garbary, données inédites recueillies en 2007 et 2008). Au stade 4, le thalle est dit « adulte »; il mesure plus de 10 cm de diamètre et présente des sorédies, mais il ne s’est pas fragmenté. La fragmentation, si elle survient, commence généralement alors que le thalle mesure de 6 à 10 cm de diamètre. Un stade de sénescence peut suivre : la croissance cesse, et le thalle se désintègre (Armstrong, 1974; Hestmark et al., 2004). Chez l’E. mollissimum, le thalle peut se fragmenter durant ce stade de sénescence, et les fragments peuvent reprendre le cycle vital à un stade de croissance équivalant aux stades 2 ou 3. Chaque fragment est désormais considéré comme un individu, parce qu’il semble croître et se reproduire par lui-même. Au stade 5, le fragment est encore petit (diamètre inférieur à 0,5 cm) et ne possède pas de sorédies; il est donc considéré comme un fragment juvénile. Au stade 6, le fragment est préadulte : il mesure de 0,5 à 2,0 cm de diamètre et présente des sorédies dans 50 % des cas. Au stade 7, le fragment mesure plus de 2,0 cm et produit des sorédies.

Hestmark et al., (2004) ont constaté que les espèces à croissance lente produisent davantage de grands thalles sans structures de reproduction sexuée que les espèces à croissance plus rapide, qui produisent davantage de petits thalles se reproduisant par voie sexuée. Les apothécies sont rares chez l’E. mollissimum, mais cette espèce semble appartenir au deuxième groupe quant à la production de sorédies. En effet, une fois établi dans une localité, l’E. mollissimumpeut atteindre la maturité reproductive assez rapidement.

Dans une localité donnée, lorsque les classes de taille présentent une distribution exponentielle négative (grand nombre d’individus de petite taille et nombre moindre d’individus de grande taille), cela peut indiquer que la population est stable ou en croissance (Armstrong, 1988; Hestmark et al., 2004). Dans le cas de l’E. mollissimum, les données recueillies de 2006 à 2008 révèlent qu’une telle répartition existe dans seulement 2 des 12 occurrences où des thalles ont été mesurés (l’occurrence du lac Fuller, en Nouvelle-Écosse, et l’occurrence 3 de Hall’s Gullies, à Terre-Neuve). De plus, dans ces 2 sites, le nombre de thalles présents est si petit qu’on ne peut pas déterminer si la courbe correspond réellement à une distribution exponentielle négative. Dans le site Hall’s Gullies 3, tous les juvéniles, sauf 1, proviennent de fragments; au lac Fuller, plus de 60 % des juvéniles proviennent de fragments. La fragmentation est donc peut-être importante pour la survie à long terme de l’espèce dans les localités où elle est déjà établie, tandis que les sorédies seraient plus importantes pour la dispersion et la persistance à l’échelle du paysage.

Au site de l’étang Otter, en Nouvelle-Écosse, on observe une fréquence élevée d’adultes appartenant aux classes de taille inférieures. Cela pourrait indiquer que cette occurrence s’est établie assez récemment, les thalles venant d’atteindre le stade adulte et ne produisant pas encore de juvéniles. La distribution des classes de taille observée à l’étang Otter pourrait aussi s’expliquer par une croissance très lente des thalles, qui ferait que les adultes sont vieux mais petits, mais cette hypothèse est improbable étant donné l’abondance d’autres cyanolichens dans le site.

Dans tous les autres sites d’occurrence, la distribution des classes de taille se caractérise par une fréquence élevée de grands thalles dont la plupart sont adultes. Il semble donc y avoir un faible recrutement de nouveaux individus, à partir de sorédies ou de fragments.

Herbivores

On sait que les lichens sont broutés par de nombreux groupes d’invertébrés, dont les thysanoures, les collemboles, les psocoptères, les chenilles de lépidoptères, les acariens oribates et les gastéropodes (Sharnoff et Rosetreter, 1998). Sur les 96 thalles d’Erioderma mollissimum observés de 2006 à 2008, 12 (13 %) présentaient des signes de broutage. La superficie de thalle brouté allait de 1 à 20 %. Dans la plupart des cas, le broutage semblait caractéristique de petits invertébrés tels qu’acariens oribates ou collemboles. Seulement 3 thalles présentaient un broutage caractéristique de gastéropodes (Sharnoff et Rosetreter, 1998). Cameron (données inédites recueillies de 2003 à 2008) a constaté que 3 espèces de gastéropodes se nourrissent communément de cyanolichens en Nouvelle-Écosse : le Pallifera dorsalis est une petite limace indigène, tandis que l’Arion subfuscus et le Deroceras reticulatum sont des espèces agressives de plus grande taille introduites d’Europe (Davis, 1992). Cameron a trouvé ces 3 espèces de limaces sur la côte est de la Nouvelle-Écosse, où elles consommaient plusieurs espèces rares de cyanolichens, dont l’E. pedicellatum et le Coccocarpia palmicola. Seulement 20 % des limaces arboricoles trouvées appartenaient à l’espèce indigène P. dorsalis; la plupart des autres (70 %) étaient de l’espèce A. subfuscus, et quelques-unes, de l’espèce D. reticulatum.

Physiologie

Aucune étude n’a été publiée sur la physiologie de l’Erioderma mollissimum. Cependant, on peut faire quelques inférences à cet égard en se fondant sur l’habitat et la répartition géographique de l’espèce. La proximité de la côte et de milieux humides semble indiquer que le lichen a besoin de conditions très humides, comme dans le cas d’autres cyanolichens. L’absence de l’E. mollissimum sur les arbres à écorce acide tels que les pins, les épinettes et le bouleau à papier semble indiquer qu’il possède à cet égard une sensibilité semblable à celle de la plupart des cyanolichens. Maass (2000) a constaté que l’écorce externe des phorophytes de l’E. mollissimum (sapin baumier, érable rouge et bouleau jaune) est moins acide que celle des autres arbres présents dans le milieu (épinettes). Cela pourrait expliquer en partie la sensibilité de l’E. mollissimum aux polluants capables d’acidifier l’écorce des arbres hôtes.

Déplacements et dispersion

Le vent, l’eau et les animaux sont les agents de dispersion de l’Erioderma mollissimum. Comme la distance atteinte par les sorédies ne dépasse généralement pas quelques centaines de mètres en forêt, la capacité de dispersion de l’espèce est sans doute limitée (Richardson et Cameron, 2004; Walser, 2004), d’autant plus que les apothécies (produisant les spores) sont extrêmement rares. Plusieurs études laissent croire que le Lobaria pulmonaria, lichen produisant des sorédies et renfermant à la fois des algues vertes et des cyanobactéries, est davantage limité par sa capacité de dispersion que par son habitat (Öckinger et al., 2005; Sillet et al., 2000). Il pourrait en être de même pour l’E. mollissimum. Des relevés menés dans des parcelles d’habitat potentiel prédites pour l’E. pedicellatum en Nouvelle-Écosse montrent que l’E. mollissimum est présent dans seulement 6 % de ces parcelles (on trouvera une description de ces parcelles dans la section « Exigences en matière d’habitat », sous « Nouvelle-Écosse »). Les parcelles prédites ont une répartition clairsemée en Nouvelle-Écosse, la distance moyenne entre parcelles étant de 1,2 km. L’E. mollissimumpourrait donc être limité en Nouvelle-Écosse par sa capacité de se disperser d’une parcelle à l’autre.

Relations interspécifiques

Parmi les 96 thalles d’Erioderma mollissimumobservés au Canada de 2006 à 2008, 5 étaient en train d’être recouverts par d’autres lichens, le Platismatia glauca,le Parmelia sulcata, le Pseudocyphellaria perpetua, le Lobaria pulmonariaet le L. quercizans. Dans chaque cas, de 5 à 70 % du thalle d’E. mollissimum était ainsi recouvert par celui d’une autre espèce. La partie recouverte de chaque thalle était morte ou nécrosée. Normalement, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, les phorophytes de l’E. mollissimumprésentent une abondance de mousses, hépatiques et lichens épiphytes.

Adaptabilité

L’Erioderma mollissimum semble capable de survivre longtemps en milieu favorable, étant donné sa présence à long terme (une vingtaine d’années) dans deux sites de Nouvelle-Écosse. Il peut s’établir sur une variété de substrats. Par conséquent, si un type de substrat cesse d’être disponible, l’espèce pourrait s’établir et persister sur d’autres types de substrats.

 Par contre, l’E. mollissimum ne semble pas bien adapté aux perturbations affectant la forêt à l’échelle régionale ou locale, car il a besoin de conditions très humides. Les changements survenant localement dans la structure de la forêt peuvent altérer les microclimats et modifier à la baisse le régime d’humidité local. Par exemple, la disparition du dernier thalle d’E. pedicellatum existant en Suède a été attribuée à une coupe à blanc pratiquée à proximité (Purvis, 2000). Comme ce lichen a besoin de conditions très humides, il est peut-être incapable de survivre à ce type de perturbation. Les grandes perturbations visant l’ensemble du peuplement sont sans doute nuisibles à l’E. mollissimum, étant donné sa capacité de dispersion limitée.

TAILLE ET TENDANCES DES POPULATIONS

Abondance

Au Canada, l’Erioderma mollissimum compte 183 thalles dont l’identification a été vérifiée de 2006 à 2008 (Cameron et al.,données inédites). Parmi ces thalles, 133 sont adultes, et 50 sont juvéniles. Les thalles sont considérés comme adultes s’ils portent des sorédies ou des apothécies. Les fragments qui semblent séparés les uns des autres ou par rapport au thalle parental sont considérés comme des individus distincts. E. Conway a découvert 2 autres occurrences de l’E. mollissimum, dans le secteur de Hall’s Gullies, à Terre-Neuve, et leur identité a été vérifiée par C. Scheidegger en 2008. C’est la Nouvelle-Écosse qui compte le plus grand nombre d’occurrences (20) et le plus grand nombre de thalles (141). Terre-Neuve compte 4 occurrences réunissant en tout 42 thalles. Cependant, ces différences entre provinces peuvent être dues en partie à des différences dans les activités de recherche. Au Nouveau-Brunswick, des relevés lichénologiques à grande échelle ont été menés le long de la baie de Fundy. Ces relevés portaient sur l’E. mollissimum, le Degelia plumbea et d’autres lichens, mais ils n’ont pas permis de trouver l’E. mollissimum.

La plupart des occurrences se composent de seulement quelques thalles. Dans le cas des occurrences comptant un plus grand nombre de thalles, ceux-ci se trouvent sur seulement 1 ou 2 arbres. Les occurrences comptant une abondance de thalles (dont l’occurrence 2 du chemin Lake John et l’occurrence 3 de Hall’s Gullies) semblent provenir de fragments détachés d’un thalle parental unique. Les occurrences sont généralement dispersées dans le paysage.

Il est possible d’estimer l’effectif total de l’E. mollissimum en Nouvelle-Écosse en utilisant le modèle d’habitat de l’E. pedicellatum, car l’E. mollissimum se rencontre dans l’habitat de l’E. pedicellatum. Les rédacteurs du présent rapport ont exploré 289 des 13 852 parcelles d’habitat prédites par le modèle, soit environ 2 % de ces parcelles, afin d’y rechercher l’E. mollissimum. Ils ont pu dénombrer 84 adultes dans cet échantillon de parcelles. On obtient ainsi une moyenne de 0,29 adulte par parcelle (avec un intervalle de confiance à 95 % de plus ou moins ±0,194). Selon une estimation faite à partir de cet échantillon, l’effectif total de l’espèce, en Nouvelle-Écosse, s’établirait à 4 017 adultes (avec un intervalle de confiance à 95 % de plus ou moins 2 687). Comme les intervalles de confiance sont très larges, il faut interpréter ces résultats avec prudence. De plus, comme les sites d’échantillonnage n’ont pas été choisis de façon aléatoire ou systématique, il se peut que l’E. mollissimum soit présent dans un plus grand nombre de parcelles que l’E. pedicellatum. De plus, Cameron et Neily (2008) ont relevé des inexactitudes dans la caractérisation forestière associée à certaines des couches SIGutilisées pour le modèle d’habitat.

La population d’E. mollissimum du Canada atlantique semble gravement fragmentée. Le COSEPAC considère qu’une population est gravement fragmentée si elle se compose de petites sous-populations isolées augmentant le risque de disparition. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (UICN, 2008) considère qu’une population est gravement fragmentée si plus de 50 % de la zone d’occupation totale est constituée de parcelles d’habitat qui (1) abritent chacune un effectif inférieur à l’effectif minimal viable et (2) sont séparées l’une de l’autre par une grande distance. Toutes les sous-populations du Canada atlantique sont séparées l’une de l’autre par plus de 80 km, ce qui est plus que la distance minimale de 50 km suggérée par l’UICNpour les espèces ne produisant pas de spores. L’E. mollissimum peut produire des spores, mais le fait très rarement; les principaux mécanismes de dispersion sont donc la production de sorédies et la fragmentation. Selon le modèle d’habitat de l’E. pedicellatum, la Nouvelle-Écosse renferme des parcelles d’habitat potentiel entre les sous-populations de la côte sud et celles de la côte est. Cependant, bon nombre de ces parcelles ont été explorées et se sont révélées non occupées par l’E. mollissimum, et leur isolement est maintenu par les interventions humaines touchant le paysage (voir la section « Facteurs limitatifs et menaces »). L’effectif minimal viable n’a pas été déterminé pour l’E. mollissimum.

Fluctuations et tendances

Certaines observations semblent indiquer que l’Erioderma mollissimum est peut-être en déclin en Nouvelle-Écosse. De 1979 à 1982, Maass a répertorié 12 occurrences de cette espèce en Nouvelle-Écosse (Maass, 1983; Maass, 1997; Maass, 2000). Dans 9 de ces 12 localités, on n’a pas pu retrouver l’E. mollissimum au moment des visites effectuées de 1984 à 2008. Une des occurrences n’a pas été visitée à nouveau, et seulement 2 abritaient encore l’E. mollissimum. Maass (2000) attribue la plus grande partie de ce déclin à la pollution atmosphérique, sauf dans le cas de 2 occurrences, l’une disparue à cause d’un porc-épic, et l’autre à cause d’un changement microclimatique imputable à une coupe à blanc pratiquée à proximité. Le déclin de l’E. mollissimum pourrait aussi être imputé au renouvellement naturel de la population, des parcelles d’habitat voisines ayant pu être colonisées. Cameron et al. (2007)estiment que cette explication est peu probable, car les recherches extensives réalisées dans les parcelles voisines de parcelles autrefois occupées n’ont pas permis de trouver de nouvelles populations. De plus, puisque certaines des occurrences signalées par Maass existent encore, on peut conclure que l’E. mollissimum est capable de persister plus de 20 ans dans une même localité. Les données qui précèdent nous permettent d’établir qu’un déclin de 30 % est survenu en 10 ans. En effet, comme 9 occurrences sur 11 sont disparues en 24 ans, on peut en déduire un taux annuel de déclin de – 3,4 %, ce qui équivaut à un déclin de 30 % en 10 ans.

Cameron et al. (2007)soupçonnent que le temps requis pour trouver l’E. mollissimum en Nouvelle-Écosse devait être moindre vers le début des années 1980 qu’il ne l’est aujourd’hui. En effet, Maass a recherché les cyanolichens dans 46 parcelles d’habitat potentiel de l’E. pedicellatum, en Nouvelle-Écosse, et il a trouvé l’E. mollissimum dans 10 de ces parcelles. Il semble donc qu’environ 22 % (10/46) des parcelles d’habitat étaient occupées par l’E. mollissimum vers le début des années 1980. Or, les relevés effectués de 2004 à 2008 dans des parcelles d’habitat différentes ont permis de trouver l’E. mollissimum dans 18 de ces 289 parcelles. On peut en conclure que l’espèce n’occupe plus aujourd’hui que 6 % des parcelles d’habitat potentiel. Cependant, il faut faire preuve de prudence lorsqu’on compare les taux d’occupation obtenus au moyen des 2 études, car leurs méthodes étaient différentes à plusieurs égards. En effet, les parcelles d’habitat potentiel ont été établies par des méthodes différentes, et il se peut que l’intensité des activités de recherche ait également été différente. De plus, des parcelles d’habitat différentes ont été explorées dans le cadre des 2 études, et elles ont été choisies subjectivement dans les 2 cas. Les données d’occupation permettent de calculer que le déclin a été de 26,5 % en 10 ans. En effet, en 24 ans, le taux d’occupation est passé de 22 à 16 %, ce qui donne un taux annuel de déclin de - 3,0 % et donc un déclin de 27 % en 10 ans.

Les données actuelles ne permettent pas d’établir des tendances pour Terre-Neuve, car l’espèce n’y a été découverte que récemment. Cependant, Goudie et Conway (2007) ont constaté que les populations d’E. pedicellatum des sites qu’ils ont étudiés, à Lockyer’s Waters et à Southeast Placentia, présentent des taux annuels de déclin respectifs de 0,091 et de 0,167. Comme l’E. mollissimum se rencontre dans le même habitat que l’E. pedicellatum à Terre-Neuve et qu’il est sensible à bon nombre des mêmes menaces et facteurs limitatifs, il est raisonnable de supposer que l’E. mollissimum connaît un déclin semblable à celui de l’E. pedicellatum.

Seulement 2 occurrences de l’E. mollissimum ont été signalées au Nouveau-Brunswick, et les 2 sont disparues. La localité type de l’espèce, découverte en 1906, a été fouillée périodiquement depuis le début des années 1980 jusqu’en 2005, tandis que l’autre site, situé dans le parc national Fundy, a été revisité en 2008. Malgré ces recherches intensives, aucun thalle d’E. mollissimum n’a été retrouvé.

Immigration de source externe

À l’extérieur du Canada, la population d’Erioderma mollissimum la plus proche se trouve dans les monts Great Smoky, au Tennessee et en Caroline du Nord, soit à environ 1 800 km au sud-ouest de l’occurrence canadienne la plus proche. Une immigration à partir de la population se trouvant aux États-Unis est donc très improbable.

FACTEURS LIMITATIFS ET MENACES

Pollution

Les cyanolichens, dont l’Erioderma mollissimum, sont extrêmement sensibles à la pollution atmosphérique et aux pluies acides (Richardson et Cameron, 2004). L’anhydride sulfureux (SO2) est un gaz polluant qui peut se dissoudre dans l’eau et qui produit alors de l’acide sulfureux non dissocié ainsi que des ions sulfite ou bisulfite, selon l’acidité de la solution. Or, le soufre se trouvant sous toutes ces formes est très réactif dans les êtres vivants. Lorsque le SO2 est libéré à faible hauteur (par les cheminées de centrales au charbon ou les usines, par exemple), il peut se dissoudre dans la pellicule d’eau se trouvant à la surface du thalle humide ou même à l’intérieur de ce thalle.

En solution, le SO2 est toxique pour les cyanolichens, y compris ceux du genre Erioderma, et cette toxicité est maximale en présence de conditions acides. Les ions sulfite constituent la forme de soufre la moins toxique pour les êtres vivants. Les cyanolichens et les autres lichens sensibles, lorsqu’ils sont exposés à du SO2 dissous, peuvent mieux prospérer si leur substrat a un pH élevé. Comme les fortes émissions de SO2ne sont pas aussi communes qu’autrefois, les cyanolichens du Canada atlantique sont aujourd’hui moins affectés par cette forme de pollution (Richardson, 2008).

Lorsque le SO2est émis par de hautes cheminées, il est souvent accompagné d’oxydes d’azote (NOx) associés à une température élevée de combustion du charbon ou du pétrole. Ces composés restent relativement longtemps dans l’atmosphère avant d’être lessivés par la pluie. L’anhydride sulfureux (SO2) peut alors s’oxyder en anhydride sulfurique (SO3), surtout en présence de particules métalliques, et l’anhydride sulfurique réagit avec l’eau pour former de l’acide sulfurique. Les pluies acides renferment une combinaison d’acide sulfurique et d’acide nitrique formé à partir des oxydes d’azote. C’est l’ion hydrogène que renferment les pluies acides qui les rend toxiques, car il affecte les membranes cellulaires, acidifie les substrats et lessive du lichen le calcium et les métaux semblables (Richardson, 2008).

Les retombées acides ont diminué dans l’est du Canada, mais de vastes secteurs de cette région continuent de recevoir des dépôts acides dépassant les charges critiques. Ces dépassements sont plus prononcés au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse qu’à Terre-Neuve. La diminution prévue des émissions de SO2 et de NOx dans l’est du Canada et aux États-Unis devrait aider à réduire les répercussions négatives de ce facteur sur la qualité de l’habitat de l’E. mollissimum. Cependant, les projets d’expansion industrielle en cours au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve pourraient avoir un effet inverse et risquent de provoquer une réduction des effectifs locaux de l’E. mollissimum. En Nouvelle-Écosse, on propose de construire une usine de métallurgie de l’or à Moose River, à moins de 8 km d’une occurrence de l’E. mollissimum. À Terre-Neuve, on propose de construire une raffinerie de pétrole et une usine de métallurgie du nickel dans la presqu’île d’Avalon, respectivement à 60 et à 23 km d’occurrences de l’E. mollissimum. Au Nouveau-Brunswick, on propose un agrandissement important de la raffinerie de pétrole de Saint-Jean; ce projet est actuellement à l’étape de la conception (Canadian Press, 2008). La raffinerie ainsi agrandie pourrait traiter jusqu’à 300 000 barils de brut par jour, ce qui affecterait la qualité de l’habitat de l’E. mollissimum autour de la baie de Fundy.

Brouillard

Des analyses préliminaires de la fréquence du brouillard semblent indiquer que cette fréquence a beaucoup diminué au cours des dernières décennies le long de la côte Atlantique, en Nouvelle-Écosse, ainsi que dans la presqu’île d’Avalon, dans le sud-est de Terre-Neuve (Beauchamp et al., 1998; Muraca et al., 2001). L’Erioderma mollissimumest probablement une espèce très sensible à la sécheresse, tout comme l’E. pedicellatum, le Cavernularia hultenii (Maass, 1981) et plusieurs autres lichens se rencontrant principalement dans les forêts côtières brumeuses. Si les diminutions de la fréquence du brouillard sont confirmées par des études plus poussées, toutes ces espèces de lichens pourraient être affectées.

Broutage par l’orignal

À Terre-Neuve, l’orignal est en train de réduire la superficie d’habitat potentiel de l’Erioderma mollissimum. Ce mammifère a été introduit dans l’île en 1878, puis à nouveau en 1904. Avec la disparition du loup, la population d’orignal a rapidement pris de l’expansion. Aujourd’hui, les densités d’orignaux sont élevées (McLaren et al., 2004). L’orignal broute de préférence le bouleau et le sapin (phorophytes privilégiés par l’E. mollissimum), ce qui limite le rétablissement de ces arbres dans les zones soumises à des coupes forestières ou à des perturbations naturelles (Bergerud et Manuel, 1968). Les secteurs intensément broutés sont devenus si étendus que les forestiers et les écologistes en viennent à craindre pour l’avenir du sapin baumier comme composante majeure de la forêt. Comme le sapin baumier est le seul phorophyte connu de l’E. mollissimum à Terre-Neuve, la disparition ou le déclin de peuplements de ce conifère aurait des conséquences graves pour l’E. mollissimum.

Exploitation forestière

L’exploitation forestière provoque également un déclin des zones d’habitat potentiel de l’Erioderma mollissimum. Cette menace est particulièrement grave en Nouvelle-Écosse, où les récoltes annuelles ont atteint ou dépassé les niveaux durables au cours des 10 dernières années. Ainsi, une superficie de plus en plus petite de forêt ayant atteint ou dépassé la maturité est disponible pour l’E. mollissimum. Par exemple, en 1958, 25 % des forêts de Nouvelle-Écosse étaient d’âge supérieur à 80 ans, alors que cette proportion est d’à peine 1 % aujourd’hui (Pannozzo et Colman, 2008).

À Terre-Neuve, une coupe forestière est prévue pour le secteur où se trouve la plus grande population connue de l’E. mollissimum. On ne peut pas établir avec certitude l’efficacité des bandes tampons proposées pour la protection de l’E. mollissimum dans les zones de coupe. La bande tampon de 20 ou 30 m déjà employée pour l’E. pedicellatum a donné des résultats variables (Cameron et Neily, 2007). Rheault et al., (2003), au Canada, ainsi qu’Esseen et Renhorn (1998), en Suède, ont établi que les lichens fruticuleux subissent des effets de bordure jusqu’à 50 m à l’intérieur de la forêt, à partir de la limite du parterre de coupe.

Une intensité élevée d’activités humaines dans le paysage peut également affecter la qualité de l’habitat de l’E. mollissimum. Les activités telles que la construction de chemins et la coupe à blanc peuvent affecter le micro-climat des forêts environnantes. Par exemple, la présence d’un chemin peut affecter les conditions hydrologiques en interceptant l’eau de pluie, en concentrant le ruissellement et en détournant le drainage naturel (Cameron, 2006), et ces conséquences peuvent à leur tour affecter les milieux humides dont a besoin l’E. mollissimum. Un taux élevé de récolte à l’échelle du paysage peut augmenter les effets du vent et du dessèchement dans les forêts voisines (Hunter, 1990). Comme l’E. mollissimum a besoin de conditions très humides, il est particulièrement sensible aux perturbations.

Développement foncier des secteurs côtiers

Un autre facteur pouvant menacer l’Erioderma mollissimum serait la disparition de forêts aux fins d’autres utilisations du territoire. Par exemple, le ministère des Richesses naturelles de Terre-Neuve-et-Labrador (Anon., 2006) estime que le taux de transformation des terres forestières en terres utilisées à d’autres fins (chalets, agriculture, résidences, chemins, etc.) est d’environ 1 200 ha par 5 ans dans la presqu’île d’Avalon. Ce ministère prédit en outre que la tendance devrait s’accélérer au cours des prochaines années. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, le développement foncier des secteurs côtiers se poursuit, mais on ne dispose d’aucune donnée sur le taux de disparition des forêts. La Municipalité régionale d’Halifax est la municipalité qui connaît la croissance la plus rapide en Nouvelle-Écosse, et le nombre de nouveaux quartiers a plus que doublé de 1998 à 2005, passant de 429 à 883. Cameron et al. (2007) estiment que cette expansion équivaut à la perte de 700 à 5 000 ha de forêt.

Le développement foncier des secteurs côtiers est associé à une hausse du tourisme, ce qui accroît la circulation de personnes et de véhicules moteurs et entraîne la disparition de milieux naturels pour l’aménagement de chemins, de sentiers, de stationnements et d’autres infrastructures. Un exemple de ce type de répercussions, visant une zone où l’E. mollissimumpourrait être présent, est fourni par l’aménagement du parc Sentier Fundy, qui comprend 16 km de sentiers et 11 km de route et a accueilli 400 000 visiteurs depuis 1998 (Tourisme et Parcs du Nouveau-Brunswick, 2006).

PROTECTION, STATUTS ET CLASSIFICATIONS

Protection et statuts prévus par la loi

L’Erioderma mollissimum ne jouit d’aucun statut juridique particulier dans l’une ou l’autre des provinces canadiennes.

En Nouvelle-Écosse, comme l’occurrence du parc provincial Thomas Raddall se trouve dans un parc provincial, elle est entièrement protégée contre l’urbanisation ou les récoltes, mais elle demeure peut-être exposée aux effets de la pollution atmosphérique à grande distance. Toutes les autres occurrences de la province se trouvent dans des secteurs ne jouissant actuellement d’aucune protection juridique permanente.

Statuts et classifications non prévus par la loi

L’Erioderma mollissimum figure sur la Liste rouge de la Nouvelle-Écosse, et il est considéré comme « possiblement en péril » (May be at Risk) au Nouveau-Brunswick. Le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique lui a attribué la cote S1. À l’échelle mondiale, on a attribué à l’espèce la cote G4G5. On trouvera des précisions sur la protection de l’habitat dans la section « Protection et propriété ».

Protection et propriété

L’occurrence de Blandford est située sur un terrain qui appartient à Conservation de la nature Canada et sera préservé aux fins de protection de la biodiversité. De plus, 2 des occurrences se trouvant sur des terres de la Couronne, celles du lac Webber et de l’étang Dooks, sont situées à l’intérieur d’une zone destinée à la conservation, le Ship Harbour Long Lake Candidate Wilderness Area, et il est probable que les 2 occurrences feront partie des secteurs qui seront désignés en 2009. L’occurrence 1 du chemin Clyde River et l’occurrence du lac Bon Mature sont également situées sur des terres de la Couronne. Au total, 3 autres occurrences, celles du lac Fuller, de l’étang Otter et du ruisseau Martin, sont situées sur des terrains appartenant à des sociétés d’exploitation forestière. Les 10 autres occurrences de Nouvelle-Écosse sont situées sur des terrains appartenant à des particuliers. À Terre-Neuve, toutes les occurrences vérifiées de l’Erioderma mollissimum sont situées sur des terres de la Couronne.

REMERCIEMENTS ET EXPERTS CONTACTÉS

Les rédacteurs aimeraient remercier David Richardson, qui leur a transmis des résultats de recherche et d’autres renseignements recueillis dans le cadre de son évaluation de l’Erioderma mollissimum à Terre-Neuve, ainsi que les membres du Sous-comité de spécialistes des mousses et lichens du COSEPAC, qui leur ont fait d’utiles suggestions sur le présent rapport. Eugene Conway et Claudia Hanel, qui ont été les premiers à trouver l’E. mollissimum à Terre-Neuve, ont signalé aux rédacteurs les nouvelles occurrences de l’espèce et leur ont fourni un moyen de transport et une aide logistique pour les travaux de terrain. Bill Clarke, Ian Goudie et Mac Pitcher ont participé aux activités de recherche à Terre-Neuve. Frances Anderson et Harold Clapp ont guidé les rédacteurs jusqu’au site de l’occurrence qu’ils venaient de découvrir en Nouvelle-Écosse et les ont accompagnés durant de nombreux relevés de terrain. L’obtention de données SIG de couverture forestière a été facilitée par Bill Clarke et Basil English, à Terre-Neuve, ainsi que par Pascal Giasson et Annette Reid, au Nouveau-Brunswick.

Les experts suivants ont fourni des renseignements sur certaines occurrences de l’E. mollissimum ou sur certaines parcelles d’habitat potentiel de cette espèce dans le Canada atlantique :

Frances Anderson. Research Associate, Nova Scotia Museum of Natural History, Halifax.
Harold Clapp. Research volunteer, Smith Cove (Nouvelle-Écosse).
Eugene Conway. Newfoundland Lichen Education and Research Group, Conception Harbour.
Claudia Hanel. Ecosystem Management Ecologist (Botanist), Wildlife Division, Department of Environment and Conservation de Terre-Neuve-et-Labrador, Cornerbrook.
Mac Pitcher. Salmonier Nature Park, Department of Environment and Conservation de Terre-Neuve-et-Labrador.

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SOMMAIRE BIOGRAPHIQUE DES RÉDACTEURS DU RAPPORT

Robert Cameron étudie les lichens depuis plus de dix ans. Il a d’abord obtenu une maîtrise en biologie de l’Université Acadia (Acadia University), où il a étudié les effets des pratiques forestières sur les lichens. Plus récemment, M. Cameron a étudié les effets de la pollution atmosphérique sur les lichens en général, sur les cyanolichens des forêts côtières et plus particulièrement sur l’érioderme boréal. Robert Cameron détient un B.Sc.F. en biologie des espèces sauvages de l’Université du Nouveau-Brunswick (University of New Brunswick). Il travaille actuellement comme écologiste à la Direction générale des zones protégées (Protected Areas Branch) du ministère de l’Environnement et du Travail de la Nouvelle-Écosse, où il est responsable du programme de recherche sur les zones protégées.

Thomas Neily est botaniste consultant et détient un diplôme de botanique du Collège MacDonald, à Montréal. M. Neily possède une vaste expérience des relevés botaniques, dont de nombreuses études sur les lichens. Depuis trois ans, il s’intéresse aux cyanolichens rares de Nouvelle-Écosse, et il a été coauteur de plusieurs articles scientifiques sur ce sujet.

Stephen Clayden est conservateur de botanique et mycologie au Musée du Nouveau-Brunswick, où il a établi une collection de lichens qui compte maintenant plus de 15 000 spécimens. Il a obtenu un Ph.D en lichénologie de l’Université de Londres (University of London), pour ses études sur la systématique et le cycle vital des lichens du genre Rhizocarpon, après avoir obtenu une maîtrise ès sciences de l’Université de Montréal, pour ses recherches sur la succession après feu des lichens des affleurements rocheux du nord-ouest du Québec. Il est auteur ou coauteur de 18 articles scientifiques et de nombreux rapports, dont le rapport de situation du COSEPAC sur le Pseudevernia cladonia. Il est également coauteur du rapport du COSEPAC intitulé The Rare Lichens of Canada: a Review and Provisional Listing.

Wolfgang Maass mène des recherches en botanique depuis plus de 50 ans. Après avoir obtenu un Ph.D en 1957, il a passé plusieurs années à faire des recherches en Allemagne, notamment à l’Institut Max Planck. En 1960, M. Maass a émigré au Canada, où il a commencé à travailler au Conseil national de recherches du Canada (CNRC), notamment sur les sphaignes et les lichens. Il a pris sa retraite du CNRCen 1986, mais il a ensuite poursuivi ses recherches sur les lichens. Wolfgang Maass est auteur principal du rapport de situation du COSEPAC sur l’Erioderma pedicellatum.

COLLECTIONS EXAMINÉES

Tous les spécimens récoltés ou examinés dans le cadre de la préparation du présent rapport sont énumérés à l’annexe 1.

Annexe I. Sommaire des travaux de terrain menés aux fins de l’évaluation de la situation de l’Erioderma mollissimum en 2007 et 2008.
Date Secteur visité But de la visite E. mollissimumtrouvé? Récoltes Photo
8 sept. 07 Hall’s Gullies, T.-N. Vérifier 3 occurrences possibles Présence confirmée dans 1 occurrence; absence confirmée dans 2 occurrences S.R.Clayden, NMB 1750, 1751 Oui
10 sept. 07 Hall’s Gullies, T.-N. Vérifier 2 occurrences possibles Présence confirmée dans les 2 occurrences   Oui
11 sept. 07 Southeast Placentia, T.-N. Vérifier 1 occurrence possible Présence confirmée   Oui
7 oct. 07 Lac Bear Vérifier 1 occurrence Présence confirmée   Oui
9 oct. 07 Étang Otter, étang Dooks et lac Fuller, N.-É. Vérifier 3 occurrences possibles Présence confirmée dans les 3 occurrences Étang Otter Oui
20 oct. 07 Blandford, N.-É. Vérifier 1 occurrence possible Présence confirmée   Oui
28 oct. 07 Chemin Lake John, N.-É. Vérifier 2 occurrences possibles Présence confirmée dans les 2 occurrences   Oui
8 nov. 07 Chemin Clyde River 1 et 2 Découvrir 2 nouvelles occurrences     Non
9 nov. 07 Ruisseau Martin Découvrir 1 nouvelle occurrence     Non
15 nov. 07 Lac Webber, N.-É. Vérifier 1 occurrence possible Présence confirmée   Oui
28 nov. 07 Colline Canada 1 et 2 Découvrir 2 nouvelles occurrences     Non
7 déc. 07 Lac Bon Mature Découvrir 1 nouvelle occurrence     Non
18 déc. 07 Étang Robarts Découvrir 1 nouvelle occurrence     Non
7 janvier 08 Glenwood Vérifier 1 occurrence passée Absence confirmée   Non
9 janvier 08 Lac Haley Découvrir 1 nouvelle occurrence     Oui
31 janvier 08 Parc provincial Thomas Raddall et Port L’Hebert Découvrir 2 nouvelles occurrences     Non
12 mars 08 Baie Jones Harbour Découvrir 1 nouvelle occurrence   Récolte de petits lobes de thalles fertiles Oui
Annexe II. Classe de maturité et dimensions des thalles dans 13 occurrences de l’Erioderma mollissimum du Canada atlantique. La largeur a été mesurée en termes de distance horizontale maximale, et la hauteur, en termes de distance verticale maximale. Les stades du cycle vital ont été simplifiés aux fins du présent tableau.
Occurrence Province Immature Mature Fragment immature Fragment mature
Largeur
(cm)
Hauteur
(cm)
Largeur
(cm)
Hauteur
(cm)
Largeur
(cm)
Hauteur
(cm)
Largeur
(cm)
Hauteur
(cm)
Lac Bear N.-É.     1,85 0,6        
  N.-É.             0,25 0,3
  N.-É.     5,11 3,3        
Lac Fuller N.-É.     1,42 1,48        
  N.-É.     2,44 1,55        
  N.-É. 0,24 0,22            
  N.-É. 0,34 0,39            
  N.-É. 0,49 0,5            
  N.-É.     1,5 1,04        
  N.-É.         0,51 0,56    
  N.-É.         0,39 0,14    
  N.-É.             0,74 0,3
  N.-É.             0,92 0,75
  N.-É.         0,51 0,55    
  N.-É.         0,7 0,74    
  N.-É.         0,37 0,3    
  N.-É.     2,1 2,9        
  N.-É.     0,79 0,49        
  N.-É.     0,63 0,4        
Étang Otter N.-É.     3,35 2,51        
  N.-É.     1,51 2,06        
  N.-É.     1,47 1,15        
  N.-É. 0,37 0,38            
  N.-É.     0,7 0,6        
  N.-É.     1,53 1,01        
  N.-É.     0,61 1,24        
Étang Dooks N.-É.     5,73 2,12        
  N.-É.     2,49 2,76        
  N.-É.     4,95 3,64        
  N.-É.     5,61 1,91        
Hall’s Gullies 2 T.-N.             1,2 1,2
  T.-N.             1,8 3,2
  T.-N.         0,3 0,2    
  T.-N.         1,6 1,5    
  T.-N.             5,8 7
  T.-N.             3 4
  T.-N.             1,9 1,7
  T.-N. 0,6 1,1            
  T.-N.             1,4 1,4
  T.-N.             0,8 0,9
Hall’s Gullies 3 T.-N.     6,2 2,8        
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.         < 0,1 < 0,1    
  T.-N.     1,3 1,9        
  T.-N. 1,4 1,4            
Southeast Placentia T.-N.     4,2 38        
  T.-N.     3,8 7,2        
Blandford N.-É.     7,7 7,4        
  N.-É.     6,9 4,8        
  N.-É.     3 2,1        
  N.-É.     4,9 4,4        
Chemin Lake John 1 N.-É.     33,9 41,1        
  N.-É.     42,9 80,4        
Chemin Lake John 2 N.-É.     30,5 30,7        
  N.-É.     14,3 11,1        
  N.-É. 9,5 7,4            
  N.-É.     8,8 8,2        
  N.-É. 6,4 5,8            
  N.-É.     28,2 21,8        
  N.-É.     16,5 13,1        
  N.-É.     55,7 59,9        
  N.-É.     51,1 33,8        
  N.-É.     15,4 7,6        
  N.-É.     11,7 11        
  N.-É.     41,4 37,9        
  N.-É.     28 20,4        
  N.-É.     27,3 23,5        
  N.-É.     20,1 17,7        
  N.-É.     46,3 24,9        
  N.-É.     38,4 73,9        
  N.-É.     12,3 12,3        
  N.-É.     20,1 27,7        
  N.-É.     34,6 36,5        
  N.-É.     15,1 18,3        
  N.-É.     34,3 40        
  N.-É.     36,9 34,6        
  N.-É.     50,2 45,6        
Lac Webber N.-É.     2 2,1        
  N.-É.     21,5 12,6        
  N.-É.     2,3 1,4        
  N.-É.     3 2,8        
  N.-É.     6 4,5        
  N.-É.     8 4,5        
  N.-É.     5 3        
Parc Thomas Raddall arbre 1 N.-É.     9,25 9,29        
  N.-É.     11 9,5        
  N.-É.             10 10
Parc Thomas Raddall arbre 2 N.-É.     1,9 1,4        
  N.-É.     1,59 1,05        
  N.-É.     2,67 1,42        
  N.-É.     2,9 3        
  N.-É.     5,6 4,4        
  N.-É.     2,4 3,13        
  N.-É.     2,51 2,82        
  N.-É. 2,49 2,2            
  N.-É. 0,85 0,9            
  N.-É.     2,3 1,7        
  N.-É.     2,6 2,7        
  N.-É.     1,9 1,8        
  N.-É. 0,69 0,7            
  N.-É. 1 0,83            
  N.-É.     2,1 1,9        
  N.-É.     3,15 3,25        
  N.-É. 0,8 1            
  N.-É.             15 6
  N.-É.             10 6
Parc Thomas Raddall arbre 3 N.-É. 1,1 1            
  N.-É.     3,2 4,12        
  N.-É.     5,58 2,36        
Parc Thomas Raddall arbre 4 N.-É. 0,6 0,6            
  N.-É.             2,55 4,56
  N.-É.     3,2 3,9        
  N.-É.             4,4 7,1
  N.-É. 0,7 0,9            
Parc Thomas Raddall arbre 5 N.-É.     1,32 1,2        
  N.-É.     12,52 12,88        
  N.-É. 0,9 0,7            
Parc Thomas Raddall arbre 6 N.-É.                
  N.-É.                
Parc Thomas Raddall arbre 7 N.-É.     7,36 7,05        
  N.-É.     2,55 1,9        
  N.-É.     5,5 3,7        
  N.-É.     3,65 3,5        
  N.-É.     3,4 4,45        
  N.-É.     8,8 13,4        
  N.-É.     6,3 5,65        
Annexe III. Caractéristiques du phorophyte et position des thalles sur le phorophyte dans 13 occurrences de l’Erioderma mollissimum du Canada atlantique. Le tiret indique que les données n’ont pas été recueillies.
Occurrence Province Hauteur du thalle sur l’arbre
(m)
DHP de l’arbre
(cm)
Orientation du thalle sur l’arbre Espèce d’arbre
en degrés en termes de points cardinaux
Lac Bear N.-É. 0,86 - 340 NO sapin baumier
  N.-É. 0,86 - 340 NO sapin baumier
Lac Fuller N.-É. 1,42 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,35 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 138 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,4 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,398 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,44 19,7 341 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,41 19,7 51 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,42 19,7 51 NE bouleau jaune
Étang Otter N.-É. 1,19 16,1 23 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,2 16,1 41 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,16 16,1 48 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,19 16,1 51 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,19 16,1 66 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,14 16,1 66 NE bouleau jaune
  N.-É. 1,14 16,1 35 NE bouleau jaune
Étang Dooks N.-É. 1,52 29,5 324 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,55 29,5 324 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,54 29,5 349 NO bouleau jaune
  N.-É. 1,62 29,5 324 NO bouleau jaune
Hall’s Gullies 2 T.-N. 0,8 9,3 325 NO sapin baumier
  T.-N. 0,87 9,3 25 NE sapin baumier
  T.-N. 0,88 9,3 50 NE sapin baumier
  T.-N. 0,892 9,3 50 NE sapin baumier
  T.-N. 0,97 9,3 77 NE sapin baumier
  T.-N. 1,03 9,3 135 SE sapin baumier
  T.-N. 0,94 9,3 193 S sapin baumier
  T.-N. 0,65 9,3 135 SE sapin baumier
  T.-N. 0,73 9,3 135 SE sapin baumier
Hall’s Gullies 3 T.-N. 1,64 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 1,6 - 120 SE sapin baumier
  T.-N. 2 - 64 NE sapin baumier
  T.-N. 1 - 184 S sapin baumier
Southeast Placentia T.-N. 1,88 7,5 80 NE sapin baumier
  T.-N. - 10,9 3 N sapin baumier
Blandford N.-É. 2,51 13,4 284 O érable rouge
  N.-É. 2,58 13,4 284 O érable rouge
  N.-É. 2,63 13,4 284 O érable rouge
  N.-É. 2,67 13,4 259 O érable rouge
Chemin Lake John 1 N.-É. 1,8 23,5 317 NO érable rouge
  N.-É. 2,3 23,5 345 NO érable rouge
Chemin Lake John 2 N.-É. 0,8 11,7 326 NO érable rouge
  N.-É. 1,05 11,7 38 NE érable rouge
  N.-É. 1,21 11,7 81 NE érable rouge
  N.-É. 1,2 11,7 28 NE érable rouge
  N.-É. 1,29 11,7 28 NE érable rouge
  N.-É. 1,16 11,7 310 NO érable rouge
  N.-É. 1,38 11,7 118 SE érable rouge
  N.-É. 1,36 11,7 53 NE érable rouge
  N.-É. 1,38 11,7 343 NO érable rouge
  N.-É. 1,41 11,7 268 O érable rouge
  N.-É. 1,41 11,7 268 O érable rouge
  N.-É. 1,42 11,7 91 E érable rouge
  N.-É. 1,43 11,7 327 NO érable rouge
  N.-É. 1,58 11,7 335 NO érable rouge
  N.-É. 1,58 11,7 335 NO érable rouge
  N.-É. 1,59 11,7 251 SO érable rouge
  N.-É. 1,49 11,7 213 SO érable rouge
  N.-É. 1,58 11,7 156 SE érable rouge
  N.-É. 1,63 11,7 98 E érable rouge
  N.-É. 1,69 11,7 103 E érable rouge
  N.-É. 1,71 11,7 25 NE érable rouge
  N.-É. 1,75 11,7 75 NE érable rouge
  N.-É. 1,85 11,7 129 SE érable rouge
  N.-É. 1,89 11,7 129 SE érable rouge
Lac Webber N.-É. 1,6 - 331 NO érable rouge
  N.-É. 2,4 - 360 N érable rouge
  N.-É. 1,6 - 30 NE érable rouge
  N.-É. 1,8 - 30 NE érable rouge
  N.-É. 2 - 91 E érable rouge
  N.-É. 2 - 91 E érable rouge
  N.-É. 2,4 - 91 E érable rouge
Parc Thomas Raddall arbre 1 N.-É. 2,1 - - N sapin baumier
  N.-É. 2,3 - - N sapin baumier
  N.-É. 3 - - N sapin baumier
Parc Thomas Raddall arbre 2 N.-É. 1,1 - - NE érable rouge
  N.-É. 1,1 - - NO érable rouge
  N.-É. 1,1 - - NO érable rouge
  N.-É. 1,4 - - N érable rouge
  N.-É. 1,4 - - N érable rouge
  N.-É. 1,42 - - N érable rouge
  N.-É. 1,42 - - N érable rouge
  N.-É. 1,42 - - N érable rouge
  N.-É. 1,4 - - N érable rouge
  N.-É. 1,4 - - N érable rouge
  N.-É. 1,4 - - N érable rouge
  N.-É. 1,65 - - N érable rouge
  N.-É. 1,65 - - N érable rouge
  N.-É. 1,75 - - N érable rouge
  N.-É. 1,75 - - N érable rouge
  N.-É. 1,22 - - N érable rouge
  N.-É. 1,33 - - NO érable rouge
  N.-É. 2 - - NO érable rouge
  N.-É. 1 - - NO érable rouge
Parc Thomas Raddall arbre 3 N.-É. 1,28 - - NE érable rouge
  N.-É. 1,3 - - NE érable rouge
  N.-É. 1,28 - - NE érable rouge
Parc Thomas Raddall arbre 4 N.-É. 1,5 - - E érable rouge
  N.-É. 1,6 - - E érable rouge
  N.-É. 1,65 - - E érable rouge
  N.-É. 1,7 - - E érable rouge
  N.-É. 1,8 - - E érable rouge
Parc Thomas Raddall arbre 5 N.-É. 1,27 - - N sapin baumier
  N.-É. 1,3 - - N sapin baumier
  N.-É. 1,18 - - N sapin baumier
Parc Thomas Raddall arbre 6 N.-É. - - - - érable rouge
Parc Thomas Raddall arbre 7 N.-É. 0,3 - - N érable rouge
  N.-É. 0,32 - - NO érable rouge
  N.-É. 0,8 - - N érable rouge
  N.-É. 1,6 - - N érable rouge
  N.-É. 1,6 - - N érable rouge
  N.-É. 1,9 - - NO érable rouge
  N.-É. 1,9 - - NO érable rouge
Annexe IV. État de santé et condition des thalles dans 13 occurrences de l’Erioderma mollissimum du Canada atlantique.
Occurrence Province État de santé Nécrose
(% du thalle)
Broutage
(% du thalle)
Lac Bear N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
Lac Fuller N.-É. Bon 0 3
  N.-É. Bon 15 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 5 0
  N.-É. Bon 5 0
  N.-É. Bon 0 0
Étang Otter N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 2
  N.-É. Bon 0 5
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 10
  N.-É. Bon 0 20
  N.-É. En train de se détacher de l’écorce 30 10
Étang Dooks N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 25 0
  N.-É. Bon 30 0
Hall’s Gullies 2 T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. En train de mourir? 50 0
  T.-N. Bon 10 0
  T.-N. ? 40 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
Hall’s Gullies 3 T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Bon 0 0
  T.-N. Avec parties mortes 25 0
  T.-N. Mort à 50 % 30 0
Southeast Placentia T.-N. Se détachant de l’écorce 30 0
  T.-N. Avec parties nécrosées se détachant de l’écorce 80 0
Blandford N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
Chemin Lake John 1 N.-É. Bon 30 5
  N.-É. Bon 0 0
Chemin Lake John 2 N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 5
  N.-É. Bon 5 1
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Se détachant de l’écorce 50 20
  N.-É. En train de sécher 0 0
  N.-É. Bon 5 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Médiocre 40 0
  N.-É. Médiocre 50 0
  N.-É. Médiocre 50 5
  N.-É. Bon 30 0
  N.-É. Bon 40 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 20 0
  N.-É. Bon 25 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 10 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Passable 30 20
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
Lac Webber N.-É. Bon 0 0
  N.-É. En déclin 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
  N.-É. Bon 0 0
Parc Thomas Raddall arbre 1 N.-É. Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
Parc Thomas Raddall arbre 2   Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon   10
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
Parc Thomas Raddall arbre 3   Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
Parc Thomas Raddall arbre 4   Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
Parc Thomas Raddall arbre 5   Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
Parc Thomas Raddall arbre 7   Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
    Bon 0 0
Annexe V. Paramètres structuraux de la forêt dans 13 occurrences de l’Erioderma mollissimum du Canada atlantique.
Occurrence Province Couverture arborescente moyenne
(%)
Âge moyen
(ans)
DHP moyen
(cm)
Hauteur moyenne
(m)
Densité
(arbres/ha)
Étang Dooks N.-É. 98,50 67,33 14,70 9,00 8 416,80
Lac Bear N.-É. 54,25 65,00 9,13 6,50 15 116,90
Hall's Gullies 1 T.-N. 56,67 56,33 9,33 8,33 6 830,13
Hall's Gullies 2 T.-N. 62,33 78,67 10,87 8,00 17 777,78
Hall's Gullies 3 T.-N. 61,80 70,00 10,84 7,40 3 086,42
Southeast Placentia T.-N. 19,00 95,00 9,20 5,67 7 561,44
Ch. Lake John 1 N.-É. 94,00 61,00 19,00 9,33 1 319,11
Ch. Lake John 2 N.-É. 84,50 72,33 16,90 6,33 2 163,33
Lac Fuller N.-É. 14,25 45,33 13,33 6,67 23 668,64
Étang Otter N.-É. 90,75 53,25 16,08 8,00 7 346,94
Blandford N.-É. 66,00 99,00 14,80 11,67 5 225,72
Lac Webber N.-É. 28,50 63,67 16,33 8,17 6 103,52
Moyenne   61,21 68,48 13,20 7,81 1 890,87
Intervalle de confiance à 95 % ±11,83 ±6,60 ±1,43 ±0,80 ±1 986,50
Annexe VI. Proportion d’arbres de chaque espèce, d’arbres morts et d’arbres abattus par le vent, en termes de pourcentage de la surface terrière, dans 13 sites d’occurrence de l’Erioderma mollissimum du Canada atlantique.
Occurrence Province Pourcentage de surface terrière
sapin baumier épinette noire érable rouge bouleau jaune bouleau blanc arbres morts arbres abattus par le vent
Étang Dooks N.-É. 56 38 0 6 0 17 13
Lac Bear N.-É. 100 0 0 0 0 22 6
Hall's Gullies 1 T.-N. 90 10 0 0 0 19 0
Hall's Gullies 2 T.-N. 92 8,3 0 0 0 50 0
Hall's Gullies 3 T.-N. 84 17 0 0 0 40 0
Southeast Placentia T.-N. 67 27 0 0 6 29 0
Ch. Lake John 1 N.-É. 47 0 53 0 0 25 0
Ch. Lake John 2 N.-É. 27 7 67 0 0 12 0
Lac Fuller N.-É. 80 0 20 0 0 50 0
Étang Otter N.-É. 64 27 0 9 0 35 0
Blandford N.-É. 83 8 8 0 0 29 0
Lac Webber N.-É. 50 14 36 0 0 50 7
Annexe VII. Caractéristiques stationnelles de 13 occurrences de l’Erioderma mollissimum du Canada atlantique. Le tiret indique que les données n’ont pas été recueillies.
Occur-rence Province Pente (%) Couverture arbustive (%) Couverture herbacée (%) Couverture de sphaignes (%) Couverture d’autres mousses (%) Orien-tation Position
topo-graphique
Drainage
Étang Dooks N.-É. 2 3 20 75 15 45 dépression médiocre
Lac Bear N.-É. 0 10 10 70 10 - dépression médiocre
Hall's Gullies 1 T.-N. 6 0 5 40 60 10 bas de pente imparfait
Hall's Gullies 2 T.-N. 5 0 20 30 60 140 bas de pente -
Hall's Gullies 3 T.-N. 6 15 15 40 60 190 haut de pente bon
Southeast Placentia T.-N. 3 15 25 15 85 290 mi-pente bon
Chemin Lake John 1 N.-É. 2 10 80 80 10 45 dépression imparfait
Chemin Lake John 2 N.-É. 0 25 80 90 10 0 dépression imparfait
Lac Fuller N.-É. 0 10 70 80 10 0 dépression médiocre
Étang Otter N.-É. 0 10 10 85 5 0 dépression médiocre
Blandford N.-É. 0 5 90 85 5 0 dépression imparfait/
médiocre
Lac Webber N.-É. 0 50 - - - 0 dépression (sol saturé)

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