Esturgeon blanc (Acipenser transmontanus) programme de rétablissement

Titre officiel : Programme de rétablissement de l'esturgeon blanc (Acipenser transmontanus) au Canada - 2014

Esturgeon blanc

Table des matières

Liste des annexes

  • Annexe A Études visant à combler les lacunes relevées dans les connaissances sur l'esturgeon blanc
  • Annexe B Rétablissement des populations d'esturgeon blanc et des habitats importants dans le bas et le mi-Fraser
  • Annexe C Acronymes utilisés dans le programme de rétablissement
  • Annexe D Glossaire
  • Annexe E Compte rendu des consultations et de la coopération

Liste des figures

  • Figure 1. L'esturgeon blanc, Acipenser transmontanus.
  • Figure 2. Carte du bassin du fleuve Fraser montrant les aires de répartition approximatives de chacune des quatre populations d'esturgeon blanc présentes dans le bassin hydrographique du fleuve Fraser. L'espèce vit principalement dans les habitats situés dans le cours principal du fleuve Fraser et de la rivière Nechako, mais elle utilise aussi largement les affluents et les grands lacs (comme ceux des bassins hydrographiques des rivières Harrison et Stuart). Les observations anecdotiques révèlent que l'esturgeon était présent dans plusieurs bassins situés au-delà des limites décrites.
  • Figure 3. Carte des bassins du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay montrant les aires de répartition approximatives de deux des populations d'esturgeon blanc en Colombie-Britannique. Les registres indiquent que l'esturgeon a autrefois vécu à l'extérieur des frontières décrites, mais en faible abondance. De petites populations reliques vivent en amont du barrage Duncan et dans le lac Slocan (voir le texte pour plus de détails). Des esturgeons blancs sont présents dans le fleuve Columbia, à la confluence de celui-ci et de l'océan Pacifique. Toutefois, le présent document ne traite que de l'esturgeon habitant en amont de la frontière canado-américaine.
  • Figure 4. Carte de référence de l'emplacement des habitats essentiels de la population d'esturgeon blanc du haut Fraser.
  • Figure 5. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : Penny.
  • Figure 6. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : Grand Canyon de Longworth.
  • Figure 7. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : confluent de la rivière Bowron et du fleuve Fraser.
  • Figure 8. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : confluent de la rivière McGregor et du fleuve Fraser jusqu'au confluent avec le ruisseau Limestone.
  • Figure 9. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : Giscome à Tay Creek.
  • Figure 10. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : confluent de la rivière Willow et du fleuve Fraser.
  • Figure 11. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : confluent de la rivière Salmon et du fleuve Fraser.
  • Figure 12. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser : confluent de la rivière Nechako et du fleuve Fraser.
  • Figure 13. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du hau Fraser : Red Rock.
  • Figure 14. Carte de référence de l'emplacement des habitats essentiels de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako.
  • Figure 15. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : section anastomosée de la rivière Nechako à Vanderhoof.
  • Figure 16. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : confluent des rivières Sinkut et Nechako.
  • Figure 17. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : confluent du ruisseau Leduc et de la rivière Nechako.
  • Figure 18. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : Finmoore.
  • Figure 19. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : Keilor’s Point.
  • Figure 20. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : Culvert Hole.
  • Figure 21. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : Powerline.
  • Figure 22. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : Sturgeon Point.
  • Figure 23. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : Pinchi Bay, sur le lac Stuart.
  • Figure 24. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : embouchure de la rivière Tachie dans le lac Stuart.
  • Figure 25. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : partie inférieure du lac Stuart.
  • Figure 26. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : embouchure de la rivière Middle dans le lac Trembleur.
  • Figure 27. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako : lac Fraser et confluent des rivières Nautley et Nechako.
  • Figure 28. Carte de référence de l'emplacement des habitats essentiels de la population d'esturgeon blanc du haut Columbia.
  • Figure 29. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : fleuve Columbia près du terrain de golf de Revelstoke, de Big Eddy et de Salmon Rocks.
  • Figure 30. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : Beaton Reach.
  • Figure 31. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : Narrow Burton Reach.
  • Figure 32. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : Robson Reach.
  • Figure 33. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : Kootenay Eddy, Bridge Hole et Brilliant Tailrace.
  • Figure 34. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : Fort Shepperd Eddy.
  • Figure 35. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia : confluent de Waneta Eddy et de la rivière Pend d'Oreille avec le fleuve Columbia.
  • Figure 36. Carte de référence de l'emplacement des habitats essentiels de l'esturgeon blanc de la rivière Kootenay.
  • Figure 37. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Kootenay : delta de la rivière Kootenay et cours inférieur de la rivière Kootenay.
  • Figure 38. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Kootenay : delta de la rivière Duncan sur le lac Kootenay.
  • Figure 39. Carte de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Kootenay : delta du ruisseau Crawford sur le lac Kootenay.

Liste des tableaux

  • Tableau 1. Estimations de l'abondance de l'esturgeon blanc sauvage au Canada. Les estimations portent sur les poissons d'une longueur supérieure à 40 cm sauf indication contraire donnée dans les notes.
  • Tableau 2. Estimations de l'abondance des esturgeons blancs matures (d'une longueur supérieure à 160 cm) au Canada. Les estimations pour les populations de la rivière Nechako, de la rivière Kootenay et du fleuve Columbia ont été mises à jour pour 2012 à l'aide des meilleures estimations disponibles des taux de survie annuels. Les populations du bas Fraser, du mi-Fraser et du haut Fraser étant jugées relativement stables, on fournit les données du dernier recensement pour ces populations.
  • Tableau 3.  Définition des niveaux de risque relatif pour la viabilité de la population d'esturgeon blanc et son rétablissement.
  • Tableau 4. Sommaire des menaces historiques et actuelles pour l'esturgeon blanc et ses habitats. Les agents de stress sont classés par type (abiotique ou biotique), et les populations touchées sont indiquées. Dans une certaine mesure, ces menaces comprennent les limites naturelles, comme l'habitat ou la productivité. Les définitions des niveaux du risque relatif sont fournies dans le tableau 3 et comprennent les catégories suivantes : négligeable, faible, modéré (mod.), élevé et inconnu. Ces niveaux ne permettent pas d'établir des comparaisons entre les populations.
  • Tableau 5. Activités et mesures recommandées pour réaliser les objectifs des populations inscrites sur la liste de la LEP en matière de population et de répartition.
  • Tableau 6. Résumé des renseignements concernant l'habitat essentiel de l'esturgeon dans le haut Fraser. Une cellule vide indique que le stade biologique en question n'utilise pas l'habitat de manière régulière.
  • Tableau 7. Résumé des fonctions, des caractéristiques, des paramètres et des emplacements de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser.
  • Tableau 8. Coordonnées géographiques des zones de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Fraser.
  • Tableau 9. Résumé des renseignements concernant l'habitat essentiel de l'esturgeon dans le réseau de la rivière Nechako. Une cellule vide signifie que le stade biologique en question n'utilise pas l'habitat de manière régulière.
  • Tableau 10. Résumé des fonctions, des caractéristiques, des paramètres et des emplacements de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako.
  • Tableau 11. Coordonnées géographiques des zones de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Nechako.
  • Tableau 12. Résumé des renseignements concernant les habitats essentiels de l'esturgeon blanc dans la zone ARL du fleuve Columbia. Une cellule vide signifie que le stade biologique en question n'utilise pas l'habitat de manière régulière.
  • Tableau 13. Résumé des renseignements concernant les habitats essentiels de l'esturgeon blanc dans la zone transfrontalière du fleuve Columbia. Une cellule vide signifie que le stade biologique en question n'utilise pas l'habitat de manière régulière.
  • Tableau 14. Résumé des fonctions biophysiques, des caractéristiques, des paramètres et des emplacements de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia dans le réservoir des lacs Arrow.
  • Tableau 15. Résumé des fonctions biophysiques, des caractéristiques, des paramètres et des emplacements de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia dans le réservoir des lacs Arrow.
  • Tableau 16. Coordonnées géographiques des zones de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc du haut Columbia.
  • Tableau 17. Résumé des renseignements concernant les habitats essentiels de l'esturgeon blanc dans la rivière Kootenay.
  • Tableau 18. Résumé des fonctions, des caractéristiques, des paramètres et des emplacements de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Kootenay.
  • Tableau 19. Coordonnées géographiques14 des zones de l'habitat essentiel de l'esturgeon blanc de la rivière Kootenay.
  • Tableau 20. Activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel – population du haut Fraser.
  • Tableau 21. Activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel – population de la rivière Nechako.
  • Tableau 22. Activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel – population du haut Columbia.
  • Tableau 23. Activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel – population de la rivière Kootenay.
  • Tableau 24. Calendrier des études visant à désigner les habitats essentiels.
  • Tableau 25. Niveau de risque pour le bien-être des poissons, mesures d'atténuation et références afférentes pour la réduction des risques pendant les activités associées à l'aquaculture de conservation à la Freshwater Fisheries Society of British Columbia

Esturgeon blanc

La série des plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril

Qu’est-ce que la Loi sur les espèces en péril (LEP)?

La LEP est la loi que le gouvernement fédéral a promulguée à titre de contribution majeure à l’effort commun déployé à l’échelon national pour protéger et conserver les espèces en péril au Canada. Entrée en vigueur en 2003, elle a notamment pour but de « permettre le rétablissement des espèces sauvages qui, par suite de l’activité humaine, sont devenues des espèces disparues du pays, en voie de disparition ou menacées ».

Qu'est-ce que le rétablissement?

Dans le contexte de la conservation des espèces en péril, le rétablissement est un processus qui permet d’arrêter ou de renverser le déclin d’une espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du pays et de supprimer ou de réduire les menaces qui pèsent sur elle afin d’améliorer ses chances de survie à l’état sauvage. L’espèce est considérée comme rétablie lorsque son maintien à long terme à l’état sauvage est assuré.

Qu'est-ce qu'un programme de rétablissement?

Un programme de rétablissement est un document de planification qui établit les mesures à prendre pour mettre un terme au déclin d’une espèce ou le renverser. Il fixe des buts et des objectifs et définit les principaux domaines dans lesquels des mesures doivent être prises. La planification détaillée se déroule à l’étape de la mise en œuvre du plan d’action.

Les provinces et les territoires de même que trois organismes fédéraux (Environnement Canada, Parcs Canada et Pêches et Océans Canada) se sont engagés à élaborer des programmes de rétablissement dans le cadre de l’Accord pour la protection des espèces en péril. Les articles 37 à 46 de la LEP énoncent les éléments fondamentaux des programmes de rétablissement publiés dans la présente série et leur processus d’élaboration.

Selon la situation de l’espèce et la date à laquelle elle a été évaluée, un programme de rétablissement doit être préparé dans un délai d’un à deux ans suivant l’inscription de l’espèce à la liste des espèces sauvages en péril. Un délai de trois à quatre ans est accordé pour les espèces qui ont été inscrites automatiquement lorsque la LEP est entrée en vigueur.

Prochaines étapes

Dans la plupart des cas, on élaborera un ou plusieurs plans d’action pour préciser et orienter la mise en œuvre du programme de rétablissement. Toutefois, les orientations exposées dans le présent programme sont suffisantes pour que l’on puisse commencer à solliciter la participation des collectivités, des responsables de la conservation ainsi que des utilisateurs du territoire aux activités de rétablissement. En outre, l’absence de certitude scientifique ne saurait justifier le report de l’application de mesures efficaces pour prévenir la disparition ou le déclin de l’espèce.

La série

La présente série réunit les programmes de rétablissement produits ou adoptés par le gouvernement fédéral en vertu de la LEP. De nouveaux documents s’ajouteront régulièrement à la série à mesure que de nouvelles espèces seront inscrites et que des programmes seront mis à jour.

Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur la Loi sur les espèces en péril et les initiatives de rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Référence à citer

Pêches et Océans Canada. 2014. Programme de rétablissement de l'esturgeon blanc (Acipenser transmontanus) au Canada [Version Finale] Série des programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Ottawa : Pêches et Océans Canada. 288 pp.

Exemplaires supplémentaires

Des exemplaires supplémentaires peuvent être téléchargés sur le site Web du Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Esturgeon blanc juvénile. Photo par David Gluns.

Also available in English under the title:
"Recovery Strategy for White Sturgeon (Acipenser transmontanus) in Canada"

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Pêches et des Océans Canada, 2014. Tous droits réservés.
ISBN 978-1-100-23430-4
Numéro de catalogue 978-0-660-21961-5

Le contenu (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans autorisation, sous réserve de mention de la source.

Préface

L'esturgeon blanc est un poisson d'eau douce dont six populations sont présentes au Canada (bas Fraser, mi-Fraser, rivière Nechako, haut Fraser, haut Columbia et rivière Kootenay). Le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique gère toutes ces populations, alors que le gouvernement fédéral assume la responsabilité des quatre populations inscrites en vertu de la Loi sur les espèces en péril. La Loi sur les espèces en péril (LEP, article 37) exige que le ministre compétent élabore un programme de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées. En août 2006, quatre des populations d'esturgeon blanc (rivières Nechako et Kootenay, haut Fraser et haut Columbia) ont été inscrites comme espèces en voie de disparition en vertu de la LEP. La Région du Pacifique de Pêches et Océans Canada (MPO) et le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique ont dirigé l'élaboration du présent programme de rétablissement en collaboration avec un grand nombre de particuliers, d'organisations et d'organismes gouvernementaux, comme indiqué plus loin. Le programme de rétablissement respecte les exigences de la LEP pour ce qui est du contenu et du processus (articles 39 à 41).

Le succès du rétablissement des populations inscrites dépend de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties qui participeront à la mise en œuvre des orientations formulées dans le présent programme de rétablissement et ne peut uniquement reposer sur le MPO ou sur une autre instance. Le programme renferme des avis à l'intention des entités et des organismes susceptibles ou désireux de participer à des activités visant le rétablissement de l'espèce. Dans l'esprit de l'Accord national pour la protection des espèces en péril, la ministre de Pêches et des Océans invite toutes les entités responsables et tous les Canadiens à se joindre au MPO pour appuyer le présent programme et le mettre en œuvre au profit de l'esturgeon blanc et de l'ensemble de la société canadienne. Le MPO s'appliquera à soutenir, dans la mesure du possible, la mise en œuvre de ce programme avec les ressources disponibles et compte tenu de sa responsabilité générale à l'égard de la conservation des espèces en péril.

Les buts, les objectifs et les approches de rétablissement proposés dans le présent programme sont fondés sur les meilleures connaissances disponibles au moment de l'élaboration du programme et peuvent changer lorsque de nouveaux renseignements seront disponibles. Les études sur les populations d'esturgeon blanc se poursuivent et notre compréhension des menaces et des stratégies de rétablissements évolue. Le MPO continuera d'agir en fonction des nouveaux renseignements et est bien conscient qu'il pourrait être nécessaire d'apporter des ajustements aux stratégies de rétablissement et à la portée des activités. La ministre des Pêches et des Océans rendra compte des progrès réalisés d'ici cinq ans.

Un ou plusieurs plans d'action détaillant les mesures de rétablissement qu'il faudra prendre pour appuyer la conservation de l'espèce viendront s'ajouter au présent programme. La ministre des Pêches et des Océans mettra en œuvre des moyens pour s'assurer, dans la mesure du possible, que les Canadiens intéressés ou touchés par ces mesures sont consultés.

Une grande partie du présent rapport a été rédigée avant 2010 et révisée en 2012 afin de tenir compte des nouvelles données. Au moment de la révision, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) passait en revue un de ses rapports de situation en vue de fournir une décision à la fin de l'automne 2012. En novembre 2012, le COSEPAC a évalué de nouveau la situation de l'esturgeon blanc et a divisé l'espèce en quatre unités désignables (UD). La structure de ces UD diffère quelque peu de celle des six populations importantes à l'échelle nationale présentées dans l'évaluation de 2003. Cependant, ce programme de rétablissement a été préparé en vue de fournir des lignes directrices accessibles à tous pour le rétablissement de l'espèce à l'échelle nationale et en réponse à l'inscription, en 2006, des populations du haut Columbia, du haut Fraser et des rivières Nechako et Kootenay sur la liste en vertu de la LEP tout en tenant compte du fait qu'il pourrait être nécessaire d'apporter des ajustements aux stratégies de rétablissement et à la portée des activités.

Instances responsables

En vertu de la LEP, le MPO est l'instance responsable de l'esturgeon blanc. L'esturgeon blanc se trouve en Colombie-Britannique et le ministère provincial de l'Environnement a codirigé l'élaboration du présent programme de rétablissement.

Contributeurs / Auteurs

Les contributeurs et les auteurs de ce programme de rétablissement ont fourni des conseils techniques et scientifiques précieux pour l'élaboration de ce produit. Leur participation est fort appréciée, mais ne signifie pas nécessairement que leur employeur appuie l'ensemble du contenu du programme de rétablissement

Remarque : Voici une liste des membres présents ou passés de l'équipe nationale de rétablissement de l'esturgeon blanc (l'ancien Comité national de coordination technique). Les noms des anciens membres de l'équipe sont en italique.

Steve McAdam (ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique, président de l'équipe nationale de rétablissement)
Courtney Druce (Pêches et Océans Canada, coprésidente de l'équipe nationale de rétablissement)
Gary Birch (BC Hydro – ancien président du groupe de travail technique du haut Columbia)
Mike Bradford (Pêches et Océans Canada)
Tola Coopper (Pêches et Océans Canada, coprésidente de l'équipe nationale de rétablissement)
James Crossman (B.C. Hydro – président canadien du groupe de travail technique du haut Columbia)
Bill Green (Canadian Columbia River Intertribal Fisheries Commission)
Todd Hatfield (Ecofish Research)
Ken Malloway (Sto:lo Tribal Council)
Troy Nelson (Fraser River Sturgeon Conservation Society)
Matt Neufeld (ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources de la Colombie-Britannique – représentant canadien de l'équipe de rétablissement de la rivière Kootenay)
Louise Porto (AMEC Earth & Environmental)
Jim Powell (Freshwater Fisheries Society of British Columbia – président canadien du groupe de travail technique du haut Columbia)
Mike Ramsay (ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources de la Colombie-Britannique – groupe de travail technique du bas et du mi-Fraser)
Dan Sneep (Pêches et Océans Canada)
Colin Spence (ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique)
Erin Stoddard (ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources de la Colombie-Britannique – présidente du groupe de travail technique du bas et du mi-Fraser)
Brian Toth (Première Nation Lheidli T'enneh et Carrier Sekani Tribal Council)
Cory Williamson (ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources de la Colombie-Britannique – président du groupe de travail technique de la rivière Nechako et du haut-Fraser)
Mike Ramsay (ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources de la Colombie-Britannique – groupe de travail technique du bas et du mi-Fraser)
Chris Wood (Pêches et Océans Canada)

Remerciements

L'élaboration de ce programme de rétablissement a été financée en partie par le MPO et le Living Rivers Trust Fund de la Colombie-Britannique. Nous voudrions exprimer notre profonde reconnaissance aux nombreuses personnes qui ont pris part à ce processus à l'échelle provinciale et les remercier de leur temps et de leurs efforts.

Évaluation environnementale stratégique

Conformément à la Directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes), tous les documents de planification du rétablissement sont soumis à une évaluation environnementale stratégique (EES). Ce type d'évaluation vise à intégrer des considérations environnementales dans l'élaboration de politiques publiques, de plans et de propositions de programme en vue d'appuyer une prise de décisions éclairée en matière d'environnement.

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est toutefois reconnu que des programmes peuvent accidentellement entraîner des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification du rétablissement, fondé sur des lignes directrices nationales, prend en compte directement tous les effets environnementaux et tout particulièrement les répercussions possibles sur des espèces non ciblées ou leur habitat. Les résultats de l'EES sont directement intégrés au programme, mais ils sont également résumés ci-après.

Même si ce programme de rétablissement sera clairement avantageux pour l'environnement en appuyant le rétablissement de l'esturgeon blanc, on a également tenu compte de ses effets potentiels sur d'autres espèces. Par exemple, le programme prévoit des mesures de protection et, si nécessaire, de restauration des divers habitats les plus fréquentés par les esturgeons blancs. Cependant, la restauration de l'habitat au profit de l'esturgeon blanc pourrait avoir des répercussions sur d'autres espèces résidentes qui se sont adaptées aux conditions actuelles. Un accroissement de la population d'esturgeon blanc causée par l'aquaculture de conservation pourrait entraîner une augmentation du nombre de rencontres et de prises accessoires dans le cadre des pêches récréatives, ce qui, à son tour, exigerait des efforts de gestion plus importants. La section 10.1 (Impacts potentiels sur d'autres espèces) contient de plus amples renseignements sur les interactions éventuelles avec d'autres espèces. Les activités de restauration requises en vue d'assurer la protection de l'esturgeon blanc s'appuieront sur une évaluation du risque des effets sur d'autres espèces. En tenant compte de ces démarches, il a été déterminé que les avantages que présente le programme de rétablissement surpassent largement tout effet nocif éventuel.

Résidence

La LEP définit la résidence comme un « gîte – terrier, nid ou autre aire ou lieu semblable – occupé ou habituellement occupé par un ou plusieurs individus pendant tout ou partie de leur vie, notamment pendant la reproduction, l'élevage, les haltes migratoires, l'hivernage, l'alimentation ou l'hibernation ». [LEP, paragraphe 2(1)]

L'existence d'une résidence signifie qu'une espèce en péril a investi dans une structure précise dont elle a besoin pour accomplir certains processus de son cycle biologique. Si cette structure était endommagée ou détruite, le succès reproducteur de l'espèce s'en ressentirait. Étant donné la description actuelle d'une « résidence », le concept ne s'applique pas à l'esturgeon blanc pour le moment et aucune résidence n'a été proposée pour l'espèce.

Lorsqu'elles sont disponibles, les descriptions des résidences sont affichées dans le Registre public des espèces en péril.

Sommaire

Au Canada, l'esturgeon blanc se trouve uniquement en Colombie-Britannique et est réparti en six populations selon différents éléments géographiques, démographiques et génétiques : le bas, le haut et le mi-Fraser, le haut Columbia et les rivières Nechako et Kootenay. En 2003, le COSEPAC a désigné chacune de ces populations comme étant en voie de disparition; les quatre dernières sont légalement inscrites en vertu de la LEP. Le présent document contient un programme de rétablissement conforme à la LEP pour les quatre populations inscrites en vertu de la LEP ainsi que des recommandations en matière de rétablissement et de gestion des populations du bas Fraser et du mi-Fraser.

L'esturgeon blanc, Acipenser transmontanus, est le plus gros poisson d'eau douce de toute l'Amérique du Nord. C'est aussi l'espèce à la longévité la plus longue sur notre continent. Les caractéristiques les plus distinctives de l'esturgeon blanc sont un squelette essentiellement cartilagineux, un long corps sans écaille couvert de rangées de grandes plaques osseuses (aussi appelées scutelles) sur les flancs et le dos, une queue semblable à celle des requins (hétérocerque) et quatre barbillons entre la bouche et le museau allongé. On a signalé des poissons de plus de 6 mètres de long et âgés de plus de 100 ans dans le fleuve Fraser. Pour compléter son cycle vital, l'esturgeon blanc a besoin d'une quantité suffisante d'habitats convenables, d'une source alimentaire abondante et de conditions aquatiques appropriées. Ces besoins sont abordés dans le présent programme de rétablissement.

Un faible taux de survie des individus aux stades précoces et une maturité sexuelle tardive sont les facteurs biologiques intrinsèques qui limitent le plus la croissance des populations d'esturgeon blanc. Bien que les femelles et les mâles puissent frayer à partir de 26 et 11 ans respectivement, le frai se produit souvent plus tard. Le taux estimé de survie durant la première année est très faible (0,000396 %), mais il augmente considérablement au cours des années suivantes (entre 91 % et 97 % ou plus pour les individus d'un an ou plus). L'effet combiné du faible taux de survie des individus aux stades précoces et des taux de survie des individus à partir d'un an font en sorte que seule une petite proportion de poissons atteint les âges avancés que l'on cite fréquemment pour l'espèce. Si les taux de survie de la population juvénile chutent légèrement, les effets ressentis sur plusieurs années peuvent être substantiels. De plus, la maturité sexuelle tardive de l'espèce signifie que même si le recrutement de juvéniles (c.-à-d. la survie après les stades d'œuf et de larve) commençait à s'améliorer immédiatement, le recrutement de la population de géniteurs pourrait tout de même être retardé pendant 20 ans ou plus.

Pour l'ensemble des populations d'esturgeon blanc, on ne dispose généralement pas de données sur les tendances à long terme des fluctuations de taille et de densité de population, car la plupart des études sont relativement récentes  Diverses sources de données permettent de déduire que l'abondance de la population a connu un déclin dans de nombreuses régions de l'aire de répartition canadienne, particulièrement dans les rivières Nechako et Kootenay ainsi que le fleuve Columbia. Dans le bas Fraser, le déclin découle principalement des captures et de la perte d'habitat historiques, mais le recrutement de juvéniles se poursuit. Dans les rivières Kootenay et Nechako ainsi que le fleuve Columbia, le déclin est principalement causé par l'échec du recrutement (c.-à-d. qu'il n'y a pas assez de juvéniles pour soutenir la population) lié aux changements apportés aux habitats, aux débits et à la communauté écologique. L'abondance d'esturgeons blancs dans le haut et le mi-Fraser est probablement limitée par la nourriture et l'habitat. On estime que la population est à des niveaux égaux (ou presque) aux niveaux historiques. Dans les rivières Kootenay et Nechako ainsi que le fleuve Columbia, l'abondance de poissons provenant d'un frai sauvage est faible. Les populations sont principalement composées d'esturgeons blancs adultes et matures, mais de peu de juvéniles produits naturellement. Les estimations actuelles de l'abondance de chacune des populations figurent dans le programme de rétablissement en plus d'un résumé des programmes actuels d'alevinage.

Les principales activités humaines qui menacent l'esturgeon blanc à l'état sauvage sont l'altération et la perte directes d'habitats lorsque les poissons ne peuvent plus accéder à d'anciens habitats d'usage, la régulation des cours d'eau, le prélèvement de proie/nourriture, l'introduction d'espèces envahissantes non indigènes, les prélèvements directs et indirects, les rejets de polluants et l'aménagement des plaines d'inondation. Le présent programme de rétablissement aborde les principales menaces, actuelles et passées, auxquelles fait face l'esturgeon blanc. Les activités et les menaces qui risquent de détruire l'habitat essentiel sont également présentées. Toutefois, pour répondre aux besoins liés à la conservation de l'esturgeon, il ne faudra pas seulement limiter ou interdire ces activités humaines. Par exemple, pour le moment, il n'est ni possible, ni faisable d'enlever de gros barrages ou des digues de lutte contre les inondations afin de récupérer des habitats perdus. De plus, les populations occupent de grandes régions, créant ainsi des défis distincts pour le rétablissement. Il faut comprendre les mécanismes sous-jacents qui contrôlent l'abondance et la répartition de l'esturgeon parmi les populations, puis utiliser ces renseignements afin d'élaborer des stratégies acceptables pour protéger et rétablir les populations d'esturgeon.

Il faut combler quatre lacunes principales dans les connaissances : les causes de l'échec du recrutement dans les bassins régularisés par un barrage, les détails de la conception et de la mise en œuvre de la pisciculture de conservation, la clarification des menaces actuelles et les les renseignements biologiques de base nécessaires. Les lacunes dans les connaissances portant sur l'ensemble de l'espèce sont examinées séparément du calendrier des études visant à cerner ou à définir plus en détail les zones d'habitat essentiel.

Le but du rétablissement de l'esturgeon blanc est d'une part, d'assurer la durabilité de toutes les populations dans leur aire de répartition naturelle et leur autonomie grâce à la reproduction naturelle, de l'autre d'augmenter ou de rétablir les utilisations bénéfiques dans la mesure du possible. Pour atteindre ce but, on a déterminé une série d'objectifs en matière de population et de répartition, de même que des stratégies générales, pour contrer les menaces connues, telles que des mesures de rétablissement précises, de la recherche et une surveillance continue. Les objectifs et les stratégies visant les populations inscrites en vertu de la LEP sont présentés séparément de ceux établis pour les populations non inscrites. L'équipe nationale de rétablissement a défini l'ordre de priorité des mesures pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition; ces mesures, de même que leur état d'avancement en 2012, se trouvent dans le programme de rétablissement.

Les habitats essentiels pour chacun des stades biologiques sont étudiés et indiqués dans le présent document en fonction des meilleurs renseignements disponibles. Les cartes des zones d'habitat essentiel, ainsi que les coordonnées géographiques et les kilomètres des rivières s'il y a lieu, sont également fournis. Le document aborde également les activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel, de même qu'un calendrier des études visant à cerner ou à définir plus en détail les zones d'habitat essentiel.

En vertu de la LEP, la protection de l'habitat essentiel contre la destruction doit être assurée légalement dans un délai de 180 jours suivant la désignation de cet habitat dans un programme de rétablissement ou un plan d'action. En ce qui concerne l'esturgeon blanc, cette protection sera probablement assurée au moyen d'un arrêté ministériel pris en vertu des paragraphes 58(4) et 58(5) de la LEP, qui interdira la destruction de l'habitat essentiel désigné. La protection de la partie de l’habitat essentiel située dans le refuge d'oiseaux migrateurs de Nechako devrait être assurée en publiant dans la Gazette du Canada une description de la zone concernée en vertu du paragraphe 58(2) de la LEP.

Depuis plusieurs années, des mesures visant le rétablissement sont menées dans la plupart des zones et sont communiquées régulièrement par les équipes à l'échelle des bassins. Les plans à l'échelle des bassins font l'objet de documents distincts (disponibles) pour chacune des populations d'esturgeon blanc. Un résumé de l'aperçu est fourni pour chacun des bassins et pour les mesures menées ou lancées à l'échelle du pays et des bassins pour chaque population.

En collaboration avec ses partenaires, le MPO mettra au point un ou plusieurs plans d'action pour l'esturgeon blanc dans les cinq ans suivant la publication de la version définitive du présent programme de rétablissement.

La LEP prévoit la possibilité d'exempter certaines activités des interdictions générales qu'elle impose dans la mesure où ces activités sont autorisées par un programme de rétablissement, un plan d'action ou un plan de gestion et sont permises en vertu d'une loi fédérale. Ces activités ne doivent pas non plus nuire à la survie ou au rétablissement de l'espèce. Les activités autorisées à l'heure actuelle par le présent programme de rétablissement sont axées sur l'aquaculture de conservation pour appuyer le rétablissement de l'esturgeon blanc. Cependant, tant que les conditions précises énoncées dans le présent document sont respectées, on peut envisager des exemptions pour les prises accessoires et les prélèvements directs des Premières Nations dans le cadre des pêches à des fins alimentaires, sociales et rituelles (ASR). Les activités ou la somme des activités qui pourrait être autorisée par le présent programme de rétablissement ne doivent pas nuire à la survie ou au rétablissement de l'esturgeon blanc. Il faudra effectuer une surveillance et des évaluations de manière régulière pour vérifier qu'aucun risque n'est introduit.

Certains des termes et des acronymes utilisés dans le présent programme de rétablissement sont définis afin de simplifier la compréhension du lecteur. Ces définitions se trouvent aux annexes C et D.

1. Information sur l’espèce

Nom commun : esturgeon blanc
Nom scientifique : Acipenser transmontanus
Résumé de l'évaluation du COSEPAC : novembre 2003
Situation selon le COSEPAC : en voie de disparition
Justification de la désignation par le COSEPAC : Espèce longévive affichant une durée de génération de 30 à 40 ans et une maturité sexuelle tardive qui a subi un déclin de plus de 50 % depuis les trois dernières générations.1 Trois des six populations sont en voie de disparition imminente au pays. Les populations qui existent encore font face à des menaces posées par la dégradation et la perte de l'habitat en raison des barrages, des eaux de retenue, de la canalisation, de l'endiguement et de la pollution. La pêche illégale (braconnage) et les prises accidentelles menacent également la population. En outre, une industrie commerciale d'aquaculture émergente peut également poser des risques supplémentaires sur le plan de la génétique, de la santé et de l'écologie pour les populations sauvages.
Présence au Canada : Colombie-Britannique
Historique de la situation selon le COSEPAC : désignée comme préoccupante en avril 1990. Situation réexaminée et désignation changée à « en voie de disparition » en novembre 2003. Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d'un rapport de situation.
Situation en vertu de la LEP : En voie de disparition – Annexe 1 (2006)

En novembre 2012, le COSEPAC a évalué de nouveau la situation de l'esturgeon blanc et a divisé l'espèce en quatre unités désignables (UD). La répartition et la structure génétique de ces UD diffèrent quelque peu de celles des six populations importantes à l'échelle nationale relevées dans l'évaluation de 2003. Cependant, le présent programme de rétablissement a été préparé en vue de fournir des lignes directrices accessibles à tous pour assurer le rétablissement de l'espèce à l'échelle nationale et répondre à l'inscription, en 2006, des populations du haut Columbia, du haut Fraser et des rivières Nechako et Kootenay sur la liste en vertu de la LEP tout en tenant compte du fait qu'il pourrait être nécessaire d'apporter des ajustements aux stratégies de rétablissement et à la portée des activités.

2. Description de l'espèce

2.1 Préambule

Au Canada, l'esturgeon blanc se trouve uniquement en Colombie-Britannique et est réparti en six populations selon différents éléments géographiques, démographiques et génétiques : le bas, le haut et le mi-Fraser, le haut Columbia et les rivières Nechako et Kootenay. En 2003, le COSEPAC a désigné chacune de ces populations comme étant en voie de disparition; les quatre dernières sont légalement inscrites en vertu de la LEP. Le présent document contient un programme de rétablissement conforme à la LEP pour les quatre populations inscrites en vertu de la LEP ainsi que des recommandations en matière de rétablissement et de gestion des populations du bas Fraser et du mi-Fraser. Les sections 2 et 3 (Description de l'espèce et Description des besoins de l'espèce) de même que la section 10 (Mise en œuvre) du présent document portent sur toutes les populations, alors que les recommandations en matière de rétablissement et de gestion des populations, inscrites ou non en vertu de la LEP, sont abordées séparément dans d'autres sections.

2.2 Biologie générale

L'esturgeon blanc, Acipenser transmontanus, est le plus gros poisson d'eau douce de toute l'Amérique du Nord. C'est aussi l'espèce à la longévité la plus longue sur notre continent (Scott et Crossman 1973). On a signalé des poissons de plus de 6 mètres de long et âgés de plus de 100 ans dans le fleuve Fraser (Scott et Crossman 1973). Les caractéristiques les plus distinctives de l'esturgeon blanc sont un squelette essentiellement cartilagineux, un long corps sans écaille couvert de rangées de grandes plaques osseuses (aussi appelées scutelles) sur les flancs et le dos, une queue semblable à celle des requins (hétérocerque) et quatre barbillons entre la bouche et le museau allongé. Il capture sa nourriture et s'alimente par succion grâce à sa bouche protractile. La couleur du dos et l'extrémité supérieure des scutelles varie du noir à l'olive ou au gris pâle. Le ventre est toutefois invariablement blanc (Scott et Crossman 1973).

Figure 1. L'esturgeon blanc, Acipenser transmontanus. (Dessin par Paul Vecsei, gracieuseté de Golder Associates Ltd.)

Figure 1. Croquis en noir et blanc représentant une vue latérale du flanc droit d'un esturgeon blanc adulte (Paul Vecsei, gracieuseté de Golder Associates Ltd.). Le poisson a un corps allongé, sans écaille, présentant trois lignes de plaques osseuses qui suivent, en longueur, le dos et les flancs (aussi appelées scutelles et denticules respectivement). Quatre barbillons sont présents entre la bouche protractile et un museau allongé qui forment une tête aplatie. Ce poisson a une queue semblable à celle des requins (hétérocerque) et une nageoire caudale qui part de la moitié inférieure. En partant de la queue, on trouve une nageoire anale (sur le ventre), une nageoire dorsale (sur le dos), une nageoire pelvienne (sur le ventre) et des nageoires pectorales (de chaque côté) juste avant la tête.

esturgeon blanc

L'esturgeon blanc a une croissance lente et une maturité sexuelle tardive. Les taux de croissance et la maturité varient considérablement dans l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce. Les taux de croissance les plus élevés ont tendance à se produire dans les eaux plus chaudes, là où les saisons de croissance sont plus longues et la nourriture, abondante.

Les mâles ont tendance à atteindre leur maturité sexuelle à un plus jeune âge et à une plus petite taille que les femelles. Bien que les femelles et les mâles puissent frayer à partir de 26 et 11 ans respectivement, le frai se produit souvent plus tard (Semakula et Larkin 1968). De plus, l'esturgeon blanc peut frayer à plusieurs reprises au cours de sa vie. Par exemple, selon les données limitées sur l'esturgeon blanc du bas Fraser, il semble que les femelles frayent à un intervalle qui varie de 4 à 11 ans et qui s'allonge avec l'âge (Semakula et Larkin 1968,, Scott et Crossman 1973). Les programmes d'alevinage pour l'esturgeon blanc dans les rivières Nechako et Kootenay ont relevé des frais à des intervalles aussi courts que 3 à 4 ans (Steve McAdam, ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique, communication personnelle) Le taux estimé de survie durant la première année est très faible : (0,000396 % selon Gross et al. 2002) et augmente pour les juvéniles d'écloserie de plus d'un an et demi (p. ex., 29% selon Golder Associates Ltd. 2007, Beamesderfer et Justice 2008). Le taux de survie peut être également très faible selon la classe d'âge en raison de la survie juvénile liée à la densité (Justice et al. 2009). Les taux de survie sont considérablement plus élevés chez les juvéniles et les adultes; les estimations varient de 91 % à 97 % (Gross et al. 2002, Walters et al. 2005, Irvine et al. 2007). L'effet combiné du faible taux de survie des individus aux stades précoces et des mortalités qui en découlent pendant plusieurs années font en sorte qu'il y a relativement peu d'individus qui atteignent les âges avancés que l'on cite fréquemment pour l'espèce.

2.3 Stades biologiques

Par souci de cohérence, le présent document emploiera les principaux stades biologiques suivants. L'équipe nationale de rétablissement a passé en revue la terminologie, mais divers autres termes pourraient être utilisés dans d'autres documents. La division en différents stades biologiques, énumérés ci-après, permet de mieux diriger les discussions sur les processus biotiques propres à chacun des stades, les habitats, y compris les fonctions biologiques, les caractéristiques et les attributs de l'habitat essentiel, ainsi que les objectifs en matière de population et de répartition abordés ici.

Frai -- Le frai constitue la principale période de reproduction active des individus matures. Elle se produit habituellement peu après la pointe de la crue printanière, mais son occurrence exacte varie considérablement selon les emplacements. S'il est logique de procéder ainsi, la période de frai peut inclure une halte près des frayères juste avant le frai.

Incubation -- L'incubation est la période allant de la fertilisation jusqu'à l'éclosion. L'éclosion a lieu de 5 à 10 jours après la fertilisation selon la température de l'eau. Une température supérieure à 20 °C peut entraîner un développement anormal et une réduction du taux de survie (Wang et al. 1985, 1987). Puisque l'incubation a lieu dans le même habitat que le frai ou dans un habitat adjacent, les études sur le frai et l'incubation sont souvent combinées dans le présent document.

Larve vésiculée (de 0 à 12 jours après l'éclosion) -- Lorsqu'ils sont au stade de larve vésiculée, les individus ont tendance à demeurer cachés (habituellement dans les interstices du substrat au fond des rivières) jusqu'à ce que la vésicule vitelline se résorbe. Cependant, au début de cette période, il est possible que la larve se laisse emporter par le courant jusqu'à ce qu'elle trouve de bons endroits où se cacher. Ce stade biologique prend fin au début de l'alimentation exogène. Les individus se nourrissent pour la première fois de 8 à 16 jours après l'éclosion, selon la température de l'eau (Doroshov et al. 1983; Buddington et Christofferson 1985; Gawlicka et al. 1995). Le stade de développement couvre généralement les 12 jours après l'éclosion.

Larve après résorption (de 12 à 40 jours après l'éclosion) -- Au début de la période larvaire, les individus émergent de l'endroit où ils se cachaient, se laissent emporter par le courant la nuit et commencent à ingérer leur nourriture. Les individus se nourrissent pour la première fois de 8 à 16 jours après l'éclosion, selon la température de l'eau (Doroshov et al. 1983; Buddington et Christofferson 1985; Gawlicka et al. 1995). Une larve se nourrit pour la première fois après environ 200 unités de température accumulée (Boucher 2012). En se laissant emporter par le courant la nuit, les individus peuvent vraisemblablement éviter davantage les prédateurs. On présume que cela permet aussi aux larves de se rendre dans des habitats d'alimentation à débit faible (p. ex., chenaux latéraux ou plaines d'inondation). La division entre les stades de la larve après résorption et des juvéniles précoces s'appelle la métamorphose. Ce phénomène se produit lorsque le poisson présente les caractéristiques de la forme adulte. Selon diverses suggestions, la métamorphose peut se produire à différents âges. Dans le présent document, la métamorphose est établie à l'âge de 40 jours (Buddington et Christofferson, 1985; Deng et al. 2002).

Juvénile précoce (de 40 jours à 2 ans) -- Même si, après sa métamorphose, l'esturgeon blanc juvénile précoce ressemble beaucoup aux stades biologiques ultérieurs du point de vue morphologique, l'utilisation des habitats t et les régimes alimentaires sont très différents, principalement à cause de la différence de taille. C'est au cours de ce stade compris entre 40 jours et 2 ans que le jeune poisson devient moins vulnérable à la prédation. À l'âge d'un an, on remarque souvent les poissons dans des habitats semblables à ceux des adultes. La division entre ce stade biologique et le suivant a été établie à l'âge de deux ans de manière plus ou moins arbitraire. En général, lorsque l'esturgeon blanc atteint l'âge d'un an, il a tendance à occuper un habitat semblable à celui que les adultes préfèrent.

Juvénile tardif et adulte (plus de deux ans) -- La taille et la maturité sexuelle des individus âgés de plus de deux ans diffèrent de celles des juvéniles tardifs, mais les habitats semblables. Ainsi, ces poissons peuvent se regrouper pendant les phases d'élevage et d'hivernage. Les ressources alimentaires changent vraisemblablement au cours de ce stade et les poissons plus âgés ont davantage tendance à devenir piscivores. Ce stade biologique comprend les activités suivantes : haltes migratoires, hivernage, migration et élevage.

L'esturgeon blanc rejette une grande quantité d'œufs et de sperme sur les substrats du fond dans la colonne d'eau des habitats situés dans des rivières turbulentes. Le frai a lieu à la fin du printemps et au début de l'été, habituellement après que l'eau a atteint son niveau le plus élevé au cours de la crue. À ce moment, la température et le débit de l'eau au-dessus du substrat grossier augmentent (Parsley et al. 1993, RL&L Environmental Services Ltd. 1994a, Parsley et Kappenman 2000, Paragamian et al. 2002, Parsley et al. 2002, Perrin et al. 2003, Sykes et al. 2007) , mais on remarque des écarts par rapport à ce modèle général. La plupart des études indiquent que, pendant le frai, les conditions hydrauliques sont importantes (Paragamian et al. 2009, McDonald et al. 2010, Sykes 2010); l'état du substrat semble toutefois avoir une incidence décisive sur la survie des œufs et des individus aux tout premiers stades (Paragamian et al. 2009, McAdam 2011, Boucher 2012, McAdam 2012). Dans le fleuve Fraser, le seul cours d'eau examiné dont le débit n'est pas régulé, le frai a surtout été observé dans les habitats des grands chenaux latéraux de la mi-juin jusqu'à la fin juillet (RL&L Environmental Services Ltd. 2000a, Perrin et al. 2003, Paradis et al. 2011). Dans le cours principal du fleuve Columbia et dans la rivière Snake, le frai se produit surtout dans les aires situées en aval des grands barrages (p. ex., Parsley et al. 1993, Parsley et Kappenman 2000, Lepla et al. 2001, Terraquatic Resource Management 2011) ou au confluent des grands affluents, ce qui pourrait indiquer que l'esturgeon choisit des frayères où le débit est élevé. Dans la rivière Kootenay, l'esturgeon blanc fraye dans le cours principal loin en aval du barrage Libby (Idaho, États-Unis) alors que dans la rivière Nechako, il fraye également loin en aval du barrage Kenney (à l'intérieur et en amont d'une section anastomosée de la rivière) près de Vanderhoof, en Colombie-Britannique.

Le nombre d'œufs que les esturgeons blancs femelles peuvent produire (c.-à-d. la fécondité) est directement proportionnel à la taille du poisson. Selon Scott et Crossman (1973), une femelle peut pondre de 0,7 à 4 millions d'œufs. Par exemple, une femelle de 239 cm contenait environ 0,7 million d'œufs (Scott et Crossman 1973). D'un diamètre d'à peu près 3,5 mm, les œufs sont adhésifs et démersaux (Deng et al. 2002).

Durant l'incubation (le stade biologique commençant à la fertilisation et se terminant à l'éclosion), les embryons d'esturgeon blanc se nourrissent de manière endogène. Le moment de l'éclosion dépend de la température de l'eau et intervient après environ 5 à 10 jours à des températures variant de 11 °C à 21,5 °C (Wang et al. 1985). On a toutefois remarqué un développement anormal et une réduction du taux de survie lorsque les stades précoces se produisent dans des eaux dont la température était supérieure à 18 °C (Wang et al. 1985, 1987). Pendant plusieurs jours après l'éclosion, la larve vésiculée continue de se nourrir de manière endogène à l'aide d'une vésicule vitelline (van der Leeuw et al. 2006). La larve commence à ingérer sa nourriture une fois que la vésicule se résorbe, d'où son nom de larve après résorption. La métamorphose, qui comprend le développement des caractéristiques osseuses propres aux adultes, est terminée environ 40 à 60 jours après l'éclosion, selon la température de l'eau; les jeunes poissons sont alors pratiquement identiques aux adultes (Wang et al. 1985, Kynard et al. 2007).

En élevage, le taux de mortalité quotidien le plus élevé pour les jeunes esturgeons est lié au moment où ces derniers passent à l'alimentation exogène (Gisbert et Williot 2002). L'esturgeon blanc se nourrit ainsi pour la première fois de 8 à 16 jours après l'éclosion, selon la température de l'eau (Doroshov et al. 1983, Buddington et Christofferson 1985, Gawlicka et al. 1995). Pendant les premiers stades du développement, en écloserie, un régime alimentaire composé de plusieurs organismes permet une croissance plus rapide qu'un régime monospécifique (Gisbert et Williot 2002). Les études sur l'alimentation des larves en milieu naturel sont limitées (p. ex., Muir et al. 2000), mais des observations des habitudes alimentaires en milieu sauvage suggèrent que la larve se nourrit de divers aliments et qu'elle est davantage limitée par l'ouverture maximale de sa bouche que par le type d'aliment (Steve McAdam, ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique, communication personnelle).

Les connaissances sur les déplacements et la dispersion des individus au cours du développement précoce sont limitées, surtout compte tenu de l'importance de ce stade biologique pour le recrutement. Après l'éclosion, les larves vésiculées ont tendance à se cacher dans des interstices où elles se nourrissent endogéniquement des réserves contenues dans leur vésicule (McAdam 2011, McAdam 2012). Les larves peuvent se laisser emporter par le courant au cours de cette phase jusqu'à ce qu'elles trouvent de bons endroits où se cacher (Howell et McLellan 2006, McAdam 2011, McAdam 2012). Elles sortent de l'endroit où elles se cachaient au début de l'alimentation exogène. C'est alors qu'elles commencent également à se laisser emporter par le courant la nuit, ce qui leur permet vraisemblablement de se rendre dans leurs sites d'alimentation préférés (McAdam 2012). En se laissant emporter par le courant, les larves peuvent être dispersées sur des distances considérables : certaines larves ont été recueillies plus de 180 km en aval de la frayère, près du barrage Bonneville le long du fleuve Columbia (McCabe et Tracy 1994). Ce comportement amenant les larves à se cacher et à se laisser emporter par le courant a été observé lors de diverses études, sur le terrain et en laboratoire, consacrées à l'esturgeon blanc et à d'autres espèces d'esturgeon (Kempinger 1988, Parsley et al. 2002, Kynard et al. 2007, McAdam 2011, McAdam 2012); cependant, l'importance de ces phases pour le recrutement met en évidence la nécessité de cerner clairement les facteurs qui influent sur les taux de survie propres aux divers stades biologiques.

Les esturgeons blancs juvéniles et adultes sont aptes à se nourrir dans des habitats benthiques où la luminosité est faible, dans lesquels ils repèrent souvent leurs proies par contact direct grâce à leurs récepteurs gustatifs extrêmement sensibles situés sur les barbillons près de leur bouche (Brannon et al. 1985). Les esturgeons blancs juvéniles se nourrissent principalement de proies benthiques, notamment une diversité d'insectes aquatiques, d'isopodes, de mysidacés, de myes, d'escargots, de petits poissons et d'œufs de poisson (Scott et Crossman 1973, McCabe et al. 1993); les régimes peuvent toutefois varier tout au long de l'année et selon l'emplacement. Dans le haut Columbia, le Mysis relicta, un crustacé pélagique non indigène, est la proie de choix des juvéniles d'alevinage âgés d'un à deux ans, suivie des larves de phryganes (Golder Associates Ltd. 2006). Les adultes se nourrissent principalement de poissons, particulièrement de salmonidés migrateurs si possible, mais également d'écrevisses et de chironomidés (Scott et Crossman 1973). La population du bas Fraser a accès à davantage de sources alimentaires que celles des autres régions de la Colombie-Britannique et se nourrit notamment d'invertébrés et de poissons marins et estuariens, de poissons anadromes, ainsi que d'eulakanes (Thaleichthys pacificus), qui peuvent être abondants selon la saison, et de saumons du Pacifique migrateurs.

Les déplacements et les migrations des juvéniles tardifs et des adultes sont liés à l'alimentation, à l'hivernage et au frai. Les profils de déplacement semblent principalement influencés par le type et la disponibilité des aliments et des habitats. Il est possible que la présence d'un barrage ou d'autres dispositifs de régulation des cours d'eau altère ces profils naturels. Par exemple, dans un fleuve libre (sans retenue) comme le Fraser, les individus semblent demeurer dans les sites d'alimentation et effectuer des déplacements relativement localisés pendant l'été (RL&L Environmental Services Ltd. 2000a). On observe un comportement migratoire au cours de l'automne ou de l'hiver (si les habitats d'hivernage ne sont pas disponibles immédiatement), puis une période d'activité relativement faible pendant l'hiver; le moment et la durée de cette période d'inactivité varient selon les populations (RL&L Environmental Services Ltd. 2000b, Nelson et al. 2004). Les migrations de frai printanières sont plus longues que les déplacements aux fins d'alimentation et d'hivernage (RL&L Environmental Services Ltd. 2000a). Des études télémétriques menées dans le fleuve Columbia révèlent que même si l'esturgeon blanc demeure dans ses eaux préférées tout au long de l'année, certains individus se rendent également dans d'autres aires pour frayer ou se nourrir (Golder Associates Ltd. 2006b). On a observé des migrations sur des distances considérables (plus de 1 000 km) chez quelques individus ayant accès à l'océan (Welch et al. 2006). Dans le bas Fraser, on a également relevé de longues migrations (plus de 100 km); ces déplacements sont vraisemblablement dus à la plus grande variété de proies disponibles et au moment où elles sont présentes dans les cours d'eau, les estuaires et les eaux marines.

2.4 Répartition

On trouve des populations autonomes d'esturgeon blanc dans trois bassins versants de la côte Pacifique de l'Amérique du Nord : les réseaux hydrographiques des fleuves Fraser, Columbia et Sacramento. Elles se trouvent dans le cours principal de ces fleuves ainsi que dans plusieurs de leurs grands affluents. Les esturgeons blancs peuvent être facultativement anadromes; on a remarqué leur présence dans plusieurs estuaires et bras de mer côtiers, généralement près des embouchures des ruisseaux et des fleuves. Certains esturgeons migrent entre les trois bassins versants principaux et dans d'autres bassins côtiers en passant par l'océan (Pacific States Marine Fisheries Commission 1992). Bien que ces déplacements semblent rares, il faut admettre que les connaissances sur la portée des migrations et des échanges en milieu marin sont limitées. Des études sont en cours afin de mieux comprendre l'utilisation des estuaires et des milieux marins par la population du bas Fraser.

Il existe au Canada six populations d'esturgeon blanc importantes à l'échelle nationale (toutes situées en Colombie-Britannique) : les populations du bas, du mi et du haut Fraser, du haut Columbia et des rivières Nechako et Kootenay (Figure 2 et Figure 3 ) (Smith et al. 2002, COSEPAC 2003). Dans le présent document, on étudie souvent ces populations  séparément afin de tenir compte des différences en matière d'aspects biologiques, de menaces et de mesures de rétablissement. On aborde les populations selon leur position géographique d'Ouest en Est; cet ordre n'a toutefois aucune importance.

2.4.1 Fleuve Fraser

Les populations du bas, du mi et du haut Fraser sont les seules à ne pas être séparées directement par des barrages puisqu'il n'y en a aucun sur le cours principal du fleuve Fraser. Dans ce fleuve, on a relevé la présence d'esturgeons blancs dans le cours principal, en amont de l'estuaire marin jusqu'après la rivière Morkill, au nord-ouest de McBride, ce qui représente une distance d'environ 1 100 km (Yarmish et Toth 2002). On en trouve aussi dans certains des grands affluents, notamment dans les réseaux des rivières Nechako et Stuart (d'une longueur totale de 400 km), les rivières Harrison et Pitt ainsi que dans les confluents et les tronçons inférieurs de nombreux affluents, grands et petits, comme les rivières Bowron, McGregor et Torpy (Ptolemy et Vennesland 2003). On croit que la répartition actuelle dans le fleuve Fraser est la même, ou pratiquement la même, que par le passé, à l'exception des rivières Seton, Thompson et Nechako, où l'esturgeon blanc pourrait se faire plus rare qu'auparavant à cause des barrages qui ont été construits. L'esturgeon blanc est aussi présent dans plusieurs grands lacs, notamment les lacs Seton, Pitt et Harrison, de même que dans d'autres lacs, dont les lacs Williams et Kamloops.

En général, les individus peuvent se déplacer librement dans le cours principal du fleuve Fraser, à l'exception peut-être des rapides saisonniers du canyon du fleuve Fraser, comme le Hell's Gate. Cette section confinée du canyon, à environ 210 km de l'embouchure, constitue un obstacle pour de nombreuses espèces de poissons remontant la rivière. Malgré cela, on a tout de même relevé des saumons, des truites, des ombles et des esturgeons blancs qui remontaient et descendaient le fleuve. Il existe deux déplacements documentés de traversées du Hell's Gate en aval par des esturgeons blancs et un dans le sens inverse (Fraser River Sturgeon Conservation Society 2012).

Bien que les déplacements entre les populations du bas, du mi et du haut Fraser et de la rivière Nechako soient possibles, certains d'entre eux ayant d'ailleurs été occasionnellement consignés (Bande Lheidli T'enneh 2001, Golder Associates Ltd. 2003a, Fraser River Sturgeon Conservation Society 2012), les différences génétiques constatées dans l'ADN mitochondrial entre les populations suggèrent que les esturgeons blancs du fleuve Fraser vivent en populations isolées sur le plan reproductif dans ces sections du bassin versant (Smith et al. 2002). De plus, les données génétiques et provenant de l'étiquetage suggèrent fortement que la population de la rivière Nechako ne se reproduit pas et ne se mélange pas de manière significative avec celle du haut Fraser (Smith et al. 2002). À l'aide de microsatellites, Schreier et al. (2012) ont pu prouver la différence génétique entre les populations d'esturgeon blanc du fleuve Fraser présentes en amont et en aval du Hell's Gate. Ils ont également obtenu des preuves d'une sous-structure de population située en amont du Hell's Gate du fleuve Fraser et dans la rivière Nechako. Il serait utile de mener davantage de recherche sur cette sous-structure de population et les groupes de frai en amont du Hell's Gate dans le fleuve Fraser afin de mieux diriger les efforts de conservation concernant ces populations (Schreier et al. 2012).

La population du bas Fraser est jugée relativement productive puisqu'elle a accès à des nutriments d'origine marine (p. ex., saumon) et à des habitats estuariens dont les autres populations canadiennes ne disposent pas. Les juvéniles et les adultes de la population du bas Fraser se dispersent sur de grandes distances, surtout lorsque les sources alimentaires sont abondantes, comme au cours du frai de l'éperlan et de l'eulakane ou pendant la saison de migration et de frai des saumons quinnat, rose et kéta. Durant ces périodes, l'esturgeon se déplace beaucoup plus entre les aires de rassemblement, les frayères de ses proies et les zones de dépôt de carcasses.

2.4.2 Rivière Nechako

Dans le réseau de la rivière Nechako, l'esturgeon blanc se trouve à partir du confluent du fleuve Fraser, en amont jusqu'aux chutes Cheslatta et dans la majeure partie de la rivière Stuart, un des principaux affluents de la rivière Nechako, ainsi que dans plusieurs grands lacs, comme les lacs Fraser, Takla, Stuart et Trembleur. On a remarqué que certains des esturgeons blancs de la rivière Nechako se rendaient jusqu'au confluent du fleuve Fraser pour se nourrir et hiverner, mais ces déplacements sont limités (Première Nation Lheidli T'enneh 2008, Sykes 2008). Les migrations saisonnières vers les réseaux des lacs Stuart et Fraser coïncident avec celles du saumon, ce qui permet de penser que ces deux réseaux de lacs constituent des aires d'alimentation et d'élevage importantes pour cette population (Liebe et al. 2004). Le barrage Kenney a altéré le régime d'écoulement naturel et les habitats du cours d'eau, ce qui pourrait avoir influé sur les déplacements des esturgeons blancs (Nechako White Sturgeon Recovery Initiative 2004).

Figure 2. Carte du bassin hydrographique du fleuve Fraser montrant les aires de répartition approximatives de chacune des quatre populations d'esturgeon blanc présentes dans ce bassin . L'espèce vit principalement dans les habitats situés dans le cours principal du fleuve Fraser et de la rivière Nechako, mais elle utilise aussi largement les affluents et les grands lacs (comme ceux des bassins hydrographiques des rivières Harrison et Stuart). Les observations anecdotiques révèlent que l'esturgeon était présent dans plusieurs bassins situés au-delà des limites décrites (voir le texte pour plus de détails).

Figure 2. Carte du bassin du fleuve Fraser montrant les aires de répartition approximatives de chacune des quatre populations d'esturgeon blanc présentes dans le bassin hydrographique du fleuve Fraser. L'un des affluents de la rivière Nechako ( représenté par la zone ombrée en points fins) part d'environ 75 km au nord-ouest de Fort St. John pour s'écouler vers le sud-est. Les deuxième et troisième affluents où cette population est présente prennent leur source près du lac Fraser et du barrage Kenney respectivement, pour se rejoindre entre le lac Fraser et Vanderhoof. L'affluent susmentionné provenant de Fort St. John rejoint cette confluence pour s'écouler sur une cinquantaine de kilomètres vers l'est pour aboutir à Prince George. La population du haut Fraser (représentée par la zone ombrée en triangles) occupe la zone du nord-ouest située juste après McBride, près de la frontière avec l'Alberta, jusqu'à Prince George. Cette population atteint un « point de rencontre » où elle est en contact avec celle du mi-Fraser (représentée par la zone ombrée en lignes obliques), en gros sur la moitié de la distance entre Prince George et Quesnel. La population du mi-Fraser (représentée par la zone ombrée en gros points) se trouve au sud, à partir de ce point de rencontre jusqu'à mi-chemin environ entre Hope et Lytton, dans le canyon du Fraser. L'aire de répartition de la population du bas Fraser (représentée par la zone ombrée en hachurage croisé) s'étend vers le sud à partir du canyon du Fraser et traverse la vallée du Fraser vers l'ouest jusqu'à Delta. Les barrages sont indiqués et représentés par un symbole mauve. L'échelle et la légende de la carte sont indiquées. Un encart montre que les emplacements sont situés surtout dans l'angle sud-ouest et l'intérieur de la Colombie-Britannique. Sur la carte, le Nord est représenté vers le haut.

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Figure 3. Carte des bassins du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay montrant les aires de répartition approximatives de deux des populations d'esturgeon blanc en Colombie-Britannique. Les registres indiquent que l'esturgeon a autrefois vécu à l'extérieur des frontières décrites, mais en faible abondance. De petites populations reliques vivent en amont du barrage Duncan et dans le lac Slocan (voir le texte pour plus de détails). Des esturgeons blancs sont présents dans le fleuve Columbia, à la confluence de celui-ci et de l'océan Pacifique. Toutefois, le présent document ne traite que de l'esturgeon habitant en amont de la frontière canado-américaine.

Figure 3. Carte des bassins du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay représentant les aires de répartition approximatives de deux populations d'esturgeon blanc en Colombie-Britannique. La population du haut Columbia (représentée par la zone ombrée en hachurage croisé) va du nord de Revelstoke (où est elle est bloquée par le barrage de Revelstoke ), jusqu'après le barrage Hugh L. Keenleyside, Castlegar et Trail vers le sud, pour aboutir au barrage de Grand Coulée, dans le nord-est de l'État de Washington. La population de la rivière Kootenay ( représentée par la zone ombrée en points fins) commence près de Meadow Creek et va vers le sud jusqu'à Balfour, où elle rejoint un autre affluent qui coule vers le nord depuis le barrage de Libby , dans le nord-ouest de l'État du Montana; à partir de ce confluent, en direction du sud-ouest, la population est présente jusqu'aux environs de Nelson. Les barrages sont indiqués et représentés par un symbole mauve. L'échelle et la légende de la carte sont indiquées. Un encart montre que les emplacements sont situés surtout dans le bassin de la rivière Kootenay en Colombie-Britannique. Sur la carte, le Nord est représenté vers le haut.

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2.4.3 Fleuve Columbia

Par le passé, l'esturgeon blanc allait de l'océan au lac Columbia, situé dans le haut Columbia, et aux chutes de Shoshone, qui se trouvent dans la partie supérieure de la rivière Snake. Les populations qui vivaient dans les tronçons supérieurs du bassin étaient fort probablement des populations résidentes et tiraient avantage de la disponibilité saisonnière de saumons anadromes. L'esturgeon blanc habitait dans le cours supérieur principal du fleuve Columbia, le cours inférieur des rivières Spokane et Pend-d'Oreille et la partie inférieure de la rivière Kootenay, jusqu'aux chutes de Bonnington. Il est probable qu'il utilisait également certaines portions des affluents plus petits, notamment les rivières Sanpoil, Kettle, Slocan et Salmo (Hildebrand et Birch 1996, Prince 2001). La répartition était vraisemblablement éparse, les poissons utilisant probablement ces différents habitats de manière saisonnière en fonction de processus vitaux spécifiques. Des esturgeons blancs ont été observés au début des années 1900 dans le bras principal du fleuve Columbia en aval de Castlegar, dans le cours inférieur de la rivière Kootenay en aval des chutes de Bonnington, dans les lacs Arrow, à Big Eddy près de Revelstoke, et dans le site actuel du barrage Mica (Prince 2001).

L'aire de répartition actuelle de l'esturgeon blanc dans le haut Columbia s'étend du barrage de Revelstoke (REV) au barrage de Grand Coulée, dans l'État de Washington. Elle comprend également le cours inférieur de la rivière Kootenay, de la confluence de celle-ci au fleuve Columbia, jusqu'au barrage Brilliant (figure 3). Les études sur cette population portent sur trois régions géographiques : i) le réservoir des lacs Arrow (ALR), en amont du barrage Hugh L. Keenleyside (HLK); ii) le tronçon transfrontalier, qui va de la partie aval du barrage HLK au réservoir Roosevelt (FDR) (Upper Columbia White Sturgeon Recovery Initiative 2012) et iii) le tronçon du réservoir Roosevelt (FDR). Le présent programme de rétablissement ne vise que l'esturgeon blanc et les habitats se trouvant en amont de la frontière canado-américaine.

La composante ALR de la population d'esturgeon blanc du fleuve Columbia a accès à environ 230 km d'habitat fluvial et lacustre, lequel s'étend de REV à la composante HLK, située en aval. L'abondance de la portion de population présente dans le réservoir des lacs Arrow (ALR) est beaucoup plus faible que celle des deux autres portions. On a observé des esturgeons portant un radio-émetteur qui hivernaient dans les battures Beaton. Durant le printemps et l'été, plusieurs esturgeons remontent jusqu'à Revelstoke ou dans le bras Beaton, près de la confluence de celui-ci et de la rivière Incomappleux (voir la section 8 : Habitat essentiel). Les évaluations portaient essentiellement sur le cours supérieur du réservoir des lacs Arrow (ALR). En tout, 32 individus y ont été capturés (Golder Associates Ltd. 2006c). Plus récemment, on s'est davantage consacré aux évaluations des tronçons étroits du réservoir des lacs Arrow (ALR) (voir la section 8 : Habitat essentiel), ce qui a donné lieu à la capture de 10 autres individus (Prince 2002, 2003, 2004).

Les esturgeons blancs de la population transfrontalière ont accès aux habitats situés entre le barrage HLK et le barrage de Grand Coulée (figure 3). L'habitat canadien de cette population comprend environ 56 km d'habitat fluvial, entre le barrage HLK et la frontière canado-américaine, ainsi qu'un petit tronçon du cours inférieur de la rivière Kootenay, en aval du barrage Brilliant. La population transfrontalière fait l'objet d'études depuis 1990 (Upper Columbia White Sturgeon Recovery Initiative 2002). Des déplacements d'esturgeons blancs entre le Canada et les États-Unis ont été observés (Golder Associates Ltd. 2006b), mais les esturgeons qui vivent dans le tronçon transfrontalier ont tendance à demeurer dans des endroits passablement localisés. Certains individus parcourent une plus grande distance, possiblement pour le frai (Golder Associates Ltd. 2006b, Nelson et McAdam 2012). Les habitats situés dans ce tronçon comprennent de vastes zones profondes de remous qui constituent l'endroit de prédilection des esturgeons blancs et de leurs proies (Golder Associates Ltd. 2006b). Des concentrations d'esturgeons blancs adultes en hivernage ont été observées, principalement entre les remous du barrage HLK et le ruisseau Norns (à 7 km en aval de ce dernier), ainsi que dans les remous de Fort Shepherd et du barrage Waneta et, dans une moindre mesure, dans la partie inférieure de la rivière Kootenay, en aval du barrage Brilliant (dans les remous de la rivière Kootenay, près du pont Brilliant, dans le bassin d'admission du barrage Brilliant; voir la section 8 : Habitat essentiel).

Les recherches menées depuis 2005 nous ont appris beaucoup de choses sur la répartition et la densité des esturgeons dans le tronçon de rivière d'environ 40 km situé entre la frontière canado-américaine et le réservoir Roosevelt (FDR)(Howell et McLellan 2007a, b, Howell et McLellan 2009, 2011). La plupart des esturgeons adultes vivent dans la zone de transition entre la rivière et le réservoir et en amont, jusqu'à la frontière. Des populations très denses habitent dans le bassin principal du réservoir Roosevelt (FDR) (Howell et McLellan 2007a, b). Des activités de frai ont été observées à deux endroits près de Northport et China Bend (État de Washington). Malgré l'échec du recrutement au sein de cette population, de faibles niveaux de recrutement sont occasionnellement détectés (p. ex., en 1997). Même si certains emplacements abritent de nombreux individus (Nelson et McAdam 2013), les tendances démographiques (McAdam 2012) et les déplacements pendant la saison du frai (Howell et McLellan 2007a, b) laissent supposer des mouvements entre les zones, notamment dans le site de frai du barrage Waneta.

Il se peut que des populations reliques soient présentes en amont de la portion du réservoir des lacs Arrow (ALR) (entre REV et le barrage Mica, et dans le réservoir Kinbasket). Toutefois, aucun esturgeon n'a été capturé pendant les relevés, malgré les grands efforts déployés (RL&L Environmental Services Ltd. 1996a, 2000b, Prince 2009). Compte tenu de la grande taille de ces réservoirs, le fait de n'avoir capturé aucun esturgeon blanc ne prouve pas que l'espèce en est absente. Cela laisse plutôt entendre que l'abondance de la population est tout au plus très faible (RL&L Environmental Services Ltd. 2000b).

Il existe plusieurs hypothèses concernant la structure et la répartition historiques de la population d'esturgeon blanc vivant dans le haut Columbia. Par exemple, des études récentes tendent à indiquer que les groupes d'esturgeons blancs présents dans la portion canadienne du fleuve Columbia étaient autrefois composés de quelques populations (trois ou plus) isolées sur le plan reproductif (Nelson et McAdam 2012).  Cependant, Drauch Schreier et al. (2013) ont découvert, grâce à une analyse d’ADN nucléaire qui représentait les niveaux actuels de diversité génétique, que les esturgeons blancs présents dans le tronçon transfrontalier ne sont pas différents génétiquement des populations qui se trouvent en aval. Des études sur la structure génétique historique de la population sont en cours. Toutefois, aux fins de la planification du rétablissement, on considère que les esturgeons blancs vivant dans le fleuve Columbia, entre le barrage de Revelstoke (REV) et la frontière canado-américaine, constituent une seule population ou une unité désignable. Le présent programme de rétablissement ne tient pas compte de la portion de population vivant dans la partie américaine du réservoir Roosevelt (FDR), ni des portions de populations résiduelles et démographiquement isolées (p. ex., bassins de Revelstoke, de Kinbasket et de Slocan,  parties du cours inférieur de la rivière Kootenay entre les barrages Corra Linn et Brilliant)2.

2.4.4 Rivière Kootenay

La population d'esturgeon blanc de la rivière Kootenay3 s'étend des chutes Kootenay (État du Montana), à 50 km en aval du réservoir Libby (État de l'Idaho), au réservoir Corra Linn situé en aval, dans le cours inférieur du bras ouest du lac Kootenay (Colombie-Britannique).

Les chutes Kootenai constituaient sans doute une barrière naturelle infranchissable pour les esturgeons blancs migrant vers l'amont. Toutefois, il existe quelques rapports anecdotiques qui témoignent de la présence d'esturgeons blancs en amont des chutes Kootenai, au Montana et en Colombie-Britannique (Jason Flory, U.S. Fish and Wildlife Service, comm. pers.). Au milieu des années 1970, après la construction du réservoir Libby, Montana Fish, Wildlife & Parks a introduit cinq esturgeons blancs adultes dans le réservoir Koocanusa. L'un d'entre eux a été capturé au pont de Wardner en 1980, mais on ne sait pas ce qu'il est advenu des autres spécimens. Il est possible qu'ils aient été capturés en totalité ou en partie par des pêcheurs à la ligne.

Une barrière naturelle située dans les chutes de Bonnington, en aval du lac Kootenay, isole les esturgeons blancs de la rivière Kootenay des autres populations d'esturgeon blanc vivant dans le bassin du fleuve Columbia depuis la fin de l'époque pléistocène, il y a environ 10 000 ans (Northcote 1973). L'habitat de frai est situé aux États-Unis, tandis que la majorité des habitats de croissance des adultes et des juvéniles se trouvent dans le lac Kootenay et dans la portion canadienne de la rivière Kootenay. Le réservoir Duncan et le lac Slocan contiennent très peu d'esturgeons blancs (RL&L Environmental Services Ltd. 1998a, b).

La rivière Slocan est un affluent de la rivière Kootenay et plusieurs esturgeons blancs ont été capturés dans le lac Slocan (RL&L Environmental Services Ltd. 1996b). On a calculé l'âge de deux esturgeons blancs capturés dans le lac Slocan à partir d'échantillons de rayosn de nageoires. Les spécimens étaient plus jeunes que ceux vivant dans le barrage Brilliant (RL&L Environmental Services Ltd. 1996b). On croit que ces individus ont peut-être été entraînés depuis l'amont, dans la rivière Kootenay, pour ensuite se rendre dans le lac Slocan (RL&L Environmental Services Ltd. 1996b, 1997).

Des études de localisation menées dans le lac Kootenay ont permis de retrouver des esturgeons libérés en amont de la frontière canado-américaine (Neufeld et Spence 2004a, Neufeld et Rust 2009). Selon une étude menée en 2005, des esturgeons blancs juvéniles marqués ayant été relâchés se trouvent aux États-Unis (n=4) et au Canada (n=1), en amont du lac Kootenay (Neufeld et Rust 2009). Tous les poissons relâchés dans les tronçons peu profonds à forte déclivité situés en amont de Bonners Ferry, en Idaho, se sont déplacés en aval jusqu'au tronçon à déclivité plus faible, en aval de la ville, dans les deux mois suivant leur libération (Neufeld et Rust 2009). Pendant ce temps, les esturgeons juvéniles relâchés dans ce tronçon à déclivité plus faible se sont déplacés à la fois en amont et en aval; 9 % (n=3) des individus marqués ont quitté les sites de libération de la rivière pour ensuite gagner le lac Kootenay (Neufeld et Rust 2009). Les tronçons à forte pente se caractérisent généralement par des déclivités de 0,6 m/km-1 et des vitesses de courant supérieures à 0,8 m/sec-1, tandis que les tronçons à faible pente présentent habituellement des déclivités de 0,02 m/km-1 et des vitesses de courant inférieures à 0,4 m/sec-1 (Neufeld et Rust 2009).

2.5 Abondance et tendances des populations

Pour la plupart des populations d'esturgeon blanc, on ne dispose pas de données sur les tendances à long terme. Cela est dû au fait que la majorité des études sont relativement récentes (though see Walters et al. 2005, Whitlock et McAllister 2012). Diverses sources de données peuvent être utilisées pour démontrer que l'abondance des populations a diminué dans de nombreuses zones de l'aire de répartition canadienne. C'est notamment le cas dans la rivière Nechako, la rivière Kootenay et le fleuve Columbia, où le moment du déclin coïncide avec la construction des barrages et la régulation subséquente du débit des rivières. Dans le bas Fraser, le déclin découle principalement des captures passées et de la perte d'habitat. L'abondance des esturgeons blancs dans le mi-Fraser et le haut Fraser est probablement limitée par la nourriture et l'habitat et on estime qu'elle est aux niveaux historiques ou proche de ceux-ci. L'échec du recrutement4 dans la rivière Nechako, la rivière Kootenay et le fleuve Columbia donne lieu à des structures par âge très asymétriques. Toutefois, un recrutement régulier a cours dans le bas Fraser, le mi-Fraser et le haut Fraser; la structure par âge dans cette zone semble normale (Ptolemy et Vennesland 2003).

Les estimations de l'abondance totale des populations d'esturgeon blanc de la rivière Nechako, de la rivière Kootenay et du fleuve Columbia sont présentées dans le tableau 1. Elles portent sur les individus sauvages (c.-à-d. non produits en écloserie) d'une longueur totale supérieure à 40 cm. Trois estimations de la population sont fournies pour la population du fleuve Columbia, lesquelles correspondent à des recensements différents qui divisent la population en trois portions : tronçon transfrontalier, ALR et FDR. L'estimation de l'abondance pour la population de la rivière Kootenay inclut les individus capturés au Canada ou aux États-Unis, puisque ces composantes ne peuvent être séparées.

Les estimations mises à jour de l'abondance d'esturgeons blancs matures en 2012 sont présentées dans le tableau 2. Ces estimations donnent de l'information sur le potentiel de reproduction de chaque population et sont fondées sur les estimations des individus d'une longueur supérieure à 160 cm et les dernières estimations du taux de survie.

Tableau 1. Estimations de l'abondance de l'esturgeon blanc sauvage au Canada. Les estimations portent sur les poissons d'une longueur supérieure à 40 cm sauf indication contraire donnée dans les notes. Le tableau comporte les cinq colonnes suivantes, de gauche à droite : Population ou composante de la population, Abondance estimée, IC de 95 %, Année de l'estimation et Référence. Juste en dessous des en-têtes des colonnes se trouvent onze rangées. La rangée 6 contient trois sous-catégories sous la catégorie « Population ou composante de la population : Columbia » : ALR, Transfrontière et FDR. De gauche à droite, voici le contenu des différentes rangées :

Rangée 1: Bas Fraser (est. 1), 44 713, 42 634 – 46 792, 2011, Nelson et al. 2012. La note de bas de tableau correspondant à 44 713 se lit comme suit : L'estimation de 2011 porte sur les poissons d'une longueur comprise entre 40 cm et 279 cm. Elle n'inclut pas les individus plus grands et plus petits en raison du faible nombre d'individus marqués et des taux de capture bas dans ces groupes de tailles (Nelson et al. 2013). Cette estimation de la population, effectuée dans le cadre d'une étude de marquage-recapture, est celle qui a été utilisée pour la planification de la gestion et du rétablissement de la population du bas Fraser puisqu'elle est à jour et qu'elle reflète probablement les tendances de la population. D'autres estimations de la population ont été réalisées par marquage-recapture et à l'aide d'autres données, par Walters et al. (2005) et Whitlock et McAllister (2012). Ces exercices de modélisation, ainsi que les estimations et recommandations de gestion connexes, sont également pris en compte dans la gestion de la population du bas Fraser et l'élaboration des mesures de rétablissement. La note de bas de tableau correspondant à 42 634 – 46 792 se lit comme suit : Les valeurs indiquées pour le bas Fraser décrivent la densité la plus élevée à 95 % rz non un intervalle de confiance paramétrique (voir Nelson et al. 2004). Rangée 2 : Bas Fraser (est. 2), 97 658, 73 582 – 121 734, 2004, Whitlock et McAllister 2012. La note de bas de tableau correspondant à 73 582 – 121 734 se lit comme suit : Moyenne plus ou moins l'écart-type. Rangée 3 : Mi-Fraser, 3 745, 3 064 – 4 813, 2000, RL&L 2000a. Rangée 4 : Haut Fraser, 815, 677 – 953, 2002, Yarmish et Toth 2002. Rangée 5 : Nechako, 571, 421 – 890, 1999, RL&L 2000a. La note de bas de tableau correspondant à 571 se lit comme suit : Les estimations portent sur les poissons d'une longueur à la fourche supérieure à 50 cm. Rangée 6 : Columbia, cellule vide, cellule vide, cellule vide, cellule vide. La note de bas de tableau correspondant à Columbia se lit comme suit : Ces trois segments de la population du fleuve Columbia sont présentées séparément et correspondent à des recensements différents de chaque composante de la population. Rangée 7 : ALR, 52, 37-92, 2003, Golder 2006b. La note de bas de tableau correspondant à Golder 2006b se lit comme suit : Ces valeurs concernent l'année 2003. Rangée 8 : Transfrontière, 1 157, 414 – 1 900, 2003, Irvine 2007. La note de bas de tableau correspondant à Irvine 2007 se lit comme suit : Ces valeurs concernent l'année 2003 et combinent les estimations distinctes de deux sections du fleuve entre HLK et la frontière américaine (voir les renseignements supplémentaires données dans le corps du document). Rangée 9 : FDR, 2 037, 1 093 – 3 223, 2007, Howell et McLellan 2007a, b. Rangée 10 : Kootenay, 990, 733 – 1  375, 2011, Beamesderfer et al. 2014. La note de bas de tableau correspondant à 990 se lit comme suit : Estimation établie à partir de l'analyse des données de capture, marquage et recapture de 1978-2012 sur les esturgeons sauvages présents dans la population de la rivière Kootenay en 2013 (Beamesderfer et al. 2014). Cette estimation vise les esturgeons blancs sauvages --  beaucoup de juvéniles relâchés par les écloseries ont actuellement une taille inférieure à 40 cm. Cette estimation de la population repose également sur une estimation combinée canadienne et américaine puisqu'il n'est pas possible de séparer les composantes. Rangée 11 : Total au Canada, 54  080, 49  073 – 60 038, cellule vide, cellule vide.La note de bas de tableau correspondant à Total au Canada se lit comme suit : Ce total est calculé à partir de l'estimation de l'année la plus récente dans le bas Fraser.

Tableau 1. Estimations de l'abondance de l'esturgeon blanc sauvage au Canada. Les estimations portent sur les poissons d'une longueur supérieure à 40  cm sauf indication contraire donnée dans les notes.
Population ou composante de la population Estimation de l'abondance IC de 95 % Année de l'estimation Référence
Bas Fraser (estimation 1) 44 7131 42 634 – 46 7922 2011 Nelson et al. 2012
Bas Fraser (estimation 2) 97 658 73 582 –121 7343 2004 Whitlock et McAllister 2012
Mi-Fraser 3 745 3 064 – 4 813 2000 RL&L 2000a
Haut  Fraser 815 677 – 953 2002 Yarmish et Toth 2002
Nechako 5714 421 – 890 1999 RL&L 2000a
Columbia5        
ALR 52 37 – 92 2003 Golder 2006b6
Tronçon transfrontalier 1 157 414 – 1 900 2003 Irvine 20077
FDR 2 037 1 093 – 3 223 2007 Howell et McLellan 2007a,b
Kootenay 990 733 – 1  375 2011 Beamesderfer et al. 2011
Abondance totale au Canada9 54 090 49  073 – 60 038    

1 L'estimation de 2011 porte sur les poissons d'une longueur comprise entre 40 cm et 279 cm. Elle n'inclut pas les individus plus grands et plus petits en raison du faible nombre d'individus marqués et des taux de capture bas dans ces groupes de tailles (Nelson et al. 2013). Cette estimation de la population, effectuée dans le cadre d'une étude de marquage-recapture, est celle qui a été utilisée pour la planification de la gestion et du rétablissement de la population du bas Fraser puisqu'elle est à jour et qu'elle reflète probablement les tendances de la population. D'autres estimations de la population ont été réalisées par marquage-recapture et à l'aide d'autres données fournies par Walters et al. (2005) et Whitlock et McAllister (2012). Ces exercices de modélisation, ainsi que les estimations et recommandations de gestion connexes, sont également pris en compte dans la gestion de la population du bas Fraser et l'élaboration des mesures de rétablissement.
2 Les valeurs indiquées pour le bas Fraser décrivent la densité la plus élevée à 95 % et non un intervalle de confiance paramétrique (voir Nelson et al. 2004).
3Moyenne ± écart-type.
4 Les estimations portent sur les poissons d'une longueur à la fourche supérieure à 50 cm.
5 Ces trois segments de la population du fleuve Columbia sont présentés séparément et correspondent à des recensements différents de chaque composante de la population
6 Ces valeurs concernent l'année 2003.
7 Ces valeurs concernent l'année 2003 et combinent les estimations distinctes de deux sections du fleuve entre HLK et la frontière américaine (voir les renseignements supplémentaires donnés dans le corps du document).
8  Estimation établie à partir de l'analyse des données de 1978-2012 sur la capture, le marquage et la recapture d’esturgeons sauvages présents dans la population de la rivière Kootenay en 2013 (Beamesderfer et al. 2014). Cette estimation vise les esturgeons blancs sauvages --  beaucoup de juvéniles relâchés par les écloseries ont actuellement une taille inférieure à 40 cm. Cette estimation de la population repose également sur une estimation combinée canadienne et américaine puisqu'il n'est pas possible de séparer les composantes.
9 Ce total est calculé à partir de l'estimation de l'année la plus récente dans le bas Fraser.

Tableau 2. Estimations de l'abondance des esturgeons blancs matures (d'une longueur supérieure à 160 cm) au Canada. Les estimations pour les populations de la rivière Nechako, de la rivière Kootenay et du fleuve Columbia ont été mises à jour pour 2012 à l'aide des meilleures estimations disponibles des taux de survie annuels. Les populations du bas Fraser, du mi-Fraser et du haut Fraser étant jugées relativement stables, on fournit les données du dernier recensement pour ces populations.

Le tableau comporte les quatre colonnes suivantes, de gauche à droite : Population, Référence pour l'estimation d'abondance non corrigée, Estimation du taux de survie et Nombre de poissons matures en 2012. Juste en dessous des en-têtes des colonnes se trouvent dix rangées. La rangée 6 contient trois sous-catégories sous la catégorie « Population : Columbia » : ALR, Transfrontière et FDR. De gauche à droite, voici le contenu des différentes rangées :

Rangée 1 : Bas Fraser, Nelson et al. 2012, 0,96, 8 460. Rangée 2 : Mi-Fraser, RL&L 2000a, 0,96, 749. Rangée 3 : Haut Fraser, Yarmish et Toth, 2002, 0,96, 185. Rangée 4 : Nechako, RL&L 2000a, 0,94, 243. La note de bas de tableau correspondant à 243 se lit comme suit : Population estimée en 1999 et suppose que 95 % de l'estimation non corrigée sont des poissons matures avec un taux de survie de 94 % par an projeté jusqu'en 2012. On ne dispose d'aucune estimation du taux de survie propre à la population de la rivière Nechako; cette valeur supposée est tirée de Whitlock (2007) et d'Irvine et al. (2007). Rangée 5 : Columbia, cellule vide, cellule vide, cellule vide, cellule vide. La note de bas de tableau correspondant à Columbia se lit comme suit : Ces trois segments de la population du fleuve Columbia sont présentées séparément et correspondent à des recensements différents qui divisent la population. D'autres renseignements sur ces composantes de la population sont donnés dans la section 2.4 (Aire de répartition). Rangée 6 : ALR, Golder 2006a, 0,97, 40. La note de bas de tableau correspondant à 40 se lit comme suit : Population estimée en 2003 et projetée jusqu'en 2012 sur la base d'un taux de survie annuel de 97 % (Irvine et al. 2007). Rangée 7 : Transfrontière, Irvine, 2007, 0,97, 790. La note de bas de tableau correspondant à 790 se lit comme suit : L'estimation d'abondance non corrigée porte sur l'année 2003. L'estimation pour 2012 suppose que 90 % des poissons sont matures avec un taux de survie annuel moyen de 97 % (Irvine et al. 2007) projeté jusqu'en 2012. Les estimations d'abondance concernent les poissons sauvages. Rangée 8 : FDR, Golder 2005b, 0,97, 1 749. La note de bas de tableau correspondant à 1 749 se lit comme suit : Population estimée en 2006 et qui suppose que 70 % des poissons de l'estimation d'abondance non corrigée sont matures (Howell et McLellan 2007b) et ont un taux de survie annuel de 97 % (Irvine et al. 2007) projeté jusqu'en 2012. Rangée 9 : Kootenay, Beamesderfer 2009, 0,96, 815. La note de bas de tableau correspondant à 815 se lit comme suit : Estimation provisoire révisée établie à partir de l'analyse des données de 1977-2008 sur les esturgeons sauvages présents dans la population de la rivière Kootenay en 2007 (Beamesderfer et al. 2009). Les analyses actuelles estiment à 96 % le taux de survie annuel (Beamesderfer et al. 2009; Matt Neufeld, Ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique, comm. pers.) projeté jusqu'en 2012. Cette estimation repose sur une estimation canadienne et américaine combinée car il n'est pas possible de séparer les composantes de la population. Rangée 10 : Total au Canada,cellule vide, cellule vide, 13 031.

Tableau 2. Estimations de l'abondance des esturgeons blancs matures (d'une longueur supérieure à 160  cm) au Canada. Les estimations pour les populations de la rivière Nechako, de la rivière Kootenay et du fleuve Columbia ont été mises à jour pour 2012 à l'aide des meilleures estimations disponibles des taux de survie annuels. Les populations du bas Fraser, du mi-Fraser et du haut Fraser étant jugées relativement stables, on fournit les données du dernier recensement pour ces populations.
Population Référence de l'estimation non corrigée de l'abondance Estimation du taux de survie Nombre d'individus matures en 2012
Bas Fraser Nelson et al. 2012 0,96 8 460
Mi-Fraser RL&L 2000a 0,96 749
Haut Fraser Yarmish et Toth 2002 0,96 185
Nechako RL&L 2000a 0,94 2431
Columbia2      
ALR Golder 2006a 0,97 403
Tronçon transfrontalier Irvine 2007 0,97 7904
FDR Golder 2005b 0,97 1 7495
Kootenay Beamesderfer 2009 0,96 8156
Abondance totale au Canada     13 031

1 Population estimée en 1999 et qui suppose que 95 % de l'estimation non corrigée sont des poissons matures avec un taux de survie de 94 % par an projeté jusqu'en 2012. On ne dispose d'aucune estimation du taux de survie propre à la population de la rivière Nechako; cette valeur supposée est tirée de Whitlock(2007) et d'Irvine et al. (2007).
2 Ces trois segments de la population du fleuve Columbia sont présentés séparément et correspondent à des recensements différents qui divisent la population. D'autres renseignements sur ces composantes de la population sont donnés dans la section 2.4 (Aire de répartition).
3 Population estimée en 2003 et projetée jusqu'en 2012 sur la base d'un taux de survie annuel de 97 % (Irvine et al. 2007).
4 L'estimation non corrigée de l'abondance concerne l'année 2003. L'estimation pour 2012 suppose que 90 % des poissons sont matures avec un taux de survie annuel moyen de 97 % (Irvine et al. 2007) projeté jusqu'en 2012. Les estimations d'abondance concernent les poissons sauvages.
5 Population estimée en 2006 et qui suppose que 70 % des poissons de l'estimation d'abondance non corrigée sont matures (Howell et McLellan 2007b) et ont un taux de survie annuel de 97 % (Irvine et al. 2007) projeté jusqu'en 2012.
6 Estimation provisoire révisée établie à partir de l'analyse des données de 1977-2008 sur les esturgeons sauvages présents dans la population de la rivière Kootenay en 2007  (Beamesderfer et al. 2009). Les analyses actuelles estiment à 96 % le taux de survie annuel (Beamesderfer et al. 2009; Matt Neufeld, Ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique, comm. pers.)) projeté jusqu'en 2012. Cette estimation repose sur une estimation canadienne et américaine combinée car il n'est pas possible de séparer les composantes de la population.

2.5.1 Fleuve Fraser

En utilisant comme critère de taille une longueur à la fourche5 d'au moins 160 cm, on a estimé qu'au moins 9 394 adultes étaient présents dans l'ensemble du fleuve Fraser : 8 460 dans le ba  Fraser, 749 dans le mi-Fraser et 185 dans le haut Fraser(Ptolemy et Vennesland 2003, Nelson et al. 2008; Tableau 2). Les estimations indiquent qu'environ 90 % des esturgeons blancs présents dans le fleuve Fraser vivent en aval de Hell's Gate.

Il n'existe aucune donnée sur les tendances des populations d'esturgeon blanc du haut Fraser et du mi-Fraser. On croit toutefois que l'abondance dans cette région est naturellement faible et qu'elle se situe aujourd'hui dans le spectre des variations historiques (Ptolemy et Vennesland 2003, Première Nation Lheidli T'enneh 2009). Cette conclusion est fondée sur un échantillonnage répété, les preuves d'un recrutement régulier (la structure par âge correspond à celle d'une population autonome) et l'absence générale de menaces directes pesant sur l'esturgeon et son habitat, à la fois aujourd'hui et par le passé. Toutefois, l'abondance des proies (p. ex., saumons anadromes) est de loin inférieure à ce qu'elle était autrefois.

La pêche commerciale à l'esturgeon pratiquée à des niveaux non durables à la fin des années 1800 et au début des années 1900 a entraîné une baisse importante  de l'abondance des esturgeons blancs dans le bas Fraser (Echols 1995, Walters et al. 2005). Par la suite, cette faible abondance a perduré du fait de la conservation non réglementée des prises accessoires au sein des Premières Nations et des pêches commerciales au saumon au filet (Walters et al. 2005). De plus, la gestion des captures dans le cadre de la pêche récréative mortelle était limitée jusqu'au début des années 1990 (Walters et al. 2005). La perte d'habitat et la diminution des proies ont contribué à maintenir l'abondance en dessous des niveaux historiques; le bas Fraser a subi une perte importante d'habitats estuariens, d'habitats de plaine inondable et d'habitats de chenaux secondaires (Rosenau et Angelo 2005), et le taux de remontes des saumons, des éperlans et des eulakanes se situe en deçà des niveaux passés (Pêches et Océans Canada 2010a). On surveille l'abondance des esturgeons blancs dans l bas Fraser depuis 1985. Cette surveillance est renforcée, depuis 1995, grâce à l'utilisation de techniques comme la radiotélémesure, l'analyse statistique des prises commerciales et récréatives, la méthode de marquage et de recapture et les études sur le cycle biologique (Lane 1991, Swiatkiewicz 1992, RL&L Environmental Services Ltd. 2000a, Nelson et al. 2004, Nelson et al. 2006, 2007, Nelson et al. 2008, 2009, Nelson et al. 2010, Nelson et al. 2011, Nelson et al. 2012). Les estimations récentes de la population fournies par Whitlock et McAllister (2012) sont quelque peu supérieures aux estimations précédentes (Walters et al. 2005, Nelson et al. 2011); toutefois, on a attribué cette différence à l'intégration plus explicite des déplacements des poissons chez Whitlock et McAllister (2012). Des rapports récents (Nelson et al. 2012) font état de déclins de la population totale depuis 2003, mais la population actuelle se situe à 10 % près de l'estimation de 2001 et présente des intervalles de confiance qui se chevauchent. De plus, l'abondance d'individus matures augmente de façon marquée depuis 2004. En outre, l'abondance plus faible des catégories de tailles plus petites témoigne possiblement de la poussée du recrutement qui se serait produite en 1996-1997 (Whitlock 2007). Compte tenu de la longévité de l'espèce et de la possibilité de tendances de recrutement à long terme, les recherches actuelles révèlent une structure par âge relativement normale et un recrutement variable (Nelson et al. 2009, Nelson et al. 2012).

2.5.2 Rivière Nechako

La surveillance de la population de la rivière Nechako a commencé en 1982 et a été renforcée à partir de 1995(Dixon 1986, RL&L Environmental Services Ltd. 2000a), grâce à l'utilisation de la radiotélémesure, des statistiques sur les prises récréatives, des estimations obtenues à partir de la méthode de marquage et de recapture et des études sur le cycle biologique . La répartition par âge est très asymétrique chez les individus plus vieux et indique que le recrutement au sein de la population depuis 1967 est faible, voire absent (McAdam et al. 2005). Selon les modèles de population élaborés par Korman et Walters (2001), environ 150 femelles matures seraient encore présentes dans la rivière Nechako et ce nombre chuterait à 25 d'ici 2025. Le rétablissement immédiat du recrutement de juvéniles n'entraînerait pas de hausse de l'abondance avant 25 ans au moins étant donné la maturation tardive de l'espèce. L'abondance totale en 1999 a été estimée à 571 individus (tableau 1). En supposant un taux de mortalité de 0,06, la population en 2012 devrait compter 243 individus (tableau 2). On se concentre davantage sur les efforts visant à remédier à l'échec du recrutement que sur la collecte de données de recensement supplémentaires (Cory Williamson, Ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique, comm. pers.).

Un programme d'écloserie axé sur les objectifs de conservation a été utilisé en tant que programme pilote pendant trois ans. Au total, 15 000 juvéniles ont été relâchés entre 2006 et 2008 (Cory Williamson, Ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique, comm. pers.). En 2013, la Freshwater Fisheries Society of British Columbia et le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique ont annoncé la création du centre de conservation de l’esturgeon blanc de la rivière Nechako, qui servira de centre d'écloserie et de recherche à Vanderhoof. Le centre devrait ouvrir au printemps de 2014. Le programme d'aquaculture servira à produire la population fondatrice et les œufs/larves destinés à la recherche sur la restauration de l'habitat.

2.5.3 Fleuve Columbia

La population du fleuve Columbia fait l'objet d'une surveillance depuis 1990 (Hildebrand et al. 1999, Upper Columbia White Sturgeon Recovery Initiative 2002). Des estimations séparées sont données pour les composantes de la population situées en amont et en aval de HLK. Ces estimations sont fondées sur les études de recensement (tableau 1). La population globale entre HLK et la frontière canado-américaine (tronçon transfrontalier) a été estimée à 1 157 individus (IC de 95 % : 414-1 900; Irvine et al. 2007); 2 037 (IC de 95 % : 1 093-3 223) autres individus vivraient en aval de la frontière canado-américaine, dans FDR (Howell et McLellan 2007a). L'estimation de la population pour le tronçon transfrontalier a ensuite été divisée en deux strates : A) de HLK à 20 km en aval et B) du km 20 à la frontière américaine (Irvine et al. 2007). En ce qui concerne la strate A, la population en 2004 a été estimée à 590 individus (IC de 95 % : 254-925); la strate B, quant à elle, compterait 566 individus (IC de 95 % : 158-974) (Robyn Irvine, Poisson Consulting Ltd., comm. pers.).

Le nombre d'esturgeons blancs sauvages matures présents dans la composante de la population ALR en 2012 a été estimé à environ 40 individus (tableau 2 ). Les données empiriques révèlent que des esturgeons blancs ont été observés en aval de REV; toutefois, les efforts visant à obtenir une confirmation de façon empirique n'ont pas abouti (Prince 2009). Des données récentes montrent que l’abondance des esturgeons blancs sauvages dans le fleuve Columbia déclinera encore de 50 % dans les 25 prochaines années /Golder Associates Ltd. 2005a).

On considère que la population du fleuve Columbia est exposée à un risque d'extinction important dans la nature. De solides preuves révèlent en effet que, depuis plusieurs décennies, le recrutement naturel est trop faible pour permettre à la population de se maintenir. Le frai annuel dans la composante transfrontalière de la population est observé depuis 1993  (Golder Associates Ltd. 2004, Upper Columbia White Sturgeon Recovery Initiative 2012). Il a aussi été décrit pour la composante ALR, mais de façon intermittente (Golder Associates Ltd. 2006c). Les analyses des données sur la structure par âge sont encore en cours, mais les données préliminaires tendent à indiquer que le recrutement a commencé à diminuer en 1969 et qu'il est très faible depuis 1985 (RL&L Environmental Services Ltd. 1994a; Steve McAdam, comm. pers., Hildebrand et al. 1999).

Le frai a été confirmé dans quatre sites : i) dans la rivière Pend d'Oreille, à la confluence de celle-ci et du fleuve Columbia, zone que l'on appelle le site de frai de Waneta; ii) dans un petit tronçon fluvial situé en aval de REV, le long de la berge du terrain de golf; iii) immédiatement en aval de la centrale de Arrow Lakes, dans la composante HLK (Terraquatic Resource Management 2011) et iv) dans deux sites situés en aval de la frontière américaine, à Northport, dans l'État de Washington (voir la section 8 : Habitat essentiel). Un autre site de frai a été localisé à Kinnaird (près de la confluence de la rivière Kootenay et du fleuve Columbia) grâce à la capture de larves; des études supplémentaires sont toutefois nécessaires, afin de confirmer l'emplacement exact du site de frai (Golder Associates Ltd. 2008). On ne sait pas exactement si les sites de frai actuels dans le fleuve Columbia étaient utilisés avant la construction des barrages. De plus, on ne sait pas vraiment à quel point les barrages ont séparé de façon artificielle les individus d'une même population. Les données préliminaires indiquent que les esturgeons blancs de la composante ALR présentent un profil génétique semblable à celui de certains individus provenant de l'aval de HLK (Nelson et McAdam 2012). De plus, l'évaluation de la composition chimique des rayons de nageoire révèle que la plupart des individus vivant immédiatement en aval du barrage Keenleyside ont possiblement grandi en amont de cet endroit (Clarke et al. 2011).

En 2001, un programme d'alevinage a été instauré, en tant que mesure de conservation; les remises à l'eau à partir des écloseries ont débuté en 2002. Les individus libérés avaient éclos en 2001. Au 1er janvier 2012, environ 164 585 juvéniles élevés en écloserie avaient été relâchés dans la zone de rétablissement du haut Columbia : 38 368 dans le tronçon du réservoir Roosevelt, 93 524 dans le tronçon du barrage Keenleyside et 36 693 dans le tronçon ALR (James Crossman, BC Hydro, comm. pers.). De plus, 1 454 010 larves avaient été relâchées dans le tronçon ALR (James Crossman, BC Hydro, comm. pers.).

Des études ont été entamées dans ALR afin de déterminer la répartition des individus d'écloserie relâchés et leur utilisation de l'habitat. Selon les premières indications, les zones où la présence de juvéniles est la plus soutenue sont situées entre les ruisseaux Wells et Crawford (Golder Associates Ltd. 2009). Des concentrations de juvéniles d'écloserie ont été observées dans le tronçon Robson, entre HLK et le cône alluvial du ruisseau Norns, et dans une série de remous plus petits situés en aval du remous de Waneta, près de la frontière canado-américaine; ces zones sont probablement utilisées pour l'alimentation et l'hivernage (Golder Associates Ltd. 2006b). Des juvéniles élevés en écloserie sont régulièrement observés, de même que quelques juvéniles sauvages, notamment autour des embouchures des rivières Kettle et Colville et dans les battures Marcus (voir la section 8 : Habitat essentiel). La connexion des rivières avec les réservoirs dans la composante ALR peut avoir une influence sur les concentrations de juvéniles (Golder Associates Ltd. 2009). On suppose que le comportement des individus sauvages était semblable à celui des individus élevés en écloserie. Chez les juvéniles d'âge 1 à 1,5 relâchés en 2001 dans le fleuve Columbia en aval de HLK, le taux de survie pour les six premiers mois a été estimé à 29 % (IC de 95 % : 11 %-54 %) (Golder Associates Ltd. 2007, tel qu'indiqué par Beamesderfer et Justice 2008). Actuellement, il n'existe aucune preuve attestant que les rejets dans le haut Columbia entraînent une dépendance à la densité (James Crossman, BC Hydro, comm. pers.).

2.5.4 Rivière Kootenay

Les premiers relevés effectués dans la rivière Kootenay remontent à 1977. Leur nombre a augmenté après 1990, année où l'on a commencé à utiliser la radiotélémesure, à surveiller les prises récréatives, à réaliser des estimations par marquage et recapture et à mener des études sur le cycle biologique (Duke et al. 1999, Paragamian et al. 2005). Les estimations existantes de l'abondance concernent les individus sauvages adultes vivant dans le tronçon transfrontalier, du barrage Libby aux chutes de Bonnington (tableau 1 et Tableau 2). L'analyse de la structure par âge indique que le recrutement a commencé à diminuer au milieu des années 1960 (Partridge 1983 cited in Duke et al. 1999, Paragamian et al. 2005) et qu'il est faible depuis 1974, année de la mise en service du barrage Libby. L'abondance totale en 2000 a été estimée à 760 individus. Beamesderfer et al. (2009) ont effectué une révision des analyses à partir des données recueillies entre 1977 et 2008. Ils ont estimé que le nombre d'esturgeons sauvages qui vivaient dans la rivière Kootenai en 2007 était d'environ 1 000 individus (tableaux 1 et 2). La même analyse révèle qu'en 1989, environ 3 000 individus étaient présents en tout au Canada et aux États-Unis. En supposant un taux de mortalité annuel de 4 %, la population d'individus sauvages devrait tomber en dessous des 50 individus d'ici 2080 (Beamesderfer et al. 2009).

Le 6 septembre 1994, le U.S. Fish and Wildlife Service a inscrit la population d'esturgeon blanc de la rivière Kootenai sur la liste des espèces en voie de disparition, en vertu de la Endangered Species Act de 1973 (U.S. Fish and Wildlife Service 1999). La Kootenai Tribe of Idaho (KTOI) a commencé à mener des activités d'aquaculture de conservation en 1990, grâce au financement de la Bonneville Power Administration. Des enquêtes biologiques conjointes ont été effectuées pour la première fois en 1994, en collaboration avec le Idaho Department of Fish and Game, le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique et KTOI (Neufeld 2006). De 1992 à 2011, un total de 200 274 esturgeons blancs ont été relâchés dans la rivière Kootenai (Kootenay Tribe of Idaho 2012). Les rejets importants ont commencé en 1997, après qu'on ait déterminé que l'alevinage constitue une composante essentielle du plan de rétablissement. Avant 1997, les remises à l'eau à partir des écloseries étaient en grande partie expérimentales. De 2003 à 2009, le nombre approximatif d'individus rejetés chaque année variait de 3 000 à 37 000 (21 000 individus en moyenne) (Kootenay Tribe of Idaho 2012). Le programme d'alevinage et de remise à l'eau est en cours (Matt Neufeld, Ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles de la Colombie-Britannique, comm. pers.). Ensemble, les installations américaines et canadiennes produisent actuellement chaque année environ 15 000 individus.

Plus tard, 2 938 individus munis d'un transpondeur passif intégré (PIT) ont été recapturés dans le cadre d'un programme de surveillance à long terme (Justice et al. 2009). Le taux de survie annuel des groupes munis d'un PIT variait de 0,01 à 0,84 (moyenne = 0,45) la première année, de 0,48 à 1,0 (moyenne = 0,84) la deuxième année. Les années suivantes, le taux de survie moyen était de 1,0(Justice et al. 2009). Les résultats obtenus à ce jour fournissent une preuve solide que la mortalité chez les esturgeons blancs juvéniles élevés en écloserie présents dans la rivière Kootenai dépend de la taille des individus et de la densité de la population. Ils ont abouti à des recommandations visant à instaurer des mesures de gestion privilégiant le rejet d'individus plus gros et en quantité moindre (Justice et al. 2009).

2.6 Importance pour l'homme

L'esturgeon blanc a joué un rôle important dans l'histoire spirituelle, esthétique et économique des peuples de la Colombie-Britannique. Pour de nombreuses Premières Nations de la province, l'esturgeon constitue une valeur culturelle traditionnelle toujours présente. Autrefois, les collectivités non autochtones appréciaient l'esturgeon blanc en tant que ressource naturelle. Elles l'estiment maintenant en tant qu'espèce et en tant que composante d'un écosystème sain. Le grand public voit donc probablement en cette espèce emblématique beaucoup plus qu'une valeur marchande (existence et héritage). L'esturgeon blanc est prisé pour plusieurs autres motifs : pêche à la ligne et pêche récréative guidée, pêche autochtone, recherche scientifique, aquaculture, sensibilisation à l'écosystème, etc. Ces valeurs sont traitées plus en détail, pour ce qui est des populations du fleuve Fraser, dans le Plan de conservation de l'esturgeon blanc du fleuve Fraser (Groupe de travail sur l'esturgeon blanc du fleuve Fraser 2005). De plus, un programme éducatif instauré par la Fraser River Sturgeon Conservation Society et la Banque HSBC Canada est depuis 2005 implanté dans des écoles des quatre coins de la province. De nombreux intervenants travaillaient déjà au rétablissement de l'esturgeon blanc avant que l'espèce soit désignée comme étant en voie de disparition. Par exemple, depuis 2000, la Upper Columbia White Sturgeon Recovery Initiative mène un programme de communication et de sensibilisation du public, en collaboration avec le B.C. Hydro Fish and Wildlife Compensation Program – Région du fleuve Columbia L'un des volets de ce programme consiste à fournir du matériel didactique aux écoles primaires. De plus, on organise depuis 2003 des programmes annuels de remise à l'eau à partir des écloseries auxquels participent les élèves du primaire et du secondaire. Le groupe de travail de la région de Nechako travaillait également au rétablissement de la population de la rivière Nechako avant son inscription sur la liste.

1 Ce déclin de 50 % représente une tendance globale pour toutes les populations concernées. Selon le document technique du COSEPAC (COSEPAC 2003 et Ptolemy et Vennesland 2003), les taux de déclin suivants sont présentés comme étant les raisons justifiant la désignation duu COSEPAC pour chacune des populations : la population du bas Fraser (SP1) a connu un déclin supérieur ou égal à 50 % (au cours des 100 dernières années) et l'on ignore la tendance de celles du mi (SP2) et du haut Fraser (SP3). Le déclin de la population de la rivière Nechako (SP4) est jugé considérable, mais le taux est indéterminé depuis les années 1960; selon les prévisions, le taux devrait s'élever à 83 % au cours des 25 prochaines années. Les populations d'esturgeon blanc du haut Columbia (SP5) et de la rivière Kootenay (SP6) connaissent le même sort.

2 Bien que le lac Slocan et les réservoirs Duncan et Revelstoke  et le cours inférieur de la rivière Kootenay entre les barrages Corra Linn et Brilliant fassent partie de l'aire de répartition historique de l'esturgeon blanc, on a estimé que le rétablissement des populations dans ces plans d’eau relativement petits n'était pas réalisable. Les données sur le réservoir Kinbasket ne sont pas suffisantes pour savoir si l'établissement d'une population autonome dans cette zone est faisable ou recommandé.

3 Les portions de la rivière Kootenay situées aux États-Unis sont appelées « Kootenai ». L'orthographe américaine est utilisée pour faire référence aux portions américaines de la rivière et au « Plan de rétablissement de la population d'esturgeon blanc (Acipenser transmontanus) de la rivière Kootenai ». Ce plan a été élaboré par le U.S. Fish and Wildlife Service, avec la participation des organismes canadiens, et porte sur le rétablissement des esturgeons blancs vivant dans les portions canadienne et américaine de la rivière.

4 Le recrutement fait référence à l'entrée de juvéniles d'un âge donné dans la population. Dans le présent contexte, l'échec du recrutement signifie que l'abondance des juvéniles est insuffisante pour maintenir une population autonome. De faibles niveaux de recrutement sont observés dans toutes les populations, mais ces niveaux ne permettent pas de maintenir la population.

5 Le critère de taille est quelque peu arbitraire, mais on considère qu'il s'agit d'un indicateur suffisant pour reconnaître les adultes matures. Les mâles dont la longueur à la fourche (LF) est d'au moins 100 cm peuvent avoir atteint la maturité; les femelles dont la LF est inférieure à 170 cm peuvent ne pas l'avoir atteinte. Il est difficile de déterminer avec précision le sexe des esturgeons blancs vivants; on a donc utilisé une LF de 160 cm afin d'obtenir une estimation des populations d'adultes combinées (mâles et femelles) pour chaque stock.

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