Sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2015

Photo de la sanicle patte-d’ours
Photo : Sanicle patte-d’ours © Matt Fairbarns, 2016

Menacée
2015

Table des matières

Liste des figures

  • Figure 1. Sanicle patte-d’ours en fleur. Photo : Matt Fairbarns, utilisée avec permission.
  • Figure 2. Dessin de la sanicle patte-d’ours. Illustration de J.R. Janish, tirée de Hitchcock et al. (1961), avec permission.
  • Figure 3. Aire de répartition mondiale de la sanicle patte-d’ours.
  • Figure 4. Répartition de la sanicle patte-d’ours au Canada. Chaque cercle représente une localité. Carte préparée par Jenny Wu, du Secrétariat du COSEPAC.
  • Figure 5. Population de Bernache du Canada hivernant à Victoria, en Colombie-Britannique, de 1958 à 2014. Graphique préparé par Matt Fairbarns au moyen des données de la National Audubon Society (2010).

Liste des tableaux

  • Tableau 1. Données sur les sous-populations et les localités de sanicle patte-d’ours.
  • Tableau 2. Données historiques relatives aux sous-populations.

Liste des annexes

  • Annexe 1. Évaluation des menaces pesant sur la sanicle patte-d’ours.

 

Information sur le document

COSEPAC
Comité sur la situation
des espèces en péril
au Cananda

Logotype du COSEPAC

COSEWIC
Committee on the Status
of Endangered Wildlife
in Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 39 p. Registre public des espèces en péril site Web.

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2001. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides)  au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 18 p.

DONOVAN,M.T. et G.W.DOUGLAS.2001. Rapport de situation du COSEPAC sur la sanicle patte-d'ours (Sanicula arctopoides) au Canada, in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la sanicle patte-d'ours (Sanicula arctopoides) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages 1-18.

Note de production :

Le COSEPAC remercie Matt Fairbarns d’avoir rédigé le rapport de situation sur la sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides) au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par Del Meidinger et Jeannette Whitton, coprésidents du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : COSEPAC courriel
Site web : COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Bear's-foot Sanicle Sanicula arctopoides in Canada.

Illustration/photo de la couverture :

Sanicle patte-d’ours -- Photo : Matt Fairbarns.

COSEPAC Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – novembre 2015

Nom commun
Sanicle patte-d’ours
Nom scientifique
Sanicula arctopoides
Statut
Menacée
Justification de la désignation
Cette fleur sauvage vivace n’est présente au Canada que le long d’une bande côtière de 30 km dans l’extrême sud-est de l’île de Vancouver. Bien que cette fleur sauvage puisse vivre pendant plus de 10 ans, elle fleurit et produit des fruits une seule fois, puis meurt. Elle occupe de petites zones d’habitat de pré restant, lequel se voit modifié par l’envahissement des plantes exotiques. Plusieurs nouveaux sites, découverts depuis la dernière évaluation de l’espèce, ont réduit le risque pour cette plante. La majeure partie de la population canadienne est présente à un site, qui est également menacé par le broutage d’une population non migratrice et nouvellement résidente de la Bernache du Canada. Un important piétinement par les humains affecte également quelques sites. Bon nombre des sous-populations connues ont relativement peu d’individus et pourraient ne pas persister. 
Répartition
Colombie-Britannique
Historique du statut
Espèce désignée « en voie de disparition » en mai 2001. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « menacée » en novembre 2015.

COSEPAC Résumé

Sanicle patte-d’ours
Sanicula arctopoides

Description et importance de l’espèce sauvage

La sanicle patte-d’ours est une plante à fleur herbacée vivace basse à racine pivotante. Les feuilles basilaires, profondément lobées et bordées de dents pointues, forment une rosette compacte. Les inflorescences sont compactes et se composent de nombreuses fleurs jaune vif qui produisent des fruits munis de soies terminées par des crochets. La sanicle patte-d’ours fait partie d’un groupe de plus de 50 espèces qui sont rares à l’échelle nationale et limitées (au Canada) aux chênaies de Garry et aux écosystèmes connexes, dans le sud de l’île de Vancouver et les îles Gulf adjacentes.

Répartition

Au Canada, la sanicle patte-d’ours est présente uniquement dans une bande côtière de 30 km à proximité de Victoria, en Colombie-Britannique. Neuf sous­populations de sanicle patte-d’ours existantes sont connues au Canada. Aux États-Unis, l’espèce est présente dans les îles San Juan, dans l’État de Washington, et le long de la côte dans les États de Washington d’Oregon et de Californie. Dans l’État de Washington, les sous­populations sont très petites, et l’espèce est en péril. L’occurrence des États-Unis qui se trouve la plus près des sous-populations canadiennes (îles San Juan) est à environ 25 km de celles-ci et en est séparée par plusieurs kilomètres d’océan, de sorte que la dispersion entre ces sites est peu probable.

Habitat

Au Canada, la sanicle patte-d’ours pousse uniquement dans des prés maritimes sujets à la sécheresse, à de faibles altitudes, sur le littoral. Les individus de l’espèce sont soumis à de grandes fluctuations saisonnières de la disponibilité de l’eau; des pluies abondantes sont généralement reçues à partir du milieu de l’automne et se poursuivent durant le reste de l’automne et l’hiver, puis cessent pour faire place aux sécheresses estivales, durant lesquelles la sanicle patte-d’ours demeure en dormance. Les conditions sèches en été empêchent la croissance d’arbres et d’arbustes indigènes, mais le genêt à balais, espèce exotique envahissante, est souvent présent. La sanicle patte-d’ours se rencontre généralement dans des milieux dominés par des plantes herbacées non graminoïdes et des graminées basses (< 20 cm de hauteur). Quelques espèces indigènes sont parfois relativement communes dans ces milieux, mais les espèces exotiques envahissantes de plantes herbacées non graminoïdes et de graminées sont généralement dominantes.

Biologie

La sanicle patte-d’ours est une espèce vivace monocarpique, ce qui signifie que les individus meurent entièrement après avoir fleuri et produit des graines. La germination des graines est observée à partir du début décembre et se poursuit parfois jusqu’en mars. Les plantes atteignent généralement leur grandeur maximale annuelle en avril ou en mai. Les petits individus non reproducteurs entrent en dormance, ou leurs parties aériennes meurent, à la fin mai ou au début juin, lorsque les sécheresses estivales s’intensifient. Les individus plus âgés et plus gros fleurissent en mars ou en avril, et leurs fruits sont mûrs au milieu ou à la fin de juin. Les fruits, secs et petits, sont couverts de soies terminées par des crochets qui peuvent rester accrochés à la fourrure ou au plumage des animaux ou aux vêtements des passants et ainsi favoriser la dispersion des graines. Les individus en dormance reprennent leur croissance en octobre ou en novembre et poussent lentement durant l’hiver. La majeure partie des graines germent durant l’automne suivant leur dispersion, ou alors elles meurent dans le sol. La plupart des semis meurent après quelques mois, et les survivants poussent lentement. La durée d’une génération est estimée à 14 ans.

Taille et tendances de la population

La population canadienne totale compte actuellement environ 2 900 individus matures. Il y a neuf sous-populations existantes au Canada. Cinq de ces neuf sous­populations comprennent moins de 50 individus matures. Environ 85 % de la population canadienne se concentre dans une seule sous-population, celle des îles Trial. La seule autre sous-population canadienne qui compte de manière constante plus de 100 individus matures est celle de la pointe Harling, qui se trouve sur un cap rocheux sur l’île de Vancouver, à proximité des îles Trial. Les données disponibles sur l’habitat de l’espèce donnent à penser que l’effectif et la taille de la population canadienne totale ont probablement subi un déclin au cours des 3 dernières générations (42 ans). La sanicle patte-d’ours est gravement en péril dans l’État de Washington; il est donc peu probable qu’une dispersion à partir de populations des États-Unis se produise et permette l’établissement de nouvelles populations au Canada.

Menaces et facteurs limitatifs

Dans l’ensemble de l’aire de répartition de la sanicle patte-d’ours, le principal facteur limitatif est le fait que l’espèce ne pousse que dans un type d’habitat rare, dans une très petite région du Canada. La principale menace pesant sur l’espèce est le déclin continu de la qualité de son habitat causé par l’augmentation de l’abondance des espèces envahissantes. Les autres menaces importantes sont l’herbivorie par la population non migratrice, nouvellement résidente et croissante de Bernache du Canada, observée dans plusieurs localités de sanicle patte-d’ours au Canada, les activités de construction et d’exploitation, le piétinement dans les sites fortement utilisés par les humains ainsi que le changement climatique, qui devrait entraîner une diminution du caractère convenable de l’habitat occupé.

Protection, statuts et classements

La sanicle patte-d’ours figure à titre d’espèce en voie de disparition à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral et est donc protégée par les dispositions de cette loi. En Colombie-Britannique, l’espèce n’est protégée par aucune loi provinciale sur les espèces en péril. La sanicle patte-d’ours a été classée comme non en péril à l’échelle mondiale, mais comme gravement en péril au Canada. En outre, la sanicle patte-d’ours est gravement en péril dans l’État de Washington, et sa situation n’a pas été évaluée en Oregon et en Californie, où l’espèce est également présente.

Résumé technique

Nom scientifique :
Sanicula arctopoides
Nom français :
Sanicle patte-d’ours
Nom anglais :
Bear’s-foot Sanicle
 
Répartition au Canada (province/territoire/océan) :
Colombie-Britannique

Données démographiques

Données démographiques de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Durée d’une génération 14 ans

Y a-t-il un déclin continu du nombre total d’individus matures?

Il y a un déclin continu inféré au cours des trois dernières générations (42 ans), à cause de la diminution de la qualité de l’habitat des populations existantes associée à l’arrivée et à la propagation d’un certain nombre d’espèces exotiques envahissantes. Depuis la préparation du rapport de situation précédent, des déclins ont été observés dans plusieurs sous­populations, mais les fluctuations connues dans la grande sous­population des îles Trial ont masqué les tendances globales de l’effectif de la population canadienne totale.

Oui
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur deux générations Inconnu
Pourcentage observé de réduction du nombre total d’individus matures au cours des trois dernières générations. Inconnu
Pourcentage prévu ou présumé de réduction ou d’augmentation du nombre total d’individus matures au cours des trois prochaines générations. Inconnu
Pourcentage observé de réduction du nombre total d’individus matures au cours de toute période de trois générations commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Inconnu

Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé?

Les causes du déclin observé et du déclin passé inféré sont comprises mains n’ont pas cessé. Les déclins continus inférés associés aux plantes envahissantes, à l’herbivorie par la Bernache du Canada et au piétinement sont réversibles.

  1. Oui
  2. Oui
  3. Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Non

Information sur la répartition

Information sur la répartition de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Superficie estimée de la zone d’occurrence 119 km2
Indice de zone d’occupation (IZO) 36 km2
La population totale est-elle gravement fragmentée? c.-à-d. que plus de 50 % de son aire d’occupation totale se situe dans des parcelles d’habitat qui sont (a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et (b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance plus grande à laquelle l’espèce peut se disperser?
  1. Non
  2. Peut-être
Nombre de localités 9

Y a-t-il un déclin observé de la zone d’occurrence?

La sous-population de la pointe Cattle, qui se trouvait à la limite de l’aire de répartition de l’espèce au Canada, a disparu au cours des trois dernières générations. Quatre sous-populations ont été découvertes depuis 1999, dans des régions où aucun ou peu de relevés botaniques avaient été réalisés et où elles étaient probablement présentes depuis trois générations ou plus. Une diminution de 5 % de la zone d’occurrence a été enregistrée depuis la préparation du rapport précédent.

Oui

Y a-t-il un déclin observé de l’indice de zone d’occupation?

La disparition de la sous-population de la pointe Cattle au cours des trois dernières générations représente un déclin de 10 % de l’indice de zone d’occupation. Il est peu probable que la découverte de nouvelles sous­populations mènerait à une réelle augmentation de l’indice de zone d’occupation (voir 13).

Oui

Y a-t-il un déclin observé du nombre de sous-populations?

La disparition de la sous-population de la pointe Cattle a été observée au cours des trois dernières générations. Il est probable que les sous­populations récemment découvertes existent depuis trois générations ou plus (voir 13).

Oui

Y a-t-il un déclin observé du nombre de localités*?

La localité associée à la sous-population de la pointe Cattle est disparue au cours des trois dernières générations.

Oui

Y a-t-il un déclin continu prévu de la qualité de l’habitat?

Un déclin de la qualité de l’habitat est prévu à cause de l’augmentation des plantes exotiques envahissantes.

Oui
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? Non

Nombre d’individus matures dans chaque sous-population

Nombre d’individus matures de l'espèce
Sous-population Nbre d’individus matures
Îles Trial (2011) 2 479
Îlet Alpha (2012) 31
Île Discovery (2012) 2
Pointe Saxe (2011) 93
Île Mary Tod (2012) 47
Pointe Harling (2011) 153
Île Bentinck (2012) 4
Îles Bedford (2008) 69
Baie Becher (2010-2012) 20
Total 2 898

Analyse quantitative

Analyse quantitative de l'espèce
Éléments du résumé technique information
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. Non disponible

Menaces (réelles ou imminentes pour les sous-populations ou leur habitat)

Plantes envahissantes
Bernaches du Canada non migratrices (nouvellement résidantes)
Piétinement
Changements climatiques

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Situation des populations de l’extérieur? La sanicle patte-d’ours est gravement en péril dans l’État adjacent le plus proche (Washington).
Éléments du résumé technique information
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Possible mais très improbable

Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada?

Probablement, mais ça n’a pas été vérifié.

Probablement

Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?

De l’habitat est disponible, mais en quantité insuffisante pour qu’il y ait une probabilité élevée que des individus immigrants s’y retrouvent.

Oui

Les conditions sont-elles en voie de se détériorer au Canada?

Il y a un déclin continu de la qualité de l’habitat disponible au Canada.

Oui

Les conditions pour la population source sont-elles en voie de se détériorer?

La qualité de l’habitat de la population source potentielle subit un déclin continu au même titre qu’au Canada.

Oui
La population canadienne est-elle considérée comme un puits? Non
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? Non

Nature délicate de l’information sur l’espèce

Les informations sur les données sensibles de l'espèce
Éléments du résumé technique information
L’information concernant l’espèce est elle de nature délicate? Non

Historique du statut

COSEPAC : Espèce désignée « en voie de disparition » en mai 2001. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « menacée » en novembre 2015.

Statut et justification de la désignation :

Statut :
Menacée
Code alphanumérique :
B1ab(i,ii,iii,iv,v)+2ab(i,ii,iii,iv,v)
Justification de la désignation :
Cette fleur sauvage vivace n’est présente au Canada que le long d’une bande côtière de 30 km dans l’extrême sud-est de l’île de Vancouver. Bien que cette fleur sauvage puisse vivre pendant plus de 10 ans, elle fleurit et produit des fruits une seule fois, puis meurt. Elle occupe de petites zones d’habitat de pré restant, lequel se voit modifié par l’envahissement des plantes exotiques. Plusieurs nouveaux sites, découverts depuis la dernière évaluation de l’espèce, ont réduit le risque pour cette plante. La majeure partie de la population canadienne est présente à un site, qui est également menacé par le broutage d’une population non migratrice et nouvellement résidente de la Bernache du Canada. Un important piétinement par les humains affecte également quelques sites. Bon nombre des sous-populations connues ont relativement peu d’individus et pourraient ne pas persister.

Applicabilité des critères

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) :
L’espèce ne répond pas à ce critère. Même s’il y a eu un déclin du nombre total d’individus matures depuis l’évaluation précédente et des déclins considérables dans plusieurs sous-populations, les fluctuations de l’effectif de la plus grande sous-population complexifient l’interprétation des tendances.
Critère B (petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) :
Correspond au critère de la catégorie « espèce menacée », B1ab(i,ii,iii,iv,v)+2ab(i,ii,iii,iv,v). Même si la zone d’occurrence (119 km 2) et l’IZO (36 km 2) satisfont au critère de la catégorie « en voie de disparition », le nombre de localités (9) correspond à la catégorie « espèce menacée ». La population n’est pas très fragmentée. Il y a un déclin continu de la zone d’occurrence, de l’IZO, de la superficie et de la qualité de l’habitat ainsi que du nombre de sous-populations, et un déclin futur du nombre d’individus matures est inféré en raison du niveau de menace.
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) :
La plus récente estimation de l’effectif est de 2 898 individus matures, ce qui correspond au seuil de la catégorie « espèce menacée », et des données indiquent un déclin continu de la superficie et de la qualité de l’habitat et probablement du nombre d’individus matures. La plus grande population compte > 1000 individus matures et renferme environ 85 % du nombre total d’individus matures, ce qui dépasse les seuils établis. Même si la population a fluctué, on ne considère pas que ces fluctuations sont extrêmes.
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) :
Sans objet.
Critère E (analyse quantitative) :
Sans objet. Aucune analyse n’a été réalisée.

Préface

Quatre sous-populations de sanicle patte-d’ours ont été découvertes depuis 1999, dans le cadre de relevés de terrain réalisés pour la préparation du premier rapport de situation sur l’espèce. Elles comptent chacune moins de 70 individus matures, et la plus petite d’entre elles, celle de l’île Discovery, comptait seulement deux individus matures au moment du dernier dénombrement. Des populations encore jusqu’alors non signalées d’autres espèces de plantes rares ont été trouvées à proximité de chacune des quatre sous-populations de sanicle patte-d’ours découvertes depuis peu, ce qui donne à penser que ces dernières ne se sont pas établies récemment, mais qu’elles existent depuis longtemps et n’avaient simplement jamais été signalées.

Des fluctuations assez importantes de la taille de la plus grande sous-population, celle des îles Trial, ont masqué les tendances de l’effectif de la population canadienne totale de sanicle patte-d’ours, mais la plupart des autres sous-populations sont stables ou en déclin. Les sous-populations de la pointe Saxe et de l’île Bentinck semblent avoir subi des déclins de plus de 90 % au cours des 16 dernières années.

Les buts et objectifs de rétablissement de la sanicle patte-d’ours ont été établis dans un programme fédéral de rétablissement multi-espèces visant les espèces en péril des prés maritimes associé aux chênaies de Garry (Parks Canada, 2006), mais aucune mesure n’a été mise en œuvre dans le cas de la majorité des objectifs sur 10 ans établis en 2006, et aucun programme de surveillance rigoureux n’a été déployé pour faire le suivi des tendances de la population canadienne ou pour évaluer l’efficacité des quelques mesures de rétablissement mises en œuvre.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril(LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2015)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Nom scientifique : Sanicula arctopoides Hook. & Arn.

Synonymes : Sanicula×howellii (J.M. Coult. & Rose) Shan & Constance, Sanicula crassicaulis var. howellii(J.M. Coult. & Rose) Mathias

Nom anglais : Bear’s-foot Sanicle, Snake-root Sanicle, Footsteps of Spring, Yellow Mats

Nom français : Sanicle patte-d’ours

Famille : Apiacées (Ombellifères)

La sanicle patte-d’ours est une espèce caractéristique pour laquelle aucune sous­espèce ou variété n’a été décrite. L’espèce est généralement appelée « Bear’s-foot Sanicle » (avec ou sans trait d’union) en anglais au Canada et aux États-Unis. Le synonyme « Footsteps of Spring » est le seul autre nom anglais couramment employé au Canada pour désigner l’espèce.

Description morphologique

La sanicle patte-d’ours est une plante herbacée vivace basse à racine pivotante. Les feuilles basilaires, profondément lobées et bordées de dents pointues, forment une rosette compacte. Les inflorescences sont des ombelles compactes de fleurs jaune vif. Au début, les fleurs sont serrées dans l’inflorescence, et les ombelles ressemblent à des « boutons » jaune vif nichés dans la rosette de feuilles basilaires (figures 1 et 2). Au fil de la maturation, et particulièrement après la pollinisation, les entre­nœuds des tiges florifères s’allongent, soulevant les inflorescences à une certaine hauteur au-dessus de la rosette basilaire. Par la suite, 1 à 3 feuilles caulinaires deviennent bien visibles; celles-ci sont semblables aux feuilles de la rosette basilaire, mais généralement un peu plus petites et étroites. Chaque ombelle est sous-tendue par un involucre de bractées longues de 5 à 15 mm, qui devient également bien visible après l’élongation des tiges florifères. Chaque fleur fécondée produit un fruit sec globuleux (schizocarpe) qui se divise en segments; chaque segment renferme une graine et présente à sa surface des soies terminées par des crochets (figure 2; Hitchcock et al., 1961; Fairbarns, obs. pers.).

La sanicle patte-d’ours est une des cinq espèces de sanicle présentes en Colombie­Britannique, et une des trois poussant dans les prés maritimes du sud-ouest de la Colombie-Britannique. Les deux autres espèces de sanicle qu’on rencontre dans les prés maritimes sont la sanicle bipinnatifide (Sanicula bipinnatifida) et la sanicle à tige charnue (Sanicula crassicaulis), qui se distinguent de la sanicle patte-d’ours par leur port dressé et leur involucre peu apparent. Les fleurs de la sanicle à tige charnue sont généralement jaunes, comme celles de la sanicle patte-d’ours, alors que les fleurs de la sanicle bipinnatifide (espèce menacée au Canada) sont violettes. La sanicle à feuilles tripartites (Sanicula crassicaulisvar. tripartita) se rencontre également dans les prés maritimes et possède des fleurs brun violacé; elle est généralement considérée comme une variété de la sanicle à tige charnue et constitue une forme intermédiaire entre la sanicle à tige charnue et la sanicle bipinnatifide.

Figure 1. Sanicle patte-d’ours en fleur. Photo : Matt Fairbarns, utilisée avec permission.
Photo de la sanicle patte-d’ours en fleur
Description longue pour la figure 1

Photo de la sanicle patte-d’ours en fleur. Les feuilles, profondément lobées et bordées de dents pointues, forment une rosette basilaire. Les inflorescences sont des ombelles compactes de fleurs jaune vif; au début, les fleurs sont serrées dans l’inflorescence, et les ombelles ressemblent alors à des « boutons » nichés dans la rosette de feuilles basilaires. Au fil de la maturation (particulièrement après la pollinisation) les entre­nœuds des tiges florifères s’allongent, soulevant les inflorescences au-dessus de la rosette basilaire.

Figure 2. Dessin de la sanicle patte-d’ours. Illustration de J.R. Janish, tirée de Hitchcock et al. (1961), avec permission.
Dessin de la sanicle patte-d’ours
Description longue pour la figure 2

Dessin de la sanicle patte-d’ours, montrant la racine pivotante de la plante, ses feuilles profondément lobées et bordées de dents pointues et ses inflorescences. L’illustration montre également le fruit de l’espèce, un schizocarpe sec globuleux qui se divise en segments portant à leur surface des soies terminées par des crochets et renfermant chacun une graine.

Structure spatiale et variabilité des populations

Il n’existe aucune étude connue sur la variation génétique entre les sous-populations canadiennes ou entre les sous-populations du Canada et celles des États-Unis.

Unités désignables

Aucune étude n’a été réalisée pour déterminer s’il existe des distinctions génétiques entre les sous­populations canadiennes, l’aire géographique de l’espèce ne présente pas de disjonctions naturelles au Canada, et les sous-populations canadiennes se trouvent toutes dans l’aire écologique nationale du Pacifique. On considère donc que les sous­populations canadiennes de l’espèce ne forment qu’une seule unité désignable.

Importance de l’espèce

La sanicle patte-d’ours fait partie d’un groupe de plus de 50 espèces qui sont rares à l’échelle nationale et limitées (au Canada) aux chênaies de Garry (Quercus garryana) et aux écosystèmes connexes, dans le sud de l’île de Vancouver et les îles Gulf adjacentes (GOERT, 2012).

Répartition

Aire de répartition mondiale

L’aire de répartition de la sanicle patte-d’ours s’étend depuis la région de Victoria, en Colombie­Britannique, et les îles San Juan, dans l’État de Washington, jusqu’à Point Sal, dans le nord-ouest du comté de Santa Barbara, en Californie, en suivant la côte dans les États de Washington, d’Oregon et de Californie (figure 3; Consortium of Pacific Northwest Herbaria, 2007-2011; CalFlora, 2012). Rien ne semble indiquer que l’aire mondiale de l’espèce ait récemment subi de contraction ou d’expansion.

Figure 3. Aire de répartition mondiale de la sanicle patte-d’ours.
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Description longue pour la figure 3

Carte de l’aire de répartition mondiale de la sanicle patte-d’ours, qui s’étend depuis la région de Victoria, en Colombie­Britannique, et les îles San Juan, dans l’État de Washington, jusqu’à Point Sal, dans le nord-ouest du comté de Santa Barbara, en Californie, en suivant la côte dans les États de Washington, d’Oregon et de Californie.

Aire de répartition canadienne

Au Canada, la sanicle patte-d’ours a été signalée dans une région qui s’étend sur 30 km le long du rivage de l’île de Vancouver, Victoria se trouvant environ au milieu de cette région (figure 4). Moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada.

Figure 4. Répartition de la sanicle patte-d’ours au Canada. Chaque cercle représente une localité. Carte préparée par Jenny Wu, du Secrétariat du COSEPAC.
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Description longue pour la figure 4

Carte montrant la répartition de la sanicle patte-d’ours au Canada, dans une région qui s’étend sur 30 km le long du rivage de l’île de Vancouver, Victoria se trouvant environ au milieu de cette région. L’emplacement des sous-populations existantes et disparues est indiqué.

Les sous-populations ont été considérées comme distinctes lorsqu’elles étaient séparées par > 1 km de milieux non propices à l’espèce ou qu’elles étaient séparées par > 2 km de milieux non propices et faisaient partie du même système riverain, sans être situées le long d’un même courant d’eau (NatureServe, 2012b). D’après cette définition, 13 sous-populations de sanicle patte-d’ours ont été signalées au Canada (tableau 1). Quatre de ces sous-populations sont disparues, ce qui signifie qu’il y a neuf sous­populations existantes. La sous-population signalée à la pointe Cattle semble avoir été observée pour la dernière fois entre 1971 et 1991 (Brayshaw, comm. pers., sans date). On peut ainsi penser qu’elle est disparue au cours des trois dernières générations (42 ans). De petites superficies de milieux propices sont encore présentes à ce site, mais la pointe Cattle reçoit une circulation piétonne intensive, et certaines parties de ce site ont été envahies par des tapis de lierre commun (Hedera helix).

Tableau 1. Données sur les sous-populations et les localités de sanicle patte-d’ours
Sous-population/ localité Site Dernier observateur, date Nbre d’individus matures Régime foncier
1. Îles Trial 1a. Main Fairbarns/McCoy 2011 2 476 Divers types de terres de la Couronne
1. Îles Trial 1b. Lesser Fairbarns, 2011 3 Réserve écologique de BC Parks
2. Îlet Alpha Une seule localité Fairbarns, 2012 31 Réserve écologique de BC Parks
3. Île Discovery Une seule localité Fairbarns, 2012 2 Parc marin de la C.-B.
4. Pointe Saxe Une seule localité Fairbarns, 2011 93 Parc municipal
5. Île Mary Tod Une seule localité Fairbarns, 2012 47 Parc municipal
6. Pointe Harling Une seule localité Fairbarns, 2011 153 Terrain privé
7. Île Bentincka 7a. Ouest Miskelly, 2012 0b MDN
7. Île Bentincka 7b. Sud-ouest Miskelly, 2012 4 MDN
7. Île Bentincka 7c. Plage Miskelly, 2012 0b MDN
8. Îles Bedford Une seule localité Fairbarns, 2008 69 Réserve indienne
9. Baie Bechera 9a. Seedbank Miskelly, 2012 0b MDN
9. Baie Bechera 9b. Minuartia Miskelly, 2012 19 MDN
9. Baie Bechera 9c. Swordfish Miskelly, 2010 1 MDN
10. Pointe Cattle S/O Brayshaw, sans date Disparue Parc municipal
11. Baie Cadboro S/O Taylor, 1913 Disparue Inconnu
12. Beacon Hill S/O Eastham, 1938 Disparue Parc municipal
13. Île Chain S/O Anderson, 1897 Disparue Réserve écologique de BC Parks

aLes trois sites de cette sous-population sont séparés par des types d’écosystèmes très différents, ce qui pourrait limiter la dispersion et les phénomènes menaçants.

b Des individus immatures ont été observés.

L’emplacement précis de la population de la baie Cadboro, signalée en 1913, est inconnu. La majeure partie de la baie Cadboro a été aménagée à des fins résidentielles, et le territoire restant est occupé par un parc municipal utilisé de façon très intensive à des fins récréatives.

De nombreux spécimens ont été récoltés dans la sous-population de Beacon Hill (y compris la pointe Clover) de 1897 à 1938, mais à l’intérieur et à proximité du parc Beacon Hill la zone riveraine a été fortement touchée par le piétinement, la promenade de chiens, les espèces envahissantes et l’aménagement résidentiel, qui ont probablement causé la disparition de la sous-population.

La sous-population de l’île Chain n’a pas été signalée depuis 1897, et l’île est aujourd’hui dominée par des plantes herbacées envahissantes qui ont presque entièrement supplanté la flore indigène. Dans l’île Great Chain et les îlets adjacents, la taille des colonies de cormorans (pélagique et à aigrettes) a augmenté considérablement au cours de la deuxième moitié du 20e siècle (Campbell, 1983), ce qui a probablement exacerbé ou accéléré le problème que constituent les plantes envahissantes et a modifié radicalement la composition chimique du sol de ces îles.

La première mention de la sanicle patte-d’ours au Canada est associée à des spécimens récoltés en 1897 (UBC herbarium, spécimen no 28817).

L’occurrence des États-Unis qui se trouve la plus près des sous-populations canadiennes (îles San Juan) est à environ 25 km de la zone d’occurrence canadienne de l’espèce.

Zone d’occurrence et zone d’occupation

La zone d’occurrence et la zone d’occupation apparentes ont considérablement augmenté depuis 1999, année où des travaux de terrain ont été réalisés pour la préparation du premier rapport de situation sur l’espèce. Ces augmentations sont presque assurément imputables aux activités de recherche accrues, car les quatre sous­populations découvertes depuis 1999 étaient probablement déjà présentes dans ces sites, comme en témoigne la présence de nombreuses populations encore jusqu’alors non signalées d’autres espèces de plantes rares à proximité de ces quatre sous-populations de sanicle patte-d’ours.

Le plus petit polygone convexe renfermant toutes les sous-populations canadiennes a une superficie de 119 km2. La disparition de la sous-population de la pointe Cattle au cours des trois dernières générations a entraîné un déclin de 5 % de zone d’occurrence.

Certaines sous-populations sont relativement rapprochées, de sorte que l’espèce est présente dans seulement neuf cellules d’une grille à mailles de 2 km de côté. Ainsi, l’indice de zone d’occupation est de 36 km2. La superficie réellement occupée par l’espèce est de moins de 1 ha. La disparition de la sous-population de la pointe Cattle a entraîné un déclin de 10 % de l’indice de zone d’occupation au cours des trois dernières générations.

Activités de recherche

Vu son apparence saisissante, sa préférence pour les milieux dégagés où elle est facilement visible et son caractère vivace, la sanicle patte-d’ours est plus susceptible que la plupart des autres plantes rares de faire l’objet d’observations fortuites menant à son signalement. Depuis le début des années 1980, de nombreux sites propices ont été visités dans le cadre d’excursion sur le terrain visant à recueillir de plus amples données sur la répartition des plantes rares dans les prés du sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf. Les principaux botanistes qui ont effectué ces relevés sont Adolf et Oldriska Ceska, Matt Fairbarns, Hans Roemer, Jenifer Penny, Chris Brayshaw, Harvey Janszen, Frank Lomer et George Douglas, qui connaissent tous l’espèce.

Fairbarns a réalisé des relevés ciblés visant la sanicle patte-d’ours dans 41 complexes de prés maritimes dans le sud-est de l’île de Vancouver et les îles et îlets au large de Vancouver de 2002 à 2012. Dans le cadre de ces relevés, plus de 95 % des complexes de prés maritimes situés dans la zone d’occurrence connue de l’espèce au Canada (soit environ 200 au total) ont été examinés de manière détaillée. Les complexes de prés maritimes ont été parcourus à pied, et tous les sites semblant propices (présentant une végétation et des conditions semblables à celles observées dans un ou plusieurs sites canadiens connus) ont fait l’objet d’un examen détaillé selon une méthode dite « en méandres », qui est généralement utilisée pour les relevés de reconnaissance en terrains complexes. Chaque site ciblé a ainsi été parcouru à pied, et la sanicle patte­d’ours a été cherchée dans tous les microhabitats qui ressemblaient aux milieux où elle a déjà été observée. Le principal inconvénient de la méthode de recherche « en méandres » est qu’elle entraîne généralement un suréchantillonnage dans les zones où il est facile de se déplacer. Pour contrer ce défaut, des transects suivant un quadrillage ont également été utilisés dans les zones où les conditions étaient les plus propices à la sanicle patte-d’ours.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Aux États-Unis, la sanicle patte-d’ours est principalement limitée aux escarpements, aux promontoires et aux dunes situés sur la côte, à des altitudes de moins de 250 m (Hitchcock et al., 1961; Constance et Wetherwax, 2013). Dans l’État de Washington, des spécimens de l’espèce ont été récoltés dans des milieux herbeux dégagés, sur une mince couche de sol recouvrant la roche en place ou sur des dunes stables (Consortium of Pacific Northwest Herbaria, 2007-2011).

Au Canada, la sanicle patte-d’ours se rencontre uniquement dans les prés maritimes, dans la zone biogéoclimatique côtière à douglas. Elle a été observée à des altitudes de 3 à 8 m et sur des pentes à inclinaison de 2 à 50 %. L’orientation des pentes varie, mais une orientation sud-ouest a été constatée dans la plupart des sites, et l’espèce n’a jamais été observée sur des pentes orientées vers le nord-est dont l’inclinaison était supérieure à 5 %. L’espèce pousse généralement dans des sols de 10 à 20 cm d’épaisseur recouvrant la roche en place, mais parfois dans des sols plus minces; toutefois, dans les sites particulièrement exposés au vent, elle se rencontre parfois dans des sols de plus de 25 cm d’épaisseur. Des affleurements rocheux sont souvent présents dans les sites hébergeant la sanicle patte-d’ours et peuvent occuper jusqu’à 25 % du sol. La couverture de galets et de roches exposés est rarement supérieure à 2 %. La couverture de sol minéral dénudé varie de 0 à 15 % mais est généralement inférieure à 2 %. Dans les prés maritimes, le taux d’humidité des sols varie considérablement de manière saisonnière. Le taux d’humidité augmente graduellement avec l’arrivée des pluies automnales et hivernales et demeure élevé durant une longue période durant l’hiver, mais le sol est rarement saturé. Le sol s’assèche graduellement à la fin du printemps et au début de l’été, avec la hausse des températures et la raréfaction des précipitations en été. Le sol est sec à la fin de l’été, et la majeure partie de la végétation est morte. Les longues sécheresses estivales empêchent la croissance d’arbres et d’arbustes indigènes, mais le genêt à balais (Cytisus scoparius), espèce exotique envahissante, est souvent présent. La sanicle patte-d’ours se rencontre généralement dans des milieux dominés par des plantes herbacées non graminoïdes et des graminées basses (< 20 cm de hauteur). Quelques espèces indigènes sont parfois relativement communes dans ces milieux, mais les plantes herbacées non graminoïdes et les graminées exotiques envahissantes sont généralement dominantes (Fairbarns, obs. pers.).

Tendances en matière d’habitat

Au Canada, la sanicle patte-d’ours est limitée aux chênaies de Garry et aux écosystèmes connexes, où elle ne pousse que dans la zone côtière de Victoria, dans des parcelles restantes de milieux naturels et semi-naturels, et dans des sites isolés. La répartition de l’espèce est discontinue et le type d’habitat où on rencontre celle-ci était relativement étendu avant qu’il fasse l’objet d’un développement résidentiel, ce qui donne à penser que l’espèce a déjà été relativement répandue dans sa zone d’occurrence limitée.

L’étendue et l’état des écosystèmes de la chênaie de Garry au Canada ont diminué de plus de 95 % depuis le milieu du 19e siècle. De nombreux facteurs ont participé à ce déclin, notamment le déboisement à des fins agricoles et résidentielles et la suppression des incendies (qui a mené à l’empiètement de la forêt) (Lea, 2006). Fairbarns (obs. pers.) a examiné les milieux où la sanicle patte-d’ours est présente ou était présente dans le passé, puis a utilisé l’information recueillie pour analyser dans quelle mesure ce type de milieux avait été détruit, d’après des photographies aériennes de l’aire de répartition de l’espèce au Canada et des visites sur le terrain. Il a constaté que l’empiètement de la forêt a eu peu de répercussions sur l’étendue des milieux propices à la sanicle patte­d’ours, mais que plus de 95 % des milieux qui convenaient auparavant à l’espèce avaient été détruits par le développement résidentiel et commercial au milieu du 20e siècle. Le développement s’est poursuivi dans les zones hébergeant la sanicle patte­d’ours au moins jusqu’en 1990, année où une demande de rezonage a été déposée pour la partie rocheuse sud de la pointe Harling (où la sanicle patte-d’ours est encore présente), en vue de la construction de résidences. Le district d’Oak Bay a rejeté cette demande et a modifié le zonage de la totalité de cette propriété de façon à ce qu’elle ne puisse être utilisée que pour un cimetière, rendant ainsi le développement résidentiel impossible (Lai, 2010). Les autres sous-populations existantes de sanicle patte-d’ours se trouvent sur des terres publiques, principalement dans des parcs et des aires protégées. La perte d’habitat a donc constitué la principale menace pour sur la sanicle patte-d’ours dans le passé, mais on ne s’attend pas à ce que le développement cause d’autres pertes directes importantes.

Par contre, l’augmentation continue de l’abondance des plantes exotiques et de leur diversité (voir la section Menaces et facteurs limitatifs) entraîne un déclin continu observé de la qualité de l’habitat dans tous les sites.

Biologie

Une grande partie de l’information sur la biologie sur le terrain de la sanicle patte­d’ours a été recueillie dans le cadre d’une série d’études de petite envergure sur l’espèce réalisées dans son aire de répartition canadienne (Fairbarns, 2005a, 2005b, 2009). À ces sources d’information s’ajoutent les observations inédites de Fairbarns (obs. pers.) ainsi que celles d’autres naturalistes et botanistes.

Cycle vital et reproduction

La sanicle patte-d’ours est une espèce vivace qui entre en dormance durant les mois secs de l’été et du début de l’automne. Les individus existants sortent généralement de dormance en octobre ou au début novembre, peu après que le sol ait été humidifié par les premières pluies automnales, mais ils poussent très lentement au cours de l’hiver. Par contre, les graines germent principalement de janvier au début mars, et rarement après avril (Fairbarns, 2005a).

Le taux de germination et le taux initial d’établissement sont plus élevés dans les sols minéraux exposés que dans les sols présentant la couche de litière végétale mince caractéristique des prés maritimes (Fairbarns, 2005b, 2009).

Les semis les plus vigoureux possèdent généralement une grosse racine pivotante au début mars. La croissance des parties aériennes des semis et des individus hivernant est concentrée en mars et avril. Les individus atteignent leur taille maximale en avril, et les feuilles pâlissent, changent de couleur ou flétrissent en mai. Les semis et les individus qui comptent moins de cinq feuilles sont généralement les premiers dont les parties aériennes meurent, alors que les grosses rosettes non reproductrices demeurent vertes plus longtemps, jusqu’à la fin du printemps ou au début de l’été. En juin ou au début juillet, toutes les parties aériennes sont mortes (Fairbarns, 2005a, 2009).

La sanicle patte-d’ours ne produit pas de clones et est monocarpique, c’est-à-dire qu’elle fleurit et produit des fruits une seule fois, puis meurt. En outre, elle est andromonoïque, ce qui signifie que des fleurs bisexuées et des fleurs mâles sont présentes chez un même individu. Chez les individus florifères les plus gros, qui sont habituellement les premiers à fleurir, les dernières ombelles produites comportent généralement une proportion élevée de fleurs mâles. Les individus florifères petits, qui parviennent à maturité un peu plus tard dans la saison, pourraient profiter de l’abondance de pollen produite par les dernières ombelles des individus voisins plus gros, ce qui pourrait expliquer l’importance adaptative de la faible proportion de fleurs mâles dans les ombelles produites tardivement (Lowenberg 1997).

Les boutons floraux apparaissent à partir du début février, mais les fleurs ne s’ouvrent pas entièrement avant mars ou avril. Les tiges florifères sont plutôt courtes au début de la floraison, et les inflorescences forment ainsi des coussins compacts à l’intérieur de la rosette de feuilles basilaires. Les pollinisateurs, particulièrement les bourdons, sont abondants durant la période de floraison de l’espèce, et la plupart des inflorescences produisent au moins quelques graines viables. La floraison dure généralement jusqu’à mai, mais la plupart des individus reproducteurs présentent déjà des fruits verts à la mi-mai. Il arrive que quelques ombelles produites tardivement ne donnent pas de graines viables avant que le stress hydrique associé aux sécheresses estivales tue la plante (Fairbarns, 2005a).

Selon trois expériences, dont une réalisée en jardin et deux dans des prés maritimes, le réservoir de semences de la sanicle patte-d’ours est principalement transitoire, et la plupart des graines germent durant la première année ou meurent dans le sol (Fairbarns, 2005b, 2009). Dans la quasi-totalité des cas, les semis qui ne survivent pas meurent dans les 12 mois suivant la germination. Dans le cadre d’une expérience in situ sur le devenir des semis (excluant les semis qui sont morts durant les premières semaines et n’ont donc pas été détectés), environ 16,9 % des semis sont morts au cours des quatre premières années de croissance (Fairbarns, 2009). Selon une analyse simple des données démographiques recueillies par Fairbarns (2005a) sur une période de trois ans dans les trois sites, l’âge moyen des individus reproducteurs (durée d’une génération) est de 13 ou 14 ans. Cette estimation doit être utilisée avec prudence, car les données ont été recueillies sur une courte période et dans un petit nombre de sites et l’estimation des paramètres est difficile, ce qui fait en sorte que l’estimation de la durée d’une génération comporte des incertitudes.

Physiologie et adaptabilité

La physiologie de la sanicle patte-d’ours n’a pas été étudiée. La courte durée de vie apparente du réservoir de semences du sol donne à penser que l’espèce n’est pas adaptée à des périodes prolongées (plusieurs années) où les conditions ne sont pas propices à la germination. Puisqu’elle est une espèce herbacée vivace, la sanicle patte­d’ours survit aux sécheresses estivales et aux froids hivernaux en laissant mourir ses parties aériennes.

Selon les informations disponibles, aucun individu mature n’a été produit en contexte horticole, et la transplantation en milieu naturel d’individus multipliés n’a jamais été tentée.

Dispersion

Au fil de la maturation des fleurs, et particulièrement après la pollinisation, les tiges florifères s’allongent, soulevant ainsi les organes de reproduction à une certaine hauteur au-dessus de la rosette basilaire. Les fruits sont généralement mûrs au milieu ou à la fin de juin, et la déhiscence survient habituellement peu de temps plus tard (Fairbarns, 2005a).

Les fruits, secs et petits (longs de 2 à 5 mm), sont couverts de soies terminées par des crochets qui peuvent rester accrochés à la fourrure ou au plumage des animaux ou aux vêtements des passants et ainsi favoriser la dispersion des graines. Dans la plupart des sites, les fruits peuvent être dispersés jusqu’en août ou en septembre, et quelques fruits non dispersés sont parfois encore présents au début octobre. Lorsque les tiges florifères mortes qui présentent encore des fruits se brisent, elles peuvent être emportées par le vent sur de courtes distances, à la manière de « virevoltants ». La dispersion des fruits survient parfois plus tôt dans les sites où il y a une circulation piétonnière considérable, car les graines s’accrochent aux piétons qui passent et les tiges mortes sont piétinées. Dans la propriété de la Garde côtière canadienne des îles Trial, la dispersion prend fin abruptement au moment de la première tonte, mais les fruits de quelques plantes étalées sont parfois épargnés (Fairbarns, 2005a).

Fait surprenant, l’espèce se propage rarement dans les milieux non occupés qui semblent pourtant lui convenir, même ceux situés à proximité de grandes sous­populations (Fairbarns, obs. pers.). Il est possible, mais très peu probable, que ces milieux non occupés ne conviennent pas à la sanicle patte-d’ours, car la structure du sol, la lithologie et la composition de la végétation y sont semblables à celles des sites occupés. Sinon, il est peut-être trop rare qu’un nombre suffisant de fruits soit dispersé jusque dans les milieux propices non occupés pour que de nouvelles sous-populations soient établies.

Relations interspécifiques

Lowenberg (1994) a étudié l’effet de la prédation des fleurs par les herbivores sur la sanicle patte-d’ours. Les individus étaient capables de totalement compenser la perte de jusqu’à 1/3 de leurs inflorescences lorsque cette perte survenait en une seule fois au début de la période de floraison. Toutefois. Les individus n’étaient pas capables de totalement compenser les effets de l’élimination répétée d’inflorescences, de l’élimination tardive d’inflorescences ou de l’élimination de la majorité des inflorescences. Les seuls cas d’herbivorie observés dans les sous-populations canadiennes étaient associés au broutage par la Bernache du Canada (Branta canadensis) (voir la section Menaces et facteurs limitatifs).

Taille et tendances de la population

Activités et méthodes d’échantillonnage

Aux fins du présent rapport, un « individu mature » est un individu qui présente au moins un certain développement des organes reproducteurs, comme des boutons floraux. Tous les sites connus ont été visités entre 2010 et 2012 (tableau 1), à l’exception du site des îles Bedford, qui est difficilement accessible et a été visité pour la dernière fois en 2008. Les individus matures ont été dénombrés dans chaque site. Les visites ont été effectuées à la fin mars, en avril et au début mai, période où la floraison est maximale. Il n’y avait aucune ambiguïté en ce qui a trait à la notion « d’individu », car l’espèce produit des rosettes distinctes et est dépourvue de rhizomes ou d’autre organe permettant la reproduction asexuée. Les sites connus sont petits, et des recherches approfondies pouvaient facilement être réalisées. Les grosses inflorescences jaune vif de l’espèce font en sorte qu’il est peu probable que des individus florifères soient passés inaperçus. Les individus immatures n’ont pas été examinés, parce qu’il aurait été difficile de bien dénombrer les petits individus non florifères et que les juvéniles peuvent entrer en dormance ou rapidement mourir sous l’effet de soudaines et brèves sécheresses.

Abondance

On estime que la population canadienne compte actuellement 2 898 individus matures (tableau 1). Environ 85 % de la population canadienne se trouvent dans les îles Trial. La seule autre sous-population canadienne qui compte de manière constante plus de 100 individus matures est celle de la pointe Harling, qui se trouve sur un cap rocheux dans l’île de Vancouver, à proximité des îles Trial.

Fluctuations et tendances

L’étendue et l’état des milieux apparemment propices à l’espèce au Canada ont diminué de plus de 95 % au cours des 100 années suivant l’arrivée des colons européens, soit du milieu du 19e siècle au milieu du 20e siècle. Durant cette période, la majeure partie des milieux naturels du bord de mer ont été convertis en propriétés résidentielles et commerciales, à l’exception des parcs municipaux (voir la section Tendances en matière d’habitat), ce qui a probablement entraîné un déclin considérable de la population canadienne de sanicle patte-d’ours. Rien n’indique que la conversion de l’habitat ait causé la disparition de sous-populations depuis les années 1950.

Il est difficile de quantifier les fluctuations et tendances (tableau 2) au cours des 3 dernières générations (environ 42 ans), car peu de données ont été recueillies, et les méthodes n’ont pas été adéquatement consignées dans le cadre de certains relevés anciens.

Tableau 2. Données historiques relatives aux sous-populations
Sous-population/Site Année Observateur(s) Estimation de la population Notes
Îles Trial – île principale 1951 Inconnue Aucun dénombrement -
Îles Trial – île principale 1961 Calder Aucun dénombrement -
Îles Trial – île principale 1964 Hatt Aucun dénombrement -
Îles Trial – île principale 1966 Turner Aucun dénombrement -
Îles Trial – île principale 1974 Brayshaw Aucun dénombrement -
Îles Trial – île principale 1992 Douglas Aucun dénombrement -
Îles Trial – île principale 1999 Donovan 6,713 Il est possible que les individus non florifères aient été inclus
Îles Trial – île principale 2002 Fairbarns 2,000-3,000 Individus florifères
Îles Trial – île principale 2006 Fairbarns 5,781 Individus florifères
Îles Trial – île principale 2011 Fairbarns and McCoy 2,476 Individus florifères
Alpha Islet 1992 Roemer Aucun dénombrement -
Îlet Alpha 1999 Donovan and Douglas 52 Individus florifères
Îlet Alpha 2012 Fairbarns 31 Individus florifères
Île Discovery 2002 Miller 9 Individus florifères
Île Discovery 2009 Fairbarns 12 Individus florifères
Île Discovery 2012 Fairbarns 2 Individus florifères
Pointe Saxe 1955 Inconnue Aucun dénombrement -
Pointe Saxe 1961 Calder Aucun dénombrement -
Pointe Saxe 1963 Meyer Aucun dénombrement -
Pointe Saxe 1991 Cadrin Aucun dénombrement -
Pointe Saxe 1999 Donovan 1,145 Il est possible que les individus non florifères aient été inclus
Pointe Saxe 2006 Cadrin 745 Individus florifères
Pointe Saxe 2009 Penny 1,133 Individus florifères
Pointe Saxe 2011 Fairbarns 93 Individus florifères
Île Mary Tod 2001 Douglas and Donovan 97 Individus florifères; la sous-population avait été divisée en 2 localités
Île Mary Tod 2012 Fairbarns 47 Individus florifères; la sous-population ne présentait aucune discontinuité, de sorte qu’elle a été considérée comme une seule localité
Pointe Harling 1954 Inconnue Aucun dénombrement -
Pointe Harling 1961 Calder Aucun dénombrement -
Pointe Harling 1975 Fyles Aucun dénombrement -
Pointe Harling 1978 Douglas Aucun dénombrement -
Pointe Harling 1991 Douglas and Donovan 81 Individus florifères
Pointe Harling 2000 Fairbarns 107 Individus florifères
Pointe Harling 2002 Fairbarns 50-70 Individus florifères
Pointe Harling 2006 Fairbarns 178 Individus florifères
Pointe Harling 2011 Fairbarns 153 Individus florifères
Île Bentinck 1983 Ceska Aucun dénombrement  
Île Bentinck 1999 Donovan 71 Les individus non florifères ont été inclus; aucun individu florifère n’a été signalé
Île Bentinck 2002 Fairbarns 3 Individus florifères
Île Bentinck 2012 Miskelly 4 Individus florifères
Bedford Islands 2009 Fairbarns 69 Individus florifères
Baie Becher - Swordfish 2003 Fairbarns 6 Individus florifères
Baie Becher - Swordfish 2005 Fairbarns 11 Individus florifères
Baie Becher - Swordfish 2006 Fairbarns 2 Individus florifères
Baie Becher - Swordfish 2010 Miskelly 1 Individus florifères
Baie Becher - Minuartia 2003 Fairbarns 14 Individus florifères
Baie Becher - Minuartia 2004 Fairbarns 31 Individus florifères
Becher Bay - Minuartia 2007 Fairbarns 26 Individus florifères
Baie Becher - Minuartia 2012 Miskelly 19 Individus florifères
Becher Bay - Seedbank 2002 Fairbarns 0 Individus florifères
Baie Becher - Seedbank 2003 Fairbarns 2 Individus florifères
Baie Becher - Seedbank 2007 Fairbarns 4 Individus florifères
Baie Becher - Seedbank 2012 Miskelly 0 Individus florifères

Source : BC Conservation Data Centre, 2012; Fairbarns, obs. pers.

La taille de la sous-population des îles Trial a considérablement diminué durant le dernier tiers du 20e siècle d’après des photographies aériennes qui montrent que, durant cette période, la densité du genêt à balais, du lierre commun et d’autres espèces ligneuses envahissantes a augmenté et dépassé le seuil généralement toléré par la sanicle patte-d’ours. Les plantes ligneuses envahissantes ne sont pas abondantes dans les sous-populations de sanicle patte-d’ours de la pointe Saxe, de la pointe Harling et de l’îlet Alpha, et donc rien ne semble indiquer que ces plantes ont eu une incidence sur la taille des sous-populations de ces sites durant la fin du 20e siècle. Les plantes ligneuses envahissantes étaient relativement peu communes dans la sous­population de l’île Bentinck jusqu’au début du 21e siècle.

En outre, les récentes augmentations de la couverture de plantes envahissantes à l’île Mary Tod, à l’île Bentinck et à la baie Becher donnent à penser que la qualité de l’habitat et probablement l’abondance de la sanicle patte-d’ours ont diminué dans ces trois sites. Une augmentation des dommages causés par le piétinement a été observée de 2000 à 2015 dans le milieu occupé par la sanicle patte­d’ours à la pointe Harling (Fairbarns, obs. pers.), ce qui laisse croire que cette sous­population a également connu un déclin. La majeure partie du déclin plausible de la population canadienne de sanicle patte-d’ours dans les sites existants est probablement survenue entre 1970 et 2012.

La mention de la sanicle patte-d’ours à la pointe Cattle faite par Brayshaw (comm. pers., sans date) est fondée sur une carte montrant l’emplacement de plantes rares observées dans ce site depuis 1970, ce qui signifie que cette sous-population est probablement disparue au cours des 3 dernières générations.

Les sous-populations des îlets Chain, de la baie Cadboro et du parc Beacon Hill n’ont pas été observées depuis 1938 ou avant et sont donc considérées comme disparues.

Les sous-populations de l’île Mary Tod, de l’île Discovery, des îles Bedford et de la baie Becher ont été découvertes après la réalisation des travaux de terrain pour la préparation du premier rapport de situation sur l’espèce, en 2000. Ces emplacements avaient auparavant reçu peu d’attention des botanistes, et il est probable que les sous­populations de sanicle patte-d’ours qui s’y trouvent y sont présentes depuis longtemps et étaient seulement passées inaperçues jusqu’à récemment. Douglas et Donovan ont observé environ 100 individus matures à l’île Mary Tod lorsqu’ils y ont découvert la sous-population en 2001, et Fairbarns y a signalé 47 individus matures en 2012.

La population canadienne de sanicle patte-d’ours n’est pas gravement fragmentée, puisque la plupart des individus se trouvent dans une seule sous-population qui compte pour plus de la moitié de la zone d’occupation.

Immigration de source externe

La sanicle patte-d’ours est gravement en péril (S1) dans l’État de Washington (WA NHP, 2015), où la plus grande sous-population a connu un déclin abrupt et est passée d’au moins 2 000 individus en 1982 à 60 à 75 individus (la plupart végétatifs) en 2002. Selon des observations plus récentes, ce déclin s’est poursuivi. Des spécimens ont récemment (2005-2009) été récoltés dans six petites sous-populations (< 50 individus matures) dans des îles du comté de San Juan; il existe peu d’information sur ces occurrences, mais elles sont probablement toutes petites (Arnett, comm. pers., 2012; Giblin, comm. pers., 2012).

Les sous-populations des États-Unis se trouvent à au moins 25 km des sous­populations canadiennes, desquelles elles sont séparées par l’océan. Aucune autre sous-population n’a été signalée dans l’État de Washington au cours des dernières années, mais il existe des mentions anciennes de l’espèce à de faibles altitudes dans le sud-ouest de la péninsule Olympic (Buckingham et al., 1995). Il y aurait donc peu de possibilités d’immigration de source externe si la population canadienne venait à disparaître.

Menaces et facteurs limitatifs

Dans l’ensemble de l’aire de répartition de la sanicle patte-d’ours, le principal facteur limitatif est le fait que l’espèce ne pousse que dans un type d’habitat rare, dans une petite région du Canada. Les menaces directes abordées dans le présent rapport ont été organisées et évaluées d’après le système de classification des menaces de l’UICN-CMP (Union internationale pour la conservation de la nature-Partenariat pour les mesures de conservation; Master et al., 2009). Les menaces sont définies comme étant les activités ou processus immédiats qui on un effet direct et négatif sur la population de sanicle patte­d’ours. Les résultats de l’évaluation de l’impact, de la portée, de la gravité et de l’immédiateté de ces menaces sont présentés sous forme de tableau à l’annexe 1. Selon ces résultats, l’impact global des menaces calculé est « élevé/moyen ».

Plantes envahissantes (8.1 Espèces exotiques [non indigènes] envahissantes)

L’augmentation continue de l’abondance et de la diversité des plantes exotiques et le déclin connexe de la qualité de l’habitat constituent la plus grave menace au cours des trois prochaines générations pour toutes les sous-populations existantes de sanicle patte­d’ours. Actuellement, la plupart des sous-populations se trouvent dans des communautés végétales où des espèces non indigènes d’arbustes, de graminées et d’herbacées non graminoïdes représentent une composante considérable, et la présence de ces espèces continue de progresser aux dépens de celle des plantes indigènes (Fairbarns, obs. pers.).

Au Canda, les arbustes exotiques les plus couramment observés dans les habitats hébergeant encore la sanicle patte-d’ours sont le genêt à balais et l’ajonc d’Europe (Ulex europaeus) (Fairbarns, obs. pers.). La sanicle patte-d’ours semble pouvoir tolérer une légère diminution de l’ensoleillement créée par les peuplements clairsemés de genêt à balais, mais elle est absente des parcelles où l’ajonc d’Europe est présent et où le genêt à balais forme des peuplements matures plus denses. Selon Grove et al. (2012), le genêt à balais pourrait produire des composés allélopathiques, qui peuvent avoir des effets à long terme sur les écosystèmes en modifiant les communautés microbiennes du sol; toutefois, ces auteurs ont utilisé du charbon actif pour détecter la présence de signes d’allélopathie, ce qui peut mener à des conclusions erronées (Lau et al., 2008). Le daphné lauréole (Daphne laureola), autre espèce d’arbuste exotique envahissant, est présent dans la plupart des sous-populations de sanicle patte-d’ours, mais il n’est pas encore devenu dominant dans ces localités (Fairbarns, obs. pers.). Toutefois, ailleurs dans la région, on trouve des peuplements denses de daphné lauréole qui ont supplanté presque toutes les autres espèces. Il semble que le daphné lauréole, qui est répandu dans la région seulement depuis peu, représente une menace croissante pour les sous­populations de sanicle patte-d’ours. Le lierre commun est une autre espèce exotique qui constitue une menace importante et croissante pour la sanicle patte-d’ours. Dans les prés dégagés, les tiges du lierre commun forment souvent un tapi continu qui prive de lumière toutes les plantes herbacées. Les arbustes exotiques et le lierre commun constituent de graves menaces pour la sanicle patte-d’ours dans les îles Trial et l’île Mary Tod, qui hébergent plus de 85 % de la population canadienne de l’espèce. Une série de projets entamée en 2002 et appuyée par le Programme d’intendance des habitats pour les espèces en péril depuis 2006 a permis une diminution de l’abondance des arbustes exotiques et du lierre commun dans les îles Trial (le financement actuel devrait prendre fin en 2016). Grâce à ces projets, plus de 95 % de la biomasse de genêt à balais et environ 10 % de celle du lierre commun avaient été éliminés dans les îles Trial en 2012. Il est impossible de quantifier les avantages pour la sanicle patte-d’ours de l’élimination du genêt à balais ou du lierre commun, car les améliorations sont masquées par les fluctuations de l’effectif des sous-populations et la longue période nécessaire avant l’apparition des résultats, qui s’explique par la dispersion et la maturation lentes de la sanicle patte-d’ours. Néanmoins, il est presque certain que la couverture et la densité du genêt à balais auraient continué d’augmenter où il était déjà présent et que cette espèce se serait propagée dans des régions qu’elle n’avait pas encore atteintes (Fairbarns, obs. pers.).

Le réservoir de semences du genêt à balais a une longue durée de vie, et les graines de cette espèce peuvent persister pendant jusqu’à 30 ans dans les milieux naturels (Smith et Harlen, 1991; Bossard, 2000). Toutefois, les évaluations selon lesquelles la longévité du réservoir de semences pourrait être de jusqu’à 80 ans ne devraient pas être reconnues comme valides, car elles sont fondées sur une étude où les graines avaient été entreposées dans des bouteilles de verre, dans un musée (Turner, 1933). Vu la longévité du réservoir de semences du genêt à balais, on s’attend à ce que celui-ci envahisse rapidement de nouveau les zones où il avait été éliminé si des efforts considérables et continus ne sont pas déployés.

Les graminées et herbacées non graminoïdes exotiques constituent généralement une composante importante de la strate herbacée dans toutes les sous-populations de sanicle patte-d’ours. Les plantes vivaces produisant des rosettes, comme la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), et les graminées gazonnantes, comme le pâturin des prés (Poa pratensis), accaparent l’espace et réduisent ainsi la disponibilité des sites propices à la germination. Les plantes herbacées envahissantes hautes créent trop d’ombre pour que la sanicle patte-d’ours puisse prospérer à leurs côtés. La présence de graminées exotiques vivaces hautes, comme le dactyle pelotonné (Dactylis glomerata) et la houlque laineuse (Holcus lanatus), continue d’augmenter dans certains prés où la sanicle patte-d’ours est présente, et ces graminées accaparent l’espace, réduisent l’intensité lumineuse et créent une accumulation annuelle de chaume qui étouffe les individus de l’espèce (Fairbarns, obs. pers.).

Herbivorie (8.2 Espèces indigènes problématiques)

Une population non migratrice et nouvellement résidente de Bernache du Canada est récemment devenue la deuxième menace en importance pour la sanicle patte-d’ours, après les plantes envahissantes. Jusqu’à la fin des années 1950, la Bernache du Canada était migratrice et était parfois observée dans la région en été. La Bernache du Canada a été signalée dans le cadre du Recensement des oiseaux de Noël pour la première fois en1958. Depuis, des oisons et des reproducteurs ont été introduits dans la région côtière de la Colombie-Britannique. Ces oiseaux introduits n’ont pas imité les individus migrateurs et sont devenus des résidants permanents (EBB Environmental Consulting Ltd., 2012).

Le nombre de Bernaches du Canada passant l’hiver à Victoria a augmenté rapidement depuis la fin des années 1980 (figure 5), et on prévoit que le nombre d’individus augmentera de manière exponentielle et continue à moins qu’un nouveau régime de gestion soit adopté (EBB Environmental Consulting Ltd., 2012).

D’après des modélisations, la seule façon de réduire le nombre de Bernaches du Canada dans le District régional de la capitale est de mettre en œuvre un programme de stérilisation des œufs combiné à un abattage annuel d’au moins 100 oiseaux. De plus, il est probable que la croissance exponentielle de la population recommence si le programme combinant la stérilisation des œufs et l’abattage est interrompu (EBB Environmental Consulting Ltd., 2012). Des permis de stérilisation des œufs ont été accordés pour les îles Trial chaque année depuis 2013. Depuis, très peu d’oisons ont été signalés aux îles Trial, mais des bernaches adultes continuent d’utiliser l’île tout au long de l’année, et la superficie endommagée par ces oiseaux continue d’augmenter (Fairbarns, obs. pers.). L’abattage annuel d’individus adultes a été impossible (Fairbarns, obs. pers.).

Figure 5. Population de Bernache du Canada hivernant à Victoria, en Colombie-Britannique, de 1958 à 2014. Graphique préparé par Matt Fairbarns au moyen des données de la National Audubon Society (2010).
Graphique
Description longue pour la figure 5

Graphique illustrant l’augmentation rapide du nombre de Bernaches hivernant à Victoria depuis la fin des années 1980.

La Bernache du Canada est résidente aux îles Trial depuis seulement environ 2002 (Fairbarns, obs. pers.). Depuis, le nombre de nids à l’île Trial a augmenté de manière exponentielle, et en avril 2012 Dickman (comm. pers.) y a observé 104 adultes formant 48 couples ainsi que 25 nids visibles. Dickman a noté que ces données confirment la hausse continue du nombre d’individus de 2010 à 2012. À mesure que la population de Bernaches s’agrandit dans les îles Trial, la végétation naturelle disparaît dans de nouvelles superficies, qui semblent avoir été fauchées. Les plantes indigènes sensibles au broutage sont alors remplacées par des espèces plus résilientes, principalement des graminées envahissantes. En outre, la sanicle patte-d’ours est fortement broutée, et le broutage survient tard dans la saison et est souvent suffisamment intense pour réduire ou supprimer la production de graines (Fairbarns, obs. pers.). De même, Isaac-Renton et al. (2010) ont observé dans le sud des îles Gulf, en Colombie­Britannique, une relation positive significative entre le pourcentage de couverture d’excréments de Bernache et celui des graminées exotiques annuelles. Ces auteurs ont avancé que la diminution immédiate des populations de Bernache du Canada dans cette région pourrait freiner l’expansion des zones dominées par les graminées annuelles, mais ils ne sont pas certains que la végétation indigène pourrait se rétablir dans les zones déjà endommagées si les Bernaches étaient éliminées.

L’inclusion des îles Trial dans le refuge d’oiseaux migrateurs du havre de Victoria vient complexifier l’éradication de la Bernache du Canda dans cette région (Environment Canada, sans date). En outre, la Bernache du Canada utilise de façon de plus en plus intensive les prés dans plusieurs autres localités hébergeant la sanicle patte-d’ours au Canada (Fairbarns, obs. pers.).

Construction et entretien d’installations (1.2 Zones commerciales et industrielles)

La sous-population de sanicle patte-d’ours des îles Trial a été directement et indirectement touchée par diverses activités de construction, d’entretien et d’exploitation des infrastructures associées à des installations de communication et au phare.

Dans le cas des installations de communication, la sanicle patte-d’ours a principalement été touchée en bordure et à proximité de sentiers non aménagés reliant des bâtiments. À la fin des années 1990, un herbicide a été utilisé en vue d’éliminer la végétation nuisant au déplacement de matériel le long d’au moins un sentier qui traversait une colonie de sanicle patte-d’ours. À la fin des années 2000, un VTT a été utilisé pour déplacer du matériel depuis la plage jusqu’à différents bâtiments; il a roulé dans une zone hébergeant la sanicle patte-d’ours et a écrasé un certain nombre d’individus juvéniles et matures. De plus, également à la fin des années 2000, une tranchée a été creusée pour l’enfouissement de lignes électriques à l’emplacement d’une colonie de sanicle patte­d’ours (Fairbarns, obs. pers.).

En 2012-2013, les tours de radiocommunication existantes ont été retirées puis remplacées. Le concessionnaire a conclu avec le Ministère des Forêts, des Terres et de l’Exploitation des ressources naturelles (Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations) de la Colombie-Britannique une entente comprenant des dispositions concernant la protection des espèces et des écosystèmes en péril durant les activités de construction et d’entretien. Les premières étapes de la construction (réalisées du 16 au 27 septembre 2012) ont eu peu de répercussions sur les espèces et les écosystèmes rares, car l’équipement a été transporté à pied et les pluies estivales et automnales ont commencé tardivement, de sorte que les plantes sont demeurées en dormance jusqu’à la fin des activités (Fairbarns, obs. pers.).

Les activités de construction réalisées en 2013 ont causé plus de dommages, car de l’équipement lourd a été utilisé pour préparer des sites accidentés et transporter des matériaux lourds. La cohorte subséquente comprenait principalement des individus petits à moyens, et les grands individus avaient perdu de leur vigueur ou étaient morts. Deux ans plus tard, le nombre d’individus florifères avait rejoint ou dépassé ceux observés avant la construction (Fairbarns, obs. pers.; Miskelly, comm. pers., 2015).

Piétinement (6.1 Activités récréatives)

La sanicle patte-d’ours semble prospérer dans les zones soumises à un piétinement léger. En effet, l’espèce pousse bien dans les zones légèrement piétinées à la pointe Saxe, dans les îles Trial et à la pointe Harling (Donovan et Douglas, 2000; Fairbarns, obs. pers.), probablement parce que la circulation piétonnière freine la croissance des plantes hautes (pour la plupart exotiques et envahissantes) qui feraient autrement de l’ombre à la sanicle patte-d’ours. Cependant, la sanicle patte-d’ours est rare ou absente dans les zones fortement piétinées à la pointe Saxe et à la pointe Harling, où le sol minéral a été exposé et érodé par la circulation piétonnière au cours des dernières décennies. Il est peu probable que la circulation piétonnière diminue, et le piétinement causera probablement de l’érosion additionnelle dans ces sites.

Intervention à la suite de déversements d’hydrocarbures (6.3 Travail et autres activités)

Il est peu probable qu’un déversement d’hydrocarbures se produise, mais des pétroliers empruntent le détroit de Juan de Fuca. Une intervention à la suite d’un déversement d’hydrocarbures pourrait avoir des répercussions sur les sites hébergeant l’espèce dans les petites îles, car l’espace y serait limité pour l’aménagement de postes d’intervention.

Changement climatique (11.1 Déplacement et altération de l’habitat et 11.4 Tempêtes et inondations)

Les modifications prévues des températures et des précipitations varient d’un modèle de changement climatique à l’autre (Murdock et Spittlehouse, 2011), de sorte qu’on ignore exactement les effets potentiels du changement climatique sur la sanicle patte-d’ours. Néanmoins, en présumant que l’humidité du sol et les régimes de température subiront des changements considérables dans les sites existants, il semble probable que la capacité de ceux-ci de soutenir la sanicle patte-d’ours diminuera, même s’il est possible que ce phénomène soit compensé par une augmentation de l’abondance des milieux inoccupés convenant à l’espèce sur le plan climatique. Toutefois, l’incapacité apparente de la sanicle patte-d’ours de se propager dans les milieux inoccupés qui semblent lui convenir (voir la section Cycle vital et reproduction) donne à penser que tout changement climatique considérable pourrait entraîner une diminution de la population canadienne de sanicle patte-d’ours, à moins que des dispersions assistées soient réalisées avec succès.

En outre, le changement climatique cause une modification du niveau de la mer. L’élévation du niveau de la mer combinée aux tempêtes accentue la menace pour certaines sous-populations.

Utilisation à des fins militaires (6.2 Exercices militaires)

Même si une certaine utilisation à des fins militaires est possible à l’île Bentinck, les militaires sont au courant de la présence de l’espèce dans ce site.

Modifications des systèmes naturels

Il est difficile de quantifier la modification du régime d’incendies (7.1 Incendies et lutte contre les incendies) par rapport à la période où les Premières Nations effectuaient des brûlages, mais on sait que ce régime a changé. Un fauchage (7.3 Autres modifications de l’écosystème) est réalisé dans certaines régions, mais cette activité a dans l’ensemble un impact négligeable à l’heure actuelle.

Nombre de localités

Il existe 13 localités connues de sanicle patte-d’ours au Canada, et l’espèce est disparue de quatre de ces localités. Toutes les sous-populations canadiennes existantes sont menacées par un ou plusieurs facteurs. Les espèces envahissantes constituent la principale menace pour toutes les sous-populations canadiennes, mais les menaces secondaires varient d’une sous-population à l’autre, et il est fort probable que les mesures destinées à contrer ces menaces soient conçues spécifiquement pour chacune des sous-populations. Ainsi, chacune des neuf sous-populations est considérée comme une localité distincte (tableau 1). Chaque sous-population occupe une petite superficie (12 ha ou moins) où un seul phénomène ou processus menaçant pourrait affecter rapidement tous les individus. En 2011-2012, 3 des 9 localités (sous-populations) comptaient moins de 20 individus matures, et 5 en comptaient moins de 50. Les trois plus petites localités (sous-populations) courent un grave risque de subir un effondrement démographique, mais il est impossible de quantifier ce risque.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

En Colombie-Britannique, il n’existe aucune loi distincte permettant de protéger les sous-populations d’espèces en péril sur les terres non fédérales.

La sanicle patte-d’ours été désignée « espèce en voie de disparition » en 2000 par le COSEPAC, puis « espèce menacée » en 2015 après une nouvelle évaluation. L’espèce est protégée sur les terres fédérales aux termes l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral, et cette loi offre une protection de base à l’espèce sur les terres autres que fédérales. Environ 30 % de la population canadienne se trouve sur des terres fédérales.

La sanicle patte-d’ours fait partie des multiples espèces visées par un programme de rétablissement des espèces rares des prés maritimes associés aux chênaies de Garry (Parks Canada, 2006). Ce programme établit deux buts pour le rétablissement de la sanicle patte-d’ours, le premier visant le maintien ou l’accroissement des effectifs actuels de toutes les sous-populations existantes, et le deuxième, l’établissement d’au moins deux nouvelles sous-populations. Neuf ans après la publication de ce programme, aucune activité de suivi n’a été réalisée pour déterminer efficacement si la population canadienne de l’espèce est en croissance, en déclin ou à peu près stable, et aucune tendance manifeste n’a été observée, de sorte qu’il est impossible d’évaluer si le but a été atteint en ce qui a trait au maintien ou à l’accroissement des effectifs actuels des sous-populations existantes. Aucune initiative n’a été mise en œuvre pour l’établissement de nouvelles sous­populations en vue de l’accomplissement du deuxième but. En outre, le programme de rétablissement établit pour la période de 2006 à 2015 un certain nombre d’objectifs de rétablissement concourant à l’atteinte de ces buts. Les objectifs liés à la protection de la sanicle patte-d’ours et les mesures de rendement sont les suivants :

  1. Établir la protection des populations existantes connues : aucun accord de protection n’a été conclu pour les sous-populations se trouvant sur des terrains privés ou des terres publiques, sauf pour les endroits où l’espèce était déjà protégée avant la mise en œuvre du programme de rétablissement.
  2. Faire en sorte que tous les propriétaires ou gestionnaires de terres concernés collaborent à la protection des habitats : plusieurs propriétaires ou gestionnaires de terres ont autorisé, encouragé ou même dirigé les mesures mises en place pour la protection de l’habitat occupé par la sanicle patte-d’ours.
  3. Trouver les causes de la disparition des espèces du pays ou de la diminution ou de la perte de populations : aucune étude officielle n’a été réalisée sur ces questions, et les connaissances demeurent fondées sur des observations anecdotiques et des suppositions.
  4. Repérer et classer par ordre de priorité les endroits à fouiller et effectuer des relevés pour déterminer si des populations non signalées sont présentes (c.-à-d. pour déterminer si des réintroductions sont nécessaires) : aucun progrès.
  5. Repérer les zones d’habitat essentiel requises pour l’établissement de nouvelles populations, tel que décrit dans les buts fixés pour chaque espèce : un projet destiné à repérer ces zones d’habitat a débuté en 2014.
  6. Établir les techniques et des priorités pour l’établissement de nouvelles populations et d’une population expérimentale par espèce (si indiqué selon les résultats pour l’objectif ci-dessus) : aucun progrès.

Statuts et classements non juridiques

En 1990, NatureServe (2012a) a attribué à la sanicle patte-d’ours la cote G5 (non en péril) à l’échelle mondiale. Depuis, NatureServe n’a pas réévalué la situation de l’espèce à cette échelle. Au Canada, la sanicle patte-d’ours a été classée N1 (gravement en péril) par NatureServe (2012a) et a été cotée « 1 » (en péril) dans le cadre du Programme sur la situation générale des espèces (Canadian Endangered Species Conservation Council, 2011).

En Colombie-Britannique, la sanicle patte-d’ours est classée S1 (gravement en péril). La sanicle patte-d’ours est une espèce de priorité 1 au titre du Cadre de conservation de la Colombie-Britannique (objectif 3 : Maintenir la diversité des espèces et des écosystèmes indigènes) et fait partie de la liste rouge de la Colombie-Britannique, qui comprend les espèces qui ont été désignées comme « en voie de disparition », « menacées » ou « disparues » en fonction de l’information disponible. L’inclusion d’une espèce sur la liste rouge ne lui confère pas de protection juridique (B.C. Conservation Data Centre, 2012).

La sanicle patte-d’ours est classée S1 dans l’État de Washington, mais sa situation n’a pas été évaluée en Oregon et en Californie, où l’espèce est également présente (NatureServe, 2012a).

Protection et propriété de l’habitat

Terres fédérales

La petite sous-population de l’île Bentinck et les trois composantes de la sous­population de la baie Becher se trouvent entièrement sur des terres fédérales gérées par le ministère de la Défence nationale. Une portion considérable de la grande sous­population des îles Trial se situe près d’un phare administré par la Garde côtière canadienne.

La petite sous-population des îles Bedford se trouve dans une réserve indienne.

Aucune des sous-populations qui se trouvent sur des terres fédérales ne fait l’objet d’un entretien régulier destiné à éliminer les menaces telles que les espèces envahissantes, mais ces terres sont tout de même visées par la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral.

Aires protégées de la Colombie-Britannique

La petite sous-population de l’île Discovery, la sous-population de taille moyenne de l’îlet Alpha et une portion considérable de la grande sous-population des îles Trial se trouvent dans des parcs provinciaux ou des réserves écologiques de la Colombie­Britannique et bénéficient ainsi d’une protection officielle aux termes des dispositions générales de la Parks Act de la Colombie-Britannique. Toutefois, cette protection officielle n’offre pas de protection efficace contre les principales menaces, notamment les changements de l’habitat causés par les espèces ligneuses envahissantes ou l’herbivorie par la Bernache du Canada. La sous-population des îlets Chain se trouve dans une réserve écologique créée en 1979 principalement pour les oiseaux de mer; cette sous-population pourrait avoir disparu avant 1979.

Certaines des espèces de plantes envahissantes présentes dans la réserve écologique Trial Islands font l’objet de mesures de lutte dans le cadre d’un programme appuyé par le Programme fédéral d’intendance des habitats pour les espèces en péril, l’Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry, B.C. Parks et le temps offert par le personnel d’Aruncus Consulting.

Autres terres publiques appartenant à la Colombie-Britannique

Une grande partie de la sous-population des îles Trial se trouve sur des terres publiques de la Colombie-Britannique cédées à bail à une entreprise de communication qui y a installé des tours de radiocommunication et des infrastructures connexes. Les espèces rares ne bénéficient d’aucune protection juridique dans ce site, mais des documents associés au bail encouragent le concessionnaire à appliquer des mesures de gestion pour qu’il évite de causer des dommages aux espèces rares présentes sur le terrain loué ainsi qu’à leur habitat.

Parcs municipaux

Les sous-populations de la pointe Saxe et de l’île Mary Tod se situent dans des parcs municipaux. Aucune des deux municipalités concernées n’a adopté de réglementation pour protéger les sous-populations de sanicle patte-d’ours, mais elles offrent un certain soutien pour leur gestion.

Les sous-populations disparues de la pointe Cattle et de Beacon Hill se trouvaient dans des parcs municipaux, ce qui n’a pas empêché leur disparition.

Terres privées

La sous-population de la pointe Harling se trouve sur un terrain privé appartenant à la Chinese Consolidated Benevolent Association (CCBA). Cette zone, qui a été désignée site historique national, est donc officiellement protégée du développement. Toutefois, la CCBA a présenté dans les années 1990 une demande pour l’aménagement d’un lotissement résidentiel dans une partie du site, qui a été rejetée; par la suite, elle n’a déposé aucun autre projet de développement et a autorisé la réalisation d’activités bénévoles destinées à protéger la sous-population de sanicle patte-d’ours contre les espèces envahissantes.

Remerciements et experts contactés

Marian McCoy a fourni de l’aide durant les travaux de terrain réalisés à l’île Trial. Jenifer Penny et Marta Donovan (B.C. Conservation Data Centre) ont fourni des renseignements généraux utiles. David Giblin et Joe Arnett ont fourni de précieux renseignements sur la répartition et la situation des sous-populations de l’espèce dans l’État de Washington.

Experts contactés

Rhonda L. Millikin, chef par intérim, Évaluation des populations, Centre de recherche sur la faune du Pacifique, Service canadien de la faune, Delta (Colombie­Britannique).

Jennifer Doubt, responsable principale des collections, botanique, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario).

Dean Nernberg, agent responsable des espèces en péril, Direction de la gérance de l’environnement, Quartier général de la Défense nationale.

Patrick Nantel, biologiste de la conservation, Programme des espèces en péril, Direction de l’intégrité écologique, Parcs Canada, Gatineau (Québec).

David F. Fraser, spécialiste des espèces en péril, Ecosystem Branch, Conservation Planning Section, Ministry of Environment, gouvernement de la Colombie­Britannique, Victoria (Colombie-Britannique).

Jenifer Penny, botaniste, British Columbia Conservation Data Centre, Victoria (Colombie-Britannique).

Sources d’information

Arnett, J. comm. pers. 2012. Courriel adressé à M. Fairbarns, 7 décembre 2012. Rare Plant Botanist. Washington Natural Heritage program.

National Audubon Society. 2010. The Christmas Bird Count Historical Results [en ligne]. Disponible à l’adresse : [consulté le 17 septembre 2015]. [en anglais seulement]

B.C. Conservation Data Centre. 2012. BC Species and Ecosystems Explorer. B.C. Ministry of Environ. Victoria, B.C. Disponible à l’adresse : [consulté le 25 avril 2012]. [en anglais seulement]

Bossard, C. 2000. Cytisus scoparius. in: Bossard, C, J.M. Randall et M C. Hoshovsky (Eds.). 2000. Invasive Plants of California’s Wildlands. University of California Press.

Brayshaw, C., comm. pers. Sans date. Conversation avec M. Fairbarns, vers 1993. Botany Curator Emeritus (aujourd’hui décédé), Royal British Columbia Museum.

Buckingham, N.M., E.G. Schreiner. T.N. Kaye. J.E. Burger et E.L. Tisch. 1995. Flora of the Olympic Peninsula. Northwest Interpretive Association and Washington Native Plant Society. 199 pp.

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Sommaire biographique des rédactrices du rapport

Matt Fairbarns détient un baccalauréat ès sciences en botanique de l’Université de Guelph (1980). Il travaille depuis une trentaine d’années sur des espèces rares de même que sur la cartographie, l’inventaire et la conservation des écosystèmes de l’Ouest du Canada.

Collections examinées

Les collections de l’University of British Columbia, du Royal British Columbia Museum, de la Simon Fraser University, de l’University of Victoria, du Pacific Forestry Centre et de l’University of Washington ont été consultées par l’intermédiaire de la base de données du Consortium of Pacific Northwest Herbaria (2007-2011).

Annexe 1. Évaluation des menaces pesant sur la sanicle patte-d’ours.

Tableau d’évaluation des menaces

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème
Sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides)
Identification de l’élément
-
Code de l’élément
-
Date
05/11/2015
Évaluateur(s) :
Membres : Del Meidinger, Bruce Bennett, Karen Timm. External Experts: Matt Fairbarns (auteur), Dave Fraser (C.-B., animateur), Brenda Costanzo (C.-B.), Syd Cannings (EC), Marta Donovan (C.-B.), Louise Blight (C.-B.)
Références :
-
Calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces Impact des menaces (descriptions) Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Maximum de la plage d’intensité
Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Minimum de la plage d’intensité
A Très élevé 0 0
B Élevé 1 0
C Moyen 1 1
D Faible 1 2
- Impact global des menaces calculé : Élevé Moyen
Impact global des menaces attribué :
-
Justification de l’ajustement de l’impact :
-
Commentaires sur l’impact global des menaces
Les prés maritimes étaient plus abondants dans le passé; les brûlages réalisés par les Premières Nations maintenaient les conditions dégagées. Il y a eu un développement urbain considérable dans la zone d’occupation historique. La durée d’une génération est de 14 ans (× 3 = 42 ans); principaux facteurs limitatifs = espèce restreinte à un type d’habitat rare (prés maritimes).
Tableau d’évaluation des menaces.
# Menace Impact
(calculé)
Portée
(10 prochaines
années)
Gravité
(10 années
ou
3 générations)
Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial (en anglais seulement) D - Faible Restreinte (11-30 %) Légère (1-10 %) Élevée (Constante) -
1.1 Habitations et zones urbaines Non calculé (en dehors de la période d’évaluation) - - Insignifiante/ négligeable (menace passée ou sans effet direct) Cette menace a sans aucun doute eu des répercussions sur l’espèce dans le passé, mais n’en aura probablement pas dans le futur.
1.2 Zones commerciales et industrielles D - Faible Restreinte (11-30 %) Légère (1-10 %) Élevée (Constante) Dans le site cédé à bail à une entreprise de communication dans les îles Trial, des sentiers aménagés et non aménagés ont des répercussions. Les activités de construction réalisées en 2012 ont eu de faibles répercussions, mais celles réalisées en 2013 ont eu un impact beaucoup plus important; cependant, la sous-population semble s’être rétablie. Des activités de construction ont été observées dans le passé et on ignore quand il y en aura de nouvelles; cependant, cette menace demeure possible, car de telles activités sont fréquentes.
1.3 Tourisme et espaces récréatifs - - - - Certaines occurrences se trouvent dans des parcs; certains de ces parcs sont fortement utilisés, mais ces activités sont traitées au point 6.1.
2 Agriculture et aquaculture (en anglais seulement) - - - - -
3 Production d’énergie et exploitation minière (en anglais seulement) - - - - -
4 Corridors de transport et de service (en anglais seulement) - - - - -
5 Utilisation des ressources biologiques (en anglais seulement) - - - - -
5.2 Cueillette de plantes terrestres - - - - Une certaine récolte des semences a été observée.
6 Intrusions et perturbations humaines (en anglais seulement) CD - Moyen - Faible Restreinte-petite (1-30 %) Élevée (31-70 %) Élevée (Constante) -
6.1 Activités récréatives CD - Moyen - Faible Restreinte-petite (1-30 %) Élevée (31-70 %) Élevée (Constante) Un piétinement léger est acceptable et peut-être même bénéfique, car il permet d’exclure les plantes exotiques. Le piétinement intense à la pointe Saxe et à la pointe Harling ont eu un impact sur les sous­populations.
6.2 Guerre, troubles civils et exercices militaires Négligeable Négligeable (< 1 %) Élevée (31-70 %) Élevée (Constante) Une certaine utilisation à des fins militaires a été observée à l’île Bentinck.
6.3 Travaux et autres activités D - Faible Small (1-10%) Moderate (11-30%) Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans) Les interventions à la suite de déversements d’hydrocarbures constituent une menace possible, car des postes seraient probablement aménagés sur la plage pour les activités de nettoyage; les répercussions potentielles seraient les plus élevées si le déversement touchait les îles Trial. Les zones situées près du littoral sont les plus susceptibles d’être touchées par les activités d’intervention. Cette menace peut survenir n’importe quand, mais il est peu probable qu’elle se produise.
7 Modification du système naturel (en anglais seulement) Négligeable Négligeable (< 1 %) Extrême (71-100 %) Élevée (Constante) -
7.1 Incendies et suppression des incendies Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Élevée (Constante) Suppression des incendies par rapport à la période où les Premières Nations effectuaient des brûlages.
7.3 Autres modifications de l’écosystème Négligeable Négligeable (< 1 %) Extrême (71-100 %) Élevée (Constante) Un fauchage est réalisé dans certaines régions; l’impact de cette activité dépend de sa fréquence et du moment où elle est réalisée. Le régime de fauchage appliqué à la pointe Saxe n’a pas de répercussions; un fauchage annuel est réalisé dans la zone hébergeant certains individus de l’espèce à la pointe Harding et aux îles Trial. Un fauchage plus intensif serait probablement réalisé aux îles Trial si la population de Bernaches du Canada diminuait.
8 Espèces et gènes envahissants ou problématiques (en anglais seulement) BC - Modéré-élevé Généralisée (71-100 %) Serious - Moderate (11-70%) Élevée (Constante) Menace plus élevé que dans le rapport précédent, car les répercussions se sont accrues dans le cas des deux sous­catégories.
8.1 Espèces exotiques/non indigènes envahissantes CD - Moyen - Faible Généralisée (71-100 %) Moderate - Slight (1-30%) Élevée (Constante) Déclin de la qualité de l’habitat causé par l’augmentation de l’abondance et de la diversité des plantes exotiques, principalement le genêt à balais et l’ajonc d’Europe, mais aussi le daphné lauréole et le lierre commun. Cette menace est grave aux îles Trial et à l’île Mary Tod (85 % de la population canadienne). Programme d’élimination aux îles Trial – pourrait prendre fin en 2016. Si le programme se poursuit aux îles Trial, la portée de cette menace sur la population canadienne diminuerait. En outre, les graminées et herbacées non graminoïdes exotiques entrent en concurrence avec l’espèce pour l’espace et la lumière : porcelle enracinée, pâturin des prés, dactyle pelotonné, houlque laineuse. Les rats consomment potentiellement les graines de l’espèce dans certaines îles.
8.2 Espèces indigènes problématiques C - Moyen Généralisée (71-100 %) Moderate (11-30%) Élevée (Constante) Une augmentation exponentielle des Bernaches du Canada résidentes est observée depuis les années 1980; abattage et stérilisation des œufs réalisés dans le DRC. Bernaches résidentes dans les îles Trial depuis environ 2002; stérilisation des œufs réalisée depuis 2013, mais un broutage par les individus adultes est encore observé.
9 Pollution (en anglais seulement) - - - - -
10 Phénomènes géologiques (en anglais seulement) Non calculé (en dehors de la période d’évaluation) Grande (31-70 %) Élevée (31-70 %) Faible (peut-être dans le long terme, > 10 ans) -
10.2 Tremblements de terre et tsunamis Non calculé (en dehors de la période d’évaluation) Grande (31-70 %) Élevée (31-70 %) Faible (peut-être dans le long terme, > 10 ans) Un tsunami causé par un séisme majeur dans une zone de subduction pourrait avoir un impact sur l’espèce; il est plausible, mais très peu probable, qu’un tel événement se produise au cours des 10 prochaines années, ce qui explique qu’on a indiqué que la menace pourrait se produire dans le long terme. Si un tsunami se produisait, les îles Trial seraient perpendiculaires à la trajectoire du tsunami et pourraient subir de graves répercussions. À proprement parler, il est possible à court terme qu’un séisme dans une zone de subduction entraîne un important tsunami, mais il y a une faible probabilité que cela se produise au cours des 10 prochaines années; l’immédiateté de cette menace a donc été évaluée comme « faible », pour refléter avec le plus d’exactitude possible le risque que représentent les tsunamis pour le Sanicula arctopoides au cours des 10 prochaines années.
11 Changement climatique et phénomènes météorologiques violents (en anglais seulement) Négligeable Négligeable (< 1 %) Extrême (71-100 %) Modérée-faible -
11.1 Déplacement et altération de l’habitat Négligeable Négligeable (< 1 %) Inconnue Modérée (possiblement à court terme, < 10 ans) Cette menace pourrait notamment entraîner une modification des régimes d’humidité et de températures. Même si le S. arctopoides pousse également dans des régions plus sèches et plus chaudes que le sud-est de l’île de Vancouver, les modifications locales des habitats clés pourraient se produire, et on ignore si l’espèce parviendra à migrer dans de nouveaux milieux, car elle ne semble pas se propager dans les milieux qui semblent actuellement lui convenir.
11.4 Tempêtes et inondations Négligeable Négligeable (< 1 %) Extrême (71-100 %) Faible (peut-être dans le long terme, > 10 ans) L’élévation du niveau de la mer accentue les menaces associées aux tempêtes et les risques d’inondation. Dans le détroit de Georgie, une élévation moyenne de 35 cm (min. 18 cm, max 51 cm) est prévue d’ici 2100. Cette prévision tient compte du relèvement isostatique et de l’élévation du niveau de la mer, mais ne tient pas compte de l’impact de l’augmentation de la hauteur des pluies hivernales, de l’ENSO, etc.

Classification des menaces d’après l’IUCN-CMP, Salafsky et al. (2008)

Glossaire

Impact
Mesure dans laquelle on observe, infère ou soupçonne que l’espèce est directement ou indirectement menacée dans la zone d’intérêt. Le calcul de l’impact de chaque menace est fondé sur sa gravité et sa portée et prend uniquement en compte les menaces présentes et futures. L’impact d’une menace est établi en fonction de la réduction de la population de l’espèce, ou de la diminution ou de la dégradation de la superficie d’un écosystème. Le taux médian de réduction de la population ou de la superficie pour chaque combinaison de portée et de gravité correspond aux catégories d’impact suivantes : très élevé (déclin de 75 %), élevé (40 %), moyen (15 %) et faible (3 %). Inconnu : catégorie utilisée quand l’impact ne peut être déterminé (p. ex. lorsque les valeurs de la portée ou de la gravité sont inconnues); non calculé : l’impact n’est pas calculé lorsque la menace se situe en dehors de la période d’évaluation (p. ex. l’immédiateté est insignifiante/négligeable ou faible puisque la menace n’existait que dans le passé); négligeable : lorsque la valeur de la portée ou de la gravité est négligeable; n’est pas une menace : lorsque la valeur de la gravité est neutre ou qu’il y a un avantage possible.
Portée
Proportion de l’espèce qui, selon toute vraisemblance, devrait être touchée par la menace d’ici 10 ans. Correspond habituellement à la proportion de la population de l’espèce dans la zone d’intérêt (généralisée = 71-100 %; grande = 31-70 %; restreinte = 11-30 %; petite = 1-10 %; négligeable = < 1 %).
Gravité
Au sein de la portée, niveau de dommage (habituellement mesuré comme l’ampleur de la réduction de la population) que causera vraisemblablement la menace sur l’espèce d’ici une période de 10 ans ou de 3 générations (extrême = 71-100 %; élevée = 31-70 %; modérée = 11-30 %; légère = 1-10 %; négligeable = < 1 %; neutre ou avantage possible = > 0 %).
Immédiateté
Élevée = menace toujours présente; modérée = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à court terme [< 10 ans ou 3 générations]) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à court terme); faible = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à long terme) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à long terme); insignifiante/négligeable = menace qui s’est manifestée dans le passé et qui est peu susceptible de se manifester de nouveau, ou menace qui n’aurait aucun effet direct, mais qui pourrait être limitative.

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