Programme de rétablissement de la couleuvre à nez mince du Pacifique (Pituophis catenifer catenifer) au Canada - 2017

Couleuvre à nez  mince du Pacifique
Couleuvre à nez  mince du Pacifique

Environnement et Changement climatique Canada. 2017. Programme de rétablissement de la couleuvre à nez mince du Pacifique (Pituophuis catenifer catenifer) au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa. vi + 12 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Corel Corporation

Also available in English under the title
“Recovery Strategy for the Pacific Gophersnake (Pituophuis catenifer catenifer) in Canada”

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard de la couleuvre à nez mince du Pacifique et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la province de la Colombie-Britannique, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

Il a été déterminé que le rétablissement de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada n'était pas réalisable sur les plans technique et biologique. Néanmoins, l'espèce peut bénéficier de programmes de conservation généraux mis en œuvre dans la même zone géographique et être protégée en vertu de la LEP et d'autres lois, politiques et programmes fédéraux, provinciaux ou territoriaux.

La détermination du caractère réalisable sera réévaluée dans le cadre du rapport sur la mise en œuvre du programme de rétablissement ou tel que justifié pour répondre aux changements de conditions et/ou de connaissances.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à soutenir le rétablissement de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralNotei soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel -- constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autre loi fédérale, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Le présent document a été élaboré par Matt Huntley et Kella Sadler (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune - Région du Pacifique et du Yukon [ECCC, SCF-RPY]), avec la contribution de Marie-Andrée Carrière (ECCC, SCF - Région de la capitale nationale).

La couleuvre à nez mince du Pacifique (Pituophis catenifer catenifer) est une couleuvre relativement grosse, non venimeuse, de couleur jaune ou crème et présentant des taches sombres ainsi qu’une bande foncée qui traverse la tête de l’œil à la mâchoire. Dans les régions où elle persiste, cette espèce vit dans les prairies, les forêts claires et les milieux semi-arides.

La couleuvre à nez mince du Pacifique a été vue au Canada pour la dernière fois en 1957, dans les îles Gulf, en Colombie-Britannique; la seule autre observation au Canada a eu lieu en 1866 dans la vallée du Bas-Fraser, à proximité de la frontière canado-américaine. L’espèce a été désignée comme étant disparue du pays en 2002 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), et elle a été inscrite comme espèce disparue du pays à l’annexe 1 de la Loi sur l’espèce en péril fédérale en 2005. De même, l’espèce est classée SX (disparue du pays) par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, et la Wildlife Act de la province interdit de la capturer ou de la tuer. À l’échelle mondiale, la couleuvre à nez mince du Pacifique est considérée comme non en péril. Aux États-Unis, l’espèce est probablement disparue de l’État de Washington; son aire de répartition actuelle comprend l’Oregon et la Californie.

Le rétablissement de l’espèce au Canada n’est pas jugé réalisable sur les plans biologique et technique à l’heure actuelle. Il existe un grand écart géographique entre l’aire de répartition historique de l’espèce en Colombie-Britannique et la population existante la plus proche dans le nord-ouest de l’Oregon. De plus, on ne dispose pas d’assez de données pour orienter les activités de réintroduction (p. ex. biologie de la population, caractère convenable de l’habitat restant au Canada). Le caractère réalisable du rétablissement pourrait être réévalué si des populations reliques étaient découvertes et/ou si la translocation et la réintroduction de couleuvres à nez mince du Pacifique depuis des sources externes aux États-Unis devenaient possibles.

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement de la couleuvre à nez mince du Pacifique a été déterminé comme étant non réalisable du point de vue biologique ou technique. Le rétablissement est considéré comme étant non réalisable lorsque la réponse à l’une des questions suivantes est « non ».

  1. Des individus de l'espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

    Non. On ne connaît aucune population d’individus capables de reproduction au Canada. La couleuvre à nez mince du Pacifique est considérée comme disparue de sa seule aire de répartition historique connue en Colombie-Britannique. L’espèce est probablement disparue de l’État de Washington, et sa présence aux États-Unis n’est actuellement connue qu’en Oregon et en Californie. On en sait peu sur la biologie de la population de couleuvres à nez mince du Pacifique, et l’écart géographique entre l’aire de répartition historique de l’espèce en Colombie-Britannique et la population existante la plus proche dans le nord-ouest de l’Oregon pourrait être trop grand pour permettre la connectivité nécessaire à la survie de l’espèce au Canada. Germano et Bishop (2009) indiquent que plus de 1 000 individus sont nécessaires pour soutenir une population afin que des activités de translocation soient réussies. Aucun programme de reproduction en captivité n’existe à l’heure actuelle, et aucun ne pourrait vraisemblablement produire 1 000 individus dans les 5 prochaines années. Des individus provenant de l’Oregon et de la Californie, où l’espèce est moins en péril, pourraient ou non être adaptés à une région septentrionale plus froide comme en Colombie-Britannique, comme l’a avancé Heiken (2013).

  2. De l'habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l'espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l'habitat.

    Inconnu. Les besoins en matière d’habitat de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada sont mal compris puisque seules deux occurrences vérifiées ont été documentées dans l’histoire (la plus récente en 1957). Comme les besoins de l’espèce en matière d’habitat ne peuvent pas être déterminés, on ignore s’il existe assez d’habitat convenable pour l’espèce ou si un tel habitat peut être établi au Canada grâce à des activités de gestion et de restauration. Les prairies indigènes dans la vallée du bas Fraser et les îles Gulf ont été largement aménagées aux fins de l’urbanisation et de l’agriculture, et la quantité d’habitat nécessaire au maintien d’une population minimale, si des mesures de rétablissement s’avèrent possibles, est caractérisée par un grand degré d’incertitude. La majeure partie de cette perte d’habitat est vraisemblablement irréversible.

  3. Les principales menaces pesant sur l'espèce ou sur son habitat (y compris les menaces à l'extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

    Inconnu. Comme aucune localité n’est connue pour cette espèce, ni la portée ni la gravité des menaces ne peuvent être évaluées de manière à déterminer l’impact de chacune d’elles (principales menaces actuelles). Il n’est pas non plus possible de calculer l’impact global des menaces pour la couleuvre à nez mince du Pacifique. Sans cette information, on ignore si les menaces peuvent être évitées ou atténuées. Il est probable que la principale menace historique soit la perte d’habitat causée par l’utilisation et l’aménagement des terres.

  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

    Inconnu. Vu le manque d’individus disponibles pour la réintroduction, l’incertitude et l’information limitée quant au caractère suffisant et convenable de l’habitat, ainsi que l’incertitude liée aux menaces, on ne sait pas exactement s’il existe des méthodes appropriées pour la réintroduction, la remise en état et la gestion de l’habitat, ou la réduction des menaces. Comme il s’agit d’une espèce qui a disparu du pays depuis longtemps, qui pourrait ne jamais s’être reproduite au Canada et dont l’habitat a subi d’importantes transformations au cours des 100 dernières années, aucun objectif raisonnable en matière de population et de répartition ne peut être établi dans le présent document. Une approche de conservation a plutôt été décrite. Des activités de rétablissement visant la couleuvre à nez mince du Grand Bassin (Pituophis catenifer deserticola), une sous-espèce apparentée à la couleuvre à nez mince du Pacifique, sont en cours dans l’intérieur-sud de la Colombie-Britannique et offrent un certain cadre pour le rétablissement potentiel de la couleuvre à nez mince du Pacifique dans l’éventualité où une population relique était découverte au Canada.

i COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada)

Désignation légale : Annexe 1 de la LEP (disparue du pays; 2005).

Tableau 1. Cotes de conservation de la couleuvre à nez mince du Pacifique (selon NatureServe, 2015; B.C. Conservation Data Center, 2015; B.C. Conservation Framework, 2015; Waye et Shewchuk, 2002).
Cote mondiale
(G) Table Footnoteb
Cote nationale (N) Table Footnoteb Cote infranationale (S) Table Footnoteb Statut selon le COSEPAC Liste de la C.-B. Cadre de conservation de la C.-B.
G5T5 Table Footnotec Canada (NX); États-Unis (N5) Canada :
Colombie-Britannique (SX);
États-Unis : Washington (SH), Oregon (SNR), Californie (SNR)
Disparue du pays (2012) Rouge Priorité maximale : 6, aux fins des buts 1, 2, 3 Table Footnoted

Trois sous-espèces de couleuvres à nez mince ont été observées au Canada : la couleuvre à nez mince du Pacifique (Pituophis catenifer catenifer) (annexe 1 de la LEP : disparue du pays), connue dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique; la couleuvre à nez mince du Grand Bassin (P. c. deserticola) (annexe 1 de la LEP : menacée), connue dans l'intérieur-sud de la Colombie-Britannique; la couleuvre à nez mince des Prairies (P. c. sayi) (COSEPAC : données insuffisantes), connue dans le sud de l'Alberta et le sud-ouest de la Saskatchewan.

La couleuvre à nez mince du Pacifique est une couleuvre non venimeuse relativement grosse (jusqu'à 1,8 m de longueur). Sa peau est jaunâtre et présente des taches dorsales noires, brunes ou brun-rouge qui sont habituellement plus espacées les unes des autres sur la queue que sur le corps. Une bande sombre traverse la tête devant les yeux. Les écailles dorsales sont ornées de crêtes, tandis que celles des flancs et de la face ventrale sont lisses. Les taches sur le dos de la couleuvre à nez mince du Pacifique sont séparées les unes des autres vers le devant du corps (contrairement à celles de la couleuvre à nez mince du Grand Bassin, qui sont reliées entre elles). Le ventre et les taches situées sur les flancs sont gris. Les mâles et les femelles sont à peu près de la même taille, et la coloration des jeunes est semblable à celle des adultes.

Toutes les couleuvres à nez mince sont actives durant le jour mais, dans la chaleur de l'été, elles adoptent un comportement de chasse plus nocturne (COSEWIC, 2013). Elles traquent activement leurs proies, tant sur le sol que dans les arbustes et les arbres. Les proies sont variées, mais consistent surtout en de petits mammifères que la couleuvre à nez mince du Pacifique immobilise et suffoque par constriction. L'espèce se nourrit aussi d'oiseaux, d'œufs d'oiseaux et d'autres serpents.

À l'heure actuelle, on ne trouve des populations existantes de couleuvres à nez mince du Pacifique qu'en Oregon et en Californie (Waye et Shewchuk, 2002) (figure 1). Cette sous-espèce est vraisemblablement disparue de l'État de Washington (Washington Herp Atlas, 2015). Son ancienne aire de répartition dans cet État se trouvait dans les prairies de la région de Puget Sound (Nature Conservancy of Washington, 2014). Il n'y a aucune occurrence existante connue de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada. La répartition historique de l'espèce au Canada ne repose que sur deux observations en Colombie-Britannique : un spécimen observé sur l'île Galiano en 1957 (Clifford, 1963), et un autre observé à proximité de la frontière située entre la Colombie-Britannique et l'État de Washington, à Sumas, avant 1866 (Logier et Toner, 1961).

Figure 1. Aires de répartition approximatives de la couleuvre à nez mince du Pacifique (en rose) et de la couleuvre à nez mince du Grand Bassin (en vert) à l'heure actuelle. Les étoiles noires indiquent les deux occurrences historiques connues de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada.

Aires de répartition approximatives

Longue description de la figure 1

La figure 1 montre l'aire de répartition actuelle approximative de la couleuvre à nez mince du Pacifique et de la couleuvre à nez mince du Grand Bassin. Les étoiles noires sur l'île Galiano et Sumas indiquent les occurrences historiques de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada. L'aire de répartition actuelle de la couleuvre à nez mince du Pacifique s'étend sur le centre de l'Oregon et dans le nord de la Californie. L'aire de répartition actuelle de la couleuvre à nez mince du Grand Bassin s'étend depuis le centre sud de la Colombie-Britannique jusqu'en Californie et atteint l'État de Washington, l'Oregon, l'Idaho, le Wyoming, le Nevada, l'Utah et l'Arizona.

Dans son aire de répartition actuelle aux États-Unis, la couleuvre à nez mince du Pacifique se trouve le plus couramment dans les prairies, les forêts claires et les milieux semi-arides, et elle est habituellement absente des forêts denses et des altitudes élevées (Waye et Shewchuk, 2002). Dans l'État de Washington, l'espèce a déjà occupé les prairies et les boisés secs du sud de la région de Puget Sound (Nature Conservancy of Washington, 2014). En Colombie-Britannique, les deux seules observations historiques de la couleuvre à nez mince du Pacifique ont vraisemblablement été faites dans des prairies côtières constituées de savanes à chêne de Garry et dans des prairies de la vallée du bas Fraser.

En raison de l'absence d'observations et/ou d'information sur l'occurrence de l'espèce, on en sait très peu sur les besoins historiques en matière d'habitat de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada. Toutes les couleuvres à nez mince ont besoin de différents habitats pour l'hibernation, l'alimentation et la ponte ainsi que pour migrer entre ces habitats saisonniers (connectivité). En Californie, où la couleuvre à nez mince du Pacifique est toujours relativement commune, les couleuvres à nez mince s'abritent dans les terriers de rongeurs et sous des objets comme des pierres plates ou des débris ligneux grossiers. En altitude plus élevée, elles hibernent dans des terriers de rongeurs et des crevasses rocheuses profondes, souvent avec d'autres espèces de couleuvres (Morey, 2000). De même, on sait que la couleuvre à nez mince du Grand Bassin en Colombie-Britannique (le plus proche parent vivant de la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada) utilise deux types d'habitat d'hivernage : 1) les anfractuosités ou les fissures dans les affleurements rocheux et les talus d'éboulis; 2) les abris en terre, comme les terriers de rongeurs, sur les flancs de colline et d'autres pentes peu abruptes. La couleuvre à nez mince du Grand Bassin quitte ses sites d'hibernation au printemps (généralement en avril) pour passer l'été dans ses aires d'alimentation. L'habitat d'alimentation est constitué de prairies, de steppes arbustives, de zones riveraines et de forêts claires, où l'espèce s'alimente principalement de petits mammifères, mais aussi de lézards, d'oiseaux et d'œufs d'oiseaux (COSEWIC, 2013). On présume que la couleuvre à nez mince du Pacifique aurait eu un comportement semblable au Canada, en hivernant dans des sites rocheux et des terriers de rongeurs, en étant surtout active au printemps et en été, et en s'alimentant surtout dans des prairies indigènes des zones côtières et de la vallée du Fraser et dans des prés à chêne de Garry.

Les terriers de rongeurs et la végétation dense sont des caractéristiques importantes de l'habitat d'alimentation de la couleuvre à nez mince du Grand Bassin, qui offrent des refuges où les couleuvres peuvent digérer leurs proies, accomplir la thermorégulation et échapper aux prédateurs. La couleuvre à nez mince du Grand Bassin pond ses œufs à l'été et au début de l'automne (généralement de juin à septembre), dans des terriers de rongeurs, sur des talus d'éboulis, dans des fissures rocheuses, sous des débris ligneux en décomposition ou dans d'autres abris. Les sites de ponte en tant que tels sont souvent situés dans des zones dégagées exposées au soleil et exemptes de végétation. Au printemps (généralement en avril) et en automne (généralement en octobre), la couleuvre à nez mince du Grand Bassin entreprend des déplacements directionnels relativement rapides (accomplis en un à deux jours) entre leurs sites d'hibernation et leurs lieux d'alimentation de printemps/d'été (COSEWIC, 2013). On présume que la couleuvre à nez mince du Pacifique aurait eu un comportement semblable en utilisant les terriers de rongeurs et la végétation dense comme sites d'alimentation abrités, en recherchant les mêmes types d'abris et de milieux dégagés pour la ponte, et en ayant recours à un habitat de migration entre les sites d'hibernation et d'alimentation au printemps et en automne.

Si la couleuvre à nez mince du Pacifique est redécouverte et/ou si des activités de réintroduction sont tentées, le rétablissement de l’espèce serait limité par des facteurs associés aux petites populations, comme la consanguinité et la dérive génétique, et par une vulnérabilité accrue de la population aux événements stochastiquesNote1 (Caughley, 1994). Germano et Bishop (2009) avancent que la probabilité de réussite des activités de translocation est plus élevée lorsque plus de 1 000 individus sont lâchés pour compenser ces facteurs limitatifs. Les populations canadiennes seraient géographiquement isolées de l’aire de répartition actuelle de l’espèce en Oregon et en Californie, aux États-Unis, ce qui empêcherait toute possibilité d’immigration de source externe naturelle.

Toutes les sous-espèces de couleuvres à nez mince au Canada se trouvent à la limite septentrionale de leur aire de répartition. Heiken (2013) avance que les hivers rigoureux ont probablement des effets négatifs sur la réussite des activités de translocation sur de grandes distances, et Reinert et Rupert (1999) décrivent l’augmentation du taux de mortalité qui est en grande partie associé à l’hivernage chez des crotales des bois (Crotalus horridus) déplacés sur de grandes distances. Il semble que la saison d’activité ne soit pas assez longue pour que les femelles puissent se reproduire chaque année, et pourrait aussi ne pas être assez longue et chaude pour que l’incubation des œufs puisse s’accomplir (Shewchuk, 1997). La couleuvre à nez mince du Grand Bassin et la couleuvre à nez mince des Prairies atteignent moins rapidement la maturité au Canada que dans les régions du sud (Waye et Shewchuk, 2002). De même, on présume que la couleuvre à nez mince du Pacifique atteindrait la maturité moins vite au Canada qu’au sein des populations existantes d’Oregon et de Californie, et que les activités de rétablissement (si elles sont tentées) progresseraient lentement. Tous les facteurs limitatifs combinés laissent croire que la réussite des activités de réintroduction est peu probable à l’heure actuelle.


[1] Événements imprévisibles dus au hasard.

Les menaces découlent des activités ou des processus immédiats qui ont entraîné, entraînent ou pourraient entraîner la destruction, la dégradation et/ou la détérioration de l'entité évaluée (population, espèce, communauté ou écosystème) dans la zone d'intérêt (mondiale, nationale ou infranationale) (Salafsky et al., 2008). Aux fins de l'évaluation des menaces, seules les menaces actuelles et futures sont prises en considération. Les menaces présentées ici ne comprennent pas les caractéristiques biologiques de l'espèce ou de la population qui sont considérées comme des facteurs limitatifs.

La classification des menaces utilisée dans le présent document est fondée sur le système unifié de classification des menaces proposé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership, ou CMP), et elle est compatible avec les méthodes utilisées par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et le cadre de conservation de la province. Pour une description détaillée du système de classification des menaces, consulter le site Web du Partenariat pour les mesures de conservation (CMP, 2010).

Aucune évaluation des menaces n'a été effectuée pour la couleuvre à nez mince du Pacifique puisqu'il n'existe aucune localité existante connue pour cette espèce au Canada et que, par conséquent, ni la portée Note2 ni la gravité Note3 des menaces ne peuvent être cotées pour déterminer l'impact Note4 de chacune d'elles. Il n'est pas non plus possible de calculer l'impact global des menaces Note5 pour cette espèce à l'heure actuelle.

Les menaces historiques, les effets indirects ou cumulatifs des menaces ou toute autre information pertinente qui aiderait à comprendre la nature des menaces sont présentés à la section Description des menaces.

Les menaces qui pèsent sur la couleuvre à nez mince du Pacifique au Canada sont présentées par catégorie de menace de niveau 1 de l'UICN-CMP (les catégories de menace de niveau 2 sont présentées entre crochets). Certaines de ces menaces (particulièrement la perte d'habitat, la mortalité routière et la persécution) pourraient constituer des menaces actuelles si une population relique était découverte au Canada, et/ou pourraient devenir pertinentes si des populations réintroduites étaient établies à l'avenir.

Par le passé, la perte d'habitat était probablement la principale menace pesant sur la couleuvre à nez mince du Pacifique. Dans la vallée du bas Fraser et les îles Gulf, où l'espèce était présente, la majeure partie de l'habitat de prairie a été transformée par l'urbanisation ou l'agriculture (voir la menace 2 de l'UICN-CMP ci-dessous). La majeure partie des prés à chêne de Garry que la couleuvre à nez mince du Pacifique occupait probablement sur les îles Gulf a aussi été perdue en raison du développement. Au cours des 150 dernières années, depuis l'établissement des Européens dans le sud de l'île de Vancouver et sur les îles Gulf adjacentes, on estime que seulement quelque 10 % des prés à chêne de Garry sont demeurés intacts (Lea, 2006). La majeure partie de cette perte d'habitat est très probablement irréversible.

Cette menace a probablement touché les populations de couleuvres à nez mince du Pacifique dans la vallée du Fraser en Colombie-Britannique entre le début du 19e siècle et la fin du 20e siècle, alors que de vastes superficies de la vallée du bas Fraser ont été transformées en terres agricoles. Les prairies indigènes de la vallée du bas Fraser, constituées des prairies de Langley, de Chilliwack et de Matsqui, ont été perdues depuis longtemps à cause du développement (Federation of BC Naturalists, 2000; Waye et Shewchuk, 2002) et sont pratiquement inexistantes aujourd'hui. Il est très probable que cette perte d'habitat soit irréversible. Les activités agricoles en cours dans l'habitat potentiel de la couleuvre à nez mince du Pacifique continueront de limiter la disponibilité de l'habitat, dans l'éventualité où une population relique serait découverte ou si une population était réintroduite en Colombie-Britannique dans le futur.

Les couleuvres à nez mince sont vulnérables à la mortalité routière, car elles tendent à utiliser les surfaces routières pour assurer leur thermorégulation (Sullivan, 1981); la couleuvre à nez mince du Grand Bassin est généralement l'espèce de serpent la plus couramment tuée sur les routes dans le sud de l'Okanagan (COSEWIC, 2013). L'ampleur des répercussions de la mortalité routière sur la couleuvre à nez mince en Colombie-Britannique demeure inconnue. Il s'agit probablement d'une menace historique importante puisque l'aménagement de denses réseaux routiers dans la vallée du Fraser a accompagné le développement urbain et agricole. Cette menace se poursuivrait si une population relique était découverte ou si une population était réintroduite en Colombie-Britannique dans le futur.

Les couleuvres à nez mince risquent d'être intentionnellement tuées à cause de leur ressemblance superficielle avec les serpents à sonnette ainsi que de l'intolérance générale qu'éprouvent de nombreuses personnes pour tous les grands serpents. L'ampleur selon laquelle cette menace a contribué au déclin historique de la couleuvre à nez mince du Pacifique est inconnue. Cette menace se poursuivrait probablement si une population relique était découverte ou si une population était réintroduite en Colombie-Britannique dans le futur.

Le genêt à balais (Cytisus scoparius) a envahi la majeure partie des prairies indigènes des îles Gulf, éliminant et supplantant les communautés de plantes indigènes dont la couleuvre à nez mince du Pacifique avait peut-être besoin comme habitat (Waye et Shewchuk, 2002). Il est probable que cette menace soit plus grande actuellement que par le passé. Si une population relique était découverte ou si une population réintroduite était établie en Colombie-Britannique à l'avenir, il est probable que des activités de création et/ou de restauration de l'habitat seraient nécessaires pour atténuer cette menace.

L’alinéa 41(2) de la LEP exige, dans les cas où le rétablissement d’une espèce sauvage inscrite n’est pas réalisable, que le programme de rétablissement inclue une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce dans la mesure du possible. La désignation de l’habitat essentiel de la couleuvre à nez mince du Pacifique n’est pas possible à l’heure actuelle. L’ancienne aire de répartition de l’espèce en Colombie-Britannique est pratiquement inconnue, et les mentions historiques confirmées proviennent de régions qui ont subi des modifications considérables de l’habitat découlant des activités humaines au cours du siècle dernier. La désignation de l’habitat essentiel pourrait être ajoutée dans un programme de rétablissement révisé ou dans un ou plusieurs plans d’action si de nouveaux renseignements laissaient croire que le rétablissement est réalisable sur les plans technique et biologique.

Le rétablissement de l'espèce au Canada n'est pas jugé réalisable sur les plans biologique et technique à l'heure actuelle. Il est peu probable qu'une réintroduction soit tentée dans un avenir rapproché. Il existe un grand écart géographique entre l'aire de répartition historique de l'espèce en Colombie-Britannique et la population existante la plus proche dans le nord-ouest de l'Oregon (Rodriguez-Robles et de Jesus-Escobar, 2000); on manque aussi de données pour orienter les activités de réintroduction (p. ex. biologie de la population, caractère convenable de l'habitat restant au Canada). Le rétablissement de l'espèce pourrait devenir réalisable sur les plans biologique et technique si des populations reliques étaient découvertes au Canada, ou si la translocation depuis des sources externes des États-Unis était jugée possible et appropriée. Si le rétablissement devenait réalisable sur les plans biologique et technique, les activités de rétablissement visant la couleuvre à nez mince du Grand Bassin (Pituophis catenifer deserticola), une sous-espèce apparentée, dans l'intérieur-sud de la Colombie-Britannique pourraient offrir un certain cadre de travail.

Toute population de couleuvres à nez mince du Pacifique découverte ou réintroduite au Canada ferait face à plusieurs menaces et facteurs limitatifs, tel qu'il a déjà été mentionné dans le présent document. Les menaces anthropiques directes qui pèsent sur l'espèce devraient être déterminées et atténuées par des mesures de protection, de restauration et de gestion de l'habitat. Des interventions continues en matière de gestion seraient requises à long terme.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L'objet de l'EES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement et d'évaluer si les résultats d'un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l'environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le programme de rétablissement lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

L'aire de répartition historique de la couleuvre à nez mince du Pacifique chevauche celle de plusieurs autres espèces rares qui sont présentes dans le Lower Mainland et les îles Gulf de la Colombie-Britannique. Si une population relique est découverte et/ou si la réintroduction de l'espèce est envisagée, les effets connexes sur les espèces non ciblées en Colombie-Britannique devront être pris en compte. La couleuvre à queue fine (Contia tenuis; en voie de disparition au Canada) vit dans des régions où la couleuvre à nez mince était présente autrefois, sur les îles Gulf de la Colombie-Britannique, et on sait que les couleuvres à nez mince peuvent se nourrir d'autres espèces de serpents. Toute activité de rétablissement visant la couleuvre à nez mince du Pacifique tiendra compte de toutes les espèces en péril cooccurrentes, de sorte que celles-ci et leur habitat ne subiront aucun effet négatif.

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