Programme de rétablissement de l'uropappe de Lindley (Uropappus lindleyi) au Canada [proposition] 2012

Uropappe de Lindley en fleur.

Citation recommandée

Agence Parcs Canada. 2012. Programme de rétablissement de l’uropappe de Lindley (Uropappus lindleyi) au Canada [PROPOSITION]. Série de Programmes de rétablissement publiés en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Agence Parcs Canada. Ottawa. vi + 31 p.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires du présent programme de rétablissement, ou pour un complément d’information sur les espèces en péril, y compris les rapports de situation du COSEPAC, descriptions de résidence, plans d’action et autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril : (http://www.registrelep-sararegistry.gc.ca/).

Illustration de la couverture : uropappe de Lindley photographié par Matt Fairbarns

Also available in English under the title:
"Recovery Strategy for the Lindley’s False Silverpuffs (Uropappus lindleyi) in Canada"

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2012. Tous droits réservés.
ISBN : à venir
No de catalogue : à venir

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, sous réserve de mention de la source.

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu d’établir des lois et des programmes complémentaires qui offrent une protection efficace aux espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP), L.C. 2002, ch. 29, les ministres fédéraux compétents doivent élaborer des programmes de rétablissement visant les espèces inscrites au Registre comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées, et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans.

Le ministre de l’Environnement et le ministre responsable de l’Agence Parcs Canada sont les ministres compétents pour le rétablissement de l’uropappe de Lindley. Ils ont préparé le présent programme de rétablissement conformément aux dispositions de l’article 37 de la LEP. Le document a été rédigé en collaboration avec le gouvernement de la Colombie-Britannique.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration des nombreux groupes qui participeront à la mise en œuvre des directives exposées dans le présent programme, et non uniquement d’Environnement Canada, de l’Agence Parcs Canada ou de quelque autre instance. Tous les Canadiens sont conviés à appuyer la mise en œuvre de ce programme, pour le bien de l’uropappe de Lindley et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui exposeront les mesures de rétablissement qui seront appliquées par Environnement Canada et l’Agence Parcs Canada ainsi que par d’autres instances et/ou organisations intéressées à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est sujette aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des administrations et organisations participantes.

Le rétablissement de l’uropappe de Lindley sera coordonné avec le rétablissement d’autres espèces présentes dans les écosystèmes du chêne de Garry (Agence Parcs Canada, 2006a).

L’Agence Parcs Canada a dirigé l’élaboration du présent programme de rétablissement du gouvernement fédéral, en collaboration avec l’autre ministre compétent (ou les autres ministres compétents) dont l’espèce relève en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Le directeur général, suivant la recommandation du directeur ou des directeurs de parc et du directeur ou des directeurs d’unité de gestion, approuve par les présentes le document en indiquant que les exigences relatives à la Loi sur les espèces en péril liées à l’élaboration d’un programme de rétablissement ont été satisfaites conformément à la Loi.

Recommandé par :

Helen Davies
Directrice d’unité de gestion, unité de gestion de la côte de la Colombie-Britannique

Approuvé par :

Alan Latourelle
Directeur, Agence Parcs Canada

signature

Merci à Matt Fairbarns qui a rédigé l’ébauche du programme de rétablissement. L’Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry (ERECG) est l’équipe de rétablissement responsable de l’uropappe de Lindley et à ce titre, elle a participé à l’élaboration du programme. Les observations et mises au point formulées par divers organismes, dont la province de la Colombie-Britannique, le ministère de la Défense nationale et Ressources naturelles Canada, ont donné lieu à d’autres révisions du document.

En 2008, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué la population canadienne de l’uropappe de Lindley (Uropappus lindleyi) comme étant en voie de disparition et en février 2010, l’espèce a été inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada.

L’uropappe de Lindley est une plante à fleurs de quelque 10 à 70 cm de hauteur, habituellement composée d’une seule tige, issue d’une racine pivotante mince et se terminant par une seule inflorescence. Les inflorescences sont constituées de fleurs jaunes ligulées et les graines sont portées par cinq écailles brillantes argentées entourant le capitule. L’aire de répartition de l’espèce s’étend du sud-ouest de la Colombie-Britannique jusqu’en Californie et de là vers l’est, jusqu’au Texas et en Utah; l’espèce est présente en tant que populations isolées en Idaho et dans le centre de l’État de Washington. Au Canada, on trouve six populations isolées de l’uropappe de Lindley, une au sud-est de l’île de Vancouver et cinq dans les îles Gulf. La population canadienne de l’uropappe de Lindley occupe moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce.

Parmi les principaux facteurs qui menacent la survie des populations d’uropappe de Lindley au Canada figurent la spécificité de l’habitat de l’espèce, son inaptitude à la dispersion, sa faible capacité de concurrencer d’autres espèces, sa prédisposition à l’effondrement démographique, la faible superficie réellement occupée par l’espèce et ses petites populations très fragmentées qui limitent la diversité génétique. Les populations d’uropappe de Lindley sont menacées par la conversion des terres résultant de l’urbanisation, par l’empiètement de plantes indigènes et exotiques, et par le broutage de vertébrés, comme les chèvres sauvages et les cerfs.

À court terme, les activités de rétablissement de l’uropappe de Lindley se concentreront sur le maintien de ses populations et de son habitat ainsi que sur l’étude de la possibilité d’établir de nouvelles populations ou d’augmenter artificiellement les populations existantes afin d’accroître l’abondance et la répartition de l’espèce. Les mesures à prendre pour atténuer les menaces à la survie et au rétablissement de l’uropappe de Lindley sont exposées à la section 6, Stratégies globales et approches générales pour atteindre les objectifs.

Le présent programme de rétablissement définit l’habitat essentiel nécessaire au rétablissement de l’uropappe de Lindley. Cette description est fondée sur la meilleure information disponible; les autres travaux nécessaires pour bien définir l’habitat essentiel dans les prochains documents de planification sont présentés ci-dessous (voir 7.2).

D’autres mesures de rétablissement de l’uropappe de Lindley seront incorporées à un ou plusieurs plans d’action qui seront élaborés d’ici 2017.

Le rétablissement de l’uropappe de Lindley est considéré réalisable, selon les critères établis par le gouvernement du Canada (2009).

  1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou l’augmenter.

    Oui. Toutes les populations connues produisent des individus florifères (COSEPAC, 2008; Fairbarns, obs. pers, 2009).

  2. Un habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

    Oui. L’habitat de certaines populations existantes est très limité, et celles-ci pourraient ne pas être viables à long terme. Un habitat suffisant est toutefois disponible pour soutenir la plupart des grandes populations là où elles se trouvent actuellement. De plus, il est possible que, dans certaines aires (mais pas toutes), se trouvent des parcelles d’habitat propices à des activités de remise en état et au rétablissement de l’espèce. L’aire de répartition actuelle de l’uropappe de Lindley comprend de nombreuses falaises de grès rouge, des pentes herbeuses escarpées et des forêts xériques claires composées d’arbres à feuilles caduques ou persistantes; des mesures actives d’intendance ou de remise en état pourraient donc probablement être prises pour accroître la superficie de l’habitat, au besoin.

  3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être éliminées ou atténuées.

    Oui. Moyennant la participation de toutes les administrations responsable et des organismes assurant l’intendance des terres, il est possible de conjurer les principales menaces qui pèsent sur cette espèce et, à tout le moins, de partiellement les atténuer par des mesures de rétablissement. Aucune menace inévitable ne pèse sur l’espèce ou son habitat au point d’empêcher le rétablissement de l’espèce ou de son habitat.

  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition, ou leur développement peut être prévue dans un délai raisonnable.

    Oui. La réussite du rétablissement sera avant tout liée à l’atténuation des menaces par une intendance de l’habitat, conjuguée à une surveillance et un inventaire à long terme des populations. La faisabilité de l’introduction ou de la réintroduction de populations à la lisière nord de l’aire de répartition demeure inconnue; il est toutefois vraisemblable qu’à long terme, des techniques de rétablissement pour l’établissement de populations et leur croissance seront développées.

Date de l’évaluation : Avril 2008

Nom commun (population) : Uropappe de Lindley

Nom scientifique : Uropappus lindleyi

Situation selon le COSEPAC : En voie de disparition

Justification de la désignation : Plante florifère annuelle de la Colombie-Britannique présente dans seulement cinq localités existantes, sur les îles Gulf. Il n’y a plus de présence connue de l’espèce sur l’île de Vancouver. Les individus connus au Canada sont en nombres extrêmement faibles. Des menaces continuent de peser sur l’espèce, soit la perte et la dégradation d’habitat dues à la construction domiciliaire et à la propagation de plantes envahissantes.

Présence au Canada : Colombie-Britannique

Historique de la situation selon le COSEPAC : L’espèce a été désignée « en voie de disparition » en avril 2008. Désignation fondée sur un nouveau rapport de situation.

En 2008, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué la population canadienne de l’uropappe de Lindley (Uropappus lindleyi) comme étant en voie de disparition et en février 2010, l’espèce a été inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. Le Tableau 1 présente les cotes de conservation attribuées à l’uropappe de Lindley par les autorités d’autres territoires où il est présent.

La population de l’uropappe de Lindley au Canada occupe moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce.

Tableau 1. Cotes de conservation attribuées à l'uropappe de Lindley. Sources : B.C. Conservation Data Centre (2011) et NatureServe (2010).
Endroit Cote1 Description de la cote
Dans le monde G5 Non en péril
Canada N1 Gravement en péril
Colombie-Britannique S1 Gravement en péril
États-Unis NNR Non coté
Arizona SNR Non coté
Californie SNR Non coté
Idaho SNR Non coté
Nevada SNR Non coté
Nouveau-Mexique SNR Non coté
Oregon SNR Non coté
Texas SNR Non coté
Utah S1 Gravement en péril
Washington SNR Non coté

1 Les cotes de conservation de NatureServe sont fondées sur une échelle de 1 à 5, allant de gravement en péril (1) à manifestement non en péril (5). La situation de l’espèce est évaluée à trois échelles géographiques, soit à l’échelle mondiale (G), à l’échelle du pays (N) et à l’échelle de l’État ou de la/province (S).

L’uropappe de Lindley appartient à la famille des Astéracées. Il mesure quelque 10 à 70 cm de hauteur et n’est habituellement composé que d’une seule tige, issue d’une racine pivotante mince. Les longues feuilles basilaires sont linéaires et acuminées. Les feuilles de la tige, habituellement linéaires, se trouvent dans la moitié inférieure de la tige. Les tiges florifères peuvent être basilaires ou axillaires. Les inflorescences terminales solitaires produisent des fleurs jaunes ligulées. Les graines sont constituées de cinq écailles brillantes argentées qui rendent l’espèce facile à observer lorsque la plante est en fruits (Figure 1). Chaque écaille est terminée par une soie relativement courte s’élevant d’une entaille distincte. Le rapport de situation comprend une description détaillée de l’espèce (COSEPAC, 2008).

Uropappe de Lindley

Figure 1. Hampe florale de l’uropappe de Lindley à différents stades. La fleur (photo de gauche), stade intermédiaire entre la floraison et la dispersion des fruits (photo du centre), dispersion des graines (photo de droite). Photos de Matt Fairbarns.

L’uropappe de Lindley est présent du sud-ouest de la Colombie-Britannique jusqu’en Californie, au sud, et de là vers l’est jusqu’au Texas et en Utah; il est présent en populations isolées en Idaho et au centre de l’État de Washington (Figure 2). On lui connaît une occurrence historique dans les îles San Juan situées dans le nord-ouest de l’État de Washington. An Canada, l’uropappe de Lindley a été répertorié uniquement dans le sud-est de l’île de Vancouver et sur les îles Gulf adjacentes.

Au total, six populations d’uropappe de Lindley ont été documentées au Canada et toutes sont présumées encore existantes (Tableau 2; Figure 3). L’existence de populations a été confirmée sur la colline Nanoose (île Galiano), sur la plage Saturna et à Elliot Bluff; la population de la colline Nanoose, déclarée disparue dans le rapport de situation, a été redécouverte (Fairbarns, obs. pers., 2009; McIntosh et Sadler, 2011). Des relevés effectués à Oaks Bluff n’ont permis de repérer aucun individu de l’espèce, mais ont confirmé qu’il existe toujours un habitat capable de soutenir une population. Aucun relevé récent de l’uropappe de Lindley n’a été effectué sur l’île Ruxton. On ne peut donc confirmer l’existence de cette population et de son habitat, mais rien ne permet de penser qu’ils auraient disparu. La taille des populations canadiennes de l’uropappe de Lindley varie d’environ 20 à 1 200 individus, pour une population canadienne totale de quelque 1 900 à 3 100 individus. Une population peut couvrir moins de 1 m² jusqu’à 1 ha.

Comme il s’agit d’une espèce végétale annuelle, la taille de la population peut varier grandement d’une année à l’autre. Les fluctuations naturelles observées dans le nombre d’individus peuvent compliquer l’estimation des tendances des populations à long terme. Ainsi, les résultats des relevés effectués en 2009 montrent que l’effectif canadien et la superficie qu’il occupe peuvent diminuer considérablement, certaines années (Fairbarns, obs. pers., 2009). Par ailleurs, il se peut que les populations soient sous-estimées car les individus sont difficiles à détecter sauf pendant deux brèves fenêtres saisonnières correspondant à l’épanouissement des fleurs et à la dispersion des fruits (Figure 1).

On dispose de peu d’information sur les tendances des populations, si ce n’est le fait que la population d’Oaks Bluff, observée pas plus tard qu’en 1996, ne figurait plus dans les relevés détaillés de 2004 et 2009. Or, rien ne permet d’affirmer qu’une importante contraction de l’aire de répartition a eu lieu sur l’île de Vancouver ou sur les îles Gulf, mais on peut penser que certaines populations ont été involontairement détruites par suite de l’urbanisation et du développement agricole. Une contraction historique de l’aire de répartition est plausible, étant donné que l’habitat de l’espèce est étroitement associé aux écosystèmes du chêne de Garry, dont plus de 90 % ont été détruits depuis l’arrivée des Européens (Lea, 2006). Les plantes exotiques envahissantes ont causé la dégradation d’une grande partie de l’habitat restant; la concurrence livrée à l’uropappe de Lindley par les plantes exotiques envahissantes peut même avoir causé la disparition de certaines populations.

Carte de la répartition nord-américaine de la lasthénie glabre

Figure 2. Répartition de l’uropappe de Lindley en Amérique du Nord (d’après COSEPAC, 2008). Le grisé indique l’aire de répartition naturelle de l’espèce.

Carte de la répartition de la lasthénie glabre en Colombie-Britannique.

Figure 3. Aire de répartition de l’uropappe de Lindley au Canada (d’après COSEPAC, 2008). Les cercles pleins indiquent les populations connues et les numéros renvoient aux populations décrites au tableau 2.

Tableau 2. Emplacement général des populations d’uropappe de Lindley au Canada, taille des populations2 et régime de propriété des terres. Les numéros des populations correspondent aux numéros indiqués sur la carte de la figure 3.
Population Emplacement général Taille de la population (année de la dernière observation) Régime de propriété
1 Colline Nanoose (île de Vancouver) 900 (2011) Terre fédérale
2 Île Ruxton 800 (2003) Terre non fédérale
3 Île Galiano (deux sous-populations : Matthews Point et Bluffs Park) 1 250 (2009) Terre non fédérale
4 Plage Saturna (île Saturna) 154 (2009) Terre non fédérale
5 Elliot Bluff (île Saturna) 22 (2003) Terre non fédérale
6 Oaks Bluff (île North Pender) 20 (1996) Terre non fédérale

2 La taille des populations correspond à la gamme des valeurs établies par les relevés de toutes les années, y compris 2009 (Matt Fairbarns, obs. pers., 2009)

Les populations britanno-colombiennes de l’espèce se trouvent à l’intérieur ou à proximité des écosystèmes du chêne de Garry et des écosystèmes connexes de la zone biogéoclimatique côtière sèche du douglas taxifolié, qui englobe le sud-est de l’île de Vancouver et les îles Gulf adjacentes. Cette région reçoit peu de précipitations, étant protégée par les monts Olympic, au sud-ouest, et par les montagnes de l’île de Vancouver, à l’ouest; il en résulte un climat relativement chaud et sec, de type méditerranéen. L’espèce pousse sur des falaises de grès, des pentes herbeuses escarpées, des pentes abruptes parsemées de roches instables et dans des forêts xériques claires composées d’arbres à feuilles caduques ou persistantes (COSEPAC, 2008; McIntosh et Sadler, 2011).

Sur l’île de Vancouver, l’uropappe de Lindley pousse généralement dans des sols minces et bien drainés situés près du littoral et à des élévations de moins de 75 m. Ce sont des milieux ouverts et ensoleillés où l’on trouve peu d’arbres et d’arbustes (Figure 4).

Avant l’arrivée des Européens, les incendies fréquents étaient la norme dans les écosystèmes du chêne de Garry et les écosystèmes connexes. Il se peut que le cycle de vie annuel de l’uropappe de Lindley ait permis à l’espèce de persister et de se propager malgré les incendies. L’extinction des feux, depuis un siècle, a mené à un empiètement généralisé d’arbres et d’arbustes exotiques envahissants dans de nombreux écosystèmes du chêne de Garry et écosystèmes connexes. Cela peut avoir considérablement réduit la superficie de l’habitat disponible pour l’uropappe de Lindley.

Habitat de l’uropappe de Lindley

Figure 4. Habitat de l’uropappe de Lindley sur la colline Nanoose. Photo : Matt Fairbarns.

Divers facteurs peuvent nuire à la survie et au rétablissement de l’uropappe de Lindley au Canada :

Tableau 3. Tableau récapitulatif des menaces
Menace Degré de préoccu-pation3 Étendue Occurrence Fréquence Gravité4 Certitude causale5
Espèces exotiques, envahissantes ou introduites
Empiètement de plantes exotiques envahissantes Élevé Généralisée En cours Continue Élevée Moyenne
Perte ou dégradation de l’habitat
Conversion de l’habitat Moyen Localisée Prévue Inconnue Élevée Moyenne
Modification de l’écodynamique ou des processus naturels
Empiètement d’une végétation ligneuse indigène et exotique Moyen Généralisée En cours Continue Moyenne Moyenne
Activités ou processus naturels
Broutage par des vertébrés Faible Localisée En cours Récurrente Faible Moyenne

3 Degré de préoccupation : signifie que la maîtrise de la menace représente une préoccupation (élevée, moyenne ou faible) pour le rétablissement de l’espèce, selon les objectifs en matière de population et de répartition et par rapport aux autres menaces figurant au tableau.

4 Gravité : indique l’effet de la menace à l’échelle de la population (Élevée : effet très important à l’échelle de la population, Moyenne, Faible, Inconnue).

5 Certitude causale : indique le degré de preuve connu de la menace (Élevée : la preuve disponible établit un lien étroit entre la menace et les pressions sur la viabilité de la population; Moyenne : il existe une corrélation entre la menace et la viabilité de la population, p. ex., une opinion d’expert; Faible : la menace est présumée ou plausible).

L’empiètement de plantes exotiques envahissantes est la menace la plus grave et la plus imminente qui pèse sur l’uropappe de Lindley (Tableau 3). Une grande variété d’arbustes, de graminées et de plantes herbacées non graminoïdes exotiques ont pénétré dans les écosystèmes de prédilection de l’uropappe de Lindley. Le genêt à balais (Cytisus scoparius) est l’arbuste compétiteur le plus à craindre, en raison de son abondance dans certaines aires où seules de petites populations d’uropappe de Lindley persistent. À de nombreux endroits, des graminées exotiques envahissantes dominent la strate herbacée; les graminées les plus menaçantes sont le brome stérile (Bromus sterilis), le brome à deux étamines (Bromus rigidus), le brome des toits (Bromus tectorum), la vulpie faux-brome (Vulpia bromoides), la crételle hérissée (Cynosurus echinatus) et la crételle des prés (Cynosurus cristatus). L’abondance des plantes herbacées non graminoïdes exotiques envahissantes varie considérablement d’un site à l’autre; à certains endroits, elles sont plus abondantes que les graminées exotiques envahissantes. Les plantes herbacées non graminoïdes exotiques envahissantes qui représentent la menace la plus grave sont la lychnide coronaire (Lychnis coronaria), la parcelle enracinée (Hypochaeris radicata), l’anthrisque des dunes (Anthriscus cacaulis), le gaillet gratteron (Galium aparine) et la laitue des murailles (Lactuca muralis). La lychnide coronaire est absente de nombreux sites, mais là où elle est présente, elle semble capable de dominer la végétation. Les plantes exotiques envahissantes entrent en vive concurrence pour l’humidité et les éléments nutritifs, au détriment des petites plantes annuelles comme l’uropappe de Lindley, dont le système racinaire est beaucoup moins profond et moins étendu. Comme les plantes exotiques envahissantes sont très répandues, elles sont en concurrence directe avec l’uropappe de Lindley dont elles peuvent altérer l’habitat, menace qui suscite un degré élevé de préoccupation.

La conversion de l’habitat semble menacer beaucoup moins les populations existantes d’uropappe de Lindley et leur habitat potentiel au Canada que l’avait d’abord fait craindre le rapport sur la situation de l’espèce (COSEPAC, 2008). Si le niveau de menace est abaissé, c’est parce que certaines populations (p. ex., celle d’Elliot Bluff et celle de la plage Saturna, en partie) sont présentes sur des pentes abruptes non propices à quelque aménagement que ce soit, tandis que d’autres (p. ex., celles de la colline Nanoose et de Matthews Point/Bluffs Park) se trouvent dans des zones où aucun développement anthropique n’est en cours ou n’est prévu. Il reste qu’à certains sites (p. ex., Oaks Bluff, colline Nanoose et Elliot Bluff), une construction domiciliaire intense peut avoir réduit ou éliminé des populations connues; de plus, on continue de construire des résidences sur des terrains donnant la mer qui sont propices à l’espèce. Si la conversion de l’habitat se matérialise, il peut s’ensuivre une perturbation des processus du cycle de vie et un stress physiologique chez les populations de l’espèce. Cette menace suscite un degré de préoccupation moyen.

Les Premières Nations avaient recours aux incendies pour stimuler la croissance d’espèces alimentaires et aussi pour améliorer les conditions de broutage pour le gibier (p. ex., cerf wapiti et cerf) (Turner, 1999; Gedalof et al., 2006). Il se peut que le cycle de vie annuel de l’uropappe de Lindley ait permis à l’espèce de survivre et de se répandre malgré des incendies fréquents. Les incendies modifient toutes sortes de caractéristiques de l’habitat, dont la quantité de matière organique, le cycle des éléments nutritifs, et l’humidité et le biote du sol (Barbour et al., 1999). En général, des incendies fréquents rendent accessibles des ressources auxquelles certaines plantes, p. ex., les espèces pionnières, auraient difficilement accès autrement. Ainsi, lorsque les incendies sont rares, la matière organique s’accumule et recouvre le sol, et les éléments nutritifs demeurent emprisonnés dans la matière organique, donc inaccessibles; les espèces ligneuses peuvent donc envahir ou éliminer les espèces herbacées, ou modifier le régime hydrologique. Dans la plupart des régions, l’extinction des feux a favorisé l’abondance d’espèces ligneuses indigènes et exotiques; par ailleurs, les plantes exotiques envahissantes continuent à faire des ravages, même si on laisse désormais libre cours aux incendies naturels. Les espèces ligneuses envahissantes tendent aussi à être présentes à la périphérie des populations plutôt qu’à l’intérieur même des aires où pousse l’uropappe de Lindley. Il pourrait s’ensuivre un empiètement dans l’avenir. De fait, il se peut que les aires actuellement occupées par des plantes aient été plus grandes par le passé, alors que l’empiètement était moins important qu’aujourd’hui. De plus, il est difficile d’estimer les effets passés et/ou futurs de l’empiètement parce que l’on ignore à quelle vitesse les processus successionnels agissent en lisière, ainsi que l’effet des restrictions biotiques naturelles (p. ex., cycles de sécheresse, qualité du sol, etc.) sur le développement de la végétation aux sites où l’uropappe de Lindley est présent. Par conséquent, l’empiètement des espèces ligneuses indigènes et exotiques est considéré comme suscitant un degré de préoccupation moyen.

Les vertébrés herbivores semblent peu menaçants pour les populations existantes. Il arrive que les inflorescences soient coupées, probablement par le cerf à queue noire (Odocoileus hemionus columbianus), qui peut aussi causer des dommages par piétinement. Les chèvres sauvages (Capra hircus) semblent aussi se nourrir de l’uropappe de Lindley sur l’île Saturna. On ignore les conséquences de la présence de vertébrés herbivores, en particulier sur la production de graines, mais la perte fréquente d’un petit nombre de graines a probablement moins d’effet sur la population de l’espèce que le broutage, plus rare, mais aux conséquences plus graves (Menges et al., 2004). Les chèvres sauvages semblent aggraver l’éboulement des talus, diminuant ainsi la capacité de l’habitat de l’île Saturna de soutenir la population. Cette menace est considérée comme suscitant un faible degré de préoccupation.

Au Canada, l’uropappe de Lindley pousse généralement dans des sols minces et bien darinés, le long du littoral, à l’intérieur ou à proximité des chênaies de Garry; son aire de répartition est donc naturellement très limitée. La destruction appréciable des milieux naturels survenue à l’intérieur de son aire de répartition depuis la colonisation européenne (Lea, 2006) a sans doute entraîné un déclin de la population. L’empiètement de la végétation et le développement continuent d’aggraver la situation (COSEPAC, 2008). Étant donné que la majeure partie de l’habitat d’origine de l’espèce a été définitivement détruite, il est impossible de rétablir l’espèce dans sa zone d’occupation naturelle ou de lui faire retrouver ses anciennes chances de survie. Six populations ont été signalées au Canada; quatre populations existent encore, une population ne renfermait plus d’individus lors du dernier relevé, mais le milieu était encore propice à l’espèce, et une population n’a pas récemment fait l’objet de relevés.

En général, on estime qu’une espèce doit probablement compter de multiples populations et des milliers d’individus pour que sa probabilité de persistance à long terme soit élevée (Reed, 2005; Brook et al., 2006; Traill et al., 2009). Traill et al. (2007) ont analysé plusieurs estimations publiées de l’effectif minimal d’une population viable (seuil de viabilité), et ils ont constaté que l’effectif médian requis pour qu’une plante ait une probabilité de survie de 99 % sur 40 générations est d’environ 4 800 individus (toutefois, Flather et al., 2011, Garnett et Zander, 2011, ainsi que Jamieson et Allendorf, 2012, ont fait une évaluation critique de cette analyse et de l’applicabilité de ses résultats). Cette information est utile, mais, pour élaborer des objectifs quantitatifs atteignables, il faut se fonder sur plus que des estimations générales du seuil de viabilité et notamment tenir compte des données historiques existant sur l’effectif et le nombre de populations, la capacité de charge des sites existants (et potentiels), les besoins des autres espèces en péril partageant le même milieu ainsi que la faisabilité d’établir des populations ou d’accroître certaines populations de l’espèce (Agence Parcs Canada, 2006; Flather et al., 2011; Jamieson et Allendorf, 2012). Puisqu’on ne dispose pas de suffisamment d’information de ce type sur l’uropappe de Lindley, il est impossible de déterminer dans quelle mesure le rétablissement de l’espèce est réalisable et ainsi de fixer des objectifs quantitatifs à long terme. Les approches devant guider la planification des mesures de rétablissement (voir la section 6) visent à combler les lacunes dans les connaissances, de façon à ce qu’il soit possible dans le futur de fixer des objectifs de rétablissement quantitatifs réalisables à long terme quant à l’effectif et au nombre des populations. À l’heure actuelle, il est uniquement possible d’établir des objectifa à court terme centrés sur le maintien des quatre populations confirmées et de l’habitat des populations d’Elliot Bluff et de Oaks Bluff, jusqu’à ce que la possibilité de restaurer la population on d’en établir de nouvelles, en vue d’augmenter l’abondance et d’étendre l’aire de répartition, ait été évaluée.

Objectif 1 : Maintenir les populations d’uropappes de Lindley de la colline Nanoose, de l’île Ruxton, de l’île Galiano et de la plage Saturna.

Objectif 2 : Maintenir l’habitat aux sites d’Elliot Bluff et d’Oaks Bluff pendant l’évaluation de la faisabilité de rétablir ces populations d’uropappes de Lindley.

Objectif 3 : Accroître la population existante d’uropappe de Lindley ou en établir de nouvelles, en vue d’augmenter son abondance et d’étendre son aire de répartition6, si cela est jugé faisable et approprié sur le plan biologique.

6 Il s’agit d’accroître la zone d’occupation et de maintenir la zone d’occurrence.

Les stratégies et approches globales pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition de l’uropappe de Lindley comprennent les stratégies et approches suivantes :

Tableau 4. Tableau de planification du rétablissement
Menace ou limite Priorité Stratégie globale de rétablissement Description générale des approches de recherche et de gestion
Conversion de l’habitat Élevée Protection de l’habitat et de l’espèce
  • Trouver des mécanismes/instruments de protection pour l’espèce et son habitat essentiel.

Empiètement de plantes exotiques envahissantes

Empiètement de végétation ligneuse indigène et exotique

Broutage par des vertébrés

Élevée Intendance
  • Préparer des Pratiques exemplaires de gestion pour l’uropappe de Lindley afin de soutenir les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terrains dans leurs activités d’intendance.
  • Obtenir la participation des propriétaires foncieres et des gestionnaires de terrains aux décisions et activités visant le rétablissement.
  • Élaborer des techniques de rétablissement adéquates et des plans de gestion/rétablissement propres à chaque site (comprenant des prescriptions quant à la gestion des brûlis et des plantes exotiques envahissantes) pour l’uropappe de Lindley et son habitat.
  • Utiliser l’information acquise grâce à la recherche démographique pour gérer l’habitat de manière à agir positivement sur les stades critiques de la vie (p. ex., recrutement, croissance et survie) nécessaires à la croissance des populations.
Moyenne Éducation et sensibilisation du public
  • Obtenir la participation des propriétaires foncires à l’élaboration et à la mise en œuvre de campagnes d’éducation et de sensibilisation du public sur l’uropappe de Lindley et sa gestion.
  • Sensibiliser le public à l’existence et à la valeur de conservation de l’uropappe de Lindley et aux espèces en péril connexes.
Moyenne Recherche
  • Étudier différentes techniques (p. ex., fauchage, brûlage, épandage d’herbicide) pour lutter contre les plantes exotiques envahissantes.
  • Déterminer les critères démographiques qui mèneraient à une réévaluation immédiate des priorités et des activités de rétablissement, et incorporer ceux-ci aux plans de gestion.
Méconnaissance des tendances des populations et de l’habitat Élevée Surveillance des populations
  • Concevoir et mettre en œuvre un programme d’inventaire et de surveillance qui permettra de suivre les tendances des populations et de l’habitat pendant 10 ans, en prévoyant un prolongement de la surveillance, au besoin.
  • Surveiller les effets des activités de rétablissement sur les espèces, les collectivités et les processus écologiques non ciblés.
  • Rendre compte des tendances des populations, de la superficie occupée et de l’état de l’habitat tous les deux ans.

Méconnaissance des techniques de propagation et des mécanismes de reproduction, et de la diversité génétique

Limites associées à l’effondrement démographique et à la faible superficie occupée

Moyenne Rétablissement des populations
  • Déterminer et classer par ordre de priorité les secteurs où inventorier l’espèce, procéder à un inventaire des parcelles d’habitat propice, tant pour mettre au jour des populations non encore détectées que pour déterminer des endroits où introduire des individus; classer les parcelles d’habitat non occupées par l’espèce selon l’opportunité d’y introduire des individus.
  • Déterminer le nombre total de populations nécessaires pour assurer une chance de survie acceptable de l’espèce au Canada.
  • Déterminer une cible ou un seuil de population pour chaque site.
  • Élaborer des plans d’établissement/d’augmentation artificielle de la population (y compris la surveillance de l’efficacité des plans et de leurs effets sur les espèces non ciblées
  • Déterminer les conditions nécessaires à la germination, à l’établissement, à la croissance et à la reproduction de l’espèce.
Faible Recherche
  • Étudier le mécanisme de pollinisation et ses limites.
  • Évaluer la diversité génétique des populations existantes d’uropappe de Lindley au Canada et assurer le maintien de cette diversité.
  • Étudier les effets possibles des insectes et vertébrés herbivores sur les populations.

Étant donné l’extrême rareté de l’uropappe de Lindley au Canada et l’incertitude rattachée à une éventuelle introduction d’individus dans des zones non occupées par l’espèce, la conservation des populations existantes et de leur habitat constitue un impératif clair du rétablissement (Tableau 4). D’où la nécessité d’empêcher prestement les disparitions dues à des causes évitables. À cette fin, il y a lieu d’assurer l’intendance des terres et d’instaurer des conditions environnementales propices à la croissance et à l’établissement de l’uropappe de Lindley, car il s’agit de la manière la plus directe et la plus économique de favoriser la persistance de l’espèce. Le rétablissement de la population par l’augmentation de celle-ci ne sera envisagé que si les activités d’intendance ne permettent pas d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition.

Une intendance réussie supposera l’engagement volontaire des propriétaires et des organismes privés à protéger les espèces en péril et les écosystèmes dont elles dépendent. Le rétablissement de l’uropappe de Lindley sera grandement tributaire de la participation du public car la plupart des populations se trouvent sur des propriétés privées ou dans des parcs.

Une surveillance régulière des populations s’impose pour évaluer la viabilité actuelle de l’espèce et sa réaction aux menaces et aux mesures de gestion. La surveillance peut comprendre un dénombrement annuel des individus, des mesures de densité et de superficie et/ou des études démographiques plus poussées (p. ex., mesures répétées d’individus marqués dans des colonies permanentes). En cas de manipulation délibérée ou involontaire de la zone dans laquelle une population est présente, les effets de la manipulation doivent être surveillés et consignés.

La conception d’un programme de surveillance est importante, en particulier pour les plantes annuelles rares qui sont susceptibles de présenter des fluctuations de population ou de dépendre de leur banque de semences (Bush et Lancaster, 2004). Les données doivent être recueillies régulièrement sur plusieurs années afin de déterminer les fluctuations de population. Il faut recueillir des données autant les années où les individus d’une espèce sont absents que les années où ils sont présents afin de déterminer comment l’espèce réagit aux conditions environnementales. Les banques de semences constituent un élément important du cycle vital dont il faut tenir compte pour estimer les effectifs des populations, car la présence d’un seul individu peut indiquer la présence d’une banque de semences viable (Bush et Lancaster, 2004).

La surveillance des populations générera également une information précieuse sur les niveaux naturels de fluctuation des populations, les taux d’établissement et de mortalité des semis, l’intensité du broutage, et les taux de recrutement et de survie nécessaires pour maintenir une population viable. Cette information facilitera l’évaluation des menaces qui pèsent sur les populations à chaque site. Pour évaluer les changements dans les populations au fil du temps, il est important que les méthodes d’inventaire et de surveillance choisies conviennent à l’uropappe de Lindley et soient suffisamment robustes pour être appliquées dans différentes régions, d’une année à l’autre et par différentes personnes. Ces méthodes doivent être suffisamment précises pour détecter un changement (c.-à-d. présenter des niveaux d’erreur acceptables), appliquées de manière uniforme à toute l’espèce (pour les comparaisons entre sites), pratiques, et réalisables et durables du point de vue économique.

Un autre inventaire sera nécessaire pour déterminer l’état de certains sites répertoriés et trouver un habitat propice pour l’implantation de nouvelles populations. Le site Oaks Bluff devrait être examiné chaque année, pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq ans, pour déterminer s’il y a dans le sol des semences d’uropappe de Lindley qui pourraient germer dans des conditions différentes de celles qui régnaient au cours des relevés infructueux de 2004 et 2009. Si de tels relevés ne permettent pas de noter la présence de l’uropappe de Lindley sur le site, une population de remplacement devrait être établie. Comme l’endroit où était présente la population antérieure est reconnu pour être fondamentalement propice à l’espèce, l’élimination ou l’atténuation de menaces évidentes comme la présence d’espèces ligneuses envahissantes pourrait rétablir la capacité du site de soutenir l’uropappe de Lindley. En conséquence, le site Oaks Bluff devrait constituer l’endroit de prédilection pour l’établissement de la population de remplacement.

Les activités de recherche devraient se concentrer sur une lutte mesurable et durable contre les plantes exotiques envahissantes. Davantage de recherche est aussi nécessaire pour déterminer les effets de la gestion de la végétation. D’autres recherches pourraient aussi porter sur la conservation des gènes et sur d’autres aspects de l’autoécologie de l’espèce.

Le présent programme de rétablissement fait mention de parcelles d’habitat essentiel pour l’uropappe de Lindley. Aux termes du paragraphe 2.(1) de la Loi sur les espèces en péril, l’habitat essentiel est l’« ...habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». Aux termes du paragraphe 2.(1) de la même loi, l’habitat, pour une espèce sauvage autre qu’une espèce aquatique, est défini comme « ...l’aire ou le type d’endroit où un individu ou l’espèce se trouvent ou dont leur survie dépend directement ou indirectement ou se sont déjà trouvés, et où il est possible de les réintroduire ».

Le présent programme de rétablissement définit l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley autant qu’il est possible de le faire à partir de la meilleure information disponible. Il faut reconnaître que l’habitat essentiel, tel que déterminé ci-après, est insuffisant pour permettre l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Il est possible de déterminer précisément l’habitat des cinq populations existantes, mais d’autres données sont nécessaires pour confirmer l’existence et l’emplacement de la population de l’île Ruxton et définir l’habitat essentiel de cette population. La section qui dresse la liste des études à réaliser (section 7.2, Tableau 5) décrit des activités qui permettront de trouver d’autres parcelles d’habitat essentiel, nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

Au Canada, l’habitat de l’uropappe de Lindley se trouve au sud-est de l’île de Vancouver et sur les îles Gulf, dans des écosystèmes du chêne de Garry et des écosystèmes connexes de la zone côtière sèche du douglas taxifolié (Nuszdorfer et al., 1991). L’habitat de l’uropappe de Lindley va des forêts sèches et claires composées d’arbres à feuilles caduques ou persistantes aux falaises de grès et aux pentes herbeuses escarpées de la zone du douglas taxifolié (COSEPAC, 2008). Des études sur le terrain menées à la colline Nanoose, à la plage Saturna, à Elliot Bluff, à l’île Galiano (Matthews Point et Bluffs Park) et à Oaks Bluff ont permis de mieux caractériser l’habitat de l’uropappe de Lindley (Fairbarns, données inédites, 2009).

La nature de l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley varie considérablement d’un site à l’autre, au Canada (voir les descriptions détaillées de la Figure 5 à la Figure 10). De plus, il n’y a pas de raison de croire que les populations canadiennes existantes occupent tout l’habitat propice à l’espèce, car la répartition actuelle de l’espèce dépend de nombreux facteurs stochastiques, qui n’ont rien à voir avec l’habitat. Aussi, la plupart des grandes populations occupent un éventail de microhabitats et on ne peut s’attendre à ce que les descriptions des sites, rédigées après des visites sur place, reflètent tout le spectre des caractéristiques de l’habitat. Enfin, il s’agit d’une plante annuelle et toutes les colonies de plantes ne sont pas nécessairement observables tous les ans. D’où la nécessité de prendre aussi en compte la banque de semences possible dans la définition de l’habitat essentiel. Par conséquent, il est difficile de faire une description à la fois inclusive et spécifique des caractéristiques de l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley.

L’uropappe de Lindley a vraisemblablement besoin de beaucoup de lumière pour germer. Il se peut donc que les ouvertures de la canopée fassent partie des caractéristiques de son habitat. Bien que les relevés effectués à la colline Nanoose aient mis au jour des individus poussant sous les canopées de chênes de Garry (Quercus garryana) (McIntosh et Sadler, 2011), on peut douter que ces zones ombragées représentent les conditions de croissance optimales pour l’uropappe de Lindley. Par conséquent, jusqu’à ce que de nouvelles études viennent préciser les caractéristiques de l’habitat essentiel de l’espèce, celle-ci doit bénéficier d’ouvertures dans la canopée, à l’instar d’espèces végétales similaires présentes dans l’écosystème du chêne de Garry, qui ont besoin de lumière. Ces ouvertures doivent être suffisamment grandes pour que les individus ne soient pas couverts par l’ombre de la végétation environnante. La taille minimale des ouvertures peut être déterminée d’après la hauteur de la végétation susceptible de pousser dans la zone et de faire de l’ombre à l’uropappe de Lindley (Spittlehouse et al., 2004). Autre facteur à considérer en ce qui a trait à l’ouverture de la canopée, les plantes hautes, en tombant à la fin de leur vie, recouvrent le sol sur une distance égale à leur hauteur.

Une ouverture minimale de la canopée est une caractéristique d’habitat essentiel, nécessaire à la survie des populations d’uropappe de Lindley. Cette caractéristique a été observée partout où étaient présentes des colonies7. Par défaut, l’ouverture minimale de la canopée nécessaire pour que la lumière puisse atteindre les plantes est la zone délimitée par une distance de 20 m autour de chaque colonie (20 m est habituellement la hauteur maximale atteinte par les arbres dans les sols entourant l’uropappe de Lindley). À noter qu’il se peut qu’une colonie ne soit pas visible toute l’année ou tous les ans : les semences demeurent dans la banque de semences. Le lieu répertorié des colonies et de l’habitat essentiel qui leur est associé demeureront un habitat essentiel pour la protection de la banque de semences, même si aucune plante n’est observée.

Tout habitat utilisé à un moment ou à un autre par une colonie de plantes au sein d’une population existante répond aux objectifs en matière de population et de répartition et constitue donc un habitat essentiel; toutefois, en raison des fluctuations de population attendues et de la difficulté de détecter l’espèce, cet habitat ne peut être défini uniquement à partir des données d’une seule année : un ensemble de données à long terme et d’autres relevés sont nécessaires. Des données récentes (Fairbarns, données inédites, 2009) peuvent servir à définir les caractéristiques de base de l’habitat essentiel dont ont besoin les populations d’uropappe de Lindley; il faut toutefois savoir qu’un tel ensemble de données ne comprend pas toutes les caractéristiques d’habitat essentiel dont a besoin l’uropappe de Lindley. Fairbarns (données inédites, 2009) a servi de guide pour délimiter les zones où se trouve l’habitat essentiel. On s’attend à ce que, avec le temps, la surveillance continue qui permettra de documenter les fluctuations annuelles de l’étendue des populations et de l’utilisation de l’habitat, et des colonies autrefois inconnues, fournira des données qui mèneront à caractériser avec une plus grande certitude l’habitat total dont a besoin cette espèce.

À l’intérieur des secteurs délimités à la Figure 5 (colline Nanoose), à la Figure 6 (Matthews Point), à la Figure 7 (Bluffs Park), à la Figure 8 (plage Saturna), à la Figure 9 (Elliot Bluff) et à la Figure 10 (Oaks Bluff), l’habitat essentiel à la survie de l’uropappe de Lindley est constitué de la superficie minimale d’ouverture de la canopée associée à chaque colonie répertoriée. À ce jour, l’emplacement des colonies connues a été répertorié par Fairbarns (données inédites, 2009). La population d’Oaks Bluff n’a pas été repérée au cours des études sur le terrain de 2005 et 2009, de sorte que l’emplacement exact de l’habitat essentiel n’a pu être confirmé. Toutefois, il n’y a pas lieu de conclure à la perte de la population d’Oaks Bluff car les emplacements n’avaient pas été décrits en détail dans les rapports de 1996. En effet, la zone est constituée de pentes très escarpées sur lesquelles il est difficile de circuler, et l’espèce n’est facilement détectable que pendant une courte période. Le secteur à l’intérieur duquel l’habitat essentiel est susceptible de se trouver peut être défini à partir des sites répertoriés (Figure 10). Ce secteur comprend apparemment l’habitat propice situé entre les deux derniers sites répertoriés et à proximité de ceux-ci, de la ligne des hautes eaux jusqu’au sommet de la forte pente.

Les données spatiales concernant la population de l’île Ruxton sont imprécises (B.C. Conservation Data Centre, 2011). En outre, des relevés étalés sur plus de cinq ans n’ont réussi à confirmer ni la présence de l’uropappe de Lindley ni un habitat propice à l’uropappe de Lindley. Des relevés s’imposent pour déterminer l’emplacement de l’uropappe de Lindley et/ou d’un habitat propice avec une précision de moins de 100 m. Ainsi, dans le cas de cet emplacement, la définition de l’habitat essentiel nécessitera la réalisation d’autres études.

Les caractéristiques de l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley énumérées ci-après sont des attributs qui ont été constatés aux sites étudiés; ces caractéristiques ne seront pas nécessairement présentes aux nouveaux sites ou aux sites non encore étudiés, et elles n’excluent pas nécessairement des types d’habitat non propices à l’espèce :

7 Le terme « colonie » renvoie à un groupe de plantes très proches les unes des autres ou à un individu unique et isolé. On ne s’est pas servi d’une échelle cartographique précise ni d’une distance minimale pour définir quantitativement une colonie; l’identification des colonies est fondée sur des relevés effectués par un biologiste qui connaît bien l’espèce. En l’absence de données détaillées sur l’étendue des banques de semences, on présume que chaque colonie en possède une. Tout ce qu’on sait de l’étendue spatiale du réservoir de semences de l’uropappe de Lindley est déduit des caractéristiques physiques des graines : la distance de dispersion est sans doute très limitée (COSEPAC, 2008).

Carte délimitant le secteur où se trouve l’habitat essentiel

Figure 5. Secteur (~4,2 ha) où se trouve l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley à la colline Nanoose (terres fédérales). La parcelle d’habitat essentiel connue dans ce secteur a une superficie de ~0,73 ha. La parcelle 1010_01 de cet habitat commence à 415382, 5458309; de là, 117,7° en ligne droite jusqu’à 415755, 5458112; de là, 207,7° en ligne droite jusqu’à un point sur la ligne des hautes eaux (approximativement 415710, 5458026); de là, N.O. le long de la ligne des hautes eaux jusqu’au point 415686, 5458036; de là, 297,7° en ligne droite jusqu’au point 415335, 5458220; de là, 27,7° en ligne droite jusqu’au point de départ (zone UTM 10, NAD 1983, azimut nord).

Carte délimitant le secteur où se trouve l’habitat essentiel

Figure 6. Secteur (~4,2 ha) où se trouve l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley, à Matthews Point, île Galiano (terres non fédérales). La parcelle d’habitat essentiel connue dans ce secteur a une superficie de ~3,6 ha. La parcelle 1010_03 de cet habitat commence au point 475653, 5412358; de là, 63,5° en ligne droite jusqu’au point 475781, 5412422; de là, 153,5° en ligne droite jusqu’au point 475934, 5412116; de là, 243° en ligne droite jusqu’à la ligne des hautes eaux (environ 475902, 5412092); de là, N.O. le long de la ligne des hautes eaux jusqu’au point 475713, 5412238; de là, 333,5°en ligne droite jusqu’au point de départ (zone UTM 10, NAD 1983, azimut nord).

Carte délimitant le secteur où se trouve l’habitat essentiel

Figure 7. Secteur (~1.26 ha) où se trouve l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley à Bluffs Park, île Galiano (terres non fédérales). La parcelle d’habitat essentiel connue dans ce secteur a une superficie de ~0,55 ha. La parcelle 1010_04 de cet habitat commence au point 474945, 5412790; de là, 111,3° en ligne droite jusqu’au point 475058, 5412746; de là, 201,3° en ligne droite jusqu’à la ligne des hautes eaux (environ 475020, 5412649); de là N.O. le long de la ligne des hautes eaux jusqu’à (environ 474905, 5412689); de là, 21,3° jusqu’au point de départ (zone UTM 10, NAD 1983, azimut nord).

Carte délimitant le secteur où se trouve l’habitat essentiel

Figure 8. Secteur (~0,87 ha) où se trouve l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley, à la plage Saturna, île Saturna (terres non fédérales). La parcelle d’habitat essentiel connue dans ce secteur a une superficie de ~0.73 ha. La parcelle 1010_05 de cet habitat commence à 485180, 5402991; de là, 149,8° en ligne droite jusqu’à 485242, 5402915; de là, 240,7° en ligne droite jusqu’à la ligne des hautes eaux (environ 485175, 5402878); de là, N.O. le long de la ligne des hautes eaux jusqu’au point approximatif 485122, 5402984; de là, 59,8° en ligne droite jusqu’au point de départ (zone UTM 10, NAD 1983, azimut nord)..

Carte délimitant le secteur où se trouve l’habitat essentiel

Figure 9. Secteur (~0,014 ha) où se trouve l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley, à Elliot Bluff, île Saturna (terres non fédérales). La parcelle d’habitat essentiel connue dans ce secteur a une superficie de ~0,01 ha. La parcelle 1010_06 de cet habitat commence au point 484375, 5404106; de là, 177,8° en ligne droite jusqu’au point 484375, 5404092; de là, 267,8° en ligne droite jusqu’à la ligne des hautes eaux (484367, 5404091); de là, N. le long de la ligne des hautes eaux (environ 484363, 5404106); de là, 87,8° en ligne droite jusqu’au point de départ (zone UTM 10, NAD 1983, azimut nord).

Carte délimitant le secteur où se trouve l’habitat essentiel

Figure 10. Secteur (~9,2 ha) où se trouve l’habitat essentiel de l’uropappe de Lindley, à Oaks Bluff, île North Pender (terres non fédérales). Aucune parcelle d’habitat essentiel n’a été cartographiée dans ce secteur à ce jour. La parcelle 1010_07 de cet habitat commence à 480271, 5399652; de là, 114,5° en droite ligne jusqu’à 480800, 5399411; de là, 180° en ligne droite jusqu’à la ligne des hautes eaux (environ 480800, 5399225); de là, N.O. le long de la ligne des hautes eaux jusqu’à environ 480203, 5399559; de là, 36,5° en ligne droite jusqu’au point de départ (zone UTM 10, NAD 1983, azimut nord).

Tableau 5. Études à réaliser
Description des tâches Justification Calendrier
Cartographier et décrire la population connue sur l’île Ruxton. Détermination des caractéristiques fondamentales de l’habitat essentiel. 2014
Relevés pluriannuels destinés à repérer la présence de parcelles d’habitat propice à proximité (dans un rayon de 1 km) de toutes les populations connues.

Redécouverte d’une sous-population à Matthews Point (île Galiano), qui n’avait pas été observée lors des relevés de 2009.

Redécouverte de la population d’Oaks Bluff (île North Pender), qui n’avait pas été observée lors des relevés de 2009.

Détermination de l’étendue complète de l’habitat essentiel des sous-populations connues.

Détermination de l’habitat essentiel des sous-populations non répertoriées.

Détermination de l’habitat essentiel propice à l’augmentation de la taille des populations existantes.

2017
Vérifier la convenance des sites proposés pour les populations de remplacement.

Tenter, par des méthodes expérimentales, d’établir et de maintenir des individus de l’espèce.

Si les essais de convenance sont concluants, vérifier la possibilité d’établir de nouvelles populations autosuffisantes en introduisant des graines ou des semis dans des parcelles d’habitat propice.

Réaliser des analyses pour déterminer la superficie et la configuration d’habitat nécessaires pour atteindre les objectifs de rétablissement.

2017

À compter de 2018

Selon les étapes antérieures

Le Tableau 6 ci-après donne des exemples d’activités susceptibles de détruire l’habitat essentiel de l’espèce. La dégradation de toute partie de l’habitat essentiel, quelle qu’elle soit, entraînera la destruction permanente ou temporaire de l’habitat essentiel, de sorte qu’il ne pourra remplir ses fonctions auprès de l’espèce. La destruction peut résulter d’une seule ou de plusieurs activités ponctuelles, ou des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités réitérées.

La plupart des populations sont présentes soit dans des sites trop isolés ou trop difficiles d’accès pour se prêter à des activités anthropiques (p. ex., falaises le long d’Elliot Bluff, sur l’île Saturna, et pentes escarpées d’Oaks Bluff, sur l’île North Pender), soit à des endroits où les activités susceptibles de détruire l’habitat essentiel sont interdites par règlement (p. ex., terres fédérales à la colline Nanoose, terres protégées à Matthews Point et au Bluffs Park, sur l’île Galiano).

Tableau 6. Exemples d'activités susceptibles de causer la destruction de l'habitat essentiel.
Activité Effet de l’activité sur l’habitat essentiel Sites le plus à risque
Conversion des terres à des fins de développement anthropique

Cette activité entraîne la modification des caractéristiques biophysiques du milieu (p. ex., régime d’humidité, composition des sols) et rend le milieu non propice à la croissance de l’uropappe de Lindley. La construction d’ouvrages à proximité de l’habitat peut modifier le régime d’humidité en retenant les eaux de drainage ou encore en nuisant à l’écoulement de l’eau jusqu’aux plantes, effets possibles du creusement de fossés ou du détournement de l’eau souterraine par les ouvrages. Par ailleurs, l’ombre des bâtiments ou des structures adjacentes peut diminuer la quantité de lumière disponible et rendre le milieu non propice à la croissance des plantes.

L’introduction de plantes exotiques envahissantes (par plantation délibérée ou introduction accidentelle, notamment par l’utilisation de machines non nettoyées) peut entraîner l’empiétement sur l’habitat, voire l’envahissement de celui-ci, et modifier les régimes de lumière et d’humidité et rendre ainsi le milieu non propice à l’uropappe de Lindley.

Plage Saturna

Île Ruxton

Les indicateurs de rendement présentés ci-après sont une façon de définir et mesurer les progrès accomplis vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Les progrès vers le rétablissement de l’uropappe de Lindley au Canada seront mesurés selon les critères suivants, applicables à chaque objectif :

Objectif 1 : Maintenir les populations d’uropappes de Lindley de la colline Nanoose, de l’île Ruxton, de l’île Galiano et de la plage Saturna.

Objectif 2 : Maintenir l’habitat aux sites d’Elliot Bluff et d’Oaks Bluff pendant l’évaluation de la faisabilité de rétablir ces populations d’uropappes de Lindley.

Objectif 3 : Accroître la population existante d’uropappe de Lindley ou en établir de nouvelles, en vue d’augmenter son abondance et d’étendre son aire de répartition, si cela est jugé faisable et approprié sur le plan biologique.

8 Comme on s’attend à ce que les populations fluctuent, il faut des jeux de données à long terme pour en évaluer les tendances (Bush et Lancaster, 2004).

Un ou plusieurs plans d’action seront réalisés d’ici 2017.

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Agence Parcs Canada. 2006c. Programme de rétablissement multi-espèces visant les espèces en péril des prés maritimes associés aux chênaies de Garry au Canada. Pp xiv + 104 p. dans Gouvernement du Canada, Série de programmes de rétablissement, Ottawa, Ontario.

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Tous les documents de planification du rétablissement des espèces en péril sont soumis à une évaluation environnementale stratégique (EES), conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’EES a pour but d’intégrer les facteurs environnementaux à l’élaboration des politiques publiques, plans et propositions de programmes, afin d’appuyer la prise de décisions favorables à l’environnement.

Les programmes de rétablissement sont conçus au bénéfice des espèces en péril et de la biodiversité en général. On reconnaît toutefois que, au-delà des bienfaits recherchés, ces programmes peuvent produire des effets inattendus sur l’environnement. Le processus de planification, qui obéit à des lignes directrices nationales, intègre explicitement la prise en compte de tous les effets sur l’environnement, et en particulier des impacts possibles sur les espèces ou les habitats non visés. Les résultats de l’EES sont intégrés au programme, et ils sont aussi résumés ci-après.

L’uropappe de Lindley côtoie plusieurs espèces de végétaux et d’invertébrés rares et en péril présentes dans les écosystèmes du chêne de Garry et les écosystèmes connexes (GOERT, 2002) (Tableau 7). On peut s’attendre à ce que la plupart des activités proposées pour le rétablissement de l’uropappe de Lindley (protection des sites, atténuation des menaces) aient un effet positif net sur l’habitat de ces espèces et communautés non visées. Il est néanmoins possible que certaines mesures de gestion appliquées aux fins du rétablissement de l’uropappe de Lindley (désherbage, débroussaillage, augmentation des populations, translocations d’espèces) aient des effets collatéraux imprévus sur des espèces non ciblées présentes dans le même territoire. Bien que probablement faible, le risque que les activités de rétablissement produisent des effets négatifs doit être dûment considéré. Une façon d’atténuer de tels effets négatifs est de surveiller les résultats de la gestion de l’uropappe de Lindley. Selon les principes de gestion adaptative, un volet essentiel de la planification du rétablissement est de prévoir et de surveiller les effets collatéraux possibles (tant positifs que négatifs) sur les espèces, les communautés et les processus écologiques non ciblés.

Tableau 7. Espèces rares dont la présence en association avec l’uropappe de Lindley est connue, et désignations de celles-ci par la province et le gouvernement fédéral. Sources : B.C. Conservation Data Centre, 2011; NatureServe, 2010.
Nom commun Nom scientifique Classement provincial, Colombie-Britannique Désignation du COSEPAC Situation selon la LEP
Tillée dressée Crassula connata var. connata S2 Rouge Non déterminée Non déterminée
Yabée à petits fruits Yabea microcarpa S1S2 Rouge Non déterminée Non déterminée
Plagiobothryde délicate Plagiobothrys tenellus S1 Rouge Menacée Menacée
Violette jaune des monts Viola praemorsa ssp. praemorsa S2 Rouge En voie de disparition En voie de disparition
Ail de Geyer Allium geyeri S2S3 Bleu Non déterminée Non déterminée
Isoète de Nuttall Isoetes nuttallii S3 Bleu Non déterminée Non déterminée
Ail embrassant Allium amplectens S3 Bleu Non déterminée Non déterminée
Méconelle d’Orégon Meconella oregana S1 Rouge En voie de disparition En voie de disparition
Bartramie à feuilles dressées Bartramia stricta S2 Rouge En voie de disparition En voie de disparition

Il est possible d’atténuer ou d’éliminer les effets négatifs éventuels au moment même de l’exécution du projet par de bonnes pratiques de terrain et une étroite collaboration avec des partenaires clés tels que l’Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry et les organismes gouvernementaux concernés. Certaines activités prévues par le programme de rétablissement pourraient devoir faire l’objet d’évaluations environnementales en vertu de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Toutes les activités nécessitant une évaluation environnementale à l’échelle du projet seront évaluées en temps et lieu, conformément aux dispositions de la Loi.

Le présent programme de rétablissement est bénéfique pour l’environnement en ce qu’il favorise la conservation et le rétablissement de l’uropappe de Lindley, composante naturelle de la biodiversité. Les activités nécessaires à l’atteinte des objectifs de rétablissement risquent peu d’avoir des effets négatifs importants sur l’environnement, car elles se limitent à la remise en état de l’habitat, à des travaux de recherche, à la promotion de l’intendance, à la sensibilisation du public, à l’amélioration des connaissances sur les besoins de l’espèce en matière d’habitat et sur les menaces qui pèsent sur les populations, et à des travaux de cartographie, d’inventaire et de remise en état à l’égard de l’espèce et de son habitat. De plus, il est probable qu’une remise en état soigneuse de l’habitat de l’uropappe de Lindley profitera à d’autres espèces indigènes vivant dans le même milieu.

En résumé, l’évaluation environnementale stratégique a mené à la conclusion que le présent programme de rétablissement aura probablement plusieurs effets positifs sur l’environnement et sur d’autres espèces. La mise en œuvre du présent programme ne devrait avoir aucun effet négatif manifeste sur l’environnement.

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