Plan de gestion la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) au Canada - 2016 (Proposition)

Photo : Pseudocyphellie des forêts surannées
2016

Table des matières - partie 1

Environnement Canada. 2016. Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) au Canada [Proposition]. Série de Plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada, Ottawa. 4 p. + annexe.

Pour télécharger le présent plan de gestion ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Photo de la couverture : © Stephen Sharnoff
Cette photographie ne doit pas être reproduite séparément du présent document, à moins de permission du photographe.

Also available in English under the title
"Management Plan for the Oldgrowth Specklebelly Lichen (Pseudocyphellaria rainierensis) in Canada (Proposition)"

Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'indiquer la source.

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu de travailler ensemble pour établir des mesures législatives, des programmes et des politiques visant à assurer la protection des espèces sauvages en péril partout au Canada.

Dans l'esprit de collaboration de l'Accord, le gouvernement de la Colombie-Britannique a donné au gouvernement du Canada la permission d'adopter le Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) en Colombie-Britannique (partie 2) en vertu de l'article 69 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Environnement Canada a inclus une addition fédérale (partie 1) au présent plan de gestion afin qu'il réponde aux exigences de la LEP.

Le plan de gestion fédéral de la pseudocyphellie des forêts surannées au Canada est composé des deux parties suivantes :

Partie 1 - Addition du gouvernement fédéral au Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) en Colombie-Britannique, préparée par Environnement Canada.

Partie 2 - Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) en Colombie-Britannique, préparé par le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique.



En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des plans de gestion pour les espèces inscrites comme étant préoccupantes et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l'Environnement et ministre responsable de Parcs Canada est la ministre compétente en vertu de la LEP de la pseudocyphellie des forêts surannées et a élaboré la composante fédérale (partie 1) du présent plan de gestion, conformément à l'article 65 de la LEP. Dans la mesure du possible, le plan de gestion a été préparé en collaboration avec le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique. L'article 69 de la LEP autorise la ministre à adopter en tout ou en partie un plan existant pour l'espèce si ce plan respecte les exigences de contenu imposées par la LEP. Le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique a dirigé l'élaboration du plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées ci-joint (partie 2), en collaboration avec Environnement Canada et l'Agence Parcs Canada.

La réussite de la conservation de l'espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent plan. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada, l'Agence Parcs Canada ou toute autre compétence. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer et à mettre en œuvre ce plan pour le bien de la pseudocyphellie des forêts surannées et de l'ensemble de la société canadienne.

La mise en œuvre du présent plan de gestion est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Les sections suivantes ont été incluses pour satisfaire aux exigences particulières de la LEP du gouvernement fédéral qui ne sont pas abordées dans le Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) en Colombie-Britannique (partie 2) et pour fournir des renseignements à jour ou supplémentaires.

En vertu de la LEP, il existe des exigences et des processus particuliers concernant la protection des espèces et de leur habitat. Ainsi, les énoncés du plan de gestion provincial concernant la protection des espèces et de leur habitat peuvent ne pas correspondre directement aux exigences fédérales, et ne sont pas adoptés par les ministres compétents dans le cadre du plan de gestion fédéral.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement produits en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L'objet de l'EES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décision éclairée du point de vue de l'environnement et pour évaluer si la mise en œuvre des mesures proposées dans un document de planification du rétablissement pourrait avoir une incidence sur un élément de l'environnement ou sur l'atteinte d'un objectif ou d'une cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification de la conservation vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que la mise en œuvre de plans de gestion peut, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le plan de gestion lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

Le plan de gestion provincial établi pour la pseudocyphellie des forêts surannées contient une courte section décrivant les effets des activités de gestion sur les espèces non ciblées (la section 8). La ministre compétente adopte cette section du plan de gestion provincial à titre d'énoncé sur les effets des activités de gestion sur l'environnement et les espèces non ciblées. L'aire de répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées chevauche celle de plusieurs autres espèces figurant sur la liste des espèces en péril du gouvernement fédéral qui sont présentes dans les forêts anciennes de la région côtière de la Colombie-Britannique, y compris l'île de Vancouver et l'archipel Haida Gwaii. Les activités de planification de la conservation de la pseudocyphellie des forêts surannées tiendront compte de la présence de toutes les espèces en péril partageant son habitat, de manière à ce que les activités de conservation n'aient aucun effet néfaste sur elles ou leur habitat. Certaines mesures de gestion proposées pour la pseudocyphellie des forêts surannées (p. ex. inventaire et suivi, atténuation des menaces, conservation de l'habitat, éducation et recherche) pourraient favoriser la conservation d'autres espèces en péril ayant des besoins similaires en matière d'habitat et dont l'aire de répartition chevauche celle de la pseudocyphellie des forêts surannées

Oldgrowth Specklebelly
Photo: © Ryan Batten
BC logo

La présente série réunit les plans de gestion visant à conseiller la Province de la Colombie-Britannique, conformément aux priorités et mesures de gestion prévues dans le cadre de conservation de la Colombie-Britannique (British Columbia Conservation Framework). La Province rédige de tels plans pour les espèces risquant de devenir menacées ou en voie de disparition en raison de leur vulnérabilité à l'égard de certaines activités humaines ou de certains phénomènes naturels.

Le plan de gestion énonce un ensemble coordonné de mesures de conservation et d'utilisation des terres qui doit à tout le moins garantir que l'espèce ciblée ne deviendra pas menacée ou en voie de disparition. Le plan doit résumer les données scientifiques les plus rigoureuses sur la biologie de l'espèce et sur les facteurs qui la menacent, comme fondement pour l'élaboration d'un cadre de gestion. Il doit fixer des buts et des objectifs pour la conservation de l'espèce ou de son habitat et recommander des approches permettant d'atteindre ces buts et objectifs.

Le plan de gestion fournit de l'information utile sur les facteurs menaçant l'espèce ainsi que des lignes directrices sur les mesures que peuvent appliquer les particuliers, les collectivités, les utilisateurs des terres, les conservationnistes, les universitaires et les gouvernements intéressés par la conservation de l'espèce et de son habitat.

Pour en savoir plus sur la planification du rétablissement des espèces en péril en Colombie-Britannique, veuillez consulter la page Web du ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique portant sur le sujet à l'adresse suivante (en anglais seulement) :

B.C. Ministry of Environment Recovery Planning

Table des matières - partie 2

Liste des figures

Liste des tableaux

Ministry of Environment de la Colombie-Britannique. 2015. Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) en Colombie-Britannique. Partie 2 in Environnement Canada, 2015, Plan de gestion de la pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) au Canada [Proposition], Série de Plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa, v + 20 pages.

Ryan Batten

On peut télécharger la version anglaise du présent document à partir de la page Web du ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique portant sur la planification du rétablissement (en anglais seulement) :

B.C. Ministry of Environment Recovery Planning

Le présent plan de gestion a été préparé par le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique. Il vise à conseiller les compétences responsables et les organisations susceptibles de participer à la gestion de l'espèce.

Le présent document énonce les mesures de gestion jugées nécessaires, d'après les meilleures connaissances scientifiques et traditionnelles disponibles, pour empêcher que les populations de la pseudocyphellie des forêts surannées de Colombie-Britannique ne deviennent menacées ou en voie de disparition. La mise en œuvre des mesures de gestion visant à atteindre le but et les objectifs énoncés dans le présent document est assujettie aux priorités et aux contraintes budgétaires des organisations participantes. Le but, les objectifs et les approches en matière de gestion pourraient être modifiés à l'avenir afin de tenir compte de nouvelles orientations ou constatations.

Les compétences responsables ont eu l'occasion d'examiner le présent document. Cependant, celui-ci ne présente pas nécessairement les positions officielles des organismes responsables.

Pour que la conservation de l'espèce soit couronnée de succès, il faudra compter sur l'engagement et la coopération des nombreux intervenants qui participeront éventuellement à la mise en œuvre du présent plan de gestion. Le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique invite tous les citoyens de la province à participer à la conservation de la pseudocyphellie des forêts surannées.

Brenda Costanzo (Ministry of Environment [MOE] de la Colombie-Britannique) a préparé le présent plan de gestion, avec le concours de Trevor Goward (Enlichened Consulting Ltd.), Jenifer Penny et Marta Donovan (Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique), Peter Fielder, Dave Fraser et Leah Westereng (MOE) ainsi que Byron Woods (Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations). Les personnes suivantes ont fourni des commentaires additionnels : Paul Johanson [Environnement Canada (EC) - Service canadien de la faune (SCF) - Région de la capitale nationale, Kella Sadler (EC - SCF - Région du Pacifique et du Yukon (RPY) et Matt Huntley (EC - SCF - RPY]. Le financement de l'examen technique et de l'évaluation des menaces a été assuré par le programme Land Based Investment Strategy.

La pseudocyphellie des forêts surannées (Pseudocyphellaria rainierensis) est un lichen foliacé qui pousse habituellement sur le sapin gracieux et est étroitement associé au cyprès de Nootka (ou cyprès jaune), dans les forêts pluviales anciennes de l'ouest de l'Amérique du Nord.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné la pseudocyphellie des forêts surannées comme espèce préoccupante en raison de la perte de forêts anciennes. En outre, l'espèce se caractérise par une faible capacité de dispersion et est restreinte aux milieux très riches en éléments nutritifs, comme les zones de dégouttement des vieux cyprès de Nootka, les pieds de talus et les forêts littorales abritées. Elle est inscrite à titre d'espèce préoccupante au Canada à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). En Colombie-Britannique, la pseudocyphellie des forêts surannées est classée S2S3 (en péril à vulnérable) par le Conservation Data Centre de la province et figure sur la liste bleue provinciale. Le cadre de conservation de la Colombie-Britannique (B.C. Conservation Framework) a attribué à la pseudocyphellie des forêts surannées une priorité de conservation 2 sous les buts 1 et 3 (1 = Participer aux programmes mondiaux de conservation des espèces et des écosystèmes ; 3 = Maintenir la diversité des espèces et des écosystèmes indigènes).

La principale menace qui pèse actuellement sur l'espèce découle de l'exploitation forestière et de la récolte du bois.

Le but de gestion établi pour la pseudocyphellie des forêts surannées consiste à maintenir toutes les populations existantes connues de l'espèce ainsi que toute population qui pourrait être découverte à l'avenir en Colombie-Britannique.

Les objectifs de gestion suivants guideront les travaux à court terme :

  1. Assurer la protection à long terme Content Footnote1 des populations connues de la pseudocyphellie des forêts surannées et de leur habitat;
  2. Déterminer l'ampleur des menaces réelles et potentielles qui pèsent sur l'espèce et son habitat, et atténuer les effets de ces menaces;
  3. Confirmer l'aire de répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées (y compris tout nouvel emplacement) et déterminer de manière fiable les tendances des populations au moyen d'activités de suivi.

Sommaire d'évaluation

Pseudocyphellie des forêts surannées table footnoteb

La pseudocyphellie des forêts surannées est un grand lichen foliacé gris-bleu de 5 à 12 cm de diamètre dont les lobes mesurent 1,5 à 3 cm de largeur. Le corps végétatif du lichen, lobes compris, forme le thalle. La face supérieure du thalle est bleu verdâtre pâle, mais elle prend une coloration brune tirant sur le crème chez les spécimens d'herbier. Les lobes peuvent être parsemés de quelques fossettes; leur marge porte de petits lobules (excroissances) et, à l'occasion, des isidies coralloïdes (structures de reproduction asexuée). La face inférieure est mate, blanche à brun pâle, parsemée de poils courts et de nombreux pores respiratoires blancs. La pseudocyphellie des forêts surannées résulte d'une relation symbiotique entre un champignon et deux partenaires algaux, soit une cyanobactérie (Nostoc sp.) et une algue verte (COSEWIC, 2010). L'algue verte forme une couche continue dans le lichen, tandis que la cyanobactérie est confinée à des renflements localisés.

Répartition

La pseudocyphellie des forêts surannées est une espèce endémique à l'ouest de l'Amérique du Nord, où elle se rencontre dans des régions côtières fraîches et humides depuis le sud-est de l'Alaska jusque dans le nord de l'Oregon. En Alaska, l'espèce est confinée à une bande littorale de quelques km de largeur alors qu'ailleurs, elle pénètre plus loin vers l'intérieur des terres, jusqu'aux versants exposés aux vents dominants de la chaîne Insulaire et de la chaîne des Cascades. En Colombie-Britannique, environ 52 populations de l'espèce se trouvent dans les sous-zones humides et fraîches de la zone côtière à pruche de l'Ouest, à l'intérieur de l'aire de répartition de l'Abies amabilis (sapin gracieux) et du Xanthocyparis nootkatensis (=Chamaecyparis nootkatensis; cyprès de Nootka ou cyprès jaune) (figure 1 et figure 2 ) (COSEWIC, 2010), qui servent souvent d'hôtes à l'espèce et/ou y sont étroitement associés.

Taille des population

On compte 56 populations répertoriées de la pseudocyphellie des forêts surannées en Colombie-Britannique. Quatre de ces populations (EO42, EO44, EO46 et lacs de Nanaimo) sont tenues pour disparues et une population (baie Hartley - EO6) est considérée comme historique. Le nombre total de populations existantes connues est donc de 52 à l'heure actuelle. Parmi ces 52 populations, deux ont été découvertes depuis la publication du rapport de situation du COSEPAC en 2010 : la première près de la rivière Wolf, dans le parc Strathcona (EO55), dans l'île de Vancouver, et la deuxième près de Kitimat, au ruisseau Minette Bay (EO54). Deux populations connues, l'une à l'est de Kitimat (EO4) et l'autre au parc provincial du lac Chilliwack (EO2), n'ont pas été retrouvées depuis les relevés réalisés pour le rapport de situation du COSEPAC publié en 2010, et leur statut est « population non confirmée ».

La plupart des populations de la pseudocyphellie des forêts surannées comprennent de 10 à 30 thalles, à l'exception de deux populations, celles du ruisseau Caycuse (EO44) et celle située à 0,3 km à l'ouest de la rivière White (EO31), qui comptent chacune plus de 500 thalles se trouvant sur un ou deux arbres hôtes (COSEWIC, 2010). Le nombre total de thalles dans les populations actuelles est de 2 277.

Figure 1. Répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées en Amérique du Nord, et aires de répartition du sapin gracieux et du cyprès de Nootka pour comparaison (COSEWIC, 2010).

Répartition en Amérique du Nord
Map: © Environment Canada
Longue description pour la figure 1

La figure 1 est une carte de l'aire de répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées, du sapin gracieux et du cyprès de Nootka en Amérique du Nord. L'espèce se rencontre dans l'extrémité sud de l'Alaska, à l'intérieur d'une distance de quelques kilomètres de l'océan. La carte montre l'emplacement de cinq localités dans cette région, disséminées le long de la côte. En Colombie Britannique, on compte cinq localités dans le district régional de Skeena-Queen Charlotte, deux localités à Graham, une à Haida Gwaii et trois à l'est de Kitimat. Une grande concentration de localités est représentée le long de la côte de l'île de Vancouver, quelques localités se trouvant aussi à l'intérieur des terres, dans la chaîne Insulaire. L'emplacement de quelques localités est également indiqué dans la vallée de la rivière Stafford. Aux États Unis, un grand nombre de localités se trouvent dans la chaîne des Cascades, dans l'État de Washington et en Oregon, et quelques localités sont situées le long de la côte des deux États. L'aire de répartition du sapin gracieux couvre principalement le littoral de la Colombie Britannique et l'île de Vancouver, de même que la chaîne des Cascades. Le cyprès de Nootka possède une aire de répartition semblable à celle du sapin gracieux, et compte également des localités dans l'archipel Haida Gwaii et dans le littoral sud de l'Alaska.

Figure 2. Répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées en Colombie Britannique (BC CDC, 2014).

Répartition en Colombie Britannique
Map: © Environment Canada
Longue description pour la figure 2

La figure 2 est une carte de l'aire de répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées en Colombie Britannique. Cette carte montre les occurrences existantes, non confirmées, disparues et historiques de l'espèce. La plupart des populations existantes sont situées dans le centre de l'île de Vancouver. Quelques autres se trouvent aux extrémités nord et sud de l'île, sur le mont St. John, sur la côte est de l'île Graham et de Haida Gwaii, et à Kitimat. L'emplacement d'une population historique est indiqué dans la baie Hartley. On trouve une population non confirmée au milieu de la frontière sud de la Colombie Britannique, et une autre à Kitimat. Enfin, on compte trois populations disparues dans le nord de l'île de Vancouver et une quatrième dans le sud de l'île.

Tableau 1. Sommaire et description des populations de la pseudocyphellie des forêts surannées en Colombie Britannique Table Footnotei
Emplacement géographique Nom de la population (nom d'occurrence du CDC de la C.-B. traduit librement) Situation de la population Numéro d'EO Table Footnotej du CDC de la C.-B Numéro du site du COSEPAC Dates d'observation du nombre de thalles Régime foncier
Haida Gwaii Secteur Tow Hill, île Graham Existante EO5 1 1971; nombre inconnu Parc provincial
Haida Gwaii Baie Kumdis, île Graham Existante EO52 2 2000; nombre inconnu Inconnu
Haida Gwaii Îlets Bischof, Haida Gwaii Existante EO50 3 2003; 15 thalles Parc national
Kitimat Kitimat, à l'est de Existante EO4 4 1970 - 13 thalles; 2008 - 13 thalles Inconnu
Kitimat Ruisseau Minette Bay Existante EO54 s.o. 2013; aucun dénombrement effectué Inconnu
Kitimat Ruisseau Europa Existante EO51 5 2007; 6 thalles Terres de la Couronne
Kitimat Baie Hartley Historique TablekFootnotek EO6 50 Inconnus Inconnu
Vallée de la Stafford Mont St. John, versant ouest Existante EO7 39 2009; 172 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Lac Stafford, 400 m à l'ouest du Existante EO8 40 2009; 10 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 0,5 km à l'est de la Existante EO9 41 2009; 6 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 1,3 km à l'est de la Existante EO13 42 2009; 32 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 0,5 km à l'ouest de la Existante EO14 43 2009; 50 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 0,37 km à l'est de la Existante EO12 44 2009; 40 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 1,75 km à l'est de la Existante EO11 45 2009; 59 thalles WFP TFL 25
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 0,5 km à l'est de la Existante EO15 s.o. 2009; 4 thalles WFP TFL 25?
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 0,38 km à l'ouest de la Existante EO22 s.o. 2009; aucun dénombrement WFP TFL 25?
Vallée de la Stafford Rivière Stafford, 0,23 km à l'est de la Existante EO23 s.o. 2009; aucun dénombrement WFP TFL 25?
Parc provincial du lac Chilliwack Lac Chilliwack Existante EO2 6 1992 - 3 thalles; 2006 - inconnu Parc provincial
Holberg Rivière Koprino, 0,73 km au sud de la Existante EO47 7 2008; 20 thalles WFP TFL Table Footnotel 6
Port Alice Ruisseau Kewquodie, 0,6 km à l'est du Existante EO45 8 2008; 45 thalles WFP TFL 6
Port Alice Ruisseau Caycuse, 0,1 km à l'ouest et 1,0 km à l'est du Existante EO41 10 2008; 515 thalles WFP TFL 6
Port Alice Ruisseau Teeta Existante EO43 9 2005 - 82 thalles; 2006 - 80 thalles WFP TFL 6
Port Alice Port Alice Existante s.o. 46 2005; 50 thalles WFP TFL 33
Port Alice Ruisseau Coqueis, 0,95 km au nord du Disparue Table Footnotem EO46 49 2005; 1 thalle WFP TFL 43
Port Alice Ruisseau Caycuse, 1,2 km à l'est du Disparue EO44 47 2006; aucun thalle WFP TFL 33
Port Alice Ruisseau Klootchlimmis, 0,65 m à l'est du Disparue EO42 51 2005: 150 thalles WFP TFL 33-966
Péninsule Brooks Ruisseau Kingfisher, péninsule Brooks Existante EO3 11 1977; inconnu Parc provincial
Mont Waddington Ruisseau Karmutzen, île de Vancouver Existante EO53 12 2010; aucun dénombrement WFP TFL 37
Gold River Ruisseau Kleeptee, 3,5 km au nord-ouest du Existante EO18 13 2008; 5 thalles WFP TFL 18
Gold River Ruisseau Kleeptee, 2 km à l'est du Existante EO19 14 2008; 30 thalles WFP TFL 19
Gold River Lac Bull, 0,3 km à l'est du Existante EO21 15 2008; 13 thalles WFP TFL 19
Gold River Rivière Upana, 0,7 km au sud de la

Lac Upana, 0,5 km au sud du
Existante EO25, partiel; EO24 16 2008; 23 thalles WFP TFL 19
Gold River Rivière Upana, 0,7 km au sud de la Existante EO25, partiel 17 2008; 12 thalles WFP TFL 19
Gold River Rivière Ucona, 1,0 km au sud de la Existante EO20 18 2008; 45 thalles WFP TFL 19
Gold River Rivière Muchalat, 5 m à l'ouest de la Existante EO49 19 2009; aucun dénombrement WFP TFL 19
Mont Cain Mont Cain, versant sud-ouest du Existante EO1 20 2006; 30 thalles WFP TFL 37
Sayward Rivière Compton, 3,5 km au nord de la Existante EO36 21 2009; 15 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière Adam/ruisseau Compton, 3,5 km au nord-ouest de la Existante EO35 22 2009; 6 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière Middle Memekay, 1,4 km au sud de la Existante EO39 23 2009; 12 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière White, 300 m à l'est de la Existante EO33 24 et 29 2009; 40 thalles Parc de la rivière White ou WFP TFL 39
Sayward Rivière Middle Memekay, 50 m au nord de la Existante EO37 25 2009; 10 thalles WFP TFL 39
Sayward Sayward (général) Existante s.o. 26 2009; 30 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière Middle Memekay, 1,4 km au sud de la

Rivière Memekay, 1,3 km au sud-est de la
Existante peut-être EO39, partie de EO40 27 2009; 12 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière Middle Memekay, 0,75 km au nord de la

Rivière Memekay, 1,3 km au sud-est de la
Existante EO38, peut-être partie de EO40 28 2009; 50 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière White, 0,3 km à l'ouest de la Existante EO31 30 2009; 524 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière White, 1,5 km à l'est de la Existante EO30 31 2009; 27 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière White, 0,8 km à l'est de la Existante EO29 32 2009; 16 thalles WFP TFL 39
Sayward Rivière White, ruisseau Moakwa, 3 km à l'ouest-sud-ouest de la Existante EO32 s.o. 2008; aucun dénombrement WFP TFL 44?
Sayward Rivière White, 30 m à l'ouest de la, parc provincial de la rivière White Existante EO34 s.o. 2009: 12 thalles WFP TFL 39
Gold River Lac Twaddle, au nord du Existante EO26 33 2007; 10 thalles WFP TFL 19
Gold River Lac Twaddle, au nord du Existante EO26 34 2008; 41 thalles WFP TFL 19
Gold River Ruisseau Elbow, 0,5 km à l'ouest du Existante EO27 35 2007; 10 thalles WFP TFL 19
Rivière Wolf Ruisseau Wolf, parc Strathcona Existante EO55 s.o. 2014 Parc provincial
Clayoquot Rivière Clayoquot Existante s.o. 36 1996; aucun dénombrement Inconnu
Port Alberni Rivière Little Nitinat, 30 m au sud-ouest de la Existante EO16 37 2009; 20 thalles WFP TFL 44
Port Alberni Rivière Nitinat, 2,5 km à l'est de la Existante EO17 38 2009; 105 thalles WFP TFL 44
Port Alberni Lacs Nanaimo (lac Fourth) Disparue s.o. 48 1950; aucun dénombrement WFP TFL 33

La pseudocyphellie des forêts surannées se rencontre dans la zone côtière à pruche de l'Ouest (selon la classification biogéoclimatique des écosystèmes, ou CBE). L'espèce pousse sur les branches et le tronc de conifères des forêts anciennes, plus particulièrement dans les localités et les microsites riches en éléments nutritifs. On la retrouve souvent dans la zone de dégouttement de vieux cyprès de Nootka (cyprès jaune), en pied de pente à la base de versants, et sur le littoral d'anses protégées des vents forts. Les autres espèces d'arbres colonisées par la pseudocyphellie des forêts surannées sont le sapin gracieux, le sapin subalpin (Abies lasiocarpa var. lasiocarpa), l'épinette de Sitka (Picea sitchensis), le douglas de Menzies (Pseudotsuga menziesii), le thuya géant (Thuja plicata), la pruche de l'Ouest (Tsuga heterophylla), la pruche subalpine (Tsuga mertensiana) et l'if de l'Ouest (Taxus brevifolia) (COSEWIC, 2010). La pseudocyphellie des forêts surannées a besoin d'un écosystème forestier humide et clair; l'ombre profonde et le plein soleil sont tous deux nuisibles à l'espèce.

La pseudocyphellie des forêts surannées est une espèce exigeante sur le plan nutritif qui s'établit uniquement sur les conifères dont l'écorce a un pH supérieur à environ 5,0. L'hôte principal de l'espèce dans la plus grande partie de son aire de répartition est le sapin gracieux. Le cyprès de Nootka (Xanthocyparis nootkatensis = Chameacyparis nootkatensis) améliore l'état nutritif des arbres qui poussent dans sa zone de dégouttement. Sa présence favorise donc l'établissement de la pseudocyphellie des forêts surannées dans des milieux où l'espèce ne pousserait habituellement pas (COSEWIC, 2010). Toutefois, le cyprès de Nootka est rarement hôte de la pseudocyphellie des forêts surannées.

La pseudocyphellie des forêts surannées résulte d'une relation symbiotique entre un champignon et deux partenaires algaux (algue verte et cyanobactérie). Le champignon protège les algues en les enveloppant de couches de tissus et assure un approvisionnement constant en humidité en transportant de l'eau dans ses parois cellulaires. De leur côté, l'algue verte et la cyanobactérie, grâce à la photosynthèse, produisent des glucides qui constituent une source d'énergie pour elles-mêmes et pour le champignon (Brodo et al., 2001).

La pseudocyphellie des forêts surannées contribue peut-être de façon minime au cycle de l'azote, en raison de la présence d'algues bleues fixatrices d'azote dans ses lobules (COSEWIC, 2010).

Au Canada, la pseudocyphellie des forêts surannées est confinée aux forêts pluviales tempérées côtières où l'on trouve des arbres de plus de 200 ou 300 ans, et dépend donc des forêts anciennes (COSEWIC, 2010).

Un autre facteur limitatif pour l'espèce est son type de croissance; les lichens résultent d'une relation symbiotique entre un champignon et une algue ou une cyanobactérie. La pseudocyphellie des forêts surannées peut s'établir uniquement sur les arbres dont l'écorce a un pH supérieur à 5,0, ce qui facilite la production d'azote sous une forme accessible (COSEWIC, 2010). Dans les forêts pluviales à hiver humide où se rencontre l'espèce, l'enrichissement en éléments nutritifs est un phénomène plutôt localisé, car les pluies abondantes ont généralement pour effet d'enlever des éléments nutritifs du système. Ce n'est que dans un petit nombre de milieux exceptionnellement capables de retenir les éléments nutritifs que ceux-ci s'accumulent régulièrement en quantité sans doute suffisante pour favoriser l'établissement de cyanolichens arboricoles. Ces milieux exceptionnels se forment généralement soit par interception d'aérosols marins, soit par absorption d'éléments nutritifs à partir d'un sol ou d'un substratum rocheux particulièrement riche. Les deux mécanismes sont associés au phénomène de la zone de dégouttement (Goward et Arsenault, 2000).

La dispersion des lobules et des isidies (excroissances du thalle contenant les partenaires algaux) se fait uniquement sur de faibles distances, ce qui peut constituer un facteur limitatif pour la répartition de l'espèce (COSEWIC, 2010; Sillett et Goward, 1998). La reproduction est assurée exclusivement par la production et la dispersion de lobules ou parfois d'isidies. Ces structures de reproduction asexuée doivent atterrir et se fixer sur une portion de branche ou de tronc se trouvant dans un endroit qui présente une combinaison optimale de conditions d'éclairement, d'exposition à l'humectation, de stabilité écologique et, dans le cas des conifères, d'enrichissement en éléments nutritifs. Les trois premières de ces exigences sont faciles à satisfaire dans la plupart des forêts anciennes, tandis que la quatrième - l'enrichissement - constitue un facteur limitatif pour l'espèce et doit aussi contribuer à sa répartition très discontinue. Il est possible que la rareté relative de la pseudocyphellie des forêts surannées dans les parties nord de son aire de répartition, et notamment dans l'archipel Haida Gwaii, soit au moins en partie attribuable à l'absence de son hôte principal, le sapin gracieux, dans ces secteurs ainsi qu'à l'arrivée relativement récente de son principal facilitateur, le cyprès de Nootka (COSEWIC, 2010).

Les menaces sont définies comme étant les activités ou processus immédiats qui ont entraîné, entraînent ou pourraient entraîner à l'avenir la destruction, la dégradation et/ou la perturbation de l'entité évaluée (population, espèce, communauté ou écosystème) dans la zone d'intérêt (mondiale, nationale ou infranationale) (Salafsky et al., 2008). Dans l'évaluation des menaces, seules les menaces actuelles et futures sont prises en considération. Content Footnote2 Les menaces ne comprennent pas les facteurs limitatifs, qui sont présentés à la section 3.5. Content Footnote3

La classification des menaces présentée ci-dessous est fondée sur le système unifié de classification des menaces de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et du Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership, ou CMP) et est compatible avec les méthodes utilisées par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique. Pour une description détaillée du système de classification des menaces, consulter le site Web « Open Standards » (Open Standards, 2014). Les menaces peuvent être observées, inférées ou prévues à court terme. Les menaces sont caractérisées ici en fonction de leur portée, de leur gravité et de leur immédiateté. L'« impact » de la menace est calculé selon la portée et la gravité de celle-ci. Pour des précisions sur l'établissement des valeurs, voir Master et al. (2012) et les notes au bas du tableau. Les menaces qui pèsent sur la pseudocyphellie des forêts surannées ont été évaluées pour l'ensemble de la province (tableau 2).

Tableau 2. Tableau de classification des menaces pesant sur la pseudocyphellie des forêts surannées en Colombie-Britannique.
No de la menace Description de la menace Impact TablenFootnoten Portée TableoFootnoteo Gravité TablepFootnotep Immédiateté Table Footnoteq Population(s)
3 Production d'énergie et exploitation minière (en anglais seulement) Négligeable Négligeable Extrême Élevée-modérée -
3.2 Exploitation de mines et de carrières Négligeable Négligeable Extrême Élevée-modérée Une population, ruisseau Europa (EO 51)
3.3 Énergie renouvelable Négligeable Négligeable Extrême Élevée-modérée Une population, ruisseau Europa (EO 51)
4 Corridors de transport et de service (en anglais seulement) Faible Petite Extrême Élevée -
4.1 Routes et voies ferrées Faible Petite Extrême Élevée Toutes les populations, sauf celles de 4 ou 5 sites se trouvant dans des parcs
4.2 Lignes de services publics Négligeable Négligeable Extrême Élevée Une population, ruisseau Europa (EO 51)
5 Utilisation des ressources biologiques (en anglais seulement) Moyen Restreinte Extrême Élevée -
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois Moyen Restreinte Extrême Élevée Toutes les populations, sauf celles de 4 ou 5 sites se trouvant dans des parcs
10 Phénomènes géologiques (en anglais seulement) Faible Petite Extrême Modérée -
10.2 Tremblements de terre et tsunamis Faible Petite Extrême Modérée Sites côtiers dans l'île de Vancouver et l'archipel Haida Gwaii
10.3 Avalanches et glissements de terrain Négligeable Négligeable Extrême Élevée Sites côtiers dans l'île de Vancouver
11 Changement climatique et phénomènes météorologiques violents (en anglais seulement) Faible Petite Élevée-légère Élevée -
11.4 Tempêtes et inondations Faible Petite Élevée-légère Élevée Sites côtiers dans l'île de Vancouver

L'impact global des menaces pesant sur la pseudocyphellie des forêts surannées à l'échelle de la province est élevé Content Footnote4. Cette évaluation globale prend en compte les impacts cumulés des diverses menaces. La principale menace qui pèse sur l'espèce découle de l'exploitation forestière et de la récolte du bois (tableau 2). De plus amples informations sur l'impact des menaces sont présentées ci-dessous, sous chacune des menaces de niveau 1.

Menace 3 (UICN-CMP) : Production d'énergie et exploitation minière
3.2 Exploitation de mines et de carrières

Des activités d'extraction d'agrégats pourraient avoir lieu dans une localité située près de Kitimat, au ruisseau Europa (EO51) (COSEWIC, 2010). Si de telles activités devaient être réalisées, la zone serait sans doute d'abord déboisée, les arbres hébergeant la pseudocyphellie des forêts surannées seraient enlevés et la fragmentation de l'habitat augmenterait.

3.3 Énergie renouvelable

Des demandes visant de nombreux projets énergétiques indépendants ont été déposées à l'échelle de la province. De tels projets pourraient avoir diverses conséquences pour la pseudocyphellie des forêts surannées, à commencer par la suppression des embruns des chutes, qui contribuent à fournir un habitat essentiel à des espèces de lichens rares en favorisant un enrichissement en éléments nutritifs et en assurant une régulation thermique et un approvisionnement constant en humidité (Bjork et al., 2009). De plus, les travaux de construction associés aux projets énergétiques indépendants nécessiteraient l'élimination d'arbres, dont certains pourraient héberger la pseudocyphellie des forêts surannées. Des installations hydroélectriques se trouvent actuellement dans la localité du ruisseau Europa (EO51) (COSEWIC, 2010). Étant donné que les projets énergétiques indépendants sont généralement réalisés dans le fond des vallées, l'élimination d'arbres pour la construction de routes pourrait nuire à la dispersion de la pseudocyphellie des forêts surannées. La fragmentation accrue de l'habitat qui en résulterait pourrait réduire la capacité de dispersion de l'espèce dans les forêts adjacentes en raison de l'augmentation de l'effet de bordure (T. Goward, comm. pers., 2014). En outre, l'augmentation de l'effet de bordure entraînerait une hausse de l'intensité lumineuse et une baisse de l'humidité, ce qui diminuerait la superficie d'habitat convenable pour l'espèce.

Menace 4 (UICN-CMP) : Corridors de transport et de service
4.1 Routes et voies ferrées

L'aménagement de routes pour l'exploitation forestière aura une incidence sur la pseudocyphellie des forêts surannées, surtout du fait que les principaux chemins forestiers passent généralement par le fond des vallées, là où pousse habituellement l'espèce. Dans la partie nord de l'île de Vancouver, où la pseudocyphellie des forêts surannées est très présente, les chemins forestiers récemment aménagés pourraient avoir entraîné l'élimination de milliers d'individus. La fragmentation de l'habitat causée par ces chemins réduit la capacité de l'espèce de se disperser dans les forêts adjacentes ainsi que la superficie d'habitat convenable pouvant être colonisée par l'espèce (T. Goward, comm. pers., 2014).

4.2 Lignes de services publics

Comme chaque projet énergétique indépendant nécessite l'aménagement d'un corridor de services, de tels travaux pourraient entraîner la perte d'habitat pour la pseudocyphellie des forêts surannées et l'augmentation des effets de bordure décrits précédemment.

Menace 5 (UICN-CMP) : Utilisation des ressources biologiques
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois

Une partie des localités se trouvent dans des zones d'aménagement de forêt ancienne (six populations), des zones de rétention d'arbres ayant une valeur pour des espèces sauvages Content Footnote5 (six populations) et des zones de conservation des milieux riverains (six populations). La protection de ces zones n'est toutefois pas garantie à l'heure actuelle par la Forest and Range Practices Act Content Footnote6. Par conséquent, les 52 populations existantes, à l'exception de 4 ou 5, se trouvent toutes sur des terres publiques exposées à l'exploitation forestière. La plupart des populations sont situées dans des localités du nord de l'île de Vancouver qui sont visées par une concession de ferme forestière en vigueur. L'exploitation forestière et la récolte du bois entraînent l'élimination d'arbres hôtes et d'arbres contribuant à la création d'habitat (dont le cyprès de Nootka), réduisant ainsi l'habitat convenable pour la pseudocyphellie des forêts surannées. Il faudrait effectuer un suivi périodique de ces populations afin d'évaluer le taux de déclin attribuable à l'exploitation forestière dans l'avenir (T. Goward, comm. pers., 2014).

Menace 10 (UICN-CMP) : Phénomènes géologiques
10.2 Tremblements de terre et tsunamis

Les populations de l'espèce se trouvant à basse altitude le long de la côte sont vulnérables à la perte d'habitat ou à l'immersion en eau salée en cas de tsunami (associé à la forte activité sismique prédite au large de la côte sud de l'île de Vancouver, par exemple) (Province of B.C., sans date). Les populations de Haida Gwaii situées sur l'île Graham (secteur Tow Hill - EO5 et baie Kumdis - EO52) seraient vraisemblablement éliminées par un tel phénomène.

10.3 Avalanches et glissements de terrain

Dans les localités continentales, des glissements de terrain pourraient être causés par des pluies torrentielles et par la déstabilisation de versants due à l'aménagement de chemins forestiers. Les localités côtières sont déjà exposées aux tempêtes hivernales et à leurs fortes pluies,et, avec les changements climatiques, la fréquence et la gravité de ces tempêtes devraient augmenter (Gayton, 2008). Les avalanches ou les glissements de terrain entraîneraient la destruction de l'habitat des arbres hôtes, et il n'y aurait donc plus d'habitat convenable pour la croissance et la reproduction de la pseudocyphellie des forêts surannées.

Menace 11 (UICN-CMP) : Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents
11.4 Tempêtes et inondations

La perte d'arbres hôtes due aux tempêtes et aux inondations peut avoir une incidence négative sur la pseudocyphellie des forêts surannées. De plus, selon des observations effectuées sur le terrain, il semblerait que la pseudocyphellie des forêts surannées soit sensible à l'exposition continue à l'eau de pluie durant les longues tempêtes hivernales. L'augmentation de la gravité des tempêtes hivernales le long de la côte pourrait entraîner la disparition de l'espèce de certaines localités (T. Goward, comm. pers., 2014).

Maintenir toutes les populations existantes connues de pseudocyphellie des forêts surannées ainsi que toute population qui pourrait être découverte à l'avenir en Colombie Britannique.

Le but global est de maintenir toutes les populations existantes connues de l'espèce en Colombie-Britannique, ce qui comprend les populations existantes qui sont connues actuellement et toute population qui pourrait être découverte à l'avenir. Il est impossible de fixer un but de gestion quantitatif pour la pseudocyphellie des forêts surannées, puisqu'on ne possède pas de données démographiques de référence et qu'on ignore les tendances des populations. Comme c'est le cas pour de nombreuses autres espèces de plantes rares, on dispose de très peu d'information concernant la répartition historique de la pseudocyphellie des forêts surannées. Toutefois, l'espèce n'a probablement jamais été plus répandue qu'elle ne l'est aujourd'hui. Comme sa dispersion dépend de la fragmentation des individus (ce qui la rend très lente) et que l'espèce pousse plus ou moins exclusivement dans les forêts anciennes peu exposées aux perturbations à grande échelle, la pseudocyphellie des forêts surannées a probablement étendu son aire de répartition graduellement au cours des 10 000 années écoulées depuis la déglaciation (T. Goward, comm. pers., 2015).

La pseudocyphellie des forêts surannées est un lichen endémique à l'ouest de l'Amérique du Nord. Les 56 populations de l'espèce répertoriées au Canada se trouvent toutes en Colombie-Britannique, où elles sont confinées à une bande littorale dans la partie sud de la province. L'exploitation forestière et la récolte du bois entraîneront probablement la perte d'habitat. Par ailleurs, la faible capacité de dispersion de l'espèce contribue à sa rareté. De plus, les habitats offrant des milieux enrichis en éléments nutritifs, comme les zones de dégouttement de cyprès de Nootka d'âge avancé dans les forêts côtières abritées, sont peu nombreux (COSEWIC, 2010).

La conservation de la pseudocyphellie des forêts surannées devrait être axée sur l'augmentation de la probabilité qu'elle persiste à l'état sauvage. Toutefois, pour empêcher que cette espèce ne devienne une espèce menacée ou en voie de disparition, il faudrait que toutes les populations existantes connues soient maintenues. Une fois qu'on aura remédié aux lacunes dans les connaissances, il sera possible de préciser le but de gestion.

Les objectifs de gestion suivants guideront les travaux à court terme :

  1. Assurer la protection à long terme Content Footnote1 des populations connues de pseudocyphellie des forêts surannées et de leur habitat;
  2. Déterminer l'ampleur des menaces réelles et potentielles qui pèsent sur l'espèce et son habitat, et atténuer les effets de ces menaces;
  3. Confirmer l'aire de répartition de la pseudocyphellie des forêts surannées (y compris toute nouvelle population) et déterminer de manière fiable les tendances des populations au moyen d'activités de suivi.

Les mesures suivantes ont été classées d'après les groupes de mesures du cadre de conservation de la Colombie-Britannique (B.C. Ministry of Environment, 2010). Leur état d'avancement pour l'espèce est indiqué entre parenthèses.

Élaboration du rapport de situation (terminée)
Transmission au COSEPAC (terminée)
Planification (terminée)
Protection de l'habitat et intendance des terres privées (en cours)
Tableau 3. Mesures de gestion recommandées et échéancier de mise en œuvre proposé pour la pseudocyphellie des forêts surannées.
Objectif de rétablissement Mesures pour atteindre les objectifs Menaces Table Footnoter ou préoccupations traitées Priorité Table Footnotes
1

Déterminer le régime foncier.

Établir des mécanismes de protection appropriés selon le type de régime foncier.

TOUT Essentielle
1, 2

Inciter les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres à assurer l'intendance des terres et à les gérer de façon à favoriser la persistance de l'espèce.

Informer les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres de l'emplacement des occurrences de l'espèce sur leurs terres.

Élaborer des pratiques de gestion exemplaires visant à atténuer les menaces.

Déterminer des mesures adéquates de protection de l'habitat à l'échelle de l'écosystème. Lorsque l'espèce se trouve sur des terres de la Couronne, instaurer des mesures de protection en vertu des lois et des politiques gouvernementales existantes.

4,1; 5.3 Essentielle
1, 2 Effectuer un suivi des localités pour évaluer la situation des populations et les effets de toute activité de gestion entreprise pour protéger l'habitat. 4,1; 5.3 Nécessaire
2 Évaluer les menaces et assurer leur suivi afin de déterminer si elles sont potentielles ou réelles. 4.1; 5.3; 10.3; 11.4 Nécessaire
3 Assurer le suivi des sites qui pourraient convenir à l'espèce et des populations existantes en Colombie-Britannique. Inventaire Nécessaire
3

Élaborer et mettre en place un protocole de suivi permettant d'établir des estimations fiables de la taille des populations (y compris la taille des thalles) et de détecter les menaces dans chaque localité connue.

Effectuer le suivi de la situation de la population et des menaces dans les localités connues tous les 5 ans.

4.1; 5.3; 10.3; 11.4 Nécessaire
3 Présenter les résultats du suivi et mettre en œuvre des mesures d'atténuation des menaces, au besoin. 4.1; 5.3; 10.3; 11.4 Bénéfique

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l'atteinte du but et des objectifs de gestion. Des mesures de rendement sont indiquées pour chaque objectif, le but étant l'obtention de chaque résultat mesurable énoncé au cours des cinq prochaines années.

On ne s'attend pas à ce que la planification et la gestion de la conservation de la pseudocyphellie des forêts surannées aient une incidence à court terme, positive ou négative, sur des espèces non ciblées. Parmi les espèces en péril qui pourraient être cooccurrentes figurent l'Autour des palombes de la sous-espèces laingi (Accipiter gentilis laingi), inscrit sur la liste rouge de la province, le Guillemot marbré (Brachyramphus marmoratus), inscrit sur la liste bleue, et la limace-sauteuse dromadaire (Hemphillia dromedarius), inscrite sur la liste rouge. Les activités de conservation et de gestion visant la pseudocyphellie des forêts surannées tiendront compte de la présence de toutes les espèces en péril partageant son habitat, de manière à ce que ces activités n'aient aucun effet néfaste sur ces espèces ou leur habitat.

B.C. Conservation Data Centre. 2015. BC Species and Ecosystems Explorer. B.C. Min. Environ., Victoria, BC. [Consulté le 7 juillet 2014]

B.C. Ministry of Environment. 2010. Conservation framework. B.C. Min. Environ., Victoria, BC. [Consulté le 7 juillet 2014]

Brodo, I.M.,. S.D. Sharnoff, S. Sharnoff. 2001. Lichens of North America. Yale University Press, New Haven and London.

Bjork, C.R., T. Goward, and T. Spribille. 2009. New records and range extensions of rare lichens from waterfalls and sprayzones in inland British Columbia, Canada. Evansia 26(4):219-224.

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Gayton, D. 2008. Impacts of climate change on British Columbia's biodiversity - a literature review. FORREX publications, Kamloops, BC. PDF [Consulté le 22 octobre 2014]

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Trevor Goward, Enlichened Consulting Ltd., Clearwate (Colombie-Britannique).


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