Plan de gestion de la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) au Canada – 2014 [Proposition]

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Environnement Canada. 2014. Plan de gestion de la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) au Canada [Proposition], Série de Plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril Environnement Canada. Environment Canada, Ottawa. iii + 26 pp.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Joe Crowley

Also available in English under the title:
"Management Plan for the Milksnake (Lampropeltis triangulum) in Canada [Proposed]"

Également disponible en français sous le titre « Plan de gestion de la couleuvre tachetée(Lampropeltis triangulum) au Canada [Proposition] »

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l'Environnement, 2014. Tous droits réservés.

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Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'indiquer la source.

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des plans de gestion pour les espèces inscrites comme étant préoccupantes et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public de la LEP.

Le ministre de l’Environnement du Canada et le ministre responsable de l’Agence Parcs Canada sont les ministres compétents pour la gestion de la couleuvre tachetée et ont élaboré ce plan de gestion, conformément à l’article 65 de la LEP. Dans la mesure du possible, il a été préparé en collaboration avec le gouvernement de l’Ontario et le gouvernement du Québec.

La réussite de la conservation de l’espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent plan de gestion. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada ou toute autre compétence. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont donc invités à appuyer ce plan de gestion et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de la couleuvre tachetée et de l’ensemble de la société canadienne.

La mise en œuvre du présent plan de gestion est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

L’ébauche du présent plan de gestion a été élaborée par Jennie L. Pearce (Pearce and Associates Ecological Research) et David Anthony Kirk (Aquila Conservation and Environment Consulting), avec la participation et sous la direction d’Angela McConnell (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario). Il a été mis à jour et révisé par Rachel deCatanzaro et Lee Voisin (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario), Tianna Burke et Louis Gagnon (anciennement d’Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région de l’Ontario). Merci à Sylvain Giguère, Mark Dionne et Gabrielle Fortin (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), Karine Bériault (ministère des Richesses naturelles de l’Ontario) et James Paterson (Ontario Nature) pour leur contribution et leur avis, ainsi qu’aux équipes des centres de données sur la conservation et des projets d’atlas des reptiles et des amphibiens.

Merci aussi à toutes les parties ayant fourni des avis et des commentaires dans le cadre de l’élaboration du présent plan de gestion, notamment les Autochtones, les organismes autochtones, les citoyens et les intervenants qui ont transmis leur avis et/ou participé aux réunions de consultation.

La couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) est un serpent constricteur non venimeux de la famille des Colubridés. Au Canada, on la rencontre dans le sud de l’Ontario, jusqu’à Sault Ste. Marie et au lac Nipissing vers le nord. Elle vit également dans le sud-ouest du Québec, principalement à proximité de Montréal (en Montérégie) et de Gatineau. La distribution actuelle de la couleuvre tachetée au sein de son aire de répartition connue au Canada n’est pas bien comprise, et on ne dispose pas suffisamment de données pour évaluer les tendances de l’espèce en matière d’abondance et de répartition.

La couleuvre tachetée occupe une grande variété d’habitats naturels et anthropiques, incluant les prairies, les prés, les pâturages, les prés de fauche, les affleurements rocheux, les versants rocheux des collines et les forêts. Elle a besoin d’abris convenables pour pondre ses œufs, hiberner et assurer sa thermorégulationFootnote[1].

Les facteurs limitatifs au Canada ne sont pas bien connus, mais l’aire de répartition canadienne de la couleuvre tachetée semble dépendre de la température et de l’habitat convenable pour la ponte des œufs. De plus, la résilience des populations de couleuvres tachetées pourrait être limitée par les caractéristiques biologiques de l’espèce. La couleuvre tachetée est longévive et a une maturité sexuelle tardive; les femelles n’auraient qu’une couvée aux deux ans. Par conséquent, une hausse même légère de la mortalité chez les adultes pourrait entraîner un déclin des populations.

Les principales menaces qui pèsent sur la couleuvre tachetée au Canada incluent : le développement urbain et industriel, et le développement agricole intensif; l’abattage sélectif; la mortalité routière; l’élimination des vieux bâtiments agricoles; les perturbations causées par les activités récréatives des humains; la prédation par les animaux domestiques; la mortalité causée par la machinerie agricole; le commerce d’animaux de compagnie.

L’objectif de gestion de la couleuvre tachetée est de maintenir les populations dans toute l’aire de répartition connue de l’espèce au Canada où elle est présente et, dans la mesure du possible, de combler les lacunes dans les connaissances sur l’espèce (données démographiques, utilisation de l’habitat, menaces qui pèsent sur la sous-espèce qu’on trouve au Canada). Des stratégies générales visant à atteindre les objectifs de gestion sont décrites dans la section 6.2. Plusieurs initiatives visant la conservation de la couleuvre tachetée ont été achevées ou sont en cours.

Des mesures de conservation visant l’atteinte de l’objectif de gestion sont proposées. Quand cela est possible, les mesures de conservation réussiront le mieux par l’intermédiaire d’une approche intégrée tenant compte des activités de rétablissement visant d’autres espèces de serpents en péril. On ne prévoit pas que les mesures de conservation visant la couleuvre tachetée au Canada auront des effets néfastes sur les espèces non visées; ces mesures de conservation devraient avoir des effets bénéfiques pour d’autres espèces en péril.

Date de l'évaluation :
Mai 2002
Nom commun (population) :
Couleuvre tachetée
Nom scientifique :
Lampropeltis triangulum
Situation selon le COSEPAC :
Espèce préoccupante
Justification de la désignation :
Cette espèce est encore largement répandue en Ontario, mais de l'information anecdotique indique qu'elle s'y trouve en petits nombres. L'espèce maintient une population petite, mais apparemment stable, au Québec. La couleuvre tachetée de l'Est est assujettie à des taux élevés de mortalité sur la route et est tuée délibérément en raison de sa ressemblance avec des espèces venimeuses. Actuellement, il n'existe que des renseignements anecdotiques sur la biologie de cette espèce au Canada; il n'existe aucune donnée quantitative sur le cycle biologique, les mesures démographiques, ni sur l'abondance ou les tendances de l'abondance.
Présence au Canada :
Ontario et Québec
Historique du statut selon le COSEPAC :
Espèce désignée « préoccupante » en mai 2002.

Bien que la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum)Footnote[2] soit désignée non en périlFootnote[3] tant à l’échelle mondiale (G5) qu’aux États-Unis (N5), elle est considérée comme gravement en périlFootnote[4] (S1) dans le district fédéral de Columbia et au Delaware, et en périlFootnote[5] (S2) en Arizona, au Montana et en Caroline du Sud (NatureServe, 2012). L’annexe A présente la liste complète des cotes infranationales attribuées à la couleuvre tachetée dans l’ensemble de son aire de répartition aux États-Unis.

Au Canada, la couleuvre tachetée est cotée « vulnérableFootnote[6] à apparemment non en périlFootnote[7] » (N3N4) à l’échelle nationale, ce qui révèle une certaine incertitude entourant la situation de l’espèce. À l’échelle infranationale, elle est cotée « vulnérable » (S3) en Ontario et au Québec, les deux seules provinces où elle est présente. La couleuvre tachetée est inscrite à titre d’espèces préoccupantes à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) fédérale. Elle est également inscrite à titre d’espèce préoccupante à l’annexe 4 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) de l’Ontario. Au Québec, la couleuvre tachetée est inscrite sur la liste d’espèces menacées ou vulnérables susceptibles d’être ainsi désignées de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (RLRQ, ch. E-12.01) du Québec. La couleuvre tachetée est également désignée reptile « spécialement protégé » aux termes de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune de l’Ontario (L.O. 1997, ch. 41).

On estime qu’environ 7 % de l’aire de répartition mondiale de la couleuvre tachetée se trouve au Canada.

La couleuvre tachetée est un serpent constricteur non venimeux de la famille des Colubridés; elle est pourvue d’écailles brillantes et lisses aux couleurs vives et a une plaque anale simple (non divisée). Il existe actuellement 25 sous-espèces de couleuvres tachetées, dont les couleurs et les motifs varient énormément (COSEPAC, 2002). Ce grand degré de variation donnait à penser qu’il existait plusieurs espèces (voir par exemple Savage, 2002; Pyron et Burbrink, 2009), mais aucune donnée génétique n’était disponible à l’époque pour appuyer cette hypothèse. Certaines études récentes soutiennent maintenant une modification de l’arborescence des diverses sous-espèces de la couleuvre tachetée. En effet, d’après de nouvelles analyses génétiques, la sous-espèce qu’on trouve au Canada pourrait être reconnue comme une espèce distincte, soit la « couleuvre tachetée de l’Est ». Cela ne modifierait cependant pas le nom latin Lampropeltis triangulum ni la cote de conservation de l’espèce (Ruane et coll., 2013; Bryson et coll., 2007). Toutes les sous-espèces sont tricolores, avec des taches ou des anneaux dorsauxFootnote[8] rouges ou bruns, bordés de noir sur un fond blanc ou chamois (Conant et Collins, 1998). L’espèce est discrète et tente souvent de fuir lorsqu’on l’approche. Elle peut toutefois faire vibrer sa queue, siffler et mordre quand elle est menacée (Conant et Collins, 1998).

Seule la sous-espèce la plus septentrionale, dite « couleuvre tachetée de l’Est », de L. t. triangulum(figure 1) vit au Canada. Elle atteint généralement une longueur de 60 à 90 cm (Strickland et Rutter, 1992, in COSEPAC, 2002). De grandes taches ovales rouges ou brun rougeâtre entourées de noir ornent le dos et une ou deux rangées de taches plus petites ornent les flancs. Les taches sont rouge vif chez les jeunes, puis perdent de leur éclat au fil de leur croissance (Harding, 1997). Une tache pâle en forme de Y ou de V couvre habituellement sur l’arrière de la tête et le cou de la couleuvre. La face ventrale présente un motif de carreaux noirs en damier sur un fond chamois, gris ou blanchâtre, qui peut être assombri par des pigments foncés chez les individus plus âgés (Harding, 1997). Hormis la tendance des mâles à être plus longs que les femelles, il n’est généralement pas facile de distinguer les deux sexes d’après leurs caractéristiques externes (Harding, 1997).

Au Canada, la couleuvre tachetée peut-être confondue avec plusieurs autres espèces de couleuvres portant des taches dont les aires de répartition chevauchent la sienne, notamment le massasauga (Sistrurus catenatus), la couleuvre fauve de l’Est (Pantherophis gloydi), la couleuvre d’eau (Nerodia sipedon), la couleuvre à nez plat (Heterodon platirhinos) et les juvéniles de la couleuvre obscure de l’Est (Pantherophis spiloides). Le massasauga a un corps beaucoup plus épais, une couleur plus foncée, des taches en forme de selle, une pupille verticale et une cascabelle distinctive au bout de la queue. Les fossettes thermosensibles du massasauga lui donnent une tête en forme de flèche, ce qui le différencie des autres espèces de couleuvre de l’Ontario. La couleuvre fauve de l’Est, quant à elle, ne présente pas d’écailles lisses ni, habituellement, de tache distinctive en forme de V ou de Y sur la tête, et sa plaque anale est diviséeFootnote[9]. La couleuvre à nez plat a un corps plus épais que la couleuvre tachetée par rapport à sa longueur, ainsi qu’un museau retroussé distinctif. Chez la couleuvre d’eau, les écailles sont fortement carénées (ou rugueuses) et les marques dorsales forment des bandes plutôt que de taches. Enfin,chez les couleuvres obscures juvéniles, le motif dorsal est formé de taches gris foncé ou brunes sur fond pâle et la plaque anale est divisée ou semi-divisée. Rowell (2013) présente un résumé récent de l’histoire naturelle, de la répartition et de la situation des couleuvres de l’Ontario, incluant la couleuvre tachetée.

La sous-espèce de L. t. triangulum dite « couleuvre tachetée de l’Est » est la sous-espèce la plus nordique de la couleuvre tachetée; son aire de répartition couvre 26 États et 2 provinces, du sud du Maine et du Québec jusqu’au Minnesota et à l’Iowa vers l’ouest et jusque dans le nord de la Géorgie et de l’Alabama vers le sud (COSEPAC, 2002; Conant et Collins, 1998; figure 1). L’aire de répartition de L. t. triangulum chevauche dans une certaine mesure celles d’autres sous-espèces dans certaines parties de son aire de répartition aux États-Unis (Conant et Collins, 1998; COSEPAC, 2002). Dans le présent document, la sous-espèce triangulum, dite « couleuvre tachetée de l’Est », est ci-après appelée « couleuvre tachetée ».

Figure 1. Aire de répartition de la couleuvre tachetée au Canada et aux États-Unis (tirée de NatureServe, 2012), et occurrence de la sous-espèce triangulum (d'après Conant et Collins, 1998).

Carte

Description longue pour la figure 1

La figure 1 présente la répartition nord-américaine de la couleuvre tachetée, y compris la répartition de la sous-espèce de la couleuvre tachetée de l’Est. L’aire de répartition globale de la couleuvre tachetée s’étend du sud du Maine jusqu’à la Floride, à l’est, et du Dakota du Sud jusqu’au Texas, à l’ouest, mais l’aire de répartition devient de plus en plus fragmentée dans la partie ouest. L’aire de répartition de la couleuvre tachetée de l’Est s’étend du sud du Maine jusqu’à la Caroline du Nord à l’est, jusqu’au sud du Minnesota à l’ouest. Au Canada, l’aire de répartition de la couleuvre tachetée de l’Est comprend une petite superficie dans la partie sud du Québec et la partie sud de l’Ontario, de Sault Ste. Marie jusqu’à la frontière du Québec.

Au Canada, la couleuvre tachetée est présente dans l’ensemble de la zone carolinienne et de la zone des Grands Lacs et du Saint-Laurent (COSEPAC, 2009). En Ontario, il existe des mentions de l’espèce dans des régions relativement nordiques, comme dans les régions de Sault Ste. Marie, du lac Nipissing et de la rive nord du lac Huron (). L’aire de répartition actuelle de la couleuvre tachetée en Ontario s’étend, depuis l’extrême sud-ouest de la province jusqu’au lac Echfigure 2o (dans le district d’Algoma), et jusqu’à Ottawa et Brockville, à l’est (Rowell, 2013). Au Québec, l’espèce ne vit que dans une étroite section du sud-ouest de la province (Bider et Matte, 1996), où on l’observe régulièrement dans les basses terres du Saint-Laurent, notamment en Montérégie, à proximité de Montréal, ainsi que dans la région de Gatineau (Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec, 2012; figure 3). On estime que la zone d’occurrence au Canada atteint environ 229 285 km2 (COSEPAC, 2014).

Des travaux récents visant la couleuvre tachetée ont permis de confirmer sa présence dans toutes les régions de l’Ontario qui se trouvent actuellement dans l’aire de répartition connue de l’espèce; au Québec, selon des observations récentes, elle serait présente à l’extérieur de son aire de répartition documentée (COSEPAC, 2014). On estime que les effectifs de la population adulte totale au Canada dépassent les 10 000 individus (COSEPAC, 2014). Certains signes indiquent toutefois que des populations de couleuvres tachetées des grands centres urbains et des régions d’agriculture intensive (soit dans la majeure partie du sud de l’Ontario) ont été perdues. Les occurrences de l’espèce y sont extrêmement rares ou inexistantes, et on présume que l’espèce a disparu de certains emplacements historiques de la région (COSEPAC, 2014).

Les données sur la couleuvre tachetée continuent d’être obtenues grâce aux mentions transmises par le public ou par des organismes de conservation, ou dans le cadre de relevés d’espèces en péril associées aux demandes relatives aux projets d’aménagement. Les bénévoles de l’atlas des reptiles et des amphibiens de l’Ontario et ceux de l’Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec recueillent des données sur la distribution de l’espèce en Ontario et au Québec, respectivement. Les estimations de l’abondance des populations sont toutefois difficiles à déterminer parce que les taux de détection sont faibles et que les protocoles utilisés pour la plupart des observations ne sont pas uniformes (Paterson, comm. pers., 2012).

Figure 2. Aire de répartition de la couleuvre tachetée en Ontario (Ontario Nature, 2013)Footnote[10].

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Description longue pour la figure 2

La figure 2 présente les observations de couleuvres tachetées en Ontario. Les observations sont classées comme étant des observations récentes (de 1993 à aujourd’hui) ou des observations historiques (antérieures à 1993). Les observations sont dispersées dans le sud de l’Ontario, avec un plus grand nombre d’observations sur la péninsule Bruce et dans les environs d’Hamilton.

Figure 3. Occurrences de la couleuvre tachetée au Québec.

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Description longue pour la figure 3

La figure 3 montre les occurrences actuelles et historiques de la couleuvre tachetée au Québec. La plupart des observations sont concentrées autour des régions de Gatineau et de Montréal.

La couleuvre tachetée occupe une grande variété d’habitats naturels et anthropiques, incluant les prairies, les prés, les pâturages, les prés de fauche, les affleurements rocheux, les versants rocheux des collines et les forêts (de feuillus, de conifères, mixtes). Une analyse de la distribution de la couleuvre tachetée dans le sud de l’Ontario (à l’échelle du macrohabitat) a révélé que l’espèce était plus abondante dans les zones où le couvert forestier est important, où l’habitat naturel est plus abondant (Lamond, 1994 inCOSEPAC, 2002). En outre, une étude réalisée dans l’est de l’Ontario (dans des secteurs où le couvert forestier est important) indique que l’espèce préfèrerait les domaines vitaux au couvert forestier important, et n’utiliserait vraisemblablement les microhabitats ouverts (affleurements rocheux et champs) et de lisière que pour la thermorégulation (Row, 2005; Row et Blouin-Demers, 2006a). Au Québec, la plus grande concentration d’observations de couleuvres tachetées se trouve dans des régions visées par le développement urbain (près de Gatineau et dans l’ouest de l’île de Montréal) (COSEPAC, 2002). La superficie du domaine vital de la couleuvre tachetée varie de 10 ha à 20 ha aux États-Unis (Fitch et Fleet, 1970; Kjoss et Litvaitis, 2001). Les couleuvres se déplacent dans leur domaine vital tout au long de l’année pour diverses raisons, par exemple pour se déplacer entre les sites d’alimentation, d’hibernation ou d’exposition au soleil. Les corridors d’habitat naturel, comme les milieux riverains, sont importants pour faciliter les déplacements. On rencontre fréquemment l’espèce en milieu rural, autour de bâtiments comme les granges, les hangars et les habitations, et parfois dans des parcs et des jardins de banlieue (COSEPAC, 2002). On sait que les couleuvres tachetées vivent ou hibernent dans les constructions humaines et les débris, comme les caves ou les fondations en mauvais état (Rowell, 2013). On peut aussi trouver l’espèce à proximité des sources d’eau (Oldfield et Moriarty, 1994) comme les bords des tourbières, des marais et des marécages et dans d’autres milieux humides (Rowell, 2013).

Habitat de ponte

Les couleuvres tachetées pondent de 8 à 16 œufs par couvée (Rowell, 2013) dans une variété de substrats, dont les gros débris ligneux (p. ex. souches) en décomposition, les terriers de mammifères, les tas de fumier, de feuilles, de bran de scie, le compost, du sable, sous des panneaux ou dans le sol meuble. Plusieurs femelles peuvent déposer leurs œufs dans un même site de ponte, à plusieurs centimètres les uns des autres (possiblement en raison de la rareté des sites convenables pour la ponte) (Tyning, 1990; COSEPAC, 2002). L’incubation des œufs dure de 50 à 70 jours, à une température constante d’environ 24 °C (Ernst et Barbour, 1989).

Habitat d'hibernation

Les couleuvres tachetées peuvent hiberner en groupe et requièrent des sites d’hibernation qui conservent une température optimale de 4 °C à 6 °C ainsi qu’un taux d’humidité suffisant pour éviter la déshydratation pendant l’hiver. Les couleuvres tachetées utilisent des hibernaculaFootnote[11] variés, soit des sites naturels comme des terriers et des anfractuosités rocheuses ou des structures anthropiques comme les fondations de vieux bâtiments ou d’autres débris (p. ex. pièces d’automobiles, vieux tuyaux) (Rowell, 2013).

Habitat de thermorégulation

Les couleuvres tachetées choisissent les habitats ouverts et les habitats de lisière pour répondre à leurs besoins en matière de thermorégulation. Ces habitats leur permettent de s’exposer au soleil pour hausser leur température corporelle (Row et Blouin-Demers, 2006a; Row et Blouin-Demers, 2006b). Dans ces microhabitats, les couleuvres tachetées préfèrent s’abriter sous des objets (panneaux, souches, tas de roches, déchets, métal) directement exposés au soleil, qui leur fournissent une certaine protection contre les prédateurs, plutôt que de rester à découvert (COSEPAC, 2002). La nuit, elles peuvent aussi absorber la chaleur dégagée par les routes au revêtement noir (Harding, 1997). À l’approche de l’automne et de l’hiver, à mesure que la température baisse, les couleuvres tachetées tendent à se réfugier sous la ligne de gel (Johnson, 1989).

Alimentation

La couleuvre tachetée est un prédateur opportuniste qui s’alimente exclusivement de proies de taille relativement petite (Tyning, 1990). On a observé des jeunes se nourrissant de vers de terre et de petits d’autres couleuvres, et il est probable qu’ils consomment d’autres petites proies telles que des amphibiens ou des invertébrés. Les rongeurs semblent constituer la source de nourriture la plus importante, mais on sait que les couleuvres tachetées adultes se nourrissent d’oiseaux (et de leurs œufs), de reptiles, de poissons, d’amphibiens et d’invertébrés (COSEPAC, 2002).

Prédateurs

Parmi les prédateurs de la couleuvre tachetée figurent le ouaouaron (Rana catesbeiana), le Moqueur roux (Toxostoma rufum), le raton laveur (Procyon lotor), le coyote (Canis latrans), les rapaces diurnes et nocturnes, les renards, les mouffettes, l’opossum d’Amérique, d’autres serpents (incluant la couleuvre tachetée elle-même). Les belettes et les musaraignes, qui chassent sous terre, peuvent aussi s’en prendre aux œufs et aux petits qui hibernent. Les chiens et les chats, domestiques ou féraux, peuvent également tuer des couleuvres tachetées (COSEPAC, 2002).

Comme chez de nombreux autres reptiles, la résilience des populations de couleuvres tachetées peut être limitée par les caractéristiques biologiques de l’espèce. La couleuvre tachetée est une espèce relativement longévive : elle peut vivre de 10 à 20 ans et, en captivité, des individus de plus de 20 ans ont été observés (Harding, 1997; Ernst et Barbour, 1989). Elle n’atteint pas la maturité sexuelle avant environ 3 ou 4 ans (Fitch et Fleet, 1970; DeGraff et Rudis, 1983; Harding, 1997). On en sait encore très peu sur la couleuvre tachetée; on croit toutefois qu’elle est présente en faible densité et que les femelles n’ont qu’une couvée aux deux ans (Tyning, 1990). En raison de ces caractéristiques du cycle vital, même une faible hausse de la mortalité chez les adultes pourrait entraîner un déclin des populations (Ontario Nature, 2012).

L’aire de répartition de la couleuvre tachetée au Canada est limitée par la température. Au Canada, la brièveté de la saison d’activité (de mai à octobre), combinée à la longueur de la période d’incubation (de 50 à 70 jours) à une température constante d’environ 24 °C (COSEPAC, 2002), limite probablement le succès de la reproduction au pays, où l’espèce se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition. En outre, on connaît peu de choses sur la survie des petits nouvellement éclos, mais il est possible qu’ils meurent s’ils manquent de temps pour se nourrir avant leur premier hiver et s’ils ne parviennent pas à trouver un site d’hibernation optimal (A. Lentini, comm. pers., 2002). Au Canada, la disponibilité d’habitat convenable pour la ponte et l’hibernation pourrait aussi limiter l’aire de répartition de l’espèce.

D’autres facteurs limitent vraisemblablement la survie, la reproduction et la répartition de la couleuvre tachetée au Canada. Toutefois, on ne dispose pas suffisamment d’information sur le taux de survie, la mortalité et les effectifs de l’espèce au pays pour évaluer ces facteurs.

Tableau 1. Tableau d'évaluation des menaces
Menace Niveau de préoccu-pationFootnote[1] Étendue Occurrence Fréquence GravitéFootnote[2] Certitude causaleFootnote[3]
Destruction ou dégradation de l'habitat Développement urbain et industriel, développement agricole intensif Élevé Généralisée Historique/ courante/ anticipée Récurrente Modérée Moyenne
Destruction ou dégradation de l'habitat Élimination des vieux bâtiments agricoles Moyen Généralisée Courante/ anticipée Récurrente Faible Moyenne
Perturbation ou dommage Abattage sélectif Élevé Généralisée Courante Saisonnière Faible Moyenne
Mortalité accidentelle Mortalité routière Élevé Généralisée Courante Saisonnière Modérée Moyenne
Mortalité accidentelle Mortalité causée par la machinerie agricole Faible Généralisée Courante Saisonnière Modérée Faible
Espèce exotique, envahissante ou introduite Prédation par les animaux domestiques ou féraux et les prédateurs favorisés par les activités humaines Moyen/
Faible
Généralisée Courante Continue Faible Faible
Espèce exotique, envahissante ou introduite Mycose Faible Inconnue Anticipée Inconnue Inconnue Faible
Utilisation des ressources biologiques Commerce d’animaux de compagnie Faible Généralisée Courante Récurrente Faible Faible

Historiquement, la conversion des forêts et des champs pour le développement urbain et industriel et le développement agricole intensif a entraîné une perte et une fragmentation de l’habitat de la couleuvre tachetée en Ontario et au Québec (Harding, 1997; COSEPAC, 2002). Par exemple, environ 90 % du couvert forestier original et 72 % des terres humides originales du sud-ouest de l’Ontario ont été convertis à des fins agricoles (Larson et coll., 1999; Ducks Unlimited Canada, 2010). Aujourd’hui, le développement continue de présenter une menace dans beaucoup de régions. En particulier, l’urbanisation menace les régions à fortes concentrations de couleuvres tachetées, soit Gatineau et l’ouest de l’île de Montréal, au Québec, et la région du Grand Toronto, en Ontario (COSEPAC, 2002).

Bien qu’il soit probable que le développement ait mené à la réduction de l’abondance ou à l’élimination de certaines populations locales de couleuvres tachetées, la gravité de cette menace est difficile à évaluer, car l’espèce semble utiliser un vaste éventail de types d’habitat et peut être commune dans des paysages anthropisés, notamment en zone agricole et en banlieue (Harding, 1997; COSEPAC, 2002).

Les vieux bâtiments agricoles et les granges datant d’avant l’industrialisation de l’agriculture continuent d’être éliminés du paysage pour laisser la place à l’agriculture industrielle ou au développement urbain ou industriel, ou pour des raisons de sécurité. La destruction de ces bâtiments peut entraîner la perte de sites de ponte, d’alimentation ou d’hibernation des couleuvres tachetées. Dans la région de Toronto, les populations de couleuvres tachetées se trouvent souvent à proximité de vieux bâtiments agricoles ou de lieux où se trouvaient autrefois des fondations de bâtiments (Johnson, 1989), et on s’attend à ce que beaucoup des bâtiments restants soient démolis à des fins d’aménagement urbain (COSEPAC, 2002). En outre, il est possible que les granges modernes et les pratiques agricoles d’aujourd’hui aient mené à la diminution des populations de rongeurs, ce qui réduit la disponibilité des proies des couleuvres tachetées dans les paysages agricoles (COSEPAC, 2002).

Les gens ont souvent peur des couleuvres tachetées parce qu’ils craignent leur comportement défensif ou parce qu’ils les confondent avec les massasaugas, une espèce venimeuse, à cause de leur couleur et de leur tendance à faire vibrer leur queue lorsqu’elles se sentent menacées (COSEPAC, 2002; Ontario Nature, 2012). Ces facteurs, combinés à d’autres idées fausses entourant l’espèce et le fait qu’elle pénètre parfois dans les maisons, font en sorte que les couleuvres tachetées sont souvent tuées par les humains (COSEPAC, 2002). Indubitablement, une grande partie des abattages survenant sur des propriétés résidentielles ne sont pas rapportés, et c’est pourquoi il est difficile d’évaluer la gravité de cette menace; toutefois, un grand nombre des observations de massasaugas rapportées chaque année sont en réalité des couleuvres tachetées mal identifiées (COSEPAC, 2014; Johnson, 1989; Bériault, comm. pers., 2009). La couleuvre tachetée, comme toutes les autres couleuvres, peut être blessée ou tuée en raison de l’aversion que beaucoup entretiennent à l’égard des serpents (Nolan et coll., 2006). Des études sur l’abattage intentionnel des couleuvres par les automobilistes ont révélé que certains conducteurs tentent effectivement d’écraser les couleuvres, et qu’environ 2,7 % des conducteurs les heurtent intentionnellement (Langley et coll., 1989; Ashley et coll., 2007).

Un fort pourcentage des mentions de couleuvres tachetées en Ontario provient des signalements d’individus tués sur les routes (COSEPAC, 2002). Par exemple, 22 couleuvres tachetées mortes ont été relevées au cours d’une étude menée sur la promenade des Mille-îles, dans l’est de l’Ontario, entre 2008 et 2011 (Garrah, 2012). La mortalité routière semble atteindre un maximum au printemps et à l’automne, tendance qui s’explique sans doute par les déplacements en depuis et vers les hibernacula. Toutefois, la mortalité routière survient tout au long de la saison d’activité, ce qui donne à penser que les couleuvres sont tuées pendant la dispersion et la migration (Ashley et Robinson, 1996). Les routes peuvent exercer un attrait pour la thermorégulation, pour l’alimentation (présence accrue de proies dans les fossés) et pour les déplacements dans le domaine vital, ce qui entraîne des cas de mortalité causés par les véhicules (Harding, 1997; Fourtney et coll., 2012). Toutes les routes qui traversent le domaine vital des couleuvres tachetées représentent une menace et sont susceptibles d’être une cause de mortalité.

La mortalité routière peut aussi être causée par d’autres modes de transport tels que les vélos et les véhicules hors route ainsi que par les piétons. L’aménagement de sentiers urbains ou ruraux et la circulation de piétons, de véhicules hors route et de vélos dans l’habitat de la couleuvre tachetée peuvent avoir des impacts (mortalité ou blessures) sur les individus ou les nids en raison du piétinement, et entraîner la perturbation ou la perte d’habitat d’hibernation.

Les couleuvres tachetées, souvent présentes en milieu rural, peuvent s’introduire dans la machinerie (l’équipement de fenaison, p. ex.) pendant les travaux agricoles courants (COSEPAC, 2002). La mortalité peut aussi se produire quand les œufs sont pondus dans les tas de compost, de sciure de bois ou de fumier, et détruits lorsque ces tas sont perturbés ou déplacés (Froom, 1972; Lamond, 1994; Tyning, 1990).

En raison de l’importante présence humaine dans l’aire de répartition de la couleuvre tachetée au Canada et du fait que l’espèce utilise des milieux anthropisés, la prédation par des chiens ou des chats, domestiques ou féraux, ainsi que par des ratons laveurs et des mouffettes peut constituer une importante menace (COSEPAC, 2014). Dans les zones résidentielles ainsi qu’aux abords des fermes ou des terres agricoles, l’impact de la présence d’un grand nombre de chats domestiques ou féraux sur les populations de couleuvres tachetées peut être particulièrement grave (Carbone et Gittleman, 2002). Selon une étude récente, les chats féraux représenteraient une importante menace pour les populations de reptiles aux États-Unis (Loss et coll., 2013); les chats féraux pourraient également être une menace pour la couleuvre tachetée dans les zones urbaines de l’Ontario. Dans le sud de l’Ontario, les populations de ratons laveurs sont importantes (environ 1,1 million d’individus), particulièrement autour des zones urbaines, où l’on trouverait de 8 à 18 ratons laveurs par kilomètre carré (OMNR, 2009). L’abondance de mouffettes peut également être plus grande dans les paysages anthropisés, accentuant ainsi la prédation.

Une mycose (Snake Fungal Disease) est en émergence chez les serpents sauvages et touche actuellement la couleuvre tachetée, le massasauga et la couleuvre d’eau (Sleeman, 2013). On ne dispose pas d’information sur les occurrences de cette affection au Canada, mais des cas ont été relevés dans plusieurs États américains des Grands Lacs, notamment ceux de New York, de l’Ohio et du Wisconsin (Sleeman, 2013). La mycose peut entraîner la mort dans certains cas, mais on ne dispose d’aucune information sur ses effets à l’échelle des populations. Elle pourrait toutefois représenter une menace pour les petites populations isolées, pour lesquelles elle représente une pression supplémentaire.

Dans l’ensemble de l’aire de répartition mondiale de l’espèce, la capture pour le commerce d’animaux de compagnie a causé des déclins au sein des populations de couleuvres tachetées (NatureServe, 2012). Cette menace n’est peut-être pas aussi grave au Canada qu’ailleurs, la sous-espèce L. t. triangulum étant moins colorée que les autres sous-espèces, ce qui la rend moins intéressante pour le commerce d’animaux de compagnie (Markel, 1995). Plusieurs autres sous-espèces sont élevées et reproduites en captivité. Quoi qu’il en soit, il existe un marché pour la couleuvre tachetée dans certaines régions, et cette menace peut mener à des disparitions de populations locales (COSEPAC, 2002).

L’objectif de gestion de la couleuvre tachetée est de maintenir les populations dans toute l’aire de répartition connue de l’espèce au Canada où elle est présente et, dans la mesure du possible, de combler les lacunes dans les connaissances sur l’espèce (données démographiques, utilisation de l’habitat, menaces qui pèsent sur la sous-espèce qu’on trouve au Canada).

Plusieurs initiatives visant à soutenir la conservation de la couleuvre tachetée ont été achevées ou sont en cours. En plus des programmes provinciaux et d’autres programmes, le Programme d’intendance de l’habitat (PIH), un programme fédéral, et le Fonds autochtone pour les espèces en péril (FAEP) jouent un rôle crucial dans la protection des espèces en péril. Les projets suivants conviennent particulièrement à la conservation de la couleuvre tachetée et à la gestion de son habitat :

Mortalité routière

Conservation et gestion de la couleuvre tachetée et de son habitat

Inventaire et suivi de la couleuvre tachetée et de son habitat

Sensibilisation et communication

Inventaires et activités de suivi ciblant la couleuvre tachetée et son habitat :

Conservation et gestion de la couleuvre tachetée et de son habitat :

Sensibilisation et communication

Un certain nombre de projets de recherche visant à combler les lacunes dans les connaissances ont été réalisés, et le présent plan de gestion fait référence à plusieurs d'entre eux.

Les stratégies générales proposées dans le présent plan de gestion sont les suivantes :

  1. Conserver et gérer la couleuvre tachetée et son habitat dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de l’espèce, en atténuant les menaces, dans la mesure du possible;
  2. Mener des inventaires et des suivis ciblant la couleuvre tachetée et son habitat et demander au public de transmettre ses observations afin de mieux documenter l’aire de répartition actuelle de l’espèce et les variations de cette aire (et, si possible, les effectifs) au fil du temps;
  3. Déterminer la gravité des menaces dans différents types d’habitat dans toute l’aire de répartition canadienne de la couleuvre tachetée, déterminer la compatibilité des types d’utilisation des terres et des pratiques de gestion des terres avec l’espèce, encourager la réalisation de recherches permettant de combler les lacunes dans les connaissances, atténuer les menaces et évaluer les populations;
  4. Mener des activités de sensibilisation et de communication pour faire mieux connaître la couleuvre tachetée, et favoriser l’intendance.
Tableau 2. Mesures de conservation et calendrier de mise en œuvre
Mesure de conservation Mesure de conservation Priorité Menaces ou préoccupations abordées Échéancier
1. Conservation et gestion 1.1 Élaborer et mettre en œuvre des pratiques exemplaires de gestion et des lignes directrices pour l’utilisation des terres dans l’habitat de la couleuvre tachetée, dans les divers sites d’occurrence de l’espèce; encourager la conservation, la protection et la gestion de l’habitat de la couleuvre tachetée dans les sites d’occurrence de l’espèce. Élevée Développement urbain et industriel, développement agricole intensif; élimination des vieux bâtiments agricoles; mortalité routière 2014-2019
1. Conservation et gestion 1.2 Dans la mesure du possible, réduire la mortalité routière aux points chauds par la création d’écopassages, la modification de la conception des routes et un ensemble d’autres mesures (panneaux, clôtures, limites de vitesse réduites, sensibilisation des automobilistes, etc.) Élevée Mortalité routière 2014-2019
1. Conservation et gestion 1.3 Protéger les individus contre la capture pour le commerce des animaux de compagnie en appliquant les réglementations du Québec et de l’Ontario relatives aux lois existantes visant la protection des espèces sauvages. Faible Commerce des animaux de compagnie En cours
2. Inventaire et suivi 2.1 Soutenir les activités et les programmes suivants : 1) les programmes de communication qui permettent de recueillir les observations fortuites de couleuvres tachetées et d’autres espèces en péril auprès du public; 2) les programmes d’inventaire et de suivi qui ciblent la couleuvre tachetée là où sa présence est connue ou présumée; 3) l’identification et la protection des hibernacula pour la couleuvre tachetée et d’autres espèces de serpents en péril; 4) le suivi des changements dans l’aire de répartition et l’abondance des populations de couleuvres tachetées. Élevée Toutes les menaces; lacunes dans les connaissances En cours
2. Inventaire et suivi 2.2 Relever et quantifier l’habitat connu et potentiel, et suivre périodiquement les changements dans l’habitat à l’échelle du paysage (type de couvert), en lien avec les changements dans l’aire de répartition de la couleuvre tachetée. Moyenne Développement urbain et industriel, développement agricole intensif; élimination des vieux bâtiments agricoles; lacunes dans les connaissances En cours
2. Inventaire et suivi 2.3 Élaborer et mettre en œuvre un système de suivi fondé sur la qualité et la quantité de l’habitat disponible. Moyenne Lacunes dans les connaissances 2014-2019
3. Évaluation des menaces et soutien aux recherches visant à combler les lacunes dans les connaissances 3.1 Utiliser les données obtenues grâce à la mesure 2.1 pour évaluer les taux de mortalité routière et définir les points chauds de la mortalité routière. Élevée Mortalité routière 2014-2019
3. Évaluation des menaces et soutien aux recherches visant à combler les lacunes dans les connaissances 3.2 Soutenir les recherches visant à combler les lacunes dans les connaissances et à orienter les activités de gestion, par exemple : les études sur les populations dans l’ensemble de l’aire de répartition de la couleuvre tachetée au Canada visant à déterminer l’utilisation de l’habitat, la superficie d’habitat utilisée pour les activités, les distances de dispersion, la densité des populations et l’écologie des populations; les études génétiques visant à évaluer la variabilité dans toute l’aire de répartition. Moyenne Lacunes dans les connaissances 2014-2019
3. Évaluation des menaces et soutien aux recherches visant à combler les lacunes dans les connaissances 3.3 Soutenir les recherches visant à évaluer la mortalité due aux animaux domestiques, féraux et sauvages, et déterminer les répercussions potentielles du commerce des animaux de compagnie sur la couleuvre tachetée. Faible Lacunes dans les connaissances; prédation par les animaux domestiques; commerce d’animaux de compagnie 2014-2019
4. Sensibilisation et communication 4.1 Élaborer des documents d’information éducatifs et/ou une stratégie de marketing social pour la couleuvre tachetée, en coordination avec les mesures de rétablissement visant d’autres espèces en péril (en particulier les serpents), pour assurer une approche efficiente et coordonnée d’éducation et de sensibilisation du public cible; mettre du matériel éducatif à la disposition des écoles, des visiteurs des aires protégées, des intervenants, des communautés autochtones et des propriétaires fonciers pour favoriser une meilleure compréhension de la couleuvre tachetée et encourager l’intendance. Élevée Toutes les menaces 2014-2019

Le succès du présent plan de gestion sera évaluée tous les cinq ans en fonction des indicateurs de rendement suivants :

Ashley, E.P., A. Kosloski et S.A. Petrie. 2007. Incidence of intentional vehicle-reptile collisions, Human Dimensions of Wildlife 12:137-143.

Ashley, E.P., et J.T. Robinson. 1996. Road mortality of amphibians, reptiles and other wildlife on the Long Point Causeway, Lake Erie, Ontario, Canadian Field-Naturalist 110(3):403-412.

Bériault, K., comm. pers. 2009. Communication personnelle, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario.

Bider, R.J., et S. Matte. 1996. Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec, Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent, Sainte-Anne-de-Bellevue (Québec), et ministère de l’Environnement et de la Faune, Direction de la faune et des habitats (Québec), 429 p.

Bruce Peninsula Environment Group. 2013 [en anglais seulement]. (consulté le 10 avril 2014)

Bryson, R.W. Pastorini, J. Burbrink, F.T et Forstner, M.R.J. 2007. A phylogeny of the Lampropeltis mexicana complex (Serpentes: Colubridae) based on mitochondrial DNA sequences suggests evidence for species-level polyphyly within Lampropeltis, Molecular Phylogenetics and Evolution43:674–684)

Carbone, C., et J.L. Gittleman. 2002. A common rule for the scaling of carnivore density, Science 295:2273-2276.

Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec. Mars 2012. Extraction de mentions de couleuvre tachetée de la base de données, ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), Québec.

Conant, R., et J.T. Collins. 1998. Field Guide to Reptiles and Amphibians: Eastern and Central North America, 4e édition, Boston, Houghton Mifflin.

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COSEPAC. 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vii + 32 p.

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Fourtney, A.N., R.G. Poulin, J.A. Martino, D.L. Parker et C.M. Somers. 2012. Proximity to hibernacula and road type influence potential road mortality of snakes in southwestern Saskatchewan, Canadian Field Naturalist 126(3):194-203.

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Tableau 3. Cotes de conservation infranationales (cotes S) attribuées à la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) aux États-Unis (NatureServe, 2012).
Cote infranationale État
SNR Arkansas, Illinois, Indiana, Missouri, New Jersey, Ohio
S1 Delaware, district de Columbia
S2 Arizona, Montana, Caroline du Sud
S3 Caroline du Nord, Oklahoma, Utah, Wyoming
S4 Dakota du Sud, Géorgie, Iowa, Kansas, Louisiane, Minnesota, Mississippi, Nouveau-Mexique, Wisconsin
S5 Alabama, Colorado, Connecticut, Kentucky, Maine, Maryland, Massachusetts, Michigan, Nebraska, New Hampshire, New York, Pennsylvanie, Rhode Island, Tennessee, Texas, Vermont, Virginie, Virginie-Occidentale

S1 : gravement en péril; S2 : en péril; S3 : vulnérable; S4 : apparemment non en péril; S5 : non en péril; SNR : non classée – espèce dont le statut n'a pas encore été établi.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement.

La planification de la gestion vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que la mise en œuvre de plans de gestion peut, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

De nombreuses activités favorisant la conservation de la couleuvre tachetée, en particulier celles qui concernent la gestion de l’habitat, la réalisation de relevés, la sensibilisation et l’atténuation des menaces, ciblent aussi d’autres reptiles en péril, notamment des serpents, des tortues et des amphibiens. On trouve au tableau 4 des exemples d’espèces susceptibles de profiter de ces activités.

Tableau 4. Espèces en péril susceptibles de bénéficier des mesures de gestion visant la couleuvre tachetée au Canada.
Nom commun Nom scientifique (latin) Statut en vertu de la LEP Province
Massasauga Sistrurus catenatus Menacée Ontario
Couleuvre fauve de l'Est (population carolinienne) Pantherophis gloydi En voie de disparition Ontario
Couleuvre fauve de l'Est (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) Pantherophis gloydi En voie de disparition Ontario
Couleuvre à nez plat Heterodon platirhinos Menacée Ontario
Couleuvre obscure (population carolinienne) Pantherophis spiloides En voie de disparition Ontario
Couleuvre obscure (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) Pantherophis spiloides Menacée Ontario
Scinque pentaligne (population carolinienne) Plestiodon fasciatus En voie de disparition Ontario
Scinque pentaligne (population des Grands Lacs) Plestiodon fasciatus Préoccupante Ontario
Tortue mouchetée Emydoidea blandingii En voie de disparition Ontario, Québec
Tortue des bois Glyptemys insculpta En voie de disparition Ontario

Certaines des activités de gestion proposées devraient être bénéfiques pour d’autres espèces indigènes sympatriques et le seront pour l’environnement en général, mais pourraient aussi avoir des répercussions sur des espèces dont les besoins diffèrent de ceux de la couleuvre tachetée. Par conséquent, il est important que les activités de gestion de l’habitat de la couleuvre tachetée soient élaborées dans une perspective écosystémique, par l’élaboration avec la contribution des compétences responsables, de plans plurispécifiques, de programmes de rétablissement écosystémiques et de plans de gestion visant un secteur, qui prennent en considération les besoins de plusieurs espèces, y compris d’autres espèces en péril.

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