Naseux d'Umatilla (Rhinichthys umatilla) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2010

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Naseux d'Umatilla Rhinichthys umatilla

Menacée - 2010

Photo d’un naseux d’Umatilla (Rhinichthys Umatilla) prélevé dans la rivière Similkameen en 2006.

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le naseux d'Umatilla (Rhinichthys umatilla) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 26 p.

Rapport(s) précédent(s) :

Hughes, G.M. and Peden, A.E. 1988. COSEWIC status report on the Umatilla Dace, Rhinichthys umatilla in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 1-13 pp.

Note de production :
Le COSEPAC remercie Susan Pollard qui a rédigé la mise à jour du rapport de situation sur le naseux d’Umatilla (Rhinichthys umatilla), préparé en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. L’engagement de l’entrepreneur quant à la rédaction du rapport de situation prenait fin avec l’approbation du rapport provisoire. Toutes les modifications apportées au rapport de situation au cours des étapes de préparation ultérieures des rapports de situation intermédiaires de 6 mois et de 2 mois ont été supervisées par Eric Taylor, coprésident du Sous-comité de spécialistes des poissons d’eau douce.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel du COSEPAC
Site Web du COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Umatilla Dace Rhinichthys umatilla in Canada.

Illustration/photo de la couverture :
Naseux d'Umatilla -- prélevé dans la rivière Similkameen en 2006 (Courtoisie de G. Hanke, Musée royal de la Colombie-Britannique)

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2010.
N° de catalogue CW69-14/602-2010F-PDF
ISBN 978-1-100-94780-8

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COSEPAC - Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Avril 2010

Nom commun
Naseux d'Umatilla

Nom scientifique
Rhinichthys umatilla

Statut
Menacée

Justification de la désignation
Ce petit poisson d’eau douce a une distribution limitée au Canada comprenant des habitats qui ont été profondément modifiés par les nombreux aménagements hydroélectriques (transformation des habitats riverains en habitats de réservoir, régimes d’écoulement altérés). Il est probable que l’habitat continuera à diminuer et à se détériorer en raison des activités hydroélectriques, des changements climatiques et de l’intensification des activités d’extraction de l’eau. L’espèce est également vulnérable aux espèces aquatiques envahissantes qui sont largement réparties dans la portion des rivières Columbia-Kootenay comprise dans son aire. Les nouveaux aménagements hydroélectriques et de stockage des eaux proposés dans le bassin de la rivière Similkameen représentent une menace potentielle importante pour la qualité de l’habitat.

Répartition
Colombie-Britannique

Historique du statut
Espèce désignée « préoccupante » en avril 1988. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « menacée » en avril 2010.

COSEPAC - Résumé
Naseux d'Umatilla Rhinichthys umatilla

Information sur l’espèce

Le naseux d’Umatilla est un poisson d’eau douce qui appartient à la famille des Cyprinidés (« ménés »). Malgré les incertitudes entourant son origine et ses liens évolutionnaires, ce naseux est réputé constituer une espèce véritable dont on croit qu’elle tire son origine de l’hybridation passée entre le naseux moucheté et le naseux léopard. Cette conclusion s’appuie sur la morphologie du naseux d’Umatilla le situant entre les deux espèces parentes, sur l’écologie de cette espèce, ainsi que sur des résultats préliminaires d’examens génétiques moléculaires. C’est un méné de petite taille (longueur à la fourche < 100 mm) dont le corps est le plus haut à la nageoire dorsale et qui prend une forme effilée aux extrémités. Ordinairement, les adultes portent sur les flancs et sur le dos de nombreuses taches foncées et irrégulières. Du fait que l’hybridation est évoquée pour expliquer son origine, l’espèce présente un grand intérêt scientifique. 

Répartition

Le naseux d’Umatilla est endémique au bassin hydrographique du fleuve Columbia, spécifiquement aux cours supérieur et central du fleuve et aux affluents importants qui y déversent leurs eaux. Au Canada, il a été observé seulement en Colombie-Britannique, soit dans le cours principal du fleuve Columbia en aval des lacs Arrow, dans la rivière Kootenay en aval des chutes Bonnington, dans le cours inférieur de la rivière Slocan, dans la rivière Similkameen en aval du ruisseau Wolfe et dans l’extrême secteur aval de la rivière Kettle, en aval des chutes Cascade.

Le fleuve Columbia et les rivières Similkameen et Kettle sont des cours d’eau transfrontaliers. Il se produit sans doute des déplacements de poissons vers l’amont et vers l’aval à hauteur de la frontière entre le Canada et les États-Unis, cependant on en ignore l’importance. Des collections historiques (plus de vingt ans) ont été constituées à partir d’échantillonnages dans la rivière Pend-d’Oreille et dans le ruisseau Otter (un affluent de la rivière Tulameen, dans la partie du bassin hydrographique de la rivière Similkameen, à hauteur du cours supérieur). Bien que la population du ruisseau Otter ait probablement disparu, on ignore quel est le sort de celle de la rivière Pend-d’Oreille.

Habitat

Le naseux d’Umatilla est une espèce benthique d’eau courante qui, à l’état adulte, semble montrer une préférence pour les sections non limoneuses des cours d’eau de moyenne à grande taille à fond de blocaux et de gravier, où les individus peuvent s’abriter durant la journée. On peut observer les jeunes sur des fonds au substrat plus fin, à proximité du rivage. On connaît peu de choses sur les besoins précis de l’espèce en matière d’habitat, mais de récentes études montrent que les milieux choisis changent au fil du jour, des saisons et du stade vital des individus.

Biologie

Le frai a lieu vers la fin du printemps et le commencement de l’été. On pense que les individus arrivent à maturité à la deuxième année chez les mâles et à la troisième chez les femelles. Il existe une corrélation positive entre la fécondité et la masse corporelle, la fécondité maximale correspondant à environ 2 000 œufs. La longévité est inconnue, mais on a signalé l’existence d’une femelle d’au moins 5 ans. Les études portant sur l’alimentation paraissent indiquer que le naseux d’Umatilla est un opportuniste se nourrissant de périphyton, de détritus et d’insectes. L’ordre de grandeur de ses déplacements demeure inconnu, mais il est probablement semblable à celui des autres espèces de naseux, c’est-à-dire que les jeunes tendent à être emportés par le courant à cause de leur performance natatoire limitée, alors que les individus en voie de devenir adultes peuvent migrer en amont.

Taille et tendances des populations

À ce jour, les travaux d’échantillonnage du naseux d’Umatilla ne permettent pas de déterminer l’abondance de l’espèce ou la taille de ses populations. Des évaluations qualitatives portent à croire qu’à l’exception du ruisseau Otter, dont la population a disparu, et de la rivière Pend-d’Oreille, où sa présence est incertaine, ce naseux est toujours présent dans les régions où il avait été historiquement signalé. On signale qu’il est trouvé en plus grand nombre dans le cours principal du fleuve Columbia, mais il semble être moins abondant dans les eaux de la rivière Similkameen.

Facteurs limitatifs et menaces

Des travaux d’aménagement hydroélectrique et des ouvrages de retenu d’eau sur le fleuve Columbia se font depuis longtemps, avec le résultat que de nombreux barrages ont été érigés et de nombreux réservoirs créés. Il ne fait aucun doute qu’une telle perturbation à grande échelle de l’habitat a influé sur la répartition d’espèces riveraines spécialistes comme le naseux d’Umatilla. L’exploitation et l’expansion de ce type d’installations constituent la plus grande menace à s’exercer sur la survie du naseux d’Umatilla, particulièrement dans le fleuve Columbia et dans la rivière Kootenay, dont les régimes hydrologiques peuvent être modifiés tous les jours, toutes les semaines et toutes les saisons, ce qui provoque parfois d’importants épisodes d’affouillement et d’exondation. Dans la rivière Similkameen, la plus grande menace à l’heure actuelle est la dérivation d’eau pour l’irrigation et pour alimenter des collectivités. Si ce projet était approuvé, la construction d’un barrage additionnel sur le cours principal de la rivière Similkameen, au sud de la frontière, pourrait avoir des répercussions majeures. L’une des options envisagées se solderait par la mise en eau de la majeure partie de l’habitat du naseux d’Umatilla dans le cours inférieur de la rivière, du côté de la Colombie-Britannique. Partout dans l’aire de répartition de l’espèce, d’autres menaces s’exercent, notamment les changements climatiques (les conditions chaudes et sèches) et les répercussions sur l’habitat de l’exploitation forestière, minière et agricole, ainsi que la présence d’espèces aquatiques envahissantes.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Le naseux d’Umatilla est inscrit à l’annexe 3 de la Loi sur les espèces en péril à titre d’espèce préoccupante. En avril 2010, sa situation a été revue et l’espèce a été désignée « espèce préoccupante » par le COSEPAC. Bien que son statut ne lui confère aucune protection juridique, la Loi sur les pêches comporte certaines dispositions permettant de réguler le débit d’eau en fonction des besoins du poisson et de son passage, contre la pollution des eaux abritant du poisson et contre l’endommagement de l’habitat du poisson. Le Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique (BC Conservation Data Centre) attribue à l’espèce la désignation S2. Elle apparaît aussi sur la Liste rouge de cette province (menacée ou en voie de disparition [threatened or endangered]) et elle obtient le classement G4 à l’échelle mondiale.

Résumé technique

Rhinichthys umatilla

Naseux d’Umatilla – Umatilla Dace
Répartition au Canada : Colombie–Britannique (bassin du fleuve Columbia)

Données démographiques

Durée d’une génération (habituellement l’âge moyen des parents dans la population : indiquer si une autre méthode d’estimation de la durée des générations inscrite dans les lignes directrices de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) [2008] est employée)
Environ 3 ans
Y a–t–il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures?
Inconnu, cependant 2 populations ont probablement disparu depuis 1992.
Pourcentage estimé de la réduction continue du nombre total d’individus matures au cours de
[cinq années ou deux générations]
Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou soupçonné] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations]
Inconnu, cependant 2 populations ont probablement disparu depuis 1992.
Pourcentage [prévu ou soupçonné] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]
Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou soupçonné] de [la réduction ou l’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations]
Inconnu, cependant 2 populations ont probablement disparu depuis 1992.
Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles et comprises et ont effectivement cessé?
Oui, mais nettement irréversibles
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?
Inconnu

Information sur la répartition

Superficie estimée de la zone d’occurrence
12 425 km²
Indice de la zone d’occupation (IZO)
Zone d’occupation : 27,3 km²
[Toujours indiquer la valeur obtenue à partir d’une grille de 2 km x 2 km; d’autres valeurs peuvent être inscrites si elles sont clairement indiquées (p.ex., grille de 1 km x 1 km, zone d’occupation biologique)]
1 x 1 : 342 km²
2 x 2 : 608 km²
La population totale est–elle très fragmentée? De nombreux barrages hydroélectriques « fragmentent » la population totale, mais il ne se produit pas de fragmentation grave comme défini par l’UICN.
Non
Nombre « de localités *  » - Par hypothèse, la plus grande menace est la perturbation du régime hydraulique associée à l’aménagement hydroélectrique et aux prélèvements d’eau.
6
  1. Rivière Similkameen
  2. Rivière Kettle
  3. Fleuve Columbia en aval du barrage Hugh Keenleyside et cours inférieur de la rivière Kootenay en aval du barrage Brilliant
  4. Réservoir du barrage Brilliant
  5. Réservoir du barrage Slocan
  6. Rivière Slocan

À noter :

  • le ruisseau Otter est exclu; on présume que l’espèce a disparu.
  • Rivière Pend–d’Oreille en amont des barrages Seven Mile et Waneta exclue; on présume que l’espèce a disparu (un seul individu y a jamais été capturé et l’habitat a été perturbé. C’était un large cours d’eau qui a été changé en réservoir.)
Y a–t–il un déclin continu, [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? Disparition probable de 2 populations aux extrêmes est et ouest de l’aire de répartition
Non (déclin dans un passé récent)
Y a–t–il un déclin continu, [observé, inféré ou prévu] de l’indice de la zone d’occupation? Disparition probable de 2 populations aux extrêmes est et ouest de l’aire de répartition
Non (déclin dans un passé récent)
Y a–t–il une déclin continu, [observé, inféré ou prévu] du nombre de populations? Disparition probable de 2 populations aux extrêmes est et ouest de l’aire de répartition
Non (déclin dans un passé récent)
Y a–t–il un déclin continu, [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités?
Disparition probable de 2 populations aux extrêmes est et ouest de l’aire de répartition
Oui
Y a–t–il un déclin continu, [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat?
Compte tenu de la perte probable de 2 populations (ruisseau Otter et rivière Pend–d’Oreille) ainsi que d’importantes installations et activités hydroélectriques, des activités d’extraction de l’eau et de l’intensification prévue de la sécheresse.
Oui
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre de populations?
Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes du nombre de localités * ?
Non
Y a–t–il des fluctuations extrêmes des zones d’occurrence?
Non
Y a–t–il des fluctuations de l’indice de la zone d’occupation?
Non

* Voir la définition de localité dans le Manuel des opérations et des procédures.

Nombre d’individus matures dans chaque population

Population
Nombre d’individus matures
Nombre de populations : la structure des populations est inconnue, mais il existerait peut–être 6 populations au moins
Inconnu
Total
Inconnu

Analyse quantitative

La probabilité de disparition de l’espèce de la nature est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans].
Non disponible

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

Réelles
  • perturbations hydrauliques (c.–à–d. le passage de l’eau) associées au fonctionnement des grandes installations hydroélectriques (toutes les rivières sauf la Kettle) – existante et en cours dans le fleuve Columbia et la rivière Kootenay;
  • dérivation d’eau pour l’agriculture et pour les collectivités (rivière Similkameen, rivière Kettle) - réelle, devrait s’intensifier dans certains secteurs, avec les changements climatiques et la croissance de la population;
  • interactions avec des espèces envahissantes – en cours, mais d’importance non déterminée, devraient s’intensifier. Le fleuve Columbia compte le plus grand nombre et la plus forte proportion d’espèces envahissantes de toutes les écorégions d’eau douce de la C.-B.
Potentielles
  • baisse de qualité de l’eau à cause de la pollution associée à l’exploitation minière, agricole et forestière;
  • projets d’ouvrages de retenue sur les parties américaines de la rivière Similkameen, qui auront des répercussions sur l’habitat au Canada.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Statut des populations de l’extérieur?
É.-U. : S2 (WA), SNR (OR, ID)
Une immigration a–t–elle été constatée ou est–elle possible?
Non (mais suspectée)
Des individus immigrants seraient–ils adaptés pour survivre au Canada?
Probablement
Y a–t–il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?
Oui
La possibilité d’une immigration de populations externes existe-t-elle?
rivière Similkameen - oui, les sources potentielles sont limitées à 30 km en aval des populations canadiennes
rivière Kettle - inconnu, mais probable
fleuve Columbia - inconnu, mais probable
rivière Pend–d’Oreille - inconnu, mais peu probable

L’American Fisheries Society accorde aux populations américaines de ces réseaux transfrontaliers le statut d’espèces vulnérables.

Statut existant

COSEPAC :
espèce menacée (avril 2010)
LEP
espèce préoccupante, annexe 3

Statut et justification de la désignation

Statut recommandé : Espèce menacée

Code alphanumérique : B1ab(iii)+2ab(iii)

Justification de la désignation :
Ce petit poisson d’eau douce a une distribution limitée au Canada comprenant des habitats qui ont été profondément modifiés par les nombreux aménagements hydroélectriques (transformation des habitats riverains en habitats de réservoir, régimes d’écoulement altérés). Il est probable que l’habitat continuera à diminuer et à se détériorer en raison des activités hydroélectriques, des changements climatiques et de l’intensification des activités d’extraction de l’eau. L’espèce est également vulnérable aux espèces aquatiques envahissantes qui sont largement réparties dans la portion des rivières Columbia-Kootenay comprise dans son aire. Les nouveaux aménagements hydroélectriques et de stockage des eaux proposés dans le bassin de la rivière Similkameen représentent une menace potentielle importante pour la qualité de l’habitat.

Applicabilité des critères


Critère A

Ne s’applique pas. Aucune donnée quantitative sur les tendances de la population.


Critère B

Correspond au critère de la catégorie « menacée », B1ab(iii)+2ab(iii). La zone d’occurrence est de < 20 000 km² et l’indice de la zone d’occurrence de < 2 000 km². L’espèce n’est connue que dans < 10 localités (6) et on prévoit une réduction de l’étendue ou une perte de la qualité de l’habitat à cause de l’intensification de la sécheresse attribuable aux changements climatiques et à cause des pressions accrues associées aux activités d’extraction de l’eau, aux activités hydroélectriques, à l’urbanisation et à l’agriculture dans le bassin hydrographique de la rivière Similkameen, et aussi à cause de la présence d’espèces envahissantes dans d’autres secteurs de l’aire de répartition.


Critère C

Ne s’applique pas. Il n’existe aucune évaluation de la taille actuelle ou passée de la population.


Critère D

Ne s’applique pas. La taille de la population est inconnue et la répartition dépasse le critère.


Critère E (analyse quantitative)

Non disponible

Préface

Le naseux d’Umatilla est un membre de petite taille des Cyprinidés dont l’aire de répartition est limitée, au Canada, à la partie du bassin hydrographique correspondant au cours inférieur du fleuve Columbia, en Colombie-Britannique. À la dernière évaluation, en 1988, cette espèce avait été désignée comme étant « préoccupante », et elle avait été inscrite en 2004 à l’annexe 3 de la Loi sur les espèces en péril. Le rapport qui suit représente la première évaluation effectuée en vertu de critères révisés qu’il faut appliquer à toutes les espèces évaluées par le COSEPAC avant 1999. Depuis la dernière évaluation (la seule autre), il y a eu 2 grands projets de recherche et d’inventaire axés sur le statut du naseux d’Umatilla. Le premier a été la rédaction par G.R. Hass, de l’Université de la Colombie-Britannique, d’une thèse de doctorat en 1991, qui explorait la systématique, la biogéographie et l’écologie du naseux d’Umatilla. Cette thèse accordait une place particulière aux questions touchant à 2 espèces étroitement apparentées, le naseux moucheté (Rhinichthys osculus) et le naseux léopard (R. falcatus). Elle présentait des éléments confortant la notion voulant que le naseux d’Umatilla soit issu, au terme d’épisodes répétés et indépendants, de l’hybridation des 2 espèces que sont le naseux moucheté et le naseux léopard, mais qu’il constitue maintenant une espèce biologique stable – un phénomène présentant un grand intérêt scientifique. Le second projet comprenait des activités accrues d’inventaire et d’étude de la biologie de l’espèce et de ses besoins en matière d’habitat, particulièrement au regard des régimes d’écoulement. Ces activités sont particulièrement notables en ce qu’au Canada, environ la moitié de l’aire de répartition du naseux d’Umatilla se situe dans des régions où l’habitat a été massivement perturbé (conversion de grands habitats riverains en réservoirs ou en milieux lentiques) et qui sont associées depuis longtemps à des ouvrages de retenue des eaux à des fins hydroélectriques ou autres dans la partie canadienne du bassin hydrographique du fleuve Columbia. En outre, dans l’évaluation initiale (1988), on déclarait que moins de 40 individus avaient été prélevés au Canada. Toutefois, plusieurs chercheurs et conseillers en pêche ont signalé un nombre beaucoup plus important d’adultes (et d’individus rendus à d’autres stades de vie) dans le fleuve Columbia et dans la rivière Similkameen. Enfin, il semble qu’au milieu des années 1990, une population (celle du ruisseau Otter) avait disparu puisque plusieurs tentatives de collecte de spécimens effectuées depuis cette période se sont soldées par un échec. Ces 2 volets de recherche ont contribué à une évaluation mieux documentée, présentée dans les pages suivantes.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale–provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous–espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous–comités de spécialistes des espèces et du sous–comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2009)


Espèce sauvage

Espèce, sous–espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.


Disparue (D)

Espèce sauvage qui n’existe plus.


Disparue du pays (DP)

Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.


En voie de disparition (VD)*

Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.


Menacée (M)

Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.


Préoccupante (P)**

Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.


Non en péril (NEP)***

Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.


Données insuffisantes (DI)****

Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

*Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
**Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
***Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
****Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
*****Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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Rapport de situation du COSEPAC sur le Naseux d'Umatilla Rhinichthys umatilla au Canada - 2010

Information sur l'espèce

Nom et classification

Embranchement : Chordés

Classe : Actinoptérygiens

Ordre : Cypriniformes

Famille  Cyprinidés

Genre : Rhinichthys

Espèce : Rhinichthys umatilla (Gilbert et Evermann, 1895)

Nom vernaculaire : Anglais : Umatilla Dace; Français : naseux d’Umatilla

Le naseux d’Umatilla (Rhinichthys umatilla) est un poisson d’eau douce de petite taille appartenant à la famille des Cyprinidés (ménés et carpes). Gilbert et Evermann (1895) ont été les premiers à fournir une description de cette espèce à partir d’individus capturés dans les eaux du fleuve Columbia à Umatilla, Oregon (Carl et al., 1959; Hughes et Peden, 1989; Cannings et Ptolemy, 1998).

La taxinomie du naseux d’Umatilla a fait l’objet de débats. Gilbert et Evermann (1895) ont été les premiers à décrire le naseux d’Umatilla, mais ils ont aussi signalé le fait qu’il présente des traits morphologiques intermédiaires entre ceux du naseux moucheté (R. osculus) et ceux du naseux léopard (R. falcatus); ils ont formulé l’hypothèse voulant que le naseux d’Umatilla soit un hybride de ces deux espèces (McPhail, 2007). Depuis sa description initiale, on a attribué à ce naseux le statut d’espèce à plein titre (Schultz, 1936), celui de sous-espèce du naseux moucheté (Bond, 1973), et on l’a même ignoré (Wydoski et Whitney, 1979). Récemment, des voix se sont fait entendre pour en faire une espèce biologique valide, qui persiste à titre de groupe taxinomique stable et indépendant, issu de l’hybridation historique entre le naseux moucheté et le naseux léopard (Troffe, 1999; McPhail, 2007). On pense que le naseux d’Umatilla a persisté parce que sa morphologie intermédiaire entre les deux espèces parentes fait qu’il est adapté à l’habitat sous-utilisé, trouvé dans le bassin hydrographique du fleuve Columbia, phénomène accentuant la ségrégation écologique entre les trois taxons (Haas, 2001). Plusieurs indications conduisent à accorder le statut d’espèce biologique au naseux d’Umatilla et à reconnaître son origine dans l’hybridation historique entre le naseux léopard et le naseux moucheté :

  1. Il est morphologiquement distinct de ses deux parents supposés, et des expériences de croisement au laboratoire ont donné des résultats semblables à ce qui est observé dans la nature; cela indique l’existence d’une base génétique aux distinctions morphologiques observées (Peden et Hughes, 1988; Haas, 2001);
  2. Il est intermédiaire sur le plan morphologique comme sur le plan écologique et il coexiste fréquemment avec l’une ou l’autre des deux espèces sus-mentionnées, mais il établit aussi des populations qui se perpétuent en conditions allopatriques (Haas, 2001);
  3. En conditions sympatriques, il ne semble pas se produire d’hybridation avec l’une ou l’autre des deux espèces parentes (Peden et Hughes, 1988);
  4. Son aire de répartition empiète largement sur celles des deux espèces présumément parentes (Haas, 2001); et
  5. Nonobstant son apparente origine hybride, des résultats préliminaires de génétique moléculaire tendent à montrer que le naseux d’Umatilla est distinct du naseux moucheté et du naseux léopard tout à la fois (Haas, 2001; McPhail, 2007).

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Description morphologique

Le naseux d’Umatilla est un poisson de petite taille qui présente des traits intermédiaires entre ceux du naseux léopard et ceux du naseux moucheté; il a aussi des caractéristiques en commun avec chacune de ces espèces (figure 1, Haas, 2001). Son museau surplombe la bouche subterminale et la lèvre supérieure est séparée du museau. La bouche est horizontale et se termine par de petits barbillons souvent cachés dans le sillon maxillaire (McPhail, 2007). Le pédoncule caudal du naseux d’Umatilla est modérément étroit et les nageoires dorsale et anale sont falquées (falciformes); les lobes de la nageoire dorsale sont pointus et la queue est très fourchue (McPhail, 2001, 2007). La nageoire dorsale comporte 9 ou 10 rayons et on compte de 56 à 72 écailles le long de la ligne latérale (McPhail, 2007). Le naseux d’Umatilla est de couleur pâle, ses flancs sont jaune crème, la tête et le dos sont plus sombres; les flancs et le dos peuvent se couvrir de taches foncées irrégulières (Hughes et Peden, 1989). Le plus grand individu mesuré au Canada, qui provenait de la rivière Similkameen, faisait 119 mm de longueur standard (128 mm de longueur à la fourche) (Peden et Orchard, 1993).

Figure 1. Illustrations comparées a) du naseux d’Umatilla de la rivière Kettle, b) du naseux léopard de la rivière Nazko, bassin hydrographique du fleuve Fraser, et c) du naseux moucheté de la rivière Kettle (illustrations du corps entier, gracieuseté de Diana McPhail). En médaillon, rayons de nageoires pelviennes du naseux d’Umatilla et du naseux léopard où l’on remarque l’absence et la présence, respectivement, d’étais charnus à la base des rayons pelviens, l’une des principales caractéristiques permettant de distinguer ces deux espèces l’une de l’autre (gracieuseté de G. Hanke).

Illustrations comparées du naseux d’Umatilla de la rivière Kettle, du naseux léopard de la rivière Nazko et du naseux moucheté de la rivière Kettle. En médaillon, rayons de nageoires pelviennes du naseux d’Umatilla et du naseux léopard.

Le naseux d’Umatilla peut être distingué des 2 espèces présumément parentes en conditions allopatriques comme en conditions sympatriques (tableau 2, Hughes et Peden, 1989), cependant il ressemble le plus au naseux léopard (Hughes et Peden, 1989; McPhail, 2007), avec lequel il risque le plus d’être confondu. En sympatrie avec le naseux moucheté dans la rivière Kettle, en aval des chutes Cascade, le naseux d’Umatilla se différencie par sa bouche subterminale et ses barbillons apparents au coin de la bouche; le naseux moucheté a une bouche terminale et ne porte pas de barbillon (McPhail, 2007). Là où il coexiste avec le naseux léopard dans le fleuve Columbia et dans les rivières Kootenay et Similkameen, le naseux d’Umatilla porte un pédoncule caudal nettement plus haut, son museau est plus court et de petits barbillons sont souvent masqués dans le sillon maxillaire; les barbillons sont apparents chez le naseux léopard (McPhail, 2007). Les rayons pelviens (des membranes reliant les 5e, 6e et 7e rayons pelviens au corps) ont aussi été appliqués à la différentiation des espèces : ils sont absents, sinon peu développés chez le naseux d’Umatilla et le naseux moucheté, mais bien développés chez le naseux léopard (Peden et Hughes, 1988; McPhail, 2001, figure 1). Enfin, Hughes et Peden (1989) signalent que la pigmentation et le nombre d’écailles le long de la ligne latérale chez le naseux d’Umatilla diffèrent également de ceux du naseux léopard.

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Structure démographique et variabilité spatiale

Plusieurs études des variations morphologiques et méristiques du naseux d’Umatilla ont été effectuées (par exemple les travaux de Peden et Hughes, 1988; de Hughes et Peden, 1989; d’Haas, 2001). Elles font apparaître des différences morphologiques entre les individus provenant de diverses régions. Ainsi, les individus de la rivière Kettle ne comptent pas le même nombre d’écailles le long de la ligne latérale que ceux capturés dans le cours principal du fleuve Columbia et dans la rivière Similkameen (Peden et Hughes,  1988; Hughes et Peden, 1989). En fait, de telles variations morphologiques d’un site à un autre ont été évoquées pour montrer que les naseux d’Umatilla provenant de différentes zones ont évolué au cours de périodes indépendantes d’hybridation entre le naseux léopard et le naseux moucheté (Peden et Hughes, 1988; Hughes et Peden, 1989). Cet argument repose sur la notion que ces différences morphologiques sont héritées et qu’elles témoignent de différences phylétiques, ce qui reste à être démontré.

Dans la même veine, Haas (2001) s’est servi des variations dans des séquences d’ADN mitochondrial (mtDNA) et d’ADNribosomique (rDNA) pour affirmer que le naseux d’Umatilla est une espèce valide, distincte du naseux moucheté et du naseux léopard, et qu’elle est peut être apparue à la suite de périodes répétées d’hybridation entre ces deux espèces. De manière précise, 306 paires de bases du gène cytochrome-b du mtDNA provenant de 29 poissons ont été séquencées et ont fait apparaître, avec un degré de confiance élevé, 2 grands groupes génétiques chez le naseux d’Umatilla (un groupe étant défini comme étant un assemblage de poissons portant des séquences d’ADN davantage apparentées les unes aux autres qu’elles ne le sont à des séquences d’ADN provenant d’autres groupes), les 2 groupes comprenant des naseux d’Umatilla. Le premier groupe (appuyé à 87 % par l’analyse bootstrap) était constitué de naseux d’Umatilla provenant de la rivière Similkameen, ainsi que de naseux léoparddes secteurs situés en amont comme en aval du fleuve Fraser, des rivières Kootenay et Slocan en C.-B., de la rivière Yakima (partie sud de l’État de Washington, WA), des rivières Grande Ronde et Willamette (État de l’Oregon, OR) ainsi que de la rivière Snake (État de l’Idaho, ID). Ce groupe de poissons était imbriqué dans un groupe plus vaste (appuyé à 99 % par l’analyse bootstrap) qui comprenait aussi le naseux moucheté provenant d’une variété de régions sises en C.-B. et dans les États de Washington et de l’Oregon. Le second groupe (appuyé à 89 % par l’analyse bootstrap) était formé de naseux d’Umatilla et de naseux mouchetésprovenant de la rivière Yakima. Par conséquent, les naseux d’Umatilla du groupe 1 étaient génétiquement plus près du naseux léopard tandis que ceux du groupe 2 étaient génétiquement plus près du naseux moucheté.

En outre, des différences séquentielles de la région D3B 28s du rDNA (80 paires de bases) permettent de faire la distinction entre les 3 espèces. La taille de l’échantillon pour ce locus est beaucoup plus réduite (n = 7 poissons), cependant les mêmes tendances générales apparaissent; les naseux d’Umatilla provenant de la rivière Similkameen sont plus proches du naseux léopard du fleuve Fraser qu’ils ne le sont du naseux moucheté de la rivière Kettle (support bootstrap de 93 %; Haas, 2001).

 Enfin, l’analyse séquentielle de la région de l’espaceur transcrit interne 1 (n = 14 poissons, 255 paires de bases) montre aussi que le naseux d’Umatilla a des appartenances mixtes; les individus provenant du cours inférieur du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay, en C.-B., ainsi que des rivières Grande Ronde et Snake s’apparentent davantage au naseux moucheté de la rivière Yakima, alors que les naseux d’Umatilla provenant de la rivière Similkameen en C.-B. s’apparentent davantage au naseux moucheté et au naseux léopard de régions aussi diverses que le fleuve Fraser et la rivière Willamette (Haas, 2001).

Les résultats préliminaires obtenus par Haas (2001) et les données morphologiques (Peden et Hughes, 1988; Hass, 2001) confortent la notion d’origines multiples et récentes (post-Pléistocène) associées à différents secteurs (les différents degrés d’affinité du naseux d’Umatilla avec l’une ou avec l’autre de ses espèces parentes, selon les régions, en témoignant – McPhail, 2007). La notion d’origines multiples trouve une certaine confirmation dans la présence actuelle du naseux d’Umatilla dans différents bassins hydrographiques qui sont aujourd’hui séparés par une série d’obstacles allant notamment de la distance à la vitesse du courant. Cet argument se trouve renforcé par le fait que les différences morphologiques observées sont associées à différents secteurs du bassin du fleuve Columbia. Précisément, ce naseux forme trois principaux groupes distincts sur le plan géographique, qui ont pu apparaître indépendamment les uns des autres (Haas 2001; McPhail, 2007). Ce sont :

  1. le groupe de la rivière Similkameen, de part et d’autre de la frontière;
  2. le groupe trouvé dans le reste du bassin hydrographique du fleuve Columbia et dans la rivière Snake. Il pourrait s’être formé deux sous-groupes, dont l’existence présenterait un lien avec des glaciations, soit dans la partie centrale de ce bassin hydrographique et dans la partie méridionale, à l’inclusion des rivières Snake et Grande Ronde; et
  3. le groupe de la rivière Yakima, qui peuple les affluents de la région centre-nord du bassin du fleuve Columbia dans l’État de Washington.

L’idée d’origines multiples d’un taxon par hybridation et les liens génétiques sus-mentionnés compliquent la décision de faire du naseux d’Umatilla une espèce distincte, du moins dans la perspective de l’espèce phylogénétique. Cela étant dit, et pour les raisons décrites précédemment, à la section Nom et classification, le naseux d’Umatilla répond aux critères définissant ce qu’est une espèce biologique distincte, qui met l’accent sur l’isolement reproductif en conditions sympatriques et dont on pourrait sans doute faire valoir qu’elle est la notion d’espèce le plus largement admise.

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Unités désignables

Les processus indépendants de spéciation justifient l’attribution du statut d’espèce biologique distincte. Ainsi, les 2 groupes géographiques du naseux d’Umatilla qui sont observés au Canada (les groupes 1 et 2 mentionnés ci-dessus) pourraient effectivement constituer des espèces biologiques distinctes. Cependant, le manque de données nous empêche de vérifier cette hypothèse. Par conséquent, dans l’attente des résultats d’autre recherche génétique et morphologique, on estime, de manière réaliste, que le naseux d’Umatilla constitue une unité désignable (Rhinichthys umatilla) selon Wydowski et Whitney (2003), Nelson et al.(2004) et McPhail (2007).

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Importance de l’espèce

Le naseux d’Umatilla est un poisson endémique au bassin hydrographique du fleuve Columbia en Colombie-Britannique. Il contribue au caractère faunique distinct de ce bassin en contexte canadien (Taylor, 2004). On croit qu’il est apparu par hybridation de deux autres espèces de naseux, le naseux moucheté et le naseux léopard, un phénomène (la spéciation par hybridation) de grand intérêt scientifique (p.ex., Mallet, 2007). Toutefois, il n’apparaît pas clairement si c’est le résultat d’un seul ou de multiples processus indépendants d’hybridation, ce qui donne lieu à un intéressant dilemme sur le plan biologique – s’agit-il d’une seule ou de plus d’une espèce biologique? Par ailleurs, dans sa planification de l’exploitation des ressources en eau du cours inférieur du fleuve Columbia, BC Hydro emploie le naseux d’Umatilla comme espèce indicatrice dans l’évaluation de l’échouement du poisson associé à l’exploitation d’installations hydroélectriques.

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le naseux d’Umatilla est endémique aux cours supérieur et central du fleuve Columbia et à ses affluents importants (McPhail, 2007) (figure 2). À l’instar de nombreux autres poissons endémiques au bassin du fleuve Columbia, le naseux d’Umatilla n’est pas trouvé en amont des chutes Shoshone, sur la rivière Snake dans l’État de l’Idaho (McPhail, 2007). La limite nord de son aire de répartition correspond étroitement à la ligne d’extension maximale sud de la couverture de glace au cours de la dernière période de glaciation du Pléistocène (le Wisconsinien), et l’espèce a peu progressé vers le nord au-delà de cette limite (Haas, 2001).

Figure 2. Distribution mondiale du naseux d’Umatilla, ouest de l’Amérique du Nord

Carte illustrant la distribution mondiale du naseux d’Umatilla, ouest de l’Amérique du Nord.

Le naseux d’Umatilla est signalé dans les États de Washington, de l’Oregon et de l’Idaho, ainsi qu’en Colombie-Britannique. Il est présent dans les eaux américaines comme dans les eaux canadiennes du bassin du fleuve Columbia, où il est trouvé dans son cours principal et dans les grands affluents en aval, au moins jusqu’au barrage Bonneville (État de l’Oregon) et dans l’est jusqu’aux monts Cascade (Troffe, 1999).   Des spécimens ont été capturés dans plusieurs grands cours d’eau, du côté canadien comme du côté américain de la frontière, notamment dans les rivières Similkameen, Kettle et Okanagan (Troffe, 1999; Hughes et Peden, 1989). Il faut cependant obtenir d’autres renseignements sur la distribution du naseux d’Umatilla aux États-Unis, particulièrement en provenance de l’État de l’Idaho et du nord de l’État d’Oregon, où il reste à confirmer sa présence dans la rivière Snake (Hughes et Peden, 1989; Haas, 2001). Le naseux d’Umatilla n’est pas signalé en amont des obstacles contemporains sur les cours d’eau affluents en C.-B.(McPhail, 2007).

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Aire de répartition canadienne

L’aire de répartition canadienne du naseux d’Umatilla fait l’objet de débats, en bonne partie à cause de la difficulté de le distinguer, particulièrement chez les jeunes, du naseux léopard et du naseux moucheté. Pour le présent rapport, l’aire générale de répartition ne peut être déterminée qu’à partir d’individus dont l’identité est validée par des spécialistes de la taxinomie et qu’à partir de dossiers muséologiques (figure 3). Lorsque des dossiers validés permettent de confirmer sa présence, les renseignements sur sa répartition et sur l’habitat peuvent être complétés par des renseignements présentés dans d’autres rapports. De plus, le manque de données récentes provenant de relevés des effectifs (dans les deux dernières décennies) à l’intérieur de bassins hydrographiques profondément perturbés fait qu’on peut s’interroger sur la survie de l’espèce dans de nouvelles conditions (par exemple dans la rivière Pend-d’Oreille, où plusieurs barrages hydroélectriques ont été érigés).

Figure 3. Sites des prélèvements de naseux d’Umatilla à l’intérieur de l’aire de répartition canadienne

Carte indiquant les sites des prélèvements de naseux d’Umatilla à l’intérieur de l’aire de répartition canadienne.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Similkameen river = rivière Similkameen
Keremeos creek = ruisseau Keremeos
Okanagan lake = lac Okanagan
Kettle river = rivière Kettle
Christina lake = lac Christina
Tulameen river = rivière Tulameen

L’aire de répartition canadienne du naseux d’Umatilla correspond à environ 5 % de son aire de répartition mondiale (figure 2). À l’examen des données sur l’occurrence, il semble que le naseux d’Umatilla soit confiné aux cours d’eau de plus grande importance, où le débit permet le maintien de rapides sur haut fond à l’année. La présence du naseux d’Umatilla dans le cours principal inférieur du fleuve Columbia (c.-à-d. en aval du barrage Hugh Keenleyside) ne fait l’objet d’aucune contestation. La présence de l’espèce est également signalée dans les rivières Kootenay, Slocan, Kettle et Similkameen (figures 45). Ce naseux vit peut-être dans les eaux de la rivière Pend-d’Oreille, où 1 seul individu a été capturé en 1983 (Peden et Hughes, 1988), dans le réservoir derrière le barrage Seven Mile à environ 8 km en amont de la frontière canado-américaine. Cependant, il n’y a eu aucune activité d’échantillonnage dirigée dans cette rivière. À cause des transformations imposées à ce cours d’eau (notamment la construction de 12 centrales hydroélectriques, dont 2 barrages en territoire canadien), il est permis de douter de la présence continue de cette espèce dans la rivière Pend-d’Oreille.

Figure 4. Sites des prélèvements de naseux d’Umatilla dans le bassin hydrographique de la rivière Similkameen en fonction des années:

Carte indiquant les sites des prélèvements de naseux d’Umatilla dans le bassin hydrographique de la rivière Similkameen en fonction des années.

Figure 5. Sites des prélèvements de naseux d’Umatilla dans le bassin hydrographique du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay en fonction des années:

Carte indiquant les sites des prélèvements de naseux d’Umatilla dans le bassin hydrographique du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay en fonction des années.

Figure 6. Principaux barrages hydroélectriques sur le cours inférieur du fleuve Columbia et sur les rivières Kootenay et Pend-d’Oreille, ayant une incidence sur le naseux d’Umatilla:

Carte indiquant les principaux barrages hydroélectriques situés sur le cours inférieur du fleuve Columbia et sur les rivières Kootenay et Pend d’Oreille, qui peuvent avoir une incidence sur le naseux d’Umatilla.

Dans le fleuve Columbia, le naseux d’Umatilla est confiné à des localités situées en aval du barrage Hugh Keenleyside, des individus appartenant à l’espèce ayant été identifiés près de Castlegar en Colombie-Britannique et au sud de la frontière (Peden et Hughes, 1988); il se peut qu’avant la construction de ce barrage, les lacs Arrow aient constitué un obstacle naturel à la dispersion de l’espèce vers l’amont même si ce n’est pas le cas de R. falcatus (Hughes et Peden, 1989). Dans la rivière Kootenay, le naseux d’Umatilla est présent à partir du secteur situé en amont du site initial des chutes Bonnington jusqu’à la confluence de la Kootenay et du fleuve Columbia; on trouve notamment d’assez importantes populations dans le réservoir situé derrière le barrage Brilliant ainsi que dans celui du barrage South Slocan (Peden et Hughes, 1988). De récents relevés effectués dans la partie située dans le cours principal inférieur du fleuve Columbia ainsi que dans la rivière Kootenay montrent que le naseux d’Umatilla n’est pas uniformément réparti, mais qu’il se concentre plutôt dans quelques zones névralgiques pour lui. La concentration la plus élevée a été mesurée dans le cours inférieur de la rivière Kootenay et dans le fleuve Columbia à environ 40 à 56 km en aval du barrage Hugh Keenleyside sur le fleuve Columbia (R.L. et L., 1995). Ce poisson est moins abondant dans les tronçons situés entre 20 et 40 km en aval de ce barrage, et sa présence est même rare dans les 20 premiers kilomètres en aval du barrage (R.L. et L., 1995). Des naseux d’Umatilla ont été trouvés à la confluence du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay (prélèvements automnaux et printaniers) ainsi qu’aux rapides Kinnaird (environ 3 km en aval de la confluence – prélèvements estivaux) (Golder Associates Ltd., 2005).

Dans la rivière Slocan, le naseux d’Umatilla s’est installé près de la confluence de la Slocan et de la Kootenay et en amont jusqu’à proximité de l’exutoire du lac Slocan, au nord de la ville du même nom (McPhail, 2007; idem, comm. pers., 2010). Il n’existe pas d’obstacle physique à la dispersion du naseux d’Umatilla dans cette région, cependant l’espèce ne semble pas s’être propagée en amont au-delà du lac Slocan, peut-être à cause de la température élevée de l’eau du lac (Hughes et Peden, 1989).

Dans la rivière Kettle, la présence du naseux d’Umatilla n’est attestée qu’en aval des chutes Cascade seulement, à environ 2 km au nord de la frontière; la dispersion en amont est interdite par ces chutes infranchissables (Peden et Hughes, 1988). La rivière Similkameen constitue la plus grande étendue d’habitat presque intact du naseux d’Umatilla au Canada (libre de grands projets d’aménagement hydroélectrique), même si on signale que l’espèce y est rare (Hughes et Peden, 1989). On signale sa présence entre le ruisseau Wolfe et la municipalité de Nighthawk située en aval, soit immédiatement au sud de la frontière. Plus en amont, le ruisseau Otter, un affluent de la rivière Tulameen qui se déverse elle-même dans la rivière Similkameen, abritait une forme morphologiquement distincte du naseux d’Umatilla (Peden et Hughes, 1988). De plus, 1 seul individu, de petite taille, a été capturé en 1992 (Peden et Orchard, 1992); aucun autre ne l’a été depuis (McPhail, 2007; G. Hanke, données non publiées), ce qui porte à penser que l’espèce n’y est probablement plus trouvée (McPhail, 2007). On pense qu’en amont de la rivière Tulameen, l’eau plus froide de la rivière Similkameen limite la dispersion de l’espèce dans cette direction (Hughes et Peden, 1989). On mentionne dans un rapport la présence du naseux d’Umatilla dans le ruisseau Keremeos, un cours d’eau étroit et court qui rejette ses eaux venues du nord dans la rivière Similkameen, à hauteur de la municipalité de Keremeos. Cependant, la désignation de l’espèce demeure quelque peu incertaine (Long, 2003). En outre, 35 jeunes de l’espèce ont été capturés dans des eaux mortes à l’embouchure du ruisseau Keremeos en 2005 (G. Hanke, données non publiées).

Long (2003) avait signalé la présence du naseux d’Umatilla dans la partie canadienne de la rivière Okanagan (plus précisément dans le ruisseau Mission, un affluent du lac Okanagan), cependant un examen ultérieur du spécimen a révélé qu’il ne s’agissait pas du naseux d’Umatilla (J.D. McPhail, comm. pers., 2010).

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Zone d’occurrence et zone d’occupation

Les données relatives à l’occurrence sont tirées de l’étude des spécimens historiques ou récents trouvés dans les musées et dont l’identification a été confirmée par des experts. La superficie de la zone d’occurrence calculée selon la méthode par polygones (COSEPAC, 2009), qui inclut l’habitat terrestre ainsi qu’aquatique, est de 12 425 km² (estimation émanant du Secrétariat du COSEPAC). En appliquant la méthode par grilles de 1 km x 1 km, on estime la superficie de l’IZO (indice de la zone d’occupation) à 342 km²d’habitat aquatique et terrestre (le tableau 1donne un aperçu du calcul de l’IZO et de la zone d’occurrence). Dans une démarche similaire, l’emploi de grilles de 2 km x 2 kmconduit à un IZO de 608 km² (toutes les estimations d’IZO proviennent du Secrétariat du COSEPAC). En tenant compte uniquement de la longueur des cours d’eau multipliée par leur largeur approximative, ainsi que de la superficie de tous les réservoirs, on estime que la superficie de la zone d’occupation est de 27,3  km². Toutes ces estimations excluent le ruisseau Otter, puisqu’on estime que sa population a disparu.

Tableau 1. Cours d’eau et réservoirs dont on a tenu compte dans les calculs de superficie des zones d’occupation du naseux d’Umatilla. À noter que le ruisseau Otter est exclu de ces calculs parce qu’on considère que la population qui s’y trouvait a disparu (5,22 km²). L’indice de la zone d’occupation (IZO) englobe les parties des grilles tombant hors des zones (valeurs communiquées par le Secrétariat du COSEPAC).
Cours d’eau et lacs/réservoirs Zone d’occurrence (ZO) selon la longueur du cours d’eau (km²) IZO selon une grille de 1x1 km (km²) IZO selon une grille de 2x2 km (km²)
Total des zones d’occupation 27,27 342 608
Rivière Similkameen – ruisseau Wolfe à la frontière (largeur approx. = 0,05 km x 86,8 km de longueur) 4,34 112 200
Rivière Kettle – chutes Cascade à la frontière (largeur approx.= 0,02 km x 5,7 km de longueur) 0,11 10 24
Fleuve Columbia – barrage Hugh Keenleyside à la frontière (largeur approx.=0,2 km x 56,4 km de longueur) 11,28 93 160
Rivière Kootenay – barrage Brilliant à la confluence avec le Columbia (largeur approx. = 0,1 km x 1 km de longueur) 0,10 93 160
Rivière Kootenay – section du réservoir entre les chutes Bonnington et le barrage Brillant 2,04 33 56
Rivière Slocan – émissaire du lac Slocan à la confluence avec la Kootenay  (largeur approx = 0,035 km x 57,3 km de longueur) 2,01 62 112
Rivière Pend-d’Oreille – toute la partie canadienne (largeur approx = 0,1 km x 2,8 km de longueur) 0,28 37 76
Réservoirs Pend-d’Oreille − Waneta + 7 Mile (0,3 km de largeur x 23,7 km de longueur) 7,11 37 76

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le naseux d’Umatilla est une espèce benthique d’eau courante, trouvée dans les affluents de grande à moyenne taille et dans le cours principal des rivières. Hughes et Peden (1993) sont arrivés à la conclusion que le naseux d’Umatilla marque une préférence pour les eaux assez productives et en faible altitude, par opposition aux cours d’eau froids et situés en altitude, et dans le fleuve Columbia, pour les milieux en bordure des berges en pente douce (5-19 %, R.L. et L., 1995). Même si on estime que les eaux de la rivière Similkameen sont froides et peu productives, et que l’apport en nutriments est limité (Rae, 2005), celles du tronçon situé le plus en aval, où le naseux d’Umatilla est trouvé, sont assez chaudes et plus productives que les tronçons situés en amont.

L’espèce a été observée dans divers milieux (dans les fosses par opposition aux rapides sur haut fond dans les rivières et les cours d’eau moins importants), mais on connaît mal ses besoins spécifiques. Hugues et Peden (1989) ont avancé l’hypothèse selon laquelle les méthodes d’échantillonnage appliquées ont nui à la détermination fine des besoins en matière d’habitat ou à la capacité de préparer des estimations fiables de l’abondance de l’espèce. Cependant, on s’accorde généralement pour reconnaître que les milieux choisis changent au fil du jour, des saisons et du stade biologique des individus (R.L. et L., 1995; AMEC, 2003; McPhail, 2007). En outre, Peden et Orchard (1993) attirent l’attention sur la forte asymétrie du pourcentage des sexes à certains sites dans le cours inférieur de la rivière Similkameen, ce qui pourrait être indicatif de différences entre les mâles et les femelles sur le plan des préférences pour certains milieux.

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Température

Le naseux d’Umatilla vit dans des cours d’eau dont la température est assez élevée à l’été (entre 18  et  20 °C). Haas (2001) a constaté qu’au laboratoire à 18 °C, ce poisson parvenait à son état optimal de reproduction. Il signale à cet effet que ces conditions thermiques sont conformes à ce qui est observé dans la nature aux mois de mai et de juin. Toutefois, le naseux d’Umatilla peut vivre dans des milieux dont la température est variable. Du mois d’août à la fin du mois de septembre, dans la rivière Similkameen, ce naseux vivait en eau où la température à la surface était comprise entre 8 °C et 21 °C (Peden et Orchard, 1993).

Il existe des indices indiquant que cette espèce va s’abriter dans des interstices logés dans le substrat et qu’elle devient moins mobile lorsque la température de l’eau s’abaisse (Haas, 1998). Le naseux d’Umatilla survit aussi en eau froide, ce que démontre sa présence dans des eaux mortes et des rivières comme la rivière Slocan, la rivière Kettle et le ruisseau Otter, qui peuvent se couvrir de glace en hiver.

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Substrat

Les naseux d’Umatilla adultes vivent en eau courante dans des milieux non limoneux et ils s’abritent contre le gravier très grossier, les galets et les blocaux (> 0,8 m de diamètre) (Hughes et Peden, 1989; Peden et Orchard, 1993;  Haas, 2001). Dans la rivière Kootenay et dans le fleuve Columbia, des naseux d’Umatilla ont été observés entre des pierres polies et arrondies laissant entre elles un espace suffisant pour que ces poissons s’y réfugient (Hughes et Peden, 1989). Des jeunes de l’année ont été aperçus en eau peu profonde (< 10 cm de profondeur) s’écoulant sur un substrat de limon, de sable ou de petits galets (Peden et Orchard, 1993, R.L. et L., 1995; McPhail, 2001) , alors que les individus à maturité ou de plus grande taille ont été observés en eau plus profonde, entre de plus grosses pierres ou en dessous (Hughes et Peden, 1989; R.L. et L., 1995). Les adultes vivent davantage près du fond que les jeunes, souvent observés à mi-profondeur au cours de l’été, et en aval de structures qui ralentissent le courant (R.L. et L., 1995).

Exception faite d’un segment long de 100 m caractérisé par un substrat couvert de grands blocaux au pied des chutes Cascade, dans la partie canadienne de la rivière Kettle située en aval de ces chutes, il se trouve peu de milieux qui conviennent, faute de couverture de blocaux et de galets (Peden et Hughes, 1981; Hughes et Peden, 1989).

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Vitesse d’écoulement de l’eau

Le naseux d’Umatilla vit dans des milieux où l’écoulement de l’eau empêche l’envasement (Hughes et Peden, 1989). Les adultes capturés dans le cours principal du fleuve Columbia le sont généralement dans des milieux à écoulement lisse de l’eau, à une vitesse de < 0,5m/s (R. L. et L., 1995). La vitesse d’écoulement de l’eau privilégiée par ce naseux semble être intermédiaire à celles recherchées par le naseux léopard et par le naseux moucheté, chacun d’eux, respectivement, préférant une vitesse d’écoulement supérieure et une vitesse inférieure (Haas, 2001). Dans les tronçons à écoulement lisse de l’eau, le naseux d’Umatilla s’abrite sur le fond, entre les pierres où la vitesse de l’eau est moins élevée (McPhail, 2007). Les relevés hivernaux montrent que cette espèce se met à l’abri du courant dans des milieux susceptibles d’être en étroite association avec des milieux où l’eau circule rapidement (R.L. et L., 1995; AMEC, 2003).

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Profondeur de l’eau

Dans la rivière Kootenay et dans les tronçons central et inférieur du fleuve Columbia, le naseux d’Umatilla a été trouvé dans des milieux à l’eau peu profonde, ordinairement moins de 1 m (Hughes et Peden, 1989, R. L. et L., 1995). Haas (2001) a constaté qu’au laboratoire, la valeur médiane de la profondeur préférée est d’environ 0,5 m, résultat presque identique à celui obtenu chez le naseux léopard. Dans la rivière Similkameen cependant, des naseux d’Umatilla de grande taille ont été observés à une profondeur excédant 1 m (Peden et Orchard, 1993). Des limites de profondeur sont associées au matériel de pêche électrique; il se peut donc que des adultes de cette espèce soient trouvés à une profondeur supérieure à celle indiquée dans les collections muséologiques (Peden et Orchard, 1993).

Peden et Orchard (1993) ont trouvé des jeunes en eaux calmes et peu profondes (< 0,10 m) dans la rivière Similkameen, et McPhail (2001) a présenté des résultats similaires concernant, cette fois, des alevins vivant près des rives de la rivière Slocan; il a signalé que les jeunes viennent se réfugier dans les secteurs plus calmes, moins profonds et abritant de la végétation submergée durant la crue printanière, mais qu’ils exploitent des milieux semblables à ceux utilisés par les adultes lorsque les conditions d’écoulement se normalisent. Dans le fleuve Columbia, les jeunes de l’année et les autres jeunes de petite taille exploitent les milieux peu profonds tout au fil de l’année alors que les adultes ne sont signalés dans ces milieux qu’au cours de l’été et à l’automne; cela conduit à penser que les adultes passent à des secteurs plus profonds en hiver et au printemps (R. L. et L., 1995). En outre, au cours de la saison d’échantillonnage estivale, les secteurs peu profonds et voisins des rivages comptaient davantage de naseux le jour que la nuit; cette observation tend à indiquer des passages quotidiens d’un milieu à un autre, selon la saison.

Phénomène couramment observé chez les poissons d’eau courante, le naseux d’Umatilla opère des changements ontogénétiques d’utilisation des milieux. Ainsi, les jeunes (d’un an et plus) étaient trouvés en grand nombre, en été, dans les secteurs peu profonds et voisins des rives du fleuve Columbia, situés entre le barrage Hugh Keenleyside et la frontière avec les États-Unis (R. L. et L., 1995). Toutefois, à l’arrivée de l’automne, ils étaient passés dans un milieu convenant davantage aux adultes, c’est-à-dire sis à plus grande profondeur et en eau plus vive (McPhail, 2007). En outre, Peden et Orchard (1993) ont établi une corrélation positive entre la taille des poissons et la profondeur du milieu qu’ils occupent dans le fleuve Columbia. Enfin, outre les changements dans le profil d’utilisation des milieux en fonction de l’âge, des variations saisonnières du choix de la profondeur des milieux sont signalées (R.L. et L., 1995).

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Tendances en matière d’habitat

Perturbations attribuables à l’aménagement hydroélectrique des ressources 

La construction et l’exploitation de grands complexes hydroélectriques dans le bassin hydrographique du fleuve Columbia ont considérablement modifié l’hydrologie de pratiquement tous les milieux que le naseux d’Umatilla pouvait exploiter dans le cours principal du fleuve Columbia et dans celui de la rivière Kootenay, depuis les premières années du XXe siècle (R. L. et L., 1995; consulter également la figure 5). Apparus au moment de la construction des barrages, bon nombre des changements ont un caractère historique et permanent. La perturbation des milieux aquatiques se produit en amont comme en aval des barrages, cependant les effets potentiels sur l’habitat du naseux d’Umatilla sont fonction de la répartition de l’espèce dans ces cours d’eau. En général, l’exploitation des barrages a pour conséquence la régulation des débits en aval des ouvrages de retenue et s’accompagne d’effets sur les régimes d’écoulement et de température, sur la qualité de l’eau et sur le transport du substrat (par exemple l’enlèvement du gravier) et représente ainsi une perturbation constante de l’habitat. En amont, la transformation d’un régime fluvial à un régime lacustre à l’intérieur du réservoir, et les changements qui en découlent sur le plan de la température et sur celui de la qualité de l’eau, constituent la conséquence la plus apparente de la construction des barrages. Ceux-ci constituent des obstacles infranchissables vers l’amont à tout le moins, et leur présence peut donner lieu à la fragmentation de milieux antérieurement reliés. Le degré de perturbation de l’habitat varie cependant en fonction de chacun des ouvrages de retenue, mais au bilan, les projets hydroélectriques ont modifié, d’une certaine façon, 41 % de l’habitat du naseux d’Umatilla exprimé en longueur de cours d’eau (S. Pollard, ministère de l’Environnement de la C.-B., données non publiées).

La rivière Kootenay se déverse dans le fleuve Columbia à 10,5 km en aval du barrage Hugh Kennleyside (Golder Associates Ltd., 2005). Entre 1897 et le milieu des années 1940, 6 barrages ont été érigés, 6 réservoirs remplis sur cette rivière entre sa confluence avec le fleuve Columbia et l’exutoire du lac Kootenay; à noter également que des travaux visant à augmenter la capacité de certaines installations étaient en cours aussi récemment qu’en 2006 (figure 5). La rivière Kootenay se jette dans le fleuve Columbia à 2,8 km en aval du barrage Brilliant près de Castlegar. Le barrage Bonnington Falls (le quatrième en remontant à partir de la confluence) a été érigé à l’endroit où un obstacle naturel empêchait toute remontée du naseux d’Umatilla au-delà de ce point; bref, les perturbations potentielles de l’habitat sont limitées à la partie de ce cours d’eau située en aval de ce barrage. Toutefois, le fonctionnement des barrages situés plus en amont peut encore agir sur l’entraînement du substrat et sur l’écoulement en aval. Du fait que le naseux d’Umatilla semble marquer une préférence pour un habitat fluvial sans limon et assez productif, le passage d’un régime à écoulement libre à celui d’un régime déterminé par une série de réservoirs dans le cours inférieur de la rivière Kootenay a sans aucun doute influé sur la répartition de cette espèce à un degré ou à un autre. De plus, les 3 barrages situés en aval de ce qu’étaient les chutes Bonnington forment également des obstacles à la remontée. L’importance des déplacements des naseux dans un cours d’eau n’est pas bien élucidée (se reporter à la section Déplacements et dispersion), mais ces barrages ont sans doute donné lieu à une fragmentation de l’ensemble de la population dans ce cours d’eau. À noter que Hugues et Peden (1989) ont signalé la présence d’importantes populations dans le réservoir derrière le barrage Brilliant, ainsi que celle de 4 jeunes dans le réservoir derrière le barrage South Slocan. Cette observation pourrait signifier que ces sections perturbées peuvent encore abriter l’espèce même si des relevés plus récents n’ont pas permis de confirmer sa présence (se reporter à la section Taille et tendances de la population). En aval du barrage Brilliant, le débit est régulé à l’année, ce qui est susceptible de nuire à la qualité comme à l’abondance de milieux pour les naseux (la section Facteurs limitatifs et menaces se penche sur les problèmes précis liés à la régulation en permanence du débit).

La construction du barrage Hugh Keenleyside, situé sur le fleuve Columbia à 10 km en amont de Castlegar, qui a été complétée en 1968, a donné lieu à la formation du réservoir des lacs Arrow, long de 240 km (anciennement les lacs Arrow supérieur et inférieur). Étant donné qu’on ne pensait pas que le naseux d’Umatilla pouvait être présent en amont de cet ouvrage (se reporter à la section Aire de répartition canadienne), les effets sur l’habitat sont limités à ceux liés à la régulation de l’écoulement en aval (il en est question à la section Facteurs limitatifs et menaces).

Un autre affluent important du fleuve Columbia, la rivière Pend-d’Oreille, était réputé abriter des naseux d’Umatilla; plusieurs installations hydroélectriques construites avant 1980 ont perturbé son cours (figure 4). La construction de ces barrages a donné lieu à la formation de réservoirs en série dans la majeure partie du cours de cette rivière situé en territoire canadien. Le degré de transformation de l’habitat y est comparable à celui observé dans le tronçon inférieur de la rivière Kootenay; bien que cela revête un aspect spéculatif, faute de confirmation de la présence de cette espèce dans la rivière (le dernier relevé remontant à 1983 n’avait permis de signaler qu’un seul naseux d’Umatilla), cette transformation pourrait aussi avoir modifié la répartition du naseux d’Umatilla.

La rivière Similkameen a été endiguée entre 1916 et 1923, juste au sud de la frontière canado-américaine. Avant la construction de ce barrage, les chutes Enloe, hautes de 7 m, se posaient en un obstacle infranchissable à la remontée de pratiquement tous les poissons, à l’inclusion du naseux d’Umatilla (Hughes et Peden, 1989). Par conséquent, le barrage initial n’aurait pas modifié les conditions de ce cours d’eau ni nui à la connectivité de la population canadienne du naseux d’Umatilla dans celui-ci. Par contre, les options proposées d’endiguement de la rivière au sud de la frontière pourraient exercer des effets importants sur l’habitat du naseux d’Umatilla dans le cours inférieur de la rivière Similkameen (se reporter à la section Facteurs limitatifs et menaces).

Bref, il se produit des perturbations de l’habitat associées aux ouvrages hydroélectriques dans le fleuve Columbia et dans les rivières Kootenay et Pend-d’Oreille. Certaines remontent à l’époque de la construction initiale des ouvrages (et on pense à la fragmentation de l’habitat ainsi qu’au passage de conditions fluviales à des conditions lacustres). Le fait qu’on continue d’observer des naseux d’Umatilla dans au moins certains tronçons du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay qui ont été perturbés par la construction et l’exploitation des ouvrages hydroélectriques suggère que cette espèce pourrait s’adapter dans une certaine mesure aux perturbations de son habitat, ou encore qu’elle n’est pas sensible outre mesure aux changements qui résultent de la réalisation de projets hydroélectriques. Mais jusqu’à tout récemment, toutes les observations portant sur le naseux étaient strictement d’ordre qualitatif et il était impossible de mesurer les changements en matière d’abondance. D’autres répercussions sur les milieux situés en aval des ouvrages de retenue sont assez récentes ou continuent de s’exercer; elles sont associées aux opérations et à l’augmentation de la capacité d’installations. Les tronçons situés en aval des barrages Hugh Kennleyside et Brilliant, notamment, subissent des fluctuations allant de quotidiennes à saisonnières du débit d’eau; il est établi qu’elles exercent des répercussions d’ordre qualitatif et quantitatif sur l’habitat accessible au naseux d’Umatilla. De fait, les opérations saisonnières ont donné lieu récemment à un certain nombre d’épisodes d’échouement de poissons dans la partie inférieure du fleuve Columbia suivis de mortalité (se reporter à la section Facteurs limitatifs et menaces ci-après).

Perturbations associées à d’autres activités anthropiques

Un certain nombre de petites agglomérations urbaines ont été érigées à l’intérieur de l’aire de répartition naturelle du naseux d’Umatilla (penser, par exemple, à Princeton, Keremeos, Castlegar et Trail, C.-B.) En outre, la culture extensive (particulièrement fruitière et fourragère) est pratiquée au fond des vallées des cours d’eau importants, notamment celles des rivières Similkameen, Slocan et Kettle; ces régions sont également vulnérables à des épisodes de sécheresse allant en s’intensifiant. On prévoit que les prélèvements d’eau augmenteront avec le temps pour répondre à la demande croissante d’eau d’irrigation dans la région. Certains tronçons de la rivière Similkameen sont intensément endigués afin de protéger des centres urbains contre les inondations et les berges sont renforcées par endroits afin de réduire l’érosion et de procurer une protection contre les crues bicentenaires. Il est intéressant de noter que Peden et Orchard (1993) ont signalé que les naseux d’Umatilla de grande taille qui sont trouvés dans la rivière Similkameen semblaient utiliser les nombreux tronçons endigués de la rivière dans le secteur de Keremeos, C.-B., dont bon nombre de ces digues remontent aux années 1970 seulement ou même moins. Les milieux naturels qu’occupent les adultes du naseux d’Umatilla comportent souvent des substrats de la taille de ceux qui ont servi à la construction des digues, ce qui pourrait laisser supposer un déplacement du naseux d’Umatilla en aval jusque dans les tronçons de la rivière Similkameen qui étaient dominés auparavant par le naseux léopard (Peden et Orchard, 1993).

Des activités forestières et minières ont eu cours dans de nombreux secteurs du bassin hydrographique de la rivière Similkameen. À la source de cette rivière et le long de ses affluents, des infestations de dendroctone du pin ponderosa (Dendroctonus ponderosae) ont endommagé de grandes superficies forestières (T. White, comm. pers., 2009); la sédimentation, la contamination et la modification des régimes d’écoulement de l’eau et de température sont des répercussions possibles sur l’habitat du poisson dans le cours principal. Quatre mines d’or ou de cuivre ont été exploitées à l’intérieur du bassin hydrographique de la rivière Similkameen; l’une d’elles est toujours en exploitation (T. White, comm. pers., 2009). Le secteur minier envisage la possibilité d’entreprises minières concernant deux gisements de houille dans la partie supérieure du bassin hydrographique de la rivière Similkameen (l’un est situé dans le bassin de la Tulameen, l’autre dans le secteur de Princeton); il n’y a cependant aucune activité minière pour l’instant. Sur le fleuve Columbia, un four de fusion de grandes dimensions a été en exploitation pendant plus d’un siècle, et on signale qu’il s’est produit des déversements de polluants dans le cours d’eau. Ces effets cumulatifs sont tous susceptibles d’entamer la qualité et la disponibilité de l’habitat des façons suivantes : intensification de la sédimentation, augmentation de la charge en nutriments et en polluants, perturbation des régimes thermiques, perturbation des secteurs riverains et perturbation du régime hydrologique. Il est toutefois difficile de savoir dans quelle mesure ces répercussions ont pu perturber l’habitat du naseux, le cas échéant, particulièrement au regard du peu de données sur son abondance au fil du temps.

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Protection de l’habitat et propriété

Aucun élément législatif ne protège explicitement l’habitat de cette espèce en Colombie-Britannique malgré l’existence de dispositions générales, relatives à la protection de l’habitat du poisson contenues dans la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral, qui pourraient être évoquées pour réglementer les besoins en eau du poisson, en termes de débit, son libre passage, sa mort par d’autres moyens que la pêche, la pollution des eaux fréquentées par le poisson et la détérioration de l’habitat du poisson. Le règlement provincial sur les zones riveraines, « Riparian Areas Regulation » (B.C. Reg. 148/2006), pris en vertu de la loi provinciale sur la protection du poisson, « Fish Protection Act » (projet de loi 25 – 1997), prévoit des lignes directrices à l’intention des municipalités destinées à assurer une protection suffisante de l’habitat riverain dans les secteurs en voie d’expansion. Ces mesures s’appliquent à un certain nombre de districts régionaux, notamment ceux d’Okanagan-Similkameen et de Columbia-Shuswap; toutefois, compte tenu de l’aire de répartition du naseux d’Umatilla, elles ne s’appliquent probablement que dans les zones aménagées du bassin hydrographique de la rivière Similkameen (c.-à-d. à l’intérieur des limites de Hedley, Keremeos et Cawston) et, dans une moindre mesure, à hauteur du cours principal du fleuve Columbia (à proximité de Trail et de Castlegar). De nombreuses digues et de nombreux canaux harnachent les cours d’eau dans ces zones. Ils servent à protéger les municipalités des inondations.

Pratiquement toutes les terres contiguës au fleuve Columbia et aux rivières Kootenay, Pend-d’Oreille et Slocan, au cours moyen de la Similkameen, ainsi qu’aux rivières Otter et Kettle appartiennent à des particuliers. Nombre de ces terres se trouvant à l’intérieur de la Réserve de terres agricoles, elles servent sans doute à l’agriculture sous diverses formes. La Forest and Range Practices Act de la C.-B. (projet de loi 74 − 2002) exige un plan d’intendance ou de pâturage approuvé par le gouvernement pour laisser le bétail fourrager sur les terres provinciales, mais ces dispositions ne s’appliquent pas aux terres privées. Les parcs provinciaux, notamment la réserve South Okanagan Grasslands (cours inférieur de la rivière Similkameen), le parc Bromley Rock (tronçon moyen de la rivière Similkameen), et les parcs de Beaver Creek et d’Erie Creek (fleuve Columbia) protègent seulement de façon limitée et localisée l’habitat du naseux d’Umatilla, en termes d’aménagement réduit des rivages. La plus grande partie des tronçons inférieur et central du cours principal de la rivière Similkameen (environ 20 km de longueur en aval et environ 25 km en amont de Keremeos) est située à l’intérieur ou partiellement à l’intérieur (une seule rive) du territoire d’une réserve indienne désigné par le gouvernement fédéral. Il se fait moins d’aménagement des rivages ou à proximité sur ces territoires. Peden et Orchard (1993) ont formulé l’avis que le tronçon de la rivière passant dans la réserve Ashnola contient certains des meilleurs milieux naturels pour le naseux d’Umatilla de toute la rivière Similkameen. 

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Biologie

Cycle vital et reproduction

Il existe très peu de renseignements sur le cycle vital du naseux d’Umatilla. Les renseignements disponibles proviennent en bonne partie de deux études, l’une portant sur la rivière Similkameen (Peden et Orchard, 1993), l’autre sur le fleuve Columbia (R.L. et L. 1995), et aussi d’observations parues dans McPhail (2007) et de déductions à partir des deux espèces étroitement apparentées que sont le naseux léopard et le naseux moucheté. Le plan récemment préparé sur l’utilisation des ressources en eau du fleuve Columbia, le Columbia River Project Water Use Plan (BCHydro, 2007) stipule qu’il faut procéder à une évaluation du cycle vital du naseux dans le tronçon inférieur du fleuve Columbia afin de bien juger des menaces que pose l’exploitation saisonnière du barrage Hugh Keenleyside. Cette étude, qui porte également sur le naseux d’Umatilla, est en cours (Columbia River Project Water Use Plan – projet CLBMON-43).

Tout comme le naseux léopard et le naseux moucheté, le naseux d’Umatilla fraye probablement vers la fin du printemps et le commencement de l’été (Hughes et Peden, 1989). Cette hypothèse se trouve confortée par l’observation d’œufs parvenus presque à maturité chez des femelles au commencement de juillet (McPhail, 2007). La température, la hausse du niveau de l’eau et le prolongement de la photopériode déclenchent le comportement reproducteur chez le naseux moucheté (références dans McPhail, 2007); il se peut que des déclencheurs environnementaux similaires agissent aussi fortement sur le naseux d’Umatilla. Nous ne disposons pas de renseignements précis sur le choix des lieux de frai, mais lorsqu’elles pénètrent dans l’un de ces sites, elles sont entourées de mâles, et elles peuvent retourner plusieurs fois sur les lieux, ne pondant que quelques œufs à la fois (McPhail, 2007). Les œufs de naseux d’Umatilla obtenus au laboratoire sont démersaux et adhésifs (Haas, 2001).

La fécondité est fonction de la taille, les valeurs signalées variant entre 300 et 2 000 œufs (résultats fondés sur l’examen de 5 femelles faisant entre 80 et 115 mm de long à la fourche) (McPhail, 2007). Ces œufs non encore parvenus à pleine maturité mesuraient en moyenne 1,6 mm de diamètre (McPhail, 2007). Au laboratoire, des œufs fécondés (de naseux d’Umatilla provenant de la rivière Similkameen) mesuraient environ 2,0 mm de diamètre et étaient adhésifs et fragiles (Haas, 2001). À 18 °C, ils ont éclos en 6 jours, les alevins mesurant environ 7 mm de long au total (Haas, 2001). Les alevins passent sans doute une semaine dans le gravier avant d’émerger et de commencer à s’alimenter (McPhail, 2007).

Le naseux d’Umatilla atteint rarement la taille de 30 mm à la fin de la première saison de croissance (McPhail, 2007). La plupart des mâles parviennent à la maturité sexuelle à la fin de leur deuxième été (1 an et plus) alors que les femelles mettent 1 an de plus (2 ans et plus) (McPhail, 2007). La longueur des adultes dépasse rarement 120 mm à la fourche (Peden et Orchard, 1993). Dans la rivière Similkameen, les plus grands naseux d’Umatilla étaient des femelles, ce qui est souvent le cas chez les cyprinidés (Peden et Hughes, 1989).

À l’heure actuelle, nous disposons de peu de renseignements sur la mortalité naturelle ou sur la structure par âge des populations. Des naseux de 50 à 59 mm de longueur standard ont été trouvés en grand nombre dans la rivière Similkameen, cependant il n’y a pas de confirmation de leur âge exact; il pourrait s’agir de poissons dans leur deuxième année (Peden et Orchard, 1993). Leur longévité est inconnue, cependant une femelle de 5 ans ou plus (datation au moyen des otholites) avait atteint une longueur standard de 119 mm à son sixième été (McPhail, 2007). Toutefois, la plupart des espèces de naseux semblent vivre pendant 3 ou 4 ans, et la durée de génération serait d’environ 3 ans (Scott et Crossman, 1973).

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Prédateurs

Les principaux prédateurs sont sans doute des poissons piscivores qui sont également trouvés en eaux courantes à l’intérieur de l’aire de répartition du naseux d’Umatilla. Comme mentionné à la section des relations interspécifiquesci-après, la sauvagesse du Nord (Ptychocheilus Oregonensis) et la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), ainsi qu’un certain nombre de chabots (Cottusspp.), notamment le chabot de torrent (C. rhotheus), qui est trouvé en abondance dans les petits cours d’eau, sont les prédateurs probables de l’espèce. Hugues et Peden (1989) n’estiment pas que la prédation soit un facteur susceptible de limiter la croissance des populations de naseux d’Umatilla. Ces chercheurs n’ont toutefois pas tenu compte des incidences de l’introduction de poissons prédateurs; il en est question à la section Facteurs limitatifs et menaces.

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Physiologie

La température de l’eau constitue sans doute un facteur limitatif d’ordre physiologique pour le naseux d’Umatilla. Ce poisson paraît être confiné aux cours inférieur et central des rivières, où la température plus élevée de l’eau contribue à une plus grande productivité des milieux. Peden et Orchard (1993) font toutefois remarquer que cette espèce tolère une plage de température quotidienne étendue; dans la région, en août, elle peut passer de 13 °C à 21 °C dans un intervalle de 24 heures.

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Déplacements et dispersion

Nous ignorons dans quelle mesure le naseux d’Umatilla peut se disperser ou dans quelle mesure il peut migrer d’une façon ou d’une autre. Des études réalisées dans le tronçon inférieur du fleuve Columbia (en C.-B.) suggèrent que les individus au stade pélagique suivant l’éclosion et au stade des jeunes ont une capacité de déplacement limitée (R. L. et L., 1995); cela signifierait que les jeunes de l’année auraient de la difficulté à remonter le courant pour se disperser. L’espèce serait donc vulnérable à de brusques changements dans son environnement pendant cette période. Les jeunes tendent à être entraînés en aval jusque dans des zones où l’eau s’écoule lentement, alors que les adultes et que les jeunes de plus forte taille peuvent remonter le courant jusque dans des zones à circulation rapide de l’eau (R. L. et L., 1995).

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Relations interspécifiques

Des études effectuées en territoire canadien sur le tronçon inférieur du fleuve Columbia ont montré que l’alimentation des naseux d’Umatilla est peu variée et qu’elle change avec les saisons et selon la disponibilité des proies (R. L. et L., 1995). Elle est constituée d’éphémères (éphéméroptères), de moucherons (chironomidés), de périphyton (algues benthiques et autres matières) ainsi que de détritus. En hiver, ce naseux ingère des quantités importantes de périphyton et de détritus. Ces résultats confirment ceux d’études antérieures sur les habitudes alimentaires d’autres espèces de naseux (Scott et Crossman, 1973).

Il est établi que le régime alimentaire du naseux d’Umatilla varie d’une localité à une autre; cette espèce s’alimenterait donc de manière opportuniste, ingérant ce qu’elle trouve (R. L. et L., 1995). Dans le cours supérieur du fleuve Columbia, son régime alimentaire est constitué principalement d’éphémères alors que dans le cours moyen, le périphyton et les détritus remplacent les insectes à titre de principale source d’aliments. Dans le cours inférieur du fleuve Columbia, le contenu stomacal est composé à 36 % de détritus et à 64 % d’insectes, en volume. Dans le cours inférieur plus qu’ailleurs, les moucherons constituent la principale source d’aliments et comptent davantage dans l’alimentation (R. L. et L., 1995). Dans la rivière Similkameen, le régime alimentaire de l’espèce est probablement différent puisqu’on n’y voit aucune trace d’algues aux sites étudiés (Peden et Orchard, 1993). À partir d’un petit nombre de jeunes de l’année et de jeunes plus âgés dont le contenu stomacal a été examiné, il semble que le régime alimentaire des naseux d’Umatilla de petite taille soit semblable à celui des adultes (McPhail, 2007).

Le naseux d’Umatilla vit en sympatrie avec le naseux léopard dans les rivières Similkameen et Kootenay, où il semble être plus abondant et choisir des secteurs où le courant est plus fort (Peden et Hughes, 1993). Haas (2001) signale que là où est observée une sympatrie entre le naseux d’Umatilla et ses espèces parentes, les variations intraspécifiques des attributs morphologiques et écologiques semblent être plus réduites; cela est indicatif de l’occupation de niches écologiques séparées sous la pression de la compétition.

Bon nombre d’autres poissons ont été identifiés au cours des travaux d’échantillonnage du naseux d’Umatilla dans la rivière Similkameen, notamment le ménomini des montagnes Prosopium williamsoni), la truite arc-en-ciel, la sauvagesse du Nord, le méné rose (Richardsonius balteatus), le meunier à grandes écailles (Catostomus  macrocheilus), le meunier de l’ouest (Catostomus columbianus), le chabot de torrent et le meunier des montagnes (Catostomus platyrhynchus) (Peden et Orchard, 1993). Les interactions entre ces espèces et le naseux d’Umatilla n’ont pas été notées, mais les espèces benthiques de petite taille comme les chabots et le naseux de la Nooksack (Rhinichthys cataractae), qui sont trouvées en beaucoup plus grande abondance dans la rivière, sont de possibles compétitrices (Peden et Orchard, 1993). Dans le fleuve, une étude axée sur les naseux et sur les chabots signale la coexistence de naseux d’Umatilla et de naseux de la Nooksack ainsi que de divers chabots (R. L. et L., 1995); une autre étude mentionne d’autres espèces, soit la sauvagesse du Nord, des corégones, le méné rose, le méné deux-barres (Mylocheilus caurinus), la truite arc-en-ciel et des meuniers (AMEC, 2003). Il se peut que des poissons piscivores comme la sauvagesse du Nord et la truite arc-en-ciel chassent le naseux d’Umatilla, toutefois les répercussions sur les populations est inconnu. La bouche coupante (Acrocheilus alutaceus) est une espèce trouvée dans le fleuve Columbia et dans la rivière Similkameen, qui est algivore; elle entre sans doute peu en concurrence avec le naseux d’Umatilla.

Rien n’indique que la concurrence nuit aux populations de naseux d’Umatilla (Hughes et Peden, 1989); toutefois, l’échantillonnage ayant eu un caractère sporadique, il aurait été difficile de déceler des effets de nature concurrentielle. Les chabots et d’autres naseux pourraient être des compétiteurs (Cannings et Ptolemy, 1998).

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Adaptabilité

Les relevés hivernaux effectués dans le cours principal du fleuve Columbia révèlent que, se déplaçant vers le substrat le jour, le naseux d’Umatilla tend à être plus actif la nuit (AMEC, 2003). La densité observée de poissons est également inférieure la nuit à ce qu’elle est le jour, suggérant que ce poisson échappe plus facilement à l’observation la nuit que le jour (AMEC, 2003).

Le naseux d’Umatilla pourrait être en mesure de tolérer les perturbations d’origine anthropique jusqu’à un certain point, même y trouver son compte (voir la section Tendances en matière d’habitat). Mais pour comprendre dans quelle mesure il est susceptible de s’adapter, il faudra une bien meilleure compréhension de ses besoins en matière d’habitat.

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Taille et tendances des populations

Activités d’échantillonnage

Aucune activité d’évaluation de l’importance de la population de naseux d’Umatilla en Colombie-Britannique n’a été entreprise à ce jour. Antérieurement, les études sur le terrain étaient cantonnées à des considérations qualitatives concernant les préférences en matière d’habitat dans la rivière Similkameen (Peden et Orchard, 1993), à l’occupation saisonnière de l’habitat dans le fleuve Columbia (AMEC, 2003; R.L. et L., 1995), ainsi qu’à la composition spécifique, à l’abondance relative et à l’utilisation de l’habitat dans le cours inférieur de la rivière Kootenay et dans ses réservoirs associés (R. L. et L., 1999). Les récentes études sur le terrain dans le fleuve Columbia se sont limitées aux études sur l’échouement de poissons associé à l’exploitation des ouvrages hydroélectriques dans le cours principal du fleuve, même si des études sur l’abondance des naseux de diverses espèces, notamment le naseux d’Umatilla, y ont été amorcées (Golder and Associates, 2005). À cause de la rareté des données, toutes les observations sur l’abondance et sur les tendances ont été combinées par bassin hydrographique. En outre, la possibilité d’erreurs d’identification crée de l’incertitude en ce qui regarde l’importance des populations ou même la présence du naseux d’Umatilla dans certaines régions, et rend les inférences plus aléatoires (Haas, 1998).

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Abondance et tendances

Ruisseau Otter

Les collections de naseux d’Umatilla de 1958 et du milieu des années 1980 montraient la présence d’individus de grande taille dans le ruisseau Otter (> 45 mm de longueur standard), mais ne sont associées à aucune donnée sur l’importance des populations et sur les tendances (Hughes et Peden, 1989). Ces chercheurs (1989) n’ont pu trouver ni mâles ni jeunes dans leurs collections (années 1980), et un seul jeune a été capturé en 1992 (Peden et Orchard, 1993). Une récente étude qualitative sur le terrain, réalisée en 2006, à l’aide de la pêche électrique dans environ un tiers du ruisseau en aval du lac Otter et n’a pas permis de trouver de naseux d’Umatilla même si plusieurs autres espèces ont été capturées (S. Pollard et G. Hanke, données non publiées). McPhail (2007) estime que cette population avait probablement disparu pour des raisons inconnues.

Rivière Similkameen

Au cours de relevés estivaux (août-septembre) en 1992 dans la rivière Similkameen, Peden et Orchard (1993) ont remarqué l’abondance de jeunes naseux de l’année et de 1 an, ce qui est le signe d’un bon succès de reproduction dans cette rivière. Les auteurs sont aussi parvenus à la conclusion que, d’après leur étude, le naseux d’Umatilla était plus abondant qu’on ne l’avait établi dans cette rivière, et aussi que l’activité d’échantillonnage était compliqué par un accès difficile. Ils ont signalé que les plus gros individus étaient plus souvent des femelles, ce qui était aussi le cas dans la partie américaine de la rivière Kettle (Peden et Hughes, 1988). En 1995, une étude sur le terrain réalisée à 50 sites à l’intérieur du bassin hydrographique de la rivière Similkameen, qui ciblait un grand nombre d’espèces, n’a livré que 2 naseux d’Umatilla; il a été estimé que cette espèce est rare dans ce bassin hydrographique (Rosenfeld, 1996). Toutefois, bon nombre des points d’échantillonnage ne convenaient pas à l’espèce ou étaient situés hors de son aire de répartition dans le bassin hydrographique. Une expédition de collecte de spécimens effectuée en 2006 a permis de capturer 35 naseux d’Umatilla dans un seul secteur d’eaux mortes du cours inférieur de la rivière Similkameen à une période de très faible débit (G. Hanke, données non publiées), alors qu’à une période de débit élevé, seulement quelques naseux, dont quelques jeunes, ont été collectés en des points dispersés (G. Hanke, données non publiées). Bref, on sait très peu de choses sur la situation de la population de la rivière Similkameen, sinon que le recrutement paraît être bon, qu’on trouve encore des individus aux sites où on en a trouvé à répétition depuis les années 1980 et que la possibilité d’en capturer pourrait dépendre des conditions d’écoulement.

Rivière Kettle

Hugues et Peden (1989) ont signalé la présence de naseux d’Umatilla dans la rivière Kettle, mais uniquement dans le court tronçon commençant en aval des chutes Cascade et se terminant à la frontière canado-américaine. Du côté situé en aval de la frontière, les chercheurs ont trouvé une grande population de naseux d’Umatilla capable de se reproduire. Aucun individu en état de se reproduire n’ayant été trouvé dans les eaux canadiennes (la plupart des poissons collectés faisant moins de 40 mm de longueur standard), ces auteurs en sont venus à la conclusion qu’une population canadienne pourrait ne pas être viable sans un recrutement d’individus provenant du côté américain, en aval. À la fin de l’automne de 1995, Haas (1998) n’a prélevé aucun spécimen dans la rivière Kettle en aval des chutes Cascade. Le naseux d’Umatilla n’a pas été trouvé non plus à l’occasion d’études sur le terrain entre octobre 1999 et septembre 2002 dans les milieux de prédilection de l’espèce qui avaient été précédemment identifiés, en aval des chutes Cascade (Powerhouse Developments Inc., 2003), cependant ces activités portaient sur des espèces de pêche sportive (comme la truite). On ignore quelle est la situation actuelle des populations situées du côté américain, en aval. Bref, il est difficile d’établir quelle est la situation actuelle de cette population ou dans quelle mesure l’immigration de poissons à partir de populations américaines contribue à sa viabilité.

Fleuve Columbia, rivières Kootenay et Slocan

Au Canada, le plus grand nombre de naseux d’Umatilla a été observé dans le cours principal du fleuve Columbia et dans celui de la rivière Kootenay, en aval du barrage Hugh Keenleyside et du barrage Brilliant, respectivement. Lors d’études réalisées en 1993-1994, ce sont des naseux (naseux de la Nooksack et naseux d’Umatilla) qui étaient les plus représentés en nombre parmi les espèces capturées (soit 58,9 % du total); le naseux d’Umatilla correspondait à 23,3 % des naseux identifiés jusqu’à l’espèce (R. L. et L., 1995).

Les densités de population de naseux d’Umatilla les plus élevées dans cette partie ont été observées dans la partie inférieure du cours principal du fleuve Columbia (c.-à-d. à des sites situés à plus de 15 km en aval du barrage Keenleyside) (1,2 poisson/m²) et dans le cours inférieur de la rivière Kootenay (1,3 poisson/m²); à l’inverse, ils étaient rarement observés dans les secteurs plus proches du barrage Keenleyside (R. L. et L., 1995). Les estimations de la densité de population varient selon la saison, laissant croire à des déplacements saisonniers entre les milieux (R. L. et L., 1995). Une étude récente sur l’habitat hivernal (octobre-mars 2001-2002) effectuée dans le cours principal du fleuve Columbia fait apparaître que la densité de population des naseux varie selon le moment du jour et selon la méthode d’échantillonnage (plongée libre, pêche électrique, déplacement du substrat) (AMEC, 2003). L’échantillonnage de jour en retournant les pierres a donné les densités de population les plus élevées, ce qui montre le caractère nocturne de cette espèce. Dans le cadre des activités combinées d’échantillonnage, soit de 2 257 minutes et de 24 620 m² d’habitat variable, 200 naseux ont été prélevés; il faut toutefois compter des naseux de la Nooksack dans ce lot (AMEC, 2003). Très récemment (2004), dans une étude portant sur la variation des débits associés à la vidange d’eau à hauteur du barrage Keenleyside, on a estimé que le naseux d’Umatilla (les jeunes) était une espèce qu’il importait de considérer (Golder and Associates, 2005). Si les tendances et l’importance de la population ne peuvent être évaluées dans cette partie du bassin hydrographique du fleuve Columbia, cette étude suggère que le naseux d’Umatilla est toujours considéré à titre d’espèce dominante et que le recrutement se maintient.

Au cours de relevés de 1987 en amont du barrage Brilliant, des naseux d’Umatilla ont été trouvés dans les réservoirs derrière le barrage Brilliant comme derrière le barrage South Slocan (Hughes et Peden, 1989). Une autre série de relevés (1990-1993, 1997) a fait apparaître qu’aucun naseux d’Umatilla n’avait été capturé dans le réservoir du barrage Brilliant Dam depuis 1990 (R. L. et L., 1999). Aucune observation dans ces réservoirs n’a été signalée depuis. Nous ignorons quelle est la situation des populations à ces sites.

Peden et Hughes (1988) ont confirmé la présence du naseux d’Umatilla dans la rivière Slocan; ils y ont prélevé plus d’une trentaine d’individus entre 1984 et 1987 juste en amont de la confluence de cette rivière et de la rivière Kootenay (dossiers du Musée royal de la Colombie-Britannique). McPhail (comm. pers., 2010) confirme également sa présence; il a prélevé des individus plus haut en amont, vers Vallican, C.-B. Le peu de données sur le terrain ne permet pas de formuler des conclusions sur la situation de cette population.

Rivière Pend-d’Oreille

Hugues et Peden (1989) signalent avoir observé un seul naseux d’Umatilla dans la rivière Pend-d’Oreille, près de sa confluence avec la rivière Salmo. Aucun autre signalement précédant ou suivant celui-ci n’a été fait, mais comme la construction de barrages hydroélectriques a fait monter le niveau de l’eau dans la majeure partie de l’habitat situé au Canada, il se peut que celui-ci ne convienne plus au naseux. Aucune activité dirigée d’échantillonnage de cette espèce n’a eu lieu dans cette région; il est donc impossible de formuler des conclusions sur la situation de cette population.

En résumé, dans l’ensemble des localités, une population (celle du ruisseau Otter) semble avoir disparu, qu’une autre a probablement disparu aussi (celle de la rivière Pend-d’Oreille) et que la présence ainsi que l’abondance du naseux d’Umatilla dans les autres secteurs varient peu et qu’aucune tendance nette de se dessine.

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Immigration de source externe

Dans la plupart des cas, la population de naseux d’Umatilla au Canada est probablement isolée de celle vivant en aval aux États-Unis par des ouvrages de retenue, cela a pour effet de limiter largement l’immigration de source externe (Hughes et Peden, 1989). Dans la partie canadienne de la rivière Similkameen, la population est isolée de sa contrepartie américaine par le barrage Enloe, situé à une trentaine de kilomètres en aval de la frontière avec l’État de Washington. Ce barrage interdit toute dispersion en amont, mais déjà avant sa construction, des chutes à cet endroit constituaient sans doute un obstacle insurmontable. Le naseux d’Umatilla est trouvé également dans la partie de la rivière Okanagan située dans l’État de Washington, en aval de sa confluence avec la rivière Similkameen. La dispersion jusque dans la partie canadienne de la rivière Okanagan serait possible dans de bonnes conditions, mais à ce jour, la présence du naseux d’Umatilla dans cette rivière n’a pas été confirmée. Le barrage Grand Coulee, construit en 1942 sur le fleuve Columbia à 243 km en aval de la frontière, empêche toute remontée du naseux. L’immense réservoir en amont de ce barrage couvre une grande partie de ce tronçon de la rivière; peu importe que des individus vivant en aval puissent ou non franchir le barrage, le réservoir peut ne pas convenir au naseux. La population vivant dans la partie canadienne de la rivière Kettle semble constituée surtout de jeunes individus et cette population se maintiendrait au moyen de l’immigration d’individus venus de l’État de Washington, lesquels font partie de grandes populations (Hughes et Peden, 1989). La rivière Kettle se jette dans la retenue du fleuve Columbia près de Kettle Falls (aux É.-U.).

Enfin, nous ignorons quelle est la situation du naseux d’Umatilla en quelque point que ce soit de la rivière Pend-d’Oreille, et la plus grande partie canadienne de cette rivière est maintenant endiguée. Il se peut qu’une population située en amont, du côté américain du cours d’eau, puisse franchir les trois barrages (Waneta, Seven Mile et Boundary) pour atteindre des tronçons situés en aval, au Canada. Bref, il se produit probablement une immigration de source externe jusqu’à la rivière Similkameen, jusqu’au fleuve Columbia et jusqu’à la rivière Kettle, mais dans tous les cas, elle est limitée dans une mesure différente par la présence de barrages en aval. En outre, on imagine mal un scénario fondé sur des répercussions conduisant à la perte d’une population canadienne qui ne conduirait pas à la perte de certains ou de tous les individus d’une population vivant en aval, du côté américain. Enfin, l’American Fisheries Society (Jelks et al., 2008) estime que les populations de naseux d’Umatilla aux É.-U.sont « vulnérables » (c.-à-d. qu’il existe un risque imminent qu’elles soient « menacées »), ce qui nuit aux possibilités d’immigration de sources externes.

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Facteurs limitatifs et menaces

Grandes installations hydroélectriques

De grandes installations hydroélectriques existent sur le fleuve Columbia depuis très longtemps (se reporter à la section Tendances en matière d’habitat). La construction de barrages perturbe considérablement l’habitat; Il suffit de penser notamment à la connectivité, à la température de l’eau, à l’hydrologie (régime hydraulique) et à la qualité de l’eau (limpidité et charge sédimentaire). L’entraînement d’individus dans les turbines et des effets indirects sur le poisson, résultant de changements à l’échelle des communautés aquatiques et découlant de la perturbation du régime hydraulique, peuvent conduire à une hausse de la mortalité. Les espèces d’eau courante comme le naseux d’Umatilla se sont adaptées à des régimes hydrauliques naturels. La modification d’origine anthropique de l’écoulement et de la température de l’eau sont susceptibles d’influer sur le comportement reproducteur ainsi que sur la survie des espèces, particulièrement aux stades du premier développement. La fragmentation des populations attribuable à la présence des barrages peut abaisser, voire supprimer les possibilités d’immigration de sources externes. On examinera dans les sections suivantes les plus grandes menaces pour le naseux d’Umatilla en Colombie-Britannique qui sont associées aux opérations des installations hydroélectriques. 

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Échouements et affouillement

Les conditions d’exploitation des barrages sur le fleuve Columbia sont à l’origine de vitesses anormales de variation du débit (vitesse de la hausse ou de la baisse du niveau de l’eau). Dans le cas du barrage Brilliant, ces fluctuations sont parfois quotidiennes; elles sont un peu plus stables au barrage Hugh Keenleyside, étant davantage hebdomadaires ou mensuelles (DeRosa, comm. pers., 2009). Les variations abruptes de débit en juin, juillet et août sont susceptibles de perturber le frai et d’abaisser le taux de survie des œufs (McPhail, 2001). Dans ces réseaux, les jeunes de l’année ou autres des espèces de naseux marquent une préférence pour les eaux peu profondes, le long des berges, et s’abritent souvent sous les pierres; ils sont donc davantage exposés à l’échouement lorsque le débit passe en dessous de certains seuils, en fonction de la géométrie des chenaux (R. L. et L., 1995).

La régulation combinée de l’écoulement exercée par le barrage Hugh Keenleyside et par les installations hydroélectriques sur la rivière Kootenay peut nuire aux populations de poissons situées en aval (Golder Associates Ltd., 2005). Cette situation et l’important échouement qui s’est produit en 2001 en aval du barrage Hugh Keenleyside sont à l’origine d’une étude pluriannuelle visant à établir la vulnérabilité de diverses espèces de poisson, notamment le naseux d’Umatilla, aux vitesses de variation du débit associées au contrôle de l’écoulement. Nous pouvons citer 2 grandes conclusions tirées de cette étude : 1) le naseux d’Umatilla compte parmi les espèces dominantes de ces milieux en eau peu profonde (des sites dont le coefficient étendue mouillée/profondeur moyenne est élevé); cela étant, il est exposé à l’échouement dans les périodes de baisse du débit à la fin de l’hiver et au commencement du printemps dans le fleuve Columbia et dans le cours inférieur de la rivière Kootenay, particulièrement durant la nuit; 2) il existe une corrélation entre la mortalité du poisson par échouement et la durée de l’exposition; la mortalité est en hausse rapide après 5 heures d’exposition (Golder Associates Ltd., 2005). Cette variation saisonnière de la vulnérabilité pourrait sembler sans lien avec les préférences manifestées pour certains milieux dont il a été question dans le présent rapport (se reporter à la section Habitat), cependant il faut garder en tête que les études sur l’échouement portaient sur les milieux riverains et situés en eau peu profonde, ordinairement fréquentés par les jeunes de petite taille. Dans ces études, les naseux d’Umatilla comptaient pour beaucoup dans la composition spécifique obtenue (> 20 %), cependant la plupart des individus étaient jeunes (longueur moyenne à la fourche de 39,4 mm, plage de longueur de 23-65 mm).

Des préoccupations du même ordre sont apparues concernant les populations de poissons de la rivière Pend-d’Oreille et les installations hydroélectriques. En particulier, la profondeur quotidienne d’eau dans les réservoirs des barrages Waneta et Seven Mile fluctue largement (parfois de plusieurs mètres) (BC Hydro, 2003). Ces facteurs peuvent exercer des répercussions importantes sur les poissons de petite taille, tels que le naseux d’Umatilla, qui exploitent les milieux situés en bordure des rivages.

L’échouement compte parmi les plus grandes préoccupations concernant les populations de naseux vivant en aval des barrages. Des espèces comme le naseux d’Umatilla vivant à la limite du domaine aquatique sont particulièrement vulnérables aux bas débits qui se traduisent par l’exondation d’une partie du substrat dans les chenaux, cela sans égard à l’importance des cours d’eau. Quant à l’échouement, la partie du réseau constitué par le fleuve Columbia et la rivière Kootenay en aval des barrages Hugh Kennleyside et Brilliant pouvait être considérée comme unique localité ou comme plusieurs localités aux fins de l’évaluation, selon les calendriers de vidange (P. Higgins, comm. pers., 2009). Les échouements dans l’un de ces cours d’eau peuvent donner lieu à des échouements dans l’autre à cause de la dépendance des deux cours d’eau à l’effet de reflux (DeRosa, comm. pers., 2009). En outre, il peut se produire des échouements dans le fleuve Columbia en aval de la confluence avec la rivière Kootenay si les conditions propices aux échouements sont réunies en amont de la confluence dans l’un ou dans l’autre de ces cours d’eau (DeRosa, comm. pers., 2009). Cependant, les calendriers de vidange ne sont pas synchronisés et peuvent donc être à l’origine de conditions très différentes dans chacun des cours d’eau quant au niveau de l’eau (Higgins, comm. pers., 2009).

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Inondations

En plus des installations en exploitation à l’intérieur de l’aire de répartition naturelle du naseux d’Umatilla, deux projets hydroélectriques sur la rivière Similkameen, immédiatement au sud de la frontière, sont à l’étude (OSLRMP, 2009). Le premier concerne le processus d’octroi d’un permis pour le barrage Enloe en vue de la production d’électricité. Ce barrage avait été construit au commencement des années 1900 à une trentaine de kilomètres de la frontière. Les installations avaient été déclassées en 1958. Dans le projet de remise en valeur (présenté à l’automne 2008) sur la rive est de la rivière, il s’agit cette fois d’une centrale au fil de l’eau qui n’entraîne pas de changement dans les conditions actuelles à cet endroit. À ce titre, ce projet présente peu de risque pour les espèces résidentes de poisson dans la partie canadienne du bassin hydrographique de la rivière Similkameen, notamment pour le naseux d’Umatilla (White, comm. pers., 2009).

Le deuxième projet porte sur la construction d’un barrage à 2,5 km en amont du barrage Enloe, à un endroit surnommé Shanker’s Bend. De manière précise, la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) des États-Unis a émis un permis préliminaire d’étude de 3 propositions pour la construction d’un ouvrage de retenue d’eau et de production hydroélectrique à Shanker’s Bend. Dans l’ensemble, 3 configurations sont envisagées : un projet de centrale au fil de l’eau (hauteur du barrage : 35 m), un barrage de faible hauteur (48 m) et un barrage de 80 m. Ce dernier est le seul qui se traduirait par l’inondation d’une partie de la rivière Similkameen située au Canada. Un barrage de cette hauteur inonderait une superficie de 3 650 ha en C.-B. et s’élèverait les eaux de la rivière en amont jusqu’au ruisseau Cawston environ (~ 24 km de longueur de la rivière en C.-B.) Le réservoir créé couvrirait une très grande partie de l’habitat connu du naseux d’Umatilla dans cette rivière. Le barrage de 48 m ferait monter le niveau de l’eau dans la rivière jusqu’à la frontière, celui de 35 m ne perturberait qu’une portion beaucoup plus restreinte, soit jusqu’à un point situé à 17 km en aval de la frontière (White, comm. pers., 2009). Les 3 projets auraient des répercussions sur l’habitat du naseux d’Umatilla au sud de la frontière, et auraient chacun des répercussions différentes sur son habitat au Canada.

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Interactions avec des espèces non indigènes

L’introduction d’espèces non indigènes est un phénomène très répandu dans le sud de la Colombie-Britannique, notamment dans les bassins hydrographiques occupés par le naseux d’Umatilla. Ainsi estime-t-on que des 43 espèces de poisson signalées dans le bassin du fleuve Columbia, 37 % ne sont pas indigènes (Troffe, 1999). Taylor (2004) rappelle que c’est dans l’écorégion du fleuve Columbia que se trouvent le nombre (16) et la proportion (38 %) les plus élevés de poissons exotiques d’eau douce en C.-B. Les espèces indigènes sont souvent désavantagées par la conversion de l’habitat riverain à des conditions lacustres trouvées dans les réservoirs, et des prédateurs introduits qui chassent à vue, comme l’achigan à grande bouche (Micropterus salmoides), l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieu), la perchaude (Perca flavescens) et le doré jaune (Sander vitreus), peuvent proliférer (consulter, par exemple, Runciman et Leaf, 2009).

Le doré en particulier semble être devenu beaucoup plus abondant (par un facteur de 35 environ) dans le fleuve Columbia et dans la rivière Kootenay, en aval des barrages Keenleyside et Brilliant, respectivement, entre les années 1980 et 1995 (R. L. et L., 1999). On pense que la population s’est stabilisée et qu’elle ne connaît que des fluctuations annuelles mineures (J. Burrows, comm. pers., 2009). Quoi qu’il en soit, les évaluations du nombre de dorés dans la partie canadienne du fleuve sont en excès de 10 000 (Golder Associates Ltd., 2008), là où, historiquement, il n’y en avait aucun. Les dorés jeunes ou adultes sont tous piscivores (Scott et Crossman, 1973; McPhail, 2007) et ils sont en mesure de réduire l’abondance des espèces dont ils se nourrissent et provoquer des changements importants dans la composition des communautés (MacMahon et Bennett, 1996). Le doré n’est pas une espèce indigène du bassin hydrographique du fleuve Columbia en Colombie-Britannique. On attribue sa présence à sa migration vers le nord par les eaux transfrontalières, en provenance des États-Unis, où il avait été initialement introduit. Dans les eaux rendues limpides par le fonctionnement des barrages du cours inférieur du fleuve Columbia et de la rivière Kootenay, cette espèce est sans doute un prédateur d’une redoutable efficacité (R. L. et L., 1999). L’augmentation de la population des dorés depuis les années 1980 coïncide avec la perte d’abondance, au cours de la même période, de plusieurs poissons résidents qui sont des proies du doré (R. L. et L., 1999). Il n’y a aucune raison de penser que le naseux d’Umatilla ne constituerait pas une proie pour le doré et, par ailleurs, il a régressé dans les études qualitatives au cours de cette période (R. L. et L., 1999). 

D’autres espèces non indigènes comme la perchaude, le crapet-soleil (Lepomis gibbosus), le crapet arlequin (L. macrochirus), la tanche (Tinca tinca), la carpe commune (Cyprinus carpio) et les barbues et les barbottes (Ameiurus spp.) trouvent également des milieux qui leur conviennent dans les eaux de retenue. Ces espèces peuvent toutes influer sur les écosystèmes aquatiques naturels et elles ont toutes été signalées à l’intérieur de l’aire de répartition canadienne du naseux d’Umatilla (Taylor, 2004; McPhail, 2007).

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Changements climatiques et utilisation de l’eau

La dérivation de l’eau de surface et le captage de l’eau souterraine pendant les mois que dure la période d’étiage, particulièrement dans les secteurs où des conditions apparentées aux sécheresses sont chose courante, constituent une réelle menace pour les spécialistes des milieux d’eau rapide comme le naseux d’Umatilla. La rivière Similkameen et ses affluents sont situés à l’intérieur de l’écorégion du nord de la chaîne Cascades, caractérisée par les étés les plus chauds et les plus secs de la Colombie-Britannique. Une récente analyse des données HYDAT sur l’eau (Environnement Canada) d’une durée de plus de 40 ans indique qu’à l’exception d’une courte période printanière où l’eau de fonte fait augmenter considérablement les débits, pratiquement tous les cours d’eau de cette écorégion sont très sensibles à tout prélèvement d’eau (R. Ptolemy, données non publiées). Durant la période estivale d’étiage, 11 des 20 jauges d’eau déployées sur le cours principal la rivière Similkameen et sur des affluents sont passées sous la barre des 20 % du débit moyen annuel à une fréquence d’environ une fois tous les deux ans (1 an sur 2); c’est le seuil théorique sous lequel la qualité des milieux d’eau rapide (profondeur-vitesse) commence à ne plus répondre aux besoins des organismes aquatiques (R. Ptolemy, données non publiées). En fait, au cours de certaines périodes majeures de sécheresse, certains affluents situés à l’intérieur du bassin hydrographique et utilisés pour répondre à de grands besoins en eau s’assèchent; cependant, le débit d’étiage dans le cours principal de la rivière Similkameen près d’Hedley se situe à au moins 18 % du débit moyen annuel, le pourcentage record ayant été de 8 % (R. Ptolemy, comm. pers., 2009). Le bassin hydrographique de la rivière Similkameen connaît depuis longtemps des problèmes d’approvisionnement en eau entre les besoins nécessaires à l’agriculture et ceux des organismes aquatiques.

Les problèmes relatifs aux demandes actuelles en eau et celles en croissance le long de la vallée de la rivière Similkameen s’aggraveront sans doute à cause des changements climatiques. Une récente analyse d’indicateurs des changements climatiques permet d’estimer que dans l’écorégion du nord de la chaîne Cascades en Colombie-Britannique, la température annuelle moyenne s’est élevée de 1,5-2,0 °C au cours du siècle dernier, que des hausses ont été observées toutes les saisons et que cette tendance se maintiendra (Rodenhuis et al., 2007). Depuis 50 ans, on a également observé une baisse de la quantité moyenne de neige au sol (équivalent en eau) le 1er avril dans de nombreuses régions du sud de la Colombie-Britannique, selon l’altitude et la température moyenne. La fonte des neiges contribuant à entre 50 et 80 % du débit total dans les cours d’eau dominés par ce phénomène, comme la rivière Similkameen, cette variable influe de façon importante sur les niveaux d’eau. Une étude portant sur la rivière Similkameen et comparant les débits mesurés au cours des années 1970 à ceux des années 1980 et 1990 fait ressortir que pour les dernières périodes, la neige fondait plus tôt, les débits estivaux étaient abaissés et les périodes d’étiage estival duraient plus longtemps (Rae, 2005). Ces tendances observées, lorsqu’elles sont regroupées, devraient déboucher sur de nouvelles possibilités de croissance agricole (associées à une saison de croissance prolongée et plus chaude); cela aura pour effet d’intensifier la demande en eau et de prolonger la durée des conditions de sécheresse dont on prévoit par ailleurs qu’elles augmenteront (Ministère de l’Environnement de la C.-B., 1993; Rae, 2005). De plus, on croit que la région Thompson-Okanagan continuera de connaître une croissance des activités urbaines, résidentielles et industrielles associées à une augmentation estimée à environ 30 % de la population en 2036 (BCStats, 2010). Bref, les conditions de contrainte hydrique pourraient peser davantage dans un proche avenir sur le destin du naseux d’Umatilla.

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Autres facteurs limitatifs

Les populations peu denses de poissons, comme le naseux d’Umatilla, qui sont réparties en îlots, sont vulnérables à des perturbations de toutes sortes (Rosenfeld, 1996). Outre les facteurs susmentionnés, de nombreux facteurs sont susceptibles d’exercer des effets nocifs sur cette espèce; par exemple l’urbanisation et l’expansion du territoire (le ruisseau Otter [Haas, 1998]), la pollution agricole et industrielle (Haas, 1998) et la modification des chenaux ainsi que l’exploitation forestière (Haas, 1998). Le territoire de part et d’autre du cours principal de la rivière Similkameen et de ses affluents à faible altitude est principalement constitué de secteurs urbains ou agricoles, sans compter la route importante qui longe la majeure partie du cours inférieur de la rivière. On estime que l’habitat du poisson dans les affluents situés davantage en altitude a subi des répercussions, allant de moyennes à graves, causées par l’exploitation forestière (Rae, 2005). Près d’Hedley, C.-B., à proximité immédiate du cours moyen de la rivière, il y a longtemps eu des travaux d’exploitation minière de l’or, du cuivre et du platine, mais surtout au tournant du XXe siècle même s’il s’en fait encore un peu de nos jours (Rae, 2005). La surveillance de la qualité de l’eau dans la rivière Similkameen a montré que, si les normes de qualité de l’eau potable étaient atteintes entre 1979 et 1997, certaines concentrations en métaux ont dépassé les normes appliquées à la vie aquatique (Rae, 2005). À Trail, petite municipalité de 8 000 habitants de la C.-B. située sur les rives du cours principal du fleuve Columbia, le plus grand four de fusion de métaux non ferreux (zinc et plomb) du monde est en exploitation depuis 1896. Ce four a un long dossier de fuites de substances chimiques et de pollution, notamment d’accumulation de scories en aval des installations. La plus récente fuite est le déversement en mai 2008 de 950 kg de plomb en solution acide dans le cours principal du fleuve Columbia à environ 11 km au nord de la frontière (La Presse canadienne, 30 mai 2008). Même si aucune mortalité massive de poisson n’a été signalée dans ce cas, les autorités de part et d’autre de la frontière se préoccupent de ce que le poisson pourrait être fortement contaminé.

En Colombie-Britannique, la construction d’une centrale au fil de l’eau d’une puissance de 25 MW sur la rivière Kettle, à 2 km au sud du lac Christina, a été approuvée, mais en est encore aux premiers stades de sa réalisation. Un barrage en caoutchouc sera utilisé en amont du Canyon Cascade; il aura certains effets importants en amont. Il créera un refoulement d’eau en amont sur 750 m qui fera s’élever le niveau de l’eau au barrage de 0,7 m en comparaison de l’actuel niveau naturel (Powerhouse Developments Inc., 2003). Toutefois, ce projet ne devrait pas avoir de conséquences fâcheuses sur l’habitat du poisson en aval du barrage (R. Ptolemy, comm. pers., 2009), et le naseux d’Umatilla n’habite pas les eaux en amont de ce site.

À cause d’un changement dans la politique, le nombre de projets de production d’électricité indépendante (PPI) a beaucoup augmenté en Colombie-Britannique au cours des dernières années. Cette politique admet que le besoin en électricité est croissant et fait place à la mise en œuvre de solutions « non polluantes ». Les projets varient considérablement en puissance produite ainsi qu’au regard de leurs répercussions sur l’habitat du poisson. Si les installations de PPI sont conçues de manière à respecter les exigences stipulées dans la Loi sur les pêches du Canada et la Loi sur l’eau (Water Act) de la C.-B. et leurs règlements, elles devraient avoir très peu de répercussions sur le poisson. Ce sont le plus souvent des projets au fil de l’eau à bassin de retenue aux dimensions limitées et comportant un barrage de faible hauteur pour refouler l’eau dans des conduites forcées. En 2007, il n’y avait pas d’installations de PPI en exploitation ou au stade de l’approbation à l’intérieur de l’aire de répartition du naseux d’Umatilla (Independent Power Producers’ Association, 2007). Cependant, il y existe plusieurs cours d’eau en forte pente qui pourraient convenir (R. Ptolemy, comm. pers., 2009). Il est cependant difficile d’évaluer les dispositions relatives à la conformité et les effets cumulatifs de multiples projets sur le plan des risques possibles pour le naseux d’Umatilla, puisque les projets de PPI ne font que commencer.

Enfin, l’hypothèse a été avancée voulant que le suréchantillonnage scientifique pourrait expliquer en partie pourquoi le naseux d’Umatilla a disparu dans le ruisseau Otter (McPhail, 2001).

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Connaissances traditionnelles autochtones (CTA)

On a consulté le coordonnateur des CTA du Secrétariat du COSEPAC relativement à l’obtention des CTAen vue de la rédaction du présent rapport. Des protocoles concernant les CTAn’étant pas encore établis, la rédactrice du présent rapport n’avait échangé avec aucune personne-ressource au moment de la rédaction dudit rapport.

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Protection actuelle, désignation de statut et classifications

En 1988, le naseux d’Umatilla a été évalué par le COSEPAC comme espèce préoccupante. Il est inscrit à l’annexe 3 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) depuis 2004. S’il n’obtient pas encore de protection juridique, ce naseux a été désigné à titre d’espèce nécessitant une réévaluation en vertu des critères qualitatifs du COSEPAC. En avril 2010, sa situation a été revue et l’espèce a été désignée « espèce menacée » par le COSEPAC. Il fait l’objet de plus d’attention dans la planification de l’utilisation du territoire et des ressources en eau de la Colombie-Britannique. Aucune interdiction en vertu de la LEP n’est actuellement en vigueur et aucun plan de gestion de l’espèce n’a été préparé. Aux États-Unis, le naseux d’Umatilla ne figure pas sur la liste de la Loi sur les espèces en péril (Endangered Species Act).

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Statuts et classifications non prévus par la loi

Le Natural Heritage Network reconnaît le naseux d’Umatilla et estime qu’il est en sécurité à l’échelle mondiale (globally secure) (rang G4); l’espèce obtient également le statut de conservation N4 à l’échelle nationale aux É.-U. Les États de l’Idaho et de l’Oregon lui ont accordé le rang SNR alors que l’État de Washington lui attribue le rang S2. Dans son rapport sur les espèces nord-américaines de poisson en péril, l’American Fisheries Societyen fait une espèce « vulnérable » (Jelks et al., 2008).

Au Canada, le naseux d’Umatilla a le statut de conservation N2 à l’échelle nationale. La Colombie-Britannique lui accorde le statut provincial de S2; le Centre de données sur la conservation de la C.-B. l’a inscrit sur la liste rouge des espèces menacées ou en voie de disparition de la province.

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Remerciements et experts contactés

À divers titres, de nombreuses personnes ont contribué à la rédaction du présent rapport. M. Byron Woods (Direction des écosystèmes, ministère de l’Environnement, Victoria) a aidé à assembler les données sur l’occurrence ainsi qu’à préparer les cartes. M. Gavin Hanke, Ph.D. (Musée royal de la Colombie-Britannique) a contribué à la compilation et à la vérification des dossiers muséologiques et il a procédé à la vérification des renseignements taxinomiques. Il a également fourni des illustrations détaillées et la photo en page couverture. Nous tenons à remercier M. David DeRosa (BCHydro, Castlegar) et Mme Tara White (Ministère de l’Environnement, Penticton) qui nous ont communiqué des renseignements et des références régionales pertinentes concernant l’utilisation du territoire et des ressources en eau. Les travaux sur la situation du naseux d’Umatilla réalisés par M. Alex Peden, Ph.D. (Musée royal de la Colombie-Britannique, maintenant à la retraite) forment une grande partie des assises sur lesquelles s’appuie le présent rapport. M. Don McPhail, Ph.D., a contribué à l’obtention des illustrations. Enfin, nous tenons à exprimer notre reconnaissance à Mme Jenny Wu (Secrétariat du COSEPAC) qui a participé aux calculs sur la superficie des zones d’occurrence et à leur cartographie.

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Sources d'information

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Sommaire biographique de la rédactrice du rapport

Madame Susan Pollard a obtenu sa maîtrise ès sciences à l’Université de Guelph en 1992 avec spécialité en génétique des populations de salmonidés. Elle a été à l’emploi du gouvernement de la Colombie-Britannique pendant 12 ans, en premier à titre de généticienne du poisson et plus récemment à titre de spécialiste des espèces aquatiques en péril. Ces 2 fonctions nécessitaient de solides fondements en biologie de conservation, particulièrement en matière de gestion des pêches en eau douce. Madame Pollard s’occupe de la coordination des priorités concernant les poissons d’eau douce en vue des activités fédérales et provinciales de planification dans le cadre de la LEP (notamment les besoins de renseignements et en matière de recherche, les activités de rétablissement et la planification de la gestion), et elle veille aussi à ce que la situation des poissons sous juridiction provinciale soit correctement décrite par le Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique. Elle est membre actif du COSEPAC depuis 2006.

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Collections examinées

Toutes les collections de naseux d’Umatilla du Musée royal de la Colombie-Britannique à Victoria ont été examinées par M. Gavin Hanke, Ph.D., afin de confirmer l’exactitude de la base de données, particulièrement de confirmer (visuellement) le classement taxinomique des espèces, le nombre d’individus et la localité.

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