Programme de rétablissement de l’isopyre à feuilles biternées (Enemion biternatum) au Canada - 2017

Isopyre à feuilles biternées

False Rue-anemone
Illustration: © Thomas G. Barnes @ USDA-NRCS PLANTS Database

Programme de rétablissement de l’isopyre à feuilles biternées (Enemion biternatum) au Canada
Recovery Strategy for the False Rue anemone

Environnement et Changement climatique Canada. 2017. Programme de rétablissement de l’isopyre à feuilles biternées (Enemion biternatum) au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa. viii + 31 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Thomas G. Barnes @ USDA-NRCS PLANTS Database

Also available in English under the title "Recovery Strategy for the False Rue-anemone (Enemion biternatum) in Canada - 2017"

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique est le ministre compétent en vertu de la LEP à l'égard de l’isopyre à feuilles biternées et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada, ou sur toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de l’isopyre à feuilles biternées et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralNoteide bas de page soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel -- constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autre loi fédérale, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

L’ébauche initiale du programme de rétablissement a été rédigée par Holly Bickerton, écologiste-conseil. Les ébauches subséquentes ont été élaborées par Lee Voisin et Marie-Claude Archambault (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Ontario). Nous tenons à remercier les personnes suivantes, qui ont pris le temps de fournir des renseignements à jour sur l’isopyre à feuilles biternées, et qui ont grandement enrichi les données disponibles : Ian Jean (Ausable Bayfield Conservation Authority), Cathy Quinlan et Brandon Williamson (Upper Thames River Conservation Authority), Linda McDougall (ville de London), Jennifer Petruniak (Dillon Consulting Ltd.) et Daria Koscinski (Thames Talbot Land Trust). Rob Craig, Mike Oldham, Kathleen Pitt, Tanya Taylor (Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario) et Krista Holmes (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Ontario) ont fourni des données spatiales et offert leur aide. Ce programme de rétablissement du gouvernement fédéral a bénéficié des commentaires, de l’examen et des suggestions des personnes et des organismes suivants : Angela Darwin, Angela McConnell, Judith Girard, Ken Corcoran et Elizabeth Rezek (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Ontario), Clint Jacobs (Walpole Island Heritage Centre) et Jay Fitzsimmons, Kristina Hubert, Mark Hulsman, Mike Oldham et Glenn Desy (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario).

Nous tenons aussi à remercier tous les autres intervenants ayant fourni les conseils et les commentaires qui ont servi à orienter l’élaboration de ce programme de rétablissement, y compris des organismes et membres des communautés autochtones, des propriétaires fonciers, des citoyens et des intervenants qui ont fourni des commentaires et/ou participé à des réunions consultatives.

L’isopyre à feuilles biternées (Enemion biternatum) est inscrit à titre d’espèce menacée à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. Il s’agit d’une plante printanière délicate de la famille des Ranunculacées, qui fleurit au début du printemps. Au Canada, l’isopyre à feuilles biternées n’est présent que dans le sud-ouest de l’Ontario, à l’intérieur de la zone carolinienne. Neuf populations ont été documentées au Canada, dont cinq sont considérées comme étant existantes. Le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de l’Ontario a récemment réévalué les cotes d’occurrence de cette espèce d’après l’approche de classement de NatureServe. Cette réévaluation a entraîné plusieurs changements dans les cotes par rapport au dernier rapport de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Une population très ancienne, qui n’a pas été observée depuis 1897, avait été classée comme étant disparue par le COSEPAC; le CIPN l’a toutefois classée comme population historique compte tenu de la disponibilité d’un habitat convenable. Une autre population, présumée disparue dans le dernier rapport du COSEPAC, a été classée comme étant existante d’après un relevé récent au cours duquel la présence de l’isopyre à feuilles biternées a été confirmée dans le site en question. Les réévaluations de l’occurrence par le CIPN ont aussi révélé l’existence d’une mention historique précédemment ignorée, observée pour la dernière fois en 1994 et non mentionnée par le COSEPAC, ce qui a mené à neuf le nombre de populations connues qui sont prises en compte dans le présent document. Plusieurs des populations existantes sont formées de nombreuses sous-populations. L’isopyre à feuilles biternées produit souvent une forte densité de tiges dans de grandes sous-populations; en 2005, la population canadienne totale a été estimée à un million de tiges. On estime par ailleurs que moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada.

Dans l’ensemble de son aire de répartition, l’isopyre à feuilles biternées se rencontre dans les forêts de feuillus matures, souvent dominées par l’érable et le hêtre. Dans les sites de l’Ontario, il se trouve généralement dans les forêts de feuillus dominées par l’érable à sucre (Acer saccharum), avec diverses autres essences formant le couvert forestier, et a été observé dans au moins sept types de communautés végétales différents. La plupart des occurrences en Ontario se trouvent dans des plaines d’inondations de cours d’eau. Les principales menaces qui pèsent sur l’isopyre à feuilles biternées sont les espèces envahissantes, les activités récréatives hors des sentiers et l’utilisation des sentiers ainsi que l’aménagement des terres. On compte plusieurs autres menaces possibles, dont : le déclin mondial des pollinisateurs, l’érosion, la succession végétale de l’habitat, le salage des routes, la cueillette de fleurs sauvages, la tonte et la pulvérisation d’herbicides.

Le rétablissement de l’isopyre à feuilles biternées est déterminé comme étant réalisable. L’objectif en matière de population et de répartition est le suivant : maintenir la répartition et maintenir ou accroître l’abondance des tiges dans les populations existantes et dans toute population historique dont l’existence est reconfirmée au Canada.

L’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées est partiellement désigné dans le présent programme de rétablissement, d’après les meilleures données accessibles. Un calendrier des études a été élaboré en vue de favoriser la désignation future de l’habitat essentiel. De l’habitat essentiel additionnel pourrait être désigné là où des sites respectant les critères d’habitat essentiel. Les stratégies générales à adopter pour contrer les menaces qui pèsent sur la survie et le rétablissement de l’espèce sont présentées dans les sections pertinentes.

Un ou plusieurs plans d’action seront publiés dans le Registre public des espèces en péril pour l’isopyre à feuilles biternées d’ici 2023.

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement de l’isopyre à feuilles biternées est jugé réalisable du point de vue technique et biologique.

  1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

    Oui. Il y a actuellement cinq populations existantes d’isopyre à feuilles biternées au Canada d’après le CIPN, et certaines d’entre elles contiennent plusieurs sous-populations. Le nombre total de tiges est estimé à environ un million (COSEWIC, 2005). Les populations canadiennes produisent des fleurs et des graines, qui pourraient selon toute vraisemblance être utilisées pour accroître l’abondance des populations, au besoin. L’espèce est aussi très répandue dans le centre-est des États-Unis, et elle est relativement commune au cœur de son aire de répartition (NatureServe, 2015).

  2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

    Oui. Même si l’espèce est aujourd’hui moins commune qu’avant la colonisation par les Européens (COSEWIC, 2005), l’habitat convenable disponible est suffisant pour soutenir son rétablissement. Quatre populations récemment classées comme étant historiques par le CIPN possèdent vraisemblablement encore de grandes superficies d’habitat convenable, ce qui accroît davantage la quantité d’habitat convenable disponible pour soutenir l’espèce. L’isopyre à feuilles biternées préfère les forêts de feuillus matures, et se rencontre souvent dans les riches plaines d’inondation. Il peut se trouver dans divers types de végétation dans les forêts de feuillus, et n’est pas considéré comme une espèce très spécialisée.

  3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

    Oui. Les principales menaces qui pèsent sur l’isopyre à feuilles biternées sont la concurrence des plantes envahissantes et la compaction du sol causée par les activités récréatives hors des sentiers. L’alliaire officinale (Alliaria petiolata) est présente en faibles densités dans certains habitats occupés par l’espèce depuis plus de 25 ans (Austen, 1990; I. Jean, comm. pers., 2015), mais elle ne domine encore aucun d’entre eux. Il existe par ailleurs des méthodes de lutte contre l’alliaire officinale et l’égopode podagraire (Aegopodium podagraria); la lutte contre l’égopode podagraire s’est d’ailleurs montrée efficace dans une population (Dillon Consulting Ltd., 2015b). La compaction du sol peut être atténuée par l’éducation du public, l’installation de panneaux et la restriction de l’accès aux sites, au besoin.

  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

    Oui. La lutte contre les plantes envahissantes est nécessaire pour atteindre l'objectif en matière de population et de répartition, et des méthodes de lutte efficaces sont bien connues (OIPC, 2015). Un programme de lutte efficace contre les espèces envahissantes a été mis en œuvre dans la forêt patrimoniale de Medway Valley (Dillon Consulting Ltd., 2014) et de tels efforts pourraient être appliqués à d’autres populations. L’isopyre à feuilles biternées se propage parfois dans les jardins de fleurs sauvages dans le centre des États-Unis; une telle propagation n’est probablement pas nécessaire pour que l'objectif en matière de population et de répartition soient atteints.

Date de l’évaluation : Mai 2005

Nom commun (population) : Isopyre à feuilles biternées

Nom scientifique : Enemion biternatum

Statut selon le COSEPAC : Espèce menacée

Justification de la désignation : Il s’agit d’une plante herbacée vivace délicate à floraison printanière, dont l’aire est limitée à quelques boisés fragmentés en bordure de cours d’eau du sud-ouest de l’Ontario. Ses populations y sont exposées à la disparition de l’habitat et au déclin de la qualité imputable à diverses activités, dont l’utilisation des sentiers récréatifs et l’expansion de plantes exotiques envahissantes.

Présence au Canada : Ontario

Historique du statut selon le COSEPAC :Espèce désignée « préoccupante » en avril 1990. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « menacée » en mai 2005. Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d’un rapport de situation.

*COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada)

Au Canada, l’isopyre à feuilles biternées (Enemion biternatum) est inscrit à titre d’espèce menacéeNote1de bas de page à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. L’espèce était précédemment connue sous le nom scientifique Isopyrum biternatum. L’isopyre à feuilles biternées est également désigné comme espèce menacéeNote2de bas de pageaux termes de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) de l’Ontario.

La cote de conservation mondiale de l’isopyre à feuilles biternées est G5 (non en péril)Note3de bas de page. Aux États-Unis, la présence de l’espèce a été constatée dans 22 États, et il s’agit d’une espèce commune dans les États du centre-est du pays (NatureServe, 2015). L’isopyre à feuilles biternées est considéré comme étant rare et préoccupant sur le plan de la conservation aux limites de son aire de répartition (annexe A). Sa cote de conservation nationale aux États-Unis est N5? (probablement non en péril; NatureServe, 2015). Au Canada, la présence de l’isopyre à feuilles biternées se limite au sud-ouest de l’Ontario. La cote de conservation nationale de l’espèce au Canada est N2 (en péril)Note4de bas de page, et la cote de conservation infranationale pour l’Ontario est S2 (en péril; NatureServe, 2015).

On estime que moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada (Kartesz, 2015).

L’isopyre à feuilles biternées est une plante vivace délicate à floraison printanièreNote5de bas de page de la famille des Ranonculacées. Il atteint entre 10 et 40 cm de haut, et se rencontre souvent en grands et denses peuplements. Ses petites fleurs blanches fleurissent de la fin avril au début mai, et poussent seules ou jusqu’à quatre sur une même tige. Les fleurs sont parfaitesNote6de bas de pageet comptent cinq sépales blancs semblables à des pétalesNote7de bas de page. Les sépales entourent un groupe d’étaminesNote8de bas de pagedont les anthères sont jaunesNote9de bas de page. Les graines, lisses, arrivent à maturité au début de juin. Les feuilles de l’isopyre à feuilles biternées sont divisées en trois groupes de trois folioles dont la disposition est irrégulière.

L’isopyre à feuilles biternées peut être confondu avec le pigamon à ombelles (Thalictrum thalictroides), un proche parent qui occupe des milieux plus secs. On trouvera des clés d’identification, des descriptions détaillées et des illustrations techniques dans Voss et Reznicek (2012), Reznicek et al. (2016), Gleason et Cronquist (1991) et Holmgren (1998).

L’isopyre à feuilles biternées est réparti dans le centre-est de l’Amérique du Nord. Son aire de répartition principale s’étend depuis le sud-ouest de l’Ontario vers l’ouest jusqu’à l’Illinois, vers le sud jusqu’à l’Alabama et la Géorgie, et vers le nord le long de la bordure ouest des Appalaches jusqu’au Tennessee et au Kentucky. L’espèce se rencontre rarement à l’est des Appalaches (Boufford et Massey, 1976; BONAP, 2014).

Au Canada, la présence de l’isopyre à feuilles biternées a été constatée dans neuf populations, toutes en Ontario, à l’intérieur de la zone carolinienneNote10de bas de page (figure 1, tableau 1). Le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de l’Ontario a récemment réévalué les cotes d’occurrence de l’espèce au moyen de l’approche de classement de NatureServe. Cette réévaluation a entraîné plusieurs changements dans les cotes par rapport au dernier rapport de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Selon les cotes d’occurrence les plus récentes, il y a cinq populations existantes de l’espèce qui s’étendent depuis Port Stanley sur le lac Érié jusqu’à London (Ontario) au nord, et jusqu’au comté de Lambton, à l’ouest. Les quatre populations restantes sont considérées comme étant historiques (NHIC, 2016).

Deux populations historiques (ruisseau Medway, au nord d’Arva, et rivière Thames) n’ont pas fait l’objet d’un relevé depuis 1994; une superficie importante d’habitat convenable existe toutefois dans cette région, et il est probable que l’isopyre à feuilles biternées y persiste.

Les réévaluations de l’occurrence par le CIPN ont aussi révélé l’existence d’une mention précédemment ignorée, observée pour la dernière fois en 1994 et non mentionnée par le COSEPAC. Cette population historique, à l’est d’Arva, a été décrite comme étant située dans un habitat humide et mésique de forêt de plateau d’âge moyen dégagée et dominée par le caryer cordiforme. Cette population ne figure pas dans le rapport du COSEPAC (COSEWIC, 2005) ni ailleurs, et n’a pas été examinée depuis, mais il est probable que l’habitat convenable et éventuellement l’isopyre à feuilles biternées persistent dans ce site.

Une mention associée à un spécimen d’herbier (secteur de la vallée Lynn) provient d’une région située au-delà de la limite est de l’aire de répartition actuelle de l’espèce, à proximité de la ville de Simcoe dans le comté de Norfolk, et n’a pas été observée depuis 1897. Bien qu’un relevé récent (avril 2016) n’ait pas permis de trouver l’espèce, suffisamment d’habitat convenable a été observé dans la région. Le CIPN a donc classé cette population comme étant historique, tandis qu’elle avait été désignée précédemment comme population disparue par le COSEPAC.

En avril 2016, un relevé effectué par le CIPN a permis de redécouvrir l’isopyre à feuilles biternées dans le complexe de la forêt Middlemarch, ce qui a fait passer le nombre de populations existantes de quatre à cinq. Cette population était classée comme étant disparue par le COSEPAC (2005) et historique par le CIPN jusqu’en avril 2016.

Figure 1. Répartition des populations d’isopyre à feuilles biternées au Canada.
Distribution of the False Rue-anemone
Photo: © Environnement et changement climatique Canada
Description longue pour la figure 1

La figure 1 montre la répartition de l’isopyre à feuilles biternées au Canada. La région couverte par la carte s’étend de Windsor à Markham et englobe une partie du lac Érié bordant le Canada et les États-Unis. Les populations existantes et historiques sont identifiées à l’aide de points de couleur différente dont la signification est précisée dans la légende. Une population existante se trouve à London, et deux autres sont présentes immédiatement à l’ouest de London. Deux autres populations existantes sont situées dans la région de St. Thomas. Trois populations historiques étaient présentes à London, et une autre se trouvait immédiatement au sud-ouest de Hamilton.

Tableau 1. Populations d’isopyre à feuilles biternées au Canada (NHIC, 2015)
No No d’occurrence d’élémenta Nom de la population Dernière observation Statutb Abondance (nombre total de tigesc, année d’obs.) Statut foncier (si connu)
1 2522 Ruisseau Kettle, au nord de Port Stanley 2004 Existante ~113 000 (2004) Probablement privé
2a 2523 Ruisseau Medway, London 2015 Existante ~500 000 à 735 000 (2004) University of Western Ontario, Ville de London; Huron College
2b 96274 Ruisseau Medway, au nord d’Arva 1994 Historique Inconnue; « espèce observée et cueillie » (1994) Probablement privé
3 2524 Zone de conservation de Parkhill, ruisseau Mud 2010 Existante ~400 plantes (2004) Ausable Bayfield Conservation Authority
4 2525 Rivière Ausable 2016 Existante 1 000 (2004) Thames Talbot Land Trust; Ausable Bayfield Conservation Authority
5 13028 Rivière Thames 1994 Historique Inconnue Inconnu (probablement privé)
6 115666 Complexe de la forêt Middlemarch 2016 Existante Inconnue Inconnu
7 95609 Secteur de la vallée Lynn 1897 Historique Inconnue Inconnu
8 115 Est d’Arva 1994 Historique Inconnue Inconnu (probablement privé)

a. L’occurrence d’élément (OE) est une norme élaborée par les scientifiques du réseau de NatureServe en vue d’améliorer la cohérence et la précision des données sur les occurrences de plantes et d’animaux. Pour les plantes vasculaires, les OE sont généralement des occurrences séparées par plus de 1 km (NatureServe, 2015). Dans le cas de l’isopyre à feuilles biternées, les occurrences d’élément correspondent aux populations.

b. Défini par le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de l’Ontario (2016) d’après les définitions d’EO de NatureServe.

c. Les rapports de situation du COSEPAC de 1990 et de 2005 parlent de « plantes » et de « tiges », respectivement, mais tous les dénombrements sont fondés sur le dénombrement des tiges (florifères et non florifères).

Le nombre d’isopyres à feuilles biternées au Canada, réparti de manière approximative entre les différentes populations, a été estimé en 2005 à un million de tiges (COSEPAC, 2005). Plusieurs des populations sont formées de nombreuses sous-populationsNote11de bas de page, mais le nombre d’individus dans chaque sous-population est inconnu, et est probablement bien moindre que ce qui a été estimé. On ignore la relation entre le nombre de tiges et le nombre d’individus génétiquement distincts (genets). L’isopyre à feuilles biternées peut pousser en grandes et denses parcelles de centaines, voire de milliers de tiges.

Les plus grandes sous-populations d’isopyre à feuilles biternées au Canada se trouvent dans la forêt patrimoniale de la vallée Medway, dans la ville de London (ruisseau Medway, London, OE 2523), ainsi que sur les terres privées qui bordent le ruisseau Kettle (OE 2522). Ensemble, ces deux OE contiennent plus de 80 % des plantes de l’isopyre à feuilles biternées au Canada.

La zone d’occurrenceNote12de bas de page a été estimée à 1 000 km2; la zone d’occupationNote13de bas de pagen’est pas connue avec précision, mais a été estiméeNote14de bas de pageà moins de 20 km2.

Depuis la publication du rapport de situation du COSEPAC de 2005, au moins trois nouvelles sous-populations ont été découvertes dans le cadre de relevés effectués sur des terres appartenant à l’Ausable Bayfield Conservation Authority (ABCA, 2010). On considère que ces sous-populations appartiennent à la population de la rivière Ausable. Les réévaluations de l’occurrence faites par le CIPN d’après les mentions de l’isopyre à feuilles biternées ont permis d’établir l’existence d’une population précédemment ignorée à l’est d’Arva, non mentionnée par le COSEPAC en 2005. Il est possible que d’autres sous-populations d’isopyre à feuilles biternées soient découvertes (ou redécouvertes) à l’avenir. Par exemple, la population de Parkhill (OE 2524), que l’on croyait disparue, a été redécouverte en 2002 (COSEWIC, 2005), et un relevé récent fait par le CIPN en avril 2016 a confirmé la présence de l’espèce dans le complexe de la forêt Middlemarch, qui avait fait l’objet d’un précédent relevé en 1981.

Dans l’ensemble de son aire de répartition, l’isopyre à feuilles biternées se rencontre dans les forêts de feuillus matures, souvent dominées par l’érable et le hêtre. Dans les sites de l’Ontario, l’espèce se trouve généralement dans les forêts de feuillus dominées par l’érable à sucre (Acer saccharum), avec une combinaison de plusieurs autres essences de l’étage dominant, dont (sans toutefois s’y limiter) : l’ostryer de Virginie (Ostrya virginiana), le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia), des caryers (Carya spp.), le tilleul d’Amérique (Tilia americana), le noyer cendré (Juglans cinerea) et des frênes (Fraxinus spp.; COSEWIC, 2005). À ce jour, les communautés végétales ont été identifiées d’après les méthodes normalisées de la classification écologique des terres (CET; Lee et al., 1998) dans les sites occupés par plusieurs sous-populations d’isopyre à feuilles biternées au sein des populations de la rivière Ausable et de Parkhill et au ruisseau Medway, à London (ABCA, 2010; Dillon Consulting Ltd., 2015a). L’isopyre à feuilles biternées est présent dans les types de végétation suivants au Canada :

Dans le ruisseau Medway, à London, l’isopyre à feuilles biternées a aussi été trouvé dans un polygone de communauté végétale définie de manière générale comme un marécage de feuillus (SWD; Dillon Consulting Ltd., 2015a).

Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive des communautés végétales dans laquelle l’isopyre à feuilles biternées est présent, car bon nombre des sous-populations n’ont pas encore fait l’objet d’un classement.

D’après le travail de terrain effectué en 2003 et 2004, les espèces du sous-étage qui sont associées à l’isopyre à feuilles biternées au sein de deux populations et plus en Ontario sont, sans toutefois s’y limiter, les suivantes : le pigamon dioïque (Thalictrum dioicum), la smilacine étoilée (Maianthemum stellatum), la smilacine à grappes (M. racemosum), le podophylle pelté (Podophyllum peltatum), le caulophylle faux-pigamon (Caulophyllum thalictroides), l’arisème petit-prêcheur (Arisaema triphyllum), le trille blanc (Trillium grandiflorum), le trille rouge (T. erectum), la sanguinaire du Canada (Sanguinaria canadensis), le géranium maculé (Geranium maculatum), l’érythrone d’Amérique (Erythronium americanum), la dentaire laciniée (Cardamine concatenata), la jeffersonie à deux feuilles (Jeffersonia diphylla), l’asaret du Canada (Asarum canadense) et des violettes (Viola spp.) (COSEWIC, 2005). L’alliaire officinale (Alliaria petiolata) et l’égopode podagraire (Aegopodium podagraria), des espèces non indigènes, sont aussi présentes, voire dominantes, dans le sous-étage caractérisant certaines sous-populations (Thompson, 2004; I. Jean, comm. pers., 2015; B. Williamson, comm. pers., 2015).

L’isopyre à feuilles biternées occupe surtout des sites ombragés, mais peut aussi pousser dans des fourrés (Baskin et Baskin, 1986). Il se trouve habituellement dans les riches sols alluviaux des plaines d’inondation, mais il est parfois présent près des pentes boisées. Une étude réalisée en Illinois a révélé qu’une majorité de groupes de plantes dans un site se trouvait à moins de 25 m d’un cours d’eau (Melampy et Hayworth, 1980). L’espèce semble aussi préférer les sols calcaires (Baskin et Baskin, 1986). En Ontario, on la trouve dans les secteurs de sols luvisoliques brun-grisNote15de bas de pagequi sont riches en till calcaire (Hoffman, 1989).

L’espèce pousse généralement dans des conditions mésiquesNote16de bas de page, et on considère qu’elle est facultativeNote17de bas de pageen Ontario, avec un coefficient d’humiditéNote18de bas de pagede 0 (NHIC, 1995).

Dans son habitat convenable en Ontario et ailleurs, l’isopyre à feuilles biternées se trouve typiquement en denses sous-populations réparties en parcelles (Thompson, 2004; Schemske et al., 1978).

Les fleurs de l’isopyre à feuilles biternées sont visitées et pollinisées par une grande variété d’insectes, dont l’abeille domestique (Apis mellifera), des guêpes parasitoïdes, des andrénidés et halictidés, des syrphidés et autres mouches et des coléoptères (Schemske et al., 1978; Melampy et Hayworth, 1980; Tooker et Hanks, 2000). Les espèces d’insectes qui sont associées à l’isopyre à feuilles biternées sont présentées dans Schemske et al. (1978), Tooker et al. (2006) et Graham et al. (2012). Le vent joue aussi un rôle mineur dans la pollinisation (Melampy et Hayworth, 1980). Cependant, comme pour de nombreuses autres plantes du sous-étage, l’isopyre à feuilles biternées dépend probablement beaucoup plus de la propagation végétative que de la production de graines permise par les pollinisateurs.

La présente section décrit les menaces énumérées au tableau 2, met l’accent sur les principaux éléments et fournit des renseignements supplémentaires. Les menaces sont présentées en ordre décroissant de niveau de préoccupation pour chaque catégorie.

Tableau 2. Tableau d’évaluation des menaces
Menace Description de menace Niveau de préoccupationd Étendue Occurrence Fréquence Gravitée Certitude causalef
Espèces envahissantes Plantes envahis-santes Moyen Localisée Historique, actuelle, prévue Continue Inconnue Moyenne
Perturbation ou dommage Activités récréatives hors des sentiers et utilisation des sentiers Moyen Localisée Actuelle Récurrente Modérée Moyenne
Perte ou dégradation de l’habitat Aménagement des terres Moyen Généralisée Prévue Inconnue Modérée Élevée
Perte ou dégradation de l’habitat Exploitation forestière Inconnu Inconnue Inconnue Inconnue Inconnue Inconnue

d. Niveau de préoccupation : signifie que la gestion de la menace représente une préoccupation (élevée, moyenne ou faible) pour le rétablissement de l’espèce, conforme aux objectifs en matière de population et de répartition. Ce critère tient compte de l’évaluation de toute l’information figurant dans le tableau.

e. Gravité : indique l’effet à l’échelle de la population (élevée : très grand effet à l’échelle de la population, modérée, faible, inconnue).

f. Certitude causale : indique le degré de preuve connu de la menace (élevée : la preuve disponible établit un lien fort entre la menace et les pressions sur la viabilité de la population; moyenne : il existe une corrélation entre la menace et la viabilité de la population, p. ex., une opinion d’expert; faible : la menace est présumée ou plausible).

Plantes envahissantes : On a déterminé que l’égopode podagraire représentait une grave menace d’envahissement pour l’isopyre à feuilles biternées et d’autres espèces végétales du ruisseau Medway, à London (COSEWIC, 2005). Le personnel de l’Upper Thames Region Conservation Authority a entrepris d’éliminer l’égopode podagraire dans ce secteur et, à ce jour, ces activités ont été extrêmement efficaces (Dillon Consulting Ltd., 2015b).

Dans le cadre de travaux effectués en 2003 et 2004, la présence de l’alliaire officinale a été constatée dans six sous-populations du secteur du ruisseau Medway, ainsi que dans la population du ruisseau Kettle (Thompson, 2004; NHIC, 2015). Cette espèce est aussi présente dans la plupart des sous-populations des populations de la rivière Ausable et de Parkhill (I. Jean, comm. pers., 2015). L’alliaire officinale constitue probablement une menace mineure à modérée dans les sites où l’isopyre à feuilles biternées a été récemment observé. Il s’agit toutefois d’une menace persistante dans l’ensemble du sud du Canada (Catling et al., 2015). Elle coexiste avec l’isopyre à feuilles biternées depuis de nombreuses années et n’étoufferait pas nécessairement la végétation indigène (Austen, 1990; I. Jean, comm. pers., 2015). Cependant, de nombreuses sous-populations n’ont pas été visitées depuis plus d’une décennie.

Activités récréatives hors des sentiers et utilisation des sentiers : L’utilisation de VTT est une menace localisée qui vise certaines populations et leur habitat. Par exemple, la circulation non autorisée en VTT longe la rivière Ausable en passant par quelques sous-populations d’isopyre à feuilles biternées, et cette menace est difficile à enrayer (I. Jean, comm. pers., 2015). Certaines sous-populations d’isopyre à feuilles biternées sont aussi situées à proximité de lieux et de sentiers publics, et pourraient être menacées dans une certaine mesure par le piétinement accidentel et la compaction du sol (Austen, 1990; COSEWIC, 2005). Toutefois, l’amélioration des panneaux dans les sentiers pédestres dans le secteur du ruisseau Medway, à London, ont aussi aidé à limiter le piétinement et à favoriser la sensibilisation du public à l’égard de l’espèce (J. Petruniak, L. McDougall, pers.comm. 2015). En 2004, des campeurs ont été observés à proximité de l’une des sous-populations du ruisseau Kettle (COSEWIC, 2005), mais on ignore si cette activité persiste et, si oui, à quelle fréquence.

Aménagement des terres : La destruction de l’habitat de l’isopyre à feuilles biternées résultant de l’aménagement ou du défrichage est possible, puisque deux des cinq populations existantes sont situées sur des terres privées dans des secteurs où l’aménagement des terres est en hausse. Les sites longeant les plaines d’inondation et les pentes situées sur des terres privées sont vraisemblablement protégés dans une certaine mesure en raison des limites d’aménagement inhérentes, et le défrichage n’est probablement pas une menace majeure. Par contre, les sites qui abritent de grandes sous-populations peuvent quand même occuper très peu d’espace, et au moins une population très abondante (113 000 tiges) est vraisemblablement entièrement située sur des terres privées.

Exploitation forestière : Les derniers rapports de situation (Austen, 1990; COSEWIC, 2005) considèrent qu’au moins deux populations situées sur des terres privées sont menacées par des activités de coupe. On ignore actuellement l’ampleur et la situation de cette menace; il s’agit d’une lacune dans les connaissances. Comme l’isopyre à feuilles biternées préfère les forêts matures ombragées de qualité élevée, les coupes sélectives pourraient agir sur les populations en haussant la luminosité à un niveau non convenable ou en favorisant d’autres plantes susceptibles d’étouffer l’espèce.

On pense que plusieurs menaces possibles pourraient toucher l’isopyre à feuilles biternées au Canada, mais davantage d’information est nécessaire avant qu’un niveau de préoccupation puisse être attribué à ces menaces. On observe de graves déclins de bon nombre de pollinisateurs en Amérique du Nord et à l’échelle mondiale (Potts et al., 2010); il est possible que ces déclins représentent une menace pour l’isopyre à feuilles biternées, dont la pollinisation dépend principalement des insectes, mais on en sait peu sur les répercussions potentielles de cette menace. L’espèce est présente dans seulement quelques sites épars du sud de l’Ontario, et cette répartition fragmentée, particulièrement lorsqu’elle est combinée à l’autopollinisation attribuable au déclin des pollinisateurs, pourrait mener à un appauvrissement de la diversité génétique ou à une réduction du succès de reproduction (Thomann et al., 2013).

Il est possible que les maladies et les parasites qui touchent les arbres formant habituellement l’étage modifient la luminosité et/ou le taux d’humidité dans certaines forêts où l’isopyre à feuilles biternées est présent. L’agrile du frêne (Agrilus planipennis) a pratiquement éliminé le couvert de frênes dans la majeure partie du sud-ouest de l’Ontario et, dans certaines plaines d’inondation, le frêne était auparavant une essence dominante. L’augmentation résultante de la pénétration de la lumière peut modifier la composition du sous-étage forestier, car d’autres espèces deviennent plus compétitives (H. Bickerton, obs. pers., 2015). Le chancre du noyer cendré (Sirococcus clavigignenti-juglandacearum) et la maladie corticale du hêtre entraînent aussi la défoliation du couvert forestier, quoiqu’à un moindre degré dans l’habitat de l’isopyre à feuilles biternées. On connaît mal l’ampleur et la gravité de cette menace, car bon nombre de sites n’ont pas été visités depuis plus d’une décennie.

Plusieurs autres menaces possibles sont mentionnées dans les rapports de situation du COSEPAC de 2005 et de 1990 sur l’espèce, y compris l’érosion, la succession végétale de l’habitat, le salage des routes, la cueillette de fleurs sauvages, la tonte et la pulvérisation d’herbicides. La situation actuelle de ces menaces est inconnue.

L’objectif en matière de population et de répartition pour l’isopyre à feuilles biternées au Canada est le suivant :

L’isopyre à feuilles biternées est naturellement peu commun au Canada, où il se trouve à la limite nord de son aire de répartition.

On compte actuellement cinq populations existantes d’isopyre à feuilles biternées au Canada, qui doivent être maintenues conformément à l’objectif en matière de population et de répartition. L’approche vise à favoriser l’augmentation naturelle des populations existantes, grâce à la réduction ou à l’élimination des menaces associées aux espèces envahissantes, au piétinement et/ou à la compaction du sol, à la protection de l’habitat et à l’éducation du public. Comme le mentionne le COSEPAC (COSEWIC, 2005), on estime que la population canadienne d’isopyre à feuilles biternées compte environ un million de tiges au sein des populations actuelles (tableau 1). La répartition des occurrences d’élément du CIPN peut être mesurée selon la zone d’occurrence de quelque 1 000 km2. Il est admis que le nombre de tiges de l’espèce peut fluctuer et ne constitue peut-être pas actuellement une mesure adéquate de l’abondance. Il est essentiel d’élaborer un protocole de relevé approprié permettant de faire le suivi des fluctuations de l’abondance et de la répartition pour comprendre les tendances de l’espèce au Canada. D’ici à ce que d’autres recherches soient réalisées, la zone d’occupation estimative de 20 km2 sera maintenue. Cette espèce est naturellement peu commune en Ontario; il est donc probable que sa répartition demeure relativement faible. Le maintien de la répartition de toutes les populations existantes de l’isopyre à feuilles biternées dans l’ensemble de l’Ontario est d’une importance capitale pour le rétablissement de l’espèce. Le maintien d’autres populations dont l’existence pourrait être reconfirmée dans les sites historiques sera également important pour l’atteinte de l’objectif. En plus de mesurer les progrès vers l’atteinte de l’objectif en matière de population et de répartition, il sera important d’évaluer périodiquement les menaces en vue de juger du rétablissement de l’espèce.

L’isopyre à feuilles biternées est désigné comme étant menacé aux termes de la LVDE, et son habitat général est protégé en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario.

Depuis la publication du rapport de situation du COSEPAC en 2005, des activités de suivi et de gestion de l’habitat ont eu lieu dans un certain nombre de sites, comme on le mentionne ci-après.

Le personnel de l’Ausable Bayfield Conservation Authority (ABCA) a réalisé des relevés de l’isopyre à feuilles biternées sur les terres de l’ABCA dans la plaine d’inondation de la rivière Ausable (ABCA, 2010). Ces travaux ont mené à la découverte de trois nouvelles sous-populations au sein de l’OE de la rivière Ausable, et il est possible que d’autres soient découvertes dans le cadre d’autres relevés dans la région. L’ABCA vise à continuer de faire un suivi des occurrences connues et de les cartographier sur ses terres tous les cinq à dix ans. Des relevés sont prévus pour 2016 (I. Jean, comm. pers., 2015).

En 2014, la Ville de London a retenu les services de Dillon Consulting Ltd. pour l’élaboration d’un plan d’atténuation concernant l’isopyre à feuilles biternées (Dillon Consulting Ltd., 2014), lequel décrit un plan de gestion visant à lutter contre l’égopode podagraire à proximité de cette espèce menacée. Par la suite, l’Upper Thames River Conservation Authority et la Ville de London ont entrepris des activités de lutte contre l’égopode podagraire dans plusieurs sites du ruisseau Medway, à London. Ce projet s’est poursuivi en 2015, et les résultats obtenus à ce jour sont excellents (B. Williamson, comm. pers., 2015; Dillon Consulting Ltd., 2015b).

La Ville de London a effectué un inventaire et une évaluation du patrimoine naturel au ruisseau Medway, à London, y compris la classification écologique des terres et un inventaire floral, ce qui a amélioré les connaissances sur l’abondance, la répartition et la biologie de l’espèce et sur les menaces présentes dans la région (Dillon Consulting Ltd., 2015a).

Le Conseil des plantes envahissantes de l’Ontario a produit plusieurs guides de jardinage pour l’Ontario. Ces guides, intitulés « Choisis-moi plutôt », comprennent des pratiques de gestion exemplaires en matière de jardinage et font la promotion de l’utilisation de plantes indigènes et non envahissantes, tout en sensibilisant les lecteurs au sujet de la culture de plantes envahissantes et non indigènes (comme l’égopode podagraire).

Tableau 3. Tableau de planification du rétablissement
Menace ou élément limitatif Prioritég Stratégie générale pour le rétablissement Description générale des approches de recherche et de gestion

Toutes les menaces

Lacunes dans les connaissances

Élevée Évaluer les populations et en faire le suivi
  • Au moins une fois par décennie, reconfirmer et documenter toutes les sous-populations connues, et déterminer l’abondance et les limites de l’habitat au moyen de méthodes clairement définies et documentées afin d’assurer la comparabilité des dénombrements.
  • Déterminer les menaces actuelles dans toutes les populations (actuellement une lacune dans les connaissances), et élaborer et mettre en œuvre un plan d’atténuation au besoin.
  • Examiner l’habitat convenable à proximité des populations existantes (ruisseau Medway, rivière Ausable, ruisseau Kettle, zone de conservation de Parkhill, complexe de la forêt Middlemarch) à la recherche de nouvelles sous-populations.
  • Examiner l’habitat convenable à proximité des populations historiques (rivière Thames, ruisseau Medway, vallée Lynn et est d’Arva) à la recherche de possibles sous-populations.
Espèces envahissantes Élevée Lutter contre les espèces envahissantes
  • Lutter contre les plantes envahissantes non indigènes dans les secteurs où leur présence est considérée comme une menace.
  • Mesurer l’efficacité et accomplir des activités de lutte subséquentes; documenter les résultats.
Activités récréatives hors des sentiers et utilisation des sentiers Moyenne Protéger et gérer l’habitat
  • Modifier le tracé des sentiers pédestres ou des sentiers d’accès où des menaces ont été relevées, ou mettre en œuvre des fermetures saisonnières.
  • Mettre en œuvre des mesures visant à réduire le piétinement et/ou la compaction du sol.
  • Adopter des programmes de sensibilisation et d’intendance, et concevoir des panneaux pour réduire les activités récréatives hors des sentiers et l’aménagement de sentiers non autorisés.
  • Élaborer des pratiques exemplaires de gestion (PEG) pour les activités récréatives en vue de les communiquer aux groupes appropriés (p. ex. offices de protection de la nature, propriétaires fonciers, clubs de VTT, etc.) avec des lignes directrices concernant les méthodes de gestion de l’habitat, y compris la gestion des réseaux de sentiers et l’accès à ceux-ci.
Perte et dégradation de l’habitat Moyenne

Protéger et gérer l’habitat

Sensibilisation et intendance

  • Communiquer avec les propriétaires privés pour renforcer la sensibilisation et promouvoir l’intendance.
  • Travailler avec les propriétaires fonciers en vue de définir les options ou les outils disponibles pour la protection des sous-populations par l’intendance ou l’acquisition de terres à des fins de conservation.
  • Éduquer le public au sujet de l’espèce, des menaces qui pèsent sur elle et de son habitat, particulièrement dans les secteurs où l’accès du public est actuellement autorisé.
  • Encourager les approches de gestion de l’habitat qui évitent l’utilisation d’herbicides et de pesticides susceptibles de nuire à l’isopyre à feuilles biternées et à ses pollinisateurs.

g. « Priorité » reflète l’ampleur dans laquelle la stratégie générale contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une approche qui contribue au rétablissement de l’espèce.

En vertu de l’alinéa 41(1)(c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Aux termes du paragraphe 2(1) de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ».

Le présent programme de rétablissement fédéral désigne dans la mesure du possible l’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées au Canada, sur la base de la meilleure information accessible sur l’espèce en date d’avril 2016. Il est entendu que l’habitat essentiel désigné ci-après (voir la figure 2 et l’annexe C) n’est pas suffisant pour permettre l’atteinte de l'objectif en matière de population et de répartition pour l’espèce. Le calendrier des études (tableau 4) décrit les activités nécessaires à la désignation de l’habitat essentiel additionnel requis pour soutenir l'objectif en matière de population et de répartition. De l’habitat essentiel additionnel pourrait être ajouté dans l’avenir si des données nouvelles ou supplémentaires justifiaient l’inclusion de zones au-delà de celles qui sont actuellement désignées (p. ex. de nouvelles populations sont découvertes ou redécouvertes, ou des sous-populations existantes s’étendent à des zones adjacentes).

La désignation de l’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées est fondée sur deux critères : l’occupation de l’habitat et le caractère convenable de l’habitat.

Le critère d’occupation de l’habitat fait référence aux zones d’habitat convenable pour lesquelles on peut affirmer avec une certaine certitude qu’elles sont actuellement utilisées par l’espèce.

L’habitat est considéré comme occupé dans les cas où :

L’occupation de l’habitat est fondée sur les mentions d’occurrence disponibles se rapportant aux populations selon le CIPN et le COSEPAC ainsi que sur des rapports de données d’autres projets (ABCA, 2010; Dillon 2015a). Au Canada, les mentions de l’isopyre à feuilles biternées proviennent de cinq populations existantes qui respectent le critère d’occupation et présentent une quantité importante d’habitat convenable. Si de nouvelles observations sont faites dans les quatre populations historiques, elles seront alors prises en compte dans la désignation d’habitat essentiel additionnel; ces populations n’ont été associées à aucune mention depuis 1995 et elles ne respectent pas le critère d’occupation.

Le caractère convenable de l’habitat se rapporte aux zones qui possèdent un ensemble précis de caractéristiques biophysiques permettant aux individus de l’espèce de mener à bien les aspects essentiels de leur cycle vital. Dans les sites qui persistent au Canada, l’isopyre à feuilles biternées se trouve habituellement dans les forêts de feuillus dominées par l’érable à sucre, en combinaison avec plusieurs autres essences de l’étage dominant, y compris (sans toutefois s’y limiter) : l’ostryer de Virginie, le hêtre à grandes feuilles, le caryer, le tilleul, le noyer et le frêne (COSEWIC, 2005).

Les caractéristiques biophysiques, qui comprennent les caractéristiques nécessaires à l’accomplissement des processus du cycle vital de l’espèce, sont les suivantes :

D’après la meilleure information disponible, l’habitat convenable de l’isopyre à feuilles biternées est actuellement défini comme étant l’étendue des caractéristiques biophysiques dans les sites occupés par les populations existantes connues. En outre, une zone de fonctions essentielles de 50 m (distance radiale) est appliquée lorsque les caractéristiques biophysiques autour d’une tige s’étendent sur moins de 50 m.

En Ontario, l’habitat convenable de l’isopyre à feuilles biternées peut être décrit efficacement au moyen de la classification écologique des terres (CET) du sud de l’Ontario (dans Lee et al., 1998). La CET fournit une méthode normalisée permettant d’interpréter et de circonscrire les limites des écosystèmes dynamiques. Elle catégorise les habitats non seulement en fonction des communautés végétales, mais aussi en fonction de l’humidité du sol et de la topographie. Elle englobe donc les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable de l’isopyre à feuilles biternées. De plus, de nombreux gestionnaires de terres et spécialistes de la conservation connaissent bien la terminologie et les méthodes employées dans la CET et ont adopté cet outil comme approche normalisée en Ontario.

Dans la CET de l’Ontario, ce sont les limites des écosites qui définissent le mieux l’étendue des caractéristiques biophysiques requises par une espèce. L’écosite comprend les aires occupées par l’isopyre à feuilles biternées et les zones environnantes qui lui fournissent des conditions d’habitat convenable pour mener à bien ses processus vitaux et qui assurent les processus naturels liés à la dynamique et à la reproduction des populations (p. ex. dispersion et pollinisation). On ne dispose d’aucun renseignement précis sur la dispersion des graines, mais l’écosite occupé de la CET devrait offrir suffisamment de possibilités pour la dispersion et l’expansion des populations (augmentation de l’abondance des populations existantes). Cette zone élargie autour de la plante pourrait aussi favoriser la résilience de l’écosystème aux espèces envahissantes.

Les écosites reconnus par la CET (Lee et al., 1998) qui abritent l’isopyre à feuilles biternées ont été décrits comme des forêts décidues à érable à sucre sur sol sec à frais (FOD5) et des forêts décidues de basse terre sur sol frais à humide (FOD7)Note19de bas de page. Dans le secteur du ruisseau Medway, à London, l’isopyre à feuilles biternées a aussi été trouvé dans une communauté végétale définie généralement comme un marécage de feuillus (SWD; Dillon Consulting 2015a). D’autres évaluations de l’habitat sont nécessaires pour délimiter et cartographier les écosites de la CET précis qui sont actuellement occupés par l’isopyre à feuilles biternées dans d’autres sous-populations.

La distance radiale de 50 m est considérée comme une zone de fonctions essentielles minimale, soit la superficie minimale de fragment d’habitat nécessaire au maintien des propriétés constitutives du microhabitat de l’espèce (p. ex. luminosité, température, humidité de la litière, taux d’humidité nécessaires à la survie). À l’heure actuelle, on ne sait pas exactement à partir de quelle distance les processus physiques et/ou biologiques commencent à agir négativement sur l’isopyre à feuilles biternées. Des études sur les gradients micro-environnementaux en bordure des habitats, soit la luminosité, la température et l’humidité de la litière (Matlack,1993), et sur les effets de bordure sur les plantes dans les forêts mixtes de feuillus, comme en témoignent les changements à la structure et à la composition des communautés végétales (Fraver, 1994), montrent que les effets de bordure peuvent être décelés jusqu’à 50 m à l’intérieur des fragments d’habitat. D’autres études montrent toutefois que l’ampleur et la distance des effets de bordure varient en fonction de la structure et de la composition des types d’habitat adjacents (Harper et al., 2005). Par conséquent, une distance radiale de 50 m depuis toute tige d’isopyre à feuilles biternées a été choisie pour assurer le maintien des propriétés du microhabitat dans le cadre de la désignation de l’habitat essentiel. La superficie comprise dans la zone de fonctions essentielles peut comprendre de l’habitat convenable et non convenable, puisque l’isopyre à feuilles biternées peut se trouver à proximité d’une zone de transition entre l’habitat convenable et l’habitat non convenable. À mesure que de nouveaux renseignements sur les besoins de l’espèce en matière d’habitat et les caractéristiques propres à chaque site, notamment l’hydrologie, deviennent disponibles, ces distances pourraient être révisées.

Les structures anthropiques (p. ex. routes entretenues, bâtiments) ne possèdent pas les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable et ne favorisent pas le maintien des processus naturels; elles ne sont donc pas considérées comme partie intégrante de l’habitat essentiel.

L’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées est désigné comme étant l’étendue d’habitat convenable (section 7.1.2) où le critère d’occupation de l’habitat est respecté (section 7.1.1). Dans les cas où l’habitat convenable s’étend sur moins de 50 m autour d’une tige d’isopyre à feuilles biternées, une zone de fonctions essentielles englobant une superficie d’une distance radiale de 50 m est aussi incluse à titre d’habitat essentiel.

En Ontario, comme il est mentionné précédemment, c’est l’échelle de l’écosite qui est la plus appropriée pour la délimitation de l’habitat convenable de l’isopyre à feuilles biternées. À l’heure actuelle, on ne dispose pas de la délimitation des écosites nécessaire à la désignation de l’habitat essentiel pour l’ensemble des populations en Ontario. Entretemps, lorsque les limites des écosites de la CET ne sont pas disponibles, on utilisera l’échelle des séries de communautés végétales de la CET pour définir la superficie dans laquelle se trouve l’habitat essentiel de l’espèce, car cette superficie englobe la limite de l’écosite autour de la tige d’isopyre à feuilles biternées ainsi que la zone de fonctions essentielles de 50 m. En Ontario, l’habitat essentiel est situé à l’intérieur de ces limites aux endroits où l’on trouve les caractéristiques biophysiques décrites à la section 7.1.2 et où le critère d’occupation de l’habitat est respecté (section 7.1.1). La désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour une fois que les limites des écosites seront déterminées.

L’application des critères d’habitat essentiel susmentionnés à la meilleure information disponible permet de désigner l’habitat essentiel des cinq populations existantes d’isopyre à feuilles biternées au Canada (voir la figure 2, annexe B). L’habitat essentiel désigné dans le présent programme de rétablissement n’est pas considéré comme étant une désignation complète de l’habitat essentiel, et ne suffit pas à l’atteinte de l’objectif en matière de population et de répartition pour l’isopyre à feuilles biternées. Un calendrier des études (tableau 4) a été préparé en vue de désigner l’habitat essentiel pour les populations dans lesquelles l’habitat convenable persiste, mais où le critère d’occupation n’est pas actuellement respecté. De l’habitat essentiel pourra être ajouté à l’avenir si des renseignements nouveaux ou supplémentaires montrent l’inclusion d’autres superficies au-delà de celles actuellement désignées (p. ex. colonisation de nouveaux sites, sites redécouverts ou expansion dans des sites adjacents).

L’habitat essentiel désigné pour l’isopyre à feuilles biternées est présenté au moyen de carrés du quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km. Les carrés du quadrillage UTM présentés à la figure 2 font partie d’un système de quadrillage de référence qui indique l’emplacement géographique général renfermant de l’habitat essentiel, à des fins de planification de l’aménagement du territoire et/ou d’évaluation environnementale. En plus de ces avantages, le quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km respecte les ententes de partage des données avec la province de l’Ontario. L’habitat essentiel dans chaque carré du quadrillage se trouve là où la description de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1) et celle du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) sont respectées. Il est possible d’obtenir des renseignements plus détaillés sur l’habitat essentiel pour soutenir la protection de l’espèce et de son habitat, sur justification, auprès d’Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune, à : ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Figure 2. Carrés de quadrillage renfermant de l’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées au Canada. L’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées se trouve dans ces carrés de quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km (carrés rouges), où la description du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) et celle de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1) sont respectées.
Grid squares that contain critical habitat
Description longue pour la figure 2

La figure 2 montre la répartition de l’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées, qui se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km où les critères énoncés aux sections 7.1.1 et 7.1.2 sont respectés. La carte montre principalement la ville de London, en Ontario, et les régions avoisinantes. On y aperçoit 23 carrés au nord d’Arkona, 5 carrés dans la région de Parkhill et 12 carrés dans la région de London, immédiatement au sud d’Arva. Six autres carrés sont situés dans la région de St. Thomas, et 22 autres carrés, immédiatement au sud-ouest de St. Thomas.

Quatre sites de populations historiques d’isopyre à feuilles biternées (rivière Thames, ruisseau Medway, vallée Lynn et est d’Arva) contiennent de l’habitat convenable pour l’espèce. Cependant, l’occupation n’a pas été confirmée dans ces sites depuis 1994 (voir le tableau 1).

Le calendrier des études présenté au tableau 4 est conçu pour recueillir l’information nécessaire à la désignation complète de l’habitat essentiel aux fins du rétablissement de l’isopyre à feuilles biternées au Canada.

Tableau 4. Calendrier des études pour la désignation de l’habitat essentiel
Description de l’activité Justification Échéancier
Effectuer des relevés aux sites historiques renfermant de l’habitat convenable (rivière Thames, ruisseau Medway, vallée Lynn et est d’Arva) pour déterminer si l’isopyre à feuilles biternées y persiste. Des relevés visant à confirmer la présence de l’isopyre à feuilles biternées dans ces sites contribueraient à la désignation complète de l’habitat essentiel de toutes les populations actuelles. Des populations ont été redécouvertes par le passé. 2017-2022

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’un élément de l’habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque l’espèce en a besoin. La destruction peut découler d’une activité unique ou de multiples activités à un moment donné ou des effets cumulés d’une ou de plusieurs activités au fil du temps. Il convient de noter que les activités qui se déroulent à l’intérieur ou à proximité de l’habitat essentiel ne sont pas toutes susceptibles d’en entraîner la destruction.

Le tableau 5 donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce; il peut toutefois exister d’autres activités destructrices.

Tableau 5. Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
Description de l’activité Description de l’effet relatif à la perte de fonction de l’habitat essentiel Détails de l’effet
Utilisation de véhicules motorisés, comme des VTT, des camions et de la machinerie lourde L’utilisation de véhicules peut entraîner la compaction du sol, qui risque de réduire ou d’éliminer la germination des graines et la croissance des racines. Elle peut aussi introduire des espèces végétales envahissantes en répandant des graines provenant des zones voisines. La perturbation de la végétation indigène au sol peut aussi accroître la capacité de colonisation des plantes envahissantes. Lorsque cette activité a lieu dans l’habitat essentiel, peu importe le moment de l’année, les effets sont directs, et il est très probable que l’activité entraîne la destruction ou la dégradation de l’habitat essentiel parce que l’espèce dépend de sols forestiers meubles pour la germination.
Introduction d’espèces exotiques, particulièrement des plantes ou des invertébrés (p. ex. introduction de plantes, de graines d’espèces non indigènes, de sol ou de gravier provenant d’autres secteurs, compostage ou déversement de déchets de jardin, utilisation de VTT, broutage du bétail) L’introduction d’espèces envahissantes peut entraîner l’étouffement de l’isopyre à feuilles biternées par ces espèces et/ou des changements physiques et chimiques de l’habitat, de telle sorte qu’il ne convienne plus à l’espèce. Lorsque cette activité a lieu dans l’habitat essentiel ou dans une zone adjacente, à n’importe quel moment de l’année, elle peut entraîner l’introduction d’espèces envahissantes qui risquent de mener à la destruction graduelle de l’habitat essentiel au fil du temps.
Tout aménagement résidentiel, agricole ou industriel, comme la construction d’habitations, de structures, de routes, de jardins, de carrières, de lignes de services publics ou d’installations de production d’énergie renouvelable, y compris l’enlèvement des sols Les activités de construction dans l’habitat essentiel détruisent l’habitat et entraînent la perte directe de parcelles d’habitat essentiel indispensables à la survie de l’espèce, à la germination des graines et à l’établissement des semis. L’enlèvement direct du sol/substrat rendrait l’habitat non convenable pour l’isopyre à feuilles biternées en éliminant les caractéristiques biophysiques requises par l’espèce. Lorsque cette activité a lieu dans l’habitat essentiel, à n’importe quel moment de l’année, les effets sont directs, et entraînent assurément la destruction permanente de l’habitat essentiel. Les activités limitées à la surface de routes, de voies d’accès et de sentiers récréatifs existants et autorisés n’entraîneraient pas la destruction de l’habitat essentiel.
Enlèvement de la composante de végétation indigène de l’habitat essentiel, y compris les coupes à blanc et les coupes sélectives Cette activité entraîne l’augmentation de la pénétration de la lumière dans les forêts matures, la réduction de l’humidité du sol, la réduction de l’humidité de l’air en été et l’augmentation de la probabilité que des propagules d’espèces envahissantes soient introduites par la machinerie de foresterie, et risque de rendre l’habitat non convenable pour l’espèce. Lorsque cette activité a lieu dans l’habitat essentiel, elle peut entraîner sa destruction. Les effets peuvent être directs (p. ex. perte d’habitat) ou indirects (p. ex. compétition accrue des plantes forestières).

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte de l'objectif en matière de population et de répartition.

Tous les cinq ans, le succès de la mise en œuvre du programme de rétablissement sera évalué au moyen des indicateurs de rendement suivants :

Un ou plusieurs plans d’action pour l’isopyre à feuilles biternées seront publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici 2023.

Ausable Bayfield Conservation Authority (ABCA). 2010. Terrestrial Species at Risk on ABCA Lands: Results of 2008-2010 Field Surveys. Confidential Report. 20 pp.

Austen, M. J. W. 1990. Status Report on the false rue-anemone Isopyrum biternatum in Canada., COSEWIC, Ottawa, ON.

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Source: NatureServe (2015)
Pays État ou province (cote S)
Canada Ontario (S2)
États-Unis Alabama (S2), Arkansas (SNR), Floride (S1), Illinois (S5), Indiana (SNR), Iowa (S4), Kansas (SNR), Kentucky (S5), Michigan (SNR), Minnesota (SNR), Mississippi (SNR), Missouri (SNR), New York (SX), Caroline du Nord (S2), Ohio (SNR), Oklahoma (SNR), Caroline du Sud (S1), Dakota du Sud (SH), Tennessee (SNR), Virginie (S1), Virginie-Occidentale (S1), Wisconsin (SNR)

Source : NatureServe (2015)

S1 : Gravement en péril – Espèce extrêmement susceptible de disparaître du territoire (N – national, S – État/province) en raison d’une aire de répartition très limitée, d’un nombre très restreint de populations ou d’occurrences, de déclins très marqués, de menaces graves ou d’autres facteurs.

S2 : En péril - Espèce très susceptible de disparaître du territoire en raison d’une aire de répartition limitée, d’un nombre restreint de populations ou d’occurrences, de déclins marqués, de menaces graves ou d’autres facteurs.

S4 : Apparemment non en péril - Espèce assez peu susceptible de disparaître du territoire en raison de la grande étendue de son aire de répartition ou du grand nombre de populations ou d’occurrences, mais pour laquelle il existe des sources de préoccupations en raison de déclins localisés récents, de menaces ou d’autres facteurs.

S5 : Non en péril - Espèce très peu susceptible de disparaître du territoire en raison de la très vaste étendue de son aire de répartition et de l’abondance de populations ou d’occurrences et ne suscitant aucune préoccupation associée à des déclins ou des menaces ou n’en suscitant que très peu.

SNR : Non classée – Espèce dont le statut de conservation national ou infranational n’a pas encore été évalué.

SX : Vraisemblablement disparue – Espèce ou écosystème considérés comme disparus du territoire (pays, État ou province). Non retrouvés malgré des recherches intensives dans les sites historiques et d’autres habitats convenables, et associés à une probabilité pratiquement nulle d’être redécouverts.

SH : Possiblement disparue – Espèce qui était présente par le passé et qui pourrait être retrouvée. Certains éléments indiquent que l’espèce ou l’écosystème a peut-être disparu du territoire considéré, mais on ne peut l’affirmer avec certitude. Voici des exemples : (1) la présence de l’espèce n’a pas été signalée au cours des 20 à 40 dernières années malgré les recherches effectuées, et/ou on a trouvé des preuves de perte ou de dégradation importantes de son habitat; (2) des recherches infructueuses ont été menées pour trouver l’espèce ou l’écosystème, mais pas de façon suffisamment rigoureuse pour que l’on puisse présumer qu’ils ne sont plus présents dans le territoire.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairées du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

Les mesures prises pour protéger et maintenir l’habitat de l’isopyre à feuilles biternées au Canada devraient favoriser la protection d’autres espèces et habitats rares. Dans certains sites, l’habitat de forêt de feuillus mature occupé par l’espèce est aussi utilisé par des espèces rares et en péril à l’échelle provinciale, comme l’arisème dragon (Arisaema dracontium, S3, préoccupante), la mertensie de Virginie (Mertensia virginica, S3) et le grémil à larges feuilles (Lithospermum latifolium, S3).

La possibilité que la mise en œuvre du programme ait des conséquences néfastes imprévues sur d’autres espèces a été envisagée. Actuellement, les mesures de rétablissement ciblant l’isopyre à feuilles biternées sont axées sur la reconnaissance, la protection et le suivi des populations et de leur habitat ainsi que sur la gestion des menaces telles que les espèces de plantes envahissantes et le piétinement. De façon générale, il est peu probable que ces activités aient des effets néfastes sur d’autres espèces qui utilisent le même habitat que l’isopyre à feuilles biternées. Seules les mesures directes de gestion de l’habitat (p. ex. lutte contre les espèces envahissantes, gestion des menaces) pourraient avoir des effets directs sur d’autres espèces indigènes, mais les retombées de ces activités devraient se révéler bénéfiques pour les espèces indigènes et leur habitat, en atténuant une menace courante.

Tableau C-1. L’habitat essentiel de l’isopyre à feuilles biternées se trouve dans ces carrés du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km, là où la description du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) et celle de l’occupation de l’habitat (section 7.1.1) sont respectées.
No Code d’identification du carré du quadrillage de 1 x 1 kmh Coordonnées du carré du quadrillage UTMi
Est
Coordonnées du carré du quadrillage UTMi
Nord
Régime foncierj
1 17TMH7298 479000 4728000 Territoire non domanial
1 17TMH7299 479000 4729000 Territoire non domanial
1 17TMH7390 479000 4730000 Territoire non domanial
1 17TMH8208 480000 4728000 Territoire non domanial
1 17TMH8209 480000 4729000 Territoire non domanial
1 17TMH8217 481000 4727000 Territoire non domanial
1 17TMH8218 481000 4728000 Territoire non domanial
1 17TMH8219 481000 4729000 Territoire non domanial
1 17TMH8228 482000 4728000 Territoire non domanial
1 17TMH8229 482000 4729000 Territoire non domanial
1 17TMH8238 483000 4728000 Territoire non domanial
1 17TMH8239 483000 4729000 Territoire non domanial
1 17TMH8300 480000 4730000 Territoire non domanial
1 17TMH8310 481000 4730000 Territoire non domanial
1 17TMH8311 481000 4731000 Territoire non domanial
1 17TMH8320 482000 4730000 Territoire non domanial
1 17TMH8321 482000 4731000 Territoire non domanial
1 17TMH8322 482000 4732000 Territoire non domanial
1 17TMH8331 483000 4731000 Territoire non domanial
1 17TMH8332 483000 4732000 Territoire non domanial
1 17TMH8333 483000 4733000 Territoire non domanial
1 17TMH8342 484000 4732000 Territoire non domanial
2a 17TMH7642 474000 4762000 Territoire non domanial
2a 17TMH7643 474000 4763000 Territoire non domanial
2a 17TMH7644 474000 4764000 Territoire non domanial
2a 17TMH7651 475000 4761000 Territoire non domanial
2a 17TMH7652 475000 4762000 Territoire non domanial
2a 17TMH7653 475000 4763000 Territoire non domanial
2a 17TMH7654 475000 4764000 Territoire non domanial
2a 17TMH7661 476000 4761000 Territoire non domanial
2a 17TMH7671 477000 4761000 Territoire non domanial
2a 17TMH7672 477000 4762000 Territoire non domanial
2a 17TMH7681 478000 4761000 Territoire non domanial
2a 17TMH7682 478000 4762000 Territoire non domanial
3 17TMH4769 446000 4779000 Territoire non domanial
3 17TMH4778 447000 4778000 Territoire non domanial
3 17TMH4779 447000 4779000 Territoire non domanial
3 17TMH4788 448000 4778000 Territoire non domanial
3 17TMH4789 448000 4779000 Territoire non domanial
4 17TMH3722 432000 4772000 Territoire non domanial
4 17TMH3723 432000 4773000 Territoire non domanial
4 17TMH3731 433000 4771000 Territoire non domanial
4 17TMH3732 433000 4772000 Territoire non domanial
4 17TMH3733 433000 4773000 Territoire non domanial
4 17TMH3734 433000 4774000 Territoire non domanial
4 17TMH3736 433000 4776000 Territoire non domanial
4 17TMH3737 433000 4777000 Territoire non domanial
4 17TMH3738 433000 4778000 Territoire non domanial
4 17TMH3739 433000 4779000 Territoire non domanial
4 17TMH3743 434000 4773000 Territoire non domanial
4 17TMH3744 434000 4774000 Territoire non domanial
4 17TMH3746 434000 4776000 Territoire non domanial
4 17TMH3747 434000 4777000 Territoire non domanial
4 17TMH3748 434000 4778000 Territoire non domanial
4 17TMH3749 434000 4779000 Territoire non domanial
4 17TMH3757 435000 4777000 Territoire non domanial
4 17TMH3758 435000 4778000 Territoire non domanial
4 17TMH3759 435000 4779000 Territoire non domanial
4 17TMH3767 436000 4777000 Territoire non domanial
4 17TMH3768 436000 4778000 Territoire non domanial
4 17TMH3769 436000 4779000 Territoire non domanial
4 17TMH3850 435000 4780000 Territoire non domanial
6 17TMH8306 480000 4736000 Territoire non domanial
6 17TMH8307 480000 4737000 Territoire non domanial
6 17TMH8316 481000 4736000 Territoire non domanial
6 17TMH8317 481000 4737000 Territoire non domanial
6 17TMH8326 482000 4736000 Territoire non domanial
6 17TMH8327 482000 4736000 Territoire non domanial

h. Code d’identification dans le système militaire de quadrillage UTM de référence(voir Corrections des lettres d'identification du MGRS); les deux premiers caractères (chiffres) et la lettre qui suit désignent la zone UTM, les deux caractères suivants (lettres) désignent le carré de 100 km × 100 km du quadrillage UTM de référence, les deux caractères suivants, le carré de 10 km × 10 km, et les deux derniers, le carré de 1 km × 1 km qui contient au moins une partie d’une unité d’habitat essentiel. L’utilisation du code alphanumérique univoque du système militaire de quadrillage UTM de référence s’inspire de la méthodologie utilisée pour les Atlas des oiseaux nicheurs du Canada.

i. Les coordonnées indiquées sont celles de la représentation cartographique de l’habitat essentiel, c.-à-d. du coin sud-ouest du carré de 10 km × 10 km du quadrillage UTM de référence contenant au moins une partie d’une unité d’habitat essentiel. Elles sont données à titre indicatif seulement; le point correspondant ne fait pas nécessairement partie de l’habitat essentiel.

j. Le régime foncier est fourni à titre indicatif seulement, pour donner une idée générale des détenteurs des droits de propriété des terres où sont situées les unités d’habitat essentiel. Pour déterminer avec exactitude le régime foncier d’une terre, il faudra comparer les limites de l’habitat essentiel aux informations figurant au cadastre.


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