Taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2010

Photographie de la taupe à queue glable (Scalopus aquaticus).

Préoccupante – 2010

Table des matières

Information sur le document

Liste des figures

Liste des tableaux

Information sur le document

COSEPAC - Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 34 p.

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2000. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 26 p.

WALDRON, G.E. 1998. Rapport de situation du COSEPAC sur la taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) au Canada – Mise à jour, in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa.. Pages 1 – 26.

MACAULAY, A. 1980. COSEWIC status report on the Eastern mole Scalopus aquaticus in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 11 p.

Note de production :
Le COSEPAC remercie Jennie L. Pearce (Ph.D.) et David Anthony Kirk (Ph.D.), qui ont rédigé le rapport de situation sur la taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) au Canada en vertu d’un contrat passé avec Environnement Canada. Mark Brigham, coprésident du Sous-comité de spécialistes des mammifères terrestres du COSEPAC, a supervisé le présent rapport et en a fait la révision.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-953-3215
Téléc. : 819-994-3684
Courriel
Site Web

Illustration/photo de la couverture :
Taupe à queue glabre --

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2011.
No de catalogue CW69-14/269-2011F-PDF
ISBN 978-1-100-97294-7

COSEPAC
Sommaire de l'évaluation

Sommaire de l'évaluation – novembre 2010

Nom commun
Taupe à queue glabre

Nom scientifique
Scalopus aquaticus

Statut
Préoccupante

Justification de la désignation
L'aire de répartition canadienne de ce petit mammifère se limite à environ 1000 hectares près du parc national de la Pointe-Pelée, dans le sud de l'Ontario. L'espèce a une répartition restreinte et fragmentée, mais un manque d'efforts de suivi adéquat et de quantification des menaces met en évidence l'incertitude de son statut de conservation. Bien qu'il y ait certaines preuves d'un déclin, un tiers de l'habitat de l'espèce est relativement peu menacé de disparaître dans le parc. Les menaces n'ont pas été évaluées ailleurs.

Répartition
Ontario

Historique du statut
Espèce désignée « préoccupante » en avril 1980. Réexamen et confirmation du statut en avril 1998, en novembre 2000, et en novembre 2010.

COSEPAC
Résumé

Taupe à queue glabre
Scalopus aquaticus

Information sur l’espèce

La taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) est deux fois plus grosse qu’une souris, son corps est robuste, sa queue courte et pratiquement glabre, ses pieds antérieurs gros et larges, et son museau long, pointu et glabre. Son pelage, dense, présente une coloration qui varie du nord au sud de son aire de répartition. Elle se distingue facilement de la taupe à nez étoilé par l’absence d’appendices charnus sur le nez, et de la taupe à queue velue par l’absence de palmure entre les doigts et de poils sur la queue.

Répartition

Parmi toutes les taupes d’Amérique du Nord, la taupe à queue glabre est celle qui a la plus vaste aire de répartition. Elle est présente dans la plupart des États du centre et de l’est des États-Unis, dans le nord du Mexique et dans l’extrême sud du Canada. Au Canada, l’espèce n’est présente que dans le sud de l’Ontario, soit dans trois municipalités du comté d’Essex (ville d’Essex, ville de Kingsville et municipalité de Leamington) et la portion ouest du canton de Romney, dans la municipalité de Chatham-Kent.

Habitat

Dans l’ensemble de son aire, la taupe à queue glabre occupe divers milieux, depuis des bois ouverts à des champs dégagés, où le sol est suffisamment meuble pour permettre le creusage de galeries. En Ontario, l’espèce est le plus souvent observée dans des loams ou des loams sableux dans des zones boisées, et le long de haies arborées ou broussailleuses, de cours d’eau ou de fossés de drainage, où le sol est exempt de pierres, a une texture grossière et se draine rapidement en général. Dans les milieux ouverts, les galeries des taupes s’étendent généralement au-delà des zones ombragées; les champs cultivés sont rarement utilisés. On estime que la superficie d’habitat potentiel est d’environ 929 hectares au Canada.

Biologie

La taupe à queue glabre est un animal généralement solitaire qui occupe un domaine vital relativement stable toute l’année. Elle creuse deux types de galeries : des galeries proches de la surface utilisées pour son alimentation, et des galeries profondes permanentes, dont le creusage peut donner lieu à la production des monticules de déblais caractéristiques des taupinières. Les mâles ont des domaines vitaux plus étendus (1,1 ha) que ceux des femelles (0,3 ha).

L’espèce est probablement polygyne et les individus se reproduisent une fois par année après avoir atteint l’âge de un an. La reproduction a lieu plus tard dans l’année sous les latitudes septentrionales. L’accouplement se produit à la fin de mars ou au début d’avril, et les portées, qui comptent de 2 à 5 petits, naissent à la fin d’avril ou au début de mai. Les taupes se nourrissent d’une vaste gamme d’invertébrés dont des vers de terre, des larves et adultes de coléoptères et des fourmis, ainsi que de matières végétales (incluant des champignons mycorhiziens). Comme leur existence est largement souterraine, elles sont habituellement peu exposées à la prédation, à moins que des prédateurs pénètrent dans leurs galeries (p. ex. des serpents ou des belettes) ou les ouvrent en creusant (canidés), ou qu’elles viennent à la surface (où elles sont vulnérables aux rapaces et à d’autres prédateurs) par suite d’une inondation ou, dans le cas des juvéniles, quand ils entreprennent de se disperser.

Taille et tendances des populations

En 1997, des indices de la présence de taupes à queue glabre (galeries de surface ou monticules de déblais) ont été notés à 25 (52 %) de 48 sites prospectés dans le sud de l’Ontario couvrant la majeure partie de l’aire de répartition potentielle de l’espèce, à l’exception du parc national du Canada de la Pointe-Pelée. En 2008, 46 de ces 48 sites ont été prospectés à nouveau, et des indices ont été notés à 17 des 23 sites occupés par l’espèce en 1997, ce qui représente une baisse de 26 %. Un nouveau site avec indices de taupes a été trouvé en 2009, ce qui porte à 18 le nombre de sites prospectés à l’extérieur du parc de la Pointe-Pelée où la présence de l’espèce est attestée. Dans le parc, six sites ont été prospectés à la recherche d’indices de taupes chaque année de 1985 à 2000, et aussi en 2007 et en 2008. De fortes fluctuations interannuelles de la quantité d’indices ont été notées. Cette série chronologique annuelle d’indices de taupes présente une faible puissance statistique, et il ne s’en dégage aucune tendance significative.

Facteurs limitatifs et menaces

La répartition de la taupe à queue glabre au Canada est probablement limitée par la répartition restreinte des types de sols qui lui conviennent. Les terres présentant des sols propices à l’espèce ont été largement modifiées ou occupées par des exploitations agricoles intensives ou des expansions résidentielles, de sorte que seule une faible part de ces terres présente aujourd’hui un couvert végétal suffisant pour les taupes. Les zones d’habitat propices à l’espèce sont souvent petites et entourées de milieux non propices. L’espèce a probablement une capacité limitée de se déplacer sur de grandes distances en milieu inhospitalier, les populations se trouvant ainsi isolées autour des zones boisées.

Importance de l'espèce

La population de taupes à queue glabre du sud de l’Ontario se trouve à la bordure septentrionale de l’aire de l’espèce. Les taupes contribuent de façon importante au mélange et au renouvellement du sol, rôle écologique qui était encore plus important avant l’introduction du ver de terre par les colons européens. Elles peuvent aussi contribuer notablement à la dispersion des champignons mycorhiziens. Les taupes sont souvent considérées par les horticulteurs comme une nuisance parce que leur activité de creusage dépare les pelouses et les jardins.

Protection, statuts et classements

Au Canada et en Ontario, la taupe à queue glabre est inscrite sur les listes d’espèces préoccupantes de la LEP et de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (loi de l’Ontario). Le tiers de l’habitat propice à l’espèce encore existant se trouve dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée, et le reste est dispersé sur des terres publiques ou privées. La quantité d’habitat disponible à l’espèce est demeurée assez stable dans le parc depuis 1997, et pourrait aussi être stable à l’extérieur du parc. NatureServe classe l’espèce dans la catégorie « en sécurité » (Secure) à l’échelle nationale aux États-Unis.

Résumé technique

Scalopus aquaticus

Taupe à queue glabre Eastern Mole

Répartition au Canada : Ontario

Données démographiques

 
Durée d’une génération (calculée au moyen de la méthode 3 des lignes directrices de l’UICN [2008] et de la table de survie de Davis et Choate [1993]) 1,5 an
Y a-t-il un déclin continu inféré du nombre total d’individus matures? D’après la quantité d’habitat potentiel disponible. Non, d’après l’habitat disponible.
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures pendant cinq ans. Inconnu
Pourcentage inféré de réduction du nombre total d’individus matures au cours des dix dernières années. D’après a) la quantité d’habitat potentiel disponible, ou b) la réduction du nombre de sites avec indices de la présence de taupes à l’extérieur du parc national du Canada de la Pointe-Pelée.
  1. Probablement nul
  2. 26 %
Pourcentage présumé de [réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des dix prochaines années. Inconnu, mais comme l’habitat potentiel est assez stable, la population pourrait demeurer stable.
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] de [réduction ou d'augmentation] du nombre total d'individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Inconnu, mais comme l’habitat potentiel est assez stable, la population pourrait être stable.
Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles et comprises et ont effectivement cessé? On ne sait pas.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d'individus matures? On ne sait pas, mais on note une forte variation annuelle du nombre d’indices de la présence de taupes à la pointe Pelée.

Information sur la répartition

 
Superficie estimée de la zone d’occurrence 546 km²
Indice de la zone d’occupation
(Fournissez toujours une valeur selon la grille de 2x2; d’autres valeurs peuvent également être inscrites si elles sont clairement indiquées [p. ex., grille de 1x1, zone d’occupation biologique])
Données insuffisantes pour le calcul, mais doit être inférieur à 546 km².
La population totale est-elle très fragmentée? On ne sait pas.
Nombre de « localités*» On ne sait pas.
Y a-t-il un déclin continu inféré de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de la zone d'occupation? On ne sait pas.
Y a-t-il un déclin continu inféré du nombre de populations? Non
Y a-t-il un déclin continu inféré du nombre de localités*? À strictement parler, on ne compte qu’une seule localité, mais des signes de la présence de taupes ont été détectés à moins de sites à l’extérieur du parc national de la Pointe-Pelée en 2008 qu’en 1997, quoique un nouveau site ait aussi été rapporté (Ritchie et Nocera, 2010). Non
Y a-t-il un déclin continu inféré de la superficie, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat? Aucun changement de la superficie ou de l’étendue n’est inféré; probablement pas de changement de la qualité de l’habitat.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations? On ne sait pas.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence Probablement pas.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de la zone d'occupation? Probablement pas.

* Voir les documents : Instructions pour la préparation des rapports de situation du COSEPAC et Définitions et abréviations approuvées par le COSEPAC.

Nombre d’individus matures (dans chaque population)

 
Population Nombre d’individus matures
Total Inconnu
Impossible à estimer avec l’information dont on dispose. Inconnu
   
On suppose l’existence d’une seule population.

Analyse quantitative

 
La probabilité de disparition de l’espèce de la nature est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. Aucune analyse quantitative n’a été réalisée.

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

Perte d’habitat due aux crues ou à l’élimination de la végétation. Fragmentation de l'habitat. Piégeage de l’espèce là où elle est considérée comme une nuisance.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

 
Situation des populations de l'extérieur? Espèce en sécurité aux États-Unis, ainsi qu’en Ohio et au Michigan, États adjacents au Canada.  
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Immigration non probable
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Oui
Y a-t-il suffisamment d'habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? On ne sait pas.
La possibilité d'une immigration de source externe existe-t-elle? La population canadienne est probablement séparée de toute autre population par des milieux non propices à l’espèce, dont l’étendue est supérieure à la distance de dispersion plausible de cette taupe. Non

Statut existant

COSEPAC  : espèce préoccupante (novembre 2010)

Statut et justification de la désignation

 
Statut :
espèce préoccupante
Code alphanumérique :
Sans objet
Justification de la désignation :
L'aire de répartition canadienne de ce petit mammifère se limite à environ 1 000 hectares près du parc national de la Pointe-Pelée, dans le sud de l'Ontario. L’espèce a une répartition restreinte et fragmentée, mais un manque d’efforts de suivi adéquat et de quantification des menaces met en évidence l’incertitude de son statut de conservation. Bien qu’il y ait certaines preuves d’un déclin, un tiers de l’habitat de l’espèce est relativement peu menacé de disparaître dans le parc. Les menaces n’ont pas été évaluées ailleurs.
 

Applicabilité des critères

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures)
Sans objet. Bien qu’il y ait eu une baisse de 26 % des sites occupés entre 2 relevés effectués en 1997 et 2008, la nature éphémère de cet animal combinée à l’absence de déclin de son habitat laisse penser qu’il est peu probable que ce résultat traduise une véritable tendance de la population. Les relevés réguliers effectués au parc national du Canada de la Pointe-Pelée n’indiquent pas de déclin.
Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation)
Sans objet. Correspond au critère de la catégorie « en voie de disparition » pour B1 (zone d’occurrence < 5 000 km²), mais ne correspond à aucun des sous-critères a, b ou c (population fortement fragmentée / 5-10 localités, déclin continu, ou fluctuations).
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin)
Sans objet. Les données quantitatives pour les effectifs de l’espèce sont fondées sur des relevés des indices de sa présence (galeries et monticules de déblais), pour lesquels il n’existe pas d’indication probante d’une corrélation avec la taille de la population.
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte)
Sans objet. La taille de la population est inconnue. De plus, rien n’indique que l’espèce est susceptible de présenter un déclin dû à des activités humaines ou à des phénomènes stochastiques à l’intérieur d’une période très courte.
Critère E (analyse quantitative)
Sans objet.

Préface

Depuis le dernier rapport sur la situation de la taupe à queue glabre, de nouvelles données de relevés ont été obtenues à l’extérieur du parc national du Canada de la Pointe-Pelée, et les données de la surveillance annuelle de l’espèce recueillies à l’intérieur du parc ont été analysées pour dégager les tendances de la population. En outre, les caractéristiques de l’habitat de l’espèce au Canada ont été décrites de façon plus détaillée.

Historique du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine la situation, à l'échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés et populations (importantes à l'échelle nationale) sauvages jugées en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, poissons, mollusques, lépidoptères, plantes vasculaires, lichens et mousses.

Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est formé de représentants des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique) et de trois organismes non gouvernementaux, ainsi que des coprésidents des groupes de spécialistes des espèces. Le Comité se réunit pour examiner les rapports sur la situation des espèces candidates.

Définitions 2010

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Espèce disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Espèce menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Espèce non en péril (NEP)***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
****Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d'Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Rapport de situation du COSEPAC sur la Taupe à queue glabre Scalopus aquaticus au Canada - 2010.

Description et importance de l’espèce

Nom et classification

Nom scientifique : Scalopus aquaticus (Linné, 1758)

Nom français : taupe à queue glabre

Nom anglais : Eastern Mole

Classification : classe des Mammifères, ordre des Soricomorphes, famille des Talpidés

La taupe à queue glabre est la seule espèce du genre Scalopus.

Wilson et Reeder (2005) reconnaissent 16 sous-espèces de taupe à queue glabre. On présume que toutes les taupes à queue glabre présentes au Canada appartiennent à la plus importante et plus septentrionale de ces sous–espèces, le S. a. machrinus (Banfield, 1974; Yates et Schmidly, 1978; van Zyll de Jong, 1983).

Description morphologique

La taupe à queue glabre est environ deux fois plus grosse qu’une souris, son corps est robuste, sa queue courte et pratiquement glabre, ses pieds antérieurs gros et larges, et son museau long, pointu et glabre. Les doigts des pieds antérieurs et postérieurs sont palmés. Son pelage, dense, présente une coloration qui varie du nord au sud de son aire de répartition, d’un brun grisâtre (presque noir) à un doré pâle. Les femelles de l’espèce présentent une longueur corporelle totale de 8 à 10 % inférieure à celle des mâles, et elles sont plus légères (voir Leftwich, 1972; Yates et Schmidly, 1977).

Deux autres espèces de taupes sont présentes en Ontario, mais aucune ne chevauche l’aire de répartition de la taupe à queue glabre, et elles s’en distinguent facilement (Dobbyn, 1994). La taupe à nez étoilé (ou condylure étoilé) (Condylura cristata) se distingue facilement de la taupe à queue glabre par les appendices charnus de son museau. Par ailleurs, la taupe à queue velue (Parascalops breweri) s’en distingue facilement par l’absence de palmure entre ses doigts, la position latérale plutôt que dorsale de ses narines, et sa queue densément poilue.

Structure spatiale et variabilité de la population

Il n’existe pas d’information sur la variabilité génétique ou la structuration spatiale de la population canadienne. On sait peu de choses sur la capacité de dispersion des taupes à queue glabre, mais elle est probablement limitée, comme celle des espèces apparentées. La plus grande distance de dispersion rapportée pour la taupe de Townsend (Scapanus townsendii) est de 722 m (voir la sous-section Déplacements et dispersion). Les jeunes taupes de Townsend observées n’ont pas été entravées dans leurs déplacements par les routes, les fossés de drainage et les petits cours d’eau (voir la sous-section Déplacements et dispersion), mais les individus pourraient ne pas pouvoir accéder à des milieux favorables se trouvant à plus de 722 m.

La variation génétique pourrait être plus importante dans les parties méridionales de l’aire de l’espèce; dans le nord, de faibles niveaux de variation intrapopulationnelle et interpopulationnelle ont été rapportés (Hartman, 1996). En Caroline du Sud, Hartman (1996) a examiné la variabilité génétique à l’échelle de la population et a trouvé une variation significative de l’hétérozygotie observée (dénombrement direct), du nombre moyen d’allèles par locus et du pourcentage de locus polymorphes, même sur de courtes distances. La taupe à queue glabre est une espèce diploïde à 34 chromosomes.

Unités désignables

On ne reconnaît qu’une seule sous-espèce au Canada, et aucune distinction ne justifie l’évaluation d’unités inférieures. Le présent rapport ne concerne donc qu’une seule unité désignable.

Importance de l'espèce

La population canadienne de taupes à queue glabre se trouve à la bordure septentrionale de l’aire de répartition de l’espèce. Le Scalopus a. machrinus est la plus importante sous-espèce de la taupe à queue glabre. Les taupes jouent un rôle écologique important en mélangeant et en renouvelant le sol, rôle qui était même probablement plus important avant l’introduction des vers de terre d’Europe.

Les taupes à queue glabre peuvent contribuer à la dispersion des champignons mycorhiziens, qui sont importants pour les processus édaphiques et les communautés végétales. Les relations entre les taupes et les champignons n’ont pas été étudiées en Amérique du Nord, mais la présence de champignons mycorhiziens dans l’estomac de taupes à queue glabre a été rapportée. En Angleterre et au Japon, des organes de fructification de champignons du genre Hebeloma ont été observés dans des nids et des latrines de taupes (Sagara, 1989, 1999; Sagara et al., 1989; cités dans Hartman et Yates, 2003).

Les taupes sont souvent combattues parce que leur activité de creusage dépare les pelouses et les plates-bandes. Aux États-Unis, elles font l’objet d’un piégeage étendu, souvent non rapporté. Il est probable qu’un certain piégeage de ces animaux soit aussi pratiqué au Canada. Aucune information n’indique que l’espèce a une importance pour les Premières nations.

Répartition

Aire de répartition mondiale

Parmi toutes les taupes d’Amérique du Nord, la taupe à queue glabre est celle qui a la plus vaste aire de répartition. Elle est présente dans la plupart des États du centre et de l’est des États-Unis, dans le nord du Mexique et dans l’extrême sud du Canada (figure 1). Depuis le nord de l’État de Tamaulipas au Mexique, son aire s’étend vers le nord jusque dans le sud-est du Dakota du Sud, le Minnesota et le Michigan, vers l’est jusque dans le Massachusetts, puis vers le sud jusqu’au bout de la péninsule de Floride (Yates et Schmidly, 1978; Hartman et Yates, 2003). La sous-espèce machrinus est présente en Ontario, au Michigan, en Ohio, en Indiana, en Illinois et au Wisconsin.

Figure 1. Répartition de la taupe à queue glabre en Amérique du Nord (NatureServe, 2009).

Carte illustrant la répartition de la taupe à queue glabre en Amérique du Nord.

Figure 2. Carte des occurrences et de l’habitat potentiel de la taupe à queue glabre dans le sud de l’Ontario.Les nouvelles observations faites lors d’un relevé effectué en 2008-2009 dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée ne sont pas indiquées sur cette carte; cependant, toutes ces nouvelles observations ont été faites très près de sites où l’espèce avait été observée antérieurement, et dans des sols propices aux taupes.

Carte des occurrences et de l’habitat potential de la taupe à queue glabre dans le sud de l’Ontario.

Aire de répartition canadienne

Dans l’atlas des mammifères de l’Ontario (Dobbyn, 1994), on rapporte que la taupe à queue glabre n’est présente que dans 4 cantons, dans le sud et l’est du comté d’Essex : Colchester South (aujourd’hui intégré à la Ville d’Essex), Gosfield South et Gosfield North (aujourd’hui intégrés à la Ville de Kingsville) et Mersea (aujourd’hui intégré à la Municipalité de Leamington) (annexes 1 et 2 dans Waldron, 1998; voir aussi Waldron et al., 2000). Les travaux de terrain menés en 1997 pour la dernière mise à jour du COSEPAC (Waldron, 1998; Waldron et al. 2000) ont montré que l’aire de l’espèce s’étendait vers l’est jusque dans le comté de Kent (aujourd’hui intégré à la Municipalité de Chatham-Kent), et vers l’ouest jusqu’à Harrow, dans le comté d’Essex. La zone d’occurrence de l’espèce s’en est trouvée accrue d’environ 350 km². La zone d’occurrence totale de l’espèce est de 546 km². Les données actuelles ne permettent pas de calculer de façon fiable l’indice de la zone d’occupation, mais il doit être de moins de 546 km².

Si on recule dans le passé, Saunders (1932; cité dans Waldron, 1998) a rapporté des indices de la présence de taupes près de Harrow en 1909. Selon Saunders, une taupe à queue glabre aurait été recueillie près de Rodney, dans le comté d’Elgin, en 1910 (à 84 km des sites principaux du comté d’Essex). Il a aussi identifié un spécimen recueilli près de Strathroy, dans le comté de Middlesex (à 120 km des sites principaux du comté d’Essex) comme étant une taupe à queue glabre, mais aucune autre mention n’a été obtenue subséquemment pour cet endroit ou des endroits voisins. Sur la base de données de piégeage, Waldron (1998) a avancé que les taupes des comtés d’Elgin et de Middlesex étaient probablement des taupes à queue velue et non des taupes à queue glabre.

On a cherché l’espèce dans l’île Pelée et dans la ville de Windsor, sans succès.

Activités de recherche

Un total de 13 spécimens recueillis entre 1908 et 1919 sur le territoire du parc national du Canada de la Pointe-Pelée sont conservés au Musée canadien de la nature, à Ottawa (K. Kalidas, comm. pers.). En outre, 17 spécimens sont conservés au Musée royal de l’Ontario, à Toronto (Waldron et al. 2000). De plus, 11 de ces derniers ont été recueillis entre 1908 et 1950 sur le territoire du parc national du Canada de la Pointe-Pelée, 3 entre 1918 et 1935 près de Kingsville, et les 3 autres en 1928 près de Leamington, mais la méthodologie et donc l’effort de recherche n’était pas le même pour ces périodes d’échantillonnage.

Quarante-huit sites susceptibles de présenter des indices de la présence de la taupe à queue glabre, couvrant l’ensemble de l’aire de répartition connue de l’espèce, ont été prospectés en 1997 pour le rapport sur la situation de l’espèce de 1998 (Waldron, 1998; Waldron et al. 2000). L’effort de recherche aux différents sites n’a pas été uniforme. Les sites des relevés se répartissaient comme suit : 1 dans le comté de Middlesex, 1 dans le comté d’Elgin, 3 dans la municipalité de Chatham-Kent, et 43 dans le comté d’Essex. Des indices de la présence de l’espèce ont été trouvés à 2 sites dans la municipalité de Chatham-Kent et à 22 sites dans le comté d’Essex. Aucun de ces relevés n’a été exhaustif, ce qui, combiné aux limitations méthodologiques, limite les inférences pouvant être faites (voir la section Taille et tendances des populations).

Des indices de la présence de taupes ont été recherchés annuellement de 1985 à 2000 à six sites du parc national du Canada de la Pointe-Pelée où des taupes ont été repérées. À ces sites, un transect de 500 m de long et 3 m de large a été prospecté visuellement une fois l’an, habituellement en avril ou au début de mai, et le nombre de galeries de taupes et de monticules de déblais observés dans chaque transect a été noté (Michano, 1991). Des relevés effectués en 2008 et 2009 n’ont pas révélé de différence notable pour ce qui est de l’occupation des sites qui avaient été prospectés dans la période 1985-2000 (parc national du Canada de la Pointe-Pelée, données inédites).

En 2008, Ritchie et Nocera (2010) ont prospecté 46 des 48 sites prospectés à l’extérieur du parc par Waldron (1998), avec un niveau d’effort de recherche similaire. Aux localités présentant des chemins ou sentiers, Ritchie et Nocera ont emprunté ceux qui permettaient de couvrir la plus grande portion du site ou ils ont parcouru le périmètre de la propriété. Aux localités où ils n’ont pas trouvé de sentiers, les auteurs ont prospecté un transect de 500 m dans le site, ou des segments de transect totalisant 500 m dans le cas des petits sites. Des indices de la présence de l’espèce ont été trouvés à 17 des 23 localités où Waldron (1998) en avait observé en 1997. En 2008, aucun indice n’a été trouvé aux sites qui étaient dépourvus d’indices lors du relevé de 1997.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Dans l’ensemble de son aire, la taupe à queue glabre occupe divers milieux, depuis des bois ouverts à des champs dégagés, où le sol est suffisamment meuble pour permettre le creusage de galeries. En Ontario, l’espèce semble avoir besoin à la fois d’ombre et d’un sol propice. Elle est présente dans des terres cultivées, mais seulement en bordure de haies ou de forêts, les galeries pouvant s’avancer dans le champ jusqu’à trois mètres de la zone ombragée (Waldron et al. 2000).

En Ontario, il est cinq fois plus probable de rencontrer la taupe à queue glabre dans des loams ou des loams sableux que dans d’autres types de sol (p. ex. sable grossier, milieux humides ou argile; Ritchie et Nocera, 2010). Les loams et les loams sableux sont exempts de pierres, ont une texture grossière et se drainent rapidement en général (Waldron et al. 2000). Parmi les types de sol dans lesquels des taupes à queue glabre ont été trouvées, on compte les suivants : sable Berrien, loam sableux Berrien, les buttes sableuses des zones d’argile Brookston (phase avec plaques sableuses) et des zones de sol Caistor (phase avec plaques sableuses), sable Eastport, loam sableux Fox, sable Harrow, loam sableux Harrow, sable Plainfield, et loam sableux fin Tuscola (Waldron et al. 2000).

Waldron et al. (2000) ont observé des taupes à queue glabre le plus souvent dans des sols propices à l’espèce dans des zones boisées, mais aussi le long de haies arborées ou broussailleuses, ou encore de cours d’eau ou de fossés de drainage où un arbre unique ou un massif de broussailles pouvaient offrir un couvert suffisant. La présence de taupes est plus probable aux sites présentant des sols favorables et se trouvant dans des paysages renfermant une forte proportion de forêt (présence de forêt à moins de 305 m); la quantité de couverts forestiers au voisinage des galeries des taupes semble moins importante (soit à moins de 49 m; Ritchie et Nocera, 2010). On a observé que la probabilité que des taupes soient trouvées dans des sols favorables en milieu ouvert où poussent des graminées augmentait avec la quantité de forêt dans le paysage (présence de forêt à moins de 305 m; Ritchie et Nocera, 2010).

Tendances en matière d'habitat

Waldron et al. (2000) ont estimé que le comté d’Essex comprenait 17 400 ha de sols favorables à l’espèce (à l’exclusion des plaques de sable du sol Caistor et de l’argile Brookston, parce que les buttes sableuses utilisées par les taupes n’ont pu être délimitées), et que 4,2 % du comté comprenait de la forêt et des haies. Sur la base de ces données, ils ont estimé que le comté pouvait comprendre environ 1 060 ha d’habitat propice à l’espèce en 1997. Ils ont par ailleurs exprimé certaines réserves concernant cette estimation, pour les raisons suivantes : 1) la taupe à queue glabre n’a pas été observée dans le nord du comté d’Essex, 2) les buttes sableuses du sol Caistor et de l’argile Brookston (phases avec plaques de sable dans les deux cas) étaient utilisées par l’espèce, mais n’ont pas été incluses dans l’estimation, et 3) des milieux avec végétation autres que de la forêt ou des haies, comme les terrains de golf, les vergers, les pelouses et les jardins suburbains ainsi que les cours d’eau bordés de végétation n’ont pas été inclus dans l’estimation.

La superficie d’habitat favorable disponible à la taupe à queue glabre a été recalculée (D. Kirk et J. Pierce, données inédites) au moyen de données numériques sur les sols tirées de la Base nationale de données sur les sols (SISCan, 2008) et de données à jour sur le couvert forestier tirées de l’interprétation de photos aériennes prises en 2006 pour les trois municipalités du comté d’Essex où l’espèce a été observée. En tout, 929 ha présentant des sols favorables (à l’exclusion des phases avec plaques de sable des sols Caistor et Brookston répertoriées par Waldron et al. [2000]) comportaient un couvert forestier (> 0,5 ha) en 2006. Ainsi, il se pourrait que la superficie d’habitat potentiel disponible pour l’espèce soit légèrement inférieure à celle estimée antérieurement par Waldron (1998) (quoique la quantité d’habitat réel puisse être demeurée la même depuis le premier calcul). Des types de milieux non cartographiés comme les terrains de golf, les vergers, les pelouses et les jardins suburbains ainsi que les cours d’eau bordés de végétation pourraient aussi abriter des taupes à queue glabre.

La quantité d’habitat favorable potentiel dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée est probablement demeurée constante depuis 1997 (V. McKay, comm. pers.). À l’extérieur des limites du parc, les changements du couvert forestier n’ont pas été suivis dans la région d’Essex. Cependant, seules de petites zones ont été occupées par des aménagements résidentiels, commerciaux ou industriels durant cette période, d’où une perte globale négligeable de bois de bonne taille depuis 1997 (M. Child, Office de protection de la nature de la région d’Essex, comm. pers.). Grâce à la plantation régulière d’arbres dans la région d’Essex, environ 81 ha de pâturage ont été reboisés annuellement depuis 1997 (M. Child, Office de protection de la nature de la région d’Essex, données inédites), la plus grande partie du reboisement ayant lieu dans le sud de la région, au sein de l’aire de répartition de la taupe à queue glabre. On ne sait pas si ces zones nouvellement boisées ont été colonisées par l’espèce, ou si elles pourraient l’être.

Biologie

Cycle vital et reproduction

Sexe-ratio

On rapporte souvent plus de mâles que de femelles, mais cela est probablement dû à un biais de piégeage. Arlton (1936) a capturé 125 taupes à queue glabre en Iowa et au Nebraska, effectif qui renfermait 1,88 mâle pour 1 femelle. Les taupes à queue glabre sexées par Conaway (1959) présentaient un ratio de 1,36:1 dans le cas d’un échantillon recueilli au Wisconsin (n = 182), et de 2,07:1 dans celui d’un échantillon du Missouri (n = 89). Parmi les 800 taupes à queue glabre examinées par Yates et Schmidly (1977), 66 % étaient des mâles, ce qui correspond à un ratio de 1,94:1. En Caroline du Sud, Hartman (1995a) a aussi obtenu un plus grand nombre de mâles durant les six premiers mois de l’année correspondant à la période de reproduction, soit un sexe-ratio de 1,97:1 (n = 223). Le biais observé durant la période de reproduction est probablement dû au fait que les mâles sont alors plus actifs et les femelles, plus prudentes et moins portées à entrer dans les pièges (Hartman, 1995a). En dehors de la période de reproduction, des données ont montré que le sexe-ratio n’était pas différent de 1:1 (n = 119; Yates et Schmidly, 1977).

Au Missouri, Leftwich (1972) a observé un sexe-ratio global favorisant les femelles, soit un ratio de 1:1,23 (n = 201); le sexe-ratio chez les jeunes de l’année était de 1:1,29, tandis que chez les adultes, il était de près de 1:1.

Au Kansas, Davis et Choate (1993) ont observé un sexe-ratio favorisant les femelles (1:1,8, n = 174), qu’ils ont attribué à une plus forte mortalité chez les mâles (voir la sous-section Survie). Ce déséquilibre devenait plus apparent avec l’âge (juvéniles : 0:1, n = 1; post-juvéniles : 1:1,8, n = 17; subadultes : 1,25:1, n = 42; adultes dans leur première année : 1:1, n = 56; adultes dans leur deuxième année : 1:1,3, n = 48; adultes âgés : 1:9, n = 10). L’existence d’un ratio asymétrique a une incidence dans le calcul de la densité de taupes, car les mâles occupent de plus grands domaines vitaux que les femelles (voir la sous-section Activité et domaine vital).

Chronologie de la reproduction

Tout comme d’autres espèces de taupes, la taupe à queue glabre est probablement polygyne (Hartman et Yates, 2003). Elle se reproduit une fois par année (Conaway, 1959), le moment variant sur plusieurs mois selon l’endroit. Le plus fort de la période de reproduction semble être durant la dernière semaine de mars et la première semaine d’avril au Wisconsin, et à la mi-février en Arkansas, au Missouri et en Indiana (Conaway, 1959). En Louisiane et au Texas, la reproduction peut commencer au début de février (Davis, 1942; Lowery, 1974, cité dans Yates et Schmidly, 1977) ou en janvier (Yates et Schmidly, 1977). Peu de femelles gravides ont été capturées au Wisconsin après le 5 mai, mais une l’a été aussi tard que le 4 juillet (Conaway, 1959). En ce qui concerne le Canada, on lit dans Banfield (1974) que les jeunes naissent au début de mai.

Conaway (1959) a évalué l’état reproducteur au Wisconsin, en Arkansas, en Indiana et au Missouri. Les testicules ont commencé à grossir à l’automne, atteignant rapidement leur taille maximale en décembre au Missouri ou à la fin de mars ou au début d’avril au Wisconsin; la masse des testicules a commencé à décroître immédiatement après, atteignant un minimum à la mi-juillet. Le premier spécimen du Missouri dont les testicules renfermaient des spermatozoïdes a été capturé en décembre. Les spécimens du Wisconsin n’avaient plus de spermatozoïdes en juin. Chez les femelles, le vagin demeurait fermé jusqu’à ce qu’apparaissent dans les ovaires les antres folliculaires, moment auquel il s’ouvrait tant chez les femelles vierges que chez celles s’étant déjà reproduites. La plupart des femelles examinées étaient en œstrus et toutes les femelles qui avaient ovulé étaient gravides, ce qui signifie que l’ovulation avait été induite.

Il n’existe pas de données sur la durée de la gestation. Selon les données du Wisconsin, la gestation pourrait durer quatre semaines ou moins étant donné que la période d’accouplement semblait à son plus fort à la fin de mars et au début d’avril et que la majorité des naissances ont eu lieu dans la deuxième moitié d’avril (Conaway, 1959). Scheffer (1910, cité par Conaway, 1959) a avancé que la gestation serait de cinq semaines, tandis que selon Arlton (1936), elle pourrait être de six semaines.

Le déclenchement de la reproduction ne semble pas fonction de la température ou de la photopériode (Conaway, 1959; Hartman et Yates, 2003), le mécanisme en cause demeurant inconnu. Des rythmes internes pourraient réguler le moment de la reproduction (Conaway, 1959). Dans le cas de la taupe commune (Talpa europea), Pévet et al. (1976) ont avancé que la glande pinéale (ou épiphyse) jouerait un rôle important à cet égard.

Âge de la reproduction

Au Wisconsin, les taupes âgées de moins de un an possèdent un utérus ou des testicules infantiles, ce qui laisse penser qu’elles ne se reproduisent pas. Toutes les femelles examinées âgées de plus de un an étaient gravides ou s’étaient reproduites, et les mâles de plus de un an avaient des spermatozoïdes dans leurs testicules. Toutes les femelles de plus de un an se reproduisent probablement tous les ans (Conaway, 1959).

Portée

Chez la plupart des espèces de taupes, la portée est de 2 à 5 petits (Hartman et Yates, 2003). Conaway (1959) a observé 3 à 5 embryons dans 33 taupes à queue glabre du Wisconsin et du Missouri, pour une moyenne de 3,9 embryons par femelle. Arlton (1936) a observé 4 ou 5 embryons dans 43 femelles d’Iowa et du Nebraska. Jones et Birney (1988) ont observé que les portées dans les États américains du centre-nord comptent en moyenne 4 petits; Hartman et Yates (2003) ont rapporté que les portées de 5 petits sont rares.

Selon Baker (1983), les jeunes quitteraient le nid à l’âge de près de 35 jours, alors qu’ils ont atteint à peu près la moitié de leur taille adulte. Hamilton (1943) a rapporté que les jeunes deviennent indépendants à l’âge d’environ 28 jours, tandis que Mumford et Whitaker (1982) pensent qu’ils ne le deviennent qu’une fois leur croissance presque terminée. Les données sur lesquelles sont appuyées ces conclusions sont imprécises, et il n’existe aucune étude publiée indiquant l’âge auquel les jeunes quittent le nid. Arlton (1936) a capturé 3 jeunes presque aussi gros qu’une petite femelle, qui selon lui étaient âgés d’environ 4 semaines, et qui avaient du lait dans leur estomac.

Caractéristiques des galeries et des nids

Au Kentucky, les galeries des taupes à queue glabre ont été classées dans deux catégories : peu profondes (de 2 à 3 cm sous la surface), ou profondes (de 10 à 40 cm sous la surface) (Harvey, 1976). De plus, 2 à `7 chambres de nidification situées à une profondeur de 15 à 25 cm étaient présentes dans les galeries profondes des taupinières*. Ces chambres étaient d’une longueur de 18 à 22 cm et d’un diamètre de 10 à 12 cm. Une seule chambre de nidification était utilisée à la fois. Au Michigan, les taupes à queue glabre construisent leur nid avec des graminées, des feuilles et des radicelles dans une galerie profonde. Les nids ont un diamètre de 10 à 20 cm et sont souvent établis à 5 à 30 cm, sous une grosse roche ou une souche (Baker, 1983).

Brown (1972) a examiné par creusage 25 taupinières de taupes à queue glabre en Floride. Les galeries peu profondes (2,5 à 7,6 cm sous la surface) ramifiées et interconnectées présentant un diamètre de 25 à 38 mm constituaient 80 % à 95 % de chaque taupinière. Les galeries profondes étaient plus grosses (diamètre maximal de 50 mm) et se trouvaient à une profondeur moyenne de 20,3 cm (profondeur maximale de 35,6 cm). De 1 à 3 (moyenne de 2) chambres de nidification étaient présentes dans les galeries profondes de chacune des taupinières examinées. Ces chambres avaient un diamètre de 8,8 à 15,0 cm et comptaient 3 entrées (rarement 1 ou 2). Les chambres de nidification ne comportaient aucune garniture. Les réseaux de galeries étaient rarement accompagnés de monticules à la surface (2 des 25 taupinières présentaient chacune un seul monticule). Selon Brown (1972), la quasi-absence de monticules en Floride s’expliquerait par la faible taille des taupes dans cet État, par la faible profondeur des taupinières, et par le fait que les sols sableux de Floride sont très meubles, ce qui permet aux taupes de facilement redistribuer le sol sous la terre.

En Iowa et au Nebraska, Arlton (1936) a examiné par creusage des galeries de taupes à queue glabre pour en étudier la construction. Les galeries profondes se trouvaient à des profondeurs moyennes de 10 à 35,5 cm (plage de 2,5 à 60 cm) et étaient de longueur variable. Les monticules se trouvaient habituellement entre les parties les plus profondes d’une galerie donnée, et jusqu’à 20 monticules pouvaient être associés à une même galerie. Les galeries de surface peuvent être utilisées une seule fois, ou sur de longues périodes. La longueur des galeries variait de moins de 1 mètre à plus de 1 kilomètre. Au Missouri, on a observé que la longueur moyenne des galeries était de 254 m dans le cas de trois mâles, et de 70 m dans le cas de 2 femelles (Leftwich, 1972).

Survie

Leftwich (1972) a estimé que les taupes à queue glabre du Missouri ne vivent probablement que 1,5 an. Davis et Choate (1993) ont calculé que la longévité maximale de l’espèce au Kansas est de 3,5 ans. L’âge du plus vieux mâle capturé par Hartman (1995b) en Caroline du Sud a été estimé à 5,9 ans, et celui de la plus vieille femelle à 6,2 ans (tableau 1). Cette estimation a été obtenue en répartissant les taupes dans des classes d’âge relatives fondées sur l’exposition de la partie externe des racines des dents maxillaires, l’usure des dents, et la fusion de la suture interpariétale.

Tableau 1. Tables de survie statiques pour des taupes à queue glabre capturées en automne. En-têtes des colonnes : nx, nombre d’animaux vivants au début de la tranche d’âge x; lx, proportion d’animaux ayant survécu jusqu’au début de la tranche d’âge x; qX, taux de mortalité dans l’intervalle d’âge x à x + 1; ex, espérance de vie résiduelle moyenne des animaux en vie au début de la tranche d’âge x.
Étude Classe d’âge (ans) nx lx qx ex
Caroline du Sud 0-1 37 1,00 0,32 2,23
Hartman (1995b) 1-2 25 0,68 0,20 2,06
(mâles et femelles) 2-3 20 0,54 0,40 1,45
  3-4 12 0,32 0,50 1,08
  4-5 6 0,16 0,83 0,66
  5-6 1 0,02 1,00 0,50
           
Kansas 0-1 116 1,00 0,36 1,53
Davis et Choate 1-2 74 0,64 0,51 1,11
(1993) (mâles et 2-3 36 0,31 0,75 0,75
Femelles) 3-4 9 0,08 1,00 0,50
           
Davis et Choate 0-1 48 1,00 0,35 1,42
(1993) (mâles seulement) 1-2 31 0,65 0,61 0,92
  2-3 12 0,25 0,92 0,58
  3-4 1 0,02 1,00 0,50
           
Davis et Choate 0-1 68 1,00 0,37 1,60
(1993) (femelles seulement) 1-2 43 0,63 0,44 1,24
  2-3 24 0,35 0,67 0,83
  3-4 8 0,12 1,00 0,50

Alimentation

Les taupes à queue glabre creusent des galeries peu profondes dans lesquelles elles s’alimentent d’invertébrés. Leur régime alimentaire est diversifié et comprend une vaste gamme d’invertébrés comme des vers de terre (Annélides: Lumbricidés), des larves et adultes de coléoptères, et des fourmis (Hyménoptères: Formicidés), ainsi que des matières végétales et des champignons mycorhiziens. La composition du régime peut varier selon la région ou l’habitat (particulièrement selon le type de sol). West (1910; cité dans Hisaw, 1923a) a examiné les contenus stomacaux de 34 taupes à queue glabre d’Illinois et y a trouvé 31 % de vers de terre, 23 % d’insectes adultes, 29 % de larves d’insectes, et 13 % de matières végétales. Dyche (1903; cité dans Hisaw, 1923a) a observé que les vers de terre constituaient 50 % ou plus des contenus stomacaux de 67 taupes à queue glabre. Scheffer (1910, cité dans Hisaw, 1923a) a examiné les contenus stomacaux de 200 taupes à queue glabre capturées au Kansas et a trouvé des matières végétales dans 43 estomacs.

Whitaker et Schmeltz (1974; données citées dans Hartman et al. 2000) ont examiné le contenu de 90 estomacs de taupes à queue glabre d’Indiana. Les 4 aliments les plus importants étaient les vers de terre, les larves de scarabéidés, les matières végétales et les fourmis (fréquence de présence de 87,8 %, 32,2 %, 40,0 % et 48,9 %, respectivement). De plus, 2 autres taxons d’invertébrés, des centipèdes et des carabidés adultes, étaient communs dans les contenus stomacaux (respectivement 21,1 % et 28,9 %), mais n’en constituaient qu’une faible proportion en volume (3,1 % et 5,6 %). Les champignons mycorhiziens constituaient en volume 1,1 % des contenus stomacaux.

Hartman et al. (2000) ont examiné les contenus stomacaux de 374 taupes à queue glabre capturées en Caroline du Sud entre août 1987 et juin 1989. Les 3 aliments les plus importants en matière tant de pourcentage moyen en volume que de fréquence de présence étaient les larves de scarabéidés, les fourmis et les centipèdes (pourcentage moyen en volume de 31,1 %, 15,4 % et 12,4 %, respectivement). Des vers de terre n’ont été trouvés que dans 8,3 % des estomacs, et cet aliment représentait environ 3 % du volume moyen. Des champignons mycorhiziens et des matières végétales ont été trouvés en petites quantités dans 15 % et 6,7 % des estomacs, respectivement.

La plupart des auteurs rapportent que les vers de terre constituent une composante majeure du régime alimentaire des Talpidés (question examinée dans Hartman et al. 2000), mais l’importance de cet aliment pour ces animaux n’est pas clairement établie. Il n’existe aucune donnée indiquant si les taupes à queue glabre du Canada consomment des vers de terre d’origine européenne (probablement introduits vers 1800; Reynolds, 1977; Gates, 1982), mais cela est hautement probable. Whitaker et Schmeltz (1974) et Hartman et al. (2000) laissent entendre que la composition du régime alimentaire de l’espèce, et particulièrement la proportion de vers de terre dans celui-ci, varie grandement. En Ontario, Waldron et al. (2000) ont observé un grand nombre de galeries de taupes proches de fourmilières. Arlton (1936) a trouvé des vers de terre dans 13 secteurs de l’Iowa présentant des galeries de taupes à queue glabre, et des fourmis étaient également présentes dans la moitié de ces secteurs.

Activité et domaine vital

Les taupes à queue glabre sont actives toute l’année (Kentucky : Harvey, 1976; Iowa : Arlton, 1936), mais leur niveau d’activité peut être limité par le temps froid en hiver (Arlton, 1936). La construction de nouvelles galeries de surface est effectuée surtout au printemps quand le sol est relativement mou, mais elle peut avoir lieu en tout temps de l’année, particulièrement après les pluies (Harvey, 1976). Les déplacements sont limités aux galeries superficielles ou profondes existantes quand le sol est sec ou pendant l’hiver quand la terre est gelée. Les taupes peuvent cependant construire des galeries profondes quand le sol est dur ou gelé en tassant le sol excavé dans d’autres parties du réseau de galeries (Hisaw, 1923b).

Harvey (1976) a inséré des marques radioactives (petites pièces métalliques faites d’un alliage comprenant du 60Co) sous la peau de 12 taupes à queue glabre (4 mâles, 8 femelles) au Kentucky, puis a relâché ces taupes à l’endroit où elles avaient été capturées. Les taupes ont été repérées 1 ou 2 fois par semaine entre mars 1963 et septembre 1966 aussi longtemps qu’elles pouvaient être trouvées. La plupart des repérages ont été effectués le jour, mais certaines observations nocturnes ont été obtenues. Le domaine vital moyen, calculé suivant la méthode modifiée de l’aire minimale, a été établi à 1,09 ha pour les mâles (n = 4 : 0,36 ha, 1,01 ha, 1,19 ha, 1,80 ha), et à 0,28 ha pour les femelles (n = 3 : 0,15 ha, 0,34 ha, 0,35 ha) (Harvey, 1976). Ces estimations se trouvaient biaisées par le fait que la durée du pistage des différents animaux n’a pas été uniforme (de 11 à 36 mois); le domaine vital mesuré était plus étendu quand la durée du pistage était plus longue. Les domaines vitaux se chevauchent souvent. Dans un cas, deux taupes ont allongé la même galerie de surface à différents moments. Aucun déplacement marqué du domaine vital n’a été observé, et une seule taupe a fortement accru son domaine vital durant la période de l’étude. Cette taupe a cependant toujours conservé le même site de nidification, et elle a continué d’utiliser pleinement l’ancienne partie de son domaine vital (Harvey, 1976). Arlton (1936) a pour sa part capturé plusieurs taupes dans les mêmes galeries de surface.

Harvey (1976) a mesuré entre novembre et mars dans des périodes de 24 heures le temps passé dans le nid par quatre taupes à queue glabre (deux femelles et deux mâles), pour des totaux de 9, 41, 32 et 18 jours, respectivement. Les femelles ont passé 39,2 % de leur temps dans le nid, et les mâles 35,7 %. La plus grande partie du temps passé hors du nid se situait entre 8 h et 16 h et entre 23 h et 4 h.

Harvey (1976) a enregistré les déplacements d’un mâle et d’une femelle durant quatre périodes continues de 72 heures en septembre et en novembre. Il a noté pour les deux taupes prises ensemble 31 périodes d’activité qui ont duré de 45 minutes à 14 heures et 15 minutes, pour une moyenne de 4 heures et 33 minutes, ainsi que 35 périodes d’inactivité de 1 heure à 5 heures et 55 minutes, pour une moyenne de 3 heures et 1 minute. Les taupes utilisaient habituellement un seul site de nid quand elles étaient inactives par temps froid, mais utilisaient plus d’endroits quand le temps était plus chaud.
Les taupes se déplacent rarement à la surface du sol. Cependant, Arlton (1936) a observé que des ouvertures dans les monticules de déblais et les galeries de surface étaient pratiquées durant la nuit, particulièrement au cours des sécheresses, et durant les jours sombres, ce qui laisse penser qu’elles sont plus susceptibles d’émerger durant ces périodes.

Physiologie et adaptabilité

Comme elles vivent en habitat confiné (galeries souterraines), les taupes, dont la taupe à queue glabre, présentent des taux métaboliques et des températures corporelles relativement basses par rapport à d’autres mammifères. En outre, la température corporelle de la taupe à queue glabre (36 °C; McNab, 1979) est inférieure à celle d’autres taupes d’Amérique du Nord (p. ex. la taupe à nez étoilé : 37,7 ± 0,05 °C, Campbell et al. [2000], et la taupe naine [Neurotrichus gibbsii] : 38,4 ± 0,2 °C, Campbell et Hochachka [2000]). Des taux métaboliques similaires ont été observés chez la taupe à queue glabre par Leach et al. (1962; taux métabolique moyen de 1,6 cm³ O2/g/h [plage de 1,4 à 1,8]) et McNab (1979; taux moyen de 1,41 cm³ O2/g/h [erreur-type : ± 0,05]).

Les déplacements de la taupe à queue glabre ne seraient pas entravés par les masses d’eau étant donné qu’elle semble capable de nager. En effet, une taupe placée dans un grand bassin d’eau par Arlton (1936) a tenté de s’en échapper en nageant le long du bord. Par contre, les sols argileux lourds ou les sols trop humides ou trop secs pour permettre la construction de galeries peuvent constituer des barrières. L’espèce utilise les jardins dans certains paysages résidentiels présentant un couvert arboré ou arbustif suffisant, mais elle ne peut vivre dans les milieux ouverts comme les terres cultivées ou les pâturages exempts d’un tel couvert. Le pourcentage de couvert végétal propice à l’espèce est probablement tributaire des caractéristiques du milieu (p. ex. degré de perturbation du sol).

Déplacements et dispersion

On sait peu de choses sur la dispersion chez la taupe à queue glabre. Harvey (1976) a trouvé un mâle à 204 m de son nid. Il a établi que cette taupe a parcouru 278 m dans des galeries pour revenir à son nid. Leftwich (1972) a suivi 5 juvéniles marqués, dont 3 femelles et 1 mâle d’une même portée, ce qui laisse penser que les juvéniles se sont dispersés en juillet à travers des complexes d’alimentation s’étendant depuis leur taupinière natale. Des jeunes ont été piégés dans des complexes de galeries isolés des autres galeries, ce qui indique que la dispersion peut se produire au moins en partie à la surface du sol. Certaines observations indirectes laissent penser que les mâles juvéniles se dispersent sur de plus grandes distances que les femelles, mais les données de Leftwich ne le corroborent pas. Giger (1973) a observé que chez la taupe de Townsend (Scapanus townsendii), la dispersion à la surface du sol est probablement surtout le fait des juvéniles; 61 % des juvéniles qu’il a observés se sont dispersés depuis leur nid natal sur moins de 152 m, et 87 % sur moins de 305 m. La plus grande distance de dispersion a été de 722 m. Les taupes de Townsend mâles et femelles se dispersaient sur des distances similaires, et trois individus ont traversé des routes pavées au cours de leur dispersion (Giger, 1973).

Des cas de dispersion apparente peuvent être causés par des inondations qui chassent les taupes de leurs galeries (Hartman et Yates, 2003). Les taupes déplacées peuvent revenir une fois l’inondation terminée. Des taupes de Townsend sont retournées dans leur domaine vital après avoir été déplacées sur des distances de jusqu’à 450 m (Giger, 1973), en réussissant à traverser un canal de drainage (de 3,7 m de large et 1,2 m de profond; 7 de 12 taupes déplacées), une route surélevée (1 de 5 taupes), ou une rivière (de 15 m de large et 1 m de profond, 1 de 8 taupes). De plus, 4 taupes déplacées naturellement par une inondation sont retournées dans leur domaine vital. Leftwich (1972) a déplacé 3 taupes à queue glabre sur une distance de jusqu’à 350 m et toutes sont retournées dans leur domaine vital.

Dans une certaine mesure, les galeries existantes limitent les déplacements des taupes en ceci qu’il pourrait être pour une taupe plus profitable sur le plan énergétique d’utiliser ces galeries que d’en creuser une nouvelle, à moins qu’elle puisse ainsi améliorer son succès d’alimentation (Hartman et Yates, 2003).

Les déplacements des taupes à queue glabre ne seraient pas entravés par les masses d’eau, étant donné qu’elles peuvent nager (Arlton,1936). Par contre, les sols argileux lourds ou les sols trop humides ou trop secs pour permettre la construction de galeries peuvent constituer des barrières. Les taupes à queue glabre utilisent les jardins dans certains paysages résidentiels présentant un couvert arboré ou arbustif suffisant, mais elles ne peuvent vivre dans les milieux ouverts comme les terres cultivées ou les pâturages exempts de couvert végétal adéquat. Le pourcentage de couvert végétal propice à l’espèce est probablement tributaire des caractéristiques du milieu (p. ex. degré de perturbation du sol).

Relations interspécifiques

Comme la plus grande partie de leur cycle vital se passe sous terre, les taupes à queue glabre, comme toutes les taupes, sont peu souvent exposées à des prédateurs (Hartman et Yates, 2003). Toutefois, elles peuvent le devenir par suite de certains phénomènes météorologiques (fortes pluies) pouvant causer l’inondation de leurs galeries et leur évacuation.

Tout comme les musaraignes, les taupes sont souvent délaissées par les prédateurs qui les attrapent, en raison de leur odeur repoussante (Mumford et Whitaker, 1982). Elles comptent tout de même comme prédateurs une grande variété de mammifères carnivores et de rapaces diurnes et nocturnes (Baker, 1983). La plupart des prédateurs les capturent probablement de façon opportuniste quand elles émergent à la surface du sol. Au nombre des prédateurs de taupes répertoriés, on compte les suivants : renard roux (Vulpes vulpes), renard gris (Urocyon cinereoargenteus), coyote (Canis latrans), chien domestique (C. familiaris), chat domestique (Felis domesticus), raton laveur (Procyon lotor), Buse à queue rousse (Buteo jamaicensis), Buse à épaulettes (B. lineatus), Petite Buse (B. platypterus), Petit-duc maculé (Megascops asio), Chouette rayée (Strix varia) et Effraie des clochers (Tyto alba) (Baker, 1983; Springer et Kirkley, 1978; Zeveloff, 2002).

Certains prédateurs sont suffisamment petits pour accéder aux galeries de la taupe à queue glabre, particulièrement la belette pygmée (Mustela nivalis), et divers serpents (Jackson, 1961), comme la couleuvre fauve de l’Est (Elaphe gloydi). On a signalé une couleuvre fauve de l’Est qui chassait des taupes à queue glabre au parc national du Canada de la Pointe-Pelée (Sahanatien et Leggo, 1989); cependant, aucune des couleuvres fauves de l’Est du parc munies d’un radio-émetteur n’a pénétré dans des galeries (J. Row, L. Ritchie, comm. pers.). Des grandes musaraignes (Blarina brevicauda) ont été observées dans des galeries de taupes ou à proximité au parc national du Canada de la Pointe-Pelée (L. Ritchie, comm. pers.) et pourraient consommer des jeunes taupes (Eadie, 1939). Dans le cadre des travaux intensifs de piégeage d’animaux vivants dans des galeries de taupes menés au parc de la Pointe-Pelée, les seuls mammifères autres que des taupes qui ont été capturés sont deux grandes musaraignes.

Hartman et Yates (2003) dressent la liste des parasites connus de la taupe à queue glabre.

Taille et tendances des populations

Activités et méthodes d’échantillonnage

En 1997, Waldron et al. (2000) ont prospecté à la recherche de taupes à queue glabre 43 sites (de tailles variées) dans le comté d’Essex, 3 dans la municipalité de Chatham-Kent, 1 dans le comté de Middlesex et 1 dans le comté d’Elgin. Ces sites couvraient toutes les localités historiques de l’espèce ainsi que de vastes zones boisées dont les sols étaient des loams sableux, dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de l’espèce. Chaque site a été prospecté astucieusement (G. Waldron, comm. pers., 28 avril 2009) durant l’été et l’automne, à la recherche d’indices de la présence récente de taupes (galeries de surface ou monticules de déblais).

Les sites du comté d’Essex et de la municipalité de Chatham-Kent ont été prospectés à nouveau à la mi-septembre 2008 (sauf un, qui l’a été à la mi-novembre) par Ritchie et Nocera (2010; total = 46 des 48 sites de Waldron). Aux sites présentant des chemins ou sentiers, ils ont emprunté ceux qui permettaient de couvrir la plus grande portion du site ou ils ont parcouru le périmètre de la propriété. Aux localités sans sentiers, ils ont prospecté un transect de 500 m dans le site, ou des segments de transect totalisant 500 m dans le cas des petits sites. Les indices d’une présence récente de taupes ont été notés. Les auteurs ont aussi capturé des taupes vivantes au moyen de pièges-fosses installés sous des galeries. Ils ont capturé 10 taupes et ont procédé à des phalangectomies et à des prélèvements de poils, mais aucun des individus n’a été recapturé. Il semble que les taupes ayant été capturées une fois creusent en contournant les pièges (Joe Nocera, comm. pers., 29 avril 2009).

Des relevés des indices de la présence de taupes à queue glabre ont été effectués annuellement de 1985 à 2000 dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée dans 6 transects. Chaque transect était de 3 m de large et 500 m de long (Michano, 1991). En outre, 4 transects se trouvaient dans des milieux très propices à l’espèce (forêt mature), et 2 dans des milieux moyennement propices (forêt jeune) (Sahanatien et Leggo, 1989). Les transects étaient habituellement parcourus en une journée, le moment du relevé variant au fil des ans (Michano, 1991). Michano (1991) a rapporté que de 1985 à 1991, les relevés n’ont pas été réalisés dans la période recommandée. Sahanatien et Leggo (1989) avaient recommandé que les relevés soient effectués à la fin de mars ou au début d’avril, préférablement dans les 7 jours suivant la disparition de la neige au sol. Les relevés de 1985 à 1991 ont généralement été effectués plus tard en avril et au début de mai. Michano (1991) a recommandé que tous les relevés soient effectués entre le 1er et le 5 avril pour assurer l’uniformité des données. Cette dernière recommandation peut toutefois ne pas être toujours appropriée, selon les conditions phénologiques. Un relevé additionnel effectué en 2008 et 2009 n’a pas révélé de changement notable de la répartition des taupes.

Abondance

La densité de taupes à queue glabre est mal connue partout dans l’aire de répartition de l’espèce. Harvey (1976) a estimé la taille moyenne du domaine vital à 1,09 ha dans le cas des mâles et à 0,28 ha dans celui des femelles. On a obtenu des estimations de la densité de taupes de 2-5 taupes/ha (Baker, 1983), 7-12 taupes/ha (Henderson, 1983; cité dans Waldron, 1998), et 20-25 taupes /ha (Jackson, 1961). Sur la base d’une plage de densité de 2-12 taupes/ha, Waldron (1998) a estimé que l’effectif canadien de la taupe à queue glabre se situerait entre 2 120 et 12 760 individus (pour une superficie d’habitat propice à l’espèce de 1 060 ha), en indiquant toutefois que cette estimation est peu sûre.

Au Missouri, Leftwich (1972) a obtenu par piégeage intensif des densités de 0,59-1,55 taupe/ha, et a estimé que la densité réelle pourrait être de 1,25-1,75 taupe/ha après correction pour les taupes non capturées. Hartman et Krenz (1993) ont calculé en Caroline du Sud une densité de 1,72-3,02 taupes/ha en utilisant un quadrillage de pièges avec lignes de pièges pour l’évaluation de l’aire d’échantillonnage effective du quadrillage.

La quantité d’habitat disponible a probablement peu changé depuis 1997. Selon la quantité de sol propice proche des milieux boisés, il pourrait y avoir aujourd’hui 12 % de moins d’habitat disponible qu’en 1997 (929 contre 1 060 ha). Il est donc peu probable que l’effectif de l’espèce soit aujourd’hui différent de celui estimé par Waldron (1998), si on suppose bien sûr que les densités de taupes sont demeurées similaires. Cependant, toute estimation actuelle de la taille de la population n’est au mieux que le résultat d’une inférence faible.

Fluctuations et tendances

Dans un relevé effectué à l’extérieur du parc national du Canada de la Pointe-Pelée, Ritchie et Nocera (2010) ont observé en 2008 des indices de la présence récente de taupes à queue glabre à 17 des 23 sites qui montraient des indices en 1997. Il y a ainsi eu une baisse de 26 % du nombre de sites avec indices de taupes entre les 2 relevés, mais une forte variation interannuelle est observée (Michano, 1991). Les 17 sites où des taupes à queue glabre ont été notées dans les 2 relevés présentaient une plus forte probabilité d’être des sites à sol de type loam ou loam sableux que les sites où des taupes ont été notées en 1997 seulement (Ritchie et Nocera, 2010).

Au parc national du Canada de la Pointe-Pelée, les dénombrements annuels de galeries de surface et de monticules de taupes à queue glabre fluctuent grandement au fil des ans (figure 3). Zorn (2003) a calculé que la série chronologique présente un faible rapport signal sur bruit (coefficient de variation = 0,78) et une faible puissance de détection des tendances (puissance = 0,45 avec un niveau de confiance de 80 % pour la détection d’une baisse de 10 % sur 5 ans). La quantité annuelle d’indices de la présence de taupes (galeries de surface + monticules) ne montrait aucune tendance statistique.

Figure 3.  Nombre moyen (± erreur-type) d’indices de taupes au parc national du Canada de la Pointe-Pelée entre 1985 et 2000 (Parc national du Canada de la Pointe-Pelée, données inédites). À noter que la quantité ou la densité de galeries de surface peuvent ne pas être corrélées avec l’effectif de taupes (Gorman et Stone, 1990).

Nombre moyen (± erreur-type) d’indices de taupes au parc national du Canada de la Pointe-Pelée entre 1985 et 2000 (Parc national du Canada de la Pointe-Pelée, données inédites).

Selon Michano (1991), la variabilité du moment des relevés, les changements du personnel des relevés, la variabilité des conditions météorologiques, les changements du couvert végétal et les déplacements de l’activité des taupes dans leur domaine vital ont probablement contribué à la forte variation interannuelle de la quantité des indices de présence observés. Cependant, il n’y a pas eu d’événements météorologiques exceptionnels durant les 5 premières années du relevé, et aucun changement du couvert végétal n’a été observé durant cette période (Michano, 1991).

Le nombre de galeries de surface et de monticules est probablement un mauvais indicateur de la taille des populations (Gorman et Stone, 1990). Des recherches réalisées dans des portions méridionales de l’aire de répartition de taupes indiquent que la longueur et la complexité des réseaux de galeries varient grandement d’un domaine vital à l’autre, peut-être en fonction de la disponibilité de nourriture, de la structure de l’habitat ou de l’humidité du sol, et que le nombre de monticules relativement à la longueur des galeries profondes est aussi variable (voir la sous-section Caractéristiques des galeries et des nids). Les galeries de surface peuvent aussi appartenir à plus d’un domaine vital, étant donné que les domaines vitaux des taupes (et l’utilisation des galeries de surface) se chevauchent. Par ailleurs, comme les domaines vitaux des mâles sont plus étendus que ceux des femelles, la densité de taupes peut être plus élevée dans les endroits où plusieurs territoires de femelles se trouvent groupés.

La recherche d’indices de la présence de taupes dans des transects fixes au fil du temps ne donne probablement pas non plus une bonne indication de la situation des populations. Comme on l’a mentionné plus haut, le nombre et l’emplacement des galeries de surface et des monticules peuvent varier selon la structure de l’habitat et l’humidité du sol. Aucune étude publiée ne fait état de déplacements fréquents des domaines vitaux des taupes à queue glabre, mais les taupes peuvent concentrer leur activité dans différentes portions de leur domaine vital selon les conditions environnementales (voir la section Biologie). Certains transects se trouvant dans des domaines vitaux de taupes pourraient ainsi ne pas présenter d’indices d’activité récente. La longueur des transects pose également problème. En effet, les taupes à queue glabre mâles ont des domaines vitaux assez étendus (1,09 ha), de sorte qu’il est concevable qu’un transect de 500 m occupé dans son entièreté puisse n’intercepter que peu de domaines vitaux.

Il n’existe pas encore de méthodes fiables pour estimer la taille des populations de taupes à queue glabre. Les relevés fondés sur la recherche d’indices de la présence de taupes (tels que décrits par Waldron [1998] et Ritchie et Nocera [2010]) peuvent ou non fournir de l’information utile sur les changements de la répartition des taupes dans le temps. Cependant, étant donné les fortes fluctuations interannuelles du nombre d’indices de taupes dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée, et la connaissance imparfaite des facteurs gouvernant la répartition des taupes en Ontario, on doit effectuer des relevés plus souvent qu’aux 10 ans pour obtenir des données utiles sur la répartition des taupes.

Immigration de source externe

Les taupes semblent pouvoir coloniser rapidement les milieux naturels restaurés. Au parc national du Canada de la Pointe-Pelée, elles ont colonisé en 3 ans des secteurs où des bâtiments et des routes ont été enlevés et la végétation rétablie. Avant la restauration, des taupes à queue glabre étaient présentes dans des milieux adjacents (Waldron, 1998; Waldron et al. 2000; G. Waldron, comm. pers., 31 janvier 2010).

La population canadienne de taupes à queue glabre est séparée de celle d’Ohio par le lac Érié, et aucun individu de l’espèce n’a été signalé dans les îles situées entre la pointe Pelée et le rivage de l’Ohio (Waldron, 1998; Waldron et al. 2000). L’espèce est présente au Michigan; cependant, des sols non propices à l’espèce s’étendent sur au moins 20 km entre le corridor Détroit-Windsor et la population du sud du comté d’Essex (Ontario). En raison du faible potentiel de dispersion de la taupe à queue glabre par-delà des milieux inhospitaliers (sols non propices, grands plans d’eau), la population canadienne de l’espèce est probablement isolée des populations américaines.

Facteurs limitatifs et menaces

La répartition de la taupe à queue glabre au Canada semble principalement limitée par la répartition restreinte des types de sols et de couverts végétaux qui lui conviennent. Les régions présentant un sol propice à l’espèce ont été largement modifiées par l’agriculture intensive et l’aménagement résidentiel, de sorte que seule une faible part de ces régions présente aujourd’hui un couvert végétal suffisant pour les taupes. Les zones d’habitat propices à l’espèce sont souvent petites et isolées par des milieux non propices, ce qui laisse penser que la fragmentation de l’habitat pourrait réduire la probabilité de colonisation des milieux propices non occupés, et limiter la dispersion des individus et donc le flux génique entre populations.

Macauley (1980; cité dans Waldron, 1998) a noté que les taupes sont sensibles aux fluctuations de la nappe phréatique et qu’elles peuvent être déplacées par l’inondation de leurs galeries. Cependant, les taupes à queue glabre déplacées peuvent regagner leur domaine vital après l’inondation (voir la sous-section Déplacements et dispersion). Selon Macauley (1980; cité dans Waldron, 1998), la population de taupes du parc national du Canada de la Pointe-Pelée pourrait diminuer si le niveau du lac Érié augmentait sans qu’il y ait continûment création de nouvelles dunes et élargissement de la pointe. Dans le rapport de 2006 sur l’état du parc (Agence Parcs Canada, 2006), on fait état d’une perturbation des processus lacustres et côtiers naturels qui constitue une menace importante pour les écosystèmes côtiers du parc. Cette perturbation était associée à la forte empreinte anthropique dans l’ensemble de l’écosystème côtier, qui avait par exemple pour effet d’altérer les taux d’érosion et de dépôt le long de la côte. L’incidence des changements du littoral ouest du parc sur la taupe à queue glabre est inconnue.

Les pièges à taupes et autres moyens létaux de lutte contre ces animaux sont largement disponibles en Ontario. On peut penser que certaines taupes considérées comme une nuisance dans les pelouses, les jardins et les terrains de golf sont tuées par ces moyens.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

La taupe à queue glabre est inscrite sur les listes des espèces préoccupantes de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral et de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Les espèces préoccupantes sont inscrites dans ces deux lois pour empêcher qu’elles ne deviennent en voie de disparition ou menacées au Canada.

Autres classements

À l’échelle mondiale, la taupe à queue glabre est classée dans les catégories « préoccupation mineure » de l’UICN et « en sécurité » (G5) de NatureServe (NatureServe, 2009). Au Canada (et en Ontario), NatureServe classe l’espèce dans la catégorie « en péril » (N2, S2), et le document Les espèces sauvages 2005 : La situation générale des espèces au Canada, dans la catégorie « sensible » (CCCEP, 2006). Aux États-Unis, NatureServe classe la taupe à queue glabre à l’échelle nationale dans la catégorie « en sécurité » (N5). Les classements pour les États américains sont indiqués au tableau 2.

Tableau 2. Classements de NatureServe pour la taupe à queue glabre dans les États américains.
Classement de NatureServe Description États américains
S2 En péril Colorado, Wyoming
S3 Vulnérable Virginie-Occidentale
S4 Apparemment en sécurité Indiana, Dakota du Sud
S4S5 Apparemment en sécurité-en sécurité Louisiane
S5 En sécurité Alabama, Arkansas, Connecticut, Delaware, District de Columbia, Géorgie, Illinois, Iowa, Kansas, Kentucky, Maryland, Massachusetts, Michigan, Mississippi, Nebraska, New Jersey, New York, Caroline du Nord, Oklahoma, Pennsylvanie, Tennessee, Texas, Virginie, Wisconsin
SNR Espèce non classée Floride, Missouri, Ohio, Rhode Island, Caroline du Sud

Protection et propriété de l’habitat

Le tiers de l’habitat propice à l’espèce (et non pas les deux tiers, comme l’a erronément rapporté Waldron [1998]) se trouve dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée, dont la gestion et la protection relèvent de la Loi sur les parcs nationaux. On trouve aussi de l’habitat propice sur des terres possédées ou gérées par l’Office de protection de la nature de la région d’Essex et l’Office de protection de la nature de la vallée du cours inférieur de la Thames, organismes qui sont régis par la Loi sur les offices de protection de la nature de l’Ontario. Cependant, à l’extérieur du parc national du Canada de la Pointe-Pelée, la plus grande partie de l’habitat propice à l’espèce se trouve sur des terres privées. Certaines zones boisées ont été désignées « zones importantes et sensibles sur le plan environnemental » (Environmentally Significant Areas) et bénéficient d’une certaine protection contre le développement grâce à des règlements de zonage et plans officiels municipaux.

Remerciements et experts contactés

Les rédacteurs du présent rapport de situation remercient Environnement Canada d’avoir financé la préparation du présent rapport. Des remerciements particuliers vont à Gerry Waldron, Joe Nocera, Louise Ritchie et Vicki McKay, qui ont partagé leurs connaissances sur la taupe à queue glabre, et à l’Office de protection de la nature de la région d’Essex, qui a partagé ses connaissances et ses données sur les sols et les changements de la couverture terrestre. Les données utilisées pour dresser la carte de la répartition nord-américaine de l’espèce ont été fournies par NatureServe en collaboration avec Bruce Patterson, Wes Sechrest, Marcel Tognelli, Gerardo Ceballos, le programme des oiseaux migrateurs de The Nature Conservancy, le Center for Applied Biodiversity Science (CABS) de Conservation International, le Fonds mondial pour la nature (États-Unis) et le projet WILDSPACEMC d’Environnement Canada. Alain Filion a dressé la carte concernant la répartition de l’espèce au Canada.

Experts contactés – en ordre alphabétique

Mathew Child, Director Watershed Restoration, Essex Region Conservation Authority, Essex (Ontario).
Alan Dextrase, biologiste principal des espèces en péril, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Peterborough (Ontario).

Tammy Dobbie, Parcs Canada, Parc national du Canada de la Pointe-Pelée, Leamington (Ontario).

Jennifer Doubt, gestionnaire en chef des collections, Section de la botanique, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario).

Lynn Gillespie, chercheure scientifique, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario).

Kamal Khidas, gestionnaire en chef des collections, Section des vertébrés,, Musée canadien de la nature, Ottawa (Ontario).

Angela McConnell, biologiste principal des espèces en péril, Service canadien de la faune, Downsview (Ontario)

Vicki McKay, spécialiste du rétablissement des espèces en péril, parc national du Canada de la Pointe-Pelée, Leamington (Ontario).

Fred Michano, Parcs Canada, parc national du Canada Pukaskwa, (Ontario)

Patrick Nantel, biologiste de la conservation  du Programme des espèces en péril, Parcs Canada, Gatineau (Quebec)

Michael Nelson, biologiste de restauration, Essex Region Conservation Authority, Essex (Ontario).

Joe Nocera, chercheur scientifique, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Peterborough (Ontario).

Michael Oldham, botaniste, Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario,, Peterborough (Ontario).

Louise Ritchie, stagière, recherche en matière de faune − espèces en péril, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Peterborough (Ontario).

Jeff Row, candidat au doctorat, département de biologie, Queen’s University, Kingston (Ontario).

Sonia Schnobb, adjointe administrative, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Ottawa (Ontario).

Gilles Seutin, coordonnateur du programme des espèces en péril, Parcs Canada, Gatineau (Québec).

Gerry Waldron, consultant, Gerry Waldron Ecological Consulting, Amherstburg (Ontario).

Paul Zorn, écologiste, Parcs Canada, Gatineau (Québec).

Sources d’information

Agence Parcs Canada. 2006. Parc national du Canada de la Pointe-Pelée – Rapport sur l’état du parc 2006, Agence Parcs Canada, Ottawa (Ontario).

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Sommaire biographique des rédacteurs du rapport

Jennie L. Pearce (Ph.D.) est née en Australie et a immigré au Canada en 1999. Dans les deux pays, ses recherches ont porté sur la modélisation de la répartition, de la viabilité et des besoins en matière d’habitat de diverses espèces sauvages pour définir et orienter les mesures de conservation visant ces espèces.Son entreprise, Pearce & Associates Ecological Research,utilise les dernières méthodes statistiques et informatiques aux fins de conception, d’application et de présentation de données et de résultats de recherche dans le domaine de l’environnement pour un vaste éventail de clients, dont des administrations, des organismes non gouvernementaux et l’industrie. Elle a mené de nombreux projets de recherche visant à élaborer des modèles de répartition spatiale pour des espèces mammaliennes pour lesquelles on dispose de peu de données de répartition, établi des modèles de viabilité des populations pour des espèces présentant de faibles populations à la bordure de leur aire de répartition, et modélisé les changements temporels d’effectifs attendus chez des espèces abondantes, mais écologiquement sensibles quand les paysages sont modifiés par les activités humaines. Elle a rédigé ou corédigé 6 rapports du COSEPAC, et publié plus de 35 articles scientifiques dans le domaine de la biologie de la conservation.

Né au Royaume-Uni, David Anthony Kirk (Ph.D.) collabore depuis près de vingt ans avec le gouvernement fédéral (Environnement Canada et Agence Parcs Canada) et des gouvernements provinciaux du Canada, ainsi qu’avec des organismes non gouvernementaux (p. ex. Études d’Oiseaux Canada, le Fonds mondial pour la nature et la Yellowstone to Yukon Conservation Initiative). Il possède une vaste expérience dans les domaines de l’écologie et de l’aménagement du territoire, qui couvre des écosystèmes très divers, depuis ceux de la zone tropicale à ceux de la zone boréale. Son entreprise, Aquila Conservation & Environment Consulting, est spécialisée dans l’utilisation de modèles de répartition d’espèces uniques ou multiples aux fins de planification de la conservation (harmonisation de l’utilisation anthropique des ressources avec la conservation de la biodiversité), de même que dans la réalisation d’études documentaires et d’analyses objectives concernant les effets sur la biodiversité de diverses activités humaines dans les paysages anthropisés. M. Kirk s’intéresse particulièrement à la cartographie spatiale de la biodiversité et mène aussi des travaux sur la situation, le rétablissement et la gestion des espèces en péril. Il a travaillé sur des petits mammifères, plus particulièrement sur leur rôle écologique en tant que proies pour les rapaces diurnes et nocturnes, et il s’est aussi beaucoup intéressé aux lagomorphes. En outre, il a travaillé sur  des plans d’échantillonnage d’espèces rares pour Environnement Canada, sur des modèles de répartition pour la désignation d’habitat essentiel pour Parcs Canada, et sur les effets de la prédation exercée par les ratons laveurs sur les tortues et d’autres espèces en péril au parc national du Canada de la Pointe-Pelée. Il a rédigé ou corédigé 20 rapports de situation du COSEPAC, incluant des mises à jour, ainsi que 8 programmes de rétablissement, 2 plans d’action et 1 plan de gestion pour des espèces en péril. Aquila met l’accent sur la publication d’articles scientifiques dans des périodiques avec comité de lecture spécialisés en écologie et en conservation dans le but d’influer sur les politiques et les pratiques de gestion, et M. Kirk a corédigé plus de 27 articles dans des périodiques scientifiques avec comité de lecture au cours des 17 dernières années.

Collections examinées

Aucune collection n’a été examinée dans le cadre des travaux du présent rapport.

* N.D.T. Le terme « taupinière » peut désigner à la fois les monticules de déblais et le réseau de galeries habité par les taupes. Par souci de clarté, nous avons dans le présent rapport utilisé ce terme seulement dans ce dernier sens pour bien distinguer « monticule de déblais » et « taupinière ».

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